n° 18735 | Fiche technique | 29030 caractères | 29030Temps de lecture estimé : 18 mn | 19/12/18 |
Résumé: Vouloir et ne pas pouvoir peut parfois provoquer bien des tourments ! | ||||
Critères: fh extracon | ||||
Auteur : Jane Does Envoi mini-message |
Le chuintement léger qui se fait entendre m’apprend que la porte vient de s’ouvrir. Mes doigts se crispent un peu plus sur le drap. Je me recroqueville davantage, tout en tirant sur le coton blanc plutôt rêche qui masque la partie haute de mon corps. La peur me gagne, et je réalise quelle folie je suis en train de faire. Mais c’est un rai de lumière qui vient de la minuscule salle d’eau qui me fait vraiment réaliser que tout est réel. Conformément aux dispositions convenues, celui qui est entré est allé directement dans la douche. Il a laissé la porte juste entrouverte et le bruit de la cascade d’eau me parvient, net et effrayant.
Le noir fait place à ce filet de jour que je viens d’entrevoir. Je remonte le drap le plus haut possible alors que le poids d’un second corps vient peser sur le matelas, juste à mes côtés. Une main dans les ténèbres se veut caressante. D’un geste sans équivoque, je repousse cette tentative d’approche trop personnalisée. Et la patte qui se voulait douce sur le tissu qui cache mon visage revient, mais cette fois simplement sur la partie basse de mon anatomie dénudée. L’autre tâtonne un peu comme pour me découvrir, puis je sens que deux bras solides me tirent par les chevilles.
Tout mon être fait sous le tiraillement, un quart de tour, amenant ainsi mes fesses au bord de la couche. Je serre les dents, pour ne pas crier, pour ne pas hurler. Le reste se déroule dans un film qui me paraît invraisemblable. En deux coups de reins le bassin de l’intrus expédie en moi un sexe que je perçois, bien vrai celui-là. Puis le souffle de son propriétaire qui me pistonne rapidement troue le silence de la chambre. Ça dure depuis quelques secondes déjà et je n’éprouve aucun plaisir à cet acte.
Mais c’est bien moi cependant qui ai provoqué ce qui se passe. Alors, je mets un point d’honneur à ne pas laisser paraître une seule de mes émotions. C’est confus, trop long, pas très glamour non plus. Et pour que le type finisse plus vite la besogne à laquelle il s’est attelé, je lance au hasard ma main vers le point de jonction de nos deux corps. Quand elle trouve les bourses qui se balancent en cadence au rythme des déhanchements du bonhomme, je serre les doigts. L’effet est instantané. Il soupire et je sens, enfin, sa délivrance.
Pas un seul échange, pas un mot ne se sont dit dans cette chambre où je viens d’être baisée. Pas très glorieuse non plus cette possession, mais ce n’est sans doute pas ce que j’en attends. Le gars cherche à nouveau à toucher mon visage et je repousse une fois de plus sa paluche. Il n’insiste pas et je sens qu’il bouge. La noirceur de la piaule est une fois encore trouée par une lueur claire. Aussi discrètement qu’il est venu, il est reparti. Notre entrevue n’aura duré en tout et pour tout que six à sept minutes, déshabillage du gaillard compris.
Je reste immobile dans l’obscurité pas très rassurante de cette chambre d’hôtel. Sur mes fesses, je sens couler un liquide frais, qui va maculer le coton sur lequel je reste couchée. Je plaque ma paume sur cette chatte béante, semblant vouloir conjurer la coulée laiteuse que j’imagine. Au bout de quelques instants, je me redresse, cherche sur le sol, au bord du lit mes vêtements. Je me rhabille rapidement, avec un dégoût de moi-même innommable. Enfin je sors hâtivement de cette pièce où je viens de me donner à un inconnu sans visage.
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Au courrier du matin, le rectangle blanc frappé du sceau de la clinique « la ligne bleue » tremblait dans ma main. Marc et moi étions mariés depuis… tellement longtemps. Si les premières années, tout le monde nous encourageait à persévérer, nous nous moquions bien de ces discussions sur le sujet. Nous étions jeunes, nous avions la vie devant nous. Les doutes n’étaient pas permis et nous voulions vivre notre grand amour sans nous soucier d’un demain hypothétique. Mais au fil des mois, puis des ans, force était de nous rendre à l’évidence.
Mon ventre refusait obstinément de s’arrondir, d’abriter les semailles que mon laboureur de mari s’évertuait à y planter le plus souvent possible. La ronde incessante des cabinets médicaux spécialisés avait ainsi débuté. Les professeurs et médecins de tous bords rencontrés ne se montraient pas vraiment alarmants ! Laisser le temps au temps, ne pas penser qu’à cela, oublier parfois ce désespoir qui nous inondait, c’était un leitmotiv qu’ils nous serinaient à chacune de nos consultations.
Vinrent ensuite les examens plus approfondis, surtout pour moi. Et plus les mois passaient, avec un retour bien trop régulier de règles ennuyeuses, la désespérance gagnait du terrain. Marc aussi finalement se décida à consulter. Et l’enveloppe que je tenais à la main contenait les résultats de ces expertises médicales de la dernière chance. Nous avions ouvert ensemble ce rabat qui cachait nos craintes tout autant que nos souhaits les plus chers. Ce qui n’avait pourtant pas empêché le couperet de tomber. Le jargon médical indiquait crûment que le problème était bien chez mon mari.
Le coup accusé, nous avions repris nos visites à ces spécialistes qui étaient censés tout remettre en ordre. Mais curieusement aucun n’avait pu ou su nous remonter le moral. Et ils invoquaient la possibilité de procréation avec un don de sperme. Du chinois pour moi et la perspective d’être trifouillée par des tubes, des seringues ou des aiguilles ne me réjouissait pas vraiment. D’autres avaient timidement laissé entendre que pour nous, l’adoption pouvait s’entrevoir, qu’elle s’adapterait plutôt bien à notre cas.
Finalement nous devenions un cas ! Si les jours reprenaient leurs cours, nos amours eux restaient, déçus sans doute, mais assez fort pour que nous surmontions cette crise. Et Marc et moi avions repris nos jeux amoureux avec certes moins d’entrain, mais toujours un véritable plaisir. La seule différence résidant dans le fait que nous savions que je n’aurais jamais d’enfant. Le regard des autres, famille, amis, devenait lourd de sens, pour ne pas dire de reproches. Surtout chez ma propre mère qui ne pouvait pas concevoir une vie sans descendance.
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Le parking est large et la voiture garée sur l’autre bord m’attend. Je baisse la tête. Je monte à tes côtés et je ne vois que tes mains aux jointures blanchies à force de serrer le volant. Ni toi ni moi n’avons le cœur à discuter. Pourtant alors que je pose ma tempe droite contre la vitre, j’ai la perception de ton bras qui s’avance vers mon visage.
Pour toute réponse, je vois ta grande patte qui retrouve sa place sur le cercle de conduite. Mes paupières sont désormais closes. Je cherche le noir, une fausse nuit dans laquelle me glisser. Je ne suis plus vraiment consciente de rien. Et lorsque j’entrouvre ces rideaux protecteurs, pour laisser passer un minuscule filet de lumière, le flou des rues qui défilent me fait comprendre que nous roulons depuis quelques minutes déjà. Rien n’est plus tout à fait aussi ensoleillé malgré le beau temps qui inonde tout.
J’ai froid, je grelotte et je sais que tu me jettes des regards en coin. Mes quinquets ne veulent pas se poser sur toi. Je n’entrevois rien de ce qui m’entoure. Je me sens laide, moche, sale. Et à l’intérieur de moi cette brûlure d’une semence étrangère. Le fond de ma culotte doit en être imprégné. Je ne réagis pas et tu me tires de cette léthargie post-coïtale qui m’étreint.
Je fais un effort démesuré pour m’extraire de mon siège. Tu me tends une main que j’ignore. Mes pas me mènent vers cet asile, ce havre de paix, bien à l’abri du monde crasseux dans lequel nous vivons. Je t’en veux presque de ce qui vient de se passer. Pourquoi ne m’as-tu pas aidée plus que cela ? Comment as-tu pu me laisser faire cela ? Je suis dans le hall d’entrée et déjà j’ouvre la ceinture de ma robe. Je dois me débarrasser de toutes les souillures de… l’inconnu. J’ai mal à l’âme.
Tu ne m’as pas suivie dans la salle de bains. Sous le jet tiède, mes larmes se confondent avec la pluie domestique qui coule sur ma tête, se répandant partout sur mon corps. Je frotte à m’en faire mal l’endroit où l’étranger est entré. Comme si cela allait changer quoi que ce soit ! C’est ailleurs que se situe le malaise. Je vais devoir m’habituer à vivre avec lui. Avec cette entorse à mes plus élémentaires règles de conduite. Moi la petite bourgeoise amoureuse, je rumine déjà ce qui ne devrait pourtant n’être qu’une tentative de sauver les meubles.
Je prends mon temps. Bien peigner ma chevelure, remettre un peu de couleur à ces joues qui me font face dans le miroir. Puis le contour des yeux de cette femme que je ne reconnais plus. Une touche de rouge, voilà qui replace la salope que je suis devenue dans le tableau idyllique du petit couple parfait que nous formons. Dès mon retour dans ton espace de vision, tu cherches à savoir, sans rien montrer. Je te comprends anxieux, mais ne le suis-je pas tout autant ? Comment affronter tes regards, comment revivre normalement après ce qui vient d’arriver ?
Tu t’es simplement levé et m’as ouvert les bras. Après une courte hésitation, je viens m’y blottir. J’ai besoin de ton réconfort, j’ai besoin de ta force. Et cette fois, j’accepte ta grosse patte qui me cajole. Elle lisse d’abord mon visage fraîchement remaquillé. Puis elle glisse sur mon cou, pour caresser mon dos. Je me sens mieux. Toujours pas d’échanges verbaux, seulement cette attente d’une tendresse relative. Et les sensations de cette pénétration qui reviennent, récurrentes, affligeantes, désagréables.
La chaleur des doigts qui courent sur mes vêtements, je l’apprécie avec bonheur. Je sais bien que tu es aussi tendu que moi, que notre angoisse doit se libérer. Comment reste cependant la question ? Tu choisis l’option sexe et ma foi… je ne m’y refuse pas. Ça devrait m’aider à passer outre, à échapper aux images dégueulasses qui me hantent depuis que je suis sortie de cette fichue piaule d’hôtel. Je m’arque un peu plus encore, enfouissant ma bouille contre ce torse allié. Et les vannes s’ouvrent, libérant ce trop-plein de peur, celui de cette épreuve que je me suis imposé par amour pour toi.
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À trop regarder ces gosses courir dans la cour de l’école, à trop en vouloir, la crise devenait inéluctable. Tu te sentais d’un coup responsable de ce qui faisait de notre vie une sorte d’enfer. Et tout partait à vau-l’eau. Eût-il été préférable que nous nous querellions ? Je n’en savais rien, n’en avais aucune idée. Mais les silences oppressants qui nous prenaient à la gorge des soirées entières n’étaient pas annonciateurs d’une éclaircie dans le ciel de notre existence. Nous ne nous parlions pratiquement plus. Et les heures passées ensemble ressemblaient à des cauchemars éveillés.
Oh ! Les seules escales dans ces instants sombres nous réunissaient dans des gestes affectueusement sexuels. Nous ne nous défilions pas pour refaire ces mouvements qui prouvaient bien nos espoirs. Mais ceux-là seraient toujours aussi inexplicablement stériles que… ta semence. Marcher la main dans la main ne nous apporterait pas le repos de l’esprit. Un fossé plus ou moins profond avait même tendance à se creuser chaque soir un peu plus. Et nos retrouvailles sur la couche conjugale ne parvenaient plus à créer une passerelle suffisante pour nous protéger.
Quel jour avais-tu avancé cette idée saugrenue ? Quelle importance du reste puisque ma première réaction avait été de te traiter de fou, de pervers aussi ? Cependant tu insistais plus que de raison. Les mots devaient faire leur petit bonhomme de chemin dans mon esprit de brune.
J’avais reçu cela sans trop savoir quoi y répondre. Qu’est-ce que tu mijotais ? Difficile de concevoir ce que tu voulais me faire passer comme message. Quand j’y étais parvenue, je ne trouvais aucune solution, et ne voyais pas non plus celle que tu pouvais bien envisager. L’adoption… un long processus en France qui se vivait tel un parcours du combattant. Quant à subir encore les outrages d’une médecine bien incapable d’apporter des remèdes à ta stérilité… je ne saisissais pas très bien ce que tu essayais de me faire comprendre.
Seulement voilà, le ver venait d’être planté dans le fruit. Et malgré ton sourire je te sentais contrarié. Comme si l’éventualité qu’un autre me tripatouille te donnait bonne conscience. Incroyable qu’un seul instant tu aies pu imaginer ce genre de scénario. Moi avec un autre pour faire un bébé ! N’importe quoi ! Cette simple idée me levait le cœur. Nous ne nous étions pas disputés, chacun restant dans son monde. Moi celui du refus, du déni. Et nous avions franchi un pas encore vers une rupture qui interviendrait sans doute un jour ou l’autre.
Je devais cependant avouer que si la possibilité de passer à l’acte sur le moment me semblait tout à fait exclue, voire impossible à envisager, ma manière de discerner les choses dans les jours qui suivirent avait évolué dans ma caboche. Insidieusement des images revenaient, des flash-back aussi de cette conversation ressurgissaient, pensées plutôt farfelues enregistrées par mon cerveau de femme. Et je me débattais dans une sorte de morale qui tantôt se transgressait facilement alors que l’instant suivant cette seule évocation me rendait folle de rage.
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Tu m’as embrassée et de longs frissons parcourent tout mon corps. Je me sens toute petite, toute moite également entre tes bras si forts. J’ai osé et j’en ressens un sentiment de dégoût. Peut-être parce que toi tu attendais dans notre voiture, peut-être aussi parce que la gangue de respectabilité qui entoure notre couple me semble avoir volé en éclats. Je suis descendue de ce piédestal sur lequel je me sentais si bien. Ta femme, celle que tu dis tant aimer, il a suffi de me faire miroiter une issue favorable à cette incartade, à cette griffure dans un contrat pourtant solide et ma raison vacille.
Tu me caresses et j’entrevois le moyen de, sinon effacer, du moins circonscrire la blessure d’amour propre que je viens de m’infliger toute seule. Cet inconnu ne m’a fait finalement aucun mal. Je n’en ai rien retiré de bénéfique sauf, quelque part, un morceau de ma fierté envolée. Et la peur que tu ne me regardes plus comme une personne bien, ou alors juste comme celle qui t’a trompé, m’est insupportable mentalement. Tes mains glissent déjà sous cette nuisette que j’ai passée à la sortie de la douche. Tes baisers ont un autre goût.
Qu’ont-ils de si différents de ceux d’hier, des derniers que tu m’as donnés ? Je n’en sais rien, je ne crois pas que ce soient eux qui aient changé ! Non, c’est la perception que j’en éprouve qui évolue dans un sens plutôt défavorable. Et puis une autre suggestion se creuse une place dans ma cervelle. Et si… si je devais recommencer ? Si cet épisode ne suffisait pas pour que je tombe enceinte ? J’ai pourtant calculé avec le plus de précision possible le meilleur moment pour me donner toutes les chances de ne pas avoir à subir ceci une seconde fois…
Je me berce de tes cajoleries de plus en plus ciblées. Je te sens très raide et j’ai bien entendu envie de faire l’amour avec toi. Mais il reste cette appréhension. La semence de l’inconnu qui est entrée en moi, n’est-elle pas toujours là ? Drôle de questionnement puisque tu vas en remettre une couche sans doute. Oui ! La tienne ne risque-t-elle pas de venir polluer celle qui l’a précédé ? Ce sperme qui doit remplir les fonctions du tien, si défaillant ? Et tout tourne sous ma chevelure que tu persistes à lisser délicatement de ta main restée libre.
Tu me diriges lentement vers ce centre de toi qui se déploie fièrement. Tu bandes parce que tu me veux ? Ou parce que tu rêves à cet autre qui est passé par là quelque temps avant toi ? Cette fois, c’est bien moi qui me déconnecte d’une réalité sordide. Je ne peux m’empêcher d’imaginer que ça te donne envie de savoir que… l’autre m’a vraiment baisée. Nos petits soupirs augmentent la tension de plus en plus palpable. Par contre, je ne veux pas que tu viennes coller ta bouche là où le type est venu mettre sa queue.
Pas encore, pas maintenant, quand toi tu auras repris possession de ce lieu, nous verrons. Tu sens mes réticences et en abandonnes l’idée. Seuls tes doigts s’aventurent sur la scène du crime. Et je suis tétanisée à la pensée qu’ils vont s’enduire du sperme de ce que je ne peux plus qu’appeler amant. Il n’y a guère d’autre terme pour désigner ce bonhomme. Je ne saurais pas le reconnaître dans la rue, lui non plus vraisemblablement ne connaît aucun des traits de mon visage. Mais il a vu, touché, s’est servi de ce que j’ai de plus sacré.
Ce sexe qui n’appartenait jusque-là qu’à toi et à toi uniquement. Je n’arrive plus à me défaire de ce malaise qu’un autre, bien que j’aie été en total accord avec cela, un mec que je n’avais jamais vu, que je ne reverrais plus de ma vie m’a collé sa bite dans la chatte. Tout ceci dans le seul but d’assouvir notre besoin d’affection pour un enfant dont on rêve. J’hallucine alors que tes bras viennent de me soulever. C’est sur le tablier de la table que je vais être sacrifiée au Dieu du cul. Rien à voir avec ce que j’ai donné un peu avant ! Non !
Aucune réponse de ta part. Tu es désormais en moi et je ferme les yeux. C’est totalement différent de tout à l’heure, mais exactement le même résultat au final. L’inconnu est venu, il s’est planté comme toi, là où tu vas et viens, dans ce réceptacle dans lequel toi aussi tu vas jouir sans doute. La grande distinction réside uniquement dans la qualité du produit qui a été introduit dans mon vagin. Mais je me perds dans ces conjectures, subissant les assauts rageurs de ta queue. Je me laisse dériver sur une lame de fond qui me propulse bien loin de ces considérations d’un ordre très personnel.
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Le sujet était revenu à l’ordre du jour par hasard. Je voulais croire vraiment que c’était bien fortuit. Ton bagout avait fait que tes mots employés avaient touché juste. Suffisamment pour que j’aie pris le temps d’y réfléchir, savamment dosé de manière à ne pas être oublié. Suggérer plus qu’obliger, je reconnaissais que tu avais su m’appâter, l’art et la manière en quelque sorte. Le point de mire de nos discussions restait naturellement ce petit qui ne viendrait pas sans effort, de notre part. Enfin, surtout de la mienne si je captais bien le message.
Chacun de nos dialogues dans lesquels il était question de cela se terminait par une baise folle. Je ne nierai jamais aimer le sexe avec toi, mais de là à l’imaginer avec un autre… un pas que je ne franchirais sans doute jamais. L’idée se forgeait pourtant de plus en plus dans ce creuset malléable où tu l’avais semée. Mon cerveau fonctionnait à plein depuis que ton objectif avait été atteint. Et c’était désormais moi et moi seule, je m’en rendais compte, qui remettais sur le tapis cette obscure lueur d’espoir.
Tu te gardais bien de faire quelques projets, t’engouffrant directement dans la brèche ouverte dans ma cervelle d’oiselle. Et ça fonctionnait à la perfection. Ma caboche envisageait mille et un scenarii. Il n’y avait plus besoin de me pousser pour que je rêve de faire ce grand saut dans l’inconnu. Ou plutôt me faire sauter par un inconnu serait plus juste à écrire. Dans ton coin, sans doute que tu souriais sous cape de me voir me débattre avec un film à chaque fois différent. Lorsque je détaillais d’une manière extrêmement volubile un déroulement cynique d’une rencontre, jamais tu ne me reprenais.
De fil en aiguille, rien ni personne ne pouvait plus arrêter cette machine mise sur les rails. L’envie de maternité devenait juste un immense « plan cul » que mon esprit ivre de désir mettait en place lentement, avec ton assentiment discret. Et des milliers de fois, j’avais ressassé dans un coin de mon crâne, l’opération quasi militaire de cette histoire. C’était ensemble que nous avions sélectionné sur internet le profil d’un candidat potentiel. Et je cherchais méticuleusement alors que ta main elle, ne quittait jamais mon épaule.
Tout y était répertorié. De la couleur des yeux à la taille de ce père de substitution. Ça passait également par les messages que nous échangions que je réclamais dans un langage correct et sans trop de fautes. Une épreuve de sélection destinée à écarter les moins bons. Comme si dans ce domaine il existait une science exacte… folle que j’étais. Vint ensuite le déroulement de l’action. Je ne voulais pas que cela dure trop longtemps, pas non plus que nous devenions trop intimes l’autre et moi. Sur ce plan-là aussi, tu te gardais bien d’émettre un quelconque avis.
Trouver le partenaire idéal devenait un jeu qui nous offrait la compensation de faire l’amour après, et toujours avec plus de fougue. Je ne me rendais pas vraiment compte de cette excitation qui te tenaillait les tripes dès que nous abordions le sujet. Trop occupée à trouver l’oiseau rare qui me donnerait ce petit bout de moi à partager avec toi, j’étais aveugle, sourde et muette. Jusqu’à ce fameux jour où il fallut finalement être plus dans l’action que dans la recherche. Là résidait la difficulté majeure !
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Tu te laisses aller et tes gémissements font écho aux miens. J’aime que tu me prennes ainsi doucement, tendrement. Tes mains ne peuvent s’empêcher de remonter vers mes seins et mes tétons sont mis à rude épreuve. Tu les presses un poil trop fort et je te stoppe dans ton élan. Le ventre qui vient à la rencontre du mien se plaque délicatement dessus avec de petits claquements secs. Nos soupirs s’emmêlent, se rejoignent et ton envie grandit toute pareille à mon appétit. Je te connais si bien… en fermant les yeux, je sais presque à la seconde près quand tu vas exploser en milliers de gouttelettes inutiles.
Ta semence propulsée en moi rejoint celle d’un inconnu et cette image me fait grimacer. Pourquoi celle qui se disperse dans mon corps est-elle moins fertile que la laitance inconnue semée en ce lieu identique ? C’est bête je le sais, comme pensée. Idiote, je suis une idiote, mais on ne se refait pas. Et pas moyen d’avoir cet orgasme qui me permettrait de dépasser cette affaire. Non ! Mon esprit se pose trop de questions. Et dès lors, il ne réagit plus aux stimuli charnels que devrait engendrer notre joute amoureuse. Obsédante, inquiétante, l’idée que peut-être je devrais recommencer cette infâme cérémonie de l’hôtel avec un partenaire anonyme, si d’aventure… rien ne fonctionnait.
Je me sens bloquée dans la montée d’un plaisir que nous ne partagerons pas cette fois. Tu as pris ton pied, et je sens, je sais que tu m’observes. Que me reste-t-il à faire pour que nous ne soyons pas deux à être déçus ? À faire semblant bien entendu. Comme des milliers de femmes de par le monde, je simule donc les effets sonores de la jouissance. Pareil à tous les hommes de la terre, tu ne sais pas voir plus loin que le bout de ton nez. Pour toi il n’y a que le bruit qui compte. Et je te sens te crisper dans un dernier sursaut de ta verge encore assez dure pour revenir dans une ultime charge héroïque.
Les jours qui suivent ce retour peu flamboyant d’une chambre minable, nous nous efforçons de revivre normalement. Mais enracinée au fond de mon cerveau, la douloureuse question de savoir si oui ou non ça va marcher reste là, à m’empoisonner la vie. Je refais tout un tas de calculs savants, comme si l’ovulation était une science chronométrée à la perfection. J’appréhende déjà la période qui précède la venue d’un flux menstruel que je refuse obstinément. Les jours, voire les heures à venir vont être cruciaux. De ces règles présentes ou pas notre avenir de couple dépend entièrement. Au fond de l’armoire à pharmacie, dans la salle de bains, un petit paquet contenant un test de grossesse me fait des clins d’yeux.
Mille fois j’ai relu la notice d’utilisation de ce truc, imaginant déjà le miracle des traits bleus. Et ce matin le reflet dans le miroir me laisse entrevoir ta venue derrière moi. Tes deux mains se croisent sur mon ventre. Elles dérivent vers la zone plus sombre de mon pubis. Tu les presses sur ce qui plus bas nous différencie et j’ai peur de te les voir ressortir, rougies d’un sang assassin. Tu me bises le cou par de petits bécots bien agréables. Ta bouche dérape de mon oreille à mes lèvres. Je t’aime et tu en profites…
Alors que ces mots s’envolent de ma bouche… quelques larmes montent à mes yeux… quelques larmes incolores pour des larmes blanches d’une vie nouvelle espérée !