n° 19275 | Fiche technique | 37746 caractères | 37746Temps de lecture estimé : 20 mn | 28/10/19 |
Résumé: Cécile s'emploie à détruire Marie-Odile pour donner naissance à Garance, mais à quel prix ... | ||||
Critères: ff fsoumise fdomine fgode fdanus fsodo piquepince -fhomo | ||||
Auteur : Alcuin Envoi mini-message |
Épisode précédent inexistant | Série : Garance Chapitre 03 | Fin provisoire |
Précédemment :
Voguant de félicité en félicité, le voyage se poursuit pour Marie-Odile, mais comme tout chose en cet univers, il semblerait qu’il se termine, peut-être ainsi que sa vie…
Pendant quelques secondes interminables, elles s’affrontèrent mutuellement du regard. Marie-Odile gardait les yeux braqués sur le poignard que Cécile tenait dans son poing et cette dernière, le souffle court, s’approchait lentement.
D’un geste vif et précis de la dague, elle la décacheta avant de reposer le tout devant Marie-Odile qui demeurait interdite.
D’un geste hésitant, elle versa le contenu de l’enveloppe sur la table. Au milieu des mets délicats reposaient, maintenant, carte d’identité, passeport, permis de conduire, carte vitale, carte American Express centurion, bref tout ce qu’une identité exigeait.
S’emparant des documents, elle les passa en revue. Les photographies la représentaient comme elle était ce matin, mais le détail le plus important était le nom.
N’en revenant pas, elle demeurait pétrifiée. Cécile faisait preuve d’une froideur et d’un détachement qui ne lui ressemblait pas et pourtant, tel était bien le cas. Cependant, il y avait quelque chose au fond de ces yeux. Quelque chose d’indéfinissable, comme de la peur ou de la douleur peut être, difficile à dire, mais c’était bien là, sous-jacent, dissimulé par les airs de bravache qu’elle arborait.
La soirée, qui avait si bien commencé, virait au cauchemar. Cécile était rentrée dans la maison, la laissant, plantée toute seule, au milieu de la terrasse, en proie à une foule d’émotions contradictoires, amour, colère, passion, trahison, abandon se disputaient la part belle de son âme. S’allongeant sur un transat, elle but encore et encore, espérant que l’alcool la soulagerait. En un sens, c’est ce qui se passa. Les larmes se mirent à ruisseler sur ses joues, s’échappant de ses yeux comme une rivière quittant son lit. Alors elle pleura, en silence, sans sanglot, puis vint un grand cri sauvage et libérateur. Les pleurs étaient ceux du deuil et le cri, le premier que l’on pousse en venant au monde. Marie-Odile s’était éteinte, Garance était née. La charge émotionnelle devenue trop importante, elle sombra dans un profond sommeil aux allures de coma.
Quand elle s’éveilla au petit matin, avec une magistrale gueule de bois, elle s’aperçut qu’une couverture l’enveloppait et que Cécile dormait, assise par terre contre le transat, la tête reposant sur sa cuisse. La colère ne l’avait pas vraiment quittée et elle lui en voulait toujours, cependant se buter ne servirait à rien. Il fallait qu’elle prenne une décision, mais encore fallait-il choisir la bonne. Une heure durant, elle réfléchit, essayant d’envisager toutes les possibilités. C’était tout sauf évident et ce fichu mal de crâne n’arrangeait rien à l’affaire. Bien malgré elle, comme par réflexe, Marie-Odile caressait les cheveux de Cécile et ce faisant elle la réveilla. Avec toutes les peines du monde, elle se remit debout et se dirigea vers la maison en claudiquant légèrement.
La tension était palpable et elles se défièrent du regard pendant un long moment avant de s’asseoir en vis à vis.
Sans attendre, Cécile se leva, bientôt suivie par Marie-Odile. Après le café, l’aspirine et la douche, elle s’allongea nue sur son lit. Elle tenta bien de trouver le sommeil, mais n’y parvenait pas, tournant et se retournant sans cesse. Elle souhaitait comprendre, cependant ses souvenirs, ses sentiments, ses hypothèses se télescopaient, entraient en collision, éclatant en une myriade de particules comme lors de quelques big-bang cosmiques. Au sein de ce chaos, il était difficile de réfléchir et elle sentait son être se déliter au fil des scénarii envisagés. Qu’elle le veuille ou non, Marie-Odile était bel et bien morte. Pour être tout à fait honnête, même si ça lui faisait un mal de chien de l’admettre, cela faisait déjà longtemps que c’était le cas. Cécile n’avait que mis en lumière un état de fait. Alors, pourquoi lui en voulait-elle autant ? Elle avait eu le courage d’ouvrir une boîte, cependant laquelle était-ce ? Celle de Schrödinger ou celle de Pandore ? Son amie lui avait dit qu’en son sein, elle ne trouverait que la vérité. Cette vérité à laquelle tout le monde aspire, mais qu’en réalité bien peu recherchent vraiment. Car elle était sans fard, sans artifice, cruelle et implacable. On ne pouvait pas feindre ou transiger avec elle et une fois qu’on l’avait libérée rien ne pouvait de nouveau l’emprisonner, s’insinuant comme un coin dans la moindre fissure, progressant immanquablement encore et encore jusqu’à tout faire éclater. À l’inverse, le mensonge était chaud, confortable, douillet, enveloppant. On s’y sentait en sécurité, mais c’était également le pire des cancers. Lent et insidieux, il s’infiltrait partout, dans toutes les fibres d’un être, gangrénant chaque cellule jusqu’à ce que l’hôte disparaisse au profit d’une coquille vidée de toute substance.
Marie-Odile comprenait le raisonnement de Cécile et ce qui l’avait poussé à prendre cette terrible décision. Elle saisissait pleinement la véracité de ses arguments, cependant elle ne décolérait pas. Pourquoi Cécile ? Pourquoi maintenant ? Et surtout, pourquoi s’était-elle permis de le faire ? Il y avait déjà fort longtemps qu’elle ne croyait plus en l’altruisme, la bonté d’âme et le désintéressement de son prochain. Personne ne fait rien pour rien. Cécile avait forcément quelque chose à y gagner, mais quoi ? c’était la grande question ! Dans un premier temps, en proie à toutes ces émotions, elle avait voulu reprendre sa parole et rentrer chez elle, mais elle ne pouvait pas. Quelque chose la retenait. Sa parole était peut-être la seule chose qui la définissait encore et elle ne souhaitait pas laisser s’envoler ce dernier lambeau de personnalité sans se battre.
Cécile avait raison, elle devait cesser d’être une victime. Marie-Odile ne le pouvait pas, trop de peurs, trop de blessures qui ne se refermeraient peut-être jamais. Cependant garance, n’était pas en butte à ce genre de soucis. Comme son amie lui avait fait remarquer, son histoire, son individualité, tout était une page vierge et il était maintenant grand temps d’écrire le premier chapitre. C’est à ce moment qu’elle se souvint de ce qu’elle avait ressenti en se découvrant dans la psyché après le passage d’Elvira et d’Efia. Alors elle se leva et se campa devant son reflet. On dit que les yeux sont le miroir de l’âme, elle s’abîma donc dans la contemplation de ses prunelles outremer rehaussées d’éclats d’or pour découvrir ce qui s’y cachait, se concentrant tant et si bien que tout ce qui existait autour disparut. Bientôt elle réussit à passer au-delà et trouva enfin ce qu’elle cherchait. Oh non, ces yeux n’étaient pas ceux d’une proie, mais bien ceux d’un prédateur. Un sourire carnassier éclaira son visage. Elle regagna son lit pour se nicher, telle une chatte, sur sa couette moelleuse. Cette soudaine prise de conscience lui fit l’effet d’une douche apaisante sur son âme meurtrie. Enfin elle trouva un semblant de paix et s’endormit sereinement.
Le restant de la journée ainsi que la suivante, les deux jeunes femmes ne s’adressèrent pratiquement pas la parole. Elles ne s’évitaient pas particulièrement, mais il fallait du temps pour digérer tout cela, ce que l’une comme l’autre comprenait parfaitement.
Au matin du surlendemain, un soleil flamboyant darda ses premiers rayons, nimbant Paris de couleurs chaudes et chatoyantes. Cette lumière, si magique et unique, ne célébrait pas seulement la naissance d’un nouveau jour, mais également celui d’un nouvel être. La chrysalide s’était fendue et Garance était apparue. Comme si elle ouvrait les yeux pour la première fois, elle contemplait le monde sous un jour nouveau. Il lui semblait beau, éclatant, rempli d’opportunités et il n’était pas question qu’elle passât à côté. Trop de temps s’était déjà écoulé. Alors, se saisissant de tout le maquillage qu’elle s’était procuré sur les conseils d’Elvira, elle entreprit de se sublimer avec une variation toutefois. Elle s’appelait Garance dorénavant, le rouge profond prédominerait donc. Elle se coiffa, se parfuma et enfila ses escarpins grenat. L’image que lui renvoya le miroir la satisfit au plus haut point.
Lentement, elle laissa ses mains errer sur son corps comme si elles le découvraient pour la première fois, ce qui, en toute honnêteté, était assurément le cas. Pour commencer, elles s’emparèrent de ses seins qui étaient certes petits, mais bien dessinés, couronnés de mamelons à la sensibilité extrême, qui s’érigeaient au moindre contact comme deux jolis boutons de rose à peine éclos. Tandis qu’une de ses mains s’y attardait, l’autre gagna son ventre plat et ferme, aux abdominaux peut-être un peu trop affichés à cause du sport qu’elle pratiquait abondamment. Une douce chaleur l’envahissait qui teintait ses joues d’incarnat, durcissait sa poitrine et descendait vers son sexe qui pulsait au rythme des battements de son cœur. Ses lèvres, finement ourlées de rose nacré, étaient peu saillantes et abritaient une belle perle proéminente qui réagissait à la moindre sollicitation. Deux doigts conquérants s’égarèrent entre elles, se nappant immédiatement du liquide qui la lubrifiait copieusement. Son souffle s’accéléra suivant le rythme du branle qu’elle s’imposait, agrémenté du son délicat d’un clapotis humide. Son plaisir enflait et des râles montaient de sa gorge, toutefois elle demeurait insatisfaite, elle avait envie et surtout besoin, de beaucoup plus.
Alors elle s’allongea sur le lit et laissa ses mains s’aventurer le long de ses cuisses, les caressant, les saisissant afin de mieux les écarter. Elle planta les talons de ses escarpins dans le matelas gardant ainsi le compas de ses jambes grand ouvert, d’une manière fort peu convenable pour une jeune femme de bonne famille, mais ô combien sensuelle et appropriée à ce qu’elle avait en tête. Se remémorant la présence d’un godemichet vibrant, dont la forme l’avait particulièrement intrigué, au sein de la boîte que lui avait donnée Cécile, elle s’en empara.
Dans sa main minuscule, il paraissait impressionnant, très incurvé ainsi que curieusement tiède et doux au toucher. Elle le mit en route et choisit une vitesse de faible intensité, ne sachant pas vraiment à quoi s’attendre. Elle l’appliqua sur son clitoris et aussitôt les vibrations se diffusèrent dans tout son bas-ventre. Garance se cambra, savourant pleinement les vagues de plaisirs qui montaient inexorablement dans ses reins. Cependant, elle souhaitait quelque chose de plus viscéral, de plus lourd, alors, d’une seule traite, elle l’enfonça dans les tréfonds de son antre. Un peu maladroitement, elle localisa une zone qu’elle pressa avec insistance, tant elle lui dispensait de fortes sensations. Elle augmenta l’intensité ce qui provoqua un cri de gorge, rauque et puissant. Afin de prolonger son plaisir, elle imprima de lents et profonds va-et-vient. Pendant quelques minutes, elle suivit ce rythme, puis à mesure que sa jouissance gonflait, elle se saisit de l’olisbos à deux mains pour le plonger au plus profond de son intimité et l’y maintenir. Son abdomen se contracta et ses membres se figèrent. Cambrée au maximum, les yeux révulsés et la respiration bloquée, elle laissa enfler son orgasme comme une bulle de savon jusqu’à ce qu’il explose dans une longue plainte.
Lentement, elle recouvrait un souffle normal. Son visage arborait un large sourire tandis que ses mains caressaient son ventre avec un plaisir clairement affiché.
Avec une lenteur calculée, elle extirpa le membre artificiel avant de le porter à ses lèvres pour lui prodiguer une fellation digne des plus grandes professionnelles.
Nonchalamment, elle jeta le jouet sur le lit et vint se coller dans le dos de Cécile. Lentement, elle remonta ses mains le long des flancs pour s’emparer des seins de son amie des deux mains. Avec autorité, elle la retourna pour la plaquer contre la porte et l’embrasser avec passion pendant que ses doigts descendaient entre ses cuisses qui s’ouvrirent instantanément.
Elle la lâcha pantelante et le souffle court. En roulant des hanches, elle regagna le lit et se mit à quatre pattes dessus, les jambes écartées et le dos bien cambré. Elle fouilla un temps dans la boîte à malice avant de lancer un objet à son amante.
Cécile n’en revenait pas, oscillant entre excitation et incompréhension. Garance venait de lui envoyer un godemichet double sans ceinture. Depuis le début, c’était elle qui tirait les ficelles et menait la danse, mais là c’était terminé. Si elle avait effectivement tué Marie-Odile, alors à quoi avait-elle donné le jour ? Elle continuait de contempler l’instrument, dubitative.
Cécile avait déjà utilisé ce genre d’ustensile, mais toujours de façon passive, en posture féminine. Jamais elle ne s’était retrouvée de ce côté du manche, sans mauvais jeu de mots. Interpréter, pour une fois le rôle masculin avait quelque chose de grisant et de terriblement excitant, mais également de terrifiant, du moins pour elle.
Se saisissant du flacon de lubrifiant, elle en enduisit copieusement les deux extrémités. Celle qui lui était destinée était certes plus courte, mais aussi beaucoup plus large. C’est donc avec d’infinies précautions qu’elle l’inséra en elle se sentant aussitôt comblée, remplie, comme quand Marie-Odile l’avait fistée pour la première fois. Au seul souvenir de cette petite main la fouillant jusqu’au tréfonds, elle se mit à mouiller en abondance. Délicatement, elle se positionna derrière Garance, lui empoignant les hanches d’une main tandis que de l’autre elle frotta le vit synthétique sur la fente brûlante de sa maîtresse. Elle était trempée, alors d’une poussée impérieuse, elle s’introduisit en elle d’une traite, jusqu’à la garde.
Cécile commença un branle lent, mais profond, lui saisissant la taille à deux mains. Elle éprouvait une étrange sensation de puissance et de contrôle, tout en sachant pertinemment qu’elle ne contrôlait absolument rien. Étant plus grande que sa partenaire, l’angle variait pendant la pénétration ce qui appuyait délicieusement la partie qu’elle avait en elle contre son point G.
Cécile obtempéra. Le feu commençait à lui embraser les reins, signe que la délivrance était proche.
Se cambrant au maximum, elle releva le torse et se saisit des fesses de son amante à deux mains pour la plaquer bien contre les siennes. Cécile s’empara de ses seins et fit rouler les deux petits boutons de rose entre ses doigts. Les gémissements redoublèrent. Toutes deux n’allaient pas tarder à exploser à ce rythme.
La crudité du langage employé, si incongru dans la bouche de Marie-Odile, lui fouetta le sang. Était-ce un autre aspect de la personnalité de Garance ?
Quand elle eut obtempéré, les fesses bien tendues vers son visage, dans une posture totalement indécente, mais ô combien enivrante, elle plongea ses lèvres vers ce fruit délicieusement défendu. Du bout de la langue, elle lapa le nectar qui s’en écoulait avant de remonter vers la petite rosette plissée qu’elle enduisit copieusement de salive, lui procurant une feuille de rose endiablée. Garance gémissait sans discontinuer.
De la pulpe d’un doigt et de manière concentrique, elle commença à lui caresser l’anus qui palpitait et s’évasait de plus en plus. Sans crier gare, mais délicatement tout de même, elle introduisit son majeur et fit quelques allées et venues. Garance poussa un cri tenu.
Se sentant galvanisée, l’index se joignit à la fête. Toujours avec douceur, elle reprit son branle tout en écartant de manière occasionnelle les doigts pour détendre et dilater la petite rosette. Quand elle la jugea prête, elle ôta ses doigts, enduisit le vit de lubrifiant et força tendrement cette entrée délicate. La situation l’excitait comme une folle et Cécile se mit à ruisseler comme une fontaine. Dès que la pénétration commença, la respiration de Garance se bloqua. Lentement et sans heurt, elle s’enfonça dans la gaine étroite, progressant jusqu’à arriver en buter. Alors seulement, Garance inspira. Son souffle se fit haletant, la sueur perlait de tous ses pores, sa température grimpait en flèche, son cœur battait la chamade dans sa poitrine. Jamais elle ne s’était sentie ainsi. Cécile s’était remise en mouvement, très doucement, pour ne pas la blesser. Mais elle en voulait plus.
Cécile n’en pouvait plus. Elle aussi était en nage. Les chevaux s’étaient emballés et dorénavant, rien ne pourrait plus les arrêter avant l’inéluctable conclusion. Elle se déchaînait, secouant le corps mince dans tous les sens sous ses coups de boutoir. Garance, elle, n’était plus là. Elle avait l’impression d’avoir rapetissé encore et encore jusqu’à avoir atteint une dimension microscopique. Elle était la spectatrice de son propre organisme. Tout autour d’elle, des cellules, comme autant de galaxies et nébuleuses, se contractaient et tournoyaient, percutées par des éclairs électriques de teintes bleues, blanches ou même rouge qui les faisaient s’embraser. C’était le chaos, un chaos primordial et magnifique. Puis, soudainement, tout cessa.
Au loin, elle perçut l’éclat aveuglant d’une explosion silencieuse. L’onde de choc se propagea, aussi puissante et implacable qu’une lame de fond, elle déferla pour venir la heurter et l’emporter. Dans une débauche de fluide et un cri simultané, les deux femmes décollèrent. Cécile, à genoux, les fesses sur les talons, les cuisses largement ouvertes, tenait son amante fermement par les hanches, enfonçant ses ongles dans sa chair. Garance, empalée jusqu’à la garde, cambrée à la limite de la rupture, exultait comme jamais. Elles restèrent longtemps dans cette posture, figées, tétanisées par l’orgasme qui n’en finissait pas. Puis, comme un arbre géant, elles s’abattirent lentement sur le côté, toujours emboîtées l’une dans l’autre. Enfin vint le moment de se débarrasser de cet ersatz de masculinité devenu aussi inutile qu’encombrant, ce qui constitua l’action la plus désagréable de cet instant si féérique par ailleurs. Chassant au loin ce rebut de leur passion, elles s’endormirent.
Quand Cécile ouvrit les yeux, ce fut pour s’apercevoir que Garance l’observait de son regard de fauve, un sourire énigmatique flottant sur ses lèvres.
Pendant un long moment, elles se défièrent ainsi du regard, cherchant l’une comme l’autre à percer quelques mystères.
Elle tenta de se lever pour quitter cette chambre, mais Garance la saisit d’une poigne de fer, l’obligeant à se recoucher à son côté.
Elles se lovèrent plus étroitement dans les bras l’une de l’autre, savourant ce moment de tendresse après l’effervescence dont elles avaient fait preuve auparavant.
Elles s’étreignaient toujours lorsqu’un téléphone vibra. En maugréant, Cécile se leva pour constater de quoi il retournait.
Après une légère tape sur les fesses, elle fila comme une flèche vers la salle de bain.
Faisant contre mauvaise fortune, bon cœur, elle débarrassa la literie qui retrouva ses petites sœurs dans le panier à linge sale et rejoignit Garance. Une heure plus tard, Elvira sonnait. Les deux complices prenaient le soleil, allongées sur des transats quand elle entra. Elle semblait être une femme différente. Toujours ce teint d’albâtre, mais maintenant ses lèvres étaient peintes de carmin et ses yeux habillés de dentelle noire. Elle portait une chemise de soie blanche à jabot et poignets de dentelle, un pantalon obsidienne qui l’épousait comme une seconde peau et mettait en valeur un cul à faire bander un cadavre, une paire de cuissardes à talon aiguille, un boléro de jais et un feutre andalou. Ses magnifiques cheveux avaient été ramenés sur sa nuque en un catogan complexe. Elle avait beau être différente, elle n’en demeurait pas moins envoûtante. Elle tenait à la main une sacoche de cuir, comme celle des médecins.
Elle souleva un sourcil interrogateur en direction de Cécile qui n’osa piper mot. Pendant ce temps, Garance se leva et vint se coller à elle, lui ôta son chapeau et l’embrassa à pleine bouche.
Interrompant leur étreinte, elle ouvrit sa sacoche et sortit un de ses carnets de croquis.
Elle feuilletait les différents dessins qui étaient vraiment magnifiques, mais ne put s’empêcher de relever les yeux pour observer les deux jeunes femmes. La conversation qui s’était engagée entre elles semblait houleuse. Elles s’invectivaient, enfin Elvira surtout, puis elle se tut pour écouter ce que Cécile avait à dire et, soudainement, elle éclata de rire à n’en plus finir. Elles revinrent sur la terrasse après avoir, au prix d’un gros effort, réussi à se calmer.
Elle s’en saisit et l’ouvrit. À l’intérieur, elle trouva un magnifique piercing ombilical figurant une fleur composée de plusieurs marquises de rubis sur monture d’or blanc. Une tige du même métal ornementée de deux feuilles pendait en dessous. Une fine chaîne de taille ainsi qu’une autre pour la cheville complétaient la parure.
De sa sacoche, elle sortit une paire de gants en latex qu’elle enfila ainsi qu’un kit stérile contenant tout le nécessaire. Elle désinfecta avec soins, puis prit ensuite une pince et se saisit de la peau au-dessus du nombril. De l’autre, elle s’empara d’une aiguille impressionnante.
D’un geste vif et précis, elle enfonça l’aiguille, installa le bijou, la retira et réitéra l’opération de désinfection avec encore plus d’attention.
La chaîne descendait de part et d’autre de son nombril avant de venir se poser sur ses hanches. Derrière et au milieu figurait un très joli éventail embelli de trois rubis. En dessous pendaient trois chaînettes qui s’insinuaient dans le haut du sillon fessier. Et enfin, elle attacha l’autre à la cheville.
Aussitôt, Cécile et Garance échangèrent un regard tandis que cette dernière prenait une belle teinte écrevisse.
Sans rien ajouter, elle alla chercher sa tablette et la carte mémoire.