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n° 19001Fiche technique15257 caractères15257
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Temps de lecture estimé : 11 mn
26/05/19
Résumé:  Un conte de fées, avec le père Noël à la place de la fée.
Critères:  #pastiche #merveilleux fhh inconnu froid fsoumise chantage
Auteur : Hashpimby            Envoi mini-message
Conte de Noël




Il était une fois une belle jeune femme qui pleurait jour et nuit au fond de son cachot.



Et tous les jours, lorsque le vilain geôlier lui apportait son quignon de pain sec et sa misérable écuelle de soupe claire, elle se jetait à ses pieds, implorant un improbable pardon.

Mais invariablement le garde-chiourme, insensible aux lamentations de sa captive, lui jetait dédaigneusement :



Et il refermait à grand bruit la lourde porte qu’il cadenassait jusqu’au lendemain, laissant la malheureuse à sa désespérance.



Et elle pleurait tant et tant que la paille déjà humide de son cachot en était plus détrempée encore.


Or, comme pour aggraver encore une situation déjà pathétique, l’hiver fut cette année-là particulièrement rigoureux. Outre les tourments qu’endurait la captive, elle eut à supporter entre ses quatre murs suintants d’humidité, un froid épouvantable.

Pervers, le geôlier s’amusait des tourments de la jeune femme, qui, bientôt, tomba dans un état d’hébétude inquiétant.


Mais il advint qu’une nuit plus terrible encore que toutes les précédentes, la cellule s’emplit soudain d’une vive lueur qui tira Blanche – vous ai-je dit qu’elle s’appelait Blanche ? – de sa léthargie.


Qui d’autre que le bourreau pouvait ainsi pénétrer nuitamment dans sa cellule ? Assurément, ce ne pouvait être que lui !

Prise d’angoisse, elle se redressa en sursaut de l’immonde paillasse où elle somnolait et demanda d’une voix angoissée :



Il n’y eut pas de réponse, mais elle eut la surprise d’entendre, comme sortant des murs, une douce musique. Tout de suite, elle reconnut « Un Jour, mon Prince viendra » le sirupeux thème musical du Blanche-Neige de Walt Disney ; sa musique préférée.

Elle en fut bouleversée. Peut-être n’était-ce après tout qu’un rêve né dans son cerveau malmené par les tourments endurés depuis de longs mois ?



Tournant la tête, elle aperçut le père Noël accoudé près de la lourde porte et qui lui souriait. Il était beaucoup plus jeune et beau que dans les descriptions enfantines qu’elle avait en mémoire.



Le père Noël sourit.



Il avait un sourire si lumineux, une voix si douce, ses yeux étaient si clairs, que Blanche fut bientôt rassurée. Il semblait ne pas souffrir du froid et de l’humidité qui régnaient en ce lieu, contrairement à la jeune femme qui tremblait continuellement et toussait d’une mauvaise toux.

Le père Noël s’en inquiéta :



Elle soupira et reprit d’une voix résignée :



Alors le père Noël s’approcha d’elle et claqua dans ses mains. Aussitôt la lumière s’accentua et une douce chaleur envahit le cachot.


Puis il tapa deux fois dans ses mains, et soudain l’immonde paillasse infestée de vermine fut remplacée par un superbe lit en cent soixante, recouvert d’un moelleux édredon pur plumes naturelles.


Il tapa trois fois dans ses mains, et une table roulante dorée chargée des mets les plus exquis remplaça bientôt la cruche fêlée où croupissait l‘eau fétide et l’écuelle ébréchée, pleine encore de l’infâme brouet auquel elle n’avait pas touché.


Émerveillée de ces prodiges, terrassée par l’émotion, Blanche ne pouvait parler, n’émettant que des « oh ! » et des « ah ! » de ravissement à chaque nouvelle métamorphose.



Le père Noël tapa quatre fois dans ses mains, et Blanche vit avec stupéfaction ses haillons misérables remplacés par un magnifique déshabillé de mousseline blanche.


Il tapa cinq fois dans ses mains et elle fut bientôt lavée, parfumée, maquillée, manucurée et coiffée.


Il tapa six fois dans ses mains et elle vit son cou, ses poignets et ses doigts s’orner des plus précieux bijoux, tandis qu’un diadème de sublimes pierreries brillait à son front.



Il tapa sept fois dans ses mains. On frappa doucement à la porte de la cellule. Affolée, Blanche implora le père Noël du regard :



La porte s’ouvrit et un domestique à l’air compassé entra :



Blanche fut stupéfaite de reconnaître son geôlier sous la livrée rayée. Constatant l’embarras de Blanche, le père Noël intervint :



Le domestique frappa à son tour dans ses mains, faisant apparaître une table ronde couverte d’une nappe brodée de fil d’or.



Amédée frappa trois fois dans ses mains. Aussitôt trois magnifiques chaises dorées apparurent autour de la table.


De quelques gestes sûrs, le domestique eut bientôt fait de dresser trois couverts. La vaisselle était de la plus diaphane porcelaine, les verres du plus léger cristal et les couverts de vermeil. Quand il eut fini, il se tourna vers Blanche et demanda :



Décontenancée une nouvelle fois, Blanche appela d’un regard suppliant le père Noël à son secours.



Il s’approcha d’Amédée et lui parla à l’oreille. De temps à autre, le domestique acquiesçait d’un signe de tête.



Le domestique se retira après un léger signe de tête en refermant sans bruit la porte derrière lui. Blanche n’entendit pas cette fois l’horrible tintement des clefs qui accompagnait en temps normal la sortie de son gardien.


Le père Noël s’approcha en souriant de la jeune femme :



Sans attendre la réponse, il ouvrit la porte de la cellule et appela :



Quelques secondes plus tard, le domestique revint, portant un plateau où étaient disposées deux coupes de pétillance ambrée.

Le père Noël en tendit une à Blanche et prit l’autre, tandis qu’Amédée se retirait.



Blanche allait obéir à cette douce injonction lorsque trois coups furent à nouveau frappés à la porte, qui s’ouvrit pour faire place à un autre domestique portant une magnifique livrée jaune et bleue.



Des trompettes retentirent, tandis que le monarque faisait dans la cellule une entrée lente et majestueuse.


Le père Noël s’approcha, fit une révérence et dit :



Tremblante de timidité, la jeune femme s’avança et fit un simulacre de révérence qui amusa le monarque.



Les deux convives s’assirent comme cela leur avait été commandé. Amédée apparut et claqua à nouveau dans ses mains. Aussitôt les plats les plus raffinés apparurent.




**********





Sensible au compliment, le père Noël s’inclina et, désignant Blanche, dit :



Le roi acquiesça de la tête et s’adressa à la jeune femme :



Blanche avait conservé de l’éducation reçue de ses humbles parents une réserve qui lui interdisait de se répandre en jérémiades, plaintes et autres lamentations, aussi fondées fussent-elles. Elle fut incapable de répondre à la question du Roi, qui insista pourtant :



Alors Blanche n’eut plus peur et raconta son histoire : les dix-huit heures de travail quotidiennes en CDD dans la demeure de l’infâme Carabosse pour un salaire de misère, ses quatorze petits frères et sœurs dont trois anormaux, qu’elle élevait seule après que ses parents eurent dramatiquement péri dans un accident d’autocar, la faim, la peur de lendemains encore plus terribles… Elle raconta tout jusqu’au funeste jour où, rentrant harassée encore plus que de coutume, elle avait cueilli presque machinalement cette poire si appétissante. La colère du propriétaire, qui avait surgi à cet instant, les gendarmes qui sentaient l’ail, le procès, et la prison enfin où elle croupissait aujourd’hui sous la garde de son cruel geôlier.


Elle parla longtemps, tant elle avait à dire de misère, de tristesse, et de souffrance. Elle ne s’interrompait que pour boire de temps à autre une gorgée de champagne, tant ce long récit lui donnait soif, à elle qui avait en ces lieux perdu l’habitude de parler.



Et elle s’écroula sur la table, la tête dans ses mains, secouée de hoquets et de pleurs.



Le roi se leva et s’approcha d’elle d’une démarche incertaine :



Et le roi abusa de Blanche, bientôt suivi du père Noël qui répétait sans cesse :





**********





Le Roi et le père Noël s’éloignèrent, chacun de son côté, non sans avoir remis un peu d’ordre dans leurs vêtements.


Amédée tapa une fois dans ses mains et Blanche retrouva ses haillons de captive.

Il tapa deux fois dans ses mains et la table, les chaises, et la vaisselle disparurent.

Il tapa trois fois dans ses mains et le lit à son tour s’évapora, laissant place à l’immonde paillasse.

Il tapa quatre fois dans ses mains et le froid et l’humidité envahirent à nouveau le cachot.

Il tapa cinq fois dans ses mains et Blanche reprit ses lamentations :



Et tous les ans depuis, on commémore cette pénible histoire en mangeant la dinde de Noël.