n° 19220 | Fiche technique | 7927 caractères | 7927 1272 Temps de lecture estimé : 6 mn |
02/10/19 |
Résumé: Lettre d'une femme outrée par la révélation publique des fantasmes qu'il entretient à son égard. | ||||
Critères: #épistolaire #confession #masturbation f cérébral revede fmast sm fouetfesse | ||||
Auteur : Laure Topigne Envoi mini-message |
Avertissement :
Ce texte devrait appartenir à une série, car il expose la réponse de l’héroïne à celui intitulé «Les dessous d’Armance ». Une élémentaire discrétion m’en interdisait la publication. Je ne saurais toutefois me dérober à la demande pressante d’une lectrice. Par bonheur, Armance s’est involontairement pliée à la règle des 7000 caractères.
Résumé de l’épisode précédent :
Un écrivaillon, en mal d’inspiration, imagine une relation avec sa correctrice puis publie le texte où il décrit leurs turpitudes, notamment la fessée qu’il lui inflige avec une rose.
Chère lectrice, vous souhaitiez prendre connaissance de la réplique d’Armance, ne sachant rien vous refuser, je vous livre en toute discrétion ces :
Vilain monsieur,
Autant le déclarer d’emblée : ta dernière nouvelle m’a consternée. Encore est-ce là expression bien déficiente au regard de l’indignation qui m’a étranglée. Qu’est-ce donc qui t’a permis de me dépeindre ainsi ? Comment as-tu pu engendrer de telles avanies ? De quel terreau fétide et fangeux les as-tu engraissées ? T’ai-je, ne serait-ce qu’un instant, incité à me concevoir adepte de ces insanes turpitudes et conforté dans l’idée qu’elles puissent m’agréer ?
Enfin, quelle insolente extravagance que d’oser me les destiner ! Faut-il que je t’en blâme ou m’en réjouisse ? Ta piteuse farce aura le privilège de me dessiller en me divulguant les vilenies dont ton esprit est capable tout en me révélant les inconvenantes et fantasmatiques pensées que tu développes à mon égard.
Par moment, je me hasarde à te prêter, vil tentateur, de noirs et perfides desseins visant à m’ébranler et me corrompre. Tu ne te doutes assurément pas des états que ton libelle engendre quand ma lucidité défaille et qu’au-delà ce que tu t’es plu à ourdir, je me laisse charrier par les émotions auxquelles il me soumet. Depuis sa réception, je le lis et le relis quotidiennement. Il aiguise des émois qui s’attisent sans cesse. Comment ai-je pu t’encourager à ces offenses et par quel sortilège m’as-tu rendue addicte à leur récit ? Je dois en effet concéder que tes infamies ne restent pas sans écho et que loin de me laisser insensible, elles conduisent immanquablement ma main vers les zones vulnérables de jeux interdits. Je suis contrainte d’avouer que moi, qui ne me suis qu’exceptionnellement caressée, je m’y adonne désormais journellement en faisant miroiter, sur fond de mes ténèbres intérieures, la scène qui m’émoustille particulièrement, puis-je le confesser, celle où tu me fesses ?
Inlassablement, je me répète cet épisode, qu’au demeurant je n’ai jamais vécu qu’en les méandres de ton imagination, et l’enrichis au fil de mes resucées de résonances sensuelles inédites, de détails abjects, qui nous découvrent à chaque fois, toi, plus sauvage, moi, plus offerte et réceptive.
Au cours de mes débordements, et pour comble, je t’installe dans l’ombre d’une alcôve de la chambre, d’où tu me mates vicieusement, l’œil lubrique, injecté de concupiscences salaces. Et je me branle,… oui, je me branle comme une possédée. Une possédée toutefois suppose un possesseur ? interrogeras-tu, infâme hypocrite, escomptant que je t’assure de son identité. Je crains néanmoins de te bouffir de présomption en te déclarant ce tourmenteur… Et tant pis, si cet aveu doit organiser la pire des flagellations, celle qui me fera admettre publiquement que j’outrepasse tes plus folles espérances, ce dont je me réjouis autant que je le redoute.
J’adore, qu’embrasé par l’ardeur de tes désirs, tu m’observes, la jupe troussée, boudinée autour du nombril, et culotte baissée accrochée à mes genoux, alors que je fourrage, frénétique, l’intimité de mon buisson ardent, savourant des indécences qui me galvanisent. Je m’exhibe ainsi, à l’instar d’une immonde dévergondée, dégustant mon ignominie avec une inconcevable exaltation. Je suis tentée dès lors de retourner l’adage imbécile qui prétend que « là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir », pensant qu’au contraire le trouble exacerbe le plaisir afin de le porter à son paroxysme. Sous ton regard incendiaire, je me vrille sur ma couche, secouée par des convulsions horribles, griffant la douceur du lin innocent, mordant rageusement les duvets moelleux de mon oreiller pour y étouffer mes vagissements. Je nourris mes fièvres d’une honte si fertile qu’elle dresse un tremplin à ma jouissance. Je ressens avec une intensité croissante les langues de feu qui lèchent mon cul et que mon entrecuisse transmue en laves ardentes même si seuls mes doigts titillent mon interrupteur secret. Quand ton irradiation laboure mon ventre, l’enfer prend goût de paradis. Bientôt, je m’arc-boute, les membres raidis par les spasmes, la bouche distordue par un rictus farouche, le souffle court et éraillé, enflé de suppliques bestiales et enfin, flageolante, je m’effondre sur le lit, désespérée par la brièveté du séisme. Une seconde encore, je m’accroche à mon songe puis le conquérant à la rose griffue s’évanouit.
Durant une lointaine jeunesse, j’avais pressenti ces fulgurances avant de m’appliquer à les enterrer sous les affres de l’ennui. Voilà que tu les exhumes en me poussant à renouer avec les sentiments débauchés d’une adolescence oubliée qui fut échevelée, dans ses rêves, tout du moins.
Cher ami, tu as ouvert l’encrier de Pandore délivrant le cours tumultueux d’aspirations nébuleuses qui m’étaient inconnues et les as fait jaillir en un geyser bigarré et puissant, me dévoilant un monde de désirs insoupçonnés et fantasques, âpres et indomptables. Elles me taraudent à présent si intensément qu’elles plombent mes horizons et que je ne puis envisager de m’y soustraire.
Au-delà, que puis-je attendre ou espérer ? Tout ce qui précède n’est qu’enfantillage puéril et ne concerne que les divagations de mon entendement. Sadique pervers, tu as su m’en distraire, restaure dorénavant les saints principes qui n’animaient précédemment et rappelle-moi les devoirs d’une digne épouse à l’aide d’une correction méritée, au besoin. Décidément, vois-tu, le venin et son antidote se confondent ; nous en restons infectés et il faudra bien finir par y succomber !
Je ne suis ni celle que tu crois ni, hélas ou plutôt tant mieux, celle que je croyais être et m’ingéniais à paraître. Je te remercie de me révéler l’être dissolu qui se loge en mes tréfonds. La bête n’est, en définitive, qu’une autre facette de la belle.
Cher amant, si virtuel et si réel simultanément, je t’en conjure, ne me condamne pas à entretenir cette douleur inassouvie, à couver cette impétueuse envie qui enflamme mon poitrail, distend mes entrailles et obscurcit mon esprit. Viens, s’il te plaît, demain. Je serai seule et t’accueillerai, la tête dévastée, les seins gonflés de convoitises luxurieuses et les fesses outrageusement nues sous le tissu, avec un bouquet de roses blanches et fraîches, bien épineuses à la main. Oui, je rêve de mêler ton foutre à mon sang sur la palette obscène des offenses et d’en barbouiller jusqu’à les annihiler les murailles exsangues qui m’ont jusqu’à ce jour embastillée. Oui, je souhaite rompre, ne serait-ce qu’une unique fois, le temps d’un éclair foudroyant, avec l’affligeante routine des bienséances. Ces fleurs ainsi t’inciteront, tige après tige, à écrire en lettres vermillon sur mon postérieur consentant la sentence ignée qui se fera mon remède et mon poison. Au tabernacle le plus secret de ma mémoire, j’en conserverai longtemps ensuite les pétales maculés par l’opprobre flamboyant. Et si quelque obstacle s’opposait à ta venue, à défaut, flagelle-moi à l’avenir souvent de ton verbe lascif, fais-moi encore geindre en me soumettant aux fantaisies de ta langue licencieuse.
Voici ma plainte et mon imploration brièvement clamées. Tu dois jubiler, toi qu’on accuse souvent d’être trop long. C’est par contre aussi écrit en langue ancienne, le français : Brexit oblige.
Je te salue chaudement, pardon, je voulais écrire chaleureusement.
Bien confuse, ton Armance.