n° 18958 | Fiche technique | 9144 caractères | 9144Temps de lecture estimé : 6 mn | 18/04/19 |
Résumé: Un Don Juan ne doit jamais décevoir. | ||||
Critères: fh bizarre humour | ||||
Auteur : Samuel Envoi mini-message |
Thomas : — Mais à la fin ! Quel est le problème ?
Nadia : — Je trouve qu’il y a eu tromperie quelque part.
Thomas : — Tromperie ? Alors ça, c’est la meilleure !
Nadia : — Mais oui, mon vieux. Quand je t’ai rencontré, tu t’es présenté comme un Don Juan. Et d’ailleurs, c’était ta réputation.
Thomas : — Oui, enfin…
Nadia : — Or, cela fait trois ans que nous sommes ensemble et tu es d’une fidélité de petit chien.
Thomas : — Parce que tu préférerais que…
Nadia : — Enfin, quand on décide de vivre avec quelqu’un en toute connaissance de cause, on est forcément déçu quand il change complètement de style de vie.
Thomas : — Ma chérie, j’ai trouvé en toi la compagne idéale. Je ne vois pas pourquoi j’irais chercher ailleurs en moins bien ce que j’ai chez moi en mieux. D’ailleurs, je ne me suis jamais présenté comme un Don Juan.
Nadia : — Sauf que la première fois que nous nous sommes rencontrés, il y avait deux filles dans ton lit.
Thomas : — Erreur de jeunesse.
Nadia : — Seulement depuis, je suis toujours toute seule dans le lit.
Thomas : — Comment ça, toute seule ?
Nadia : — Juste avec toi, je veux dire.
Thomas : — Ben oui…
Nadia : — Enfin, Thomas, ce n’est pas très…
Thomas : — Ma façon de faire l’amour ne te plaît plus ?
Nadia : — Mais si au contraire. J’ai toujours autant de plaisir et d’orgasmes avec toi.
Thomas : — Mais alors ?!!
Nadia : — Essaie de me comprendre. Je fais connaissance avec un type qui a deux filles dans son lit. Moi, je venais juste reprendre un bouquin que tu m’avais emprunté. Une des filles se lève, à poil, et cherche le livre avec toi, qui dissimulait mal ton érection dans un bermuda à étoiles. L’autre, les seins à l’air, me fait des sourires. On finit par trouver ce qu’on cherchait. Je claque la porte et j’entends aussitôt des gémissements et de hurlements de plaisir. Deux jours plus tard, je te rencontre à nouveau et tu me dragues effrontément. Je me dis : quel culot ! Ensuite, je rencontre une copine qui me dit qu’elle s’est envoyée en l’air avec toi, et que tout de suite après, tu avais rendez-vous avec moi. Elle croyait me faire peur…
Thomas : — Je me souviens bien sûr, mais c’est de l’histoire ancienne. Il existe une expression pour ça : jeter sa gourme. Voilà, il y a un temps pour les expériences et puis le temps de l’amour réfléchi.
Nadia : — Eh bien moi, l’amour réfléchi m’emmerde !
Thomas : — Mais tu t’attendais à quoi ?
Nadia : — Je ne sais pas, moi. Ce n’est pas moi, le Don Juan. Mais j’attendais, j’espérais des tas d’aventures frivoles et délicates… Je serais rentrée un soir et je t’aurais trouvé avec une copine dans la baignoire. Tu m’aurais raconté n’importe quoi, sur le fait que la pauvre n’avait plus d’eau chez elle depuis qu’un rat avait bouffé sa canalisation… Je ne t’aurais jamais cru, mais tu m’aurais impressionnée… Et moi, dans ce cas-là, je sais ce qu’il me reste à faire : rivaliser dans la joie et la bonne humeur.
Thomas : — Je ne suis pas sûr que tu prendrais cela avec autant de légèreté.
Nadia : — Mais évidemment que si ! La vie, c’est la compétition, mon vieux. Sans agressivité, sans rancune tenace, sans coups tordus, mais avec fair-play.
Thomas : — Non, mais tu veux vraiment que je ramène une fille à la maison ? C’est ton dernier délire de malade !
Nadia : — Imaginons un peu la scène. Elle s’appellerait Juline. Tu l’invites un soir à manger. Moi, je me mets en quatre pour préparer quelque chose de bon et d’un peu aphrodisiaque évidemment. Des asperges à la sauce blanche… Sauté de dinde au concombre, menthe et gingembre… Panna cota aux fruits de la passion… Avec quelques liqueurs qui coulent toute seules… Juline arrive, elle porte un corsage tout à fait sage et une jupe élégante qui tombe au genou. On prend l’apéritif, et commence ce petit souper aux chandelles. On s’amuse, les conversations sérieuses ne résistent pas longtemps à l’érotisation de la soirée. On se confie, on se raconte, on se livre… Le dessert terminé, la dernière bouteille épuisée, tu nous annonces d’une voix toute en séduction : les filles, si vous estimez que vous avez passé une bonne soirée, vous allez échanger vêtements et sous-vêtements.
Juline se met à rire parce qu’elle ne pense pas une seconde que tu es sérieux. Moi, je commence à me désaper. Alors, elle comprend que c’est un jeu. Elle ôte jupe et corsage, mais elle reste un peu hésitante pour le reste. Je l’aide à dégrafer son soutien-gorge et je m’en revêts. Pareil pour la culotte. Bizarrement, ce qui nous semble le plus troublant et peut-être le plus sexuel, c’est d’échanger nos chaussettes. Nous sommes de la même taille à peu près. Bientôt l’une et l’autre auront changé d’aspect, de nom, d’âme.
Thomas : — Mais où tu vas chercher tout ça ? Franchement, Nadia…
Nadia : — Non, moi, c’est Juline. Souviens-toi. Tu crois que c’est moi, parce que j’ai mis les vêtements de Nadia, mais en réalité, je suis Juline. Oui, tu respires le parfum de Nadia, son pull si léger, sa jupe flottante. Approche-toi, touche. Oui, vas-y, fouille-moi pour voir tout ce que j’ai volé à Nadia. Sa culotte est encore un peu humide d’elle, tu aimes la caresser, n’est-ce pas. Et qu’est-ce que cela te fait de caresser Juline sous la culotte de Nadia ? De passer la main sous le soutien-gorge de Nadia pour peloter Juline ? Tu baisses jupe et culotte, tu enlèves corsage et soutien-gorge. Alors maintenant, je suis nue et tu es vraiment en train de tromper Nadia qui est toute recroquevillée dans le coin où tu as jeté ses vêtements. Thomas, nous allons faire l’amour pour la première fois ensemble. Tu as des préservatifs ?
Thomas : — Mais tu prends la pilule !
Nadia : — Non, Nadia prend la pilule. Moi, c’est Juline. Et j’utilise les condoms. J’en ai toujours avec moi. Voilà, je vais t’en revêtir si tu n’as pas trop l’habitude. Il faudra que tu sois doux avec moi, je suis très sensible lors de l’introduction. À table, Nadia disait qu’elle aimait bien les mots grossiers au moment suprême. Moi, je préfère qu’on me susurre des phrases d’amour en espagnol.
Thomas : — Cariña, solo quería decirte que te quiero mucho.
Nadia : — Thomas, j’ai bien aimé cette première avec toi. Je vais prendre un bain.
Thomas : — Moi aussi, avec toi, Juline.
**********
Thomas : — Pourquoi tous ces vêtements dans l’eau ?
Nadia : — Je pensais que tu serais d’accord pour que Nadia nous rejoigne dans la baignoire.
Thomas : — Ah oui, bien sûr. Un bain à trois, c’est vraiment excitant.
Nadia : — Tu as un réel talent de séducteur : passer comme ça d’une fille à l’autre… C’est ce que j’admire chez toi.
Thomas : — Tout le mérite t’en revient.
Nadia : — Maintenant les affaires de Nadia sont mouillées. Je ne peux plus les mettre. Alors je vais prendre les tiennes.
Thomas : — Comment ça ?
Nadia : — Regarde, ton caleçon me va à merveille. Ta chemise aussi. Le pantalon, je vais faire un rabat, sinon il est à ma taille. La veste est un peu trop longue, mais je m’en arrange. Je nage dans les chaussures, ce n’est pas grave, je ne vais pas loin, alors… Je suis Thomas désormais. J’ai toujours rêvé d’être dans la peau d’un Don Juan.
Thomas : — Et moi, je suis qui, maintenant que tu es moi ?
Nadia : — Tu es un mec tout nu qui va bientôt baiser Thomas. Mais qui va être drôlement surpris de tomber sur une fille avec qui il vient de faire l’amour pour la première fois et qui s’appelle Juline.
Thomas : — Bon, si tu veux, mais je t’en prie, quand on aura fini, que Thomas ne vienne pas prendre un bain avec Juline et le mec tout nu !