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n° 19071Fiche technique8621 caractères8621
Temps de lecture estimé : 6 mn
08/07/19
Résumé:  Faire l'amour une dernière fois avec quelqu'un d'avec qui on se sépare.
Critères:  fh dispute humour
Auteur : Samuel            Envoi mini-message
Faire l'amour une dernière fois

CYNTHIA — Bon, Marius, cette fois ça suffit ! Tu as dépassé les bornes, et ta dernière nuit avec ma meilleure copine a été la goutte d’eau…

MARIUS — …qui a fait déborder la vase…

CYNTHIA — Ouais, si tu veux, la vase… pour ne pas dire la boue.

MARIUS — Tu sais, avec Delphine, on a plutôt rigolé. Une bonne poilade.

CYNTHIA — Oui, je sais. C’est moi qui suis chatouilleuse et c’est Delphine qui rigole.

MARIUS — Elle m’a juste un peu sucé, comme ça, entre deux éclats de rire.

CYNTHIA — Bon, ça va. Je ne veux pas de détails. Je pense quand même après ça que tu es, comme moi, bien d’accord pour qu’on se sépare.

MARIUS — C’est ta décision et je la respecte, même si je pense que c’est faire d’une mouche un éléphant.

CYNTHIA — Alors tu prends tes affaires et bye bye Roméo !

MARIUS — D’accord, d’accord, mais il me faut un peu de temps pour m’organiser.

CYNTHIA — Combien de temps ?

MARIUS — Je ne sais pas exactement. Ce soir, j’irai dormir chez Émile, pas de problème, mais je ne peux pas prendre toutes mes affaires.

CYNTHIA — C’est entendu. Tu viendras quand tu veux les rechercher. Garde ta clef pour le moment.

MARIUS — Il y a autre chose que je voudrais te demander.

CYNTHIA — Quoi ?

MARIUS — Je voudrais qu’on fasse l’amour une dernière fois.

CYNTHIA — Quoi !

MARIUS — Mais oui, ce serait tellement émouvant. Tu comprends, on sait toujours quand on fait l’amour pour la première fois ensemble, mais on ne sait jamais quand on fait l’amour pour la dernière fois ensemble. Or, c’est ça qui donne un supplément d’émotion dont il serait stupide de se priver.

CYNTHIA — Tu es malade. Quand c’est fini, c’est fini. Point à la ligne.

MARIUS — Passons un deal, un accord entre nous. Moi, j’accepte la séparation ; toi, tu acceptes qu’on baise encore une fois avant de se quitter. Ça me paraît moralement correct.

CYNTHIA — Je ne vois pas ce qu’il y aurait de moralement correct dans tout ça.

MARIUS — Imagine. Je te déshabille pour la dernière fois. Tu prends mon sexe pour la dernière fois. C’est du Rimbaud, du Baudelaire ! Ma dernière pénétration… C’est beau à en pleurer. On pleure de jouissance et de l’absence qui vient. Voilà, c’est la nostalgie au présent ! Et ça, on ne le fait jamais. La nostalgie fait toujours référence au passé. Tandis que nous, nous allons vivre la nostalgie au présent. Tu te rends compte de la folie de ce qu’on va réaliser.

CYNTHIA — Parce que tu es toujours persuadé que je vais marcher dans ta combine.

MARIUS — Il n’y a aucune combine, juste un cadeau d’adieu, plus charnel et délicat que n’importe quel cadeau. Moi, je serais tellement ému que je m’en souviendrai toute ma vie. Au lieu de partir sur des mots de mise à la porte, du genre : « tu prends tes cliques et tes claques, et du dégages la piste ». Alors là, on reste sur une mauvaise impression, et c’est aussi vrai pour celui qui s’en va que pour celle qui reste, et qui reste avec son humeur massacrante.

CYNTHIA — Le problème, Marius, que tu ne veux pas comprendre, c’est que moi, après tous les coups foireux que tu m’as faits, je n’ai plus du tout envie de baiser avec toi. Et j’ai plutôt envie de te détester, pour que la séparation soit plus facile, vois-tu. Et le plus vite sera le mieux. Alors, me remettre au lit avec toi, ça ne ferait que tirer sur un fil qui est déjà usé jusqu’à la corde.

MARIUS — Moi, je ne crois pas que tu puisses me détester aussi vite. Ça ne se décide pas. Moi, je sais bien que, même si je m’en vais ce soir, je conserve pour toi un réel attachement, un profond respect et encore, que tu le veuilles ou pas, une forme d’amour. Appelle cela comme tu voudras, mais je sais que tu ressens la même chose. Cinq ans ensemble…

CYNTHIA — Quatre ans, pas cinq.

MARIUS — Peu importe, quatre ou cinq, ce qui compte c’est d’accepter cette forme de séparation que je te propose. Je suis d’accord sur le fond, accepte cet accord sur la forme.

CYNTHIA — Tu es fatigant avec cette idée fixe.

MARIUS — J’ai besoin, pour dégager la piste comme tu dis, de te voir une dernière fois dans ta nudité totale et absolue, et de garder de toi cette image sublime et non la vision de cette virago qui me jette à la rue comme un malpropre.

CYNTHIA — Bon, OK. Mais c’est pour avoir la paix, parce que j’ai l’impression que sinon demain on y sera encore, avec l’accumulation d’arguments à la con dont je te sais capable.

MARIUS — Ah non, si c’est comme ça, je ne veux pas !

CYNTHIA — Comment ça, tu ne veux pas !

MARIUS — Non, je veux que tu communies avec moi dans la même émotion, que nos deux corps trinquent à l’amour éternel, que nos liquides vaginaux et séminaux soient mêlés de nos pleurs, que nos épidermes gardent ce frisson gigantesque jusqu’au jour de notre mort.

CYNTHIA — Tu peux arrêter ton baratin, maintenant que tu as vendu ton article. Tu ne vas pas parler comme ça jusqu’à la fin des fins ?

MARIUS — Je me tais. Mets-toi nue. Assise sur la table de la cuisine. Renverse-toi. Donne-toi. C’est la dernière, Cynthia…

CYNTHIA — Donne-moi ta verge que j’ai tant sucée… dans les cafés, dans les trains, dans les cinémas…

MARIUS — Dans les jardins.

CYNTHIA — Oui, dans les jardins. Je deviens idiote, mais je me sens prise aussi par cette émotion de la dernière fois. Comédienne, je sais ce que signifie la dernière quand on a donné un grand nombre de représentations, tout ce qu’on peut ressentir. Mais qu’est-ce que tu me fais là avec cette farine ?

MARIUS — Comédienne, tu as connu les blagues de dernière ?

CYNTHIA — J’ai toujours détesté ça. Allez, baise-moi, avant que je ne pleure tant je ne sais plus si je suis émotive ou simplement stupide d’avoir accepté ton plan qui n’est autre qu’un plan-cul. Pénètre-moi une dernière fois, mon petit Marius. Oui, oui… C’est toujours aussi bon. Non, tu avais raison, c’est meilleur aujourd’hui parce qu’on sait qu’on se quitte… Que c’est bizarre tout de même…

MARIUS — Je suis ému moi aussi comme jamais. Je ne pensais pas que ce serait aussi fort.

CYNTHIA — Prends-moi par le cul ! J’ai toujours refusé en théorie la sodomie, même si je te l’ai accordée quelques fois, mais en ce jour, vas-y, Marius, encule-moi. Allez ! À fond ! Ça ne me fait même pas mal aujourd’hui !

MARIUS — Rien ne peut nous faire mal aujourd’hui, rien ! Tout n’est qu’instants de bonheur absolu ! Quand on pense qu’on aurait pu ne pas connaître ça !

CYNTHIA — Tu vas partir sur un orgasme à hurler, alors qu’on faisait l’amour sans ressentir cette puissance de l’émotion… Vas-y, décharge dans mon cul ! J’ai envie de ça et de te parler avec toute l’obscénité qui convient à cette situation paradoxale.

CYNTHIA — Qu’est-ce que tu fais ?

MARIUS — Je prends mes cliques et mon clic-clac. Roméo se casse.

CYNTHIA — Tu crois qu’on peut encore se quitter après ce qui vient de se passer ?

MARIUS — Oui, bien sûr.

CYNTHIA — Marius, s’il te plaît, je n’ai pas envie que tu partes…

MARIUS — Je vais être franc avec toi, Cynthia. Si j’ai couché avec Delphine (je savais bien qu’elle te le raconterait), c’est parce que j’étais sûr qu’à partir de ce moment-là tu demanderais la séparation. Et ça fait des années que j’ai cette obsession : faire l’amour une dernière fois avec quelqu’un d’avec qui on se sépare. C’était un fantasme qui m’obnubilait, et franchement je n’ai pas été déçu.

CYNTHIA — Je voudrais vraiment que tu restes…

MARIUS — Pourquoi tu veux toujours tout gâcher ?