n° 18892 | Fiche technique | 70402 caractères | 70402Temps de lecture estimé : 38 mn | 16/03/19 |
Résumé: Ben, j'étais trankil, puis elle est arrivée... Pi après je me souviens plus... Texte philosophique de boudoir (non, pas les biscuits). | ||||
Critères: fh hh hplusag fantastiqu -fantastiq | ||||
Auteur : Domi Dupon (Une antiquité sur le site) Envoi mini-message |
Vielen Dank für Karlotta, Gräfin von Königsbergstein,
Meine lieblische conseillère artistique, donneuse de coups de pied au cul et à l’ego
Sans qui cette historiette n’aurait pas cette couleur.
C’était une belle soirée de juillet. Je me balançais dans mon rocking-chair. Après une longue rando et une bonne douche, je profitais du soleil couchant. Vêtu uniquement d’un peignoir qui avait connu des jours meilleurs, je rêvassais. Sur ma platine tournait un vinyle des Doors ; sur ma table de jardin pétillait un verre d’une boisson très connue ; sous ma main, une bite que je branligotais mollement. Largement entrebâillée, ma sortie de bain exposait mes génitoires aux yeux concupiscents d’une très hypothétique voyeuse. Risque quasi nul, car ma propriété perdue dans les collines se trouvait à plusieurs kilomètres des maisons les plus proches.
À soixante-douze ans révolus, j’avais encore des pulsions importantes même si depuis des années, nulle, à par ma main, n’en avait profité. Être à moitié nu, au vu et au su de tout le monde, m’excitait, bien que je sache pertinemment que seuls quelques oiseaux et parfois un renard de passage jouissaient du spectacle. Je chassai les pans de mon peignoir de mes cuisses et écartai largement celles-ci, laissant pendre mes « balls » alors que ma virilité se redressait lentement.
En sirotant mes bulles, je restai ainsi, ouvert, offert aux caresses réelles d’un petit vent du sud et celles, imaginaires, de la nymphette qui visitait mon rêve. Cette double sensation m’échauffait le ventre. De mon verre glacé, je caressais mon torse, mes mamelons. Le froid en érigea les pointes. Je promenai ce sextoy improvisé, lissant mes poils, aplatissant mon absence de poitrine. Sans que j’en aie réellement conscience, ma main gauche imprimait un mouvement de va-et-vient sur ma queue qui grossissait et durcissait. Un doigt léger rotationnait autour de mon gland qui s’était naturellement décalotté sous la pression. J’étais fier, à mon âge d’avoir de telles érections, même si mes choix de vie me privaient d’en faire profiter quelque gaillarde de ma génération. Je restais assez lucide pour laisser les jeunettes intervenir uniquement dans mes fantasmes. Mais j’aurais bien partagé ma couche avec une mamie aux mamelles tombantes, mais aux tétons se redressant. Je trouvais une certaine beauté à ces minous fripés, mais à la toison fournie de vraies femmes, à ces peaux tachetées par la vieillesse.
Ces pensées cochonnes accélérèrent ma main sur ma tige, une arrière-garde de spermatos, des Marie-Louise en quelque sorte, tentaient d’escalader l’étroit conduit qui les mènerait à l’air libre. Leur décollage fut différé : un remue-ménage intempestif derrière la bergerie qui me servait de garage me ramena brutalement à la réalité. Je refermai prestement mon peignoir, jetant un regard inquiet autour de moi. Toute excitation m’avait abandonné. Fantasmer qu’une gonzesse obsédée me matait était jouissif, mais que celle-ci devienne réelle m’effraya. Surtout que ladite gonzesse risquait d’être un mâle. Je vivais dans cette maison depuis des années et pratiquais ce petit jeu depuis presque aussi longtemps. Jamais personne n’était apparu pendant ces exercices rythmiques.
Aucun étranger ne s’aventurait sur ce chemin. J’aurais détesté qu’on apprenne que je m’adonnais, moi le respectable retraité de la fonction publique, à ces plaisirs onanistes en plein air.
Un nouveau bruit se produisit, plus proche. Cette fois, je l’identifiai : on venait d’ouvrir le portillon que j’avais fabriqué à partir d’une tête de lit métallique et qui donnait accès à mon jardin. Un visiteur arrivait par le chemin de la montagne. Étrange ! Enfin, j’allais savoir rapidement à quel emmerdeur, j’avais affaire. Il allait déboucher à l’angle du mur du garage : probablement un touriste perdu.
Drôle de touriste ! Un homme, une femme à cette distance, dans la pénombre naissante, sans mes lunettes, difficile à sexuer. J’ajustai mes lorgnons. Une femme incontestablement ! Jeune, pas très grande, mais aux proportions agréables, avec ce qu’il fallait où il fallait. Je devais encore planer. Pourtant, je n’avais pas fumé. J’étais hypnotisé par ses formes. Pour ma défense, elle était vêtue d’un justaucorps très, très juste, vert végétation, qui épousait son anatomie. Nerveusement, j’attachai la ceinture de mon peignoir pour protéger mon intimité.
Délaissant à regret la contemplation de ces rotondités sculptées par la combinaison, je détaillai cette silhouette qui avançait vers la maison d’un pas incertain. Visage fin, encadré par de longs cheveux noirs. Soit elle ne s’était pas coiffée, soit sa chevelure avait connu quelques turbulences. Elle était maintenant assez proche pour que je puisse distinguer un nez retroussé, une poitrine marquée sans être des plus volumineuses, un ventre plat et un mont… Un mont que son vêtement s’insinuant entre ses lèvres dessinait de manière indécente. Je devais me reprendre. Détachant mon regard de ce lieu de perdition, je m’attardai sur ses cuisses et ses jambes musclées. Des muscles déliés de danseuse ou d’acrobate. Un beau petit lot qu’au temps de ma folle jeunesse, je n’aurais pas hésité à (ou du moins, à essayer de) mettre dans mon lit.
Alors que l’inconnue arrivait dans ma zone de confort, je regardais de nouveau fixement l’objet de ma convoitise. Aussi sursautai-je quand elle m’adressa la parole. Je n’avais pas compris un mot de ce qu’elle avait baragouiné pas seulement parce qu’elle m’avait surpris, mais parce qu’elle s’était exprimée dans un charabia abscons.
Elle émit encore quelques borborygmes avant d’énoncer dans un français parfait :
Le bon logiciel. Le FOL ! La folle, c’était elle.
Pourtant son français était parfait, sans le moindre accent.
De mieux en mieux !
Si elle me répond, « je ne sais pas », je la tue, pensai-je.
Elle le dit et je ne la trucidai pas.
Rivière : elle devait parler du torrent qui dévalait la colline à quelques centaines de mètres de ma maison.
Je sentis que la réponse n’allait pas me plaire.
Y’a qu’à moi qu’il arrivait des trucs comme ça : une amnésique.
La femme sourit :
Ouille, ouille ! Elle est plus grave que je pensais. Je lui montrai la poitrine que comprimait son justaucorps.
Jessop baissa son regard et constata :
Pour être flou, c’était flou même fou ! Je lui aurais bien demandé de prouver son affirmation, mais, bien que je sache que ce soit impossible, je craignais de me retrouver face à sa version masculine. Aucun intérêt ! Je changeai de sujet.
L’inconnue me suivit. Quand elle monta les marches du perron, je constatai que ses « chausses », prolongement de son justaucorps, n’avaient pas résisté aux accidents de terrain. D’où tenait-elle ces fringues ? Je n’avais jamais rien vu de tel. Costume de théâtre ou plus certainement de cirque. « Jessop » avait le physique d’un acrobate. Peut-être un cirque se produisait-il dans la région ? Elle avait voulu faire une excursion et comme les Parigots et les doryphores, elle ignorait les dangers de cette « montagne à vaches ». Une mauvaise chute, ce devait être cela.
Ses souvenirs commençaient près du ruisseau. Mais n’aurait-elle pas pu marcher en état de semi-conscience et reprendre connaissance à l’approche de l’eau ? Comment était-elle arrivée à mon terrain ? La réponse était plus simple : ses esprits retrouvés, elle avait naturellement suivi la pente : ce qui l’avait amenée derrière mon garage. Ses explications semblaient très cohérentes si l’on exceptait son changement de sexe. Et encore, elle n’essayait pas de trouver une justification vaseuse à sa prétendue transformation. Quand je lui demandai… :
Elle répondit :
Elle me regarda comme si j’étais stupide :
La taille normée de sa poitrine ! Elle s’exprimait comme un technicien parlant d’un produit. Elle me détaillait à son tour. Avant que j’aie eu le temps de lui demander d’autres explications, elle me questionna :
Bonjour la délicatesse.
Sûr qu’elle n’avait pas fait d’école du savoir-vivre ! Vieux, je ne l’étais pas tant que ça. Si elle m’avait vu bander tout à l’heure. Et soixante-douze ans en 2019, on entrait à peine dans le troisième âge ! Elle sortait d’où, cette conne ?
Cette brave fille avait un problème : le même âge que moi.
Sa raison, elle paraissait avoir quelques problèmes avec. Il fallait que j’appelle le SAMU ou les pompiers. En plein week-end du 14 juillet, ne présentant aucune blessure, aucun trauma apparents, elle allait au mieux croupir sur un lit jusqu’à mardi, au pire se retrouver internée. Cette jeune femme ne méritait pas ça. Elle ne semblait pas dangereuse et était terriblement sexy même si elle m’avait traité de vieux. Cela faisait si longtemps que mon home n’avait pas abrité de jolie femme, pour ne pas parler de mon lit. Je me morigénai. J’étais vraiment trop con. Un vieux comme moi ne ferait pas bander une jeunette de son espèce.
Je lui avais proposé une boisson chaude. Dans la cuisine, elle s’était installée tout naturellement sur un des tabourets hauts jouxtant mon plan de travail. Ce dernier faisait souvent office de table, pour le célibataire que j’étais. Je nous servis le thé et m’assis sur l’autre siège, laissant passer un ange, les ailes chargées de pensées salaces.
Quand quelques secondes plus tard, je relevai la tête de mon mug, je m’aperçus que son regard inquisiteur s’était arrêté sur mes attributs, mon peignoir s’étant plus qu’entrouvert. Envie subite et irraisonnée de lui jeter au visage : « Alors, elle te dégoûte cette bite rabougrie de vieux ? » Sauf que depuis que j’avais conscience de ce qu’elle regardait, la bite en question commençait son show. Je m’empressai de me rajuster.
Je rougis sous le compliment bien que je ne compris pas ce que signifiait homologué RS+. Popaul frétilla d’aise.
Gonflée, la gonzesse ! Elle me traitait de vieux délabré exotique en donnant à ses propos, encore une fois, l’apparence d’un compliment.
Elle replongea la tête dans son mug. J’avais cru voir une légère rougeur sur ses joues et une brève tension de ses tétons repoussant l’« étoffe » de son justaucorps.
Après un instant de réflexion, elle reprit :
Soudain, elle eut l’air très embêtée. Elle voulait dire quelque chose, mais ça bloquait quelque part. Me penchant vers elle, je la relançai :
Mon peignoir bailla dévoilant une nouvelle fois mes génitoires. Elle s’en aperçut, son visage s’éclaira :
Évidemment, sous la seule puissance de son regard, Popaul jouait les fier-à-bras.
Pour la première fois, je la sentis hésitante.
Une décharge électrique me traversa, une brusque bouffée de désir m’enflamma. Je savais que j’allais faire une énorme connerie, mais j’avais pris la décision avant même qu’elle ne fasse sa demande. Je fondis et m’entendis déclarer, à l’insu de mon plein gré :
Pas croyable l’effet que cette nana me faisait : avant la fin du week-end, je lui mangerai dans la main… ou la violerai (avec son consentement évidemment).
Si elle jouait à la blonde, elle méritait un prix d’interprétation à Cannes.
Pas vraie, cette nana ! Il fallait que je musèle ma bite et qu’elle dissimule un tant soit peu ses formes sinon je ne tiendrais pas longtemps. Un corps si jeune, si désirable, je n’en avais pas eu un à portée de mains depuis des décennies. Elle m’allumait ! Consciemment, inconsciemment, je ne savais pas. Était-ce dû à sa probable chute. Je ne me sentis pas d’exploiter cette situation.
Des fringues de nanas, je n’en avais pas. Heureusement, je n’étais pas très grand et plutôt mince. Elle devait pouvoir rentrer dans un de mes jeans sans que ça flotte trop. Je la conduisis à ma chambre, lui ouvris mon armoire (mon lit ce serait pour plus tard – je pouvais rêver).
Surprise, surprise, négligeant jean et autre pantalon pliés sur l’étagère, elle dirigea ses regards côté penderie où son choix se porta sur une vieille blouse bleue que j’utilisais pour mes travaux de peinture. Pour dissimuler, elle avait tout juste… mais pour l’élégance, y’avait mieux.
Jessop, sans aucune hésitation, tomba son justaucorps. Quelques minutes en arrière, je lui expliquai ma gêne et cette… se foutait à poil. Soit sa mémoire immédiate défaillait, soit elle me manipulait. Je ne cherchai pas la réponse, je tentai juste de garder mes yeux dans leurs orbites, ma turgescence à l’abri de ses regards et ma main loin de ces trois protubérances.
Et ce corps !
Quel corps ! Une véritable sculpture, un top model ! Même s’il lui manquait quelques centimètres. Pas le moindre défaut, pas le moindre poil non plus. Des jambes parfaites, des hanches évasées, mais pas trop, un cou gracile surmontant une poitrine pigeonnante et surtout… un mont proéminent aux lèvres gonflées.
Trop ! C’était trop ! Depuis son apparition, j’obsédais sur ce mont. Elle me cherchait, elle allait me trouver. Je ne pus retenir ma main. J’eus le temps de penser : Maintenant qu’elle a bien joué, elle va me jeter et les souliers à clous vont débarquer, mais la réaction de Jessop fut tout autre :
Interloqué, je tins ma main immobile sur ce mont à la peau élastique. Jessop tira sur la boucle de la ceinture du peignoir, le fit glisser sur mes épaules. Ma fragile protection de tissu éponge s’étala sur le plancher de ma chambre. Nous étions à égalité. Enfin si l’on veut. Peut-on parler de similarité quand la Bête se retrouve face à la Belle. J’avais honte d’exposer ainsi le répugnant spectacle de mon anatomie de vieillard (soit, bien conservé) à cette jeune femme qui semblait ignorer les affres de la décrépitude.
Mon ventre, toujours plat grâce à une bonne hygiène de vie, n’avait plus la fermeté d’antan et affichait des plis disgracieux. La peau de mes jambes, mes bras qui, couverts, faisaient encore illusion, n’avaient plus la même élasticité. Seules mes parties génitales semblaient résister aux ravages du temps (et encore…). À cet inventaire à la Prévert, le rouge de la honte me monta au front. Mes mains se crispèrent sur sa colline d’amour. Elle me sourit.
Se moquait-elle ? Si j’en jugeais par ses tétons qui se tendaient vers moi, je pouvais m’interroger. Aucun doute, par contre sur le fait qu’elle ne me laissait pas indifférent : popaul se rengorgeait fièrement, dressant sa hampe à travers ma forêt de broussailles.
Ses mains se posèrent sur ma poitrine, non pas pour jouer avec mes tétons, mais pour se perdre dans ma blanche fourrure. Elle enroulait mes poils entre ses doigts, les peignait, les lustrait.
Je tentai de la caresser, mais, d’un recul calculé, elle me fit comprendre que ce n’était pas ce qu’elle souhaitait.
Une main explorait mon dos, alors que l’autre, toujours s’amusant avec mes poils, descendait, descendait pour inévitablement arriver à ma toison foisonnante dans laquelle ses doigts s‘enfoncèrent. Ils atteignirent mon sexe bandé et l’entourèrent.
Elle n’attendait pas de réponse. Ses lèvres se posèrent sur mon gland que l’excitation avait décalotté. Elle l’emprisonna, alors que du bout de sa langue, elle titillait mon méat. Putain ! C’était quoi ce bordel ? Je n’avais pas fumé. Même pas bu, sinon du château-la-Pompe. Que le soir couché, je m’imagine que Yelena Isinbayeva (bon, elle est Russe et nationaliste… mais c’est une sacrée sauteuse ! et j’aime imaginer qu’elle agrippe ma perche) vienne me faire une gâterie, OK. Mais à cinq heures de l’aprèm, à jeun…
La nature et le naturel reprenant leurs droits, mes mains se posèrent sur sa tête accompagnant d’un geste tendre son entreprise. Longtemps que ma bite n’avait été à pareille fête. Elle se gonflait de satisfaction. Elle jouait tellement à la Grenouille qui se veut faire aussi grosse que le Bœuf qu’elle n’allait pas tarder à éclater.
L’accident/incident subi n’avait pas perturbé la dextérité motrice de Jessop dont la main droite parcourait mon dos frissonnant tandis que la gauche jonglait avec mes boules. De la nuque au bas des reins, du bout des doigts ou de la paume ouverte, elle visait des points précis très érogènes. Franchissant un pas, sa dextre s’insinua entre mes fesses ramollies par les ans. Elle frôla une première fois mon anus, semblant l’ignorer, pour atteindre le haut de mes testicules. Tempête dans un corps… ce seul attouchement, couplé à sa langue sur mon frein, me fit grimper de plusieurs barreaux sur l’échelle de la félicité.
Je n’osais bouger de peur d’avoir une décharge prématurée. Elle dut sentir l’approche de la cata. Ma bite retrouva sa liberté de mouvement. Pas pour très longtemps. Elle repiqua rapidement au truc. Avec une facilité/aisance déconcertante, elle absorba entièrement ma queue qui, sans avoir des proportions démesurées, n’en avait pas moins une longueur et une épaisseur respectable. Je ne comprenais pas comment sa langue tournicotait autour de ma hampe, mais elle tournicotait. Nul besoin de ces va-et-vient grotesques. Juste des petites touchettes.
Machinalement, mes mains continuaient de démêler sa chevelure, mais cette bouche m’embrasait. Je n’allais pas tarder à… vraiment pas tarder. Je tentai de m’extraire du piège de sa bouche.
Sa dextre, abandonnant sa tâche, envoya un index perforateur qui se planta dans mon, anus fichant ma bite encore plus profondément, si cela était possible, au fond de sa gorge. Effet instantané, popaul tressauta convulsivement libérant son lot de spermatos. Me pompa-t-elle jusqu’à la dernière goutte comme l’écrivent certains auteurs ? je n’en sus foutre rien. Mais lorsqu’elle libéra ma tige qui avait retrouvé sa flasquitude habituelle, elle déclara :
Elle m’avait taillé une pipe et jouait les œnologues distingués… Promis, Seigneur, je ne me caresserai plus la quéquette, ni sur ma terrasse. Imperturbable, elle enchaîna :
Elle m’avait taillé la pipe du siècle et elle m’appelait monsieur.
Je ne relevais même plus ses bizarreries de langage. Je la complimentai :
Pas une question qu’on pose. Je répondis par une pirouette :
Je commençai à me poser des questions. Dans les années 80, des potes auraient pu me monter un bateau, mais des potes, particulièrement de cette trempe, je n’en avais plus. La caméra invisible, ça remontait à la première moitié du XXe siècle. Ou des crétins de youtubeurs, improbables, mais possibles. Ce devait être un gag. Mais un gag qui allait jusqu’à la fellation avec dégustation ? Et ces nichons qui dardaient leurs insolentes framboises vers moi tandis qu’elle me demandait sérieuse comme une dame patronnesse si nous étions assez familiers et qui me retournait un service vacherie.
J’allais entrer dans son jeu. Je pris le temps de refermer son peignoir avant de lui répondre.
Je repassai mon peignoir pendant qu’elle enfilait ma vieille blouse de travail. Je sortis du fin fond de mon armoire une antiquité : un slip kangourou que je ne portais plus depuis des décennies et le lui tendis. À ma grande déception, elle l’enfila sans sourciller.
Le comble est qu’elle avait raison : elle parvenait à rendre ce vêtement de travail sexy.
Nous nous installâmes sur la terrasse avec pour seul éclairage un quartier de lune et quelques millions d’étoiles. J’avais sorti des en-cas à grignoter. Affamée, Jessop se précipita et en dévora une bonne quantité avant même que je ne lui servis à boire. Contemplant le verre de Pouilly-Fumé que je lui tendais, son visage fit penser à une personne découvrant un breuvage inconnu. La jeune femme avait la langue levée comme pour poser une question qui ne vint pas, réfléchissant plutôt que de parler. La donzelle jouait peut-être un rôle à ne pas m’interroger et à s’étouffer avec la première lampée, bue comme un jus de fruit. Simulatrice ou non, je ne savais, mais m’inclinais devant ses talents de supposée actrice quand mon invitée présenta ses excuses par un :
Jessop n’avait pas l’habitude, une évidence. Elle but trois verres d’affilée comme elle aurait bu de l’eau. La sentant plus loquace, je tentais de la faire parler. Sans résultats concrets. Pas qu’elle se taise, mais ses propos, sous une apparente cohérence, semblaient décousus. L’alcool devait en être en partie responsable. Ses prétendus souvenirs ressemblaient à une réalité inventée, à un trip sous acide.
Totalement obsédée par mes poils, leur densité, leur implantation, les sensations que cela lui avait procurées, elle prétendait n’avoir jamais vu cela que sur certains animaux. Pour elle, c’était exotique. Bien qu’un tantinet vexé, je ne la repris pas. Pourquoi accorder de l’importance à cette futilité alors que mon système pileux semblait l’extasier.
Cette forêt vierge que ses mains, après qu’elle se soit sustentée, investissaient à nouveau. Se penchant au-dessus de la table, elle avait écarté les pans du peignoir et caressait amoureusement, admirativement mes deux mamelons du bout des doigts. Du moins jouait-elle avec la toison qui les recouvrait. Ces fugaces attouchements réveillèrent ma libido. À peine une demi-heure après m’être épanché dans sa gorge, je bandais de nouveau. Un miracle. Pas question cette fois de me laisser mener par le bout de la queue. Je me levai, et sans chercher à me rajuster, je l’attrapai par la main.
Elle ne se fit pas prier pour me suivre. Elle voulut se déshabiller, je l’en empêchai. Je la poussai sur ma couche, me délestai de mon peignoir et la rejoignis. Je l’embrassai goulûment. Je défis les deux premiers boutons de la blouse et glissai ma dextre par l’ouverture. J’avais eu l’impression visuelle que sa poitrine s’était rétractée durant le repas. J’avais mis ça sur le compte de l’éclairage diffus et le flou de son vêtement d’emprunt. Mais là… Ma main rencontra un fruit qui semblait avoir diminué de volume, changé de forme. J’eus quelque difficulté à trouver le téton. Lui aussi avait rétréci. Il fallait que j’en aie le cœur net.
Cette pensée perturbatrice fut occultée par des doigts en anneaux qui coulissaient sur ma queue. La situation devenait de plus en plus étrange. Au plus ma hampe prenait de l’ampleur, au plus son sein renaissait sous mes palpations, se bombait, enflait. Lorsque les boutons suivants sautèrent, sa poitrine se montrait aussi arrogante qu’au moment de sa découverte. Je m’étais fait un film : l’effet Pouilly-Fumé.
Je la voulais nue. Je la débarrassai de sa blouse, retins un sourire à la vue du ridicule de ce slip kangourou blanc à coutures apparentes prévu pour contenir un gros paquet et qui dessinait des plis disgracieux sur son aine. Je l’en soulageai alors que ma bouche abandonnant la sienne slalomait entre ses collines sans s’y arrêter, pressée qu’elle était d’aller s’étancher sa soif quelques décimètres en aval.
Un instant de recul quand mes yeux se posèrent sur cette proéminence lisse. Mes lèvres n’avaient jamais goûté à un sexe féminin épilé. Sentiment malsain de se trouver en face d’une jeune fille prépubère. Sentiment aggravé en l’occurrence par la découverte d’un clitounet minuscule. Heureusement, la main qui, experte, manipulait ma queue n’avait rien de celle d’une fillette inexpérimentée. Elle contrôlait ses mouvements : quand la pression montait trop, un arrêt, une torsion, un pincement renvoyaient mes spermatos dans leurs stalles.
Ensuite, ce liquide goûteux, sans critique œnologique de ma part, dont ma langue s’imprégnait, dissipa mon trouble. La position que je pris incita ma partenaire à m’imiter. Elle emboucha ma virilité jusqu’à la garde et entama une fellation savante. Savante, mais calculée, la belle ne voulait pas que je jouisse dans cette première escarmouche. Quand elle comprit que j’allais cracher ma semence, elle me tordit gentiment les couilles.
Il était temps de passer aux choses sérieuses. Jessop me repoussa, effectua un 180°, m’enjamba avant de me chevaucher. Pénétration sans douleur d’une vulve élégamment lubrifiée, mais étroite : je la remplissais bien. Mon dard l’habitait totalement, distendait ses muqueuses élastiques. Posant ses mains en arrière sur mes cuisses, elle entama un galop d’essai. Si elle avait perdu la mémoire, elle n’avait pas perdu ses automatismes. Remuant légèrement son popotin de droite à gauche, d’avant en arrière, elle coulissait dans un rythme allant crescendo.
Pour ne pas rester inactif, d’une main je taquinais ses nénés, passant de l’un à l’autre, titillant un tétin par ci, massant une demi-lune par là. L’autre, sagement posée entre ses cuisses, jouait à agace-clito à chaque retombée de son bassin. Si j’en jugeais aux expressions de son visage, la chose devait lui plaire.
Changeant de position, elle plaça ses mains sur mon poitrail et y planta ses ongles. Elle accéléra, précipita le rythme, la ligne d’arrivée approchait. La banderole du dernier kilomètre passée, elle lança le sprint, je tentai de la suivre en soulevant rythmiquement mon bassin. Elle me labourait la poitrine, elle allait se jeter sur la ligne, lever les bras au ciel. Un dernier coup de reins, je lâchai la rampe accompagné par Jessop qui ne put ignorer la sortie précipitée des petits spermatos à tête fouineuse. Nous avions joui ensemble.
Quelques minutes plus tard, alors que je récupérai de cette seconde flambée inespérée, yeux fermés, ventre collé à la hanche de ma compagne de fornication, je me remémorai cette sensation bizarre de cette poitrine à géométrie variable. J’avais dû imaginer. Pourtant ça m’avait paru si réel. Pour chasser cette idée perturbante, se rassurer, je descendis ma main du ventre plat où elle paressait à l’entrecuisse de mon vis à vit.
Christo dio ! Il devait y avoir quelque chose dans le vin ! Non, j’étais bien conscient et réveillé : nous étions le mercredi 13 juillet 2017 et 22 heures n’allait pas tarder de carillonner au clocher du village. Des sentiments divers me traversèrent : stupéfaction ! Peur ! Incrédulité ! Horreur !
Ma main étreignait un… je n’osais pas, ne parvenais pas… Elle étreignait, empaumait, en… ce que vous voulez, un… une tige qui n’avait rien de féminin. Un « machin » flasque qui avait la forme, la texture d’une… d’une bite. Bite qui au contact de mes doigts hagards (je ne sais si des doigts peuvent l’être, mais je vous assure que les miens l’étaient). Mon premier réflexe fut de lâcher cette… Le mot restait pendu au bord de mes lèvres, je ne pouvais le prononcer même en pensée… avant d’y revenir pour vérifier. Pas d’erreur, entre mes mains, une bite, une vraie, mais sans poil autour.
Cette voix ! Jessop, sans être Jessop. Jessop qui aurait mué. Jessop, qui aurait viré sa cuti.
Putain ! Là, je déraillai grave. Je me retrouvai assis en tailleur, yeux grands ouverts face à un mec. Jessop, la nana genre top-modèle qui m’avait fait grimper aux rideaux avait cédé la place à un bel exemplaire de la gent masculine. Ce que révélait sa nudité ne laissait aucun doute quant à son sexe.
Problèmes mémoriels, mon cul ! Deux hypothèses : soit j’étais tellement pété que j’en avais oublié d’avoir fumé ; soit on me montait un bateau, pas un dériveur, mais un trois-mâts. Petit souci : j’aurais dû m’apercevoir du « changement de corps ». Après ma jouissance, je m’étais détendu, mais pas assoupi !
Ouille, ouille. La baise l’a vraiment perturbé(e). Sans doute les suites de son accident… , pensai-je avant de réaliser que si quelqu’un était perturbé, c’était plutôt moi. Il était devenu elle. Et elle ou lui racontait des… oup’s… il ou elle, enfin l’autre me racontait… Je réalisai soudain la portée ce qu’elle venait de dire :
Interpellé par ses dernières paroles, j’en oubliai l’incongruité de la situation. Jessop continua :
Un musée ! Après délabré, la prochaine étape, ce sera sans doute le paléolithique. Elle, il, l’autre s’aperçut de mon air désastré.
Réflexe de recul que je ne pus réfréner malgré le souvenir du plaisir que cette main m’avait procuré. Mais merde, un mec qui me paluchait, même s’il était une gonzesse quelques minutes plus tôt, ça craignait. Soixante-douze ans que j’étais hétéro pur et dur, un peu tard pour changer, n’est-il pas ? Pourtant, je ne m’enfuis pas en courant. La principale raison, malgré mon scepticisme et mon cynisme naturel, quelque chose en moi disait qu’elle/il ne mentait pas. Aussi Jessop aurait pu être le frère jumeau de Jessica : même yeux noisette, mêmes cheveux, même sourire, même carnation de peau. J’avais abandonné la possibilité du canular. Peut-être avais-je aussi envie de rêver. Mais de là à virer ma cuti. Je tentai une diversion.
Le jeune homme ferma les yeux, plaça les mains le long de son corps. Sa respiration s’apaisa, ralentit… Les secondes s’écoulèrent. Sous mes yeux ébahis, une lente transformation s’opéra : son anatomie se féminisait petit à petit… Avais-je abusé du Pouilly-Fumé ? Atomisé j’étais ! Les courbes qui m’avaient subjugué plus tôt renaissaient. Les lignes de sa silhouette s’adoucissaient, ses hanches s’arrondissaient, sa poitrine émergeait de son torse pour retrouver son modelé homologué 40B. Jessica me regardait, avec un sourire timide, mais triomphant.
Rien de bien compliqué. Promis, Seigneur, je ne bois plus que de l’eau… bénite de surcroît.
Tempête dans un bénitier ! Affolement de mes neurones qui couraient dans tous les sens se heurtant aux parois de mon cerveau déboussolé. Masculin, féminin. Homme, femme. Quoi qu’il en soit, il existait deux genres sur terre, trois si l’on comptait les transgenres, mais on ne pouvait interchanger. Pas tout à fait impossible, mais une fois qu’on avait franchi le pas on ne revenait pas en arrière et ça ne se faisait pas en un claquement de doigts. Dans ma vie de bobo-écolo-tolérant, j’ai toujours eu une vision compréhensive pour les gay prides, le mariage pour tous et les ligues LGBT, mais là… Avais-je en face de moi Jessica ou Jessop ? Ou plus raisonnablement, j’avais des hallucinations.
En face de moi se déhanchait gênée, perturbée par mon silence, une Jessica hyper bandante, mais s’y superposait la vision d’un Jessop à la virilité insolente ! Ça n’avait jamais été mon truc, les jeux entre mecs dans les vestiaires. Pourtant… pourtant, ma bite, tel Saint-Thomas, ne croyant que ce qu’elle voyait et conduite par ses plus bas instincts, réagissait aux balancements suggestifs des nénés de Jessica ! « Est-elle, elle, ou est-elle, lui ? Ou lui est-il elle ? » J’avais des pensées de plus en plus fumeuses. Et dans ce brouillard, l’image de Jessop s’estompait, s’effaçait. Et puis merde… Après ce qui avait dû lui sembler un temps très long, je lui répondis enfin :
Avant que je n’aie eu l’opportunité de prononcer un mot de plus ou de faire un geste, ille se jetait dans mes bras et m’embrassait avidement. Dans un geste réflexe, ma dextre empoignait un sein (le droit, je crois) alors que ma senestre cramponnait une fesse (la gauche, je suis sûr). Dans son élan, ille m’entraîna dans une chute qui nous allongea sur ma couche. Sa main, déjà entre mes cuisses, vérifiait le bon état de marche de mon matériel. Après mes jouissances précédentes, je craignais de ne pas assurer. Mais l’incongruité de la situation devait affecter ma libido, car popaul répondit présent : la bandaison mollassonne qu’avait généré les tortillements de ma belle inconnue fut remplacée par une érection de bon aloi (comme aurait dit maître Capello).
Je constatai par un doigtage pénétrant que la même excitation l’habitait. Ce toucher l’incita à présenter sa vulve humide à ma bouche tandis que la sienne embouchait mon gland. Une impression de déjà-vu : cela ressemblait drôlement au round précédent. Ille prenait les choses en main (et en bouche aussi, je vous l’accorde) et n’allait pas tarder à me chevaucher. Prendre des habitudes, dès la seconde joute, ça ne me convenait pas. Ce qui avait précédé m’avait ouvert des perspectives. J’avais une idée derrière la tête. Abandonnant le 69 pour un 66 plus conforme à mes envies, j’humidifiai mon index dans sa fente puis allai taquiner sa rosette.
Ille n’avait pas du tout les mêmes tabous que nous. Habituellement, en tout cas le plus souvent, quand vous posez un doigt fureteur contre l’anus d’une dame, celle-ci ne peut empêcher une certaine crispation de ce point précis de son anatomie. Point de ça chez ille, sa corolle s’ouvrit au premier contact. Mieux, anticipant mes actions, mon index fut avalé, quasiment aspiré. Je vous passerai le un doigt, deux, trois doigts, mais, si j’en jugeai par ses halètements et soubresauts, Jessica/Jessop aimait ça. Me devançant à nouveau, ille positionna son corps en position fœtale, fesses cambrées, offertes, ouvertes.
Je la pénétrai sans problème et entamai des va-et-vient profonds, bien cramponné à ses hanches. Voilà bien longtemps que je n’avais pas sodomisé une femme, cette faveur ultime qu’elle vous accordait. Faveur dont la rareté vous donnait de somptueuses sensations doublées des interdits de la morale. Tout pour décupler le plaisir… !
Au cœur de l’action, je ne me rendis pas compte immédiatement des changements qui se produisaient. Quand je m’en aperçus, j’avais dépassé le point de non-retour. Ses hanches qui tout à l’heure s’étaient creusées lors de la métamorphose Jessop vers Jessica s’évanouissaient. Je portais instinctivement une main à ses seins. Horreur, ils avaient rétréci au lavage. La salope… enfin le salaud… chais pas… elle… lui… Ille m’avait eu.
Sentiment de répulsion vite oublié, tellement mes spermatos frétillaient. Ille sentit ce recul momentané et parvint à murmurer entre deux gémissements :
Inavouable ou pas, la messe était dite et le vin divin tapissait ses sphincters. Au moment de mon orgasme, instinctivement, j’attrapai sa bite. Ce simple contact déclencha sa jouissance. Pour la première fois de ma vie, j’avais dans la main, un foutre qui n’était pas le mien.
Je ne songeai pas à retirer ma bite de cette gaine tropicale où elle baignait, bien qu’une sainte colère m’envahit. Ire désamorcée d’une seule remarque où pour la première fois, ille fit preuve d’humour.
La salope ! Le salaud enfin le salope. Juste la bonne question ! Que voulez-vous que je réponde ? Bien sûr que j’avais pris mon pied. Et un superbe pied.
Délicatement, ille s’empara de ma main souillée, la porta à sa bouche et la lécha jusqu’à ce qu’elle soit débarrassée de la dernière goutte de semence. J’aurais dû réagir, m’écarter, la/le repousser. La perversité de sa manœuvre provoqua l’effet contraire. Popaul frémit. Non, je n’eus pas une nouvelle érection, j’avais largement dépassé la dose. Mais plutôt que de repousser ses fesses indéniablement masculines, je pressais plus fort mon bassin contre elle.
Jessop/ Jessica n’avait pas lâché ma main, il l’étreignait avec force. Je me surpris à poser de petits baisers dans son cou. Sa tête se tourna vers moi et nos lèvres se scellèrent. Nous restâmes longtemps ainsi, emboîtés, tendrement enlacés dans un baiser post coïtal.
Ma queue toute rabougrie s’éjecta seule de l’anus de ma belle. Cet épisode mit fin à cet instant magique. Jessop/Jessica se tourna vers moi souriante, détendue.
Répartie stupide, mais je ne savais quoi dire. La/le bougre avait raison : quel que soit le sexe de cette personne allongée contre moi, nous avions divinement fait l’amour. Pire, je sentais que je m’attachais à ille, à ses bizarreries. Si c’était des hallucinations, j’aurais bien le temps de m’en remettre. Durant le court silence qui succéda à ma dernière réflexion, la fatigue nous tomba dessus, le sommeil nous pris.
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Le soleil me réveilla de ses rayons matinaux. Ils atteignaient le lit, la matinée était déjà bien avancée. Ma nuit avait été visitée par un rêve fantastique dans les deux sens du terme. Je me souvenais de chaque détail. Cette Jessop/Jessica, waouh ! Je n’avais jamais fantasmé sur une relation homo, mais le plaisir que j’avais pris, même s’il n’était qu’imaginaire remettait en cause toutes mes certitudes. Je n’osais ouvrir les yeux. Je n’avais pas envie de retrouver ma triste réalité de septuagénaire solitaire.
Bizarre ! Impression de ne pas être seul ! Quelque chose, quelqu’un bougeait à ma gauche. J’ouvris les yeux. Une tête penchée au-dessus de moi. Je… Jessica. Je n’avais pas rêvé ! Ses yeux noirs me fixaient intensément semblant attendre… La lumière du jour la rendait plus belle, plus jeune me renvoyant cruellement à ma décrépitude. Elle dut lire en moi. D’une voix douce, elle déclara :
Je ne saurai jamais quel sentiment m’envahit à ce moment précis, mais ma paluche se posa sur sa joue, la caressant doucement. Ille se lova contre moi, posant sa tête au creux de mon épaule. Hésitante, ille demanda :
Ben oui je l’aimais bien ! Même que je l’aimais sans adverbe limitatif. J’aimais Jessica, mais j’aimais aussi Jessop. Je ne répondis pas, mais la serrait fort contre moi. Sa main se posa insidieusement sur mon sexe pour vérifier, supposai-je, que mon affection n’était pas seulement platonique. Cela ne lui prit guère de temps. Ragaillardi par une bonne nuit de sommeil et aussi par l’évocation de mon « rêve », ma queue tenait déjà la forme olympique (disons paralympique pour rester modeste).
Nous entamâmes par une série de préliminaires délicieux. Nous allions passer aux choses sérieuses quand j’eus une idée folle.
Jessica se détacha de moi et me regarda avec un air interloqué.
La métamorphose s’effectua plus rapidement. Pas assez cependant pour que je n’aie le temps de m’interroger sur ma santé mentale. Pas sur le fait de vouloir baiser un homme, mais plutôt sur le fait de trouver naturel qu’ille change de sexe à volonté. Dans mon esprit plus aucun doute ne subsistait sur la réalité de cette dualité.
J’avais maintenant devant moi un beau spécimen d’homme avec un service trois-pièces à la bite élégante, bien que circoncise. Hier soir, je n’avais osé l’observer vraiment. Je n’avais jamais accordé d’importance au sexe masculin, pas même au mien. Il ne m’avait jamais laissé en rade et c’était ce que j’attendais de lui. Et je me surprenais à trouver quelque qualité esthétique à ce membre qui reposait mollement sur son ventre, à ses boules à la peau tendue. Sa main se crispa sur ma cuisse, reflétant son inquiétude.
Cette nuit, je l’avais sodomisé. Mais si j’avais éjaculé dans les entrailles de Jessop, j’avais pénétré l’anus de Jessica. Ce matin, la situation était autre et Jessop/Jessica le comprenait. Ille attendait.
Paupières closes, je l’enlaçai et le câlinai comme j’aurais câliné un fils, un frère.
Quand sa main frôla ma toison, malgré un raidissement de tout mon être, je laissai faire.
Quand ses doigts se refermèrent autour de ma queue, cette conne se redressa.
Quand ses lèvres se posèrent sur les miennes, ma bouche s’entrouvrit.
Mes défenses cédaient une à une.
Je tenais mes yeux fermés, imaginant que c’était Jessica.
Quand ille prit ma main et la plaça sur son sexe en érection, je ne pouvais plus me cacher.
Un homme me tenait dans ses bras et les pulsations de ma bite entre ses doigts experts ne laissaient guère de doute sur l’excitation incontrôlée que cela ma procurait.
Je tentai un dernier recours pervers pour me voiler la face : ses baisers avaient le même goût que ceux de Jessop version féminine et toujours yeux clos, je l’imaginais, elle, en train de m’embrasser, de me masturber.
Mais non, il fallait que je l’admette un mec était en train de me branler, de me rouler une pelle et je bandais comme un cerf en rut alors que je tenais sa queue dans ma main !
Totalement amorphe, sidéré, mon cerveau, malgré mon désir de le/la satisfaire, m’interdisait d’agir. Je ne pouvais/voulais pas commettre un geste qui m’enverrait définitivement du côté obscur, ma main restait inerte sur une queue qui ne l’était pas. Mon corps ne partageait pas mes hésitations, il réagissait favorablement à ces sensuelles palpations. Jessica/Jessop me repoussa sur le lit. Nous nous retrouvâmes tête-bêche. Ille n’eut aucune hésitation et m’emboucha. Je sentais son membre dressé à un petit centimètre de ma bouche. Je serrais les lèvres. Je n’avais jamais pensé qu’une bite puisse franchir, un jour, cette ouverture.
Je retrouvais ces sensations divines que j’avais ressenties lorsque Jessop dans le corps de Jessica me turluter la zigounette. J’entrevis à travers cette bouche qui me pompait la pleine osmose Jessica/Jessop. Ille me procurait tellement de plaisir. De ne pas lui rendre la pareille me mettait mal à l’aise. Mais l’idée de sucer une bite me mettait encore plus mal à l’aise. Je me résolus finalement à ouvrir les yeux et regarder. Ce sexe bandé m’intimidait. Précautionneusement, j’approchai mes lèvres. Pour les retirer immédiatement. J’essayai de me raisonner, d’argumenter avec moi-même. Intellectuellement, je disais oui, mais mes tripes disaient non.
Perdu dans mes contradictions, je m’aperçus trop tard que, sournoisement, ille avait approché son membre. Son gland touchait mes lèvres. Je ne fus pas foudroyé, je n’éprouvais même aucun déplaisir. Bon quand faut y aller, faut y aller ! Ma langue se lança, effleura le méat. Y’a que le premier pas qui coûte, en l’occurrence le premier coup de langue. Le second, bien que timide, lécha sa tête chercheuse. Les suivants se firent plus hardis. Lorsque je posai mes lèvres entrouvertes, mon appréhension avait reflué, surtout que mon pompeur mettait (si j’ose m’exprimer ainsi) les bouchées doubles. Avaler son gland ne fut qu’une formalité et je m’efforçai de le copier et de me mettre au diapason.
Mes avancées homosexuelles marquèrent un temps d’arrêt voire un blocage total quand ille posa son index contre mon anus. L’acte en lui-même ne m’était pas étranger, mais le contexte lui donnait une tout autre signification. Le doigt compréhensif retourna titiller mes bourses. Futé(e),
Ille ouvrait largement ses cuisses offrant à ma vue dans les rayons du soleil son anus rose et lisse. Celui-ci se contractait sous les caresses que ma langue prodiguait à sa tige. Je ne résistais pas longtemps à ces appels. Mon index, suivi rapidement par quelques compères, s’intéressèrent à cette petite fleur, d’abord superficiellement, ils en étudièrent les contours puis rapidement approfondirent leurs connaissances à la grande satisfaction de Jessica/Jessop dont la bouche redoublait d’ardeur.
Vint le moment où mes doigts ne lui suffirent plus. Ille s’installa en chien de fusil, me présentant son cul cambré. L’invite était claire. Mes dernières barrières psychologiques furent balayées par l’envie que j’avais de prendre cet œillet frissonnant qui ressemblait tant au minou de Jessica. Je le pénétrai sans effort. Cramponnant ses hanches, j’entrepris un pilonnage mesuré tout en lui baisouillant le cou. Enculer un homme n’était guère différent de sodomiser une femme, finalement.
Pour la seconde fois en moins de vingt-quatre heures, je me déversai dans ses entrailles, mais cette fois en toute connaissance de cause et avec le même plaisir. Je comprenais mieux ce qu’avait voulu dire Jessica/ Jessop. Le sexe affiché de son partenaire n’avait pas grande importance. Ce qui comptait était le ressenti, le désir. Or ces deux éléments n’avaient pas varié. Nos préjugés sur l’homosexualité, la bisexualité ne reflétaient que nos craintes, nos peurs de s’écarter de la norme en vigueur. Ille interrompit le cours de mes réflexions.
Ille m’expliqua…
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Épilogue :
Ces folles journées remontent à deux ans. Jessica/Jessop que j’ai rebaptisé(e) Jess après avoir recouvré la mémoire m’a affirmé qu’ille venait de l’année 3254 d’un futur lointain. L’histoire, n’étant aucunement leur spécialité, ille ne put pas me donner beaucoup de détails. Cette datation correspondait au retour sur Terra d’une colonie restreinte qui, durant plus d’un millénaire avait vécu dans une station spatiale puis sur Luna dans l’attente que la planète se régénère et soit de nouveau habitable.
Les nations n’existaient plus, les « races » non plus. Quand je lui demandai d’où venait sa parfaite connaissance du français, ille m’a expliqué que dans la partie positronique** de son cerveau était stocké « Le Livre », espèce de « bible » résumant le passé de la Terre avant son abandon. Dans ses données se trouvaient toutes les langues mortes, genre anglais, chinois, russe, espagnol et même français. Lorsque je lui avais parlé, son cerveau additionnel l’avait automatiquement connecté au fichier ad hoc.
Cependant Jess n’a jamais pu expliquer son apparition près du ruisseau le 13 juillet 2017. Les voyages temporels ne faisaient, à leur connaissance pas partie des préoccupations de leurs concitoyens. Résultat, ille était coincé(e) dans notre époque, ce qui n’avait pas l’air de l’émouvoir outre mesure. Quant à moi, j’en étais plus qu’heureux, j’étais amoureux fou d’ille. J’avais totalement oublié mes réticences. J’éprouvais un plaisir, exempt de toute perversité, de m’endormir aux côtés d’une femme, de me réveiller près d’un homme ou lycée de Versailles. Avant la fin du premier mois de cohabitation, mon cul avait goûté à sa bite. Bien que je préférasse faire l’amour avec Jessica, il m’arrivait parfois d’être baisé par Jessop. Cela ne se programmait pas.
Assez rapidement, nous officialisâmes une liaison qui me fit la risée du village : cette jeunette avec un presque vieillard. Pour des raisons évidentes, Jess usait toujours de la même apparence en public : Jessica pour ne pas me gêner en tenant compte des réticences sur l’homosexualité des gens du cru. Ille voulait pouvoir se comporter ouvertement comme mon amante. De par son ADN, son espérance de vie pouvait atteindre 320 années standard. Ille en avait 87. Impossible de me rajeunir, mais Jessop, le scientifique du couple, m’avait concocté, à partir d’éléments si simples que c’était à en pleurer, une potion qui me permettrait sans doute de vivre encore deux siècles. Jessop ne trouva pas d’équivalent en français au métier qu’il exerçait (j’écris métier par souci de compréhension) : quelque chose de moléculaire. Jessica, elle, aurait passé à notre époque pour un petit génie informatique surtout dans tout ce qui concernait les I.A. Selon elle, dans son siècle, elle n’était qu’un vulgaire ingénieur programmeur.
C’est grâce à son travail que nous pûmes résoudre et financer les deux gros problèmes qui étaient apparus. Jess, en apparence, ne vieillissait pas et il en allait de même pour moi depuis peu. Nous avions un peu de temps devant nous, mais il arriverait un moment où nous devrions déménager et nous créer de nouvelles identités.
Le second problème, donner rapidement, une existence légale à Jess. Dès que je l’eus briefé sur le darknet, ille utilisa ses supers pouvoirs en informatique et en quelques clics (j’exagère, mais c’est ce que j’ai ressenti) avait trouvé le moyen non seulement d’acheter une nouvelle identité avec carte nationale, passeport, permis de conduire et un passé invérifiable et, techniquement, elle pouvait déjà dupliquer nos prochaines existences. Il suffisait d’avoir l’argent : mes économies y passèrent. Ce fut un très bon investissement.
Pour préparer notre changement, il nous fallait plus d’argent. À cette occasion, je m’aperçus que les deux parts de l’entité pouvaient ne pas être d’accord. Jessop avait un moyen facile de nous rendre riches : mettre sur le marché sa potion. Je tentais de lui expliquer que permettre aux 6, 5 milliards et demi de Terriens qui épuisaient la planète et se reproduisaient comme de lapins de vivre ne serait-ce qu’un siècle de plus n’était probablement une bonne idée. Il ne voulait rien savoir et pour la première fois, Jessop s’emporta contre moi. C’est alors qu’il s’effaça pour céder la place à Jessica qui l’apostropha sévèrement. Commença alors un ballet de métamorphoses successives et de plus en plus rapides qui me donnèrent le tournis. In fine, Jessica (donc moi) eut gain de cause. Elle proposa une solution moins nocive : elle allait utiliser ses connaissances en I.A.
Et ça a fonctionné ! Cela lui prit quelques mois, le temps de s’introduire illicitement dans quelques sociétés et montrer son savoir-faire. Depuis l’automne dernier, l’argent coule à flots et note prochaine incarnation est déjà programmée.
Que vous dire de plus, les gens heureux n’ont pas d’histoire. Normalement, c’est là que vous dîtes : il rêve le papy ! Même s’il ne vieillit pas, Jess ira voir ailleurs et le laissera avec ses cheveux blancs, ses rides et ses yeux pour pleurer. Peut-être, sans doute même bien qu’ille m’assure le contraire. Illes ne se fixent guère avant leur soixante-dixième anniversaire après toutes les expériences possibles et qu’on n’imagine même pas, coincés que nous sommes dans nos corps monosexes. Mais il semblerait que par la suite ces couples soient solides. Jess m’a dit et répété que malgré leur quatre-vingt-sept ans, ille n’avait jamais trouvé leur complémentaire. Dès nos premières paroles, ille a su que c’était moi son complément. Flatteur n’est-il pas ? Alors le papy, il va rêver et il vous… bande de sceptiques.
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* FOL = French Old Language
** J’ai « piqué » le mot positronique à ce bon vieil Isaac, car Jess a été incapable de trouver un mot pour expliquer ce cerveau artificiel plus petit qu’une de nos puces électroniques qu’on lui a greffé à sa naissance.