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Temps de lecture estimé : 31 mn
09/03/19
Résumé:  "L'amour de son prochain", que voilà des mots galvaudés... Ou mènent-ils ?
Critères:  f h hplusag hagé religion fsoumise hdomine massage fellation
Auteur : Jane Does      Envoi mini-message
L'inceste

Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu. Il créa l’homme et la femme.

Dieu les bénit et leur dit :

Reproduisez-vous, devenez nombreux, remplissez la terre et soumettez-la ! Dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel et sur tout animal qui se déplace sur la terre !




— xxxXXxxx —




Elle avait lu et relu ces mots, les décortiquant sans cesse. Finalement le premier inceste tirait son essence même du livre des livres, du plus précieux des cadeaux de Dieu. Toute sa jeunesse elle l’avait vouée à cette église et à ce Très-Haut qui martelait des commandements dans son pauvre cœur. Elle n’avait jamais cherché sa voie. Celle-ci était toute tracée. Année après année, Louise était devenue une grenouille de bénitier.


Ses études n’avaient d’autre but que de l’amener vers cette robe de bure brune ou bleue, peu en importait la couleur. Seule comptait que son doigt s’orna d’un anneau d’or, un pacte sacré entre elle et son confident invisible. Elle avait désespéré sa mère et fait maugréer si souvent son père, mais pourtant, rien ne l’avait dévié de sa route. Alors à l’heure où les autres filles de son âge se réjouissaient ou s’alarmaient, en fonction des hormones qui faisaient ou non pousser deux seins sur leur poitrine, Louise n’était que prières et génuflexions.


Son visage s’ovalisait joliment, ses longs cheveux dont elle ne prenait aucun soin pourtant, resplendissaient et elle devenait à dix-huit ans une jeune fille sur le passage de laquelle bon nombre d’hommes se retournaient. Elle ne songeait qu’à un seul, mort depuis vingt siècles, dont tous parlaient cependant encore. Un barbu à la couronne d’épines dont le linceul se montrait de temps à autre, comme une relique absolue. Alors c’était tout naturellement qu’à l’aube de sa vingtième année, elle débuta un pré noviciat qui selon toute logique l’amènerait chez les carmélites.


Carmélites… rien que le nom résonnait en elle comme une cloche du dimanche, une de celles qui appelaient les fidèles vers l’office. Alors son entrée dans le sanctuaire d’un prieuré campagnard répandit en elle une sorte de joie qu’elle dissimula sous un voile blanc. D’autres sœurs résidaient en permanence dans ce lieu béni et elle intégra la congrégation sans qu’aucun de ses parents n’ait son mot à dire. Un travail de chaque instant, entrecoupé de prières commença donc pour cette Louise, qui devrait selon toute logique l’entraîner vers une allégeance à son Seigneur et maître.


Elle suivit donc pas à pas tous les préceptes de cette église qui lui offrait gîte et couvert, prière et travail. Il n’y avait guère d’autres règles que celles édictées pour cet ordre du Carmel. Mais là, dans cette montagne Jurassienne, la mère supérieure avait cru judicieux de rajouter le vœu de silence. Ce dernier ne pouvait être enfreint que pour les chants et les confessions. Alors les journées se déroulaient, entre les hauts murs de granit dans un calme… religieux. Si son esprit bien sûr était tourné vers le Très-Haut, son corps lui, finissait sa lente mutation.


D’autres résidentes du couvent venaient de temps en temps les soirs dans sa cellule, pour lire. Enfin la bible, trouvait ici une place royale et elle était le livre de chevet de ces dames en robe de bure. Tant que ça restait muet, la supérieure, responsable des lieux ne trouvait rien à redire. Bien entendu, certaines pensionnaires, à voix basse, enfreignaient ce point si délicat du règlement tacite existant entre les murs de cette bâtisse froide et inhospitalière. Ces chuchotements donnaient lieu à de longues confessions le samedi.


Comme chaque semaine du reste, ce jour-là, le curé de la paroisse la plus proche avait pour charge de venir célébrer au moins une fois la messe chez ses consœurs. Il n’y trouvait jamais à redire, puisqu’après l’office, un déjeuner était toujours servi en son honneur et que l’ecclésiastique qui cuisinait était une fée des casseroles. Il avait depuis plusieurs passages, remarqué cette nonne nouvelle qui un peu à l’écart des autres n’avait pas encore prononcé ses vœux et ne pouvait pas encore être appelée « Sœur ». Pour l’heure, elle était Louise, mais s’apprêtait à devenir « sœur Marie-Thérèse de la charité ».


Il restait beaucoup de chemin à faire cependant avant que, face contre terre, les bras en croix, elle ne s’offre à ce dieu cloué sur son crucifix. La jeune fille s’employait pourtant à se préparer à ce moment qui d’après les messes-basses de ses prédécesseurs, revêtait un caractère quasi magique. À s’en user les genoux, à s’en fatiguer les yeux, à en oublier jusqu’à la parole même, elle suivait les préconisations de cette foi inébranlable qui l’habitait.


Aussi un vendredi soir, alors que le repas allait toutes les réunir, une de ses voisines de cellule entra dans la sienne et lui fit comprendre qu’elle devait la suivre. Tout d’abord, elle ne saisit pas de suite ce que voulait la plus âgée des sœurs, mais sans rechigner elle lui emboîta le pas. À travers le cloître, elles se dirigèrent chez la comptable aux yeux de l’église, de cette petite congrégation. Dès l’entrée dans le bureau de la mère supérieure, son accompagnatrice s’effaça rapidement.


Le bureau immense, aux fenêtres larges et spacieuses, jurait avec le misérable réduit qui servait de cellule à chacune des pensionnaires du couvent. Mais Louise pensait qu’il fallait bien un tel endroit, à la grandeur de Dieu pour recevoir les visiteurs. Derrière un bureau de bois vernis, celle qui l’attendait n’était pas seule. Un autre prêtre se tenait aux côtés de l’éminence du prieuré.



L’homme dans l’ombre de la sœur avait pris la parole, et sa voix montait lentement jusqu’au cerveau de la jeune fille. Les yeux perdus dans le vague, elle ne savait que répondre. Elle avait seulement compris que son église, son ordre par la bouche de Sœur Marie-Pierre lui demandait de rejoindre un autre lieu appelé « le Mont de Vannes ». Elle n’avait aucune envie de désobéir, et cette demande devenait un commandement.



Louise leva les yeux vers la croix et celui qu’elle portait, sur le mur dans le dos des deux personnages qui venaient de lui faire cette étrange demande. Elle murmura quelques mots presque inaudibles pour les témoins de cette scène. Sa patronne lui fit signe. Signe que l’entretien était terminé et Louise regagna le réfectoire pour y retrouver toutes les autres femmes en prière du soir. Dans la salle, aucun bruit, sauf celui des pas de l’arrivante. Pas un seul regard ne se porta non plus vers la jeune silhouette qui s’approchait de l’immense table de bois sur laquelle des assiettes et des couverts attendaient le service.


Puis le prêtre et la supérieure arrivèrent et le silence se fit encore plus lourd.



Un « Notre Père » monta des gorges de chaque femme attablée, suivi par un « Je vous salue Marie ». C’était comme une unique voix qui récitait les prières. Puis la soupe de légumes, suivie d’un plat unique fait de pâtes réalisées par la sœur cuisinière firent retomber une sorte de silence. Les regards des sœurs se tournaient de temps à autre vers la benjamine. Ainsi donc elle allait partir. Qui était ce mystérieux abbé aux tempes grisonnantes venu prendre leur nonne ?


Toutes se posaient des questions. On peut être femme d’église et rester curieuse. Où partait donc Louise ? Le repas terminé, comme à l’accoutumée, chacune débarrassa sa place et, la vaisselle finie, tout étant bien en ordre et rangé, elles se dirigèrent toutes vers le cloître. Personne ne parlait. Difficile d’oublier les habitudes prises et le silence était un vrai tabou. Cependant la plus jeune des Sœurs vint enfin vers Louise.



Ensuite toutes entourèrent la jeune fille et elles reprirent avec elle des chants de gloire. À celle d’une invisible entité, à la célébrité de cet homme sur cette croix que Louise vénérait. Toutes entouraient de leur affection la plus jeune. Demain pour elle une autre vie commencerait. Comme d’habitude, elles réintégrèrent toutes leur cellule après avoir loué une dernière fois la grandeur de ce dieu qui leur donnait tellement de force.


Louise à genoux devant son lit était en prière. Loin de toute agitation, elle n’entendit pas la porte s’ouvrir sur une des femmes les plus âgées du groupe. Celle-ci vint se positionner, également à genoux près d’elle. Elle murmurait un « Ave », puis quand elle se releva pour s’asseoir sur le bat-flanc servant de couche, elle prit dans sa main celle de la jeune fille.



La conversation prit plus d’une heure à la brave femme. Elle s’arrêtait souvent, revenant sur des détails, s’assurant par-là que Louise avait bien saisi ce qu’elle lui narrait. La nonne n’en perdait pas une miette et au fur et à mesure du récit, elle prenait peur. Seule avec ces trois hommes… et s’ils leurs prenaient l’envie de… ! Puis Sœur Anne la rassura.



Quand sœur Anne quitta le réduit de Louise, après une dernière prière, la jeune fille s’alita et chercha un sommeil difficile. D’étranges images montaient derrière des paupières closes. Le diable était là-dessous sans doute. Un diable qui prenait la forme de trois hommes en robes brunes, tonsurés et hideux. Elle vit défiler toutes les heures de la nuit, et les premières lueurs de l’aube vinrent accrocher sa lucarne. Le soleil qui se levait la vit en faire de même. À genoux sur le sol froid de sa cellule, cette nouvelle journée débuta, pour elle, par une prière. Un salut à son Maître, avant de réunir dans un baluchon ses maigres affaires.


La chose la plus précieuse de toutes était sans conteste sa bible. Celle-ci, offerte le jour de sa communion par un vieux parrain. Reliure de cuir rouge, enluminures colorées, Louise savait bien que c’était trop luxueux pour elle. Mais elle y tenait vraiment. Sous le grand livre, quelques habits, essentiellement composés d’une robe de nonne, de corsages assortis et quelques culottes que les sœurs donnaient aux nouvelles à leur arrivée. Maintes fois lavées, ces hardes s’en trouvaient élimées et usées. La messe basse matinale, suivie du petit déjeuner frugal et une dernière fois l’atelier. Dans celui-ci les occupantes des lieux préparaient des chocolats pour les fêtes.


Chacune avait sa place et chacune avait sa tâche. Les autres allaient devoir pallier son absence. Puis l’heure de la confession arriva. Le curé du village était assis comme d’ordinaire. Louise à genoux face contre la paroi de bois brut s’accusa des péchés de la nuit, de ces pensées impures. L’homme de robe lui demanda de décrire ces délires nocturnes, comme s’il prenait plaisir à l’entendre énumérer ces idées bizarres qui lui avaient chamboulé l’esprit. Elle s’entendit condamner à quelques prières, et sortit en se signant. Sur le banc de la chapelle, elle exécuta la sentence divine, se délestant du poids de ses étranges émois.


Le repas de midi, pris en commun était bruyant puisque le silence était levé. Elle fut la cible de bien des questions, mais aussi de regards pleins de compassion de ces consœurs. Le curé en bout de table mangeait d’un appétit sans faille le lapin mijoté par la cuisinière, repas de fête comme si le départ de Louise devenait spécial. L’abbé Fournier attendait sagement sous le porche, en compagnie du curé et de la mère supérieure que la jeune fille arrive. La cornette lui remit discrètement une croix en argent qui pendait au bout d’une misérable ficelle.



À chaque lucarne, un visage familier, des regards qui couvraient la frêle silhouette qui prenait place dans une vieille camionnette ! Louise le cœur un peu serré crut entrevoir des mains qui se balançaient en guise d’au revoir. Une larme coula le long de ses joues. Puis elle s’enferma dans une prière bénéfique. L’abbé cramponnait son volant à deux mains, scrutant une mauvaise route et les lacets qui grimpaient là-haut, vers des cimes inconnues parurent bien longs à la jeune nonne.



Le reste de la route prit un temps fou. La camionnette poussive s’attaqua d’abord à un vrai col. Puis elle plongea vers une longue vallée, longeant une rivière. Une autre montée, tout aussi raide fit souffrir le moteur fumant du vieux tacot. Cahin-caha, ils parvinrent enfin sur un petit chemin de terre. Au bout de celui-ci, comme une île, une minuscule chapelle. Son petit clocher recouvert de lamelles de pins. À côté, massive et lourde, une sorte de ferme semblait assoupie. Dans le ciel de cette France nouvelle pour Louise, le soleil lui faisait comme un clin d’œil !


La jeune fille posa le pied sur cette terre inconnue. Tout autour d’eux, un vaste espace vert avec de grandes bandes labourées se trouvait entièrement encerclé par d’immenses et fiers sapins.



Louise avait récupéré son baluchon et se dirigeait vers la grande bâtisse basse quand elle fut rattrapée par le bras par son chauffeur.



Il avait contourné la minuscule chapelle et une porte qu’elle n’avait pas même entrevue s’ouvrit.



Il venait de s’effacer pour la laisser entrer dans une petite cuisine. Un évier avec un robinet en laiton, une table, deux chaises de bois.



Au fond de la cuisine, des escaliers emmenèrent la jeune nonne vers un espace strict, mais terriblement éclairé. Rien à voir avec la modeste cellule du prieuré.



Daniel avait laissé la jeune fille dans ce nouveau havre de paix. Elle avait donc mis à profit le temps qui la séparait du dîner pour préparer son lit, ranger ses quelques affaires. Ensuite, elle avait fait le tour du propriétaire. Eau sur l’évier, toilettes personnelles, le luxe vraiment. Une cuisinière à bois enrichissait encore un peu plus la pièce à vivre et ses longs corps de tuyaux montaient vers la cheminée qui, elle aussi, traversait sa chambre. Avec du feu elle n’aurait pas froid les hivers. Alors qu’elle sortait pour se rendre au repas, un des frères, voûté sur une canne l’apostropha !



Louise n’avait rien dit, seulement baissé la tête. Elle découvrait une autre facette de cette approche de son vénéré Bon Dieu. Elle fit donc la connaissance d’Aristide et s’enquit des nombreuses tâches journalières qu’elle aurait à effectuer quotidiennement. Sa première nuit fut peuplée de ses craintes, de ces bruits inhabituels pour elle, et les heures qui défilaient la virent toutes éveillée. Au matin du jour suivant, avant même que chante le coq, la jeune femme préparait le café pour les travailleurs.


Seuls Aristide et Daniel étaient présents autour de la table. Le troisième plus âgé gardait la chambre un peu plus longuement. Puis Daniel au moment de rejoindre les champs vint vers elle.



Les deux étaient partis au levant d’un soleil qui annonçait la couleur. Alors Louise commença son apprentissage. Celui d’un travail au service de trois hommes. Pour être ceux de son Dieu, ils n’en restaient pas moins terrestres. Elle aida donc le plus âgé, d’abord pour se lever, puis pour les tâches domestiques. Assis la plupart du temps, il se contentait de garder les yeux fermés, comme s’il priait en permanence. Mais elle surprenait parfois les regards appuyés de ce vieillard qui demeurait mâle dans ses pensées.


Elle dut à plusieurs reprises l’aider à se relever pour se rendre à divers endroits de la maison. Les jours qui suivirent, elle finit par s’adapter à des tâches nouvelles pour elle. Puis un matin que les deux autres étaient partis, Dominique l’appela. Il était encore couché dans son lit. D’une voix faible, il lui demanda humblement.



Elle avait fait ce que l’autre avait demandé. Mais les bras las du vieux frère avaient beaucoup de mal à exécuter les gestes simples d’une toilette correcte. Alors elle passa tout d’abord le gant sur le visage du prêtre fatigué. Puis elle baissa le drap pour lui laver le torse et se heurta à la vision dantesque d’un corps en bout de course. Le gant d’éponge descendit sur les cuisses, puis elle lui lava les pieds, pour revenir vers cette jointure et l’autre d’un souffle lui demanda gentiment quelque chose d’inattendu.



Il ne pouvait de toute manière plus bouger et d’un mouvement délicat elle venait de faire glisser sur les cuisses le slip du père. Celui-ci n’avait pas bronché. Il affichait devant les yeux de la nonne, une misérable chose qui dormait là, sur le bas du ventre. Elle n’avait jamais vu ce genre de truc. Elle passa ensuite le gant savonneux sur la limace. Puis se souvenant du secret de sœur Anne, elle se demanda comment cette horrible nouille avait bien pu entraîner celle-ci dans le péché de chair.



Louise avait simplement posé ses doigts sur la peau ridée et flasque. La bête n’avait pas même eu un tressaillement. Puis elle avait replacé un caleçon propre au vieil homme et s’était réfugiée dans la cuisine. À l’heure du repas, les deux travailleurs étaient remontés des champs. Tous les trois avaient déjeuné rapidement et elle avait porté son plateau au prêtre alité. Le soir, elle était allée prier dans la chapelle, relatant à cette vierge Marie sa journée faite de découvertes. Dans sa chambre elle avait aussi lu sa bible à s’en user les yeux.


Tous les jours suivants, elle nourrissait, lavait le vieillard qui s’éteignait lentement. Parfois, il ne la reconnaissait pas et l’appelait Anne. Il lui réclamait sa main souvent. Jamais pourtant Louise n’eut une seule fois l’idée que cette minuscule verge avait pu un jour faire tellement plaisir à Anne, son aînée. Pourtant l’autre lui en avait parlé comme d’un objet magique et merveilleux. Elle ne comprenait pas l’engouement de celle-ci pour un aussi vilain bout de peau d’une mollesse incommensurable.


Puis Dominique un matin partit rejoindre son paradis. Elle était donc seule avec Daniel et Aristide. Les funérailles eurent lieu sur place et le petit cimetière du village de Fresse à quelques kilomètres dans la vallée accueillait en son sein le cercueil de Dominique. Les notables et quelques villageois avaient suivi la cérémonie. Louise quant à elle, s’était remise aux fourneaux. La mort restait pour les religieux et elle, la continuité de la vie. Le soir de l’enterrement cependant, Daniel, le plus jeune des frères vint un long moment bavarder avec la servante.



Elle avait levé les yeux vers le frère qui lui d’un coup dans la pénombre semblait avoir des étincelles dans les quinquets. Il avait stoppé sa discussion et quelque part la jeune femme se sentit d’un coup mal à l’aise. Quelque chose lui échappait des affaires de la chair, mais quoi ? Elle ne savait finalement rien de ces histoires-là, hormis ce que sœur Anne lui en avait dit. Et l’ignorance la mettait dans l’embarras. Daniel était toujours silencieux. Et cette façon bizarre de la regarder… avait allumé en elle un point indéfinissable qui la brûlait comme une flamme.



Elle avait vaqué à ses dernières tâches journalières, puis s’était rendue sur les bancs de la chapelle. À genoux elle s’était mise en prière et ne s’était plus souciée de cette conversation. Dominique ou son ombre flottait encore sur ce lieu sacré. Puis les pas dans la cour avaient alerté la jeune femme sur l’arrivée imminente des deux autres ecclésiastiques. Ils étaient eux aussi venus baisser la tête et faire une génuflexion devant l’autel. Placés de part et d’autre de Louise, ils se mirent en prière aux côtés de la nonne. Seuls trois souffles semblaient résonner dans la maison de Dieu.


Quand enfin, Louise se releva, les deux prêtres firent de même. Le minuscule lieu de vie de la jeune femme était juste derrière cette croix accrochée à un mur de bois. Elle ressortit pour rentrer chez elle, avec sur les talons les deux frères.



Louise avait posé ses lèvres sur le pendentif de ce Jésus qui se balançait autour de son cou.





— xxxXXxxx —




Les choses en étaient restées là ! Les deux moines n’avaient en rien insisté, la laissant décider seule de son chemin. Puis un nouvel hiver était venu enfermer « le Mont de Vannes » dans une gangue froide. La neige avait fait son apparition en abondance un soir de novembre, rendant difficiles les travaux quotidiens extérieurs. Les champs étaient au repos, tout comme les hommes. La jeune nonne passait la journée à cuisiner, ravauder les vêtements déchirés, et bien sûr à prier. Dès la dernière prière du soir achevée, Louise se retirait en passant par la chapelle, dans ce que tous nommaient son « appartement ».


Avant de se coucher, elle passait un long moment dans le froid de la maison destinée à son créateur, agenouillée, repentante pour les fautes commises dans la journée. Réelles ou imaginées, elles lui pesaient ensuite moins sur la conscience. Alors rien que de très normal, que ce soir-là, Daniel vienne lui aussi rendre grâce au seigneur, à quelques pas de la jeune femme. Elle avait bien senti la présence d’un des deux frères, sans pour cela avoir un mouvement perceptible. Dans la pénombre de la minuscule salle, la respiration du prêtre comme celle de Louise laissaient échapper une sorte de buée.


Lorsqu’elle se releva pour regagner ses appartements, le père fit de même. Il la héla simplement.



La nonne avait allumé le fourneau et déjà les flammes qui léchaient le bois donnaient l’impression d’un bien-être renouvelé. La lueur du feu dansait sur les murs, trouait l’obscurité d’ombres étranges. La jeune femme laissa ses mains près de la source de chaleur quelques instants puis se tourna vers le prêtre.



Dans le faisceau pourtant faible de lumière engendré par le foyer, l’homme soulevait sa chemise et son torse dénudé apparaissait aux yeux de Louise.



D’un doigt il semblait désigner un point près de la jonction du bras gauche avec le tronc.



Une main féminine venait de plonger dans un pot et elle en ressortait avec un baume gras au bout des doigts. Lentement, de la paume de celle-ci elle commença à étaler sur l’endroit indiqué par l’homme, sa crème. Louise s’appliquait à la faire pénétrer dans l’épiderme du vieux bonhomme. Il ne bougeait pas, bien assis sur une chaise et la jeune femme se tenait éloignée de ce corps qu’elle frictionnait. Mais de temps en temps il lui arrivait de le toucher de sa poitrine, sans malice puisque celle-là était engoncée dans ses vêtements.


Le vieux avait l’air d’apprécier le massage. Il soupirait.



Daniel s’était redressé sans vraiment faire un effort. Louise eut un doute. Mais elle n’en fit pas part au père qui venait de déboutonner sa culotte. Sous la toile noire, il ne portait rien. Le froc troussé sur les chevilles, il reprit sa place sur le siège. La jeune nonne hésita un instant puis se remit à l’ouvrage. Elle allait et venait, reprenant de temps à autre dans le pot, de quoi badigeonner les chairs d’une mixture qui chauffait la couenne du gaillard. Il respirait de plus en plus fort.



Ce faisant le vieux bonhomme venait de saisir le poignet de la nonne. Il l’avait simplement fait aller sur sa poitrine et la paume ouverte se posait du coup sur le buste du prêtre.



L’homme continuait à guider la main de la jeune nonne sur son ventre, la faisant glisser de plus en plus vers le bas et…



Louise n’en revenait pas. Contrairement à ce qu’elle avait connu avec Dominique, la chose là, le goupillon de Daniel n’était pas fait de guimauve. Et ce que l’autre obligeait ses doigts à effleurer remontait même pratiquement jusqu’à son nombril. Il ne lui tenait la patte que pour l’amener vers ce pieu bizarre ? Et soudain la jeune fille comprenait les souvenirs de sa consœur. Bien entendu que ces trois moines étaient plus jeunes et qu’ils étaient pleins de force et de vigueur. Bien sûr que ce que cette fois elle touchait avait toujours une certaine fierté.


Les doigts de Daniel avaient pressé ceux de Louise, l’invitant tacitement à serrer cette excroissance de chair. Quand s’était-elle aperçue que la patte du bonhomme ne gardait plus la sienne sur l’épine extrêmement développée et raide ? Elle n’avait plus du tout la notion des choses. Et le geste que le père avait amorcé se perpétuait depuis… un bout temps déjà, sans qu’elle ne s’en rende compte. Mais lui, de sa seconde paluche, il venait de lui appuyer sur le sommet de la tête. Cette pression l’incitait à plier le cou et elle comprit que cette manœuvre n’avait d’autre but que d’approcher sa bouche de… ce machin tout dur.



La bouche entrouverte de la jeune femme venait de recevoir l’offrande. La tige qui d’un coup investissait sa gorge était chaude, aussi très douce et Daniel ne la tenait plus nulle part. Il se contentait de creuser son bassin en donnant de légers coups de reins. Les avant-bras de Louise appuyés sur les cuisses de cet homme qui remuait lentement, elle avait dans la lueur des flammes quelque chose d’hallucinant. Mais la jeune femme ne faisait rien d’autre que suivre le va-et-vient de la verge dans son gosier. Le prêtre reprit d’une voix enrouée une supplique qu’elle perçut comme un ordre.



Rien d’autre qu’un borborygme n’arrivait à filtrer des deux lèvres occupées. Mais pour lui prouver qu’elle avait tout bien saisi, les premiers frissons dus aux passages de cette baveuse sur son gland le faisaient frémir. Elle s’étranglait presque désormais de ce sucre d’orge qui se démenait comme un diable entre ses mâchoires. Et l’effet de cette prière était si puissant que Daniel se cramponnait aux tempes de sa servante. Il empêchait par ce simple mouvement son engin de ressortir. Louise avait l’impression que la bête grossissait encore, comme si c’était possible ? Enfin, après une sorte de hoquet de la part de son propriétaire, un jet bizarre venait de lui exploser contre la luette.


Cette fois elle faillit s’étrangler et la momie se retirait précipitamment de son antre. Bêtement, ne sachant que faire de ce contenu saugrenu, l’ingénue nonne se mit en devoir de déglutir. Elle avalait ce que le bon pasteur venait de lui cracher dans la bouche. La bestiole se mourrait déjà, revenant à la même forme et texture que celle connue chez Dominique par une Louise hébétée. Elle s’apprêtait à se relever lorsque d’un mouvement il l’obligeait à nouveau à rester à genoux.



Alors près de la source de chaleur qui réchauffait la pièce, un prêtre, pantalon sur les chevilles posait ses mains sur le front d’une jeune nonne, laquelle psalmodiait…


« Bénissez-moi, mon père, parce que j’ai péché »


La vie continuait là-haut sur cette montagne du « Mont de Vannes »… Une vie faite de prières et de dévotions… et de petits riens juste remplis de l’amour du Seigneur !