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Temps de lecture estimé : 10 mn
05/11/19
Résumé:  Un rendez-vous dans un café, un serveur. Quatre personnages. Certains font l'amour, d'autres pas.
Critères:  fhh inconnu caférestau collection fellation préservati pénétratio -couple+h
Auteur : Juda
Le pourboire

Le truc le plus plaisant, c’est moi qui l’ai remarqué. Enfin, moi ça m’a plu. Nous étions là en train de faire tourner le vin dans nos verres, c’était le deuxième pour lui et moi, pour elle c’était toujours le premier. On parlait. La conversation était allusive, tout en sous-entendus, parfaitement implicite. Logiquement, personne n’aurait dû rien y comprendre. Sauf lui, le serveur. Il avait tout capté.


Je ne sais pas si ça vous avez déjà vécu cette situation, le moment où le type qui était sur l’écran s’incarne tout à coup, vous serre la main à vous et lui fait la bise à elle. Ce court moment des présentations, jusqu’où ne pas aller trop loin et ne pas s’aventurer dans une intimité que personne n’a encore décidé de dévoiler. Assez souvent, ça vient plus tard, une fois les corps apaisés et détendus, parfois ça ne vient pas du tout. Et là, nous avions parlé du voyage, si ça n’avait pas été trop long, pas d’embouteillages et si l’hôtel que nous avions trouvé était confortable, comment on trouvait la ville, si on y était déjà venus ? Oui, oui. Pour ce genre de rencontres, notamment. C’est une belle ville, il y a du monde, l’anonymat est garanti, ça nous va bien. Mais ce quartier, non, on n’était jamais venus.



Depuis que nous sommes entrés dans ce bistrot aux fauteuils confortables et aux tables basses et que nous avons cherché du regard un homme qui ressemblerait à la photo sur le site et que quelqu’un nous a fait un petit signe discret, annonçant sa présence en fond de salle, j’ai l’impression que le serveur nous a percés à jour et a parfaitement compris les raisons de notre rendez-vous. Je le regarde aller et venir plus qu’il ne faudrait aux tables d’à côté, je le vois interrompre son pas, courber la tête, je sais qu’il est en train de tendre l’oreille et qu’il est indifférent à la conversation du client. Il danse d’une commande à l’autre, mais il n’est jamais loin de nos trois verres de vin blanc. Ma belle et notre hôte ne semblent pas du tout s’en être aperçus. Ils en sont à se jauger, leurs regards tentent de cacher leur intention, mais c’est peine perdue. Ses yeux à lui l’ont déjà déshabillée plusieurs fois, ses yeux à elle ont fait un chemin vertical, du bas en haut avec un arrêt presque imperceptible à mi-chemin. Et voilà que le serveur nous nourrit d’un petit bol supplémentaire de cacahuètes et nous régale d’un bon mot malicieux. Qu’est-ce qu’il vient d’entendre là ? Elle vient de répondre à cette question qui arrive parfois, pas toujours, mais qui tracasse souvent nos inconnus de rencontre. La fameuse question du nombre (de rencontres que nous avons faites, d’hommes qui l’ont prise), ici condensée en un elliptique :



Comme l’oreille du serveur n’a pas quitté le secteur, j’ajoute en parlant un peu plus fort qu’eux :



Ma sortie a eu le double avantage de faire sourire discrètement le serveur et de dérider franchement notre hôte. Je ne sais pas pourquoi les hommes de rencontre aiment s’assurer d’avoir eu des prédécesseurs. La question pourrait se poser bien plus crûment et certains d’ailleurs ne résistent pas à connaître leur position dans notre classement. Nous mentons. Elle dit huit. Je dis douze. La vérité n’est même pas au milieu. Mais ça, ça se raconte plus tard, beaucoup plus tard. Quand on a le sentiment que tout peut se dire. Que le sperme répandu vaut confidence. Que le plaisir a tué la pudeur. Je vois bien à la petite ride de notre hôte du jour qu’il aimerait en savoir plus. Alors je dis :



Damien (il s’appelle Damien, le prénom nous a rebutés un moment, mais on est passé outre, il a plutôt la tête d’un Franck ou d’un Karl) nous apprend qu’il n’habite vraiment pas loin, qu’il est arrivé dans le coin récemment, qu’il se plaît. Que l’appartement est confortable. Enfin, c’est ce qu’on lui a dit. Son regard est devenu plus franc et je le vois maintenant détailler Sylvia sans complexe. Les bottes courtes, les bas et la jupe noire, la chemise échancrée par-dessus, les bonnets que l’on aperçoit, la ligne qui partage ses seins et qui descend tout droit vers celle qui divise son sexe.

Le serveur est à distance convenable au moment où je dis :



Il tend son verre vers elle comme pour trinquer. Le moment est en effet venu de questionner la belle sur ses intentions. La soirée ne fait que commencer, mais il ne faut jamais laisser trop de temps se perdre. Elle choque son verre contre le sien. Puis, tour à tour, ils viennent cogner le mien. L’accord est scellé.



Nous avions en effet passé un moment l’après-midi à chercher un bandeau pour remplacer celui que nous avions oublié. Une belle petite pièce d’étoffe attendait dans son sac. Elle la sortit, comme une preuve de flagrant délit.

Le serveur arriva pile à cet instant pour s’inquiéter de nos besoins et envies. Non merci, nous avions tout ce qu’il nous fallait. J’allais d’ailleurs l’accompagner à la caisse pour régler les consommations, s’il n’y voyait pas d’inconvénient.

La machine enregistreuse cracha l’addition et je sortis ma carte pour payer. Le serveur me regardait avec un air profondément perplexe. Il donnait l’impression d’une excitation intense mêlée à une tristesse sincère.



Je tournai les talons, rejoignis Sylvia et Damien qui avaient passé leur manteau. C’était l’automne, j’ai oublié de le mentionner. Le serveur nous ouvrit la porte.



Sylvia le regarda du coin de l’œil avant d’interroger mon regard. Je lui rendis un petit sourire entendu. Non, nous n’étions pas passés inaperçus. Elle pouffa un peu. Et passant un bras sous celui de Damien et l’autre sous le mien, elle se tourna vers le serveur



Et elle lui adressa un sourire plein, un sourire de connivence, un sourire qui disait que tout le monde n’était décidément pas égal devant ces jeux, qu’elle allait disparaître pour un moment dans un choc entre des corps qui ne se connaissaient pas encore, qu’elle se donnerait complètement à ce moment comme elle faisait d’ordinaire, qu’elle mouillait déjà à cette perspective et qu’elle était un peu désolée de le laisser là, lui, avec sa bosse dans le pantalon. Elle lui fit un petit signe de tête. Nous étions partis.


L’appartement n’était pas loin, deux ou trois rues tout au plus. Damien avait préparé une bouteille, nous trinquâmes une nouvelle fois, mais la situation était désormais différente. Le canapé à trois places était parfait, mais je me baissai tout d’abord pour délacer les bottes de Sylvia. Mon premier regard surprit des mains s’aventurant sans attendre, lui sous la jupe, elle vers la braguette. L’envie semblait pressante. Je n’étais pas certain que le serveur n’en soit pas un peu responsable.



Je récoltai très vite la culotte qui venait de tomber et regardai les doigts de Damien s’affairer tandis que Sylvia s’occupait de libérer la queue déjà grosse. Je retirai mes vêtements, me mis nu et choisis un petit fauteuil d’où je pourrais les observer. J’ai toujours apprécié ces premiers moments de découverte. Je les laisse pleinement à Sylvia et n’interviens jamais. J’attendis qu’elle se penche pour le prendre en bouche. Je la laissai faire quelques minutes, plantant mes yeux dans ceux de Damien, qui en disaient plus qu’un long discours. Il semblait vivre un super moment et son regard vers moi avait quelque chose de reconnaissant. J’approchai alors de Sylvia, lui caressai alors les seins, le cou et les cheveux, je savais qu’elle adorait cette sensation de trouble complet où ses hommes se confondent. Elle frissonna. Je déboutonnai son chemisier.


Elle fut nue rapidement, gardant simplement la paire de bas noirs. La chambre n’était pas loin. Nous l’y menâmes en la tenant chacun par un bras, comme à la sortie du café. Et pareil sur le lit, chacun d’un côté, nos bouches, nos doigts et nos sexes frôlant et caressant Sylvia. Sa respiration s’accéléra et monta en puissance jusqu’à cette première jouissance qui marque le début de son plaisir. Elle retira son bandeau. Nous vit à côté d’elle, tous les deux bandant, saisissant nos sexes, embouchant l’un, branlant l’autre. J’accélérai mon mouvement sur son bouton. Elle n’était plus très loin. Je savais qu’il ne fallait pas manquer ce tournant, que sa jouissance demandait d’être rapidement complétée.



J’allai chercher un préservatif dans une poche de mon pantalon, l’ouvris, le tendis à Damien. Il pénétra Sylvia dans l’instant. Elle était sur le dos, les genoux ramenés, elle l’accueillit en poussant un soupir réjoui. Il y allait franco et ne mesurait pas ses coups. Tout cela allait un peu vite, ils semblaient s’être attendus des heures entières. Ils s’étaient trouvés. Je revoyais le bistrot de tout à l’heure, la conversation à demi-mot. Ici, ce n’était plus que râles et gémissements, et des mots claquants aussi. Il lui disait clairement ce qu’il pensait de la situation, d’elle, de son cul, de sa bouche. Je passai dans le salon me servir un verre. Je les entendais. Ce n’était pas déplaisant, je restai là un moment, les vêtements de Sylvia étaient étalés par terre. J’entrepris de mettre un peu d’ordre. Je regardai par la fenêtre. Les immeubles d’en face étaient tous allumés. Je regardai l’heure. Il était presque 21 heures. Il me restait deux heures.


Ils avaient changé de position et il la prenait maintenant par derrière. Je vins me joindre à eux un moment, appelé par Sylvia qui me voulait dans sa bouche. Cette posture est évidemment une des plus classiques et rebattues de ce type de rencontres, mais Sylvia a toujours adoré que les coups d’un amant envoient loin la queue de l’autre dans sa gorge. Il ne fallut qu’un petit regard entre lui et moi pour que nous échangions nos places. Je me glissai en elle, toute soyeuse et béante. Nous aimons cela tous les deux, qu’elle soit ouverte par notre hôte, que je vienne un moment, que je me retire sans trop attendre pour qu’ils reprennent leur jeu et que je la laisse toute entière obtenir sa jouissance d’un inconnu. Nous nous connaissons parfaitement, à force. Avant même d’entrer au café tout à l’heure, elle avait décidé cela. Dans le cas où l’homme lui plairait, elle souhaitait que je prenne aussi peu de place que possible. Que je sois là, que je veille, que je les accompagne, que je reste disponible. Mais ce ne serait pas à trois, cette fois-ci. Elle préférait visiter l’expo avec le guide… Le tout était que je ne montre pas trop à notre hôte que tout cela était cousu de fil blanc.


J’aimais bien ces moments un peu vides, pour moi. L’entendre gémir me plaisait, la regarder être possédée aussi. J’aimais son regard et sa détermination. Il n’y a jamais eu chez elle aucune gêne, comme si tout acte sexuel était une conquête, une liberté arrachée, une extension d’elle. J’aimais voir son corps se modeler sous les assauts de ses amants. Ce n’était pas le même corps qu’avec moi. Et ce n’était pas le même corps pour tous ses amants. Je me demandais à quoi aurait pensé le serveur s’il avait été là. Je me demandais si ce qu’il avait entendu l’avait amené à imaginer toutes les scènes auxquelles j’assistais maintenant. Ou s’il aurait trouvé cela un peu trop osé, trop salé, trop impudent. Un moment, je visualisai le serveur nu, débout à côté du lit, le membre dressé, attendant son tour. C’était plaisant. J’avais déjà vécu cette scène avec un homme ne sachant quoi faire de son érection et s’étant planté là, attendant qu’elle s’en charge. Cet homme était un imprévu, comme aurait pu l’être le serveur. L’imprévu a son charme.


J’étais de nouveau dans le salon quand j’entendis la voix de Sylvia manger tout l’espace sonore. Ils étaient en train d’aboutir. Elle appela. J’arrivai pile pour voir Damien lui badigeonner les fesses d’un sperme épais. Un spasme encore et puis un autre. Il s’était vidé. Elle était là où elle voulait. Sa respiration se calma peu à peu. Elle posa ses lèvres sur celles de Damien. Le champagne fut servi. Je pris sa culotte, débarrassai ses fesses des giclées de foutre, elle se leva, m’embrassa.


Il était 22 h 30 passées quand nous refermâmes la porte de l’appartement. Nous avions parlé un long moment et nous avions cette fois informé notre hôte de sa position exacte dans notre classement, il n’en fut pas vraiment étonné. Nous avions bu encore une coupe, nous étions bien. Puis Sylvia s’était légèrement déplacée et m’avait pris dans sa bouche en regardant Damien dans les yeux. Il avait rebandé immédiatement. Nous nous étions finis ensemble en aspergeant Sylvia. Quelle femme, quel appétit !

Ma femme.

Mon appétit.

Nous ne devions pas passer devant le café du rendez-vous pour rentrer à l’hôtel, mais je proposai à Sylvia de faire ce court détour. La salle s’était vidée, les chaises étaient déjà posées sur les tables. Le serveur était dehors, fumant une cigarette. Il nous vit arriver avec un petit sourire.



Je sortis de ma poche la culotte de Sylvia. Elle était pleine de foutre. Mais il la prit en main, la porta à son visage, la respira profondément et dit :