Il arrive parfois des choses amusantes dans le cadre de l’entreprise, comme ailleurs aussi.
Attention, cette histoire ne contient aucune scène de sexe, nein, niet, nada.
Ne pas confondre narrateur et auteur.
Bonne lecture :)
Mercredi matin
Aujourd’hui, ce mercredi matin, je viens apporter la bonne parole dans une entreprise spécialisée dans le gros œuvre. Alors que j’étais sensé donner une formation à quatre personnes, Valérie Colombier, la responsable de formation m’annonce :
- — Désolée, Monsieur Fressin, mais il n’y a plus qu’une seule personne pour la formation.
- — Ah bon ? Pourtant, d’après ma fiche, quatre personnes étaient prévues…
- — Oui, c’est vrai mais les trois autres ont été réquisitionnées hier sur un gros chantier. Le problème est que maintenir une formation pour une seule personne, je ne peux pas me le permettre…
Flegmatique, je sors mon smartphone de ma sacoche :
- — Vous permettez ? Je contacte mon responsable.
Puis je téléphone à mon cher supérieur pour lui expliquer la situation et demander ce qu’il convient de faire. Après avoir passé mon smartphone à mon hôtesse, on en arrive à la conclusion que la formation, initialement prévue en trois jours, basculera en deux jours, avec une petite remise budgétaire en prime. Même si je perds un peu d’argent dans cette histoire, car je suis payé à la journée, j’aurais au moins un jour de repos en plus, ce qui m’offrira un week-end plus long qui commencera jeudi soir.
Avec un sourire aux lèvres, la responsable me propose :
- — Maintenant que tout est arrangé, je vais vous conduire dans votre salle de formation.
- — Je vous remercie, je vous suis…
- — Vous n’aurez qu’une seule stagiaire, mais pas des moindres : Annabelle Vanderstraeten.
Tout de suite, ce nom me dit quelque chose. Je questionne :
- — La fameuse Annabelle ?
- — Ah, vous la connaissez ?
- — Moi, pas du tout, je ne l’ai jamais rencontrée, mais chez vous et dans les autres agences, elle a une certaine réputation.
Je n’aurais pas dû dire ça, car mon accompagnatrice me demande perfidement :
- — Ah oui ? Laquelle ?
- — Hmm, comment dire… Elle est à la fois directrice officieuse des achats et aussi RH à ses heures, m’a-t-on expliqué.
- — Belle description…
Après quelques couloirs, nous arrivons devant la porte de la salle où je vais donner cours durant ces deux prochains jours. Nous entrons, une personne est déjà présente, une femme ayant la quarantaine comme moi, dont la chevelure rousse flamboie ! Elle ne passe pas inaperçue ! Sans parler de son allure générale qui est fort appétissante. De plus, elle n’est pas trop avare de ses charmes si j’en crois la splendide vue que j’ai sur son décolleté quasi-bavarois ! Je commence à mieux comprendre la réputation de la dame, sans parler du fait qu’il dégage d’elle une forte sensualité et qu’on sent qu’elle est capable de vous avaler tout cru pour son petit-déj…
Je me présente :
- — Bonjour, Madame Vanderstraeten, Thomas Fressin, votre formateur pour ces deux prochains jours.
- — Bonjour, Thomas, moi c’est Annabelle. Deux jours ? Je croyais que c’était trois jours !
- — Il était initialement prévu quatre personnes pour cette formation, et comme vous êtes seule, pour des raisons de coût, une journée a été ôtée.
- — Je serai donc la seule stagiaire ? Et j’aurais le formateur pour moi toute seule ?
- — Il semble bien que oui.
À prime vue, ma stagiaire est une vraie rousse ou bien c’est très ressemblant. Son visage est plein de taches de rousseur et ses yeux sont vert émeraude. Avec sa façon de vous dévisager et de tenter de vous décrypter, cette femme ne doit pas être née la dernière pluie.
Tandis que je raccompagne la responsable, celle-ci me glisse :
- — Faites attention à Annabelle…
- — Merci du conseil… j’avais cru deviner. Et je commence à comprendre sa réputation dans votre groupe…
Alors qu’elle franchit la porte, elle ajoute en catimini :
- — Au fait, vous êtes marié ou en concubinage ?
- — Ni l’un, ni l’autre… Pourquoi ?
- — Dans ce cas, il n’y aura pas trop de dégâts collatéraux.
Je la regarde, très étonné par cette réplique. Elle se contente de m’adresser un sourire étrange avant de me souhaiter "bonne chance". Un peu intrigué, je repars dans la salle. Je me présente, je fais un rapide tour de table, puisque limité à une seule personne, puis je commence la formation Gestion de Projet. Visiblement, ma stagiaire connaît déjà ses fondamentaux, et donc les deux jours seront une bonne durée. Elle manipule bien la partie mise en place des tâches, mais moins l’attribution des ressources. De plus, sa maîtrise du suivi est proche de zéro.
Depuis quelques minutes, je me trompe parfois dans ce que je désigne sur l’écran. Il faut dire qu’avec les appas qu’elle me montre, il y a de quoi ! Elle s’en amuse :
- — Je constate, Monsieur le formateur, que vous avez parfois quelques problèmes de concentration…
- — Je ne manque absolument pas de concentration, Madame la stagiaire, mais à cause d’une certaine personne, je le suis sur autre chose…
- — Hmmm… je me demande bien ce qui peut vous perturber de la sorte.
- — Moi aussi, je me le demande bien… Peut-être une histoire de monts et de vallons qui me rappelle les dernières vacances.
Lors de la pause, j’en profite pour descendre la totalité de ma petite bouteille d’eau. Non seulement la salle n’est pas génialement climatisée et ma stagiaire fait monter ma température. Une fois que j’ai fini, Annabelle attaque :
- — Au fait, elle vous a raconté quoi quand vous l’avez raccompagnée à la porte.
- — Vous parlez de Madame Colombier ?
- — Oui, Valérie… je suppose qu’elle vous a raconté de vous méfier de moi, je me trompe ?
- — Il y a de ça, surtout si j’étais un homme marié ou pacsé, ce qui n’est pas le cas.
- — En ménage, donc ?
- — Non plus. Pour l’instant célibataire. Enfin… plus ou moins…
Je préfère recentrer la conversation :
- — Pour en revenir à votre personne, j’avais déjà entendu parler de vous dans les autres agences. En bien par les hommes, en moins bien par les femmes.
À ces mots, elle sourit :
- — Ah oui, les hommes m’aiment bien. Moins les femmes qui voient en moi une certaine concurrence, dirons-nous.
- — On m’a vanté vos exploits concernant les fournisseurs et les divers avantages obtenus…
- — Pour avoir des avantages, il suffit d’avoir des avantages et oser s’en servir…
C’est à mon tour de sourire :
- — En effet… et tout le monde n’ose pas… parfois si, mais pas comme vous, Annabelle. Mais comment vous en vouloir puisque vous œuvrez pour la plus grande gloire de votre société…
- — C’est légèrement ironique, non ?
- — Partiellement, mais avouez au passage que vous et votre entreprise y trouvez votre compte.
- — C’est bien dit… Je retiens l’argument, je saurai le caser prochainement.
Je m’assieds sur le rebord d’une table :
- — Pourquoi ? Un autre arrangement avec un fournisseur se profile à l’horizon ? Ou avec un bon client ?
- — Je ne me suis jamais intéressée aux clients, ce n’est pas mon domaine… Même si je suis persuadée que si j’étais dans une autre agence, ce serait déjà fait.
- — Vous adorez les jeux de séduction… Je me trompe ?
Elle se penche volontairement pour m’offrir une vue non négligeable sur son décolleté pigeonnant. La dame sait s’y faire, c’est indéniable. Elle répond d’un ton faussement détaché :
- — Vous ne vous trompez pas. Mais j’avoue que ça me rapporte un petit pourcentage. Donc c’est double avantage pour moi.
- — Et comme vous avez besoin de gérer tout ça, il vous faut un logiciel de gestion de tâches, Gantt et Pert. Allez, fin de la pause, il nous reste quelques points de détail à voir sur les tâches et leurs contraintes.
Elle rit franchement :
- — Belle pirouette, Monsieur le formateur ! Ok, reprenons le cours.
- — Merci, Madame la stagiaire.
Puis nous reprenons le cours, car je suis venu ici, ce matin, dans cette entreprise, pour une formation à donner, même si dans l’absolu, j’aimerais plutôt me pencher profondément sur l’anatomie rebondie de ma stagiaire que sur un écran plat !
Alors qu’elle vient finir son exercice d’application, Annabelle fait remarquer :
- — Ah, ça va bientôt être l’heure du repas ! Je pense que nous allons avoir de la visite dans quelques instants.
- — Ah oui, c’est vrai, vous fournissez des plateaux-repas lors des formations.
- — Oui, c’est la norme chez nous. Entre nous, je préfère nettement aller au restau, et vu la qualité de ces plateaux-repas, ça serait meilleur dans n’importe quelle gargote et pour nettement moins cher.
Je deviens plus pensif :
- — Je dois reconnaître que vous n’avez pas tort, car j’ai déjà goûté à ces plateaux, mais je trouve que c’est déjà pas mal d’en avoir. Toutes les entreprises ne proposent pas forcément un repas, le midi.
- — Pour ma part, j’ai toujours eu une prédilection pour les desserts.
- — Ah oui ? Lesquels ?
- — Devinez, Monsieur le formateur.
Je désigne du doigt son décolleté bavarois :
- — Hmm, les monts blancs, par exemple…
- — Ah oui ? Les miens, par exemple ?
À sa grande surprise, et pour appuyer mes dires, je dépose deux baisers légers, un sur chacun des melons rebondis qui débordent un peu trop de son étroite robe.
Mercredi midi
À l’heure du midi, dans la salle de formation, on vient nous apporter deux plateaux-repas froids. Nous nous installons sur d’autres tables. J’ouvre le mien pour découvrir un grand classique du genre, mais je ne vais pas râler, d’autant que l’entreprise m’offre le repas, et que ça devient de plus en plus rare. J’attaque mon ramequin de concombres, accompagné de betteraves rouges. Pour alimenter la conversation, je demande à ma stagiaire :
- — Annabelle, vous disiez tout à l’heure que vous n’êtes pas en odeur de sainteté auprès de vos collègues féminines. Vous n’avez pas peur qu’elles tentent de vous faire virer ?
- — Bah, pas trop de problèmes pour moi. Certains de mes amants sont des cadres bien placés ici, sans compter certains fournisseurs très importants… Je vous choque ?
Ça ne m’étonne pas trop d’elle. Je réponds flegmatiquement :
- — Non… Je vais dire que vous protégez vos arrières tout en vous faisant plaisir.
- — Bien vu ! Depuis que je suis divorcée, j’ai décidé d’en profiter. Et tant pis pour la morale et les conventions. J’avais espéré faire avec mon ex un couple comme mon père et ma mère, mais je vais finir par croire que mes parents sont l’exception qui confirme la règle.
- — Vos parents sont très liés ?
- — Oh que oui ! L’exemple même du couple fusionnel qui finit la phrase de l’autre ! Mon rêve quand j’étais plus jeune, mais bon… je n’ai pas encore réussi à tirer le bon numéro ! Et vous ?
- — Moi, c’est plus simple que vous : actuellement, j’ai deux amies très proches.
- — Deux amies très proches ?
J’explique ma situation :
- — Oui, d’abord Magalie avec qui je m’entends très bien et qui voudrait bien me mettre le grappin dessus. Nous nous baladons main dans la main, nous nous faisons des petits câlins, nous passons pour un couple établi aux yeux de la plupart de nos connaissances.
- — Mais je sens qu’il y a un « mais", sinon, il n’y aurait pas de seconde amie très proche…
Je souris :
- — Bien deviné. J’ai beau déployer toute ma science en la matière, la faire jouir au mieux, Magalie n’est pas très réceptive aux joies du lit.
- — Ah d’accord !
- — Si Magalie est mon amie de jour, Laurène est mon amie de nuit. Et avec elle, c’est ultra torride, si vous voyez ce que je veux dire !
- — Je vois… Mais je sens qu’il y a aussi un « mais"…
Oui, c’est vrai que, dans la vie, tout ne fonctionne pas forcément comme on le souhaiterait. Je réponds tout en soupirant :
- — Le premier « mais" est qu’elle est mariée…
- — C’est effectivement un gros « mais"…
- — Le second « mais" est qu’elle n’est pas très facile à vivre, sa nature volcanique ne se limite pas qu’au lit…
- — Ah ok… Je parie que votre rêve serait d’avoir Magalie pour le jour et Laurène pour la nuit.
- — Bien deviné, une fois de plus !
- — Et en plus de Magalie et de Laurène, pas d’extra de temps à autre, Thomas ?
Tout en attaquant ma tranche de rosbif froid, je souris :
- — Avec mon métier, j’ai souvent des opportunités… mais il ne convient de céder à toutes les tentations, si mignonnes soient-elles.
- — Suis-je une tentation ?
- — À votre avis ?
Elle affiche un large sourire en se penchant un peu plus vers moi, m’offrant ses deux beaux fruits bien mûrs à contempler :
- — Si je vous pose la question…
- — Je reconnais que, comme tentation, vous êtes le phénix des hôtes de ce bois !
- — Ah bon ? Vous me comparez à un fromage ?
- — Dans ce cas, un très alléchant fromage ! Bien crémeux !
- — Et vous vous mettez dans la peau du renard ?
- — Point de vue couleur de poil et de façon de manœuvrer, je pense que c’est plutôt un rôle pour vous…
- — Couleur de poil… vous voulez voir, Thomas ?
- — Seriez-vous de celles qui n’ont pas sacrifié à l’épilation ?
À cette répartie, elle rit :
- — Hi hi ! Je préfère garder un petit bosquet…
- — Tout en feu de partout ?
- — Exactement, cher monsieur !
Je préfère ne pas répondre, m’absorbant sur mon repas, le terrain est trop glissant. C’est elle qui change de sujet, enfin, si on veut :
- — Vous faites quoi ce soir, Thomas ? Vous avez prévu quelque chose avec Laurène ?
- — Non, je suis libre…
J’ai peut-être répondu trop vite, surtout avec une personne comme Annabelle. Semblant être intéressée, elle me demande :
- — Rien de prévu ce soir, malgré vos deux femmes ?
- — Avec Magalie, c’est plutôt le week-end, car elle travaille et il n’est pas rare qu’elle rentre tard.
- — Et pour votre amie de nuit ?
- — En réalité, c’est plutôt quand je ne travaille pas. N’oubliez pas qu’elle est mariée. Et donc rarement dispo le soir et encore moins la nuit. Il n’y a eu qu’une seule exception en trois ans.
- — Bref, c’est une amie de nuit le jour… Trois ans ? Vous êtes fidèle à votre façon.
- — Je préfère la qualité à la quantité.
Elle fronce des sourcils :
- — Vous dites ça pour moi ?
- — Non, pas du tout. Dans l’absolu, je préfère une seule femme avec qui je m’entends bien, que d’avoir un harem.
- — Pourtant, vous avez un mini-harem…
- — Je vous ai déjà expliqué le pourquoi du comment.
- — Oui, je sais : Magalie n’est pas assez torride…
Sa phrase finie, elle me regarde étrangement, puis elle lâche en me regardant droit dans les yeux :
- — Et si nous nous voyons après le cours ? Je vous propose une petite balade dans le parc des Trois Moulins. Vous connaissez ?
C’est bien la première fois que je me fais draguer de la sorte. Ce n’est pas désagréable, d’autant que cette femme est très attirante à sa façon. Néanmoins, je réponds prudemment :
- — Je connais ce parc, il n’est pas loin d’ici.
- — Je ne vais pas tourner autour du pot, Thomas : vous me plaisez.
- — Je vous remercie de l’intérêt que vous me portez… Mais je sens que si je passe la soirée avec vous, et même plus, demain matin, j’aurais quelques soucis à faire convenablement cours…
- — Ah bon ? Pourquoi ?
- — On ne vous a jamais dit que vous étiez très appétissante, telle une somptueuse pâtisserie et qu’on a une énorme envie de vous dévorer sur le champ ?
- — Vous dites ça bien…
Me calant en arrière sur mon siège, j’écarte les bras :
- — Je suis payé pour vous donner une formation professionnelle, et non pour profiter éhontément de vos formes.
- — On peut toujours tenter de joindre l’utile à l’agréable…
- — Ne me tentez pas !
Elle rit carrément de bon cœur. Je reprends :
- — Bon, et si nous poursuivions notre formation ?
- — J’aime bien bavarder avec vous, vous savez jouer le jeu.
- — C’est un peu mon métier.
- — J’ai vu défiler quelques formateurs, et tous ne savaient pas jouer le jeu.
- — Eh bien, je vous propose un nouveau jeu : nous recommençons le cours dès que nous aurons fini, ce qui nous permettra de finir cet après-midi plus tôt.
Ses yeux brillent :
- — Pour m’avoir à vous plus longtemps après ?
- — C’est une éventualité…
Puis nous finissons nos desserts.
Mercredi après-midi
Même si j’ai toujours quelques soucis à détacher parfois les yeux de ma stagiaire, mon self-control est de meilleure qualité que ce matin. Je pense avoir cerné Annabelle, c’est une joueuse, mais une joueuse capable d’aller jusqu’au bout, contrairement à certaines femmes qui adorent allumer leur entourage et qui crient au viol au moindre sous-entendu, alors que leurs propres paroles et leur attitude ne sont que pure provocation.
Je songe à ma propre vie privée, avec Magalie et de Laurène. Si Magalie pouvait être une Laurène au lit, il y a bien longtemps qu’elle et moi serons définitivement en couple. Mais je m’estime trop jeune pour faire une croix sur les joies du sport en chambre. Bien sûr, je pourrais avoir des maîtresses ci et là, mais je ne crois pas que Magalie apprécierait, et devoir me cacher m’ennuie. Même si j’ai oublié de parler de Laurène à Magalie… Mais pour l’instant, je ne dois rien à quiconque.
La solution serait que je convertisse Magalie, mais bien que je m’y emploie à chaque fois, et bien qu’elle jouisse, elle ne semble pas être plus accro que ça. C’est alors que je me demande si elle est réellement ainsi ou si c’est une façade…
Je chasse cette pensée, j’ai une formation à donner, et la gestion des ressources n’est pas aussi simple que celle des tâches. Un projet sans ressource est fort simple. Un projet avec des ressources devient beaucoup plus complexe, une complexité au carré, voire au cube ! Quand vient la pause, ma stagiaire devient beaucoup fonceuse :
- — Alors, Thomas, vous avez pensé à ce que vous allez faire après la formation ?
- — Vous parlez de cette fin d’après-midi ou de demain ?
- — Commençons par aujourd’hui…
- — Vous me proposiez une balade au parc des Trois Moulins, si je me souviens bien.
Annabelle s’amuse de mon hésitation feinte :
- — Comme si vous aviez oublié… Il n’y a pas grand monde et c’est joli.
- — C’est le lieu habituel de vos turpitudes ?
- — Je mentirais en disant non, mais je mentirais aussi en disant oui. J’aime bien aller me promener dans ce parc tout en longueur. Même seule…
Je m’exclame faussement :
- — Vous ? Seule ? Ça arrive ?
- — C’est ça, fichez-vous de moi ! Eh oui, ça m’arrive, et ça fait du bien d’être seule de temps en temps.
- — Dans ce cas, je m’en voudrais de vous imposer ma présence.
- — Oh le vilain ! Comme il se défile !
Elle s’approche très près de moi, trop près ! Elle dit d’une voix coquine et taquine :
- — Il a peur de quoi, le petit formateur ? Que je le dévore tout cru ?
- — Je suis meilleur avec un peu de sel et de poivre…
Elle s’approche encore plus, je sens à présent le moelleux d’un sein contre ma poitrine. Elle me répond toujours de la même voix sensuelle :
- — Je sais, je sais… vos cheveux sont déjà poivre et sel…
- — Les vôtres sont de feu… comme votre personnalité.
- — Il n’y a pas à dire, vous savez présenter les choses. Ou c’est ma petite personne qui vous rend lyrique ?
- — Votre phrase possède quelques parcelles de vérité.
Elle rit franchement, puis nous changeons de sujet.
Le reste de la journée se passe sans accro, bien que divers sous-entendus fusent dans tous les sens. J’ai déjà vécu des formations un peu particulières et celle-ci en fait partie. Quand l’heure arrive, nous nous séparons, Annabelle m’indiquant clairement qu’elle compte sur ma présence dans trois quarts d’heure, en dehors de l’entreprise. Et que, s’il y a souvent beaucoup de lapins qui gambadent dans un parc, elle déteste qu’on lui en pose un…
Mercredi soir
Tandis que je me dirige sans trop forcer l’allure vers le parc, je me pose quelques questions. Je me demande si je ne suis pas en train de faire une connerie, j’aurais dû attendre la fin de la formation, car mélanger plaisir et boulot, ça peut devenir problématique.
En même temps, j’ai quelques difficultés à résister à Annabelle, et elle le devine bien. Bon, d’accord, J’ai Magalie dans ma vie, mais je ne suis pas marié avec elle, ni pacsé non plus. Et quand j’y songe, elle vient chez moi un week-end sur deux, et encore. Quant à Laurène, c’est ma maîtresse, et là non plus, je n’ai pas signé avec elle de contrat d’exclusivité. Je viens d’arriver sur le parking du parc. Je regarde ma montre, il me reste un peu de temps. J’en profite pour donner un petit coup de fil à Magalie. Est-ce par remords ? Est-ce par simple habitude ?
- — Allo, Magalie ? Comment tu vas ? J’avais envie de te téléphoner…
- — Ah, c’est mignon de penser à moi, mais là, tu tombes mal !
- — Ce n’est pas grave, je te téléphonerai plus tard dans ce cas.
- — Si tu veux, Thomas, mais pas avant neuf heures.
- — Neuf heures ? Si tard ?
- — Ben oui, on a une grosse réunion avec la Direction, ce soir.
- — Bon, ok pour vingt et une heures… Bonne chance et bon courage !
- — Merci, t’es un chou !
Je range mon téléphone dans ma poche. Je me demande si cette réunion tardive ne cache pas autre chose, mais je suis mal placé pour reprocher quoique ce fût à Magalie.
Je pense que je vais me balader avec Annabelle, puis peut-être, sans doute, lui offrir le restau ensuite, mais sans plus, car il vaut mieux éviter d’aller trop loin au premier rendez-vous. De plus, comment me comporter demain avec la femme que j’ai joyeusement turlupinée la nuit précédente ? Oui, j’ai eu des aventures avec certaines stagiaires, mais toujours après la fin de la formation.
Comme il fait beau, je sors de la voiture pour faire quelques pas. Je suis un peu stressé, tel un collégien lors de ses premiers rendez-vous. Peut-être que je vais effectivement me faire manger tout cru par cette dévoreuse, mais le jeu en vaut la chandelle. Quand je la vois venir à moi, je constate qu’elle a changé de tenue. Sa robe croisée est à motifs floraux, et relève autrement sa poitrine appétissante. Son décolleté en V dévoile le haut de ses seins qui se sépare en deux belles masses molles donc je découvre la chair blanche sur au moins dix centimètres.
- — Vous êtes torride, Annabelle ! Vous avez une garde-robe dans votre bureau ?
- — J’ai quelques tenues différentes, ça peut toujours être utile.
- — Oui, je vois ça… En tout cas, félicitations ! Vous savez illustrer de bien belle façon la lettre V !
- — Merci, cher monsieur !
Je constate au passage que sa robe est légère et que sous certaines conditions de lumière, elle dévoile un peu plus que prévu. Tandis qu’elle passe devant moi et me dépasse, je constate que ses fesses qui ondulent sont bien mises en valeur. Je ne parlerai pas de ses jambes un peu potelées mais très agréables…
- — Il faudra que je félicite votre mère, elle vous a bien réussie !
Elle rit, puis me tend la main. Sans réfléchir, je mêle mes doigts aux siens et nous commençons votre promenade dans ce parc. Je ne sais pas ce qui advenir de nous, mais cette fin d’après-midi sera plus excitante que d’aller s’avachir devant un écran de télé ou d’ordi ! Tandis que nous nous baladons sur une allée déserte, je demande à Annabelle :
- — Juste une question : vous savez vraiment deviner la personnalité profonde des personnes qui sont face à vous ?
- — En général, je ne me trompe pas beaucoup. Pourquoi cette question ?
- — Je songeais à Magalie…
- — Laissez-moi deviner : vous voulez savoir si elle est vraiment peu adepte de la gaudriole ou si c’est un genre qu’elle se donne ?
J’écarquille grands les yeux :
- — Vous lisez dans mes pensées ou quoi ?
- — Oh, la plupart des hommes ne rêvent que d’une seule chose : mettre la main sur une compagne facile à vivre, une bonne copine, qui se métamorphose la nuit en grosse salope.
- — Nous sommes si transparents que ça ?
- — La plupart des hommes sont transparents. Vous voulez que je rencontre votre dulcinée pour que je la sonde ?
Je songe fugacement que c’est elle que j’adorerais sonder à ma façon ! Je ris franchement :
- — Habillée comme vous êtes, c’est risqué ! Elle détecterait en vous une très puissante rivale !
- — Une rivale ? Dois-je comprendre que vous avez des vues sur moi ?
- — Il n’est pas rare que les femmes se fassent des idées fausses quant aux autres femmes.
- — Pas faux, mais vous n’avez pas répondu.
Nous faisons deux pas avant que je ne dise :
- — Disons qu’avec vous, je joue quand même avec le feu. Par pure logique, je devrais vous fuir à toute vitesse. De l’autre côté, si j’écoute ma libido, je vous aurais déjà sauté dessus. Bref, je m’en tiens à un moyen terme en marivaudant avec vous.
- — Oui, cette situation vous amuse, et moi aussi. C’est pour cela que je joue avec vous, comme vous avec moi. Et puis, ça me change de ces hommes trop… disons, vulgaires…
Ces hommes trop vulgaires. Amusante réflexion de la part d’une femme qui ne cache pas grand-chose d’elle et dont l’attitude et les tenues sont pousse-au-crime. Je décide moi aussi de forcer un peu la chose :
- — Annabelle, et si je profitais ignoblement de la situation ? Que je vous plaquais sur un arbre ou dans l’herbe pour honteusement profiter de vos charmes ?
Aussitôt, elle me met au défi :
Nous restons figés quelques secondes avant qu’elle ne continue, mutine :
- — Si vous voulez tenter de me faire un peu peur, changez de ton et de vocabulaire.
- — J’aurais dû vous dire un truc comme tu m’excites trop, p’tite garce, j’vais t’régler ton compte sur le champ ?
Elle ne s’offusque pas :
- — Ah là, on y croit un peu plus. Mais pas tant que ça… ce n’est pas votre style, Thomas, vous êtes nettement plus policé, enfin, du moins, de jour.
- — Ah ? Et de nuit ?
- — Je pense que vous ne devez pas être mauvais. Mais je reconnais que vous êtes capable de petites surprises, comme votre double bisou sur mes seins ce matin.
- — À votre service pour ce type de vice !
- — Là, je vous retrouve, et ça me plaît bien ainsi !
Je me contente de sourire, puis je prends l’initiative de continuer notre balade, toujours main dans la main. Nous nous éloignons à présent de la grande allée, pour aller nous égarer parmi les arbres. Je constate qu’il n’y a pas grand monde. Pourtant ce parc est assez connu. Je préfère néanmoins être au calme, plutôt qu’être entouré de tas de bambins hurleurs.
- — Vous permettez, Annabelle ?
Je lâche sa main, elle me regarde un peu étonnée. Puis me rapprochant un peu plus d’elle, j’en profite pour poser ma main dans le creux de sa hanche, avant de continuer notre promenade.
- — Je préfère… dit-elle, avant de faire de même et de poser sa main sur ma chemise, juste au-dessus de ma ceinture.
Chemin faisant, je constate que le tissu de sa robe est fort fin, et que je pourrais croire être à même sa peau. Sous ma paume, je ressens les ondulations de son bassin, ce qui ajoute à mon désir latent. Oui, je joue carrément avec le feu ! Nous restons ainsi quelques longues minutes. Puis Annabelle annonce :
- — J’aime bien être avec vous. Je comprends pourquoi votre Magalie veut vous mettre le grappin dessus. Pour un peu, je l’envierais…
- — Ah ? C’est une déclaration ?
- — C’est une constatation, Monsieur le formateur !
- — Je constate votre constatation…
Ce faisant, je presse ma main contre sa robe, écartant mes doigts pour mieux palper sa chair. Ça la faire rire doucement. C’est moi qui brise à présent le silence :
- — C’est curieux quand même… il y a environ huit heures de ça, j’ignorais tout de vous. Oui, j’avais bien entendu parlé de votre agréable personne dans les autres agences, mais je me suis toujours méfié des « on dit ».
- — Les gens sont si médisants… Et votre avis perso à vous, Thomas ?
- — Je suis très content de me balader avec vous, ici, dans ce parc, sans trop penser au lendemain.
- — Carpe diem, disaient les Romains.
- — Vous avez de la culture, Annabelle.
Elle a un petit rire :
- — Eh oui ! Figurez-vous que j’ai fait plein d’années de grec et de latin, section littéraire. Petite, je voulais être archéologue.
- — Vous auriez fait une très charmante archéologue ! J’imagine déjà la scène très sexy d’une Annabelle en short et chemise, toute en sueur, en train de dénicher une poterie ou une tablette !
- — Oh-oh, un fantasme inassouvi ?
Je reste songeur quelques instants :
- — Je me demande quels sont les fantasmes que je ne pourrais pas assouvir avec vous…
- — Vous devenez de plus en plus coquin, Thomas.
Je m’arrête, puis me mettant face à elle, je la serre contre moi, mes deux mains à la limite de ses fesses trop tentantes. Elle se laisse faire. Son parfum m’envahit, les deux douces masses de ses seins contre ma poitrine, sans parler du fait qu’elle n’ignore pas à présent que je bande, d’ailleurs, elle fait exprès de presser son pubis et son ventre contre ma verge bien dure.
Gardant encore un zeste de self-control, je dis :
- — Oui, je me demande bien quelles sont vos limites à vous, Annabelle.
- — Je ne les connais pas moi-même, Thomas.
- — J’ai un arrangement à vous proposer, ma chère Annabelle.
- — Je vous écoute, mon cher Thomas.
Je la presse encore plus contre moi :
- — Vous souhaitez découvrir vos limites, et moi aussi. Je vous propose dans ce cas de les découvrir ensemble, à deux. Si vous le voulez bien.
- — Humm… ça peut se faire.
- — Vous n’y voyez pas d’inconvénient ?
- — Pas du tout.
Elle ferme les yeux, tendant ses lèvres, je me penche sur elle, puis prestement, je glisse mon nez dans son décolleté afin d’embrasser les douces masses molles de ses seins…
Jeudi matin
Contrairement à ce que vous pourriez croire, nous n’avons pas passé la nuit ensemble. Nous avons dîné tous les deux, en tête à tête, et ce fut un très bon moment. Et je n’ai pas oublié de donner un petit coup de fil à Magalie, vers vingt et une heure.
Je viens juste de rentrer dans la salle de formation où Annabelle m’attend déjà. Aujourd’hui, elle a mis une petite robe noire à la coupe très classique, dotée d’un décolleté en V, sa lettre préférée, je suppose. On dirait que cette robe est munie de diverses fermetures éclair dorées qui soulignent ses formes. À peine la porte fermée qu’elle me lance :
- — Eh bien, vous alors !
- — Bonjour, Annabelle. Qu’y a-t-il ?
- — C’est bien la première fois qu’un homme me fait ce coup-là !
- — C’est-à-dire ?
Elle s’agite, ses mains brassant l’air autour d’elle :
- — Vous le savez très bien ! Vous avez déployé tout le tralala, et au moment de conclure, vous avez joué les messieurs très comme il faut, en me laissant toute seule avec mon grand lit froid ! D’habitude, les hommes me sautent dessus sur le palier ou avant !
- — Il faut bien une première fois. Ça vous a déplu qu’il en soit ainsi ?
- — Hmm… finalement… non…
C’est elle qui s’approche de moi, qui saisit mon menton pour me plaquer sur les lèvres un baiser bien appuyé. Puis elle se recule en disant :
- — Voilà ! Ça fait du bien !
Ensuite, elle part s’asseoir. Alors que je m’approche, elle avoue sans fard :
- — Honnêtement, je m’attendais à ce que nous finissions la soirée et la nuit dans le même lit. La plupart du temps, les hommes n’attendent même pas que nous allions manger quelque chose avant. Ils veulent tirer leur coup, et basta. Je reconnais que le désir qu’ont les mâles à mon sujet m’excite beaucoup.
- — Je peux comprendre… mais j’aime plutôt découvrir, explorer… l’attente a du bon.
Elle plaisante :
- — Si je ne savais pas que vous me désirez, vous auriez déjà eu ma chaise en pleine figure !
- — Qu’est-ce qui vous fait croire que je vous désire ?
- — Plein de petits détails, sans parler d’un gros dans votre pantalon.
- — En parlant de pantalon, votre robe est originale !
Elle se redresse pour mieux me la faire admirer :
- — N’est-ce pas ? Et j’en suis fière.
- — C’est une vraie fermeture éclair qui descend de votre décolleté jusqu’en bas ?
- — Ah ! Mystère !
- — En clair, il faudra que j’aille vérifier ça par moi-même…
Elle se contente de sourire, me dévisageant, son menton posé sur son poing. Je ne me démonte pas :
- — Mais en attendant, il serait judicieux de commencer le cours, n’est-ce pas ?
- — Tout à fait, cher formateur…
Et nous commençons le cours, ce qui me laisse un répit, me laissant un peu de temps pour cogiter à la suite à donner concernant Annabelle. Bien sûr, nous continuons à flirter plus ou moins outrageusement, mais c’est tacitement bon enfant. Puis arrive la pause du matin. Comme hier, je descends la totalité de ma bouteille d’eau. Assise sur une table, jambes croisées afin que je puisse en admirer le galbe, ma stagiaire avoue :
- — J’aime bien les formations avec un formateur tel que vous…
- — Je vous remercie, Annabelle. Et pour quelles raisons ?
- — Professionnelles d’abord. Vous connaissez votre sujet et vous savez bien faire passer les concepts. Et personnelles ensuite. J’aime beaucoup notre façon de jouer.
- — Vous m’en voyez ravi ! N’oubliez pas de bien remplir votre fiche finale d’évaluation quand la formation sera finie.
- — D’accord, d’accord. Et je mets quoi dans la rubrique « Vos souhaits" ? Coucher avec le formateur ?
Je souris à cette petite provocation :
- — C’est un souhait comme un autre. Néanmoins, je crains que votre responsable de formation ne soit pas trop d’accord. Surtout si elle doit payer pour vous ce genre de prestation !
- — Ah bon, vous vous faites payer ?
- — Bien sûr, je me fais payer en nature !
Décroisant ses gambettes, elle rit. Puis nous avons repris la formation, car le suivi d’un projet n’est pas une mince affaire, entre le planifié, le en-cours et le réalisé, il convient de bien jongler, surtout pour optimiser le chemin critique en déplaçant la plupart du temps des ressources. Juste avant la pause de midi, je décide de ne pas perdre certaines bonnes habitudes. D’un ton strictement sérieux, j’annonce à ma stagiaire :
- — Annabelle, il existe des petits rituels auxquels il convient de se plier.
- — Ah bon ? Lesquels ?
- — Exemple : celui-ci…
Une fois de plus, comme hier à la même heure, et à sa grande surprise, pour illustrer mes dires, après avoir tiré un peu sur sa fermeture éclair, je dépose deux baisers appuyés, un sur chacun de ses seins qu’elle exhibe à moitié sous sa robe noire fort seyante. Ce qui la fait ensuite rire de bon cœur.
Jeudi midi
Le plateau-repas du jour est un peu mieux que celui d’hier. Alors que nous découvrons le contenu, ma voisine me dit :
- — En tout cas, j’ai passé une bonne soirée avec vous, et merci pour le restau. Vous avez été gentleman jusqu’au bout.
Puis elle ajoute perfidement :
- — Peut-être trop…
- — Tout le plaisir était pour moi.
- — Je suppose que c’est votre déontologie de formateur qui vous a empêché d’assouvir vos bas instincts masculins ?
- — Comme je vous l’ai déjà dit, il convient de ne pas se précipiter trop vite.
- — Ne me dites pas que vous n’avez jamais tiré un petit coup comme ça vite fait, avec une inconnue ?
- — Si, mais j’avais quasiment trente ans de moins, et j’étais en vacances à l’étranger, en Espagne.
- — Sea, sex and sun ?
Quelques souvenirs me reviennent en mémoire, je suis un peu songeur :
- — Bon résumé… je ne renie pas cette époque, mais avec le recul, je reconnais avoir fait quelques conneries en… batifolant trop vite.
- — Oh, vous pouvez dire carrément en « baisant trop vite", je ne vais pas rougir pour si peu.
- — Je me demande ce qui peut vous faire rougir. Je suppose que ça doit être très mignon à vous sur vous, d’autant que vous avez la peau très claire…
Elle s’esclaffe :
- — Arrêtez, vous allez me faire vraiment rougir !
- — J’adorerais y arriver… bien que quelque chose me dit que ça ne doit pas être évident avec une femme telle que vous.
- — Comment ça, une femme telle que moi ?
- — Y a-t-il quelque chose qui vous choque, qui vous fasse rougir ?
Elle fait semblant de réfléchir :
- — Pas grand-chose… Mais vous pouvez toujours essayer.
- — Je pense que ce n’est pas la peine d’explorer le domaine du sexe pour trouver quelque chose qui vous rende cramoisie…
- — Si, si ! Essayez, si vous l’osez !
- — Ne jamais mettre au défi un formateur spécialisé dans la gestion des tâches !
- — Ah oui ? J’écoute !
À mon tour, je fais semblant de réfléchir :
- — Hmm, je suppose que les joies de la fella, du cuni et de la sodo vous sont naturelles…
- — J’aime bien votre façon de couper les mots, Thomas…
- — Et je suppose que les joies de la pluralité ne vous sont pas non plus inconnues…
- — Y a pas à dire ! Quand c’est bien présenté, ça passe mieux !
- — Je ne relèverai pas le sous-entendu, chère stagiaire.
J’en profite pour commencer à manger mon entrée, puis j’ajoute :
- — Hmm, justement, chère Annabelle, en parlant de pluralité…
- — Oui, c’est-à-dire ?
- — J’imagine fort bien plusieurs hommes bien ardents s’occuper passionnément de vous, et jusqu’au bout de la nuit…
- — Ce ne serait pas une nouveauté, mon petit Thomas.
Je luis décroche un large sourire :
- — Vous ne m’étonnez pas… Pour vous faire rougir, laissons tomber des pratiques pas très recommandables, comme la zoo ou la nécro. Ce serait trop facile.
- — Oui, oubliez ça… Idem pour l’uro, la scato et autres fluides…
- — Oublions aussi tout ce qui est BDSM, je suppose ?
Annabelle fait la moue :
- — Souffrir pour jouir n’a jamais été ma tasse de thé.
- — Ce qui restreint les possibilités de vous faire rougir… Je pense avoir une bonne idée, ou plutôt un bon fantasme.
- — Dites toujours !
Je réfléchis encore un coup instant avant de balancer d’un air faussement détaché :
- — Imaginez que nous ne soyons vraiment seuls au monde, personne aux alentours, personne pour venir à votre aide…
- — Oh-oh, la bête en vous se réveille ?
- — Juste une supposition, Annabelle… Vous m’excitez tellement que je n’en peux plus, que je vous saute dessus, vous une faible femme sans défense afin de vous faire subir les pires outrages !
- — Auriez-vous le fantasme du viol ? Ce n’est pas très politiquement correct, mon petit Thomas.
Je me défends :
- — Viol, c’est vite dit, puisqu’il s’agit d’un jeu entre nous, à l’image de ce que nous faisons depuis hier, mais cette fois-ci en plus épicé.
- — Admettons que je sois ok pour ce type de jeu.
- — Vous seriez ok ?
- — Si c’est un jeu, oui, pourquoi pas… On dirait que ça ne fait pas vos affaires.
- — Je dois essayer de vous faire rougir, mais vous ne me facilitez pas la tâche !
Annabelle se met à rire franchement :
- — Hi hi hi ! Vous savez que vous êtes impayable dans votre genre ? Je sens qu’on ne doit pas s’ennuyer avec vous !
- — Pourquoi faudrait-il s’ennuyer dans la vie ?
- — Vous avez raison !
Alors que j’étais parti pour répondre, une idée saugrenue traverse mon esprit. Je me dis : pourquoi pas, en effet… Qu’est-ce que je risque ? Au pire, une bonne claque. Mais pour ma défense, je pourrais invoquer le défi de la faire rougir.
Au grand étonnement de ma stagiaire, je change complètement de sujet :
- — Que pensez-vous de notre plat de résistance, cette espèce de salade faussement chinoise avec des petits morceaux de poulet ?
- — Euh… je n’ai pas encore goûté…
- — Avec votre accord, je me propose d’améliorer grandement ce plat du jour…
Elle cligne des yeux, ne comprenant pas où je veux en venir. Me levant, je m’approche d’elle. Puis m’accroupissant un peu, je mets mon visage à sa hauteur pour lui déclarer :
- — Afin d’améliorer l’ordinaire, puis-je me permettre ?
Je désigne la fermeture éclair de son décolleté. Elle me répond en souriant :
- — Oui, mais n’abusez pas trop…
- — Je vous remercie, chère Annabelle.
Délicatement, je descends la zipette de deux centimètres, peut-être trois. Ma stagiaire acquiesce :
- — Vous avez été raisonnable, Thomas. Je savais que je pouvais compter sur vous…
- — Ne parlez pas trop vite…
Je m’empare de mon plateau-repas pour le rapprocher de moi, puis posément, je capture entre mes doigts un peu de cette salade exotique pour venir la déposer entre les seins de ma stagiaire. Surprise, celle-ci pousse un petit cri.
Puis, sereinement, je commence à déguster mon plat sur les beaux seins replets, lapant, léchant consciencieusement afin qu’il ne reste aucune trace sur cette belle peau si blanche et sucrée. Je m’offre le luxe de glisser ma langue entre les deux doux monts afin d’y capturer une nouille qui s’y était égarée…
Quand Annabelle reprend ses esprits, elle est écarlate. Elle finit par lâcher :
Annabelle ne reste pas longtemps cramoisie, puis elle se met à rire doucement. Je me remets à ma place, puis nous continuons notre repas sur un autre sujet, tout en flirtouillant comme nous le faisons depuis hier.
Jeudi après-midi
À présent, il faut que je me concentre sur la formation, devant faire tenir trois jours en deux. Donc priorité aux tâches, aux ressources et tout le reste ! Je décide de zapper la dernière pause, à la grande désapprobation de ma stagiaire :
- — Comment ça, pas de pause !?
- — Manque de temps !
- — Et nos… petits jeux ?
- — Et si je vous propose une invitation pour ce soir pour compenser ?
À cette proposition, Annabelle se rengorge :
- — Je n’en attendais pas moins de vous. Je me demandais seulement quand vous vous décideriez, Thomas.
- — Il me faudra rentrer chez moi, afin de me changer. Que diriez-vous de nous retrouver sur la place des Bleuets pour dix-neuf heures ?
- — Ça me convient.
Puis nous retournons à notre formation, car il reste encore divers points à voir et découvrir.
Arrive le moment de la clôture du stage avec Valérie Colombier, la responsable de formation. Tout se passe bien, l’évaluation étant excellente (merci pour moi), puis la responsable désire me parler dans son bureau. Je salue ma stagiaire, puis je suis la responsable dans les couloirs.
La porte refermée, tout de suite, elle attaque :
- — Visiblement, vous êtes toujours entier, Monsieur Fressin…
- — Je ne comprends pas bien…
- — Je faisais allusion à Annabelle. Je parie qu’elle vous a fait du rentre-dedans.
- — Je mentirais si je disais le contraire… Mais bon, ça arrive parfois que des stagiaires s’amusent à susciter des émois chez le formateur ou chez les autres stagiaires. Pour ma part, j’évite le mélange des genres. De plus, même si je suis célibataire, il y a une certaine Magalie dans ma vie.
Je ne mens pas en affirmant ce que je viens de dire, même si je dois reconnaître qu’Annabelle me tente beaucoup. Et ce qui se passe après une formation ne regarde que les personnes concernées. Madame Colombier m’adresse un petit sourire :
- — Tant mieux, car Annabelle a déjà fait des dégâts dans votre profession.
- — C’est-à-dire ?
- — Il y a six mois environ, un formateur venait quasiment tous les jours ici à l’entreprise lui faire la cour. Un vrai pot de colle !
- — Ah oui… il avait un peu flashé sur elle.
- — Il n’y a pas eu que lui. Sans parler de tous ceux qui ont sans doute continué à la fréquenter par la suite.
Restant le plus neutre possible, je m’étonne :
- — Il y en a eu tant que ça ?
- — Si on mélange les formateurs, les employés, les prestataires et les fournisseurs, ça commence à faire un gros paquet. Je ne vous cache pas que si ça ne tenait qu’à moi, Annabelle aurait déjà exercé ses talents ailleurs. Mais voilà, elle est bien protégée, et de plus, elle huile les rouages…
- — D’accord, Madame Vanderstraeten aime jouer les séductrices, mais n’exagère-t-on pas un peu ses… euh… talents comme vous dites ?
C’est alors qu’elle me sort la question à laquelle je ne m’attendais pas :
- — Entre votre Magalie et notre Annabelle, laquelle choisiriez-vous spontanément ?
Je marque une petite surprise, et je décide de répondre en biaisant :
- — Pourquoi vous êtes-vous oublié dans cette liste, Valérie ?
C’est à son tour d’être surprise. Elle me regarde avec des grands yeux, puis bafouille :
- — M… moi ?
- — Pourquoi pas vous ? Vous êtes une belle femme…
Elle rougit un peu :
Voyant que la conversation risque de s’enliser, je la recentre professionnellement. Dix minutes plus tard, je sors de son bureau, me demandant si je n’ai pas un peu poussé trop loin le bouchon avec cette responsable de formation. Alors que je me dirige vers le parking, j’entends une voix connue me dire :
- — Vous avez été longuet avec ma chère responsable de formation… Vous n’avez quand même pas osé la culbuter sur son bureau ?
- — Vous êtes triviale, ma chère Annabelle…
Les bras croisés, mon ex-stagiaire me demande :
- — Je le suis souvent, voyez-vous. Ça vous dérange ?
- — Pas du tout, c’est même… comment dire… rafraîchissant.
- — Votre invitation tient toujours ?
- — Bien sûr ! Plus que jamais !
Un sourire gourmand s’affiche sur ses lèvres :
- — En tant que stagiaire ou en tant que femme ?
- — Vous n’êtes plus ma stagiaire depuis un peu plus d’un quart d’heure.
Décroisant les bras, elle pose ses mains sur ses hanches, buste bien en avant, provocante :
- — Vous avez l’air et la manière de répondre ! Et cette chère Valérie a déblatéré quoi sur mon dos ?
- — Vous seriez la réincarnation de Mélusine, sautant sur tout ce qui bouge et étant masculin. Néanmoins, vous mettez de l’huile dans les rouages de l’entreprise, à défaut de parler franchement de cyprine…
- — Je ne suis pas du tout étonnée des propos de cette salope !
Je me contente de sourire, puis je m’approche d’elle :
- — Laissez-moi le temps de me changer et donnons-nous rendez-vous, comme convenu, sur la place des Bleuets pour dix-neuf heures. Ça vous convient toujours ?
- — Ça me convient toujours, et j’ai hâte de voir la nuance entre stagiaire et femme…
Je me contente de sourire, avant de déposer prestement un baiser sur chacune des deux rondeurs que son décolleté m’offre.
Jeudi soir
À l’heure convenue, nous nous retrouvons sur la place des Bleuets, un endroit un peu écarté du centre-ville, mais assez arboré. Main dans la main, nous nous baladons dans les rues avoisinantes, certains passants se retournant sur notre passage, la nouvelle robe rouge d’Annabelle y étant pour beaucoup, sans parler de la femme elle-même, nettement mise en valeur, rouge des cheveux à l’écarlate des talons aiguilles !
Honnêtement, je suis fier de parader avec pareille femme à mon bras. Ce n’est pas un sentiment de haute culture, c’est même primaire, reptilien, mais ça fait du bien !
Puis, quasiment en face d’un petit parc, nous avisons un petit restaurant. Nous nous installons en terrasse, afin de profiter de la belle soirée qui s’annonce. Nous commençons par un apéritif, optant pour un repas plutôt léger lors de notre commande, car quelque chose me dit que la nuit sera longue.
- — Eh bien, Thomas, je n’ai pas encore vu la nuance entre stagiaire et femme.
- — Vous savez que vous êtes une sacrée chipie dans votre genre ?
Elle m’adresse un sourire ravageur :
- — J’aime quand on traite de chipie…
- — Ah ? Serait-ce une autre facette de votre personnalité ? Seriez-vous un tantinet masochiste ?
Annabelle s’étonne franchement :
- — Comment ça, masochiste ? Parce que j’aime qu’on me traite de chipie ?
- — Ça peut être une explication… parmi d’autres. Je cherche peut-être midi à quatorze heures, mais il m’arrive parfois de balayer toutes les combinaisons. Sans doute une déformation professionnelle. Mais j’aime bien savoir où je mets les pieds, et avec vous, je suis en terre inconnue.
- — Les femmes aiment être insaisissables…
Ça, je le savais déjà, ce qui fait partie du charme de la gent féminine. Certaines sont faciles à comprendre comme Magalie, parfois trop. De son côté, Laurène est déjà plus complexe. Quant à Annabelle, je me demande si l’image que j’ai d’elle est la bonne. Je décide de mettre cartes sur table :
- — Annabelle, je vais faire direct. Avec vous, j’ai le choix entre trois solutions : la version courte, la version moyenne et la version longue.
- — C’est-à-dire ?
- — J’y viens. La version courte, c’est celle du coup d’un soir ou de plusieurs soirs. Une histoire de numéro dans une longue liste. Mais aussi l’assouvissement du désir, de l’exultation des corps avant de reprendre le cours de sa vie.
- — Il n’y a pas à dire, mais vous causez bien. Il est dommage que la majorité des hommes n’en soient pas capables.
- — Je vous remercie pour le compliment. La version moyenne serait que nous devenions amants, pas pour un soir, mais pour une longue période.
Elle saisit son verre, en ajoutant :
- — Comme votre Laurène ?
- — Un peu plus que comme ma Laurène. Elle est mariée, et moins libre de ses mouvements. Bien sûr, comme nous serions amants, vous aurez toute liberté de votre côté, mais à condition de me réserver quand même un peu de temps…
Après avoir bu une gorgée, elle acquiesce à sa façon, amusée :
- — Vous êtes trop bon. Et la version longue ?
- — Nous vivons sous le même toit. La plupart du temps, nous nous endormons ensemble, et nous nous réveillons ensemble.
À cette évocation, elle s’étonne :
- — Comme un vrai couple ?
- — Comme un vrai couple, avec une fois de plus, des instants de liberté, car je sais fort bien que vous ne détestez pas les expériences…
- — Un couple assez libre, c’est ça ?
- — Pour être honnête, je préférerai vous garder rien que pour moi, mais je suis réaliste. De plus…
Je cherche mes prochains mots, ce qui n’échappe pas à Annabelle :
- — Hou là, Thomas, ça doit être un gros morceau à avouer pour que vous preniez le temps de cogiter à la suite !
Je lui prends la main par-dessus la table, mélangeant ses doigts aux miens :
- — Annabelle, je ne suis pas un saint, et j’ai toujours rêvé de rencontrer une gentille salope comme vous, qu’elle soit à la fois ma femme, ma maîtresse et une sacrée pute, si vous me permettez l’expression.
- — Une sacrée pute ? Vous y allez de bon cœur !
- — Une sacrée garce, si vous préférez gommer l’aspect pécuniaire du plus vieux métier du monde. Je sais que vous ne vous faites pas payer, sauf peut-être quelques cadeaux, ce qui me semble tout à fait naturel.
Elle m’adresse un large sourire :
- — Je vous rassure, je sais très bien que pas mal de gens pensent que je suis une sacrée pute. Et puis, quelque part, ce n’est pas faux, puisque si je conserve mon poste, c’est grâce à cet aspect des choses.
- — En effet… c’est une façon de voir.
Elle devient plus sérieuse :
- — Thomas, nous ne nous connaissons que depuis hier matin, et déjà vous parlez de vivre ensemble ?
- — Est-ce que je vous plais ?
- — Euh… ben… oui ! Sinon, je ne serais pas là face à vous !
- — Un peu, beaucoup, passionnément, à la folie ?
Elle serre un peu plus les doigts :
- — Vous êtes mon genre d’homme, aussi bien physiquement que moralement.
- — Donc j’ai toutes mes chances ?
- — On va dire que vous avez toutes vos chances, si vous ne les gâchez pas.
Je présente mon point de vue :
- — Même réponse pour moi, vous êtes mon idéal de femme.
- — Vous avez des idéaux un peu… curieux…
- — Quel mal y a-t-il de préférer une femme très hot, même s’il faut la partager, à une femme trop classique ?
- — Vu comme ça… Et vous accepteriez de me partager ?
- — Si c’est la condition pour vous garder, pas de problème. De plus, ça ouvre bien des perspectives pour des soirées brûlantes.
Les yeux luisants, elle me demande :
- — Précisez votre pensée, Thomas…
- — Je ne déteste pas le partage, de voir ma compagne l’être sous mes yeux, de participer, trio, quatuor et plus. De faire bénéficier à tous de ma bonne fortune. Sans oublier de profiter éhontément de celle qui partage mes jours et mes nuits.
- — Il n’y a pas à dire, vous savez présenter les choses… Mais vous allez un peu vite en besogne, car nous n’avons même pas couché ensemble !
Nos doigts se serrent encore plus :
- — Faut-il vraiment toujours coucher pour savoir si son idéal est réalisable ? Vous êtes précédée par votre sulfureuse réputation… à moins que…
- — À moins que quoi ?
- — À moins que vous ne soyez une allumeuse qui enflamme les hommes, telle votre crinière incendiaire, et qui se volatilise dès qu’on souhaite passer aux choses sérieuses…
- — J’aime passer aux choses sérieuses…
- — Même celles qui demandent d’être à plus que deux ?
Elle marque une petite pause avant de répondre :
- — Je reconnais que je ne suis pas contre ce genre d’extra, mais pas forcément tous les jours.
- — Vous aimez aussi les duels…
- — Bien sûr ! Et j’espère en avoir droit à un ce soir, mon petit Thomas.
Elle pose ses deux coudes sur la table, posant son menton sur ses mains et m’offrant une vue imprenable sur son décolleté dans lequel brille l’absence de soutien-gorge.
- — Commençons par la version courte, juste pour être certain, vous et moi.
- — C’est un bon début, Annabelle…
- — Poursuivons par la version moyenne, juste pour être aussi certain que nous sommes sur la bonne voie.
- — Oui, histoire de vérifier, on n’est jamais assez prudent…
- — Je ne vous le fais pas dire… Et si vous n’avez pas changé d’avis d’ici là, qui sait, nous testons ensemble la version longue…
Oui, la version longue, très longue, avec partage et autres turpitudes. Qui sait… L’espoir fait vivre, et je préfère tenter l’impossible plutôt que d’avoir plein de regrets plus tard. Excusez-moi, Magalie et Laurène. En attendant, il convient de réussir la version courte.
Mais ceci ne regarde que nous deux…