n° 19040 | Fiche technique | 17267 caractères | 17267Temps de lecture estimé : 11 mn | 18/06/19 |
Résumé: Une rencontre Tinder qui fait match et où le désir se consomme - sauf que rien, jamais, n'est si simple que cela... | ||||
Critères: fh hplusag inconnu vacances -coupfoudr | ||||
Auteur : Antoine75010 (Jeune homme de 41 ans, parisien) Envoi mini-message |
Que non, ma belle Mathilde, que non, ce n’est pas un plan cul – si tu le dis ! N’empêche qu’on ne se connaissait à ce moment-là que depuis deux heures, qu’on était en train de monter quatre à quatre les marches de mon escalier tout en nous galochant et nous pelotant comme des malpropres avec une seule idée en tête : aller baiser tous les deux au plus vite ! Moi, ce n’est pas mon vocabulaire (je laisse à ceux qui les veulent de tels mots pour parler de leur sexualité), mais je pense que pour certains, nous étions pourtant bel et bien en plein dans le « plan cul »…
Oh, tout s’est passé très vite avec Mathilde. Le midi : match sur Tinder, s’ensuivent un tchat très sympa et la décision rapide de prendre un verre dans l’après-midi. Des atomes crochus, une discussion enjouée – elle m’a parlé de ses études à Science Po, de ses projets, moi, de mon boulot et de mes travaux, et puis il y a eu la discussion sur la littérature autour de quoi nous nous sommes « enflammés », nous découvrant un goût commun et nouant quelque chose d’une belle complicité. Et puis zut, c’est venu tout seul : à un moment que nous étions côte à côte (pour regarder ensemble un bout de vidéo sur mon Smartphone), nos deux visages étaient trop proches, la tension entre nous était trop forte et l’air tout autour de nous beaucoup trop électrique : nous nous sommes regardés un instant – et je l’ai embrassée. Un baiser de sourire, un baiser de plaisir, un baiser qui s’est imposé à nous dans la joie simple de cet après-midi de juillet, dans ce soleil qui baignait la terrasse d’un petit bistro parisien.
Oui, parce que c’était juillet, c’était la chaleur dans la ville et peut-être que c’est l’été qui fut le seul vrai responsable de tout cela : à sortir dans Paris dans ces périodes estivales, on a (comme qui dirait) les yeux qui « piquent », je trouve, et il ne faut pas s’étonner qu’à la première occasion opportune, tout s’embrase. Chaque année j’en éprouve la même sidération : « Ah oui, c’est vrai, maintenant on va voir les jambes des filles, on va voir leurs épaules, leurs bras, toutes ces peaux nacrées, dorées, claires, diaphanes ou ambrées, et l’on va (forcément) essayer de glisser son regard le plus loin possible, là, profitant de ce qu’une jupe se soulève un peu trop, ici, logeant nos yeux au creux des plis d’un mini short décidément très indécent… ». À chaque sortie dans la ville, les yeux piquent et ce jour-là, avec Mathilde, c’est ça qu’on a satisfait, c’est ça que j’ai aimé dans la façon qu’on a eu de faire l’amour – on a satisfait ce truc idiot qui nous hante (les femmes aussi, pas que les hommes !) quand la chaleur est là et que nos corps semblent s’appeler, s’aimanter les uns les autres…
C’était une sacrée jolie fille cette Mathilde. Grande, blonde, le corps svelte, athlétique, gracieux – elle avait la beauté souveraine, désinvolte, d’une jeune femme de vingt-cinq ans comme au zénith de son énergie. De longs cheveux légèrement ondulés, les yeux clairs et le teint pâle – elle avait un côté nordique, un charme qu’on dira de ces régions-là, et puis elle avait fait quelques petites tresses qu’elles avaient nouées autour de sa tête, ce qui renforçait clairement ce côté princesse viking (je parle en mode « cliché-série-télé » hein !). Mais ce qui m’a vraiment charmé, c’est sa joie, sa façon toute pétillante de parler, de rire, de s’exclamer : elle renvoyait vraiment l’image d’une jeune fille épanouie, lancée dans sa vie, bien décidée à tout croquer sur son passage (et en l’occurrence pour le coup ce jour-là, c’était moi qui étais sur son chemin, et j’ai très vite compris qu’elle n’allait faire de moi qu’une bouchée !).
Oui, quelque chose a tout de suite circulé entre nous – et si moi j’étais sous son charme (mais ça, ça ne compte pas, parce que son charme à elle était imparable), elle trouva visiblement, elle aussi, chez moi quelque chose de tout à fait à son goût. Elle me confia par la suite que mon âge (je serai bientôt quadragénaire), mes cheveux grisonnants et ce qui pour elle fut comme « un subtil mélange de virilité et de délicatesse » (ma foi, si tu le dis, Mathilde, moi ça me va !) l’avait vite conquise. Oui, quelque chose cet après-midi-là fonctionna – et c’est elle, totalement décomplexée donc, qui prit les devants : après que nous nous soyons roulé des patins totalement obscènes pendant une demi-heure sur cette terrasse, elle me dit d’un ton à l’aplomb saisissant : « Et alors… toi, tu habites pas loin, c’est ça ? »
Pas loin, Mathilde, pas loin du tout ! Et en effet quelques instants plus tard nous étions chez moi, en train de baiser comme des bêtes. Sur ce coup-là, elle et moi, on ne s’est pas ratés comme on dit : on a baisé de ce début de soirée jusqu’au lendemain midi. Ça a été un moment de baise torride, mais aussi un vrai moment d’intimité et de complicité (on ne passe pas autant de temps sans avoir des choses à se dire, des mots à partager). On a baisé cinq fois – trois fois le soir, une fois la nuit et une dernière fois le matin. Enfin cinq… si l’on indexe le nombre de coups sur le nombre d’éjaculations, en s’inscrivant dans un système androcentré parfaitement raccord avec notre culture phallocratique, et en souscrivant au passage à une conception bien pauvre selon moi de la sexualité ! « Cinq » n’importe donc pas, l’important c’est qu’on a passé près d’une quinzaine d’heures ensemble à conjuguer et ordonner à notre guise les verbes baiser, jouir, parler, boire, caresser, manger, masser, sucer, dormir, jouir encore, fumer, re dormir et re baiser… Non, sur ce coup-là, la belle Mathilde et moi, on ne s’est pas ratés – on a vraiment réussi un truc je trouve.
Réussi « un truc » – mais pour la belle Mathilde, que le truc en question puisse s’appeler un plan cul… ça, diable non, jamais ô grand jamais ! D’ailleurs s’il y avait eu une suite à cette nuit entre nous, une telle expression n’eut jamais été de circonstance (car le temps de cette nuit, s’il ne fut pas forcément « amoureux », fut tout au moins un intense et beau partage). Mais, de suite, il n’y en eut pas, et comme c’est elle qui ne me rappela pas, je compris rétrospectivement toute l’envergure de dénégation qu’il y avait eu dans cette remarque qu’elle avait faite alors que nous montions les marches de mon escalier : oui – si elle avait ressenti si fort le besoin de préciser que « ce n’était pas un plan cul », c’était naturellement que, pour elle, notre rencontre pourrait bien n’être que cela ! Après coup, tout me parut limpide… D’ailleurs faut-il que j’ai été naïf (ou trop conquis par son charme !) pour ne pas saisir sur l’instant que lorsqu’une jolie jeune fille se décide à coucher aussi vite, c’est très souvent sans imaginer donner la moindre suite à la relation. Marrant, quoi qu’il en soit, que Mathilde, elle si épanouie et décomplexée par ailleurs, ait éprouvé la nécessité de prononcer ces vilains mots comme pour les conjurer, comme si les dire était la seule façon de les nier et de profiter pleinement de ce dont nous avions tous les deux follement envie.
Mais chacun bricole comme il peut une solution pour vivre son désir – Mathilde se trouva cet alibi-là, et ma foi, cela me convint. Dès lors qu’elle eut fait cette remarque dans l’escalier, dès lors que la dénégation eut fait son œuvre, nos dernières retenues cédèrent. Oh oui, quelque chose céda et laissa la place au flot et à la folie du désir… Je nous revois nous sauter dessus à peine la porte de mon appartement refermée, rouler au sol et, tout de suite, elle me débraguetter et moi soulever sa petite jupe… on est passé en mode sexe oral à une vitesse incroyable, comme des affamés, et notre soixante-neuf improvisé sur le tapis de mon salon me reste comme un moment de très haute voltige en matière de galipettes ! De toute façon des images « hot », avec Mathilde, il ne me reste que ça et le temps d’une nuit on a décliné ensemble un nombre « respectable » de figures amoureuses.
L’un de ses orgasmes notamment fut pour moi l’occasion d’assister à une scène étonnante, à la vision sublime d’une jeune femme dans toute l’intimité de son plaisir. C’était dans la toute fin de l’après-midi, alors que le soleil baignait ma chambre d’une lumière dorée, que la chaleur était encore très forte et que la belle venait de se placer au-dessus de moi. Oui je me souviens, elle se campa solidement sur moi, se tint les yeux fermés et, d’un air très concentré, commença à faire tourner au mieux ses hanches sur moi.
Sa « technique » avait l’air rôdée, ses à-coups étaient lents, puissants et maîtrisés – et, à la voir ainsi, souveraine, décidée, je me suis dit que c’était vraiment une princesse (ou une déesse !) viking qui me baisait : sa couronne de tresses s’était défaite et sa coiffe échevelée tombait désormais en longues mèches devant son visage que le plaisir avait rosi –, mais le soleil couchant, juste derrière elle, enveloppait sa silhouette d’une aura de lumière et lui faisait comme une crinière de feu qui explosait en mille flammèches orangées… Oui, j’étais fasciné, fasciné par la beauté sublime de cette jeune femme qui se baisait sur moi, les yeux fermés, concentrée à traquer un orgasme qu’elle sentait monter et qu’elle était décidée à saisir – et je la vis se tendre une dernière fois, le visage contracté, la bouche entr’ouverte jusqu’à ce gémissement, cette confidence glissée dans un souffle : « Aaaah… je vais jouir ».
Et la belle Mathilde jouit, longuement, pour ne rouvrir les yeux qu’après son plaisir, se couchant sur moi pour m’embrasser langoureusement. Je l’avais vu jouir sur moi, mais comme loin de moi, presque seule pour ainsi dire. Le moment n’en fut pas moins extraordinaire pour moi, et je ne crois pas que le fait que nous ne nous connaissions qu’à peine ait été pour quoi que ce soit dans le côté « solitude partagée » de cette scène ; au sein du couple aussi (au cœur de l’amour aussi), ces moments existent – ces moments où l’autre est tout à sa jouissance et nous oublie, nous laissant comme démuni, simple spectateur d’un orgasme ravageur à quoi l’on n’a pas réellement part. Et puis elle et moi n’étions pas un couple, juste deux personnes qui s’étaient trouvées pour faire taire en eux le feu du désir et de l’été.
Lors de cette chevauchée-là, c’est elle qui me baisa, c’est elle qui se servit de moi pour assouvir son désir, mais entre elle et moi ce fut donnant-donnant – et je pris mon plaisir moi aussi, me « servant » d’elle pour visiter mes fantasmes à moi et jouir comme je l’entendais. Ainsi a-t-il fallu que je lui éjacule dans la bouche – car cela me semblait le seul acte qui puisse faire aboutir le feu d’artifice de notre rencontre, le seul acte capable de couronner le moment de satisfaction brute qu’était notre premier rapport. Rares sont les premières fois où un geste aussi intime se partage, mais avec Mathilde, encore une fois, la chose se fit naturellement.
Quand je me dégageai d’elle, alors que je la prenais en levrette et que je m’approchai à genoux de son visage – elle comprit immédiatement. C’est elle qui m’arracha la capote pour se remettre à me sucer et lorsqu’elle tira sa langue de façon obscène, ce fut le coup de trop, je me sentis partir. Plaisir fou, sauvage, archaïque – bien que ce ne soit là que la triste « litanie » des plus ordinaires fantasmes masculins : déverser mon sperme dans sa bouche, voir son visage angélique maculé de longues traînées blanches, et la voir finalement avaler, déglutir et me montrer sa langue à nouveau propre… autant de gestes et de visions qui devinrent réalité avec Mathilde et dont (je le sais) je jouis alors d’autant plus que cette belle grande fille était, encore deux heures avant, une parfaite inconnue. Elle m’a dit ensuite qu’elle savait combien ça plaisait aux mecs de jouir ainsi, combien ça pouvait nous rendre dingos de rejouer ces scènes qu’on voyait sans cesse dans le porno… du coup c’était un plaisir qu’elle aimait donner, lorsqu’elle en avait envie et qu’elle sentait le truc avec le partenaire.
Oui, ça a été ça, Mathilde, le mélange d’une très grande force et une façon follement intime de se livrer, d’avoir confiance, de redevenir fragile et de se blottir tout contre moi. Un drôle de mélange aussi de légèreté et de profondeur, de badinerie et d’engagement. Pendant la nuit, alors qu’on fumait un joint allongés tous les deux nus dans la chaleur de la nuit d’été, elle s’est un peu confiée à moi. On a parlé de nos familles, de nos projets à long terme, de nos espoirs et de nos aspirations ; un moment fort éloigné du plan cul donc. C’est le seul moment où elle est sortie de son régime d’énergie que je ne dirai pas « maniaque » ou « hystérique » (non, parce qu’elle était fine, intelligente, réfléchie et que toute sa personne renvoyait à quelque chose de plus subtil que cela), mais légèrement excessif, un peu en porte-à-faux, toujours à en faire un petit peu trop.
Encore une fois, avec le recul, je me dis que ce régime d’énergie très speed était sans doute sa façon de tout prendre en main afin de satisfaire son désir – ce qui n’est pas facile, même (ou surtout ?) pour une jolie fille. Toujours est-il qu’en l’instant de cette conversation quelque chose d’un futur entre elle et moi m’apparut ; – peut-être pour elle aussi ? Mais peut-être que ces moments d’intimité n’existèrent que pour donner le change, peut-être que ces confidences ne surgirent que pour rendre finement crédible notre rencontre et la grimer en toute autre chose qu’un vulgaire « plan cul » ? Sait-on jusqu’où l’on peut se jouer à soi-même (et ici je parle d’elle, de Mathilde) une pantomime de sentiments et d’émotions destinée à sauver les apparences, la pudeur, ou bien même une simple fantaisie qui n’aurait ce soir-là rien voulu voir de la violence du désir, mais seulement se plaire à « conter fleurette » ?
Elle est partie peu avant midi et m’a dit qu’elle m’appellerait. On était fin juillet, elle partait pour deux mois quelques jours plus tard, il n’allait pas être facile de se revoir. Mais on s’appellerait, s’écrirait, se donnerait des nouvelles et fin septembre, même si elle savait qu’elle ne serait pas à Paris, peut-être se reverrait-on. C’est là que ce fut le plus fragile, et dans ces derniers instants je crois qu’on a compris tous les deux où nous en étions, et ce que l’avenir serait pour nous. On s’est écrit – c’était gentil, plein d’attentions, mais déjà un peu vide de sens ; courant septembre elle me confia avoir été prise en stage à Londres et avoir rencontré « un type formidable ».
Les filles l’indiquent souvent sur leur profil Tinder : « pas de plan cul SVP ! », « plan Q : swipez à gauche, merci ! »… etc. Je crois qu’elles indiquent par là qu’elles ne veulent pas de ces rencards passés à la hâte seulement destinés à vérifier si les impressions partagées sur l’application étaient justes et bonnes et que, « c’est bon, on peut aller baiser ». Je crois que je les comprends – et, d’après ce que l’on m’a dit du niveau moyen des mecs sur Tinder, sans doute que de tels avertissements s’imposent !
N’empêche… n’empêche que je ne sais pas s’il est en ce monde un homme ou une femme qui puisse ne pas vouloir vivre un moment comme celui que Mathilde et moi avons partagé… Alors parfois dans mes souvenirs je la revois, cette belle et grande jeune fille – je la revois dans mes escaliers se retournant soudain pour me faire cette drôle de petite remarque (et ce sont ses yeux brillant de malice que je revois, tout comme renaissent en moi pour un instant quelques étincelles du désir qui à ce moment-là flambait entre nous et qui devait se consumer dans les heures suivantes pour disparaître à jamais) :
Que non, ma belle Mathilde, que non, ce n’est pas un plan cul ! – pour moi ce fut absolument tout sauf ça.