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n° 19076Fiche technique48001 caractères48001
Temps de lecture estimé : 27 mn
11/07/19
Résumé:  Un peintre et son modèle, le thème serait classique sauf si la modèle est la filleule de l'auteur et qu'elle est enceinte.
Critères:  fh hplusag enceinte vengeance odeurs fellation cunnilingu anulingus pénétratio fdanus fsodo
Auteur : Amateur de mots et de...            Envoi mini-message
Juste une parenthèse




La pâte fine et serrée du graphite glisse délicatement sur le papier à grain, esquissant puis affermissant par petites touches la courbe d’une épaule. Voilà huit mois que pour faire suite à une séparation j’ai quitté mon atelier parisien pour cette petite propriété perdue dans le bocage, si humble et si doux, de Normandie. Voulant faire le vide d’une longue vie parisienne et des souvenirs qui s’y attachaient, j’avais un peu surestimé ma réputation de dessinateur, la pensant suffisamment assise pour qu’elle me suive à la trace. Il faudra un peu de temps pour que les habituels clients me pistent et que les commandes affluent. Passé le doute que mon art puisse subsister à cette émigration régionale, j’avais accepté un travail de commande consistant en douze illustrations de l’Histoire de Dom Bougre, roman libertin du XVIIIe siècle attribué à Jean-Charles Gervaise de Latouche.


La lubricité rocambolesque de ce moine paillard, grand dépuceleur de religieuses malgré elles, associée à la naïveté perverse de ces nonnettes me laissait un large assortiment quant au choix des scènes. Entre les gorges, fermes, grasses et blanches, libérées du voile des guimpes ; les coups de vit allongés dans les cons les mieux formés de ces charmantes et vigoureuses recluses, je ne manquais pas de matières à illustrations. Je m’appliquais donc à imaginer, derrière le verrou des cellules, les corps couchés sur des lits défaits, la gorge nue, les jupes levées et les cuisses écartées quand le téléphone sonna.


– Parrain, c’est Clarisse, comment vas-tu ?


Clarisse était la fille d’un couple d’amis d’enfance pour laquelle j’avais, au nom de l’amitié, accepté d’être le parrain. L’éloignement avait peu à peu distendu les liens avec les parents, mais j’avais, par devoir, conservé un contact régulier avec ma filleule. À chaque anniversaire je n’oubliais jamais de lui envoyer un jouet, puis une robe ou un chemisier à mesure qu’avec l’âge ses centres d’intérêt évoluaient. La dernière fois que nous nous étions vus, c’était il y a environ dix-huit mois. J’avais été invité pour le baptême de Vincent, son premier enfant. Clarisse m’avait alors paru fatiguée. Outre que son corps s’était un peu épaissi, elle semblait, abattue, moins coquette et j’avais mis ce changement sur le compte d’une légère dépression post-partum.


– Je voudrais te demander un service, parrain. Est-ce que je pourrais venir passer une semaine chez toi, je viendrai seule, je t’expliquerai.


J’avais machinalement répondu « oui, bien sûr », sans poser de questions sur les raisons de cette demande singulière. Clarisse était mariée à Johan depuis presque cinq ans et l’insistance avec laquelle elle m’avait précisé qu’elle venait seule m’avait cependant un peu surpris.


Quelques jours plus tard, un taxi déposait ma filleule devant le portail. Par la fenêtre entrouverte de mon atelier, je la vis s’approcher de la maison et sortais pour l’accueillir. Clarisse n’avait pas changé depuis notre dernière rencontre. La jeune femme rieuse, un peu effrontée, élégante malgré sa petite taille paraissait maussade, un peu boudeuse. La tunique qu’elle portait sur des leggings noires n’avait rien de gracieux, mais semblait avoir pour seul but de masquer les rondeurs que je devinais toujours présentes.



En prenant Clarisse dans mes bras pour l’embrasser je sentis une rotondité aussi ferme qu’anormale qui freinait dans mon élan.



Le ventre de ma filleule présentait un léger embonpoint épanoui qui ne pouvait être que l’annonce d’une future naissance.



Avec la délicatesse un peu gênée des hommes face à une femme enceinte, je me précipitai vers la valise et baissai ridiculement la voix comme au chevet d’un malade.



Le premier soir, Clarisse resta dans sa chambre. J’avais préparé un plateau sur la table de la cuisine et au matin, en descendant je vis qu’il avait disparu. Je ne lui posais aucune question. Si elle voulait se confier, elle le ferait d’elle-même.


Au bout de quelques jours, elle semblait avoir retrouvé sa joie de vivre et je m’étonnais même de sa soudaine vivacité, de son énergie recouvrée. Je m’étais remis à mes croquis. La musique et le bruit des plongeons furent les signes de sa renaissance positive. Les repas pris au bord de la piscine devinrent plus joyeux. Clarisse avait retrouvé son franc-parler et son goût pour les taquineries. Elle se laissa même aller à quelques confidences et il me semblait comprendre, qu’outre la difficulté à assumer sa deuxième maternité rapprochée, c’était l’éloignement, le désintérêt de Johan qui était la cause de son anxiété et de sa mélancolie. À mesure que les jours s’écoulaient, Clarisse, comme une plante rencaissée, se fortifiait. Volubile, elle retrouvait son humeur habituellement jacassière.


Malgré mes discrètes recommandations de ne pas boire trop d’alcool, le grand verre de rosé frais qu’elle avait buvoté en en vantant les saveurs de fraises et de fruits blancs subtilement épicées, lui avait un peu tourné la tête. La nuque appuyée sur le dossier, je regardais le soleil se coucher derrière les volutes de fumée de ma cigarette vespérale, elle se rapprocha et posa la sienne sur mon épaule. Ce geste confiant d’abandon ne me surprit pas. Nous retrouvions naturellement la complicité joyeuse qui s’était nouée entre nous malgré l’éloignement et notre différence d’âge. Je me surpris à caresser négligemment ses cheveux comme je le faisais quand elle était plus jeune et qu’elle me confiait ses états d’âme de toute jeune fille.



Clarisse restait silencieuse. Comme elle le faisait quand, adolescente, ses parents lui interdisaient de fumer, elle avait chipé entre mes doigts la cigarette qui se consumait et en tira juste une bouffée avant de me la rendre. Elle regardait les enroulements bleutés se dissiper dans l’air tiède en massant doucement son ventre rebondi. Allongeant ses jambes sur le banc elle posa sa tête sur mes genoux. Les lentes et profondes notes de la suite pour violoncelle n°2 de Bach s’insinuaient dans les sinuosités du chèvrefeuille qui courrait au-dessus de nos têtes. Alors que s’éteignait la dernière note, Clarisse, poussa un long soupir, saisit ma main et la posa sur son ventre arrondi comme pour prendre le relais de sa caresse apaisante.



Je me taisais. Les paupières closes, elle semblait chercher ses mots.



Je débitais, par jeu, tous les synonymes de pute que je connaissais en recherchant par amusement les plus archaïques.


– Cette courtisane, cette demi-mondaine, cette femme légère, cette hétaïre… cette catin, cette garce, cette cocotte…

– Non, non… j’ai mieux pour elle : cette pétasse, cette pouffiasse, cette morue, reprit-elle en riant

– Cette coureuse, cette femme de petite vertu, cette fille de joie… Cette fille des rues, cette péripatéticienne.

– Non, j’ai encore mieux ! Cette prostipute, cette pouffe, cette biatche, cette teupu… cette radeuse…


Clarisse, à bout d’inspiration, éclata de rire. Dans la pénombre je devinais ses yeux verts qui pétillaient et me réjouissais de sa gaieté retrouvée.

Nous étions à la veille de son départ. Je glissais sous sa nuque un coussin et me levais pour débarrasser la table de notre dînette.


– Tu devrais profiter de ta dernière soirée pour piquer une tête dans la piscine. L’eau fraîche va te faire un bien fou.


Je rejoignis la cuisine et y déposai les assiettes avant de rejoindre mon atelier. La soirée s’annonçait tiède et lumineuse. J’entendais Clarisse barboter et mon crayon glissait, léger, sur le Canson.


– Encore au boulot ?


Je levais la tête. Clarisse était appuyée contre le chambranle de la porte. Enveloppée dans une sortie de bain de coton blanc, elle séchait énergiquement ses cheveux.


– Tu fais quoi ?

– J’essaie de terminer une commande. Je dois avouer que je suis un peu à la bourre.

– C’est quoi comme commande ? Des dessins ?


Inconsciemment peu fier de ce travail alimentaire, je me lançais en préambule par des finasseries sur la nécessité d’accepter tout ce qui pouvait regonfler mon bas de laine un peu mis à mal par les travaux d’aménagement de la propriété et le divorce. L’illustration n’était pas l’expression artistique que je préférais, mais c’était, en revanche, très rémunérateur.


– Et c’est quoi comme illustration ?

– Douze dessins pour une nouvelle édition de l’Histoire de Dom Bougre, portier des chartreux.

– Un truc de curé !

– Ah… Non pas trop ! Enfin pas vraiment. C’est un bouquin libertin du XVIIIe siècle. Un livre qui, sous le couvert de l’érotisme, se voulait comme une attaque de tous les pouvoirs de l’époque, moraux, politiques et religieux.

– Ah ouais, je vois, un truc de cul alors ! Tu fais des dessins comme ça ?


Clarisse s’approcha de ma table et se glissa derrière moi pour regarder par-dessus mon épaule les esquisses éparpillées sur le bureau.


– Ah ouais, quand même c’est trop des trucs de cul.


La liberté et le naturel avec lesquels ma filleule s’exprimait ne me surprenaient plus. La spontanéité de ses propos, ruse de la sensualité ou de la fausse naïveté propre à sa génération, avait même, je l’avoue, quelque chose d’érotique, presque de sensuel.


– C’est quand même l’illustration, comme tu dis, d’une bonne grosse pipe que tu dessines ? Ah ouais, quand même, c’est trop bien fait. On dirait presque que c’est vrai. Bon, OK, c’est ton métier, mais quand même c’est super bien fait.


Clarisse tournait d’une main les pages de mon carnet de croquis, tout en continuant à se sécher machinalement les cheveux de l’autre.


– Tu dessines trop bien. C’est vrai.


Elle s’était arrêtée sur l’ébauche d’une nonnette, allongée sur un lit, cuisses écartées avec pour seuls vêtements sa guimpe et son voile.


– Tu fais comment, tu ne prends quand même pas une bonne sœur comme modèle pour dessiner ça ?

– Pour les dessins de ce genre, je ne prends pas de modèle, je fais cela de mémoire, si je peux m’exprimer ainsi. Par contre il m’arrivait à Paris de prendre des modèles, surtout au début de ma carrière, et même maintenant pour les poses les plus compliquées.

– Bien sûr, mais il faut être trop canon pour être modèle !

– Ah non, non, non, pas du tout, modèle c’est un métier et on y trouve de tout. Des grandes et des petites, des jeunes, des plus âgées, des noires, des blanches, des grosses, des maigres, il en faut pour tous les besoins et les goûts. Par exemple dans le cas d’illustration sur le dix-huitième siècle, il vaut mieux avoir des modèles avec des formes plus généreuses. Les goûts en la matière ont changé. Les mannequins filiformes d’aujourd’hui n’auraient eu aucun succès il y a deux cents ans. On préférait les femmes plus grassouillettes, plus dodues.

– Ah, ben avec mes kilos en trop j’aurais été au top dans ton siècle !

– Dans mon siècle, tu y vas un peu fort. Insolente !

– Oh… pardon, pardon, pardon ! répétait-elle.


Clarisse s’était agenouillée devant moi et mimait la repentance en riant.


– Tu mériterais une fessée, dis-je sur le même ton de la plaisanterie.

– Oui, mais pas tout de suite, ajouta-t-elle dans un murmure énigmatique, avant de continuer d’un ton détaché. Bon, si j’ai bien compris je suis le modèle type des femmes de ton XVIIIe siècle. Eh ben, j’ai qu’à te servir de modèle. Ben oui ! Tu n’as qu’à faire mon portrait… mais au fait, tu as offert à mes parents leur portrait et moi qui suis ta filleule et tu n’as jamais fait.


J’essayai de me remémorer les années passées pour préparer ma défense quand elle m’interrompit.


– Allez, c’est le moment ! Fais-moi plaisir !


Tout en parlant, elle avait jeté sur la méridienne, la serviette qu’elle avait laissée sur ses épaules et dénouait la ceinture du peignoir.


– Tu n’as pas besoin de te déshabiller pour un portrait. Tu peux le garder.

– Ben, non ! Quand on est modèle, on est nue. Pourquoi ? Ça te dérange de me voir à poil ?


Avant même que j’aie pu répondre, elle avait glissé ses mains dans son dos et dégrafé le haut du maillot de bain noir et la culotte glissait déjà le long de ses jambes.

Elle se tourna vers moi, les mains sur les hanches, dans une posture feinte de provocation.


– Alors, je ne suis pas XVIIIe, avec mon bidon et mes petits bourrelets. Juste dodue comme il faut ! Je me mets sur le canapé, hein !


Clarisse ne correspondait pas vraiment aux canons des modèles du siècle des Lumières. Son corps était plus replet que gras, ses épaules rondes, ses bras et ses jambes juste potelés, les hanches un peu effacées par un léger capiton. Le ventre un peu plus rond qu’à l’accoutumée n’avait rien d’adipeux, juste l’embonpoint d’une jeune femme enceinte de cinq mois que commençait à marquer la ligne verticale brunâtre qui marque les pré-parturientes. Les seins, légèrement allongés en forme de poires, petits, hauts et ronds étaient couronnés d’une aréole assez large et d’un mamelon brun. Tout son corps, charnu et généreux, respirait l’énergie et la fermeté et ce qui retenait d’emblée la vue c’était la blancheur laiteuse et l’apparente tonicité de la peau. Aucune véritable trace de gras, aucune vergeture disgracieuse, lisse, souple, satinée. Cette blancheur marmoréenne était renforcée par le contraste de ses cheveux noirs et par la petite touffe de poils sombres entrevue à la fourche de ses cuisses.

Avec une étonnante souplesse au vu de son état, elle sauta sur le canapé et se laissa retomber à genoux en riant aux éclats.


– Bon, allez, je me mets comment ?


Il me semblait que je n’avais guère le choix. J’étais habitué aux enfantillages de ma filleule, mais je connaissais aussi son audace et son caractère volontaire.


– Euh ! Ben… comme tu veux. Je n’ai pas beaucoup de temps, tu sais, je suis un peu en retard pour ma commande… Juste des esquisses alors.

– Eh bien, parrain, t’es un vrai goujat ! Tu pourrais prendre un peu de temps pour ton plus beau modèle. Bon, je me mets comme ça et je ne bouge plus. Ça te va ?


Je finis de punaiser sur ma planche une feuille de Canson et levai les yeux vers cette adorable petite chipie de filleule.

Clarisse était assise en tailleur dans la position exacte dite Padmasana ou position du lotus, rendue célèbre par les statues du Boudha. Je restais interdit, non par l’indécence d’une telle posture pour une femme nue, car elle avait posé ses mains croisées sur son sexe, mais par la souplesse de son corps. Les jambes croisées, les pieds reposaient, plantes vers le haut, sur les cuisses opposées.


– Comme ça je suis bien. Ça me fera une bonne séance de yoga. Tu peux y aller, je suis prête, je ne bouge plus.


Elle avait fermé les yeux. Concentrée, elle semblait rechercher le rythme de sa respiration. Son visage était impavide, d’un calme étonnant. Elle, si dynamique, si joviale, s’était, en quelques secondes, transformée en statue de chair. Je l’observai quelques secondes avant de crayonner les premiers volumes. C’est vrai qu’elle avait un visage gracieux. Les traits étaient fins, réguliers. Aucune trace du léger empâtement qui aurait pu marquer son corps, sauf peut-être la base du cou où se formait un petit pli, comme un sourire. Je rectifiais l’ovale du menton ; le nez était droit, légèrement pointu ; la bouche rose finement ourlée, bordée à la commissure de deux petites fossettes. Ses paupières baissées me rappelèrent soudain les Madones toscanes humbles, mais hiératiques, empreintes d’un calme raffinement.


À quoi pouvait-elle penser sous la mèche buissonnière qui barrait son front ? J’étais heureux. Je la sentais reposée, calme, apaisée. Ces quelques jours l’avaient transformée. Elle avait retrouvé sa jovialité candide et juvénile d’adorable petite chipie.

Je m’arrachai à mes rêveries et revins vers la feuille de papier. Le soir tombait, le ciel avait lentement pris une teinte veloutée bleu nuit. Je me levais doucement. Elle ouvrit les yeux.


– T’as fini ? Déjà !

– Non, non, je vais juste allumer la lumière, il commence à faire sombre.


Je m’approchai du lit de repos où elle était assise pour régler la lampe articulée d’architecte qui était fixée au mur juste au-dessus d’elle. Les bras levés je tâchai de dévisser le papillon de métal.


– Ben, dis donc, parrain, t’es un gros menteur !


Je n’eus pas le temps de réagir à ces mots qu’une main agrippait la ceinture de cuir de mon pantalon pour m’empêcher de reculer.


– Je croyais que tu avais l’habitude de faire poser les filles à poil. Que ça ne te faisait rien !


Une main se posa sur la braguette de mon pantalon. Elle caressait maintenant la bosse qui déformait le tissu. J’étais habitué aux audaces grivoises, au franc-parler parfois osé que ma filleule cultivait parfois jusqu’à la provocation en y mêlant une pointe d’ironie voire d’insolence. Mais je restais interdit par ce geste auquel, le plus honnêtement du monde, je ne m’attendais pas.


– Mais c’est qu’il a une grosse faim, ce gros parrain mytho. C’est la fin de la journée qui fait ça, ou c’est moi qui suis à l’origine de ce truc-là ?


D’évidence la vue de ma filleule nue, l’esthétique de l’abandon de son corps, le caractère inattendu et tendre de la scène avait provoqué un début d’érection que mon pantalon de toile ne pouvait dissimuler.

Avec dextérité elle défit la ceinture qu’elle tenait fermement pour m’empêcher de battre en retraite. Deux doigts habiles faisaient déjà glisser la fermeture éclair. Je tentai mollement, si je puis m’exprimer ainsi, de me ressaisir quand, saisissant le tissu du pantalon et du caleçon elle commença à le descendre le long de mes cuisses.


– Je ne crois pas que ce soit une très bonne idée, Clarisse…

– Ah bon et pourquoi ? Ne me dis pas que tu n’en as pas envie ? J’ai sous les yeux les preuves du contraire !

– Il ne s’agit pas de cela, bien entendu, difficile de le nier, mais d’une, je suis ton parrain, deux, nous n’avons pas le même âge et trois, au cas où tu l’aurais oublié, si moi je suis divorcé, toi, tu es mariée.

– Oh là, là ! C’est simplement ça ! Alors un, je te rappelle que si tu es mon parrain, nous ne sommes pas du tout de la même famille puisque je ne suis que la fille de tes amis ; deuxio, depuis Emmanuel et Brigitte le tabou de la différence d’âge a beaucoup perdu de son épouvantable tyrannie et, tertio, à moins que tu ne l’aies pas compris, je suis sûre que Johan est en ce moment en train de baiser sa pouffiasse. Alors je fais ce que je veux, je ne suis plus une gamine, je suis même une mère de famille presque nombreuse et puis, et puis, et puis… j’en ai envie. Tu devrais le savoir, puisque tu as été marié et que tu as des enfants, l’afflux de sang dès les premières semaines de grossesse, y compris dans le vagin, décuple l’appétit sexuel des femmes enceintes, alors c’est presque un service médical que je te demande !


Clarisse mimait la moue boudeuse de petite fille butée, visiblement ravie de son dernier argument en forme de pirouette. Elle ne pouvait se départir de ses taquineries et, même dans cette situation, il avait fallu qu’elle termine son monologue par un trait d’humour.


J’avais l’impression d’être un peu ridicule, les bras en l’air à essayer de dégripper cette fichue vis qui ne présentait plus qu’un intérêt médiocre. Tout en parlant, Clarisse avait laissé tomber le pantalon sur mes chevilles et s’était saisie de mon sexe qu’elle serrait entre ses doigts. Je baissai les bras et les posai sur ses épaules avec la vacillante intention de la repousser, mais la machine infernale était déclenchée. Tout, subitement, me paraissait simple et futile. Les images de cette semaine me revenaient lentement à l’esprit. Son état de délabrement en arrivant, sa gaîté progressivement revenue, ses minauderies lascives de petite fille gâtée, sa tête posée sur mes genoux quand elle se confiait en finissant à petites lampées sensuelles son verre de vin, ma main caressant son ventre tendu. Il était trop tard. Les ressorts du destin, aussi bandés que mon sexe dans sa main, se détendaient et l’inéluctable semblait certain.


Je baissais la tête, vaincu. Clarisse avait relevé la sienne et plantait fixement ses yeux dans les miens. Pendant de longues secondes d’observation silencieuse, nous tentions de lire dans nos regards croisés les pensées de l’autre et le seul reflet que nous y trouvions c’était le désir commun qui s’imposait lentement.


Clarisse fit coulisser la peau le long le mon sexe, dévoilant lentement le gland pourpre et soyeux. Avec une détermination de petite fille butée et capricieuse, elle continua à me fixer, sondant mon désir avec une évidente provocation sensuelle. Elle entrouvrit les lèvres et approcha lentement la pointe de sa langue du méat. Elle retardait à dessein le contact avec la peau délicate du gland puis la posa délicatement à la base du frein et remonta lentement le long du petit filet de peau tendu. Son regard restait agrippé au mien avec un mélange de défi et de convoitise. Elle savait le trouble qui m’envahissait, mais semblait jouer de la fausse innocence de ses yeux clairs et de la provocation érotique de sa caresse. Elle ferma les yeux et la bouche ouverte, tiède, humide s’empala lentement. Sa langue, libertine, jouait avec la peau tiède. Elle alternait de longues succions avec des remontées lentes.


Pendant de longues minutes, elle s’amusa, avec application et une certaine gourmandise, à m’amener au paroxysme du plaisir. La pression ou l’accompagnement de mes mains sur sa tête étaient inutiles. Appliquée, presque studieuse, elle s’efforçait de partager tout l’art qu’elle possédait visiblement autant par nature que par expérience. Elle semblait, au-delà du plaisir qu’elle faisait naître au creux de mes reins, prendre elle-même un réel et profond plaisir à la caresse qu’elle m’offrait. Pas de goinfrerie ou de voracité mécanique, juste l’expression du plaisir égoïste de la friandise. Je lâchai ses cheveux, fins et soyeux pour caresser ses seins. À l’élasticité et la fermeté de sa jeunesse s’ajoutait la pesanteur due à sa grossesse. Craignant de la gêner à cause de l’hypersensibilité mammaire que cause chez les femmes enceintes à la production renforcée d’œstrogènes et de progestérone, je me contentais d’effleurer délicatement la peau tendue en évitant les aréoles grumeleuses et les mamelons gonflés. Elle soupira aux premiers attouchements. J’allais ôter mes mains, mais elle posa une des siennes en signe d’encouragement.



Je repris mes caresses progressivement et saisis même les mamelons entre mes doigts. Clarisse avait cessé sa tendre et savante activité buccale, probablement pour reposer ses lèvres, et branlait lentement mon sexe luisant de salive.



Je pinçais délicatement les mamelons et les faisais rouler entre pouce et index. Clarisse frissonna doucement.



Je m’appliquai à effleurer avec tendresse puis, à mesure de ses réactions ; à malaxer, à pétrir ses seins, devinant les variations de son plaisir à la façon qu’elle avait de mordiller sa lèvre inférieure ou de plisser ses paupières.

Elle posa ses mains sur mes épaules pour me faire comprendre d’une discrète pression qu’il me fallait porter plus bas mes sensuelles attentions. Tout en m’agenouillant, je suivis de la pointe de ma langue le sillon entre ses deux seins puis, le fil d’Ariane de la linea nigra. La peau semblait tendue comme un fruit mûr par la féconde dilatation. Je m’arrêtai quelques secondes sur le bourgeon légèrement proéminent de son nombril.


Clarisse, avec une souplesse surprenante chez une femme dans son état d’épanouissement, avait glissé ses mains sous ses cuisses et après avoir avancé son bassin au bord de la méridienne maintient ses cuisses écartées vers l’extérieur m’offrant la vision de sa féminité rayonnante. Je me délectais du paradoxe de cet étalement de chairs rubicondes. Sous le pubis rebondi juste orné d’un toupet de poils noirs, l’afflux de sang, dû à la grossesse et au désir mêlés, avait provoqué un gonflement du vagin et des lèvres de la vulve, les faisant virer de l’habituel rose pâle au saumon foncé. La position quasi gynécologique, crûment ostentatoire, ne semblait pas troubler Clarisse, qui exposait son intimité exacerbée avec un naturel faussement candide.


Une pression de ses doigts dans mes cheveux m’ordonnait de cesser mon observation pour lui offrir la caresse qu’elle espérait. J’approchai mes lèvres des siennes et soufflai lentement en dirigeant le jet d’air tiède le long de la fente qui séparait l’abricot juteux. Elle frissonna et, appuyant sur ma nuque, écrasa comme une punition à mon agacerie, mon visage contre ses chairs. Elle serra quelques instants les cuisses contre mes tempes et lorsque je plongeai ma langue tiède entre les lèvres tumescentes, elle lâcha légèrement la pression et poussa ses reins vers l’avant comme pour faciliter la pénétration. Son corps s’arqua sous le plaisir puis s’abandonna lentement tandis que la pointe de ma langue dessinait les contours de sa vulve et de ses lèvres, remontant jusqu’au clitoris que je pinçai entre mes lèvres tout en le suçotant. Pendant de longues minutes, je fouaillais les pétales épanouis, me délectant avec gourmandise de leurs sucs comme je l’aurais fait d’une pêche mûre. Clarisse, à supposer qu’elle eût offert la moindre résistance, s’abandonnait. Elle s’offrait tout entière au plaisir dont j’étais l’artisan. Elle poussait son bassin vers ma bouche comme si une langue allait sortir de ses lèvres et me rendre avec autant de voracité le baiser dans lequel je me noyais. Dans ce cunnilingus, elle sentait qu’il ne s’agissait pas de la rencontre de deux sexes, mais l’offrande totale de son intimité, de ses chairs à un plaisir égoïste et quasi animal.


– Viens, maintenant ! murmura-t-elle dans un souffle.


Clarisse, avec cette provocation mutine, cette effronterie gouailleuse que je lui connaissais, avait à nouveau planté son regard dans le mien. Dans le silence de l’atelier, nous n’avions nul besoin de parler. Si les mots sont l’expression de la raison, les corps sont ceux de l’émotion, de la sensualité, du plaisir incarné. Je bénissais le style Empire d’avoir fabriqué des méridiennes dont la hauteur de siège était si élevée. Une fois relevé, je n’avais qu’à glisser délicatement mes mains sous les genoux de ma filleule et à accompagner son mouvement de bassin pour que nos deux intimités se trouvent nez à nez, si je puis me permettre cette licence. Clarisse la main tendue se saisit de mon sexe et le dirigea elle-même jusqu’à ses lèvres béantes. Une poussée partagée et les chairs détrempées par la salive et les sécrétions intimes s’écartèrent. Nous observions ensemble et avec une commune délectation le gland se frayer lentement son chemin. Il me revint à l’esprit les préceptes que Sou-Nu dévoile à l’Houang-Ti, l’Empereur Jaune dans son Tao sexuel (1) :


« L’homme doit observer quel est le besoin de sa compagne et savoir retenir son essence. Il doit utiliser la méthode de neuf poussées superficielles et une poussée profonde. Le plus longtemps il continuera à porter ses coups, le plus ses partenaires en auront du plaisir. Les mouvements ne doivent pas être ni trop rapides ni trop lents. Il doit aussi veiller à ne pas pousser trop profondément sous peine de blesser sa compagne. »


Modeste adepte des raffinements de la sexualité extrême orientale, j’appliquais, dans la recherche du plaisir de ma surprenante partenaire, les recommandations du Tong-Hsuan-Tse : « profondes et superficielles, lentes et rapides, directes et obliques, toutes ces poussées ne sont pas uniformes et chacune provoque ses propres effets. Une poussée lente doit ressembler au vol d’une carpe jouant avec l’hameçon. Une poussée rapide doit ressembler au vol des oiseaux contre le vent. Introduisant et retirant, remuant de bas de haut, de gauche à droite, marquant des pauses ou bien se succédant rapidement, tous ces mouvements doivent correspondre. Ils doivent s’appliquer au bon moment et ne pas s’en tenir à un seul style parce qu’on y trouver son bon plaisir à les varier.


Pendant de longues minutes, nos regards rivés cherchaient à y lire le plaisir espiègle, malicieux qu’aiguisait la profonde jouissance de cette union improbable dans laquelle se mêlait une saveur d’interdit pour moi et de vengeance pour elle.



Peu m’importaient alors les raisons de cet abandon, de ce caprice. Je sentais les chairs moites, tièdes, enserrer mon sexe qui coulissait dans un bruit de succion humide et sirupeux. Les effluves pénétrants de nos deux sexes confondus m’enivraient. Je fermai les paupières pour me concentrer sur mon seul odorat. Dans l’inventaire des sens décrits par Diderot, la vue apparaît comme le plus superficiel, le goût comme le plus inconstant, l’ouïe comme le plus orgueilleux, le toucher comme le plus profond et le nez comme le plus voluptueux. Je m’appliquais à tenter de déceler l’alchimie secrète des arômes qui emplissaient la pièce. Les spécialistes de l’olfaction, généralement des œnologues, ou des « nez » de parfumerie, estiment que le cerveau, grâce à la voie rétro-nasale qui utilise le passage reliant le palais aux fosses nasales, serait capable de distinguer 400 000 arômes à des doses infinitésimales. J’inspirais, je buvais ce mélange d’ambre, de vanille, de banane, de cinnamome, d’urée, de sable mouillé, d’iode et d’algue fraîche qui emplissait l’atelier.


Clarisse soupirait par saccade au rythme de mes reins. Je rouvrais les yeux. Signes de sa concentration sur la lente et égoïste montée du plaisir, ses paupières étaient agitées d’un léger tressaillement, ses narines palpitaient au-dessus de ses lèvres pincées. Sous le ventre bombé, je regardais mon sexe s’enfoncer lentement entre les lèvres pourpres, luisantes que surmontait une petite aigrette de poils plumeux. Son corps pâle brillait comme un marbre poli dans la pénombre, la mèche de cheveux noirs qu’elle dégageait habituellement d’un léger mouvement de tête était collée à son front par la fine pellicule de sueur qui couvrait son visage empourpré. Elle entrouvrit les paupières avec une petite grimace.



Elle détendit ses jambes avec une moue de satisfaction. Je me retirai en m’excusant.



Clarisse qui s’était couchée sur le côté se mit à quatre pattes par un énergique mouvement de bascule.



Elle avait ramené ses jambes sous son ventre et se tenait à genoux les mains posées sur le mur. Je tentai de me glisser en tâtonnant entre ses cuisses. Sentant que la position ne permettrait pas une pénétration totale, elle creusa les reins après avoir posé ses coudes sur le lit. Le renflement de ses fesses s’offrait à moi avec une délicieuse inconvenance. Je posai mes deux mains sur les masses opalines et les écartai avec un mélange de convoitise voluptueuse et d’adoration presque mystique. Au milieu du sillon à peine plus sombre, la rosace bistrée de son anus me fixait au-dessus des lèvres rouge violacé. Il y avait quelque chose de bestial, d’animal et de cependant touchant dans ses chairs secrètes exhibées. Les grandes lèvres gonflées et luisantes bâillaient, dévoilant au milieu de la vulve écarlate l’orifice vaginal encore béant. Le regard fixé sur le petit anneau brun, comme fasciné par les légères palpitations qui l’animaient, je guidai mon sexe vers le sien pour m’y enfouir à nouveau.



J’hésitai, incertain d’avoir bien compris.



Joignant le geste à la parole comme pour lever mes doutes, elle glissa une main entre ses cuisses et, après avoir recueilli du bout des doigts un peu de ses sécrétions vaginales dont elle enduisit sa rosette, elle guida ma verge vers ce nouvel orifice.



Elle pressa du bout des doigts mon gland sur son anneau. Je poussai légèrement, mais, pris d’un excès de précaution, et craignant de la blesser, je m’agenouillai et approchai ma bouche de la petite cible qui palpitait. Au premier contact de ma langue, comme pour m’encourager et vaincre mon hésitation, elle poussa un soupir de contentement.



Je portai mon index à ma bouche et, après l’avoir lubrifié de salive, j’alternai les caresses périphériques et les petites poussées jusqu’à ce qu’il s’enfonce et coulisse avec aisance dans le muscle circulaire qui s’assouplissait, se détendait à mesure de mes attouchements. Le majeur rejoignit le premier doigt avec presque autant de facilité. Clarisse ne semblait visiblement pas en être à sa première expérience dans ce domaine. Je sentis l’anneau se relâcher lentement alors qu’elle accompagnait mes caresses de petites contractions musculaires et que ses doigts qu’elle enduisait régulièrement de ses mucosités vaginales ne viennent flirter avec ma langue en se mêlant à ma salive.



Je me laissais guider par ma jeune partenaire. Par expérience je savais que la sodomie la plus réussie, la plus agréable est celle où la partenaire gradue, dirige, orchestre elle-même la pénétration ; que, selon l’expression de Danièle Flaumenbaum (2), une femme désirée est une femme désirante. En glissant une main entre ses cuisses, elle se ressaisit de mon sexe à la base du gland et l’accompagna jusqu’au muscle circulaire. Elle régla elle-même l’insinuation par de lents mouvements du bassin qu’elle poussait vers l’arrière. Je regardai avec délectation le gland oblong s’écraser sur le sphincter, l’écarter et s’enfoncer lentement. Clarisse retenait son souffle. Vaincu par les poussées régulières et opiniâtres, le cercle s’évasait, cédait la place et acceptait la reddition sans véritable combat. Clarisse s’immobilisa quelques secondes et poussa un long soupir de satisfaction.



Sans se départir de son espièglerie habituelle, elle trouva le moyen de plaisanter, donnant à notre caprice un caractère sensuel de joie festive.



Elle avait posé sa tête sur le côté et me regardait d’un œil mutin. Elle reprit ses poussées lentes jusqu’à ce que ses fesses viennent au contact de mon pubis. Pendant quelques minutes elle régla la cadence puis s’abandonnant au plaisir, elle se laissa bercer par les mouvements de mon bassin dont l’amplitude et la force augmentaient progressivement. Je ne pouvais détacher mon regard des deux globes que mes mains écartaient et de mon sexe fouillant ses chairs comme le pieu dans l’œil du cyclope. Les paroles de la Lola Rastaquouère de Serge Gainsbourg me vinrent à l’esprit : « Quand dans son sexe cyclopéen, J’enfonçais mon pieu tel l’Ulysse d’Homère ».


Je l’avais raide plutôt amère. J’observais avec une délectation impudique mon sexe coulissant dans ses entrailles moites. Mon excitation se nourrissait tant de la vision précise et objectale de cette pénétration que de la douce et moelleuse constriction de son anus. Clarisse avait fermé les yeux et se concentrait sur le plaisir qui la submergeait inexorablement. Son visage perlant de sueur brillait dans la semi-obscurité, sa respiration se muait lentement en un halètement court et quasi viscéral. Elle crispa les poings comme parvenue à l’acmé d’un plaisir animal, sensuel, irrépressible.



Je m’apprêtai à me retirer quand dans un élan elle jeta sa main qui claqua sur ma cuisse.



Je recollai ses fesses contre mon ventre m’enfonçant au plus profond de son rectum, rejetant ma tête en arrière et éjaculai en longs jets successifs. Clarisse poussa un cri guttural qui se termina presque en hurlement. Elle s’abattit sur le côté en position fœtale secouée de spasmes et ramena ses genoux contre le renflement de son ventre. Immobile, elle laissait la vague de l’orgasme refluer, s’apaiser. Je m’allongeai derrière elle et m’ajustai à son dos moite, sudoral. Elle repoussa ses fesses et vint de pelotonner contre mon corps. Elle souriait, de ce sourire de petite friponne que je lui connaissais, repue, comme rassasiée tandis que je soufflais doucement dans son cou et caressais ses cheveux avec tendresse.

Je tirai un plaid sur elle et me levai. Elle entrouvrit les yeux.



Je posai un baiser sur son front, enfilai une chemise puis appuyai sur le bouton de la chaîne. La tessiture chaude, drapée d’un léger voile d’Albina Jones s’insinua dans l’atelier :



Assis derrière mon bureau je la regardais reposer. Elle souleva à plusieurs reprises ses paupières en souriant, puis s’assoupit, vaincue par le sommeil. Je me servis un single malt d’Islay. Perdu dans la contemplation du liquide ambré, je luttai contre les assauts insidieux du remord que peut provoquer une telle situation : Post coïtum animal triste. Le frisson de la première gorgée de tourbe fumée provoqua le sursaut salutaire. Allez, au travail, me dis-je en me secouant.


Une grande partie de la nuit, le crayon glissa sur les feuilles avec une aisance sensuelle dont je connaissais l’origine. Malgré moi, les nonnettes avaient les traits, les cheveux, les yeux, le sourire facétieux de mon modèle inattendu.


Le soleil était déjà haut lorsque je me réveillai au milieu des esquisses éparses sur le bureau. Clarisse n’était plus dans la pièce. Le son de sa voix qui chantonnait dans la cuisine et l’odeur de café chaud achevèrent de me réveiller. J’enfilai à la hâte mon pantalon pour masquer le ridicule de ma chemise un peu trop courte pour dissimuler mon intimité triomphale. Clarisse, pimpante dans une petite robe estivale qui mettait en valeur l’épanouissement de son ventre, les cheveux encore mouillés, versait le café brûlant dans un bol.



Elle colla son ventre rebondi contre le mien et, sentant, le morning glory qui déformait mon bas-ventre, elle redoubla ses moqueries avec une gouaille impertinente.



Elle me montra sa valise dans l’encoignure de la porte.



Deux coups de klaxon retentirent devant la maison. Elle posa un furtif baiser sur mes lèvres et se pencha pour saisir sa valise.



Je m’approchais d’elle.



Passée la minute d’étonnement, je tentais de l’apercevoir par la fenêtre, mais le portail se refermait déjà, laissant dans la pièce la fragrance légère et fleurie de Lolita Lempicka.

Un peu interloqué par la rapidité de cette séparation, mon bol de café à la main je me dirigeai vers mon atelier, repoussai les dessins et les croquis. Entre deux moniales et moines lubriques, une enveloppe bleue.


J’appuyai sur la télécommande et la voix de Carmen Mcrae me susurre Body and Soul… Assis, je déplie le papier :


Mon parrain adoré ! Merci, merci, merci, merci. J’ai passé une semaine toute pleine de bonheur… et une soirée… encore plus kiffante. Ne te fais pas de bile, tout cela restera entre nous comme une parenthèse, un petit secret, Notre Secret…. Merci pour ces moments de « complicité et de délectation » comme tu dirais si bien.

Au fait, je t’ai emprunté un dessin. Je me trouvais trop ressemblante. Je parle de ta bonne sœur qui taillait une bonne grosse pipe. Si, si… on me reconnaît bien et on ne voit pas à qui appartient la teub. Hihihi… en tout cas Johan lui me reconnaîtra… Je te kiss tout plein et peut-être… qui sait ?




(1) Je me permets, pour les curieux ou les amateurs d’aimables chinoiseries, de conseiller la lecture du magnifique et sensuel ouvrage de Jean-Pierre Krasensky : « Du Tao sexuel au Tantra ». Editions L’Originel, 2001.

(2) « Femme désirée, femme désirante », Dr. Danièle Flaumenbaum. Payot, 2006. Comme le dit l’éditeur : Un livre qui devrait revigorer les hommes et dynamiser les femmes.