n° 19057 | Fiche technique | 93714 caractères | 93714 15917 Temps de lecture estimé : 64 mn |
01/07/19 |
Résumé: Intrigue policière et rencontres amoureuses dans un monde post-changement climatique. | ||||
Critères: #aventure #policier #sciencefiction #dystopie fh fff hh fhh ffh grp amour fellation cunnilingu pénétratio | ||||
Auteur : Igitur Envoi mini-message |
La porte s’ouvrit dans un grincement suraigu. L’homme sortit sur le pas de la porte et porta un regard circulaire sur les alentours. Puis il fixa son regard vers le couchant d’où arrivait lentement une terrible tornade. L’homme apercevait une énorme colonne de poussière et de vent éjectant de temps à autre hors d’elle des objets massifs qu’il n’identifiait pas, véhicules, morceaux de bâtiments, arbres, êtres vivants ? Il resta un moment comme fasciné à observer ce monstrueux pilier qui soutenait ce ciel noir impénétrable qui s’étendait progressivement vers lui.
Cette nuit va être terrible, pensa-t-il en refermant soigneusement la très lourde porte en acier, unique ouverture du gigantesque cube de béton qu’il habitait.
Un choc sourd contre la porte d’acier se fit entendre.
Il se dirigea vers un grand calendrier pendu au mur, s’empara d’un gros crayon et fit une marque rouge. Puis il se mit à compter les marques rouges.
Et il se cala au fond d’un large canapé au milieu d’une multitude de coussins.
Sur la table devant lui une bouteille remplie au trois quart d’un liquide doré et trois verres.
Les femmes cessèrent leur travail alors que des sifflements lugubres provenaient de la porte d’entrée. La brune Sarah qui était assise à la table du côté du canapé vint directement se pelotonner contre l’homme et lui donner un profond baiser. La blonde Michèle qui devait faire le tour de la table s’arrêta devant une bibliothèque pour allumer un vieux poste de radio qui diffusait du Glenn Miller. Musique continue, c’était la tradition pendant les tornades ou tout autre événement dramatique. En se dirigeant vers le canapé elle repensa à l’époque de l’information en continue. Elle eut un petit pincement au cœur en se souvenant des images et des mots de sa propre tragédie, ressassés, remâchés par des présentateurs-journalistes à l’air tellement satisfaits d’avoir du drame à annoncer.
Puis elle balaya ces pensées d’un « C’était il y a longtemps », et elle se lova à son tour de l’autre côté de l’homme en accueillant avec plaisir le verre qu’il lui tendait et sa main qui venait tendrement caresser son sein.
Sarah embrassait Philémon dans le cou tout en déboutonnant sa chemise, sans hâte. Pendant les tornades ils étaient sûrs de ne pas être dérangés, alors ils avaient pris l’habitude de sortir une bouteille de leur meilleur alcool et de faire l’amour tranquillement tous les trois dans le grand canapé.
Michèle dégrafa elle-même son chemisier et se délesta de son soutien-gorge pour laisser tout loisir à Philémon de promener ses doigts sur son buste. Elle dégusta une gorgée d’alcool et rejeta la tête en arrière en fermant les yeux. Elle songea que cette fois-ci vraiment ils avaient réussi quelque chose qui ressemblait à un vieux whisky écossais. L’alcool, les caresses de Philémon et celles de Sarah qui avait tendu le bras vers son corps pendant qu’elle embrassait goulûment la poitrine de l’homme, Michèle était détendue, heureuse. Elle oubliait sa vie passée balayée par les tornades. Elle allait se laisser aimer par Sarah et Philémon, comme toujours. Elle se laisserait envahir par la fougue érotique de la jeune Sarah, elle se laisserait dominer par le corps puissant de Philémon. Elle jouirait de son sexe autant que de la langue alerte de Sarah, autant des longs doigts fins de la femme que des rudes mains de l’homme. Elle ne prendrait que peu d’initiatives, les deux trouveraient ensemble le chemin de leur plaisir, elle jouirait encore de les regarder, de les entendre jouir. Et puis les fantômes reviendraient, ils ne sont jamais loin, mais elle pourrait alors les accueillir avec une tendre indifférence nostalgique.
Le soleil se levait au fond de la grande avenue jonchée de débris. Frank aimait bien commencer sa journée ici. Il s’imaginait la rue animée, les badauds, les devantures de boutiques, de cinéma, les vitrines, les lumières, il n’avait pas connu ça. Lui était de la génération des tornades, il était même né précisément le mois des sept tornades. Il se sentait fils de la tornade et justement sa parente était passée cette nuit, belle puissante, et il était temps de voir ce qu’elle lui avait apporté ou ce qu’elle avait fait ressurgir.
Surtout, il espérait ne pas tomber sur un cadavre. Frank était glaneur et il n’aimait pas jouer les fossoyeurs. Mais il connaissait la règle, le danger des cadavres qu’on n’enterre pas, "Celui qui le trouve s’en occupe, appelle les flics, les pompiers, les attend près du corps, ne touche à rien". La règle est simple quant à celui qui ne la respecte pas, il le regrette longtemps. Pour un glaneur, c’est une journée de perdue.
Frank avançait prudemment parmi les débris, comme à chaque tornade il était le premier sur les lieux et il commençait par essayer de repérer ce qui avait changé. Ce matin tout semblait chamboulé.
Il se dirigea vers un véhicule qui avait été projeté contre une façade et gisait explosé au sol. La tornade pouvait lui avoir fait traverser plusieurs milliers de kilomètres avec des trésors. C’était rare une telle carcasse, le véhicule semblait avoir été happé en bon état par le monstre qui avait traversé la région cette nuit.
Lorsque les autres glaneurs commencèrent à arriver dans l’avenue. Frank depuis une bonne heure avait récupéré à la hâte tout ce qu’il pouvait porter, tout ce qui semblait réutilisable. Il laissait le véhicule éclaté à deux de ses collègues, il leur restait beaucoup à glaner, notamment toute la mécanique automobile que Frank leur abandonnait, à la fois avec un désir de partage et parce qu’il n’aimait pas se salir les mains.
Arrivé sur place, Frank ne trouva que des morceaux épars juste bons pour les ferrailleurs. Les glaneurs commençaient à quitter l’avenue, au loin les lourds camions des ferrailleurs arrivaient avec leurs énormes électroaimants. Ils allaient débarrasser les ferrailles et laisser le champ libre aux terrassiers qui déblaieraient les gravats, sécuriseraient les bâtiments endommagés, écrouleraient ceux qui ne demandaient qu’à tomber. Ils remettraient enfin la chaussée en état et, à la fin du jour, avec la fraîcheur du soir, la vie de la cité reprendrait. Les marchands ambulants installeraient leurs échoppes, les cafés éphémères dresseraient leurs terrasses, on entendrait de nouveaux des rires et des chants jusqu’à la prochaine tornade.
Après avoir trié ses trouvailles Frank prévoyait de revenir profiter lui aussi de la fête. Il avait installé son lourd barda sur son dos lorsqu’il entendit un gémissement provenant de l’escalier d’une ancienne entrée de garage condamnée depuis des années. Plus d’un étranger s’était fait prendre à l’arrivée d’une tornade en croyant trouver là un refuge sûr. Dans l’escalier où il s’aventura prudemment, son lourd bâton à la main prêt à parer l’attaque d’un chien de tornade qui se serait égaré, il trouva une jeune fille menue, qui se tenait la jambe en sanglotant.
La jeune fille acquiesça en secouant la tête avec un geste qui fit voleter tout autour de son visage sa longue chevelure brune. Elle avait la peau blanche, un nez long et fin et deux grands yeux noisette. De longs cils noirs obombraient son regard. Ses lèvres fines entrouvertes tremblaient légèrement. Elle était belle et observait Frank tristement, avec un soupçon d’angoisse.
La jeune fille tendit timidement sa jambe. La chair blanche de sa cuisse était profondément entaillée sur une vingtaine de centimètres. Frank sortit sa bouteille d’eau et un long chiffon propre.
La jeune fille avait dit cela avec une voix faible un peu grave qui ajouta à son attrait aux yeux de Frank.
Frank avait remis le sac de son butin sur son épaule droite et passé son bras gauche sous le bras de la jeune fille pour la soutenir. Sous la longue chemise de lin qui lui servait de robe, ses seins sautillaient librement. Le soleil déjà violent les illuminait, comme si le tissu n’avait été qu’un fin voile transparent.
Il faisait déjà plus de quarante degrés et Frank, tout à son inquiétude d’atteindre le refuge assez vite avec sa blessée, ne dit pas un mot, ne posa aucune question pendant tout le voyage.
La jeune fille claudiquait courageusement sans se plaindre, pourtant il était visible qu’elle souffrait. Frank du coin de l’œil surveillait sans cesse l’état de sa malade et admirait ses formes et la grâce de ses mouvements qui ne laissaient de le séduire.
Au crédit municipal, devant le mur défoncé par un énorme camion, un attroupement observait la police et les pompiers affairés à essayer de pénétrer prudemment dans la banque pour juger des dégâts. Des murmures traversaient la foule par vague, la position du camion, l’endroit de l’impact, pour beaucoup ça ne faisait pas de doute : une meute de chiens de tornade avait déferlé sur cette petite bourgade tranquille qui n’avait jamais fait parler d’elle.
Quelques murmures d’approbation se firent entendre, d’abord isolés, ils se répercutèrent et devinrent un menaçant grondement. Le commissaire Rigaud, briscard de la police municipale calma la foule avec autorité :
Le jeune lieutenant Sylvie Massart, l’uniforme encore couvert de poussières blanches, s’approcha de Rigaud et lui murmura à l’oreille :
Il continua imperturbable :
Sans cesser de murmurer, une bonne partie de la foule s’éclipsa lentement, sensible à l’invitation de Rigaud d’aller s’occuper des dégâts occasionnés par la tornade à leurs propres maisons. Lorsqu’il fit volte-face avec Sylvie, Rigaud posa une main paternelle sur l’épaule de la jeune femme qui le conduisit jusqu’à la salle des coffres.
Il régnait dans la pièce un bazar indescriptible, chaises sens dessus dessous, bureaux renversés, papiers de toutes sortes étalés sur le sol. La première image rappela à Rigaud quelque scène de vieux film policier, tout lui semblait orchestré par un habile metteur en scène et un talentueux décorateur : les coffres béants, quelques pièces de monnaies à terre au milieu de restes calcinés de billets de banque, de titres et autres documents. Seules les odeurs âcres d’explosif et de papier brûlé le ramenaient à la réalité. Il n’était pas dans un vieux film et la nervosité de son ami Bruno en témoignait.
Le directeur de la banque tournait en rond avec un air désespéré.
Rigaud observa un instant au bout de l’avenue les terrassiers, les hommes et les engins, qui inspectaient les bâtiments.
Et avant que la jeune femme ne s’éloigne, il lui caressa les fesses longuement, d’un geste enveloppant et doux en songeant que cette affaire qui s’annonçait difficile allait l’empêcher de butiner aussi sereinement qu’il le souhaiterait ce petit derrière au goût de noisette. La tension des enquêtes difficiles avait toujours provoqué chez lui une intense excitation sexuelle.
Frank frappa trois petits coups espacés sur la porte en acier du grand bloc de béton et, en attendant qu’on vienne leur ouvrir, il donna ses dernières gouttes d’eau à boire à la jeune fille.
Le regard de Philémon qui s’était promené avec nonchalance sur la chemise trempée de sueur de la jolie fille s’arrêta sur le chiffon ensanglanté.
En pénétrant dans la grande pièce devant Frank et Hélène, Philémon cria :
Les deux femmes arrivèrent avec la trousse de secours, une grande valise en carton remplie d’un bric-à-brac de boîtes, de bouteilles, de bandages. Elles défirent délicatement le pansement de fortune de Frank et commencèrent à nettoyer la plaie. Hélène, qui visiblement souffrait, ne se plaignait pas. Elle avait attrapé la main de Frank et la serrait si fermement qu’elle lui faisait mal. Mais il restait stoïque.
Philémon lança un grand clin d’œil complice à Frank qui rougit.
Sarah sembla un peu effrayée par la proposition, mais ne broncha pas.
Lorsque Michèle eut ouvert la boîte, Philémon demanda :
Dans la salle planait un lourd silence seulement interrompu par un gémissement d’Hélène lorsque Michèle piquait les chairs à vif pour réaliser un nouveau point.
Frank pour ne pas regarder l’opération qui lui soulevait le cœur fixait avec une furieuse intensité les yeux d’Hélène. Elle ne semblait pas être vraiment consciente. Michèle qui avait plus souvent eu l’occasion de soigner Philémon y était allé un peu fort en anesthésiant cette petite jeune femme qui ne devait pas peser la moitié du poids de l’homme. Après le dernier point, Michèle paraissait exténuée. Elle se tourna vers Sarah :
Lorsque le pansement fut achevé, Hélène commença à relâcher la main de Frank. Elle s’endormait. Philémon, qui venait de poser verres, bouteille et nourriture sur la table, s’approcha de la jeune femme la prit dans ses bras en disant :
Frank l’accompagna dans la pièce contiguë et s’assura qu’elle était bien installée, sous le regard amusé de Philémon.
Frank était son glaneur préféré, il le considérait un peu comme son fils, comme ce que serait devenu son fils si la tornade ne l’avait pas…
Ils prirent place dans le grand canapé, entourant les deux femmes, Philémon près de Michèle et Frank à côté de Sarah qui voyant son air triste et inquiet l’entoura de son bras et posa ses lèvres tendrement sur sa bouche. Frank se cala au fond du canapé et ne refusa pas les caresses.
Michèle ajouta : d’ailleurs raconte-nous un peu où tu l’as pêchée cette merveille ?
Sarah, à travers le pantalon, massait désormais lentement le sexe de Frank qui sentait les tensions et les angoisses des dernières heures s’évaporer.
Lorsqu’il eut fini de raconter toute l’histoire son sexe était bien dur entre les doigts de la belle brune.
Philémon et Michèle étaient intrigués.
Sarah, avait fini par ouvrir le pantalon de Frank et elle faisait aller et venir ses lèvres sur le jeune sexe tendu du garçon qui, les yeux fermé, ne prêtait plus aucune attention aux interrogations de Philémon.
Dans la chambre de garde, Hélène dormait à poings fermés. Elle n’entendit rien des jouissances de Frank et de Michèle, non plus qu’elle n’entendît les coups frappés à la porte.
Philémon se leva et ferma la porte de la chambre de garde pendant que Michèle, Sarah et Frank retouchaient un peu leur tenue.
Philémon fit entrer Rigaud et Sylvie.
Les femmes de levèrent pour saluer les arrivant, Frank, lui, prit au contraire un peu de distance.
Sylvie eut un sourire complice, mais Rigaud resta sombre.
Rigaud restait silencieux il semblait réfléchir en caressant le joli cul de Massart.
La proposition de Philémon inquiéta Frank, il ne souhaitait pas que Rigaud découvre Hélène, pas avant d’en savoir davantage sur elle en tout cas. Philémon non plus ne le souhaitait pas, mais il connaissait bien son Rigaud, il savait que ne pas lui répondre et l’inciter à partir éveillerait des soupçons alors que l’inviter à partager le couvert et la gaudriole lui donnerait le sentiment de le détourner d’une enquête qui lui tenait à cœur.
Sylvie parut déçue de devoir partir déjà. Un moment passé avec Philémon, Sarah et Michèle était toujours plein de sensations et le garçon à l’autre bout de la pièce, bien qu’un peu jeune, était très à son goût. Ses longues mains fines et timides sur ses seins ou ses cuisses l’aurait bien changée des fermes paluches inquisitrices de Rigaud, même si elle adorait se faire manipuler par ces pattes-là.
Raphaël ne décolérait pas depuis la nuit précédente.
Les hommes en rond autour de lui se taisaient, la mine contrite.
Un homme entra dans le refuge essoufflé, il parla avec précipitation.
Quatre hommes et une femme se levèrent pour partir.
Au fond de la salle, sur de gros coussins de velours, une jeune femme pleurait discrètement, réconfortée par une autre plus âgée, longue, mince. Elle caressait les cheveux et embrassait le cou et les joues de la jeune femme en pleurs.
Et les longues mains fines de la grande femme s’aventuraient sur la poitrine de Caroline qui tremblait avec les sanglots. L’homme resté seul à l’autre bout de la salle les observait, la femme s’en rendit compte, elle hésita à continuer ses caresses et ses embrassades.
Sous sa longue jupe l’index de Mirjana faisait rouler son clitoris à travers le coton de sa culotte d’une pression ferme. Elle ferma les yeux et repoussa la tête en arrière, lèvres tendues vers la bouche de Mirjana. Les deux femmes roulèrent sur les coussins dans une étreinte saphique outrageuse, provocation envers Raphaël qui déplaça en les observant, bouche bée, son sexe coincé dans les replis de son pantalon.
Une femme entra, jeta un regard indifférent aux deux filles enlacées et s’approcha de Raphaël. Elle lui dit à voix basse :
Raphaël se leva.
Sarah et Michèle dressaient le couvert pour le dîner à une extrémité de la grande table pendant que Frank, à l’autre extrémité, triait les objets qu’il avait glanés après la tornade de la veille. Michèle servit trois verres d’un liquide brun. Elle goûta et tendit un vers à Frank :
Frank sourit et goûta le breuvage.
Ah mon beau, le vrai vin c’est…
Et Michèle fit tournoyer ses mains dans l’air. Et elle conclut en continuant ses moulinets :
Lorsque Frank entra dans la chambre de garde, Hélène tourna son visage vers lui les yeux encore ensommeillés. Elle lui sourit et lui tendit la main.
Hélène avait posé la main de Frank sur son sein et elle se caressait.
Frank rougit et embrassa Hélène.
Après un long baiser Hélène se leva et Frank la soutint jusqu’à la table. Philémon entra et tous se retrouvèrent autour d’une grande salade de légumes frais appétissants.
Hélène engloutit une grande bouchée de salade, la bouche pleine lui donnait un petit répit avant de répondre, un petit temps pour réfléchir.
Hélène avait compris que Philémon ne la lâcherait pas. Elle serra la main de Frank :
Le silence d’Hélène fut un aveu.
Michèle et Philémon frissonnèrent à cette dernière remarque.
Philémon baissa les yeux, Michèle lui caressa la main, comme pour l’encourager. Il prit une grande inspiration.
Hélène qui tenait toujours la main de Frank posa tendrement la tête sur son épaule.
Rigaud relisait la pile des constatations et des témoignages recueillis au cours de la journée. Personne n’avait rien vu de significatif. Certains pensait bien avoir entendu quelque chose « …mais vous comprenez, avec le boucan de la tornade… » Il lui semblait avoir lu cette phrase cinquante fois. Quant aux indices, ils étaient maigres, mais troublants. Par endroit dans la ville la poussière de la tornade avait conservé des empreintes de passage de véhicules. Au moins quatre véhicules différents. Trop pour une seule bande pensait Rigaud qui échafaudait un scenario où deux bandes se seraient croisées, peut-être même rencontrées. Pour Rigaud cela ne faisait pas de doute, des chiens avaient suivi cette tornade. Pourtant la réserve de la boutique du vieux Joseph dont la porte avait été arrachée n’avait pas été visitée.
Rigaud n’avait plus les idées claires il sortit de son tiroir une bouteille d’alcool de Philémon. Il se servit un grand verre et but une longue gorgée en songeant à Michèle, « une distillatrice hors-pair ».
La porte s’ouvrit et Sylvie entra.
Sylvie n’aimait pas plus qu’on la traite de grenouille que Rigaud de canard.
Rigaud posa sa grosse main sur l’épaule de Sylvie et ils sortirent du commissariat en saluant les agents de faction. Dans la rue une petite brise rafraîchissait l’air. Au loin, on entendait des rires de la musique des chants.
Les lendemains de tornades, lorsqu’il n’y avait ni mort, ni blessé, étaient des grands soirs de fête, la ville se retrouvait sur l’avenue, des guinguettes s’improvisaient, des terrasses apparaissaient, toute une génération spontanée d’installations festives.
Philémon, Michèle et Sarah étaient venus avec de la bière fraîchement brassée.
Si, une bande de gars qui rôdent, ils donnent l’air d’être seuls, mais on voit bien quand ils se croisent qu’ils échangent des signes de connivence. Tiens, le grand rouquemoute là !
Un rouquin dégingandé arpentait l’avenue un peu à l’écart. Il observait tous les groupes de jeunes, assis, debout, dansant et lorsqu’il croisait un autre solitaire comme lui, ils échangeaient silencieusement des signes d’intelligence, un doigt sur l’aile du nez auquel répondait un doigt à la commissure des lèvres.
Ils cherchent Hélène, pensa Philémon en se félicitant d’avoir insisté pour que Frank et elle ne viennent pas parader ici.
Sur un signe du grand rouquemoute les cinq inconnus convergèrent vers le même endroit. Bien entendu Massart et Rigaud choisirent la même direction pour une promenade en amoureux. Bras dessus bras dessous ou bouche à bouche, ils ne perdaient pas un agissement des jeunes qui s’étaient maintenant regroupés en une équipe compacte en plein conciliabule.
Sylvie et Rigaud gardaient un peu de distance et ne percevaient rien de leurs paroles. Soudain le groupe stoppa et fit demi-tour comme un seul homme. Sylvie en un éclair saisit Rigaud le plaqua dans l’ombre d’un porche, fourra sa langue profondément dans sa bouche et pour faire bonne mesure empoigna sensuellement son entrejambe. Lorsque le groupe passa il y eut quelques murmures envieux, surtout, Rigaud et Massart entendirent clairement. «… ils ont retrouvé les deux voitures, Raphaël veut qu’on laisse tomber pour la petite salope… »
Rigaud était maintenant persuadé d’avoir affaire à des chiens de tornade.
Ils les suivirent encore plus discrètement, si bien que, dans un dédale de ruelles, ils les perdirent.
« Une voiture, une petite salope ». Rigaud était perplexe.
Massart ne savait pas si elle était plus excitée d’avoir rencontré des chiens de tornade pour la première fois que d’avoir honteusement branlé son amant en pleine la rue. Quoi qu’il en soit, elle était excitée. Sans doute était-ce la conjonction de l’adrénaline du danger et de l’assouvissement d’une pulsion exhibitionniste qui la mettait dans cet état si délicieux. Elle avait toujours eu ce fantasme étrange, après avoir fait avouer un suspect, de baiser sauvagement Rigaud devant lui, dans la salle d’interrogatoire. Mais ça n’avait jamais été possible.
Un jour, seuls dans cette salle, il leur était bien arrivé de faire l’amour longuement, tendrement, avec ce délicieux petit doute euphorisant : « Est-ce que quelqu’un n’est pas en train de nous observer derrière la vitre sans tain ? »
En regagnant l’avenue, Massart et Rigaud rencontrèrent une patrouille en uniforme. Ils leur décrivirent les individus et leur ordonnèrent de les chercher, de contrôler leurs identités et de conduire en cellule ceux qui n’auraient pas de papiers en règle.
Puis ils rejoignirent l’avenue, Philémon, Sylvie et Michèle.
Philémon eut un frisson. Rigaud restait pensif. Sylvie, à l’écart, expliquait à Sarah comment ils avaient évité d’éveiller les soupçons. C’était très excitant de sentir leurs regards, d’entendre leurs murmures.
Du bout de l’avenue un agent accourait vers Rigaud.
Mirjana arrivait en courant, hors d’haleine vers Raphaël :
Raphaël dévisagea la femme en sueur.
Du bout des doigts il éprouva à la fois la moiteur du tee-shirt, le galbe du sein, la raideur du téton.
Un jeune homme entra et s’approcha de Raphaël qui continuait de caresser le sein de la femme. Le jeune homme restait silencieux, le regard fixé sur les doigts qui allaient et venait sur ce sein lourd. Le corps de Mirjana l’avait toujours fasciné en dépit de leur différence d’âge. Il était secrètement amoureux de la jeune Caroline, mais à chaque fois qu’il admirait le corps de Mirjana une terrible pulsion sexuelle s’emparait de lui.
Sous les doigts de Raphaël le sein se détendit.
Alors que les deux s’éloignaient la femme demanda au jeune homme à voix très basse :
Lorsqu’ils furent seuls dans la cuisine la femme s’approcha si près du jeune homme que leurs cuisses et leurs poitrines se caressaient et que la bouche de la femme touchait presque celle du jeune garçon lorsqu’elle murmura :
Le jeune garçon commençait à avoir une érection sous la caresse de plus en plus précise et insistante. La femme posa un instant ses lèvres pulpeuses et luisantes sur sa bouche tremblante.
Dans la chambre, elle jeta le garçon sur le lit et se mit à cheval sur ses jambes, sur son sexe. Ses mains posées sur sa poitrine le plaquaient lourdement sur le matelas.
La femme se débarrassa de son tee-shirt et fit danser ses seins luisant de sueur près du visage du garçon.
La femme ouvrit avec dextérité le pantalon d’où jaillit une belle érection qu’elle caressa un instant, puis s’arrêta, se redressa et considéra le jeune homme.
La femme, en contemplant le visage de sa proie jouait avec le bout du gland du jeune homme qui se laissait faire les yeux fermés. Elle releva à peine sa longue jupe se souleva un peu et enfila l’enthousiasme de la jeunesse en elle. Il ne lui fallut que quelques mouvements pour faire grogner le jeune homme et quelques mouvements de plus pour sentir jaillir sa semence et l’entendre étouffer un cri.
Mirjana se leva, rajusta sa jupe, enfila un nouveau tee-shirt et se tourna vers le jeune homme :
Pierre admira encore un instant ce long corps hiératique, cette cambrure, ces longues jambes, ces seins fermes sous le tee-shirt immaculé, impeccablement ajusté à leurs formes généreuses, plus que jamais, pour lui, Mirjana incarnait la déesse de l’amour, du sexe, de la luxure.
Philémon Sarah et Michèle trouvèrent Frank et Hélène enlacés sagement dans le grand canapé, endormis. Frank s’éveilla et prit délicatement Hélène dans ses bras pour aller la coucher dans la chambre de garde. Puis il revint voir Philémon qui l’attendait avec une bière.
Sarah plaqua un gros baiser sur la joue de Frank.
Sarah se serra contre Frank qui avait l’air interloqué de découvrir l’existence de ces mystérieux sous-sols et murmura :
Frank obtempéra sans mot dire et rejoignit, l’air songeur, la chambre où Hélène dormait sereinement.
Assis tous en rond autour de leur chef, le clan attendait que Raphaël parle. Les hommes formaient un premier cercle, deux femmes se serraient derrière eux, à l’arrière. À l’écart, Caroline d’un côté laissait errer son triste regard dans le vide et, de l’autre côté, Pierre et Mirjana qui avaient partagé naguère un secret et un orgasme étaient assis l’un près de l’autre. Discrètement la femme caressait la cuisse du jeune homme pour l’inciter à ne pas oublier son serment de silence.
Lorsque le regard autoritaire se posa sur le jeune homme la main de la femme s’immobilisa et se fit pesante sur sa cuisse, non loin de son sexe. Il garda le silence en baissant les yeux.
Il avait haussé fortement le ton sur ces dernières paroles et tous les hommes hurlèrent ensemble un « ouais » menaçant en levant le poing.
Pierre et Mirjana qui étaient restés silencieux au fond de la salle prirent le chemin des chambres suivis par Caroline, l’air de plus en plus triste.
Pierre caressa les cheveux de Caroline en souriant tristement :
Caroline esquissa un sourire.
La femme interrompit le long silence que les jeunes gens emplissaient d’un regard intense.
Elle leur caressa les cheveux en les regardant intensément tour à tour et elle murmura :
Mais elle ne continua pas l’histoire. Son regard embué s’était perdu dans le lointain.
La porte de la salle d’interrogatoire s’ouvrit violemment. Rigaud entra et s’assit en face du rouquin. Il posa ses deux mains bien à plat sur la table devant lui, coudes levés, comme un fauve prêt à bondir sur sa proie. Il le scruta un long moment avec un air méchant :
Derrière la vitre sans tain Sylvie jubilait de voir son fauve en action.
Le rouquin répondait maintenant sur le même ton sec et violent.
Rigaud se leva s’approcha de l’homme, menaçant :
Devant l’absence de réponse, Rigaud tourna les talons et quitta la pièce.
Sylvie l’accueillit derrière la vitre sans tain en se jetant à son cou.
Elle caressa les fesses Rigaud et sortit en disant :
Elle entra dans la salle d’interrogatoire calmement, s’approcha du rouquin posa sa main sur son épaule et se pencha vers lui en s’efforçant d’ouvrir le plus largement possible son décolleté.
Elle se releva, caressa la tignasse rousse du garçon et s’assit à côté de lui, à même la table, les jambes bien écartées.
Le garçon se taisait, indifférent à la présence du lieutenant. Sylvie écarta un peu plus les cuisses et se pencha à nouveau vers le garçon qui ne pouvait ignorer la couleur de son soutien-gorge, ni la teneur de son contenu.
Mais l’homme restait indifférent et silencieux. Il ne détournait même pas le regard.
Le silence était pesant. Le lieutenant Massart était excédée et le ton changea, elle hurla :
Cet éclat soudain acheva d’exciter Rigaud, les gestes équivoques, les cuisses, les seins offerts et maintenant ce cri rageur, Rigaud bandait comme un âne. Sylvie, tout miel, se trémoussa encore un peu avec davantage d’érotisme, puis vociféra à nouveau et finit par quitter la salle sans avoir entendu la voix du rouquin. Lorsque Rigaud la prit dans ses bras l’érection qui lui caressa le sexe lui rendit son sourire.
Rigaud pénétra dans la salle, encore sous le coup de l’excitation. Le rouquin jeta un œil sur lui, indifférent. Rigaud s’approcha de la chaise du rouquin et le toisa les mains sur les hanches sans rien dire. Le rouquin leva son regard un instant sur lui puis baissa à nouveau les yeux.
Depuis sa position, elle se rendait compte que Rigaud bandait toujours, et l’autre devait profiter de ce fort parfum épicé d’excitation qu’elle adorait retrouver en se blottissant entre les cuisses de son chef avant de l’effeuiller.
Il sentit tressaillir le rouquin et laissa glisser un peu sa main sur le torse jusqu’à effleurer un téton durci et percevoir les soubresauts excessif d’un cœur excité. La manœuvre répugnait à Rigaud, il fallait qu’il pense intensément à son lieutenant préféré pour continuer et ne pas balancer son poing au travers de la face de ce chien de tornade.
Ce n’était pas le moment de lâcher. Sylvie derrière la vitre éprouva une vive sensation de chaleur en observant cette scène tendue. Instinctivement elle passa sa main sous sa jupe en voyant Rigaud poser sa seconde paluche sur le torse du rouquin et le caresser avec un érotisme doux. La caresse que Massart se prodiguait elle-même était exactement celle à laquelle pensait Rigaud pour s’encourager. Il se pencha vers l’oreille de Léon et murmura :
Rigaud avait laissé descendre une main sur le ventre du rouquin pour le remercier d’avoir répondu, pour l’inciter à d’autres confidences. Il fut surpris par la fermeté de la ceinture abdominale qui avait quelque chose de sensuel. Rigaud pensait si fort à Massart qu’il croyait sincèrement être en train de caresser le ventre de sa maîtresse. Pour ne pas brusquer Léon et continuer de l’amadouer, Rigaud demanda, en laissant ses lèvres effleurer l’oreille de l’homme.
Léon n’émit qu’un grand soupir, mais la fermeté de son érection répondait pour lui.
Massart se demandait jusqu’où cela irait, elle espérait bien avoir l’occasion de voir jaillir une bite au milieu d’une forêt de poils couleur feu. Rigaud branlait lentement par-dessus son pantalon l’homme qui fermait les yeux, la tête appuyée contre le bras du commissaire. Dans ses plus flamboyants fantasmes il n’avait jamais imaginé se faire palucher aussi sensuellement par un flic.
Rigaud qui souhaitait mettre fin au plus vite à cette mascarade demanda :
L’homme ne répondit pas. Rigaud fit sauter les boutons de la braguette en repensant au jour où il avait fait exactement la même chose à la jeune lieutenant Massart. Il se rappelait son choc lorsqu’il avait été assailli par l’odeur musquée du désir puissant de cette jeune femme. Il lui semblait retrouver ce parfum aphrodisiaque maintenant, alors que les yeux fermés il fouillait la braguette de ce pantalon sous lequel aucun slip ne faisait barrière entre ses doigts et la chair moite, tendue du sexe du rouquin.
Sylvie avait les doigts inondés par son propre désir.
L’homme ne répondit pas. Rigaud avait compris, c’était donnant-donnant, le sexe fin et long de Léon se dressait entre les doigts de Rigaud. Il n’avait plus d’alternative. En gardant les yeux fermés, il reproduisit les gestes qu’il avait vu Massart faire si souvent, se mettre à genoux entre les cuisses ouvertes, caresser un peu la tige puis l’engloutir et la sucer avec vigueur comme une friandise.
Léon était en extase, Sylvie n’en croyait pas ses yeux, Rigaud se remémorait des clitoris onctueux pour s’encourager à poursuivre. Léon tressaillit, Rigaud le reprit en main et le branla vigoureusement en prenant bien soin de diriger le jet vers le ventre de l’homme qui soulevait son tee-shirt en se caressant. En voyant jaillir le sperme du rouquin Rigaud fut pris d’une furieuse envie de pénétrer Massart. Mais il ne se précipita pas dans la pièce à côté, Léon allait parler.
Et il parla ! Il déballa tout ce qu’il savait sans même qu’on lui pose une question, tout en étalant son sperme sur ses abdominaux en caresses circulaires. Lorsqu’il eut fini de parler il se laissa tomber en avant les coudes sur les genoux, comme vidé.
Sylvie fit irruption dans la pièce et se jeta au cou de Rigaud, heureux de la voir venir le délivrer de ce cauchemar pénien. Ils s’embrassèrent, se caressèrent en ignorant totalement Léon qui n’avait même pas songé à remettre sa queue dans son pantalon. La jupe de Massart promptement relevée, Rigaud assit sa maîtresse sur la table et plongea entre ses cuisses pour la lécher avidement et oublier cette petite bite qu’il avait dû sucer. Quant à son tour Sylvie déboutonna Rigaud et mit au jour son sexe épais, elle aperçut non loin d’elle une bite fluette se dresser légèrement au milieu d’une forêt de poils couleur feu.
Trois petits coups timides résonnèrent dans la grande pièce où Michèle inventoriait dans un grand cahier les composants électroniques déposés dans une boîte en carton. Elle posa tranquillement son crayon, referma le cahier qu’elle posa sur la boîte et se leva.
Elle se dirigea lentement vers la porte en se demandant qui pouvait frapper de la sorte. Elle connaissait bien les coups secs de Frank, les frappes énergiques de Rigaud, le rythme rapide du lieutenant Massart. Mais ce genre de petits tapotements, si discrets qu’ils seraient passés inaperçus si elle avait seulement écouté la radio en travaillant seule dans la grande pièce, ne lui semblait pas provenir de quelqu’un de connu. Elle se méfia donc et sécurisa la porte avec la grosse chaîne avant de l’entrouvrir.
Par l’entrebâillement de la porte une forte bouffée de chaleur lui coupa un instant le souffle. Le soleil était déjà bas sur l’horizon et le sol pierreux restituait à l’atmosphère toute la chaleur emmagasinée pendant une journée particulièrement torride.
Penaud devant la porte deux jeunes ruisselant de sueur, regardaient hagards cette longue femme blonde, vêtue d’une élégante robe de lin blanc qui les regardaient en silence. Pierre, comme hypnotisé par le regard profond, ne pouvait pas dire un mot et Caroline, exténuée par sa fuite, croyait voir, en ces voiles blancs qui dessinaient les formes d’une femme parfaite, l’incarnation d’un ange.
Michèle laissait planer ce silence plus longtemps que de raison. Ces deux enfants perdus l’amusaient. Un souffle d’air fit tournoyer la poussière. Caroline secoua la tête et ce geste allié au courant d’air qui s’immisçait dans sa chemise dévoila un magnifique grain de beauté sur le galbe bronzé du sein de la jeune fille.
Michèle sourit et décrocha la chaîne.
La bouche de la jeune fille s’entrouvrit, mais aucun son n’en sortit.
Les deux amis avalèrent chacun deux grands verres d’eau et se calèrent l’un contre l’autre dans le grand canapé.
Michèle regardait ce petit bout de fille à l’intelligence vive avec curiosité.
La jeune fille rougit. Pierre lui s’était endormi.
Michèle se demandait ce qu’elle allait faire d’eux, la maison ne pouvait pas devenir un refuge de chiens perdus recherchés par la police.
Une sirène retentit dans le bloc de béton, trois fois trois coups. Michèle alluma la radio : "D’ici une heure plusieurs nouvelles tornades atteindront la ville. Sécurisez tout ce qui peut l’être." Le message passerait en boucle jusqu’à l’arrivée des tornades, que marquerait le passage à la musique en continu.
Caroline et Pierre, que la sirène avait éveillé en sursaut, eurent l’air affolés.
Michèle avait fermé la porte de la chambre de garde lorsque Sarah, Hélène et Frank apparurent à la porte de fond. Ils semblaient enthousiasmés par leur nouvelle installation au troisième.
Tous la regardaient interrogatifs.
Hélène trembla d’effroi en entendant ce ton autoritaire qui lui rappelait Raphaël. Tous prirent place autour de la table en silence.
Lorsque le récit fut achevé Hélène demanda :
Hélène écarquilla les yeux et resta bouche bée. Était-ce une plaisanterie ? Sous cette latitude plus un élevage n’existait et faire venir du gigot depuis les zones tempérées surpeuplées aurait représenté un investissement gigantesque. D’ailleurs Hélène n’avait jamais mangé d’agneau, elle n’en avait même jamais vu un vrai !
Michèle la fit pénétrer dans une vaste pièce de quarante mètres carrés avec un énorme îlot central, des placards, des cuisinières, des fours et une multitude d’ustensiles pendus partout et dont Hélène n’avait pas la moindre idée de ce à quoi ils pouvaient servir.
Hélène tint la viande du bout des doigts comme s’il s’était agi d’un trésor fragile.
Ça, les légumes secs, Hélène connaissait, mais quand elle ouvrit le placard elle découvrit d’innombrables bocaux contenant des variétés de légumes qu’elle n’avait jamais rencontrées.
La viande et les légumes n’ayant plus besoin de leurs soins, Hélène et Michèle revinrent autour de la grande table. Hélène avait bien compris qu’il n’était pas encore temps pour elle de savoir d’où venait une telle profusion de nourritures dans cette région hostile où toute culture et tout élevage était impossible. La radio annonçait le passage imminent de tornades, plusieurs qui pourraient se combiner ou se contrarier, un risque de grand chaos. Comme à son habitude Philémon sur le pas de la porte observait la formation de l’énorme colonne de poussière et l’avancée des masses noires de nuages.
Raphaël avait demandé à tout le monde d’être sur ses gardes, prêts à agir en vitesse comme ils en avaient l’habitude. L’annonce de nouvelles tornades avait mis en joie toute la bande qui entrevoyait le moyen de se refaire de son échec récent. Les tornades c’était le terrain de Raphaël et sa bande. Les petits perceurs de coffres allaient rendre gorge et comprendre ce que sont de vrais chiens de tornade. Il fallait agir vite, les guetteurs avaient vu toute une bande arriver, ils suspectaient le moment du partage du butin.
Les femmes avaient placé toutes les affaires dans les voitures et s’étaient serrées à l’arrière de la camionnette, comme d’habitude. Bien sûr sans Caroline et sans Hélène, elles se sentaient beaucoup plus à l’aise. Les voitures avaient démarré en trombe et s’étaient immobilisées à proximité de la maison des suspects. Raphaël attendait, il les voulait par surprise, lorsqu’ils sortiraient ou pendant la tornade. Raphaël adorait fondre sur ses proies avec les tornades.
Les femmes riaient discrètement, pas tant pour ne pas troubler la concentration des hommes que parce que, dans ces moments de délires lesbiens, elles ne voulaient pas qu’une bite agressive ou qu’une main brutale vienne s’immiscer dans leurs échanges.
Leur plaisir ne put cependant pas être complet. Tout à coup, elles entendirent une agitation familière, des ordres murmurés. Quelque chose se passait. La bande avait fini son partage. Elle se disloquait, reprenait les véhicules, les moteurs vrombissaient, dans la clarté du jour finissant. Alors que les nuages sombres s’amassaient à l’horizon une course poursuite commença dans la ville.
Les deux véhicules de Raphaël étaient plus puissants, adaptés à la poursuite des tornades, les deux véhicules de l’autre bande étaient plus maniables, adaptés à la conduite urbaine, aux changements rapide de direction. Pour Raphaël il fallait faire sortir ces mecs de la ville avant qu’ils ne s’échappent dans un dédale de rues étroites.
Rigaud, après avoir bien profité des faveurs de son lieutenant pour célébrer comme il se devait les aveux de Léon, réunit une brigade pour aller investir la planque des chiens de tornade.
Sur sa chaise Léon n’avait pas bougé, il était toujours les coudes appuyés sur les genoux, le regard dans le vide. Le pantalon toujours ouvert. Sylvie lui ôta les menottes.
Alors que Léon se redressait, elle aperçut le petit sexe rose délicatement posé sur un abondant entrelacs de poils roux.
Léon regarda Sylvie avec un sourire tendre. Sylvie soupira avec un air de regret, pour une fois qu’elle avait un vrai roux sous la main.
Sur son coussin de poils roux le sexe avait repris un peu d’ampleur.
Sylvie interloquée éclata de rire, puis s’approcha et attrapa le sexe qui acheva de se dresser entre ses doigts.
Sylvie remit rapidement le sexe dans le pantalon et ferma la braguette.
Sylvie attrapa le bras de Léon et le poussa devant elle avec la brusquerie qu’elle réservait aux suspects et à certains amants. Ce traitement rude excitait Léon qui néanmoins voyait s’approcher la cellule avec inquiétude. Devant la grille, Sylvie le poussa encore vers une autre porte au fond du couloir. Derrière cette porte une petite chambre de garde avec un lit étonnement grand. Sylvie ferma la porte à clé et s’assit sur le lit en regardant Léon debout au milieu de la pièce.
Léon attrapa le bas de son tee-shirt en croisant les bras et le fit lentement glisser sur son torse, puis au-dessus de sa tête et finalement le lança au lieutenant qui admirait cette peau glabre, rosée et ces abdominaux secs bien dessinés. Sylvie attrapa le tee-shirt et en huma avec délectation ce parfum moins épicé que celui de Rigaud, ces fragrances aux relents d’herbes et d’agrumes du rouquin.
Elle ôta sa chemise sans la déboutonner avec les mêmes gestes que Léon et elle la lui lança. Pendant qu’il s’enivrait à son tour de son parfum Sylvie dégrafa son soutien-gorge et libéra une paire de seins lourds.
Passablement excité, Léon se débarrassa rapidement de son pantalon, exhibant une érection flatteuse.
Léon s’approcha, dégrafa la jupe avec précision et descendit la culotte avec délicatesse et lenteur. Alors que Léon allait la toucher, Sylvie se déroba et debout bien droite, les seins pointant fièrement, elle ordonna sèchement :
Léon s’exécuta et s’aplatit sur le lit la queue pointant vers le plafond. Féline, Sylvie rampa sur lui et fit une longue station la tête entre ses cuisses, le nez dans sa toison, autour de la verge dressé et des belles couilles rondes, s’enivrant de son fantasme de roux s’accomplissant. Elle dégusta un peu le membre, mais n’y trouva pas grand plaisir et finalement poursuivit sa reptation jusqu’à ce que leur deux sexes se rencontrent et s’unissent. Elle fit coulisser en elle le membre quelques instants, mais la chose trop mince, mal adaptée à son anatomie ne lui procurait pas un grand plaisir. Elle décida donc de changer la position et effectua un audacieux et rapide saut par lequel les deux corps toujours unis se retrouvèrent à l’inverse, lui dessus, elle dessous, les jambes de Léon à cheval sur sa cuisse. La fine tige de Léon bien raide ainsi décalée faisait naître de nouvelles et délicieuses sensations en frottant avec ardeur les parois internes de Sylvie. La position était satisfaisante, Sylvie ne prit pas le risque d’en changer jusqu’à l’avènement de leurs modestes orgasmes respectifs. Ils ne commentèrent pas l’exploit et Léon regagna la cellule où il s’endormit vite sur sa paillasse peu confortable.
La tornade soufflait comme un diable sur le cube de béton, mais à l’intérieur, seuls quelques sifflements lugubres trahissaient ce chaos. Michèle, Sarah, Philémon, Frank et Hélène autour de la table triaient, inventoriaient et rangeaient des vis, des boulons, des composants électroniques, des pièces de plastique et de métal de toutes sortes.
Visiblement Hélène n’arrivait pas à comprendre. Avec les chiens de tornade la vie n’avait qu’un objectif : récupérer tout ce qui pouvait se vendre, avoir de l’argent, toujours plus d’argent que Raphaël rangeait dans le coffre-fort de sa voiture. Pourquoi faire ? Elle ne l’avait jamais bien compris. Souvent pour réparer les voitures détériorées à force de chercher de l’argent. Pour acheter de l’essence afin d’aller chercher encore plus d’argent… Hélène avait le sentiment d’un cercle vicieux et se demandait parfois s’il n’y avait pas une autre raison cachée.
Tout le monde s’activa et Hélène oublia sa question sans réponse lorsque la petite voix de Caroline à la porte de la chambre de garde se fit entendre.
En se voyant les deux jeunes filles poussèrent un grand cri de joie et se ruèrent dans les bras l’une de l’autre. Tous observaient leurs effluves avec attendrissement.
À la porte Pierre regardait aussi les embrassades des deux amies, les bras ballants, il ne savait visiblement pas quelle posture adopter. Il avait l’air content de retrouver Hélène, mais semblait mal à l’aise dans cet endroit étrange au milieu de ces inconnus.
Michèle et Philémon apportaient sur la table un repas qui lui paraissait incroyable. Sarah s’était approchée de lui, avait passé son bras autour de ses épaules et lui avait déposé sur la joue un gros baiser sonore en disant :
Frank s’était approché des deux filles :
Et Hélène murmura : "J’ai encore faim de toi", suffisamment distinctement pour que Caroline l’entende.
Et Caroline de murmurer à l’oreille d’Hélène :
Hélène avait tant de choses à raconter à Caroline et Pierre que personne d’autre ne put prendre la parole pendant tout le dîner. Au milieu du joyeux brouhaha des quatre jeunes gens Philémon murmura à Michèle :
La radio diffusa encore longtemps la musique continue avant d’inviter les habitants à faire le bilan des dégâts les concernant afin que les aides se mettent en place rapidement.
Les trois tornades qui déferlèrent sur la ville furent si violentes que personne n’entendit les voitures qui se poursuivirent à vive allure. Et personne ne fut témoin de la manœuvre audacieuse qui propulsa au détour d’une avenue les quatre véhicules au cœur des tourbillons au moment où ils se mélangeaient en un gigantesque maelstrom.
Et lorsque le jour reparut personne ne tenta d’approcher les quatre véhicules noirs enchevêtrés les uns dans les autres horriblement disloqués. Les pompiers arrivèrent avec Rigaud qui avait attendu la fin des tornades dans le vieux fortin déserté par la bande de Léon. Le lieutenant Massart arriva seule, à pied, du commissariat.
Le chef des pompiers s’approcha de Rigaud et lui fit le triste compte des morts. Personne n’avait survécu et dans l’un des véhicules, éparpillé, le butin du cambriolage de la banque, vieux billets, vieilles pièces, titres jaunis.
Et ce cahier, ajouta le chef des pompiers en tendant à Rigaud un vieux livre. Et après un silence il laissa tomber :
Rigaud ne cilla pas, il avait une longue habitude de ne jamais laisser paraître la moindre surprise. Le cahier était le journal intime aigre d’un directeur de banque qui ne contenait plus ses frustrations. Il avait appris la manipulation de l’argent dans un monde capitaliste, mais il n’avait pas appris à s’adapter.
« J’accepterai mieux le communisme pourvu que l’argent demeure au centre de l’activité. Mais un monde sans argent ! » lut Rigaud à haute voix. « Comment peuvent-ils imaginer un monde sans argent ! C’est décidé, je pars, j’emporte tout cet argent qu’ils méprisent ». Rigaud continua à lire silencieusement en diagonale. Puis il referma le cahier :
Un détail chiffonnait encore Rigaud. Si Léon avait dit vrai, et il avait tiré ses aveux avec assez de douceur pour croire sa parole, le compte des morts de la bande de Raphaël n’y était pas. Léon en cabane, il manquait encore deux filles et un garçon.
Les glaneurs attendaient que les pompiers aient libérés tous les cadavres pour faire leur office dans les carcasses des quatre véhicules. Rigaud machinalement les observa puis se tourna vers Massart :
Sylvie à son tour passa en revue les glaneurs sans repérer le séduisant jeune garçon.
Le soleil avait chauffé le sol caillouteux à blanc et lorsqu’ils arrivèrent à l’imposant bloc de béton ils étaient trempés de sueur.
Après avoir rapidement embrassé Sarah Michèle et Philémon, Sylvie s’affala dans le canapé et se précipita sur le verre d’eau que lui offrait Sarah. Philémon et Rigaud s’assirent à la table et Michèle s’éclipsa dans la cuisine.
Rigaud commença son récit par un « c’est fini » un peu emphatique, puis il raconta les événements de la nuit. Sylvie pour sa part s’approcha de Sarah et lui conta dans le détail l’interrogatoire de Léon et sa suite. Elle parlait à voix base en caressant négligemment son amie passionnée par ce récit très érotique.
Un long silence s’installa que brisa Michèle :
Sarah lança un clin d’œil complice à Sylvie. Rigaud fronçait le nez.
À la porte de la cuisine apparurent Hélène et Frank qui l’entourait d’un bras protecteur.
Sylvie et Sarah entourèrent Rigaud, le caressèrent, le cajolèrent tranquillement pendant que tout le reste de la maisonnée s’affairait à préparer un grand repas. L’érotisme lascif des trois sur le canapé eut cependant des conséquences sur la jeunesse qui accompagna les préparatifs du déjeuner de promenades érotiques, sur un téton, sur une lèvre sur une joue, sur un pénis, sur une fesse. Les choses commencèrent par couple, Hélène goûta les lèvres de Frank, Pierre frôla le sein de Caroline et puis, au passage suivant Hélène transmit à Caroline le baiser de Frank et les mains, les bouches, les corps échangèrent indifféremment leurs tendresses.
Rigaud observait, rêveur, leurs petits jeux et il repensa à Léon avec un léger trouble lorsque la main de Pierre s’attarda sur l’entrejambe de Frank :
Sylvie partagea un grand sourire avec Sarah. Elle se leva et avant de partir exécuter l’ordre sans même rajuster sa tenue, elle murmura à Rigaud :
Rigaud avait un air un peu désespéré.
Lorsque Léon s’installa autour de la table où Rigaud avait demandé à être seul un moment pour le recevoir il lui dit d’un ton grave :
Léon l’interrompit.
Rigaud regarda Sylvie avec un tendre sourire. Il avait compris. Il avait compris qu’une fois encore Massart avait été plus subtile et plus rapide que lui.
Les retrouvailles des anciens de la bande de Raphaël ne provoquèrent pas d’effusions. Il fallut un petit moment à Hélène, Caroline et Pierre pour comprendre ce que signifiait le nouveau nom de Léon. Et la conversion de Léon en Henri était encore trop récente.
Plus tard dans la soirée Hélène pensa qu’il serait sain pour leur avenir qu’elle fasse la paix avec ce rouquin qui semblait maintenant assez inoffensif, voire touchant, entre les mains languides de Sarah. Alors elle s’approcha souriante et offrit son corps aux caresses éoliennes de Sarah sous le regard amusé d’Henri. Et Sarah, qui avait bien compris l’enjeu de la manœuvre, dit à Hélène :
Hélène se laissa glisser lentement. Les seins à peine voilés par sa chemise effleurèrent le visage d’Henri et leurs bouches s’unirent en un long baiser. Caroline comprit qu’elle devait aussi suivre ce rituel pour tuer définitivement Léon. Et Pierre à son tour mit autant de sensualité à s’approcher en murmurant, "Bienvenue Henri" avant de déposer ses lèvres sur sa bouche.
"Puis vint le silence des tornades…" Au fond de la bibliothèque municipale, Henri Parent écrivait. Il avait convaincu quelques habitués, lecteurs assidus, de s’y mettre avec lui.
Entraîné par un petit groupe de lecteurs et lectrices sensibles à son enthousiasme pour la lecture, mais aussi à ses cheveux roux, à sa peau rosé et à ses yeux verts, et avec les conseils des professeurs du lycée, la ville s’y était mise et progressivement renouvelait le stock de livres de la bibliothèque de leurs propres écrits, techniques, romanesques, historiques et même poétiques.
Henri Parent nourrissait aussi l’ambition d’un autre défi, conduire certains de ses meilleurs auteurs à dévoiler quelques-unes de leurs aventures érotiques dans une petite collection « rose » ; recueillir le témoignage savoureux de l’amour au temps des tornades. Car lorsque la tornade, ou un déluge à tout ennoyer, arrivait on n’était pas toujours chez soi. Il fallait rejoindre un abri et attendre, parfois longtemps. Alors, entre amis d’infortune, à deux, à quatre, à huit, un geste entraînait un autre geste, chacun tuait l’ennui de l’autre en lui prodiguant des plaisirs charnels. L’appartement d’Henri Parent était bien placé. On venait souvent s’y réfugier, toujours assuré d’y retrouver des compagnons prêts à partager une caresse pour ne pas entendre la tornade et plus lorsque les trombes d’eau tombaient pendant des heures. On y goûtait les délices d’une fellation ou d’un cunnilingus en écoutant des poèmes, avant de lire soi-même des poèmes, pour le plaisir d’autres qui cheminaient vers l’orgasme.
Henri n’hésitait pas à donner de sa personne pour persuader les hommes comme les femmes que leurs manières érotiques étaient du plus remarquable intérêt pour la littérature. Il y parvenait à merveille. Et jusqu’à la vieille bibliothécaire revêche et rigoriste qui finit par rédiger un traité de la masturbation qui eut un grand retentissement en explicitant ironiquement aux hommes certains aspects du plaisir féminin.
Hélène venait souvent à la bibliothèque pour apprendre, comme Caroline, Pierre et Frank. Ils avaient d’abord appris sous la houlette de Michèle, ce qu’il fallait savoir pour participer pleinement à la vie de la cité. Ensuite, ils avaient continué de venir seuls. Hélène avec son ventre rond venait pour tout savoir sur la façon de prendre soin d’un nouveau-né.
Caroline, Hélène et Pierre avaient été tellement fascinés à leur arrivée par les nourritures et les boissons diverses et profuses, qu’ils avaient unanimement demandé à travailler à « la ferme ». Ils ne s’attendaient pas à ce qu’ils découvrirent. Mais leur nouveau travail les remplissait de bonheur dans des installations agricoles en sous-sol, rafraîchies naturellement, éclairées par des lumières artificielles. Les caves, les parkings, toutes surfaces enterrées et fraîches transformées en champs, en potagers, en vergers, en champignonnière, en poulaillers, en élevages de toutes sortes, ou en vaste réservoir d’eau. Toute une agriculture réinventée dont ils écrivaient avec Henri les techniques et les savoir-faire dans une vaste « Encyclopédie de l’agriculture en ville ».
Hélène et Frank, Caroline et Pierre au troisième sous-sol de la maison de béton étaient proches de la plus grande installation de la ferme, celle qui élevait de si beaux agneaux.
Chacun en ville participait peu ou prou aux travaux de la ferme, ne serait-ce qu’à travers la collecte et le recyclage des déchets et des eaux usées. Bien que la saison des pluies fût généreuse, la ville anticipait des sécheresses plus longues, des pénuries plus drastiques, des tornades plus violentes. La ville avait appris à anticiper.
À l’écart des grandes routes la ville restait réputée morte, rares étaient les étrangers que le hasard poussait jusque-là. Et lorsqu’une âme perdue s’y aventurait, le plus souvent, elle n’en repartait pas. Il y avait toujours des appartements à habiter, des identités inconnues à endosser et nulle part dans le pays la liberté sexuelle ne s’était épanouie comme ici. Massart et Rigaud veillaient à la tranquillité de la ville. Philémon et Michèle veillaient sur Hélène, Pierre, Caroline et Frank, comme ils avaient prévus jadis de veiller sur leurs propres enfants. Henri Parent veillait à écrire les récits de leur vie, Sarah veillait sur tous, comme une sœur, comme une mère, comme une amante, comme une maîtresse, selon son humeur.
FIN