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Temps de lecture estimé : 71 mn
02/01/19
corrigé 06/06/21
Résumé:  Une sombre histoire...
Critères:  fh ff
Auteur : Claude Pessac      Envoi mini-message
BLACK BOX



LA VOIX


— Vous vous prenez tous la main ! Maintenant !



LUI

Facile à dire ! Mais dans le noir absolu, ce n’est pas évident d’établir le contact !


Si j’ai rapidement trouvé une main sur ma gauche, une poigne ferme et pogne assez poilue pour ne laisser aucun doute sur le sexe de son propriétaire, je patauge totalement sur ma droite. Je cherche une main de femme, donc. Je papillonne, tâtonne dans le vide. À force de persévérance, je tâte et, nul doute, ce que je viens tout juste d’effleurer, c’est un sein. Vieux réflexe pudibond absolument déplacé vu le lieu et la circonstance, je n’ai même pas pris le temps d’en évaluer ni la rondeur ni la fermeté !


Je repars à l’aventure, trouve enfin le contact d’un tissu vaporeux et ma main glisse sur le flanc de ma voisine (robe légère !), remonte, finit par trouver une aisselle. Un creux doux et pourtant vaguement granuleux, imberbe et chaud, ce ne peut être que cela ! La coquine ! Elle lève donc les bras au ciel ! En tous cas, le bras gauche pour le moins !


Je ne résiste pas à la tentation de caresser ce doux vallon et poursuivrais mon ascension si le bras ne retombait brusquement, enfermant mes doigts dans le creux axillaire. Ma main est capturée, ma voisine a saisi mon poignet et, après avoir porté ma main quelques secondes vers son visage (pour la renifler ?), elle a baissé mon bras et ses doigts s’allongent sur le dos de ma main. Bien joué, je féliciterais volontiers la gagnante s’il ne nous était pas interdit de parler. Ma dextre est prisonnière, soumise à ses fantaisies.


Pour l’instant, ma complice est bien sage et conduit nos mains simplement… sur la table.



LA VOIX




— Gardez bien le contact ! Vous allez maintenant vous présenter l’un après l’autre selon les règles suivantes : d’abord, votre pseudo, celui qui vous a été attribué, mais ni votre âge, ni votre profession, ni vos caractéristiques physiques ou… mensurations ! Vous préciserez votre situation amoureuse, en couple, seul, en trio, en communauté le cas échéant, ainsi que votre orientation sexuelle. Vous répondrez ensuite à quelques-unes de mes questions en gardant toujours en mémoire le principe de base : qu’emportez-vous pour un exil d’un an sur une île déserte ?


Le questionnaire pourra varier de l’un à l’autre, cependant, il se finira toujours par la question suivante : quelle personne, connue, vivante ou historique, réelle ou de fiction, souhaiteriez-vous emmener avec vous ? Votre présentation terminée, vous lâcherez la main de votre voisin ou voisine situé à votre droite, dont ce sera alors le tour de se présenter.


Est-ce bien clair ?



LUI

Clair ? Il a de ces mots, notre meneur de jeu ! La Voix ! C’est lui, mon ami Antoine, et son épouse Sarah, qui ont organisé cette soirée au thème tout à fait clair lui aussi : à l’aveugle !


À mon arrivée chez eux ce soir, après le filtrage de l’entrée qui ne laissait passer qu’une seule voiture à la fois, j’ai été accueilli par Sarah dont le premier soin aura été de me conduire dans une petite pièce où je devais me vêtir selon le thème du soir : tenue de plage minimaliste, slip de bain ou short (ample dans mon cas), tongs et t-shirt (un marcel noir en mailles fines). Ensuite, Sarah m’avait solidement bandé les yeux avant de m’attribuer un pseudo, lequel m’a fait sourire. Puis elle m’a expliqué les règles de la soirée, à savoir, silence absolu tant qu’on ne nous a pas expressément autorisé à parler, sous peine de gage, et bandeau sur les yeux jusqu’à qu’on nous autorise à l’enlever. Elle m’avait également expliqué que nous serions conduits à table où chaque convive serait voisin d’un homme et d’une femme.


Étrange impression alors que d’être conduit à l’aveugle dans ce qui me sembla être un dédale sans fin dans cette maison que je connais pourtant bien. S’asseoir à table devient une cascade périlleuse, et il m’avait fallu quelques instants pour être installé correctement sur ma chaise. Femme à droite, femme à gauche ? En fait, bien avant d’avoir pu saisir la main poilue de mon voisin de gauche, j’avais deviné la réponse : privé d’un de nos cinq sens, les autres s’affûtent et mon nez avait identifié sur ma gauche un after-shave connu, que je déteste, et Chanel N°5 de l’autre côté. Une découverte qui m’avait passablement déconcerté. J’adore en effet ce parfum très classe, mais je le sais généralement porté par des femmes plutôt mûres, voire…


À trente-six ans, célibataire depuis un peu plus d’un an, je suis plutôt à la recherche de femmes de mon âge et même, soyons franc, sensiblement plus jeunes !


Je me suis rassuré en pensant aux efforts déployés par nos hôtes du jour qui, depuis ma liberté retrouvée, se sont ingéniés à me faire rencontrer de très charmantes personnes. Jeunes femmes qui, si elles ne s’étaient pas révélées à même de remplir la liste exhaustive de mes critères de choix, avaient, dans l’ensemble, correctement coché la case « Âge ». Enfin bon, on verra bien… plus tard !


ELLE

Jézabel ! La reine cruelle et maudite ! Tu parles d’un pseudo ! Si mon voisin connaît l’Ancien Testament, il va prendre peur, surtout si on lui a collé Naboth ou Elie comme pseudo ! Et s’il est fan de la websérie (il serait bien le… second avec moi !), ce n’est pas mieux : en plus d’être aveugle, je me retrouve donc muette comme son héroïne. Non, franchement, ils m’ont gâtée les gentils z’organisateurs ! Bon, c’est vrai, j’ai une ressemblance certaine avec Hélène Kuhn, le rôle-titre de la série : grande, élancée, brune, (mais des yeux marron pour moi, pas bleus) et, ma foi, plutôt jolie.

Je me demande si le pseudo de mon voisin me donnera une idée approchante de son physique…


En tout cas, sans savoir à quoi il peut bien ressembler, j’ai déjà quelques indications. D’abord, et c’est tant mieux, ce n’est pas un brutal. Il a cherché ma main avec tact, et lorsqu’il a effleuré mon sein gauche, il a retiré sa main rapidement avant de reprendre ses recherches. J’avoue que ce contact léger sur ma poitrine m’a fait de l’effet, mais qu’il n’essaye pas de profiter de la situation bien plus encore. Et lorsque ses doigts, légers et discrets, ont couru sur mon flanc, c’est une myriade de picotis délicieux qui ont parcouru mon corps. Et que dire de sa caresse, douce et délicieusement insistante flattant mon aisselle… Celle-là a failli me faire rompre mon silence, et pas seulement à cause de l’irrésistible chatouillis, mais bien par sa voluptueuse sensualité.


Après avoir attrapé son poignet, j’ai porté sa main vers mon visage pour humer son odeur : ouf ! délicate odeur d’agrumes ! Rien à voir donc avec l’entêtant Brut à trois balles dont a dû s’asperger son voisin !


Sous mes doigts, je sens sa paume, vaguement poilue, et ses doigts, fins et longs. Mon index a effleuré ses ongles que j’imagine courts, taillés en arrondi.


Ça ne fait pas beaucoup d’indications, mais c’est un début. Prometteur va-t-on dire…



LUI

Côté présentations, rien de très original jusqu’à présent. Je m’attache à écouter les voix, féminines particulièrement. Si la première était relativement neutre, la seconde, assez aiguë, mâtinée d’un phrasé traînant, laissait transparaître des intonations que j’ai jugées plutôt vulgaires. C’est l’image d’une bimbo sirupeuse qui d’emblée m’a sauté aux yeux. Enfin, à l’esprit en l’occurrence. Sa présentation, insipide, a évidemment renforcé cette image peu flatteuse.


La troisième s’est révélée plus intéressante : ton calme, posé, un peu faible, des réponses plus originales et une mélodie plus harmonieuse. J’ai imaginé une timide, un peu bobo, mais sans doute sympathique.


Là, c’est mon voisin qui s’exprime ! Le propriétaire du battoir velu qui écrase ma gauche est à l’image de sa dextre : massif, brut de décoffrage (son after-chèvre lui va à merveille !) et franco de port (port avec un « t », je ne voudrais pas être désobligeant). J’ai hâte qu’il en finisse, car à chaque question qui lui est posée, le costaud serre mes doigts avec la puissance d’un compacteur industriel. Bien, maintenant, ça va donc être mon tour…



LUI : Spartacus. Divorcé. Libre… dans tous les sens du terme ! Bêtement hétéro…

LA VOIX : Quels sont les trois films que vous emporterez ?

LUI : Sur la route de Madison bien sûr, Cinéma Paradiso, version longue, et… Astérix, Mission Cléopâtre !

LA VOIX : Pour Madison, OK, tout le monde aura compris que vous êtes, ou… souhaitez !… vous faire passer pour un affreux romantique. Mais pourquoi Cinéma Paradiso ?

LUI: Pour deux raisons : parce que ce film contient une foule d’extraits de vieux classiques, italiens ou américains, donc des portes multiples ouvertes à l’imagination et aux souvenirs.. Je triche un peu donc. Deuxièmement, et en fait, d’abord et avant tout, pour la voix du narrateur et héros, Jacques Perrin, une des voix les plus prenantes du cinéma français.



ELLE

J’adore ! Et Jacques Perrin, et votre voix, cher inconnu ! Vous n’avez rien à envier à Perrin. J’a-do-re ! Je fonds ! Déjà !



LA VOIX : Et… Astérix ?

LUI : Votre île déserte, peut-être que « c’est trop calme… j’aime pas trop beaucoup ça… j’préfère quand c’est un peu trop plus moins calme… »

LA VOIX : Je vois ! Vos trois livres ?

LUI : Millenium, l’Anthologie de la poésie française concoctée par Georges Pompidou et … La Comédie Humaine !

LA VOIX : Vous trichez Spartacus, vous remplissez toute une cantine avec vos trois livres !

LUI : C’est long un an…

LA VOIX : Bon ! Une fleur… et une seule !

LUI : Une fleur du cactus Echinopsis

LA VOIX : Tout de suite les extrêmes ! Vous savez qu’elle ne fleurit qu’un seul jour ?

LUI : La prodigieuse beauté de l’éphémère !



ELLE

Une fripouille ! Un tricheur ! Mais un tricheur… très élégant. Et il se la joue poète et fleur… bleue ! Eh merde, j’adore le velours grave de ses intonations ! Si son plumage est à la hauteur de son ramage…


LA VOIX : Bien ! Et pour finir, la personne que vous emmenez ?

LUI : Jodie Foster, la Jodie de Panic Room.

LA VOIX : Ah ah ! Mauvaise pioche ! J’ai une mauvaise nouvelle pour vous, Spartacus : Jodie Foster est… homosexuelle, exclusive, me semble-t-il. Le temps va vous paraître bien long !

LUI : Vous avez raison, un an, c’est long. Peut-être cependant cela suffirait-il à la faire passer… bi, à force de patience, douceur et complicité. Ne dit-on pas : « Faute de grives, on mange des merles », non ? Alors… qu’elle me croque ! Et sinon, tant pis pour moi ! Et même pas grave, j’aime les challenges !



ELLE

Wah waouh, tu m’intéresses de plus en plus, Starbacchus ! Bien, maintenant, à mon tour, attention à ce que je vais dire !


LUI

Hey, j’ai l’impression que ma voisine a apprécié mes réponses, si j’en juge par les petites pressions qu’elle a exercées sur le dos de ma main. J’avoue que ces touchettes m’ont un peu électrisé. Et quand ses doigts sont venus s’intercaler entre les miens, j’ai failli m’étrangler. J’aime ! Dommage que je doive lui rendre sa liberté maintenant… Enfin, si j’y arrive ! Elle a l’air de s’accrocher !


ELLE

Non-non, ne lâche pas ma main, baryton !… Bon, on y va :


ELLE : Jézabel, célibataire, libre… et mi-figue mi… grappe de raisin, si vous voyez ce que je veux dire.

LA VOIX : Hum ! Chère Jézabel, quel garde-robe emporterez-vous ?

ELLE, du tac au tac : Je note que « LA VOIX » est très machiste ! C’est au tour d’une femme de s’exprimer, donc on parle chiffons ! Ah bravo ! Cela dit, pour vous répondre, si votre île est déserte et se situe bien sous les tropiques, de quoi pourrais-je bien avoir besoin ? Mis à part… mon Chanel 5 bien entendu ! Et puis… une grosse doudoune et des chaussettes s’il fait frais la nuit !

LA VOIX : Mea culpa ! Mille excuses, bella donna.




LUI

Et pan, prends ça dans les dents, macho ! Cela dit, réactive, la donzelle ! Et je dis donzelle, car la voix est jeune. Grave, légèrement voilée et empreinte de couleurs variées. Avec une pointe d’accent que je qualifierais d’étranger. Et si j’ajoute la bella donna dont l’a gratifiée « La Voix », alors… Italienne ? Une Ornella Muti ? En tout cas, elle a la vivacité d’une Anna Magnani ! Et elle peut continuer à écraser mes doigts, j’adôôôre !



LA VOIX : Hum, donc… vos trois films préférés ?

ELLE : Une Journée Particulière de Scola, Talons Aiguilles d’Almodovar, Misery et Le Seigneur des Anneaux.

LA VOIX : Ça fait quatre !

ELLE : Et alors, il n’y aurait que les hommes à pouvoir tricher ? Et d’ailleurs, ça ne fait pas quatre, je veux toute la série des Anneaux !



LUI

Belote et rebelote ! Du caractère la p’tite ! Et quelle voix ! Oh, comme j’adôôooore cette soirée ! Découvrir ses compagnons de jeu juste au travers de leur voix, c’est d’un érotisme ! Et elle, ce n’est pas une voix, c’est une musique, c’est une rivière argentée qui dégringole de ses lèvres en perles scintillantes. Quel délice ! Bon, la voix ne fait pas tout, j’en ai fait l’expérience à plusieurs reprises. La voix suave d’une standardiste qui s’était révélé être une très charmante personne certes, mais plus facile à rouler qu’à porter ! Alors bon, oui, peut-être est-elle moche (ça m’étonnerait beaucoup quand même, vu, enfin… compte tenu du type de soirée) et je suis à peu près certain qu’elle n’est pas difforme. Le peu que j’ai pu explorer de son physique m’a semblé très… très bien tourné. Alors, peut-être pas une beauté fatale, mais avec une telle voix plus son esprit bien formé et son caractère bien trempé, un physique correct suffirait largement à en faire une agréable compagne, d’un soir au moins !


Que dit-elle ? Les tableaux qu’elle emporte ? « Le Déjeuner sur l’herbe » de Manet, OK, « Le Cri » de Munch, très bien, et… tous les dessins de Milo Manara ? Bien sûr ! Dans le genre dessinateur sexuellement explicite, on peut difficilement trouver pire ! Ou mieux !


Cela dit, j’en viens à me demander si elle n’aurait pas été briefée par mes chers amis. Ses choix sont trop à mon goût pour être honnêtes ! Est-ce qu’il n’y aurait pas embrouille dans cette affaire ? Je sais bien que Sarah et Antoine s’emploient à me caser, mais quand même !



LA VOIX : Pour finir, la personne que vous emmenez ?

ELLE : Spartacus !


LUI

Ah ah, excellent ! Trop cool ! Et je ne suis pas le seul à apprécier cette sortie : ça glousse dans la basse-cour ! L’interdiction de parler est à demi violée ! Et moi, je me ferais bien violer tout court par cette vedette ! Sacrée Jézabel !


LA VOIX : S’il vous plaît, silence ! Euh… et donc, Spartacus ? C’est… pour ses muscles ?

ELLE : Des muscles, point trop n’en faut. Il suffira d’un seul ! Et tant qu’à faire, qu’il ressemble à un os !



LUI

Non, mais je le crois pas, c’est pas vrai ! Elle a pas froid aux yeux la meuf ! Oh, c’est sûr, là, je signe !

Et on dirait bien qu’elle aussi, vu la façon dont elle a planté ses ongles dans ma paume en claironnant « Spartacus » ! Si ce n’est pas un signe ça…



ELLE

Eh-eh ! Je pense que là, le message est passé. J’espère qu’une fois la lumière rallumée, je n’aurai pas trop de regrets… Mais bon, j’aime vivre dangereusement ! De toute façon, ma fille, t’es pas venue chercher le prince charmant ce soir, juste un bon coup capable de t’aérer les synapses, de t’affoler les gamètes, de te renverser les trompes, bref, une queue capable de t’expédier au septième palier !

Oh, mais comment qu’elle cause la meuf ? Shocking !

Ah ouais, c’est pourtant bien la vérité non ? Alors, bon, il est temps de passer à l’offensive : voyons s’il saura résister au satin de ma cuisse ! Enfin, pas trop résister j’espère !


LUI

Mmmm ! Elle m’offre le velours de sa cuisse ! Côtelé le velours, hérissé ! Heureuse et intéressante initiative, mademoiselle. De toute évidence, vous appréciez le contact de mes doigts. Elle m’a l’air bien ferme et fuselée cette cuisse et votre genou joliment rond. Comment réagirez-vous, chère Jézabel, aux explorations indiscrètes de mes phalanges gourmandes ? … aux explorations indiscrètes de mes phalanges gourmandes ? Oh, comment que je cause : cette obscurité me fait poète…



ELLE

Excellent ! Il ne se précipite pas, il explore avec légèreté, glisse sur ma peau, l’effleure. Il me découvre du bout des doigts. J’aime ces circonvolutions patientes, qui s’enhardissent peu à peu. Ce type me fait vraiment de l’effet ! Cette découverte à l’aveugle exalte mes sens. J’en suis à me mordiller les lèvres pour ne pas gémir, ses doigts déclenchent des ondes pétillantes qui submergent mon corps. Est-ce que je pourrai ne pas sursauter quand ses petits lurons malins s’insinueront un peu trop haut entre mes cuisses ?


LUI

Merci, Jézabel, d’avoir libéré ma main, de me laisser le champ libre. Je vous sens frémissante, bandée comme un arc. N’en soyez pas gênée ! Je le suis autant que vous ! Laissez-moi jouer de vos cordes sensibles. Laissez-vous faire simplement. Savourons cette lente découverte. Et nul besoin pour vous d’ouvrir le passage vers le triangle savoureux, mes doigts ne s’y aventureront pas. Pas pour l’instant… Plus tard, bien plus tard sans doute. Si vous me le permettez alors…


D’ici peu, les dernières présentations des convives achevées, le repas nous sera servi et nous serons libérés de nos bandeaux. Quel constat ferez-vous en me découvrant ? Ne serez-vous pas trop déçue par mon physique somme toute banal ? À moins que, lumière revenue, une timidité, annihilée jusque-là par le confort anonyme de nos cécités communes, ne vous fasse regretter vos petites provocations et n’anéantisse votre licencieuse liberté ?


Mon dieu, j’adorerais que notre aveuglement total se prolonge indéfiniment et que, plus tard, dans l’intimité d’un lieu parfaitement silencieux, hors des caquetages insipides de nos compagnons, nous reprenions nos lentes explorations, nos découvertes en parallèle, du bout des doigts, du bout des lèvres.


Laissez-moi, Jézabel, profiter encore de l’opacité confortable du moment. Trousser votre léger vêtement, franchir la frontière des dentelles de votre slip, laisser mes doigts musarder sur votre ventre chaud, dessiner un cercle sur votre nombril. Je vous sens vous tendre encore, vous renverser contre votre dossier. Nul mouvement des jambes, vous n’ouvrez pas le passage : pudeur, résistance ? Ou, se pourrait-il que nous soyons en communion si intime que nous souhaitions, vous comme moi, repousser à plus tard les découvertes définitives ?



Houlà ! Votre main sur ma cuisse, quel divin éblouissement ! À mon tour de témoigner d’une horripilation spontanée de la peau. Votre main est si chaude, si douce, vos caresses si légères, vos doigts si délicieusement coquins de glisser à peine sous le tissu de mon short.


De grâce, n’allez pas trop loin, je ne répondrais de rien si vous poussiez l’aventure trop amont. Gardons-nous s’il vous plaît de franchir le Rubicon, laissez-moi encore vous étourdir de sages effleurements, de caresses à peine indiscrètes.


ELLE

Trop de sensations, trop d’agaçantes caresses, cet homme est un démon ! Il m’affole avec sa patience, sa délicatesse, sa douceur extrême ! Celui-là sait jouer du corps d’une femme, en dénicher les secrets. Il n’essaye pas d’accéder à des zones trop sensibles, trop évidentes. Timidité pusillanime, manque de confiance ? Non, certainement pas. Quel besoin aurait-il à cet instant de se contenter de prendre des chemins trop faciles alors que ses doigts m’inventent des zones érogènes insoupçonnées. Soyons claire, personne ne m’a jamais… branlé le nombril de cette façon ! Jusqu’ici je n’aurais pu imaginer que ce petit orifice puisse être source de plaisir. Ce foutu bonhomme exacerbe toutes mes cordes sensibles, y compris et surtout celles dont j’ignorais l’existence…


Je me plais dans notre obscurité protectrice, accommodante sombritude qui autorise des folies exquises. Faites qu’elle dure encore et encore cette opacité cotonneuse, si merveilleusement confortable. J’aimerais, tout de suite, là, maintenant, entraîner mon complice dans un lieu tranquille et douillet où nous pourrions, en silence, dans le noir encore, nous explorer, nous découvrir, nous cajoler.

Eh eh, il est à point mon gladiateur ! Quelle réaction ! Ma main juste déposée sur sa cuisse l’a carrément fait sursauter et j’ai senti ses doigts se crisper sur mon ventre. Cuisse poilue, sans excès, semble-t-il. Cartapuce porte un short, ample ! Je glisse juste dessous, mais n’irai pas trop loin. Pas maintenant. Ne pas gâcher l’instant !



LA VOIX



— Bien, les présentations étant faites, je vous propose de passer désormais à notre dîner. Vous allez être servis, mais pour l’instant gardez vos bandeaux.



ELLE

Aïe ! Fin du jeu ! Dans quelques instants, lever de rideau. Dommage ! Merde !


LUI

Merde ! On va nous faire enlever nos bandeaux ! Déjà ? J’aurais tant voulu prolonger le jeu ! Et ce dîner, je m’en serais volontiers passé.


Mouvements autour de la table, je dois abandonner ma voisine. Elle, elle a déjà retiré sa main. Dommage. Mais bon… normal !




LA VOIX



— Voilà, vous êtes servis, vous pouvez enlever vos bandeaux !



ELLE

Bon, tant pis. J’enrage ! J’ai peur de la lumière. Pas tant à cause de ce que je vais découvrir, ni de ce qu’il va découvrir lui, mais à cause de cette rupture de l’anonymat, du secret. Laissez-moi quelques instants de confort encore, j’ouvrirai les yeux dans quelques secondes… D’ici là, s’il grogne ou soupire, je serai fixée sur le jugement de mon caresseur…


LUI

Hey ! Génial ! Il fait tout noir ! Noir quasi absolu ! Ah, les farceurs, ils vont nous faire manger dans l’obscurité totale. ♫ Jouez hautbois, résonnez musettes ♫ ! Le jeu continue !


Du coup, ma main retourne sur la cuisse de ma voisine que je serre vigoureusement.


ELLE

Alléluia ! Il fait nuit comme dans un four ! Génial ! Le mystère s’épaissit, Docteur Watson ! Oh, trop génial !



LA VOIX



— Vous avez devant vous un plat à trois compartiments, entrée, plat principal et dessert. Vous pouvez désormais déguster ce repas exotique… avec vos doigts. Tous les couples mixtes sont-ils validés, pas de tentations homosexuelles ? Levez la main si c’est le cas… Vous n’y voyez rien, cependant, MOI, je vous vois !

… Donc… personne ne bouge ? … Paires validées !


Vous allez donc pouvoir manger ou, pour être plus précis, vous allez pouvoir alimenter l’autre membre de votre couple. Eh oui, ce serait trop simple sinon ! De même, ce sera à vous de lui donner à boire. Vous repérerez vos verres grâce aux gommettes phosphorescentes vertes qui y sont collées à mi-hauteur. En cas d’incidents ou maladresses, ce sera à vous de limiter les dégâts ! Notez encore que vous êtes désormais autorisés à parler, mais, un conseil, évitez au maximum.

Quand vous le souhaiterez, après le partage des entrées, vous pourrez quitter la table quand vous le voudrez. Un geste de votre part et vous serez pris en charge pour être conduits vers un canapé proche, une alcôve tranquille ou tout autre lieu à votre convenance… voire vers la sortie, si c’est votre choix ! Chacune ou chacun reste libre de ses choix.


Tout cela étant dit, je vous souhaite… bonnes gourmandises, à toutes et à tous…



LUI

Eh bé mon neveu, ça risque d’être rigolo ce repas ! Va falloir être adroit ! Quoique…


ELLE

Trouver sa bouche ! Vite ! Pour y appliquer mon doigt et l’inviter à garder le silence ! Pas un mot ! Fais gaffe tout de même, ma fille, il vaudrait mieux éviter de lui coller un coquard.


Mmm, rasé de près le coco. Lèvres sèches. Tiens, une toute petite bouche, j’ai l’impression ! Mais lèvre inférieure gourmande…


LUI

Message reçu Jéza-belle, on évitera donc de parler. Oh ! Sa caresse sur ma joue et ma bouche m’a encore électrisé. Pourtant, je pensais déjà tourner à 200.000 volts ! Je vais disjoncter moi, si ça continue !


Les entrées ? Je crois avoir compris, ces rouleaux craquouillants doivent être des nems et dans cette coupelle dans le coin du ravier, une sauce ? Épicée ?


Maintenant, trouver sa bouche ! Heureusement qu’elle s’est tournée vers moi et rapprochée. Je n’en profite que davantage du parfum de sa peau et de celui de ses cheveux.


Bon, le nem dans la main gauche et ma droite pour trouver la cible… Je ne voudrais pas trop lui planter un nem dans l’œil !


Waouh ! Bonheur ! J’ai trouvé sa joue, sa bouche maintenant et… elle m’offre un petit baiser sur les doigts. Trop trop bon !


Voilà, goûtez, ma belle. Ce n’est qu’un bâtonnet frit qui j’espère vous régalera. En souhaitant que, plus tard, vous accepterez de mâchonner un bâton plus consistant…



ELLE

C’est dingue ! Dans le noir, le moindre contact prend des proportions incroyables. J’ai rarement connu une telle excitation, une sensibilité aussi envahissante. J’ai l’impression de retrouver mes premiers émois, mes premiers tâtonnements, ces sensations irradiantes, aussi apeurées qu’impatientes et dont j’ai toujours pensé depuis, qu’elles étaient uniques et impossibles à revivre un jour avec cette même intensité bouleversante de la prime découverte. Mais ce soir je suis la gamine de quinze ans, pure et innocente. Et aussi la femme de trente, rouée, libre, gourmande et débarrassée de toutes les encombrantes fausses pudeurs. Vierge et salope à la fois !


Le nem est croustillant, gentiment épicé. C’est bon. Mais tellement fade, insipide comparé aux caresses brûlantes de mon gladiateur.


Surtout, que personne n’allume la lumière !


LUI

Je pense qu’il ne doit rester que quelques minuscules centimètres entre nos deux visages. Je sens le souffle chaud de Jézabel, je l’entends déglutir. Elle a posé une main sur mon épaule, pour m’empêcher de m’éloigner d’elle. Moi, je glisse ma main dans son cou, je perds mes doigts dans ces cheveux qui me semblent frisottés.


Nous respirons profondément l’un et l’autre, chaque geste ressenti nous coupe le souffle un instant. Nous sommes fébriles, hyper sensibilisés. Et tellement affamés l’un de l’autre.



Ma complice a croqué les trois quarts du nem désormais et il me vient une idée.

Je glisse le reste du bâtonnet frit entre mes lèvres, n’en laissant dépasser qu’une infime extrémité. J’approche des lèvres de Jézabel : je suis fébrile et impatient. Que va-t-il se passer ?


ELLE

Sa bouche ! Sa bouche sur la mienne ! Ses lèvres rencontrent les miennes !

Je suis sciée, interloquée par cet étrange baiser, ce contact imprévu. Je reste figée une seconde. Le temps de réaliser, d’accepter cette intimité surprenante. Et tant espérée !


Si espérée, si attendue, que je presse doucement ma bouche contre la sienne. Sans prendre le nem. Pour que nos lèvres s’apprivoisent. Quelques instants immobiles, nous savourons, lui autant que moi j’en suis sûre, ce contact maladroit, encombré, avant que je ne me décide à saisir l’embarrassant morceau de nem. Avant de perdre le contact de cette bouche dont je suis avide, j’enferme le crâne de mon complice dans mes mains, pour que surtout il ne s’éloigne pas. Je me hâte d’éliminer le beignet, je l’avale presque sans le mâcher.

Je reprends mon souffle, je tente de me calmer. Un peu !


Pourtant, c’est avec furie que je viens, avide et impatiente, happer la bouche offerte. Nos lèvres se fondent, nos bouches s’affrontent, nos langues s’enroulent. Nos baisers carnivores nous embrasent définitivement, une folie sensuelle nous précipite dans un concours haletant où nos sens exacerbés relâchent l’incommensurable tension accumulée, tous ces désirs qui nous brûlent, nous consument, nous affolent. Les images éblouissantes, les prodigieuses sensations du passé, de ces premiers émois bouleversants de l’adolescence défilent dans mon esprit, kaléidoscope vertigineux de souvenirs uniques, toujours chéris, jamais égalés et qui à cet instant pourtant me paraissent bien fades, tristement sépia, affadis.



J’en ai connu des orgasmes éblouissants, des transes radieuses, mais cette fusion absolue que nous partageons à cet instant nous propulse, elle, dans un tourbillon invraisemblable où nos corps se trouvent démantibulés, nos sens atomisés.

C’est à peine si nous prenons le temps de reprendre notre souffle par instants, hâtivement alors, comme si un impératif tyrannique nous précipitait l’un à l’autre.



L’obscurité s’illumine de milliards de feux follets, lumières aveuglantes, tourbillons insensés.

Diable, que les ténèbres sont brillantes !


Je ne réponds plus de rien ! Je suis embrasée, submergée, délicieusement anéantie et totalement incrédule ! Comment des baisers, si passionnés qu’ils soient, peuvent-il provoquer un tel ravage de feu ? Et d’ailleurs, comment ces baisers peuvent-ils, tout simplement, être aussi passionnés, revêtir un tel degré d’urgence absolue ?


L’inconnu ? Le saut délibéré dans le hasard ?


La simple oblitération d’un de nos sens peut donc produire cet éblouissement ! Ne pas voir, ne pas savoir, s’en remettre au hasard peut simplement nous propulser dans un univers parallèle ? Avec une telle violence que mon corps tout entier vibre comme une harpe dont des dizaines de mains malicieuses seraient venues pincer simultanément toutes les cordes ? J’étais venue ce soir pour m’envoyer en l’air, je sens que je vais être catapultée dans les plus lointaines galaxies !


Je suis fétu de paille dans la bourrasque, bienheureuse, chamboulée.


Que tu sois beau ou laid, bon ou mauvais, je te veux, maintenant, cher inconnu !




LUI

Elle a rompu le silence ! Sa voix n’était qu’un souffle, une infime vibration, profonde, mais j’en ai ressenti la puissance jusqu’au fin fond de mon corps, jusqu’aux tréfonds de mon âme, ou plutôt, pour être franc et éviter d’être grandiloquent et faux-cul, jusqu’au bout de mon sexe.

Que pourrais-je bien répondre à cet ordre impérieux si ce n’est :



Je reprends ses lèvres, je l’embrasse avec passion, me soûle de son souffle, lui partage mon désir. J’ai levé mon bras, je l’agite. La VOIX nous voit, a-t-elle dit ! Alors Antoine, mon ami, bouge-toi ! Vite !


Une main se pose sur mon épaule et Sarah me chuchote à l’oreille : « Une chambre ? »


Je me contente de hocher la tête puisqu’elle aussi doit nous voir (nos hôtes ont forcément des appareils de vision nocturne !).



Comme des enfants sages, main dans la main, Jézabel et moi suivons ou plutôt, sommes entraînés par notre hôtesse. Périple périlleux, ralenti par notre marche incertaine.


Une pause dans notre folle passion. Pause qui me fait l’effet d’une douche écossaise. Et si… si cette interruption nous faisait retomber sur terre. Si Jézabel réalisait l’incongruité de notre emballement ? Bien sûr, en venant ce soir, nous savions tous que ce n’était pas pour enfiler des perles. On ne participe pas à une soirée libertine sans en accepter les conclusions… pénétrantes !


Pour autant, cette soirée nous mène bien au-delà des règles habituelles. Jézabel ne va-t-elle pas réaliser soudain les risques de ce saut dans l’inconnu. Moi-même, je m’interroge : ne suis-je pas à deux doigts de faire une grosse bêtise, de tomber dans une Liaison Fatale  ? Je ne sais rien d’elle ! Et si c’était une nymphomane désaxée ?


Et elle, je suis sûr qu’elle cogite grave à cet instant !



ELLE

Je suis complètement folle. Qui est cet homme auquel je suis prête à offrir mon corps, à lui partager mes fluides, à lui abandonner ma lucidité. Je ne l’ai pas vu, c’est une chose, et en fait je ne l’ai pratiquement pas touché, palpé.


Bon, OK, ma paume vient de m’informer qu’il ne trimballe pas une brioche d’obèse.


Et puis ça, de toute façon, ça n’a que peu d’importance. Qu’il soit beau, moche, bien foutu ou bancal, son physique, je m’en fous. Il est doux et caressant, ça lui fait au moins deux qualités. Et il n’est pas trop basique, me semble-t-il, au vu des réponses qu’il a faites à « La Voix ». Et puis, il a une voix à tomber, des intonations magnifiques. C’est un charmeur, c’est sûr et, ma foi, si en plus il est beau gosse, tant mieux !


Mais qui est-il ? Il peut bien avoir une jolie voix, être charmant et caressant, il est peut-être bien tordu, pervers. Si je l’avais vu, si j’avais pu lire son regard, je saurais, je serais fixée ! Je suis très forte pour déceler les vices cachés des bonshommes. Mais là, rien, que dalle, nada ! Je n’ai aucune indication !

Putain, va savoir dans quoi je m’embarque ?


Et merde, arrête de psychoter, s’il est là c’est qu’il est un proche de Sarah et Antoine, et eux je peux leur faire confiance. Ils ne me laisseraient pas m’engager dans une histoire tordue. Non, ils ne feraient pas ça !


Et puis, tant pis, de toute façon, j’ai trop envie !



LUI

Une porte qui s’ouvre enfin, la chambre qui paraît à peine moins sombre que le reste de la maison. Trois rangs d’ajours dans le haut du volet roulant laissent filtrer quelques candelas de la lumière sélène. Éclairage bien insuffisant pour discerner les traits de ma compagne, juste assez pour entrevoir quelques volumes dans la pièce, dont celui du lit.


Nous nous trouvons gauches à cet instant, embarrassés. Je sens combien ma partenaire est tendue. Sur ses gardes ?



Nous avons sursauté l’un et l’autre, Jéza et moi, nous ne nous attendions pas à ce que Sarah s’adresse à nous.



Nous rions à cette proposition saugrenue. Elle est très fine, Sarah, elle a bien compris qu’il fallait nous déstresser.



Bonne nuit vous deux !



La porte refermée, nous restons immobiles un moment encore. Intimidés, ou pour le moins, indécis.


Et pourtant, nous sommes seuls désormais !

Enfin seuls ! Libres de nos mouvements !


Nos corps se rapprochent, timidement, avant de se presser l’un contre l’autre.

Et nos lèvres enfin se retrouvent.


Nos baisers sont plus doux, plus calmes, tendres.

Délicats.


Soupirs, halètements.

Nos mains s’égarent, parcourent des épaules offertes, s’aventurent dans nos dos.

Chaque caresse, chaque frôlement ravive le feu vaguement calmé par notre périple hasardeux dans la maison.


Les braises de la passion rougeoient en nous, le coup de grisou va nous emporter d’ici peu.


ELLE

Je veux vivre ! Vivre cette rencontre comme un cadeau, en apprécier la folie, me délecter de notre audace.


J’aime ses mains dans mon dos, ces mains qui glissent doucement vers mes fesses, remontent sur mes flancs.


Nous sommes debout, juste à côté du lit. Nous y serions mieux pour la découverte partagée de nos corps. Il faut que j’arrête la promenade insidieuse de ses doigts avant qu’ils n’atteignent mes seins, car à cet instant-là je ne pourrai plus rien contrôler. Je dois agir, maintenant, car je nous veux débarrassés de toutes barrières.



Je n’ai pas lancé un ordre, j’ai chuchoté cette demande.


Je repousse doucement Mario – je déteste ce prénom, je le trouve ridicule ! Cela dit, comme ce n’est pas le vrai…– je me détache de lui. Je sais qu’il ne verra pas grand-chose, le peu de clarté de la pièce ne permet de distinguer que de très vagues silhouettes. Peu importe, je ne peux pas m’empêcher de vouloir lui offrir une sorte de strip-tease langoureux.


Langoureux, mais bref, vu le peu de vêtements que je porte. Ma robe légère dégringole, mon soutif de maillot, délacé, la suit au sol. Je me contorsionne élégamment pour faire glisser mon slip de bikini sur mes cuisses, je m’en défais avec grâce et reste debout, face à lui, offerte. Je sais qu’il a deviné plus qu’il n’a vu mon numéro, comme je l’entrevois à peine moi-même enlever son… tee-shirt sans doute et se débarrasser de son slip.


Je retrouve sa main et je l’entraîne sur le lit.


LUI

Fanny – pourquoi pas, c’est joli, Fanny – Fanny m’a offert un spectacle d’ombres chinoises. J’ai entrevu, enfin, deviné une silhouette, élégante, élancée, fine, des mouvements gracieux, lascifs.

Excitants.


À présent, allongés sur le flanc, face à face, nous nous rapprochons peu à peu l’un de l’autre. Son corps m’est offert, sans entraves ni barrières, ses seins pointent contre mon torse – délicieux contact – son ventre, ses fesses, le delta de ses cuisses sont à portée de mes doigts impatients. Pourtant, à cet instant, bizarrement, je ne veux que sa bouche, sa bouche encore et encore. Ses lèvres, douces et fines, chaudes et frémissantes, sa langue, bonbon exquis, qui défie ou caresse la mienne, son souffle, court et brûlant.

Nous nous embrassons, voluptueusement, tendrement, sauvagement !


Sans doute voulons-nous, avant de partir dans notre découverte mutuelle, retrouver d’abord cette singulière fusion qui nous a embrasés un peu plus tôt à table, nous désirons ressusciter cette communion si puissante et si inattendue qui nous a projetés dans un univers lumineux à nous seuls dédié.


ELLE

Je ne me suis pas trompée ! Cet homme n’est en rien une brute épaisse. Je lui suis totalement offerte, mais il ne se précipite pas. Il m’offre sa bouche, ses lèvres, son souffle. Nos baisers, tour à tour tendres, fougueux, légers et dévastateurs, ravivent notre désir, notre passion un instant attiédie par notre promenade en aveugles hésitants dans les couloirs de la maison.

Retrouver d’abord cette chaleur avant de basculer dans la déraison.


Pressés l’un contre l’autre, nos corps s’amadouent. Avant que nos mains ne s’en viennent déflorer nos espaces inconnus, avant qu’elles ne parcourent plaines, monts et vallées, nous nous découvrons au travers de nos épidermes. Nous avons les mêmes envies, les mêmes besoins, les mêmes mouvements : comme deux couleuvres lascives emmêlées, nous nous tortillons doucement, pour que nos épaules se rencontrent, nos ventres s’épousent, nos cuisses s’enroulent.


Cette découverte commune n’est pas buccale ou simplement tactile, elle est épidermique ! Découvrir, appréhender, voir, oui, voir par la peau ! C’est là une sensation nouvelle, un éclairage surprenant, une vision insoupçonnée.


Mes tétons dressés s’agacent dans le persil de son torse, mes épaules frémissent contre les siennes, mon ventre se creuse pour épouser son léger embonpoint, mon pubis se cogne sur le sien, mes cuissettes s’acoquinent à ses cuissots musclés.


Et puis, il y a sa verge.

J’ai dit « verge » ? Déconne pas fillette, c’est sa queue, sa bite, son dard, son braquemart que tu sens contre tes cuisses. Arrête de faire ta sainte-nitouche !


Parce que oui, si j’écarte un instant les compas de mes jambes, c’est bien pour la capturer, cette bite, sa queue, sa trique, pour la faire glisser et l’emprisonner entre mes cuisses. La voilà enfermée désormais dans l’étau, je sens la chaleur de ce dard, ressens son impatience au travers de ses tressaillements involontaires, de sa liqueur séminale qui mouille l’intérieur de mes cuisses ; je joue avec ce chibre, l’enserrant et le relâchant pour mieux le capturer encore. Je le branle, doucement, je roule des hanches et des cuisses. Modérément toutefois : vu notre degré d’excitation, il faut se la jouer cool sous peine d’explosion anticipée.


Mes manœuvres malignes portent leurs fruits : si Mario abandonne mes lèvres, sa bouche et ses mains désormais s’activent sur mon corps. Ses doigts courent dans mon cou, dégringolent dans ma gorge, s’insinuent entre mes seins. Des phalanges aériennes survolent les sommets érigés de mes tétons, se contentant de les frôler, à peine. Des effleurements qui déclenchent d’horripilants frissons qui déferlent en vagues et ressacs depuis mes seins jusqu’aux tréfonds de mon sexe.


Maintenant alanguie sur le dos, cuisses entrouvertes, je me laisse porter par les divines sensations des explorations coquines de mon compagnon. Je souris, en réalisant que j’ai fermé les yeux pour mieux savourer toutes ces agaceries délicieuses : comme si l’obscurité n’était pas suffisante pour cela ! Cette opacité confortablement inquiétante qui, depuis le début, a sublimé chacun de nos gestes, chacun de nos contacts, décuplant, centuplant chacun de nos ressentis.


Une bouche avide vient s’emparer d’une des mûres grenues de mes seins. Une mûre ? Pourquoi pas ? Je suis mûre, mûre pour le plaisir au point de me tendre brusquement, projetant le fruit en avant, à vouloir l’engloutir dans la bouche de mon amant. Mûre, au point de sentir un flot de liqueur déborder de ma conque pourtant déjà noyée depuis longtemps. Je halète, j’ai du mal à retrouver mon souffle, et il me vient maintenant l’irrésistible envie que tout aille vite désormais, que tout s’affole, que sa queue raide vienne s’enfoncer en moi, s’enfonce et me défonce, me burine, me possède enfin. L’orgasme est là, à portée de mains, il suffirait d’un coup de pouce, d’un coup de SA queue pour m’expédier au nirvana.


Je n’ai plus de retenue, j’ouvre mes cuisses : d’une main, j’accroche une épaule de mon amant pour l’amener sur moi, j’attrape sa bite tendue de l’autre main, la guide entre mes lèvres congestionnées, vers ma moule submergée de mouille. Sans aucune hésitation, sachant qu’il m’accompagnera sans nul doute dans le voyage stellaire.



LUI

Viens ? Maintenant ?

Venir ? Mon Dieu, bien sûr que je veux ! Je n’en peux plus de te désirer, je n’en plus de t’attendre !

Mais ?



La supplique est bien trop impérieuse pour y résister !


J’ai ses hanches dans mes mains, son corps est tendu, arqué, ses cuisses écartelées. Sa moule inonde ma queue, sa mouille est liquide incendiaire qui embrase mon flambeau. J’entre dans l’antre, m’y projette. Ce n’est pas juste ma bite qui vient s’enfoncer en elle, se soûler de son désir, se perdre dans sa caverne submergée. C’est moi, tout entier, corps et âme qui me noie en elle, me perds dans le tumulte chaviré de son désir. Mes va-et-vient sont profonds, tout de suite, profonds, presque brutaux. Ce n’est pas l’orgasme qui nous attend, c’est une fusion, une explosion nucléaire qui nous guette. Tant de désirs accumulés, tant de soifs à étancher, tant d’interrogations à exploser. Oui, je viens dans ce con inconnu, je m’y précipite avec une irraisonnable inconscience, la sublime délectation d’une sombre folie.


Je vais et je viens, entre tes reins, je te sens, vaillante cantinière, monter hardiment au front, franchir les lignes, grimper les échelles d’assaut, bondir vers le sommet de la colline : le combat n’aura pas d’autre issue que l’explosion sublime !


Je vais et je viens, entre tes reins et je me retiens !


NON !



ELLE




Seconde partie : LETTER BOX




Très chère Nathalie,



D’abord, laisse-moi de te dire qu’il est bon de connaître enfin ton prénom ! C’est un tout petit bout de toi qui m’est offert par ton adresse email, confirmé par Sarah. C’est là quasiment le seul élément qu’elle ait accepté de me livrer. Un premier élément du puzzle dont mes doigts et ma bouche ont découvert déjà des éléments essentiels certes, mais que mon esprit reste bien incapable d’agencer pour obtenir une image mentale. Merci à toi, mille fois merci, d’avoir accepté, a priori, d’ouvrir un dialogue.


J’ai mille choses à te dire, et ce premier mail n’y suffira pas. Je sais, en l’entamant, que mes pensées vagabonderont à droite et à gauche, m’entraîneront dans des chemins de traverse, me faisant oublier peut-être, sans doute, quelques axes principaux. Sitôt aurai-je appuyé sur le bouton «Envoi » que je regretterai de ne pas avoir évoqué ceci ou cela. Peut-être aurais-je dû rédiger un brouillon, avec plan en bonne et due forme, pour être certain de ne rien oublier, mais ce n’est pas dans ma nature. Je préfère me laisser porter par les idées du moment, mes ressentis, mes émotions. Quitte à avoir ensuite quelques regrets ! Au moins ai-je ainsi la certitude d’être resté spontané et franc.

Vrai ! Sincère !


Des regrets, j’en ai eu, avant même d’avoir franchi le portail de la propriété de nos amis, au petit matin de notre nuit. Autant j’avais été d’accord avec toi pour que nous gardions notre anonymat jusqu’au bout, et même au-delà, autant j’ai ressenti, dès cet instant, l’insupportable idée de ne rien savoir de toi. Un stylet s’est planté dans ma chair, arme qui allait, je le savais déjà, je le sens toujours, me faire souffrir dans l’avenir. Je craignais alors qu’il me faille peut-être plusieurs jours, voire plusieurs semaines, de négociations, avec l’intercession de Sarah, pour parvenir, éventuellement, à te rencontrer. J’étais loin du compte !


Si ce mail devait avoir une réponse, peut-être sera-t-il alors juste le prélude à de nombreux autres où je pourrai combler les inévitables oublis de ce premier échange. Si tant est donc qu’il y ait échange …


Quand bien même aucune réponse ne serait faite à cette bouteille à la mer, sache que je ne remercierai jamais assez Sarah et Antoine pour l’extraordinaire nuit que fut la nôtre. Je dis bien la nôtre, car je suis intimement persuadé que tu as ressenti toi aussi la stupéfiante connexion que nous avons partagée cette nuit-là. Stupéfiante, alors que notre seule drogue commune aura été le noir, les ténèbres absolues ou presque, cet univers dense et cotonneux, qui a centuplé nos sensations et nous a reliés l’un à l’autre. Hors ce paramètre, seule une terreur extrême aurait pu nous rapprocher à ce point, nous jeter l’un contre l’autre, l’un dans l’autre, dans cette communion qui nous a transcendés.


Je ne sais pas ce qu’il en a été pour toi, mais de mon côté j’ai effectué cette nuit-là un impensable voyage dans le temps, retrouvé la virginité des sensations, la puissance des découvertes premières, les émotions étourdissantes qui avaient bouleversé l’adolescent aussi bravache qu’apeuré que j’étais à seize ans. Des éblouissements que j’avais toujours cru uniques depuis, que je chérissais avec dévotion, persuadé que j’étais de leur unicité définitivement non reproductible. In-vivable à nouveau.


Or l’aveugle involontaire a revécu avec la même force dévastatrice et enchantée ces émotions virginales. L’inédit s’est doublé, dédoublé, redoublé ? Je ne sais pas bien quel terme employer pour cette impossible récidive !


Qu’en a-t-il été pour toi ? As-tu ressenti ces mêmes sensations ou suis-je véritablement un insupportable romantique hystéroïde ?


L’expérience aura été si forte qu’à peine rentré chez moi, je n’ai pu faire autrement que me mettre au clavier pour retranscrire tous les événements de la soirée, en m’axant, je l’avoue, sur une transcription la plus fidèle possible de nos corps à corps, de la découverte faite par mes doigts, ma bouche et ma peau des trésors secrets de ton corps, depuis ton visage jusqu’au tréfonds de tes cuisses. Sans image imprimée dans mon cortex, il me fallait absolument retranscrire les sensations électriques de mes phalanges pour préserver ce que j’avais appris de toi. En fait, tout… et si peu.


Pour en garder le souvenir, pour en chérir le bonheur.


Tu es partie déjà, pour six mois, m’a dit Sarah. Six mois ! Six mois, c’est une éternité souvent fatale à des couples unis. Alors, pour un duo d’une nuit… Tant de choses peuvent survenir en une demi-année. Tant d’événements, de rencontres possibles, tant de croisements de vie… L’un ou l’autre hasard pourra dès demain balayer notre souvenir partagé, le supplanter, l’annihiler. Peut-être, dans ton avion déjà, un destin assassin a-t-il balayé notre aventure supra-sensorielle en t’ouvrant des horizons radieux où notre aventure n’est déjà plus qu’une minuscule escale oubliée.


Si tel est le cas, ce mail restera sans réponse. Sinon, peut-être y répondras-tu…


Sans promesse, sans contrainte, en toute liberté.



Tout à toi

Julien



oooOOOooo



Mon chéri,


Ah non, stop ! Tu – te – calmes ! [DELETE]



Très cher Julien,



Quel plaisir pour moi aussi de connaître ton prénom ! D’autant, je dois te dire que j’avais trouvé Mario presque aussi ridicule que Spartacus (désolée pour les hommes qui portent ce prénom qui moi, me fait systématiquement penser à un certain plombier et sa casquette).


Sarah m’a expliqué que tu l’avais autorisée à me transmettre à peu près tout ce que je voudrais savoir, à part nom de famille et photo. Il en a été de même pour moi ! Mais cette adorable garcette préfère nous laisser le soin de distiller ces informations nous-mêmes. En définitive, je crois bien qu’elle a raison. À nous de savoir gérer ces infos tout au long des six mois qui se profilent devant nous.


Six mois ! Un sacré bail ! En deux mots, décoratrice d’intérieur, je travaille pour une grande maison parisienne, je crée et j’agence leurs boutiques à travers le monde. Ma tournée actuelle me mènera all over the world et je serai très occupée. Over-charrette ! Vaste programme de rénovation des boutiques. Bref, inutile de s’étendre sur le sujet.


Je préférerais, et de loin, m’étendre sur un certain sujet, caresseur et délicat, qui m’a offert la plus incroyable nuit de ma vie…


Il faudrait que le destin soit bien malin pour qu’une quelconque rencontre soit capable de me faire oublier notre nuit, si particulière. Mais, c’est vrai, on ne sait jamais. Donc, posons les règles dès à présent.


Des règles ? Il n’y en a aucune ! Aucune n’est envisageable, exigible ! Chacun doit conserver sa liberté, pleine et entière ! Comment pourrais-je te demander de m’attendre, de patienter alors que nous ne savons ni l’un ni l’autre ce que pourraient être nos réactions si un jour… Comme tu l’as dit, le destin peut nous réserver bien des surprises. Qu’un couple uni se promette fidélité indéfectible, passe encore ! Il n’y aura sans doute qu’eux à pouvoir y croire… Mais franchement, pour un duo qui ne s’est jamais VU ! Je n’imagine pas t’imposer un célibat monastique sur cette durée. Tout comme je ne suis pas certaine que, même très occupée, mes dix doigts et quelques accessoires suffiront à calmer ma libido !


Donc, quartier libre et on avisera plus tard. Par contre, je ne te cacherai rien, ni de mes éventuelles petites aventures d’un soir, ni d’un grand amour s’il me tombait dessus … Bon, rassure-toi, jusqu’ici tout va, rien à signaler !


Une règle tout de même : pas plus d’un mail par quinzaine ou vingt jours. Je sais, c’est long, mais je serai vraiment très occupée, mes journées déjà sont fort longues, harassantes et je m’effondre presque tous les soirs sans même avoir pris le temps de dîner. Merci de ta compréhension.


J’ai souri en lisant que tu avais retranscrit notre soirée : j’ai fait de même ! Exercice on ne peut plus euphorisant ! Essaye de m’imaginer, nue, sur mon lit, à tapoter ce petit roman. Il y a eu quelques interruptions momentanées du flux narratif. Et c’est bien le seul flux à avoir connu alors des interruptions !


Je souscris pleinement à tout ce que tu as dit au sujet des sensations retrouvées. Quel éblouissement que cette nuit, que ce partage, cette communion. Un nouveau souvenir unique dont je ne vois vraiment pas comment il pourrait être un jour revécu, avec la même puissance, la même intensité. Cette nuit-là, nous avons croqué du bonheur en barres.


Dans ton prochain mail (au moins 15 jours, d’accord ?), je souhaiterais que tu me donnes les éléments que tu penses avoir «vus » de moi. Quel portrait tu te fais de moi !


En ce qui me concerne, au départ, je t’ai imaginé relativement mûr, d’un certain âge. Ta voix, profonde, légèrement grasseyante, m’a d’abord fait imaginer un homme autour de la cinquantaine, voire plus. Dieu, que j’aime cette voix ! C’est toujours un élément important pour moi, déterminant, dans le sens où je peux me satisfaire d’une voix banale, relativement neutre. Il certain toutefois que je ne supporterais pas une voix de fausset ou un accent, quel qu’il soit, trop lourd, trop marqué, trop envahissant. Et ta voix, chaude, vaguement rocailleuse parfois, basse et enveloppante est de celles qui me font craquer !

Bon, plus tard, en accumulant les indices et découvrant ton corps notamment, j’ai révisé mon jugement et, du coup, je te situe sous la quarantaine (je ne t’oblige pas à répondre, note bien !).


Sinon, qu’est-ce que mes doigts, ma bouche, ma peau, mon corps m’ont appris de toi ?


Visage ovale avec un menton marqué, pas prognathe pour autant, mâchoires solides, des joues pleines avec pommettes hautes et un front haut, lisse. Pas de rides. Cheveux courts, pas loin d’être en brosse, mais chevelure fournie, dense. Je ne sais évidemment rien de tes yeux, ni sur leur forme, ni évidemment sur leurs couleurs. Ta bouche par contre : petite m’a-t-il semblé, même très petite ! Lèvres fines, très fines au point que j’imagine la lèvre supérieure très peu visible de manière habituelle. La lèvre inférieure est plus charnue, gourmande. Cela forme ta bouche, sensuelle, si experte, si douce. Et ta langue mon coco, du genre inquisitrice, dévastatrice et… particulièrement coquine !


Ton cou est fort, solidement planté sur tes épaules carrées. Waouh, ça c’est des épaules, une carrure de rugbyman. J’aime ! Le torse est à l’avenant, solide, agrémenté de poils pas trop envahissants. J’appelle ça un gentil persil ! J’imagine que tu avais taillé tes poils récemment, ils picotaient légèrement en leurs extrémités. Et tu as dégagé ceux qui cernaient tes tétons : coquin ! Des tétons, petits, si réactifs sous ma langue. J’aime !


Côté ventre, mouais … pas trace d’abdos et léger embonpoint. Embonpoint naissant dirais-je … Bref, pas le corps d’un athlète aux muscles saillants, celui d’un homme confortable et rassurant. Tes cuisses ? Fortes, puissantes, celles d’un marcheur peut-être…



Là où je peux être plus précise, c’est bien entendu au sujet de ta queue ! D’ailleurs, à ce sujet, mettons tout de suite les choses au point. Pas de fausses pudeurs SVP, j’ai dit ta queue, j’aurais pu dire ta bite, ton braquemart, ta tige, ton poireau, ta gaule… De même que je parle de chatte, de con, de moule… et que j’avouerai sans détour que j’ai adoré que tu me baises, me fourres, me pilonnes. Et à l’occasion, un jour peut-être, te supplierai-je de m’enculer (bon, pour ça, on se calme, on y est pas…). Je te choque ? Vu les petites folies de notre nuit, je pense inutile de tourner autour du pot. Donc, tu l’auras compris, je ne suis pas du genre à parler de «verge » ou de «membre » habituellement. S’il te plaît, évitons donc les termes trop anatomiques, cliniques, trop fades.


À moins, bien entendu, de joliment les enrober

Dans des alexandrins au charme suranné,

Et oublier mon cul pour mieux vanter mes fesses,

Bannir les nichons pour célébrer mes seins

Et combler de ta verge mon tout petit connin.

Cela me ravirait, certes, je le con-fesse !


Donc, con-cernant ta bite (Mmm !), je vais être franche, je n’ai rien constaté… d’exceptionnel ! Ni côté longueur, ni diamètre. Du classique donc, normal-blanc, standard. Ma langue a noté cependant un gland bien marqué, nettement ourlé, ce qui en fait un très agréable champignon, en bouche.


J’ai apprécié aussi de trouver ton pinceau sans poil, ainsi que tes couilles. Tu t’étais rasé avant de venir, j’ai apprécié, n’étant pas fan du cheveu sur la langue. Apprécié que tu aies poussé le défrichage légèrement au-dessus, pour bien dégager l’espace, sous ta broussaille pubienne.

Si un certain pékin proclamait il y a peu «J’aime ma femme », je dirais pour ma part «J’aime ta queue ». Et, plus encore, la façon dont tu t’en sers.


Sois gentil, dans ton prochain mail, dresse le portrait que tu te fais de moi. Si toutefois mes propos ne t’ont pas trop… choqué.



Tendrement (eh oui… je sais aussi être tendre !)

Nathalie



oooOOOooo



Très chère (et délicieusement coquine) Nathalie,



On ne fait pas dans le détail, le superfétatoire et surtout pas dans les circonvolutions ! Droit au but !

Eh bien… voilà qui n’est pas pour me déplaire ! Bien au contraire !


Selon ton désir, je n’épiloguerai pas, ne te donnerai aucune indication sur le portrait que tu as fait de moi. Na ! Ça t’apprendra ! Je me bornerai strictement à tes ordres : Portrait !


Comme toi, je commencerai par ta voix : sur ce plan (comme sur d’autres…), je suis sur la même longueur d’onde. Élément important, déterminant que la voix. L’une des femmes, la seconde en l’occurrence, à dresser son portrait ce soir-là, avait une voix aiguë, aux accents canaille. Je l’ai immédiatement cataloguée comme une bimbo ! Et me suis trouvé très heureux de ne pas être son voisin, elle m’aurait foutu ma soirée en l’air !


Par contre ta voix ! Ta voix, quel bonheur ! Basse, chaude, ensorcelante. Je regrette de ne pas t’avoir entendue chanter, ça doit être un délice. Ta voix a été l’élément déclencheur ! Par contre, petit détail, au départ j’ai été surpris par ton parfum : Chanel 5. J’adore ce parfum, mais je l’associe d’habitude à des femmes plus mûres, largement plus âgées que toi. Cela dit, ne change rien et continue à ne porter que lui, rien que lui, quand tu te couches…


Pour la suite du portrait, je ne suis pas certain d’être aussi doué que toi. Je dirais que ton visage est ovale (?), tes joues (si douces !) dotées de pommettes très hautes. Ton nez est droit, fin, peut-être légèrement retroussé. Aucune indication sur tes yeux évidemment. Par contre, j’ai senti battre tes cils sur ma joue, donc ils sont longs, forcément, et tes sourcils, épilés, j’imagine, sont fins et quasi horizontaux ; juste un trait. Rien de particulier concernant ton front en partie couvert par tes cheveux frisottés ; une bonne tignasse bouclée et dense dans laquelle j’ai aimé perdre mes doigts.


Ta bouche ? Plutôt grande, large, pulpeuse, et surtout gourmande ! Ta langue, délicieux bonbon, sucré parfois, petit poignard effronté d’autres fois, et protégée par des dents parfaitement alignées. Sous ta bouche, petit menton avec l’ombre d’une fossette ?


Voilà tout ce que je peux dire de ton visage, l’ensemble me paraît harmonieux. Et jeune. Pas la moindre ride décelée, ni sur ton front ni aux commissures de tes délicieuses lèvres.


Ton cou est gracile, tes épaules rondes. Dans l’ensemble, tu me parais fine, élancée et plutôt grande : un peu plus petite que moi, autour du mètre soixante-quinze, soixante-dix-huit. Autant dire qu’avec des talons, tu ne dois pas être loin d’atteindre mon mètre quatre-vingt-trois (oups, j’ai lâché une info !). J’ai senti un corps musclé, taille fine, ventre plat et musclé lui aussi ; musclés encore, tes bras, fermes, et tes cuisses. J’ai noté la petite rondeur de tes mollets et ai pensé, allez, je me lance, que tu pourrais bien être basketteuse. Ou handballeuse. Ou… bref, en tout cas, tu es sportive ! Sportive, avec de jolies fesses, bien rondes, fermes et hautes. J’adore les imaginer moulées par une courte jupe en stretch !


Tes seins, oh mon dieu, j’adore aussi tes seins. Pas très gros certes, mais ronds et fermes. Juste assez ronds pour creuser une sente coquine entre eux. Cela doit être très affriolant dans tes décolletés. Tes seins (tes nichons, tes nibards si tu préfères) sont exactement ceux que j’aime. Il est des hommes qui n’aiment pas les grosses poitrines ; j’en suis, assurément, avec un supplément, car, en fait, je n’aime carrément pas du tout, les gros lolos dotés de gros tétons plantés sur des aréoles largissimes. Pour moi, c’est même rédhibitoire ! Chacun ses goûts : moi, j’aime les mandarines ou les pommes reinettes, surtout haut perchées, fermes, avec des aréoles pigmentées, des tétons fiérots qui se dressent sous mes caresses. Tes framboises hérissées m’ont comblé de bonheur.


Sous ton ventre plat, mes doigts se sont aventurés sur un mont de Vénus bien marqué, rebondi, sur lequel mon pubis s’est choqué à… certains moments. Pas un mont chauve heureusement, un fin ruban de soie flèche la route à suivre vers le canyon enchanté. Mes doigts, t’en rappelles-tu, ont d’abord arpenté les collines dodues de tes grandes lèvres, glissant entre tes cuisses et les premiers contreforts de ces éminences imberbes. Plus ils se rapprochaient de leurs crêtes, plus je sentais sourdre la chaleur intense de ton sillon. J’ai découvert ensuite la dentelle foisonnante des nymphes. Tudieu, voilà de belles babines ! Elles sont grandes les petites ! Abondantes, festonnées, débordantes, il me semble ; je les imagine sombres, je les rêve nacrées. En tous cas, délicieuses sous ma langue qui aimerait tant jouer encore avec elles. Rien que d’y penser, j’en suis tout ému… et bien plus encore. Quand je pense à ces coraux ardents, je bande, je bande ! Non, mademoiselle, ce n’est pas une petite moule qui est coincée entre vos cuisses, c’est une conque, un bénitier des récifs coralliens, bivalve dentelé où mes doigts et ma langue aiment à plonger, en apnée. Et que dire du fier guignolot qui s’échappe des festons. Rien à voir avec les clitoris à peine soupçonnables chez certaines. C’est un sacré gaillard, croquignolet et impudent ! Vous me direz, ma chère, que la taille ne fait rien à l’affaire (nous sommes parfaitement d’accord sur ce point, hum !), mais d’être si saillant ne le rend pas moins délicat. Il m’a semblé (mais peut-être me trompé-je !) bien réactif et sensible, capable de déclencher des spasmes expéditifs ! … tu n’as jamais simulé cette nuit-là, j’imagine…


En glissant dans ta rivière inondée, mes doigts ont investi et exploré ta petite boutique, que ma queue avait déjà goûtée précédemment et trouvée à sa mesure. Parlerais-je de la chaleur moite de ton enfer ? Cet enfer-là vaut tous les paradis du monde ! Voûte granuleuse, chenal annelé dont les muscles vigoureux savent enserrer une queue impatiente. Dans le feu grégeois de ta chatte inondée, et mes doigts et ma tige trouvent leurs aises, que dis-je, leur bonheur, la félicité absolue.



Je hais ton job qui m’éloigne de toi et pour si longtemps encore. Je ne sais pas ce que seront nos demains, enchanteurs ou désillusionnés après une (hypothétique) rencontre. Je voudrais…


Mais non, stop, je désobéis aux ordres en voulant en dire plus !


Je m’arrête donc ici, avec mille regrets !


Dans l’attente de te lire, je t’offre ma bouche pour que nos langues s’enroulent en une caresse chaude et humide.



Serviteur

Julien



oooOOOooo




Mon doux amant,



Tu pousses le bouchon un peu loin ! Tu t’accroches ! Je nous voulais libres, or tu m’attaches à toi avec tes mots enjôleurs, tes phrases sibyllines, tes caresses épistolaires. Mon dieu, quel vocabulaire, quelles tournures emploies-tu ! Tu m’obliges à faire de sacrés efforts ! Et tout ça pour me charmer et me garder pieds et poings liés sous ton joug ? Tricheur !


Je ne vais quand même pas passer les quatre derniers mois de notre éloignement (peut-être deux seulement si tout continue à bien se passer, je suis très en avance sur ma feuille de route) avec juste mes dix doigts (et un gros gode et…) pour calmer mon corps affamé de sexe et de tendresse ! Quoique…

Un certain canard baigneur, impertinent amphibie, sait faire retomber mes tensions accumulées, même s’il n’est, de loin pas aussi doué que toi. Y suffira-t-il ?

Car c’est bien ta tendresse qui me fait le plus défaut.


Oh, bien sûr, ta bouche, tes baisers, fougueux ou langoureux, me manquent également. Et tes mains sur mon corps, tes phalanges légères tournicotant autour de mes tétons dressés, tes doigts envahissant ma grotte pour en griffer la voûte. Et, bien sûr, je me languis de ta queue aussi, de ta bite comblant tant ma bouche que ma conque. Au passage, j’avoue avoir eu un peu peur que ma chatte aux lèvres exubérantes ne t’ait désagréablement surpris ; dans le passé, certains se sont étonnés de cette profusion, m’ont regardée si bizarrement que j’avoue en avoir fait un (tout petit) complexe. Heureusement que toi, tu as l’air d’apprécier !


Pour en revenir à mes petites frustrations, j’essaye de les gérer au mieux. Tu sais, nous, les femmes, sommes capables de nous passer de véritables relations sexuelles plus longtemps que vous autres, pauvres bonshommes tenaillés par vos hormones. Je sais que vous avez besoin de faire le vide de temps à autre, d’expulser le trop-plein…


Pour nous, des petits plaisirs simples peuvent suffire à nous permettre de garder la tête froide. Pour moi, cela passe souvent par des petites exhibitions, pouvant parfois conduire à des aventures intéressantes. D’ailleurs …


Il y a quelques soirs, très fatiguée, sans doute brisée par le jet lag, j’étais allée me coucher très tôt, un peu avant neuf heures. J’avais dû faire un ou deux cycles de sommeil réparateur quand, à onze heures, je m’étais réveillée, en pleine forme ! J’ai compris que je ne pourrais me rendormir très vite. Ayant juste enfilé, vite fait, une courte robe blanche et des mules, je suis descendue boire un verre au bar de l’hôtel. Là, installée sur un tabouret haut, je me morfondais un peu dans ce bar-salon désert, avec pour seule compagnie tout de même, une adorable serveuse derrière son bar. Une jolie blonde, style Meg Ryan dans Quand Harry rencontre Sally. Le même petit air mutin. Elle portait évidemment l’uniforme classique : petite jupe noire, raisonnablement courte, un chemisier blanc en coton opaque, et une petite veste noire évidemment fermée, par un unique bouton.


J’ai engagé la conversation. Néo-zélandaise, elle était stagiaire dans cet hôtel, un stage dans le cadre de son cursus de formation Management Hôtelier suivi dans une école renommée à Lausanne. Charmante, diserte, intelligente. Multilingue aussi, elle parlait un excellent français, presque sans accent.


Désœuvrée (elle avait déjà profité de l’absence de clientèle pour boucler le rangement des lieux avant la fermeture fixée à 23 h 30), elle se révéla être d’une compagnie plus qu’agréable…

Après quelques banalités, nous nous sommes en fait rapidement épanchées sur nos solitudes respectives. Dans cet hôtel quasiment vide avant saison, elle m’avoua n’avoir trouvé personne avec qui se lier, ni homme ni femme, précisa-t-elle en rosissant légèrement. Message reçu 5/5 !


J’avais remarqué ses regards furtifs sur mes seins, libres, sous ma robe légère tout juste assez diaphane pour laisser transparaître à peine mes sombres tétons. Comme je posais à mon tour un regard insistant sur sa poitrine, elle avait déboutonné sa veste. Quelques instants plus tard, profitant de me tourner le dos, elle avait fait sauter les deux premiers boutons de son chemisier. L’échancrure s’en trouvait suffisamment entrebâillée pour permettre d’apercevoir les dentelles noires de son soutif ainsi qu’un sillon bien marqué entre des seins, ma foi, fort aguichants. Je lui avais proposé de lui offrir un verre et de me rejoindre de l’autre côté du bar. Après une brève hésitation, elle avait accepté, avant de disparaître cependant quelques instants en back-office.


À son retour, elle s’était installée sur le tabouret voisin du mien. Je remarquai immédiatement la disparition de son soutien-gorge : hey, quand je la disais mutine, je ne me trompais pas ! Elle avait gardé sa veste, et de toute façon l’opacité du coton de son chemisier aurait interdit d’apercevoir sa peau au travers. Mais comme elle avait posé un coude sur le bar, les cotonnades s’en trouvaient largement écartés et je bénéficiais désormais d’une vue imprenable sur le galbe magnifique de ses seins.


Regrettant de n’avoir pas la possibilité d’échancrer mon décolleté, j’optais pour une autre stratégie. Me trémoussant sur ma chaise haute, je m’ingéniai à faire remonter encore l’ourlet de ma courte robe, laissant pendre ma jambe gauche alors que j’arrimais les orteils de mon pied droit sur la barre, heureusement assez haute de mon tabouret. Je ne suis pas certaine que mes cuisses légèrement ouvertes lui offraient alors vision imprenable et totale de ma moule, pardon, de mon bénitier (sic), une vision partielle qui s’avéra suffisante pour faire rougir ma compagne.


Notre conversation se distendit, nos échanges se firent plus rares et nos voix, qui avaient baissé d’un ton, attestaient de notre trouble commun. Leonora, puisqu’elle se prénommait ainsi, me paraissait tendue et visiblement affriolée, le rose ne quittait plus ses joues et la belle serveuse se tortillait de plus en plus sur son siège. Sa jupe s’était troussée peu à peu, pas assez pourtant pour que je puisse déceler si elle portait ou non un sous-vêtement.


Comme Leonora m’avouait le poids de sa solitude, je posai alors une main compatissante sur sa cuisse : la belle tressaillit, sursauta légèrement, déglutit nettement après avoir lâché un halètement de surprise, mais ne fit rien pour éloigner ma main. Je sentis sa peau s’horripiler alors que ses cuisses s’écartaient légèrement. Alors que je caressais doucement la face interne de sa cuisse, provoquant visiblement des sensations agréables, Leonora, d’une voix étranglée, me souffla qu’elle devait fermer le bar.



Je lui souris et poussai ma main plus haut entre ses cuisses. Leonora, là encore avait réagi nettement, profonde inspiration nerveuse, mais avait refermé le pinceau de ses cuisses et s’était levée précipitamment.



Remontée dans ma chambre, je m’étais rapidement défaite de ma robe pour enfiler un kimono en soie, scandaleusement court, vaguement fermé par sa ceinture. Installée sur le canapé de ma suite, j’avais laissé ma porte entrouverte pour que la délicieuse zélandaise n’ait même pas à frapper avant d’entrer. Si elle portait toujours son uniforme, l’unique bouton de sa veste était ouvert désormais et je notai la disparition de son chemisier. Il me sembla aussi que sa jupe avait miraculeuse raccourci, dévoilant haut ses cuisses. La blonde avait la peau très pâle, pas laiteuse, presque diaphane et son visage à nouveau empourpré.


Leonora avait posé son plateau sur la table très basse : ainsi penchée, veste ouverte par le mouvement, ses seins m’étaient presque totalement visibles. Pour faire durer le plaisir, la coquine avait joué un moment avec nos verres, les faisant tourner sur eux-mêmes avant de saisir le mien et me le tendre, se penchant encore plus au-dessus la table. Maligne, je ne décollai pas du dossier, si bien que la belle dut accentuer encore son inclinaison : un téton tendu, rose pâle, jaillit d’un pan de son blazer. Je saluai ostensiblement cette apparition, la soulignai d’un sourire et d’un hochement de tête. M’ayant donné mon scotch et prenant le sien sans essayer de masquer son nichon libéré, elle m’interrogea du regard. Je lui désignai le fauteuil, juste en face de moi.



Nous avions alors trinqué à distance. Je m’étais bien avancée et avais largement tendu mon bras pour ce cheers échangé les yeux dans les yeux. La ceinture, lâche, de mon kimono s’était détendue et, très naturellement, mon sein droit en avait profité pour faire une apparition remarquée et saluée par un sourire appréciateur de ma complice. Reprenant ma position initiale, je me gardai bien, tu t’en doutes, de masquer le fripon. Leonora, elle, avait délibérément coincé les pans de sa veste entre ses flancs et les accoudoirs du fauteuil. Redressée, elle projetait fièrement ses nichons dénudés vers moi, et profita de sa main libre pour se caresser un téton. Le petit drôle, comme son jumeau, était dressé, incroyablement tendu. Irrésistibles fruits rosés, sur leurs aréoles étrécies, ils appelaient ma bouche !


Je ne suis pas coutumière des expériences saphiques. Bien sûr, lors de certaines soirées libertines, il m’est arrivé de me gouiner gentiment avec une partenaire. Mais ce sont plus là des exhibitions destinées à exciter les mâles agglutinés devant le spectacle qu’un véritable rapport sensuel avec la partenaire. Du spectacle dont je n’ai que rarement tiré un bénéfice réel. J’ai eu sinon, c’est vrai, deux ou trois expériences lascives, mais cela remonte à loin… à l’adolescence essentiellement. J’en ai cependant gardé un doux souvenir. Doux, car j’ai à chaque fois réellement apprécié précisément la douceur, la lente progression des préliminaires. Et, tu le sais, j’aime les préliminaires doux et tempérés, les agaceries et mignardises délicates avant que se déchaîne (ou non) la passion des corps enfiévrés. Les femmes connaissent ces approches savantes, apprécient la lente érotisation des préliminaires, se plaisent à retarder les caresses brutales. Ce soir-là, si cela avait été un serveur que j’aurais convié à me rejoindre, gageons que les événements se seraient sans doute précipités ! Avec Leonora, les choses se déroulaient comme je l’avais espéré : douceur, calme et volupté. J’en étais ravie, j’avais plus faim d’érotisme que de sexe.


Souriant aux caresses qu’elle se prodiguait, j’imitai ma partenaire :



Passant sa langue sur ses lèvres sans doute asséchées par l’excitation, Leonora avoua :



Me gratifiant d’un petit rire complice, la coquine se leva doucement, croisa d’abord sa veste sur son torse, me cachant provisoirement ses seins, dénuda lentement, tour à tour, ses épaules, avant de laisser glisser le vêtement au sol. Chaloupant langoureusement, torse nu, elle se pétrit un moment les seins, de magnifiques poires, pleines et rebondies, les poussant vers le haut avant de les lâcher brusquement, pour me montrer que s’ils étaient lourds ses nibards étaient malgré tout bien fermes. Je constatai aussi que mon intuition était juste, sa jupe, qui m’avait paru miraculeusement raccourcie et formidablement indécente à son entrée dans ma chambre, l’était juste parce qu’elle l’avait remontée haut sur son ventre.


Abandonnant ses pomelos, Leonora, ondulant toujours lascivement, plaqua ensuite ses mains sur ses hanches et fit glisser, millimètre par millimètre, le dernier rempart de sa pudeur. Apparut d’abord son nombril, en forme de bouton, puis les tous premiers arpents de son mont de Vénus, à la peau encore plus claire que son ventre plat. Puis elle dévoila une toison de poils blonds, tirant vers le roux, frisottés, dont je découvris peu à peu la forme triangulaire parfaitement dessinée. Son sexe m’apparut, glabre, grandes lèvres à peine rosées, petit fouillis des nymphettes déjà déployées, rose sombre, presque incarnat. Même à presque deux mètres d’elle, je distinguais la rosée abondante qui les humectait et les faisait luire.


Leonora se rassit, posant ses fesses au bord de l’assise, cuisses à peine desserrées. Ses deux mains convergèrent doucement vers son ventre, s’égarèrent dans son buisson avant de s’infiltrer entre ses cuisses, se plaquant contre elles pour les écarter brusquement et indécemment. Son bijou luisant était ainsi offert à mes regards et, sans quitter des yeux les doigts fins qui glissaient sur ses nymphes épanouies où disparaissaient par instants ses ongles vermillon, je défis complètement ma ceinture, écartai les pans de ma soierie, dévoilant mes mandarines et leurs extrémités turgides, mon ventre bronzé, mes cuisses dorées. J’avais noté son léger acquiescement amusé en découvrant mes seins blancs, contrastant avec le hâle de mon corps, son sourire réjoui par mon ticket de métro flashant sur mon pubis hâve. Doucement, à mon tour, j’ouvre le compas de mes jambes, guettant dans son regard ce que sera sa réaction en découvrant l’abondant fouillis de mes petites lèvres déployées et mon insolent champignon : je vis ses yeux s’écarquiller un instant puis, rivant son regard dans le mien, elle me sourit franchement, passa une langue gourmande sur ses lèvres.


Face à face, nous nous sommes caressées longuement, nous écartelant, asticotant nos bourgeons (qui chez elle apparaissait comme un bouton nacré), fouillant nos intimités poisseuses, plongeant enfin des doigts gourmands dans nos antres inondés. J’ai suivi dans son regard son ascension progressive, sa lente grimpée vers le plaisir ; j’ai vu son corps se tendre, comme le mien ; ses seins se projeter au ciel, son ventre se creuser, comme le mien ! Les yeux dans les yeux, nous n’avons pas vraiment tardé à jouir, l’une et l’autre, nous souriant toujours avec tendresse.


Dans le calme d’après tempête, Leonora avait quitté son fauteuil et, tombant à genoux entre mes cuisses, l’impudique stagiaire avait entrepris de réveiller mes sens anesthésiés par nos débordements. Patiemment, sa bouche et sa langue mouillée avaient arpenté mes cuisses, parcouru mes hanches, tiraillé les poils courts de ma symbolique toison. Patiemment, doucement, légèrement.


Aussi, lorsque sa bouche était venue brutalement gober mon clito sensibilisé, je n’avais pu éviter de laisser échapper un cri, de ravissement et de douleur exquise. La forcenée s’était acharnée sur mon pauvre guignol, le léchant, l’aspirant, le mordillant même, heureusement avec légèreté. Sa bouche, sa langue, ses doigts ont dévasté mon sillon, elle a bu à ma fontaine, avidement. Trois doigts au moins ont plongé en moi, pour envahir ma cramouille, la triturer, la griffer, la posséder. Sous ce traitement insupportable, mon corps submergé d’ondes malicieuses a capitulé : l’orgasme m’a pris, presque par surprise, me transcendant, m’expédiant dans les éthers avec une violence fulgurante. Mes cris furent si puissants que je fus obligée de me bâillonner.



Je ne te raconterai pas la suite, nos baisers passionnés, nos caresses impudiques et autres 69 vanille-café (elle, vanille intégrale, moi, surtout café, depuis ma tignasse brune jusqu’à mes jambes bronzées et juste un peu crème, côtés maillot et nichons), des petits jeux qui nous ont embrasées longtemps encore, nous ont feux d’artificiées, si tu permets ce néologisme (qui n’est nullement un barbarisme, je te l’assure, non plus qu’un solécisme – waouh, tu vois si je suis docte) ! Inutile d’en rajouter, tu auras compris que cette nuit-là est entrée au panthéon de mes souvenirs heureux

… sans atteindre toutefois l’ultime échelon où trône, indéboulonnable, notre nuit !


Je me rends compte de t’avoir donné quelques indications précises sur la trentenaire (oups !) que je suis.

Tant pis pour moi…


Tu me manques

Irrésistiblement !


Nathalie



oooOOOooo



Ma docte chérie,



Te dire que j’ai été surpris par ta petite aventure saphique serait mentir, je sais le volcan qui brûle en toi et je me réjouis de cet intermède prodigieux. Non, ce qui m’étonne, et me ravit, c’est définitivement le talent avec lequel tu m’as décrit vos débordements ! Quel style, quelles magnifiques descriptions. Mon dieu, j’avais l’impression d’être à côté de vous, spectateur frustré certes, mais ravi ! T’avouerai-je que ma main s’est un peu affolée entre mes cuisses. Non ? Ben si, c’est fait…


Et pourtant, ce n’est pas là une habitude récurrente. Comme je l’ai lu un jour, les mouvements saccadés du paluchage forcené d’un célibataire esseulé n’ont en rien la grâce des caresses lascives d’une gourmande coquine (sic). Certes ! Mais, quand il y a deux gourmandes dans une saynète aussi tempétueuse, comment résister ?


De mon côté, à part cet interlude délicieux (néanmoins terriblement frustrant), j’ai été bien sage. Moi aussi, je suis surchargé de travail et me déplace sans cesse pour mon boulot, sans avoir à subir tout de même les effets du décalage horaire. Sage, à part ma petite participation à une soirée de nos amis communs. J’avais rechigné d’ailleurs avant d’accepter cette invitation.


Depuis le départ de Corinne, mon ex, j’ai compris en effet que ces soirées libertines ne présentent plus vraiment d’intérêt pour moi : s’il s’agit juste de m’envoyer en l’air, je préfère hanter boîtes et bars branchés pour dénicher le petit cul qui m’accompagnera au ciel le temps d’une nuit ou… d’un quart d’heure « à l’arrière des berlines ». Le plaisir de la chasse, pimenté par le risque de rentrer bredouille, délivre une dose d’adrénaline non distillée par le service sur plateau d’un gibier trop consentant. Les soirées coquines, je le savais depuis longtemps, n’avaient d’intérêt véritable qu’avec mon ex : la voir exposée, matée, caressée et (parfois) sautée par d’autres m’importait plus que de batifoler avec une gentille gourmande. D’une part, mon côté candauliste s’en trouvait comblé. D’autre part, les mélanges des fluides étant toujours une opération risquée, parfois détonante, en chimie comme en sexe, le risque restait réel de voir un soir un conquistador fougueux provoquer une explosion par trop éblouissante pour ne pas fissurer les liens de notre couple libertin. L’adrénaline m’envahissait toujours à l’instant du Grand Envol de Corinne et une petite angoisse, tel un grésil glacé, me lacérait les veines jusqu’à ce que ma compagne, redescendue des nues, ne m’adresse l’amoureux regard complice que j’espérais. (Finalement, pour tout dire, le danger n’est pas venu de nos débordements coquins, mais de son job ! Son patron en avait une plus grosse que moi ! A4 contre Q7, je ne faisais pas le poids !)


Bref, revenons-en à nos moutons… et précisément à ce merveilleux soir où nous nous sommes rencontrés. Tu me demanderas forcément : « Pourquoi alors étais-tu venu à cette soirée a priori sans intérêt pour toi ? » Le thème, très chère, le thème : « À l’aveugle » ! Sans même imaginer qu’il serait poussé aussi loin, ce thème imposé était la promesse du Graal : l’adrénaline ! Encore et toujours l’adrénaline ! Le plongeon dans l’inconnu (et dans l’inconnue !), un saut à l’élastique extra-sensoriel, la recherche uniquement tactile d’une partenaire invisible, indéchiffrable. Le challenge était plus que tentant et délicieusement troublant ! Dois-je vraiment ajouter que j’ai été comblé bien au-delà de mes espérances. J’ai rarement connu une telle excitation, largement partagée, m’a-t-il semblé !


Cependant, après cette expérience ahurissante, revenir sur les lieux même de notre feu d’artifice ne me tentait pas beaucoup. Je t’avoue (oui, j’ose !) qu’un sentiment diffus, mille questions à ton sujet et sur une éventuelle relation entre nous, ne m’encourageaient pas à sauter… le pas. Tu as laissé entendre que, peut-être, nous (re)-verrions-nous un jour, l’hypothèse est plausible donc… bien qu’hypothétique justement. Par conséquent, comme tu l’avais dit (et même écrit, j’en conserve la preuve !), nous devons rester libres.

Ainsi soit-il !


Je suis donc allé à cette soirée, histoire de faire le vide (sic) ! Une soirée classique, éclairée, vaguement costumée. Je suis tombé dans les griffes d’une charmante tigresse. Sympathique, souriante, joueuse, plutôt jolie, assez bien proportionnée. Bien sous toutes les coutures, tout ce qu’il faut là où il faut. Bref très comestible ! Mettable !


Oups, je vais passer pour un horrible macho ! Allez, disons qu’elle était craquante. Gentille brunette aux cheveux très très longs, des nichons (tu vois, j’obéis aux consignes) à peine trop volumineux pour moi, mais suffisamment provocants et fermes pour me convenir malgré tout. Taille relativement fine, hanches… voluptueuses dirons-nous, une paire de fesses plutôt rebondie, mais un peu basse. Sans être goujat, je dirais que dans l’ensemble, elle pourrait gentiment solder quatre-cinq kilos de lest sans qu’on lui en tienne rigueur. Sinon, très bien ! Non franchement, jolie fille.


Nous avons flirté un peu en «salle commune », nous bizouillant gentiment. La coquine s’est révélée experte en pole dance et a offert à tous un spectacle assez chaud, sans aller jusqu’à l’effeuillage intégral. L’exposition insolente de ses seins arrogants m’a rassuré, elle n’avait pas les énormes tétons que j’exècre !


Nous avons fini par nous isoler dans une chambre. Là, sans tambours ni trompette, la belle s’est désapée. Direct à loilpé ! À loilpé, façon de parler parce que… des poils, il y en avait ! Tout partout ! Un tablier de sapeur ! Je me suis demandé si mon coupe-coupe arriverait à se frayer un chemin dans cette jungle ! Sans être absolument fan de monts pelés, j’aime quand même pouvoir visualiser correctement les détails des coquillages. Votre sexe, Mesdames, est et restera toujours une énigme pour nous autres ! Vous êtes tout en intériorité et, si nos dix doigts nous livrent bien quelques détails, ne jamais voir de visu très précisément boutique et arrière-boutique est quelque peu frustrant et participe de votre mystère.


Enfin, concernant Nadine, la vedette du jour, aucun risque donc de mater les détails de son fri-fri ! De toute façon, le temps que j’enlève mon polo, la vorace était tombée à genoux et me dégringolait d’un seul coup falzar et calbut. Les pieds entravés par mes vêtements, j’étais à sa merci. Même pas déçue par le manque d’enthousiasme de mon engin, l’urgentiste zélée a immédiatement entamé le bouche à bou… le bouche à queue pour réanimer ma nouille. Dans dix, quinze ans, passé la cinquantaine, je ne sais pas ? Mais à mon âge, pas besoin de se projeter des images mentales hard pour réveiller pépère, un traitement lingual aussi efficace que celui qu’elle m’administrait vaillamment a largement suffi à réamorcer le redressement zobital ?


Il valait mieux d’ailleurs éviter les images mentales, car celles qui me venaient à l’esprit dans cette situation me renvoyaient aux films de boules, où le livreur de pizzas, à peine entré dans le couloir de l’appart se retrouve, le froc sur les chevilles et le manche de pelle enfourné dans la bouche d’une sauvage dont la nuisette diaphane a disparu comme par magie. Bref, pas vraiment une lente et savante exploration. Me manquait juste le carton à pizza pour décrocher le Hot d’Or et… occuper mes mains dont je ne savais trop quoi faire, faute de poches où les enfiler.


Après trois ou quatre minutes d’efforts louables, mon zoziau au zénith, je m’étais écarté, non sans mal, de l’affamée. Comprenant le message, la Nadine s’était allongée sur le lit, bras en croix, jambes écartées. Une véritable éolienne, qui ne demandait qu’à se faire souffler dans la voilure. Alors que je m’allongeais près d’elle, elle avait attrapé mon crâne à deux mains pour diriger ma bouche direct sur l’une de ses montgolfières, précisément sur un roudoudou moelleux. Pas de patins à vous décrocher la mâchoire, pas de bisou-bisou baveux, pourquoi perdre son temps en préliminaires ! De toute évidence, l’urgence avait viré de bord, c’est elle qui avait besoin d’un traitement… en profondeur.


Message reçu 5/5 : en bon petit soldat soucieux de profiter d’un garde-à-vous encore avantageux, j’ai dégoupillé la sécurité, enfilé le petit chapeau que je serrais depuis cinq minutes dans ma menotte et je pris position ! Ma tête de nœud, partie en éclaireur, se trouva rapidement engluée dans la forêt amazonienne (hygrométrie 99,99 %) et perdit le nord. Ce n’est qu’en remontant le courant de l’amazone, ou en le descendant, allez savoir, qu’il débusqua l’entrée de la chatte.


Comment ? Une chatte ? Ah non, c’est un peu court, jeune homme ! Un garage, une grange à foin, un entrepôt ! Que dis-je un entrepôt, un hyper discount et sa galerie marchande, une zone portuaire !


J’entrais d’un coup d’un seul, m’enfournant jusqu’à la garde, déclenchais la manœuvre. J’y mettais toute la fougue possible, explorant tour à tour, une à la fois (à l’impossible nul n’est tenu), le fond de la fosse et le plafond aux stalactites râpeuses, l’ensemble noyé dans une mer écumante. Hardi petit, brave les flots, surfe sur la vague, affronte la tempête !


Par bonheur, si moi je ne sentais ni ne ressentais grand-chose dans ce bouillon d’onze heures (moins-le-quart !), ma partenaire, elle, paraissait apprécier les petits ravages de mon chibre. Mécanique bien huilée (le trop-plein m’éclaboussait les cuisses et me noyait les couilles !), son douze cylindres en V devait faire de l’auto-allumage, car je sentis rapidement ronfler ses soupapes. Pour sûr, elle n’était pas, du joint et du cul, lasse. Bien au contraire, elle se mit à tanguer, rouler, tant et si bien que j’en vins à craindre pour la survie de mon vaillant soldat. Faudrait pas qu’elle en vienne à me démonter le biniou ! Manquerait plus qu’il meure au champ d’horreur ! J’en ai encore besoin, m’étais-je dit, affolé !


Survint alors ce que je pensais impossible jusqu’à cette nuit-là, l’inimaginable, l’invraisemblable, l’inconcevable : alors que ma gazelle (si-si « gazelle », vérifie, les gnous sont bien des gazelles !), alors donc que ma gnou’zelle quittait les plaines du Kalahar-di et atteignait le sommet du KiKimandjaro, pour moi, de mon côté, c’était calme plat : il ne me restait plus qu’à me faire hara-kiki. Rien, nib, nada, Popaul restait de marbre, enfin, de stuc, voire de terre glaise, de moins en moins cuite d’ailleurs. Pas question de sonner la retraite, et puisque la cavalerie refusait de se pointer (mes spermatos devaient taper le carton, les cons, et n’avaient sans doute pas entendu le signal de largage !), pour sauver mon honneur, pour pouvoir garder pavillon haut, il ne me restait plus désormais qu’à… qu’à… simuler ! Pas dans la merde le bonhomme ! SI-MU-LER ! Incroyable ! Je sais !


Jetant alors mes dernières forces dans la bataille, je sabrai deux ou trois fois encore, aussi fort et brutalement que possible, marquant des temps d’arrêt, arquant mon corps pour feindre l’envolée ultime, haletant comme un bœuf, criant presque !


Mon interprétation fut, semble-t-il, convaincante : putain, je le tenais bien là mon Hot d’Or ! La belle époumonée me remercia avec chaleur et infinie reconnaissance ! J’en fis de même pour elle, avant de me débarrasser rapidement de mon stérile petit manteau, le nouais (pour faire illusion jusqu’au bout) et le balançais aussi loin que possible sous le lit (pas facile, un peu léger le condom, sans lestage spermatique).


Désolé, très chère, mon récit n’est certes pas tout à fait aussi excitant que celui dont tu m’as régalé, j’espère au moins qu’il t’aura fait sourire. Si j’ai exagéré ? NON ! Enfin… à peine ma belle, à peine ! Promis, juré ! À sa décharge, j’avouerai que Nadine s’est montrée plus câline ensuite et que finalement j’ai été bien heureux d’avoir conservé mes munitions quand il s’est agi de remettre cent sous dans la musique : cette fois, mes encapsulés frétillants sont bel et bien allés s’exploser… au fond de sa bouche gloutonne. Sans que ce soit véritablement le grand soir pour moi, j’en fus bien content tout de même ! Ça débarrasse ! (oh oui je sais, je suis horrible !)


Nom de bleu, si l’aventure fut sanitairement positive, je te jure que je la range profond au sixième cercle de l’Enfer de Dante. Obligé de simuler ! Non mais des fois ! Je n’en suis toujours pas revenu !


Dieu que tu me manques, ma belle, que ne donnerais-je pour te retrouver. J’accepterais tout, j’accepte tout de toi. Reviens-moi, vite, je n’en peux plus de t’attendre !


Tout à ta dévotion


Julien



oooOOOooo



Épilogue : Jack in a box




Jeudi – 18 h 35



La fliquette me regarde bizarrement, par en dessous, gardant le nez dans son dossier. « Un guignol qui croit faire de l’esprit », doit-elle penser.



Oh la vache ! Sacrément enrouée, la gamine. Mais gentiment roulée ! J’essaye de l’imaginer dans une tenue plus sexy que son jeans douteux et son pull noir à col roulé et je me dis qu’elle pourrait être parfaitement mettable. Enfin …


Elle me fait entrer dans une petite salle. Bizarre, une salle d’interrogatoire ? Une table, trois chaises, une grande baie vitrée, sol, plafond, qui donne sur une vaste salle remplie de bureaux, de flics, de prévenus menottés. La vitre ne devrait pas être sans tain ? La fille me désigne la chaise en face d’elle. Avant de s’asseoir elle-même, elle sort une grosse écharpe de son sac et l’enroule trois fois autour de son cou, remontant jusqu’aux yeux. Elle m’explique :



Pardon ? Keskeldit ? Ah oui, pigé, décodé : «Comme ça, vous ne pourrez pas dire que je vous ai contaminé » ! Oh la vache ! Sa voix disparaît carrément sur une syllabe sur deux ! Dans trois minutes, c’est rideau, extinction de voix totale ! La pauvre !


Bon, cela dit, de la baroudeuse en godillot, maintenant avec son écharpe noire sur le nez et son black bonnet enfoncé jusqu’aux yeux, elle fait plutôt djihadiste en niqab ! Heureusement que quelques boucles rousses s’échappent du bonnet. Cela dit, ses yeux noisette en amande sont magnifiques ! Oups, des yeux noisette… en amande ? Noisette ou amandes, faudrait savoir ? Mais où tu vas chercher des trucs comme ça ? Tiens, faut que je me la note celle-là !


Un type nous rejoint, s’installe à côté d’elle, se présente :



Bon, pas vraiment avenant lui non plus, mais au moins s’exprime-t-il clairement !



Je lui narre ma mésaventure en détail, la rousse tapote vitesse grand V sur son clavier. Le type pose quelques questions supplémentaires. Deux, trois questions, vite fait, emballez c’est pesé, fin de l’entrevue. Le flic se lève, fait un moulinet avec son index en direction de la fille, genre : «…tu t’occupes du reste ».


À peine le bonhomme parti, c’est elle qui se lève, sort, laissant la porte ouverte et disparaît au fond du couloir. Si elle ne se tenait pas voûtée, épaules avachies, elle aurait une jolie silhouette la rousse. Je ricane : une rousse dans la rousse, lol !


J’observe l’open space au travers de la vitre. C’est une vraie ruche ce soir, ce commissariat : tous les bureaux sont occupés, flics côté clavier, suspects menottés en face. Il y a même encore une ribambelle de types entravés qui attendent leur tour. À mon avis, sans même avoir pris de ticket, ceux-là aussi ont gagné leur séjour à la maison poulagas !


Un grand type, petite soixantaine, entre dans ma pièce et s’étonne visiblement de m’y voir seul. Il demande, visiblement intrigué en voyant que je ne suis pas menotté :



Il reste là, planté à côté de la table, regarde à travers la vitre.



Il sourit :



Le type sourit, hoche la tête avec satisfaction.



J’acquiesce. Temps mort, un ange passe ! Puis, il demande :



Du menton, je désigne le fond du couloir.



Il disparaît, laissant lui aussi la porte ouverte, et file dans la direction prise précédemment par la flamboyante.


Et moi, je poireaute. Hey, c’est que j’aurais d’autres choses à faire les mecs… Quoique…


Mon smartphone vibre tout à coup. SMS. Numéro masqué !

« Libre samedi soir ? Moi oui ! Nath »


Nath ? Putain, elle est rentrée ! Samedi soir ? Après après-demain soir ! Yessss !


J’aperçois la roussette qui revient, des papiers à la main. Je me dépêche de répondre : « Génial ! Où - quand - comment ?  »


Poil de carotte s’est rassise face à moi :



Elle hausse les sourcils, hoche la tête et je devine sa moue dubitative. Je signe les papiers qu’elle me tend, la salue et décampe sans demander mon reste. Je n’ai pas fait cinq pas que mon smart vibre à nouveau : « Je t’appelle samedi – bisous-bisous ! Tout partout »


Je pense que le planton de service à la sortie, enfin, à l’entrée, doit encore se demander ce qui me faisait sauter de joie et rigoler comme un con en sortant du commissariat !



oooOOOooo



Samedi - 16 h 22



Coup de sonnette.


C’est elle ? Non pas possible !


Depuis le matin, je me morfonds, dans l’attente de son coup de fil. J’ai relu 12.794 fois ses messages, c’est bien écrit « samedi soir … je t’appelle ».

Oh Nath, s’il te plaît, appelle !

Rien !



Ah oui… la sonnette !

Je jette un œil au travers du judas.

Merde ! Uniforme ! Flic ! C’est le bien moment, les mecs !

Uniforme, chapeau cloche (version madame alors !), et des yeux noisette en amande…

La rousse !

Ben tiens, elle n’est plus rousse.

Et Merdeuh ! ♫ C’est-pas-le-moment ♪♫, comme y chantent dans la pub. Fait chier !



J’ouvre la porte pour la faire entrer, vite fait. C’est vrai qu’il caille dehors, je ne vais pas laisser geler une poulette quand même !

Je m’écarte pour la laisser entrer, elle passe devant moi, me dépasse. Huit dixièmes de seconde et je note : jupe, très courte – bas, noirs, à coutures et plumetis.

Tiens, c’est réglementaire ça ?


Elle se retourne, sourit.



Pince-moi ! Ces yeux, noisette en amande, c’est bien la fliquette. D’accord, mais… cette voix, basse, légèrement voilée, chaude. Sensuelle !


Éberlué, je la détaille : sous le bibi, des cheveux bruns, bouclés. Un nez (c’est normal, je sais !), droit, à peine retroussé. Et cette bouche, grande, pulpeuse. Un petit menton, sans fossette, bon d’accord ! Mais…


Elle sourit toujours, pose sur le guéridon de l’entrée le dossier qu’elle serrait contre sa poitrine : elle ne porte rien sous sa veste, pas de chemisier, rien !



C’est elle, c’est bien Nathalie ! Mais…



Sa bouche se plaque sur la mienne, sa langue s’insinue entre mes lèvres. J’ai les genoux qui flagellent, je suis en apnée, je suis… ben… je ne sais vraiment plus ce que je suis !


Souriante, Nathalie veut m’entraîner vers le salon.



Je ne finis pas mon bredouillis, la décoratrice d’intérieur pour une grande maison parisienne vient de me propulser sur mon canapé. Sa veste est tombée sur le tapis, sa jupe ne tarde pas à la rejoindre. Nath est debout devant moi. Elle enlève son bibi, ébouriffe sa chevelure. Elle ne porte plus sur elle qu’un collant-jarretelles.

Et son Chanel 5 !


Magnifique ! Sublime ! Il ne me manquait que ses yeux. Et c’est le meilleur : un regard de biche, doux, charmeur.


À cet instant, ce n’est pas la biche qui est aux abois. C’est moi : désarçonné ! Je ne comprends rien. Je n’en mène pas large !


Mais je me suis relevé, approché d’elle, pour éviter qu’elle ne me saute dessus, me dévore. Je veux la découvrir, encore. Humer sa peau, me régaler de son teint, me réchauffer contre sa peau bronzée. Et me noyer encore et encore, encore et toujours dans ses yeux noisette en amande, son regard, étrange et pénétrant. Et je veux, surtout, la tempérer ! Pour mieux l’enflammer ensuite !



Elle sourit, passe ses doigts dans mes cheveux, m’embrasse, son corps nu plaqué au mien.


Dix-huit marches pour atteindre le palier : nous établissons, je pense, un record du monde de lenteur pour grimper à l’étage ! Dix bonnes minutes au moins, dix minutes de bonheur, d’éblouissements, d’étourdissements.


. Première marche, ma chemise vole. Elle m’embrasse.

.. Deuxième, ma ceinture est défaite. On se roule des palots.

… Troisième, pantalon déboutonné, danse de Saint-Guy il tombe, je m’en débarrasse.

…. Quatrième, cinquième et sixième, séquence acrobatie, mes chaussettes y passent.

….. Septième marche, elle m’embrasse, me dévore, m’étouffe de baisers.

…… Huitième, elle m’abouche toujours, abaisse mon slip, caresse mes fesses.

……. Neuvième, mon calbut tombe sur mes chevilles. Nathalie me caresse toujours.

…….. Dixième, onzième, je me défais du slip, l’expédie d’un coup de pied au bas de l’escalier.

……… Douzième marche, elle me caresse la queue, je grignote ses adorables framboises.

………. Treizième marche, nos langues se retrouvent, nos bouches se soudent.

……….. Quatorzième, le monde n’existe plus, ni l’hiver, ni rien. Que nous deux !

………… Quinze à dix-huit, c’est la course ! Enfin ! Vers le toit du monde !


Allongés sur mon lit, nous sommes pelotonnés l’un contre l’autre. Soudain calmes, sereins. Nos bouches se gourmandent. Nos mains, sages, attendent d’entrer en jeu. Plus tard. Quand nous serons soûlés de nos baisers, rassasiés, époumonés de bonheur.


Ça risque d’être long !


Nous avons besoin de paix. De silence. De communion. Nous nous découvrons les yeux fermés, nous éblouissons dans la lumière aveuglante de nos retrouvailles.


Je ne sais rien d’elle. Peu importe, elle est là. Enfin. Son corps chaud, frémissant contre le mien. Il y a quelques minutes à peine, nous étions impatients, survoltés, mais là aucune folie. Sages, rassérénés.

Apaisés, quiets.


La nuit tombe, la pénombre rampe dans la chambre. Toujours serrés l’un contre l’autre, nous sommes presque immobiles. C’est à peine si nos doigts dispersent quelques caresses légères, sur nos bras, cous, joues, ventres. Petits effleurements, presque distraits, anodins. Évitant soigneusement toutes les zones trop sensibles. Petits gestes de tendresse, sans arrière-pensées.


Nathalie, doucement, se détache de moi, se positionne à plat, sur le dos. Le visage vers le plafond.



Sa voix est calme, basse. Juste teintée d’un léger vibrato trahissant son émotion. Je suis troublé par cette fragilité. Touché. Coulé !



Elle lâche un petit rire étranglé.



Elle rit, plus franchement cette fois.



Un geste vague, pour signifier : je t’expliquerai… plus tard… ou pas !



Elle se redresse un instant, plante son regard dans le mien :



Elle rit en voyant mon regard stupéfié.



Je plaisante :



Je me reprends :



Nathalie prend une longue respiration.



Ma douce rit franchement :



Waouh ! Sacrée gonzesse !

Cependant… je ne suis pas le dernier à la comprenette et ça cogite dur dans mon petit cerveau.



Nathalie s’esclaffe :



La belle rigole :



Je suis un peu… étourdi par toutes ces révélations. On le serait à moins, non ?



Je suis partagé :



J’acquiesce à sa deuxième proposition.



Nathalie s’est redressée à nouveau.




Clic, les appliques.

Je me redresse à mon tour, m’agenouille sur le lit.



Je rembobine délicatement le collant, le fais glisser sur ses jambes sublimes. J’en profite pour les caresser, je me réjouis de voir la chair de poule y éclore, comme une traînée de poudre sous mes doigts légers. Penché entre ses jambes, une fois les nylons disparus, je promène ma bouche sur la soie de sa peau, remonte lentement ; je lèche son aine, glisse ma langue dans son nombril. Et je bande !


Ma bouche s’insinue vers le bas, gravit le mont de Vénus, titille le buisson taillé. Plus large, plus marqué, plus excitant que je ne l’avais imaginé.



Ma douce ondule doucement du bassin, appelle ma langue, l’invite à plonger entre ses cuisses. Mes mains, elles, ont rampé vers les monts immaculés de ses seins, abordé les brunes aréoles, escaladé, caressé, trituré les bourgeons grenus. Elles poursuivent leurs minauderies sur les fruits sur-tendus, provoquant à chaque touchette de nouveaux soubresauts de leur propriétaire, cabrages involontaires qui plaquent ma bouche sur son sexe trempé, brûlant. Je voulais éviter l’incroyable morille échappée du fouillis foisonnant de ses nymphettes ocre, retarder le contact fatal. Nathalie ne m’en laisse pas l’occasion.


Jambes repliées, talons presque aux fesses, écartelée, ma divine maîtresse m’offre son bijou, m’expose sa chatte, me fait don de son con inondé. Plus encore, soulevant son bassin, elle me plaque d’autorité ses lèvres brûlantes sur la bouche, ses mains ancrées sur mon crâne le poussant sur son champignon sensible, me noient dans son miellat.



/||




« Non Julien ! Non ! Stop ! Je ne veux pas jouir sans toi !  »


Je lâche sa tête, l’attrape aux épaules, l’oblige à remonter.



Je suis une boule de nerfs hypersensibles, mon corps est tourneboulé par ses caresses délicieuses. J’aurais voulu attendre, découvrir son corps, l’explorer, mais l’impatience est trop forte, le besoin impérieux. Sa bite, étalée sur ma fente, excite mon bouchon d’amour.



Le gland glisse doucement dans mon sillon trempé, s’installe à l’entrée de ma grotte. Il entre, à peine, se retire, revient, un peu plus pénétrant ; il part, revient, ressort encore, s’introduisant plus avant à chaque retour ! Délicieux ! Exaspérant ! Délicieusement exaspérant ! Son gland progresse, agace chacune des stries de mon plafond de verre, glisse sur le velours inondé de mon intimité. Le chibre m’envahit, toujours par ces petits va-et-vient horripilants, jusqu’à buter, enfin, au fond de ma boutique.


Là, le reptile insidieux se repose, subit les tressaillements de mon vagin constrictor, y répond par de légers soubresauts involontaires. Il est en moi, chaud, m’emplit, me comble. Nous sommes dans l’œil du typhon, calme et volupté ! Félicité infinie. C’est si bon de le sentir en moi, juste animé de sursauts de désir.


Les mains ancrées sur les fesses de mon envahisseur, je plante soudain mes ongles dans ses lunes charnues, lui donne le top départ. Aiguillonné par ce coup d’éperons, Julien se retire brusquement, totalement, le fou, pour plonger à nouveau dans mon four. Brutalement, puissamment, avec une fougue dévastatrice pour mes chairs avides. Il renouvelle plusieurs fois cet ample mouvement, écartant sans ménagement le rideau de mes lèvres sensibles, fore son passage, bute contre ma matrice, me plaque ses couilles aux fesses.


La queue ne quitte plus mon chaudron désormais et le mouvement s’accélère. Chaque coup de bite me propulse en arrière, me fait remonter, mon crâne bute contre la tête de lit. M’attrapant par les hanches, Julien me ramène brusquement vers le milieu du matelas. Je propulse mes hanches vers le haut, la queue caracole en moi, frénétique, affolée, meurtrière.


Comment pourrais-je encore décrire ces assauts assassins ? Ma raison est perdue, mes sens exacerbés m’incontrôlent, me chavirent, me propulsent, me démontent ! L’univers se résume à ce braquemart planté au plus profond de mon moi, de ma fleur incarnate, de mon sexe affolé.



Et le poignard adoré déchire, brutalement, les brumes des éthers, rompt l’hymen du plaisir, atomise le rempart de l’orgasme ! Le plaisir se déchaîne, tonitrue, rugit dans nos corps à présent immobiles, comme suspendus dans cette félicité. Est-ce que je sens les saccades brûlantes de ses jets de foutre dans mon épicentre ? Sont-ce là seulement les contractions erratiques de ma crèche dévastée ? Quelle importance ?


Tourneboulés, chavirés, défaits de nos enveloppes terrestres, nous cinglons vers l’infini et l’au-delà. Au milieu de nulle part, très précisément au centre d’un univers unique se résumant à nous.


Communion

Gémellité

Unicité

Fusion



Quand nos corps éreintés retombent sur les draps, quand nous quittons peu à peu le no man’s land de la paix infinie, Julien s’allonge sur moi, sans peser. Ses lèvres, sèches, déposent un papillon salé sur ma bouche.

Il se relève à peine, plonge son regard dans le mien.


Dans un élan partagé, ensemble, en harmonie, nous nous offrons simultanément le plus doux des aveux :