n° 19343 | Fiche technique | 27122 caractères | 27122Temps de lecture estimé : 16 mn | 04/12/19 corrigé 05/06/21 |
Résumé: Dans Rome décadente, une aristocrate se voit offrir, avec émerveillement, un jeune éphèbe comme esclave. | ||||
Critères: f fh grp fplusag amour hsoumis fdomine exhib fmast hsodo partouze init historique -historiqu -hsoumisaf | ||||
Auteur : Calpurnia Envoi mini-message |
Chère Sophie, (1)
Cette fois-ci, non pas un poème, mais une histoire dans le style baroque que j’aime bien. Faisons un saut, si vous le voulez bien, d’un peu moins de deux mille ans en arrière. Projetons-nous à l’époque de l’Empire Romain dans sa période la plus fascinante, c’est-à-dire en plein milieu de sa décadence, sous le règne de l’empereur Héliogabale, l’un des plus foutraques de toute une succession de détraqués, pour la plupart.
Vous êtes une aristocrate romaine, née d’une famille noble, mariée à un général parti aux confins de l’empire afin de tenter de préserver celui-ci des hordes de barbares qui se pressent aux frontières. À Rome, chacune et chacun respecte votre rang et vous rend les honneurs qui vous sont dus. Votre sœur est une vestale dont le statut privilégié lui permet d’aller partout où bon lui semble. Votre maison se situe non loin des lieux de pouvoir et possède un vaste parc ombragé que vos jardiniers fleurissent. Souvent, au petit matin d’été, avant que la maisonnée soit réveillée, vous aimez vous y promener nue, afin de sentir la caresse du vent sur votre peau exposée aux premières lueurs de l’aurore, au chant des rouges-gorges, des merles et des sansonnets, et la caresse de la rosée fraîche sous la plante de vos petits pieds blancs. Vous vous accroupissez, une main dans votre chevelure brune, les cuisses chatouillées par une herbe folle. Parfois, avant de vider votre vessie – car, lorsque celle-ci est pleine, la jouissance féminine est plus intense, n’est-ce pas ? – vous vous adonnez aux délicieux plaisirs solitaires. Le soleil levant, éblouissant face à vos seins dressés, célèbre votre orgasme. Vous rêvez de vénustés masculines, refusant de choisir entre virilité et féminité saphique. Après avoir goûté à l’une, puis à l’autre, sans y avoir trouvé le sommet de votre joie, vous attendez la synthèse dans une seule personne. Vous avez déjà goûté, au cours de vos voyages, dans les porneïons d’Athènes, les lupanars de Carthage, les prostibules de Parthénopé (aujourd’hui Naples) et les maisons closes d’Alexandrie, aux formes étranges de prostituées transgenres, inflorescences humaines artificielles, bizarreries congénitales et œuvres de chirurgiens cruels, modelées et maquillées pour satisfaire la perversité du chaland. Cependant, vous n’êtes pas une femme perverse, car votre cœur est doux et votre âme n’est pas encline à commettre le mal, dans lequel vous ne trouvez aucunement les joies sombres que recherchent nombre de vos concitoyens. La fleur rare, la fleur unique, celle dont vous attendez la déclosion depuis vos tout premiers émois érotiques est, avant tout, une fleur d’Amour.
La cloche de l’entrée vous surprend pendant la divagation de votre esprit romantique. Moi, la personne de l’ombre qui vous sourit dans le mystère, je vous ai réservé une surprise qui vous attend à votre porte, seule, enchaînée. Pour votre anniversaire, je vous offre un jeune esclave, tout paré d’or et ruisselant de lumières, pour ensoleiller vos jours et enchanter vos nuits.
Lucius « né avec la lumière » est le prénom que vous lui avez choisi. Il semble en effet descendu d’un rayon de soleil qui vous éblouit. Éphèbe à peine arraché du giron de sa mère, il est délicat, fragile, gracile, futile aux durs travaux ménagers réservés aux rudes Amazones capturées par les légions dans les dangereuses terres lointaines. Je vous l’ai offert, non pas pour qu’il soit un serviteur pour le travail, mais uniquement pour votre joie charnelle.
Vous le détaillez en silence. Il est beau à couper le souffle, svelte, fluet, avec de grands yeux d’azur sous des cils immenses et un visage fin à faire pâlir d’envie toutes les dames de l’aristocratie romaine, même les plus jeunes. Captif certes, mais les chaînes que vous lui passez autour des poignets et du cou sont dorées, légères pour son innocence juvénile. Le son de leur tintement sensuel enchante vos oreilles. Parfois, en ce temps-là, la condition d’un esclave pouvait être enviable ; cela dépendait du maître. Vous lui donnez à manger, non pas le brouet noir des domestiques inférieurs, ceux dont la vie ne vaut pas plus que leur travail, mais les nourritures les plus raffinées, les vins les plus doux, ceux longuement vieillis dans des cuves de plomb pour leur donner ce goût sucré si apprécié à cette époque, afin de le consoler de sa servitude. Vous lui enseignez les manières élégantes de se tenir en public, comme une fille du grand monde, à surveiller son langage, à mépriser la médiocrité et à contempler en esthète ce qui dans l’art est admirable. Il bénéficie des précepteurs les plus savants. S’il est malade, il est aussitôt entouré des médecins les plus compétents, de sorte qu’il retrouve très vite la santé.
Vous l’initiez au culte des dieux et des déesses de l’Empire, à la liturgie de Vénus et aux mystères érotiques de Dyonisos, divinité de l’ivresse et de l’extase. Vous lui apprenez avec patience l’art délicat du cunnilinctus, les arcanes et les replis secrets de la vulve, afin qu’il n’ait pas son pareil pour procurer la volupté aux femmes. Il s’entraîne sur vous comme sur de jeunes et ravissantes prostituées dont Rome n’a jamais manqué. Vous demeurez douce avec lui, câline pour son chagrin d’être séparé de sa famille, mais vous lui interdisez sévèrement d’être vêtu autrement que de ses bijoux, ne serait-ce que d’un simple pagne. De même, vous l’empêchez de se masturber, afin de le maintenir en état d’excitation permanente et de le contempler souvent en état d’érection, devant vous, vos servantes ou vos dames de compagnie. Vous voulez que sa beauté éclaire le monde, sans rien en cacher. Dans ce but, les chaînes qu’il porte la nuit sont utiles : ses mains ne peuvent pas atteindre son sexe que ses rêves érotiques maintiennent en état de congestion humide. Vous ne craignez pas de prendre votre bain devant lui ; il vous apporte vos flacons de parfum qu’il verse sur votre peau. Ni même de vous caresser sous ses yeux, car ce plaisir est plus intense quand il n’est pas solitaire. Il vous voit stimuler votre clitoris, et lorsque vous jouissez, son regard se plonge dans le vôtre, de sorte qu’il partage votre volupté sans même que son sexe soit touché d’une quelconque façon. Vous introduisez vos doigts imprégnés de votre humidité intime dans sa bouche, afin qu’il goûte à votre nectar féminin, qui est plus enivrant que tout alcool. Voici qu’il n’ignore plus rien de vos charmes.
Vous lui faites également donner des cours de danse. Très vite, Lucius révèle son don pour mouvoir son corps au rythme de la musique. Catia, la professeure que vous avez engagée pour qu’il bénéficie de leçons particulières, s’émerveille à chaque séance de la capacité de son élève à dépasser les limites du corps et de la pesanteur pour s’envoler avec grâce, comme un petit dieu tombé par erreur du panthéon céleste. D’instinct, chacun de ses mouvements est parfait, ses bras et ses jambes sont à bonne place, la cambrure du dos est impeccable, et lorsqu’il saute, la gravité ne semble plus avoir de prise sur lui.
L’harmonie est en lui, dans son regard lorsqu’il bouge, dans sa respiration, dans la souplesse de ses évolutions, dans l’émotion qui se dégage des tourbillons de ce corps admirable. À l’entraînement, il est infatigable, même lorsque sa sueur inonde son torse encore glabre. Catia vous avoue que cet élève est exceptionnel, qu’en vingt ans de carrière, elle n’en a jamais vu de pareil, et que le regarder virevolter nu et en érection suscite en elle d’impérieux désirs jusqu’au plus profond de son ventre de femme. Elle vous supplie pour que vous acceptiez de lui prêter Lucius pour une tendre soirée à deux. Vous restez inflexible sur votre refus, car pour le moment, vous le voulez pour vous seule et ne voulez pas qu’une autre femme la touche. Vous les surveillez discrètement pendant les cours. Lorsque Catia se risque à recueillir le sexe humide dans ses mains comme un oiseau blessé, vous la renvoyez impitoyablement, malgré ses supplications, sa proposition de cours gratuits et la promesse de ne plus recommencer.
Vous transformez votre poupée, qui est votre unique passion, selon vos goûts et vos fantaisies. Vous passez des heures à coiffer ses longs cheveux bruns et imprégnés de musc, ornés de rubans bariolés, de fleurs fraîchement cueillies, à le maquiller avec soin pour colorer ses joues et ses paupières, à peindre les ongles de ses mains et de ses pieds des couleurs de l’arc-en-ciel. Vous épilez soigneusement les poils de son pubis, qui était clairsemé. Toute la surface de son épiderme devient aussi lisse qui la peau d’un dauphin, puis huilée sous vos petits doigts agiles de liniments précieux et odorants. Vous consacrez des journées entières de bien-être pour lui comme pour vous. Pour parfaire sa présentation, la touche finale consiste à orner Lucius d’un anneau pénien d’or qui maintient et renforce son érection d’une manière étincelante. À son âge, son membre peut naturellement rester dur et splendide pendant une heure ou deux s’il est excité ; grâce à cet accessoire, il n’est pratiquement jamais flaccide, signe que le jeune homme est un surdoué pour l’acte sexuel.
Comme vous savez que le temps est un tueur de grâce, vous décidez de le faire peindre. La nature humaine étant ce qu’elle est, afin que le travail soit exécuté sans les difficultés que vous avez éprouvées avec Catia, l’artiste que vous avez choisi est reconnu pour son talent, mais aussi un eunuque qui ne sera pas tenté de promener ses mains aux endroits où il ne doit pas. Il prend son temps, choisit judicieusement la part entre la lumière et les ombres, mais c’est vous qui avez décidé la pose : très impudique, les cuisses écartées, comme un coquin petit satyre qui poursuivrait une nymphe des bois au printemps, joyeusement impétueux, les poumons gonflés du souffle vital qui arrondit le ventre des femmes et remplit le monde de cris d’enfants.
Une fois que vous estimez qu’il est parfait, vous l’exhibez à vos invités au cours d’exubérantes réceptions où il reste, dans un premier temps, seulement témoin des orgies au cours desquelles il vous regarde, vous et vos hôtes des deux sexes, vous adonner à la fornication la plus débridée, au son des tambourins toute une nuit durant. Ces nuits de dévergondage ont toujours fait partie de votre vie. Il découvre que votre sexualité a toujours été très libre et qu’aucun homme ne vous a jamais dicté la loi de son désir. Il vous voit vous faire prendre, en double pénétration, par deux immenses légionnaires nubiens dont les cylindres énormes se frôlent à l’intérieur de votre ventre dont la peau ondule au rythme de leurs envahissements frénétique de vos antres, à grands coups de reins. Lorsqu’ils se retirent, vos orifices dégorgent d’une abondante semence épaisse dont vous ne cachez rien à votre jeune apprenti. Il vous faut user de votre autorité pour que celui-ci ne soit pas violé, tant il est affriolant dans sa nudité fragile. Vous autorisez seulement qu’on le touche du bout des doigts. Les commensaux se pressent autour de lui, curieux et ravis par cette féerie charnelle. Votre « garçon fragile », une invention de la Rome antique dont la sexualité a toujours été débridée, renforce votre popularité.
Le lendemain soir, vous l’emmenez au cirque où il est témoin des affrontements les plus sanglants entre gladiateurs sous les hourras de la foule, de dévorations de chrétiens par des bêtes sauvages, tout un panorama de la cruauté humaine, et vous essuyez ses larmes d’effroi face à tant d’horreurs.
Soudain, avant que vous ayez le temps de l’en empêcher, il saute dans l’arène ! Nu, confiant, les cheveux au vent, il s’avance vers les fauves et caresse leur crinière. Une jeune fille enchaînée, disciple du Christ, s’apprêtait à mourir en martyre, à genoux, les mains jointes, le cœur empli de foi, néanmoins terrorisée. Elle écarquille les yeux, car sa prière a été entendue : les lions, bien qu’affamés, refusent de la manger comme il dédaignent de sauter sur Lucius ! Le miracle se produit : subjugués, apprivoisés par la grâce, et bien qu’affamés, ils renoncent au festin de chair humaine qui leur était destinée. Le public acclame son héros. L’empereur, afin de préserver sa popularité, ne peut que gracier les condamnés. Votre esclave est porté en triomphe.
Le couple impérial désire s’entretenir avec vous, en privé, autour d’un dîner fastueux, mais discret. Héliogabale, notoirement bisexuel, n’est pas indifférent aux charmes de Lucius, de même que l’impératrice Annia Faustina, âgée de 20 ans, dont la beauté légendaire a traversé les siècles (2). Eux deux souhaitent passer un moment câlin avec votre esclave, afin d’agrémenter et d’épicer un peu leurs relations conjugales par une excitante partie à trois : quoi de mieux de ce bel éphèbe au corps sans défaut, puceau de surcroît ? Vicieusement, ils l’examinent avec soin, le touchent, le tripotent, le pelotent, y compris sur ses parties intimes. Lucius, intimidé, se laisse faire sans protester, comme lorsqu’il était exposé chez le marchand d’esclaves. Vous tremblez qu’ils se saisissent de lui : ils ont tous les droits, y compris celui de vous déposséder, toute citoyenne romaine que vous êtes. Imaginer les mains perverses de l’empereur et de son épouse complice dans la dépravation souiller un jeune corps qui est la beauté même vous révulse et vous révolte. Vous bouillez, invoquez en silence tous les dieux du Parthénon et leur promettez de magnifiques holocaustes sur les autels blancs des temples de Rome si vous parvenez à garder votre Lucius.
Cependant, après s’être concertés à voix basse, ils vous mettent à l’aise. Ils vous laissent la possibilité de décliner leur proposition, tout en vous proposant un prix extravagant pour ce jeune esclave. Avec cette somme, vous auriez la possibilité d’acheter des milliers d’autres Lucius. Mais c’est lui que vous voulez, et aucun autre. Intrépide, malgré les risques que ce refus comporte, vous campez sur votre position : c’est non. Ils vous laissent repartir vivante avec votre jeune protégé – vous avez beaucoup de chance. Aussi, vous admonestez sévèrement Lucius sur l’inconscience qu’il a eue en s’exposant ainsi au cirque. Les fauves les plus cruels n’ont pas de crinière, mais une couronne sur la tête.
Enfin, au moment où vous l’avez décidé, votre bonheur est de recueillir dans votre bouche son premier épanchement d’homme, son tout premier, de l’initier aux joies des caresses et des suçotements. En le contraignant à l’abstinence, vous l’avez rendu fou de désir. Son inexpérience provoque son émerveillement, et par conséquent le vôtre, quand vous enrobez vos lèvres autour de sa chair érectile câline et humide à souhait, alors que quelques chandelles ocre éclairent votre chambre, dans de puissants effluves de stupre. Vous vous relevez afin de vous dévêtir. Les voiles qui couvraient votre peau tombent à vos chevilles, un à un, sous ses yeux. Vous contemplez l’incendie que vous venez d’allumer dans son regard.
Ce soir, vous êtes là pour lui seul, et vous en exultez d’avance. Dehors, des chiens hurlent à la pleine lune, et au crépuscule, dans la touffeur des ruelles de Rome, vous avez ressenti une atmosphère de luxure où les péripatéticiennes enchaînaient les passes, les amantes et les amants de toutes préférences se tenaient joyeusement par la main. Toute la cité ressentait le besoin d’orgasme. Chemin faisant, un centurion a voulu vous offrir à boire. Vous avez décliné l’invitation et êtes rentrée chez vous avec d’autres projets câlins en tête. Votre robe, à chaque pas, s’humidifiait de l’image omniprésente d’un Lucius marchant vers vous nu, souriant, le bassin ondoyant, le vît palpitant et les génitoires gorgés de sève.
Après avoir humé avec délices sa rosée du désir, un fluide qui, goutte à goutte, s’écrase sur le parquet dans le calme nocturne, vous lutinez avec vos seins la tige assez fine, recourbée vers le haut, surmontée d’un beau gland sphérique dont la couleur pourpre vous ravit. Le sourire du méat fait votre béatitude. Totalement décalotté, le phallus, petit soleil habillé de ses moiteurs exquises, brille de tous les feux des chandelles qu’il renvoie vers vos yeux émerveillés. Sa couronne, autour de laquelle vous glissez votre index, est celle d’un prince d’amour qui règne sur votre cœur. Celui-ci s’accélère lorsque votre pouce appuie sur le frein, zone de sensibilité secrète par laquelle Lucius tressaille, surpris par cette pression inattendue. Ses mains tremblent ; il a la fièvre, transpire et se cambre, la bouche ouverte et le souffle coupé. Il se tord d’ondoiements lascifs, étendu sur le lit. Les yeux brillent comme jamais, au point que la nuit s’en azure. Peut-être va-t-il mourir de désir pour vous, comme un assoiffé auprès d’une source qui se refuse à lui ?
Sans qu’il ait besoin de parler, vous comprenez qu’il s’en faudrait de peu pour qu’il se déverse déjà, trop tôt. Vous lui donnez à boire un gobelet de vin frais pour qu’il se détende. Il vous voit évoluer dans la chambre de la couche au guéridon sur lequel l’amphore est posée. Vous marchez sans bruit, nue, sûre de vos charmes. Le port altier de votre tête, les étoiles rougeoyantes de vos tétons raffermis par le désir, le triangle obscur de votre sexe et la blancheur de vos cuisses, plus majestueuses que les piliers du temple d’Apollon, alcools bien plus forts que tout fruit fermenté, finissent de l’enivrer de vos féminités. Sans hésiter, il donnerait sa vie pour vous, si elle ne vous appartenait pas déjà. Le membre érigé vers le ciel de minuit est une flèche qui fend l’obscurité et vous guérit de votre ennui. Vous le recoiffez tendrement. Vous teintez ses lèvres d’un mélange d’iode, d’algues et de brome (3). Il peut contempler le résultat dans la psyché.
Pendant une heure, c’est du regard que vous le dévorez, en prenant tout votre temps, dans le silence. Ses cuisses écartées vous laissent à contempler une érection parfaite et qui ne faiblit pas, malgré l’absence de contact physique. Vous voulez qu’il admire votre clitoris extrait de fourreau entre deux doigts, minuscule pomme d’allégresse dilatée pour lui. Vous aspirez à ce qu’il vous vénère comme vous vénérez sa beauté. Il sait qu’il n’a pas le droit de toucher à son pénis alors que vous vous masturbez devant lui, lentement, si près que vos corps se frôlent, qu’il ne reste entre vous deux que l’épaisseur d’un cheveu, et qu’il respire chacun de vos parfums vénériens, chacun de vos soupirs d’aise, de vos spasmes imbibés d’écume. Lorsque sa main s’approche trop de son sexe ou de votre corps, vous prenez doucement son poignet pour l’en écarter. L’élève au sang bouillant doit apprendre la patience, quitte à souffrir de l’attente, quitte à en pleurer de larmes qui se mêlent à celles du priape enflammé.
Puis vous vous penchez sur lui et léchez ses bourses à petits coups de la langue avant d’engloutir à nouveau, progressivement, son membre tout frémissant dans votre cavité buccale, en entourant son bassin de vos grands bras câlins. La joie monte en lui par déferlements successifs. Il se répand dans votre bouche en plusieurs longues saccades brûlantes et veloutées qui s’écoulent d’entre vos lèvres. Gourmande, vous vous léchez les babines, heureuse qu’il vous ait donné sa première semence, rafraîchissante sur votre visage et sur vos seins comme la première pluie après un long été de sécheresse. La sève bouillonnante comme d’un jeune chêne au printemps est épaisse, onctueuse et d’un parfum suave qui ne ressemble à aucun autre. Elle s’écoule blanche comme de l’orgeat, un sirop libertin à la fois salé et sucré du miel sauvage dont vous nourrissez votre esclave chéri, et son goût subtil enchante vos papilles. C’est une lave explosive de volcan en éruption, après trop d’années d’attente, une libération soudaine. Le long gémissement de son extase est un chant de louange à la chair qui provoque en vous, en retour, un puissant spasme au ventre. Pour lui, c’est une découverte, et pour vous, une fabuleuse union avec un ingénu dont la grâce est divine.
Cette première étape de son initiation sera suivie de bien d’autres, afin d’ensoleiller votre vie.
Je vous aurais également offert un beau godemiché en ivoire sculpté de motifs libertins, que vous auriez fixé à votre ceinture de cuir et soigneusement lubrifié d’huile parfumée, avant de sodomiser votre esclave, jusque-là encore vierge de toute étreinte. Il vous a tendu sa croupe encore vierge, sur votre ordre. Il écarte ses fesses avec ses propres mains. Vous admirez sa rosette vermillonne bien fermée, vous la titillez, la chatouillez du bout des doigts – elle se contracte par réflexe – puis vous la pénétrez d’abord avec votre index lubrifié de salive afin d’ouvrir la voie, avant que votre vit artificiel l’explore et masse sa prostate. Ainsi stimulé, votre vigoureux giton bande d’une manière parfaite. Il n’éprouve aucune réticence à recevoir ce voluptueux cadeau de votre part, contrairement à la manière dont se comporterait un homme libre, éduqué dans le cadre d’une virilité obligatoire où ce doit être le mâle qui pénètre.
Toute en souplesse et sensualité, vous le stimulez plus encore au moyen de vos orteils, afin qu’il couvre vos petits pieds blancs du suc salé si délicieux que vous l’invitez à laper jusqu’à l’ultime goutte. La plupart des hommes à l’éducation martiale sont révulsés par leur propre semence, mais lui qui ne ressemble pas aux autres mâles, au contraire en raffole, tout comme il est épris des contours délicats de vos orteils féminins où la transpiration se mêle à son levain viril. Votre aimé ne laisse se perdre aucune de ces larmes délectables. Puis vous vous embrassez à pleine bouche, langues roulées l’une sur l’autre, dans la pleine fougue que donne l’amour.
Votre féminité, comme celle des servantes de votre maison, n’a plus aucun secret pour lui. Bien que né masculin, sa part féminine s’exprime pleinement, nourrie de la vôtre, de sorte que son être tout entier brise la frontière des genres. Comme il n’aurait que faire d’une encombrante liberté d’aller et venir – pour aller où ? –, il savoure sa chance d’être un esclave. La société romaine n’aurait pas permis qu’un citoyen se comporte de la sorte, ne serait-ce qu’à cause du service militaire et des guerres qui nécessitent d’éliminer toute la part féminine des soldats : il faut cela pour se rendre capable de tuer un homme. Son seul regret est qu’il ne pourra jamais nourrir d’enfant en lui. Il accède librement à chacun des moments intimes de sa maîtresse. Aucune de vos portes ne lui sont fermées, aucun des fluides issus de votre ventre ne lui est refusé, ni pour les besoins naturels, ni pour les menstrues qui font horreur à tant d’hommes : pas lui, qui raffole à chaque nouvelle lune de ce vin organique au goût ferreux délicat et aux parfums d’un sous-bois automnal. Dans le secret d’un lieu d’aisance, vous lui tendez la coupe du sang mystique, le Graal véritable, celui de l’alliance cosmique entre deux êtres qui s’aiment au-delà de toute décence. Votre union sera éternelle, sur la Terre et, après votre mort, sur l’île des Bienheureux.
Désormais, vous voici à ses genoux, vous la sévère maîtresse de maison, non pas pour le servir, mais pour qu’il vous serve à boire, à tout moment de la journée, de son nectar si bon que vous délaissez toute autre nourriture ou boisson. Souvent, à petits coups de langue, vous l’excitez sans lui permettre d’éjaculer, pour rendre la prochaine giclée plus abondante encore dans votre gorge accueillante. Alors seulement, vous le partagez à vos invitées au cours de vos bacchanales où le Tout-Rome s’enthousiasme pour votre esclave masculin et féminin à la fois.
Cependant, je demeure dans l’ombre, appréciant ce tableau sans y participer. Votre joie sera ma plus grande récompense. Plus tard, vous le ferez affranchir, afin qu’il vous aime en personne libre.
Dans l’ombre des piliers de votre villa, à voix basse, les jalouses complotent contre vous, afin de vous voler votre bien, celui que vous aimez par-dessus tout. Je me charge de les faire éliminer. Accusées de trahison, toutes citoyennes romaines soient-elles, elles subiront le même sort que les esclaves insoumis, et seront clouées nues sur la croix d’infamie. Vous viendrez, accompagnée de Lucius, assister à leur déchéance.
Au moment où les membres sont transpercés de clous, le regard de Lucius croise celui des condamnées. Le cœur de votre jeune protégé se remplit de pitié. Il se jette à genoux devant vous pour vous supplier la grâce, pour elles. Son émotion vous bouleverse. À votre tour, vous usez de votre influence pour que l’exécution soit annulée. Finalement, les gardes libèrent les comploteuses. Le pouvoir de la beauté a de nouveau triomphé sur la cruauté.
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(1) J’ai changé le prénom. (retour)
(2) Épris de la beauté de cette femme de haute noblesse et descendante de Marc Aurèle, Héliogabale a fait exécuter son précédent mari Pomponius Bassus en 221 afin de pouvoir l’épouser, puis il s’est lassé d’elle et l’a répudiée avant la fin de l’année. (source : Wikipédia). (retour)
(3) Procédé (toxique !) en usage au cours de l’Antiquité, le rouge à lèvres solide n’ayant été inventé qu’au Xe siècle. Source : https://www.madmoizelle.com/histoire-de-la-beaute-rouge-a-levres-199759 (retour)