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Temps de lecture estimé : 24 mn
06/10/19
corrigé 05/06/21
Résumé:  Marie-Odile, femme entièrement dominée par son mari depuis presque vingt ans, se retrouve libre après le décès de celui-ci.
Critères:  ff fsoumise fdomine massage intermast fist portrait -consoler
Auteur : Alcuin      Envoi mini-message

Série : Garance

Chapitre 01
Nec plus ultra

Bonjour à toutes et à tous,


Ceci constituera mon premier récit sur ce site et bien qu’écrivant depuis un certain temps déjà, je n’avais encore jamais tenté de m’attaquer à la rédaction d’un texte licencieux, grivois, érotique. Aussi j’espère que vous me pardonnerez et ferez preuve de quelques indulgences à mon endroit si cela ne devait pas combler pleinement vos attentes, bien que je tienne beaucoup à votre absolue honnêteté.


J’aime construire mes personnages et mes situations, vous trouverez donc peut-être le début un peu lent et pour tout dire pas assez croustillant, mais cela me semblait nécessaire. D’autre part, je déteste la vulgarité, aussi m’emploierais-je à ne jamais succomber à sa facilité, car comme tout le monde le sait, le côté obscur est plus rapide, plus facile, plus séduisant, mais pas plus puissant.


Donc sans plus de préambule, je vous laisse découvrir les protagonistes de cette pure fiction.




~ O ~




Prologue : Nec Plus Ultra



En ce début d’après-midi de fin juin, on avait peine à imaginer que l’été était bien là. Il faisait froid, un vent fort soufflait sans coup férir et une pluie battante se déversait d’un ciel si plombé que l’on se serait cru au seuil d’un crépuscule hivernal. Mais au fond, cela convenait parfaitement à la situation, car tous étaient réunis séant afin de mettre en terre le corps de Jean de Cressy, baron de Rochebrune. La foule nombreuse, rassemblant les membres de l’aristocratie et des notables locaux, se pressait pour rendre hommage à la baronne et vite regagner le confort douillet de leur véhicule. Cette dernière, toute de noir vêtue, accueillait ces condoléances de complaisance, de manière stoïque et rigide. Le visage intégralement dissimulé derrière un voile de circonstance qui descendait d’une capeline lui ceignant la tête paraissait totalement impassible pour le peu qu’on pouvait percevoir. Si le ciel, depuis l’aube, déversait un flot de larmes ininterrompu, il semblait bien le seul, car nul sanglot ne venait troubler la respiration régulière de cette femme endeuillée.


Voilà maintenant deux semaines que son mari s’était écroulé raide mort, victime d’une rupture d’anévrisme cérébral, en plein milieu d’une partie de tennis et depuis ce jour, sa vie n’avait de cesse de tomber de Charybde en Scylla. Marie-Odile regarda sa montre. Deux heures, cela faisait deux heures que le notaire de famille, maître Chapelle, un petit homme rubicond et replet, engoncé dans un costume bon marché et fleurant allégrement la sueur dès le matin, lui rebattait les oreilles avec la liste exhaustive des biens, possessions et devoirs induits qui venait de lui échoir. Après le premier quart d’heure, elle s’était brusquement levée de son bureau pour se diriger vers la fenêtre, qu’elle ouvrit brutalement. Elle manquait d’air, sa poitrine semblait être comprimée dans un étau, provoqué par la pire crise d’angoisse qu’elle ait jamais connue. Nonobstant, son invité ne remarqua pas la gêne que sa présence imposait ou peut-être n’en avait-il tout simplement pas cure. Toujours est-il qu’il n’en fit aucun cas et poursuivit son laïus sur le même débit monocorde et soporifique.


Elle avait été plus que patiente et regagna son bureau d’un pas preste, ses talons résonnant comme un glas sinistre sur le parquet de chêne ciré.



On toqua à la porte qui s’ouvrit immédiatement pour laisser entrer un homme grand, d’une cinquantaine d’années, vêtu d’un costume noir des plus élégants.



D’un geste rageur, le notaire laissa bruyamment choir un lourd dossier, avant de quitter les lieux, sa serviette sous le bras tout en maugréant copieusement.



Bien qu’il fut encore tôt, elle se servit un verre bien tassé qu’elle descendit d’un trait avant de se resservir et de s’écouler dans un canapé. Marie-Odile dégustait son second cognac, le regard perdu dans quelques brumes oniriques qu’elle seule semblait voir quand elle murmura :



Puis elle éclata en sanglots parfaitement incontrôlables.


D’aucuns pourraient croire qu’elle pleurait son défunt époux, mais il n’en était rien. Elle honnissait cet homme du plus profond de son être et cela depuis presque vingt ans. Ou encore, qu’elle se lamentait bien facilement pour une situation que tout un chacun lui envierait, tant elle paraissait somptueuse. Un château, des gens, un titre, un compte en banque créditeur de plusieurs centaines de millions d’euros et un patrimoine qui, lui, se chiffrait en milliards. Franchement, qui pourrait se plaindre d’une telle situation ? Mais ce que personne ne savait, c’est que derrière le paysage de conte de fées, se cachait quelque chose de bien plus noir que ce que l’on ne pourrait jamais imaginer.


Tout cela débuta alors qu’elle n’avait encore que dix-neuf ans. Elle vivait en ce château avec ses parents, le comte et la comtesse de Rochebrune. Cependant, à cette époque, la situation du domaine était tout autre et ces terres, qui étaient dans leur famille depuis les premières croisades, risquaient d’être saisies et tout partait à vau-l’eau. En effet, son père, joueur et coureur de jupons invétéré, avait accumulé tellement de dettes que tout ce qu’ils possédaient ne parviendrait jamais à combler le gouffre vertigineux que ce dernier avait creusé.


C’est à ce moment que Jean de Cressy fit son entrée en scène. Il était un tout petit peu plus âgé qu’elle, charmant, élégant, cultivé et avait un sourire à faire se pâmer le plus endurci des cœurs. Il jouissait d’une excellente réputation et était un homme d’affaires redoutable. Elle succomba bien vite à ses charmes et ils se marièrent dans l’année qui suivit. En revanche, ce qu’elle apprit bien plus tard, le jour de l’inhumation de ses parents qui avaient trouvé la mort lors d’un accident de voiture et de la bouche même de celui qui aurait dû la chérir plus que tout au monde, ce jour, le plus inopportun qui se puisse trouver, elle apprit que leur union n’était en fait que la résultante d’une banale transaction commerciale. Lui avait besoin de ces terres et du titre y afférant ainsi que du carnet d’adresses que cela lui ouvrait et ses parents avaient désespérément besoin d’argent. Elle avait donc été vendue, ni plus ni moins. Mais il était déjà bien trop tard pour elle et son emprise à lui bien trop forte pour qu’elle ne lui échappât. Avec le recul, cela expliquait bien des choses.


La première année de leur mariage se passa, somme toute, de manière normale. Il était prévenant, attentionné. Cependant, au fil du temps, son devoir conjugal se fit de moins en moins pressant. Immédiatement, elle s’incrimina et chercha le moyen d’inverser la tendance, mais lui assurait que tout allait pour le mieux et qu’il n’avait nul reproche à formuler. Évidemment, elle ne l’entendit pas ainsi et fit tout ce qu’elle put pour combler le gouffre qui se creusait, y compris en trahissant ses propres désirs et principes, mais cela n’y changea rien. Elle culpabilisa grandement. C’est ainsi que se posèrent les premières fondations de sa future prison.


Puis commencèrent les privations, les restrictions de sortie. Elle n’eut bientôt plus le droit de conduire, de voir des amis à l’exclusion de ceux qu’il apportait et encore, uniquement en sa présence. L’accès à son compte lui fut retiré. Quand elle avait besoin de quelque chose ou d’aller à un rendez-vous chez un médecin, il l’accompagnait systématiquement. La seule tâche qu’il concédait à lui laisser était la gestion du personnel de maison. Encore que certains lieux lui étaient totalement interdits, comme le pavillon de chasse au fond du grand parc. Il administrait également sa garde-robe, qui était toujours terne, vieille, sans fantaisie aucune. Sa vie devint un vrai sacerdoce, elle se fana et devint bien vite aussi grise que ces jupes. Bien sûr, tout cela fut distillé à dose homéopathique et à chaque fois, il se victimisait. Lui reprochant de devoir le contraindre à prendre telle ou telle mesure à son encore. Elle s’excusait sans relâche et n’eut bientôt de cesse de ne rien faire d’autre au cours des vingt années qui suivirent. On parle souvent des souffrances physiques imposées par une personne à son conjoint, mais la torture psychologique est tout aussi grave et bien plus sournoise.


Aujourd’hui, à cause de cet événement que rien ne pouvait laisser présager, elle se retrouvait dans la situation d’un prisonnier qui, après vingt ans de réclusion, recouvrait la liberté. Mais qu’en ferait-elle ? Sa prison, c’était son monde, elle en connaissait les règles, les limites. La liberté était, elle, un monstre assoiffé de sang tapi dans tous les recoins, prêt à bondir, un gouffre sans fond qui s’ouvrait sous ses pieds et qui allait l’engloutir, la faire disparaître corps et biens. Elle était terrorisée. Que n’aurait-elle donné pour recouvrer sa prison. Car en ce lieu, si malfaisant qu’il fût, elle savait qui elle était, elle avait une existence. Une prison ne pouvait perdurer sans son geôlier et ce dernier venait de disparaître, emportant avec lui toutes les clés, la laissant libre et pourtant toujours claquemurée. Quel pouvait être son avenir ? Il n’y avait rien d’autre après …




~ O ~




Chapitre 1 : Quand Omega devient Alpha



Depuis combien de temps Marie-Odile subissait-elle les affres de cette terreur indicible qui lui étreignait le cœur et paralysait ses membres ? Une minute, dix, une heure ? Elle n’aurait su le dire. Un brouhaha indéfinissable la tira néanmoins de son cauchemar éveillé. Reprenant son souffle et calmant ses palpitations, elle finit par tendre l’oreille. Cela paraissait émaner du hall d’entrée et, à moins que ces sens ne l’abusent, on s’invectivait copieusement. D’un geste rageur, elle se releva d’un bond.



Avisant un petit miroir mural, elle s’accorda quelques secondes pour se recomposer un semblant de visage, du moins autant que faire se pouvait. Son cœur se remit immédiatement à bondir dans sa poitrine. S’appuyant au chambranle de la porte, elle ferma les yeux, se concentrant sur sa colère afin de ne pas s’effondrer. Quand elle se sentit prête, elle s’élança dans le couloir qui menait au grand escalier. Son ouïe ne l’avait pas trompée, Pascal était selon toute vraisemblance pris à partie par une véritable furie.



L’ire sourdait dans sa voix lui donnant des accents d’outre-tombe.



L’inflexion des deux protagonistes signalait que l’explosion menaçait. Il fallait que Marie-Odile intervienne et elle ne se sentait pas vraiment d’attaque à arbitrer un conflit. Se précipitant dans les escaliers, le claquement de ses talons sur les dalles de marbre révéla sa présence.



Elle voulut aussitôt se précipiter au-devant de Marie-Odile, mais Pascal fit immédiatement barrage de son corps.



Cette dernière, pas peu fière de sa victoire, passa devant lui en bombant le torse. Se faisant, elle lui tapota rapidement la joue et lâcha un « brave garçon » avant de grimper les escaliers quatre à quatre et de s’engouffrer dans le sillage de Marie-Odile. Pascal serrait tellement les poings que ses jointures blanchissaient de façon inquiétante. Quand elles eurent regagné le bureau, les deux femmes se dévisagèrent un long moment.



Elle déambulait dans la pièce.



Tel un taureau furieux, Cécile chargea droit vers Marie-Odile la forçant à reculer. Bientôt, acculée au divan, elle faillit tomber. Le visage de son amie se trouvait à seulement quelques centimètres du sien qui devait être exsangue. Elle sentit le souffle chaud sur sa peau glacée, ce qui la fit frissonner de la tête aux pieds.



Comme Marie-Odile ne répondait pas, elle continua :



Le ton employé était péremptoire et ne souffrait aucun délai d’exécution. Son geôlier était de retour. Corps et esprit ne lui appartenant plus, elle obtempéra tel un automate.



Voyant que Marie-Odile allait parler, elle l’interrompit d’un geste.



Elle dressait là devant elle, campée sur ses talons aiguilles, les jambes légèrement écartées et les mains sur les hanches, dos à la fenêtre. La lumière la nimbait d’une aura majestueuse, rendant sa robe diaphane. À cet instant précis, elle eut la sensation de faire face à l’incarnation d’Héra dont les colères étaient homériques et les punitions à l’avenant. Qui était-elle pour s’opposer à la volonté d’une déesse ? Elle courba la tête et opina du chef.



D’un pas nettement moins assuré, Marie-Odile descendit le grand escalier pour se porter à la rencontre de Pascal qui affichait une mine réellement inquiète. Avait-il entendu leur conversation ? Elle n’osait l’envisager. Pendant ce temps, Cécile s’enferma dans les toilettes. Quand la porte fut close, elle prit appui des deux mains sur le rebord de la vasque en marbre et releva la tête afin de se regarder dans le miroir. Presque immédiatement, son menton se mit à trembler et de grosses larmes se formèrent dans ses yeux. Au prix d’un effort surhumain, elle parvint à refouler ses sanglots. Et, comme pour se convaincre elle-même, elle récita comme une litanie.



Elle ferma les paupières et prit trois grandes inspirations. Quand ce fut fait, elle les rouvrit et constata qu’elle avait restauré son calme, son assurance, sa prestance. Elle sortit et regagna sa voiture pour retrouver Marie-Odile assise à la place du passager de sa décapotable.



Sans plus attendre, elle mit le contact, démarra et remonta l’allée de gravier pour quitter le domaine. Le trajet s’exécuta en silence et quatre heures plus tard, elles se trouvaient à Paris dans le penthouse qu’occupait Cécile. Elle lui fit faire le tour du propriétaire puis elles gagnèrent l’immense terrasse baignée de soleil. Des arbustes en pot, des bacs débordant de fleurs, des transats et du mobilier d’extérieur en couvraient la majeure partie. Il y avait même un jacuzzi. Quelques treillis de chèvrefeuille dispensaient de l’ombrage et une fragrance très agréable. La vue sur Paris était saisissante. L’appartement, quant à lui, était extrêmement lumineux, spacieux et moderne. On y accédait directement depuis le parking au moyen d’un ascenseur privé qui ne s’ouvrait qu’avec une clé.



C’est à ce moment précis que Marie-Odile prit conscience à quel point Cécile était belle. Comme si elle la découvrait pour la première fois. D’après son souvenir, elle l’avait toujours aperçue avec des chemisiers boutonnés haut et des manches longues, ou portant des cols roulés, mais certainement pas en tenue d’Ève. Elle était grande, sans doute presque un mètre quatre-vingt. Un visage un peu triangulaire, des lèvres rouges et sensuelles, comme une invitation constante au baiser, un teint hâlé par le soleil, des yeux de chat de couleur émeraude, des cheveux bruns cascadaient en boucles souples et soyeuses jusqu’au milieu de son dos. Des seins volumineux qu’elle portait haut avec fermeté et arrogance, un ventre plat, de belles mains aux longs doigts déliés et aux ongles acérés, une taille fine soulignée par une mince chaînette d’argent. D’immenses jambes fuselées terminées par des pieds délicats et des hanches bien dessinées encadraient un pubis parfaitement glabre. Ses fesses étaient musclées, avec de la rondeur, mais sans excès. Aucune marque de maillot ne venait ternir l’harmonie de son bronzage uniforme qui teignait d’une magnifique couleur pain d’épice cette peau que l’on pouvait imaginer sans peine soyeuse et veloutée. Oui vraiment, elle avait rarement vu de femme plus belle. Quand elle souriait, ce qu’elle avait fort peu fait depuis qu’elle avait forcé sa porte, son visage se creusait de multiples fossettes qui lui donnaient un air délicieusement mutin et totalement craquant.



Elle entreprit aussitôt de se déshabiller, mais ses gestes étaient hésitants et maladroits. À un point tel, qu’elle ne parvenait pas à défaire les boutons de son chemisier. La crise de nerfs pointait. Tout cela allait trop vite, elle perdait pied. Moins elle y arrivait, plus elle s’énervait et plus elle s’énervait, moins elle y arrivait. C’était sans fin. Des larmes commencèrent à perler à la lisière de ses paupières avant de ruisseler sur ses joues. Cécile s’empara de ses mains qui tremblaient et les écarta doucement.



Avec une langueur toute calculée, elle fit sauter un à un tous les boutons de son chemisier de soie noire. Quand ce fut fait, l’étoffe glissa lentement de ses épaules pour choir sur le plancher dans un froufrou délicat. Plus petite que Cécile et gardant la tête baissée, son visage se trouvait presque entre les seins de son amie, ce qui accentua davantage son malaise. Son soutien-gorge dégrafé ne fut pas long à rejoindre son haut. D’instinct, elle voulut remonter les bras, mais Cécile les bloqua aussitôt.



Marie-Odile avait maintenant le pantalon sur les chevilles et Cécile s’était déplacée pour se positionner dans son dos. Elle sentait les seins lourds de son amie qui s’écrasaient contre ses épaules, presque à la lisière de son cou. Doucement, elle avait entrepris de faire glisser ses mains le long de ses flancs pour descendre sa petite culotte informe qui finit elle aussi sur le sol.



Après avoir balancé les vestiges de son ancienne vie au fond d’un grand sac poubelle, Cécile rejoignit Marie-Odile. Une heure durant elle s’escrima à épiler son amie des pieds à la tête à grand renfort de cire chaude et de larmes. Quand elle fut satisfaite du résultat, elle fit couler un bain et la débarrassa de l’horrible chignon d’un autre âge dont elle était affublée. Les cheveux lavés, elle laissa librement cascader ce fleuve d’or roux sur ses épaules.



Légèrement à regret, Marie-Odile sortit de l’eau fraîche qui calmait si bien la douleur cuisante émanant de tout son corps. Elle s’épongea par petites touches et s’enveloppa dans la serviette avant de se souvenir qu’il lui était interdit de porter quoique ce soit à l’intérieur de la maison. À l’ombre des treillis de chèvrefeuille, Cécile avait déplié une table de massage.



De l’huile chaude ruissela sur sa peau bientôt étalée par des mains fines et malgré tout vigoureuses. Elle ne pouvait dire combien de temps cela dura, car elle somnolait à moitié. La tiédeur de l’air, le parfum délicat des fleurs, les caresses douces et pourtant appuyées de son amie qui libéraient toutes les tensions accumulées dans son corps endolori. Tout cela contribuait à la plonger dans une sorte d’état second. Aucun muscle ne fut oublié. Depuis sa nuque jusqu’à la plante des pieds en passant par ses fesses. Personne ne l’avait touché de façon si intime depuis un nombre incalculable d’années et cependant elle n’en avait cure, elle était bien et rien d’autre ne comptait. Une petite tape appuyée sur la partie la plus charnue de son anatomie la ramena à la réalité.



Elle s’exécuta, mais la situation le gêna beaucoup plus que précédemment. C’était la première fois qu’elle voyait son sexe de manière aussi flagrante et cela la perturbait.



Surprise, cette dernière voulut la retirer, mais Cécile l’en empêcha.



Son conditionnement reprit aussitôt le dessus et elle se résolut à caresser doucement Cécile du bout des doigts. Sans qu’aucune autre parole ne fût échangée, l’huile se mit de nouveau à ruisseler et le massage recommença. Mais cette fois, la sensation fut différente. Finie la somnolence. Il lui semblait que les doigts de Cécile se faisaient plus légers, mais bien plus insistants, plus intrusifs. Sa poitrine se durcit, sa respiration s’accéléra. Ses mamelons, semblables à deux petits boutons de rose, s’érigèrent aussitôt, fiers et conquérants, prêts à en découdre avec ces doigts envahissants. Ils se dardèrent tant et si bien que leur couleur, habituellement rose pâle, vira au fuchsia et qu’ils devinrent délicieusement douloureux.


Sous ses caresses, le sexe de Marie-Odile s’épanouissait comme une fleur au printemps, s’ouvrant et s’évasant, laissant s’échapper un flot de liquide légèrement visqueux qui très vite lui macula la main. Jamais de sa vie, elle n’avait connu ça. Les pouces repartirent à l’assaut des deux magnifiques petites turgescences qui libéraient de minuscules décharges électriques dans tout son corps. Marie-Odile ne put bientôt plus étouffer ses soupirs qui se muèrent rapidement en véritable râle de plaisir. Elle ne contrôlait plus rien. Les mains descendirent sur le ventre qu’elles massèrent lentement quand l’une d’elles s’aventura entre la fourche de ses cuisses qui s’écartèrent immédiatement pour en faciliter l’accès. Pour autant, Cécile ne poussa pas plus avant son exploration. Elle se pencha à l’oreille de son amie.



Sans même s’en rendre compte, elle introduisit deux doigts, puis trois dans le sexe béant de Cécile qui visiblement n’attendait que cela. La caresse était naïve et maladroite, mais malgré tout, emprise d’une sincérité toute neuve ô combien touchante. Tournant la tête vers Cécile, elle constata que son visage était devenu rouge et que sa poitrine affolante se soulevait à un rythme effréné.



Sans préavis, elle planta son majeur et son index au fond du vagin de Marie-Odile, cherchant une petite masse pulsatile qu’ils trouvèrent rapidement, tandis que de son pouce se pressa sur le clitoris turgescent. Aussitôt, le compas de ses jambes s’ouvrit au maximum, mais ce sont les dents de Cécile mordillant la pointe de son sein qui lui donnèrent le coup de grâce. Il suffit de quelques secondes pour qu’un hurlement primaire, animal, venu du fond des âges s’élevât de sa gorge à l’instar de la boule incandescente qui naquit au plus profond de son ventre et qui, remontant à une allure vertigineuse sa moelle épinière, s’écrasa, avec toute la puissance d’une vague scélérate contre la falaise de son esprit. Elle n’était plus que convulsions et épanchement. L’orgasme avait fait voler en éclat le barrage libérant un flot impétueux et inextinguible d’hormones trop longtemps mises sous le boisseau, dans l’intégralité de son corps.

Lentement, Marie-Odile reprenait pied avec la réalité. Tout était encore trouble et elle peinait à ouvrir les yeux.



C’était trop pour Marie-Odile. Ce qu’elle avait vécu venait de faire voler en éclat tout ce qui l’identifiait, son éducation, son milieu social, la morale, tout n’était plus que cendres et ruines et elle s’écroula entre les seins de son amie, le corps secoué de sanglots lourds et profonds. Cécile la berça doucement, comme on le fait pour un enfant, lui caressant les cheveux avec tendresse.



Avec une infinie douceur, elle lui releva le menton et Marie-Odile s’aperçut que Cécile pleurait également. Alors, mue par l’instinct plus que par la réflexion, elle posa ses lèvres sur celles de son amie. Ce baiser, timide et hésitant, se transforma bientôt en une passion fiévreuse. Les bouches s’ouvrirent, les langues volèrent à la rencontre l’une de l’autre, se goûtant par petites touches ou se faisant audacieuses et conquérantes. Elles virevoltaient comme deux oiseaux exécutant d’un ballet nuptial. À regret, Cécile rompit le baiser, se saisit de la main de Marie-Odile et lui susurra à l’oreille « suis-moi ». Elle la guida vers la fraîcheur de l’appartement et le confort de sa couche.


Avec une douceur infinie, Cécile incita Marie-Odile à s’allonger. Elles reprirent leur baiser interrompu, mais bientôt, la bouche de Marie-Odile se fit plus hardie, plus conquérante. Elle quitta les lèvres rouges comme une grenade pour s’aventurer dans le cou, se promenant sur la peau couleur de pain d’épices. Elle s’empara d’un sein lourd et ferme que sa petite main ne pouvait contenir complètement, remontant vers le mamelon qui ne tarda pas à s’ériger. Elle le goba, jouant avec au moyen de sa langue, l’aspira, le téta comme l’eut fait un bébé.


Pendant ce temps, son autre main continuait sa longue reptation vers des trésors encore enfouis. Délaissant les fabuleuses montagnes tentantes en diable, elle se hasarda vers la vallée en contre-bas, traversant la plaine abdominale qui semblait animée de quelques soubresauts tectoniques, prémices sans doute d’une éruption à venir. Poursuivant son voyage, cette main minuscule et hésitante s’aventura courageusement sur le bord d’une falaise qui surplombait une caverne d’où s’élevait une chaleur moite et intense. Ses doigts, vulcanologues amateurs assoiffés de découverte, se laissèrent glisser le long de la paroi pour atteindre une petite saillie sur laquelle ils s’arrêtèrent. Essayant d’en comprendre la nature, ils s’y frottèrent allégrement et ce faisant les tremblements redoublèrent.


Bien plus puissantes, ces secousses n’étaient plus tectoniques, mais magmatiques. L’épicentre se trouvait non loin et l’éruption assurément imminente. Reprenant leur descente, avec prudence et délicatesse, ils pénétrèrent, un à un, vers les tréfonds insondables et brûlants de l’antre de vulcain. Au moment où le dernier fut enfin passé, la pression accumulée était telle, que dans un hurlement rageur, le dôme céda, libérant un flot ininterrompu de lave incandescent. L’explosion fut si soudaine et violente, que les courageux explorateurs faillirent être emportés, mais ils tinrent bon. Ils attendirent que l’éruption se tarisse. La caverne palpitait toujours autour d’eux, comme un cœur doux et chaud parcouru par moment de quelques secousses de réplique quand ils essayaient de bouger.


Cécile peinait à recouvrer une respiration normale. Son corps, trempé de sueur, frissonnait encore de spasmes incontrôlables.



Et là, à même le lit dévasté, elles s’endormirent dans les bras l’une de l’autre.