n° 19389 | Fiche technique | 46047 caractères | 46047Temps de lecture estimé : 26 mn | 06/01/20 corrigé 05/06/21 |
Résumé: Viviane est veuve depuis peu. Je ne peux m'empêcher de lui écrire, les mots sont réparateurs. Et puis, il faut bien le reconnaître, j'ai des choses à lui avouer. | ||||
Critères: fh hh fdomine fellation 69 fdanus fsodo hsodo | ||||
Auteur : Clovis |
Mes parents m’ont prénommé Clovis, raison pour laquelle je leur en veux depuis quarante-neuf ans. Oui, je sais, vous vous dites que j’ai échappé à Adolph, Casimir, Giscard, je ne vais quand même pas me plaindre non plus, d’autant que j’ai hérité de mes géniteurs, selon les quelques amies qui ont compté dans ma vie, d’un physique agréable que j’entretiens à raison de trois ou quatre séances de sport par semaine. Côté tempérament, on dit de moi que je suis parfois soupe au lait et jaloux, traits de caractère qui m’ont parfois desservi. A contrario, beaucoup louent ma tendresse et mon altruisme, je n’abandonne jamais ceux qui sont dans le besoin, dans la peine ou la solitude, résultat probable d’une éducation religieuse et du sacro-saint rendez-vous dominical à l’église de quartier avec ma mère.
Aujourd’hui, je vis seul dans le quatorzième arrondissement de Paris, dans un grand appartement situé entre la tour Montparnasse et le cimetière éponyme où sont enterrés mes parents. De chez moi, au dernier étage de mon immeuble, lorsque je suis juché sur mon appareil elliptique, j’ai l’impression de veiller sur eux. Je leur rends visite souvent, après les cours de français que je dispense au lycée, je fleuris leur tombe, et puis je file au marché Mouton-Duvernet ou bien je visite le centre d’aide aux femmes battues de mon quartier où j’officie comme bénévole.
Bref, vous l’avez compris, je suis un homme très occupé. Il fait nuit, souvent, lorsque je rentre chez moi. Je n’en oublie pas pour autant de relever le courrier. Beaucoup de mes voisins redoutent les factures, pas moi. Les quotidiens du jour sont ma priorité, je m’en empare, Le Monde, Le Figaro, Libération, Le Parisien, je suis abonné aux quatre journaux, et ce soir, je m’empresse de les coincer sous mon bras alors que je découvre une lettre cachetée à mon nom. Écriture féminine à n’en pas douter au vu des arrondis, d’autant que le prénom de l’expéditeur, en l’occurrence une expéditrice, apparaît au dos de l’enveloppe. Il s’agit de Viviane.
J’emprunte l’ascenseur, conserve la lettre en l’état, je me languis d’en découvrir le contenu et pourtant je ralentis le pas dans le couloir et pose l’enveloppe sur la table de mon salon au milieu des coupures de presse que j’ai abandonnées le matin même. Puis je vaque à d’autres activités durant lesquelles j’échafaude des hypothèses quant au contenu du courrier. Je n’y reviens qu’après le dîner, l’ouvrir est en quelque sorte mon dessert, mon sésame de la journée, je la décachette avec doigté, je ne veux abîmer ni l’enveloppe ni son contenu. Je déplie lentement la lettre, celle-ci est datée et l’adresse de Viviane apparaît au complet. L’écriture est posée, Viviane est appliquée, je ne constate aucune faute dans les premières lignes, de nos jours c’est suffisamment rare pour être noté. Pour autant, je refuse de brûler les étapes. Elle débute ainsi :
Cher Clovis
Je vous remercie très affectueusement et très sincèrement d’avoir participé à ma peine après le décès de Julien. Vos marques de sympathie que vous avez manifestées à mon égard par votre courrier me touchent et me vont droit au cœur. Je ne vous cache pas que la cérémonie, si elle a été source d’hommages et de souvenirs pour de nombreux amis de mon mari, a été un moment difficile pour moi. Ces funérailles m’ont permis de comprendre, au vu de la foule, combien Julien était aimé et apprécié, et je regrette aujourd’hui de ne pas avoir su trouver les mots adéquats lors des condoléances qui m’ont été adressées par chacun d’entre vous.
Je dois vous dire également que votre courrier m’a bouleversée. L’éloge que vous avez bien aimablement dressé de Julien mérite toute ma considération. Comme vous l’avez si bien souligné, il était un homme attentionné, perspicace, clairvoyant, travailleur, un modèle pour beaucoup. Je dois vous avouer aussi que j’ai honte. Si Julien n’évoquait qu’à de rares occasions son enfance, j’aurais dû le questionner à ce sujet. Les quelques souvenirs communs que vous avez bien voulu me rapporter dans votre courrier m’ont mis l’eau à la bouche. Je ne doute pas un seul instant que vous possédez mille autres anecdotes de lui que j’aimerais tant partager.
Cher Clovis, vous allez peut-être trouver cela déplacé, mais j’aimerais tant que vous m’éclairiez un peu plus sur l’adolescence de Julien. Mon deuil est si difficile et, malgré le soutien de mon entourage, je ne parviens pas à supporter son absence. À vous écouter, je suis certaine que je pourrais retrouver sinon le sourire la faculté de vivre mieux en son absence. Qu’en dites-vous ? Seriez-vous prêt à vous faire le biographe d’un ou deux chapitres de la trop courte vie de Julien ? Dites-moi, très vite s’il vous plaît. Je veux croire en vous, j’espère que vous viendrez en aide à une pauvre naufragée qui semble voir en vous une lumière, une bouée.
Viviane sait manier les mots, j’aime ça. Elle semble aux abois, elle demande que je lui réponde très vite, voire mieux : que je la contacte téléphoniquement si j’entends donner suite à sa requête. Je savoure ce moment, je vous l’ai dit, je suis quelqu’un de serviable et Viviane, que j’imagine couverte d’un voile de crêpe noir, me semble une personne qui mérite qu’on l’aide. Je repose la lettre, la replie avec précaution, sors mon téléphone portable de son étui, et lui adresse un texto. Elle me répond très vite :
« En ces longs moments de solitude, vous n’imaginez même pas comme votre réponse me soulage. Que diriez-vous de nous retrouver au bar des Deux Magots dans le quartier Saint-Germain-des-Prés ? »
À mon tour d’être comblé, ce bar a une histoire, Louis Aragon et Elsa Triolet s’y sont notamment aimés. Je laisse languir Viviane, mais je sais déjà que je vais répondre par l’affirmative.
***
J’arrive au rendez-vous bien avant l’heure. Ma nuit a été courte, j’ai fait des recherches sur Internet. Julien n’a guère laissé de trace sur les réseaux sociaux, au contraire de Viviane qui a couvert son mur Facebook de photos toutes plus appétissantes les unes que les autres. Sur l’une d’elles, elle marche main dans la main avec Julien, ils progressent sur une plage de sable fin des Seychelles, ils sont heureux et libres, elle marche seins nus, ceux-ci sont fermes et orgueilleux, le cliché a été pris il y a trois ans. J’arrive presque à être jaloux d’un mort tant elle paraît belle et insouciante.
La lumière a quitté son visage lorsqu’elle pousse la porte de la célèbre brasserie. Elle retire ses lunettes de soleil, je lui adresse un léger geste de la main, elle se rapproche, elle n’a plus ses magnifiques cheveux blonds des Seychelles, mais je trouve que la coupe à la garçonne lui va bien. Je me lève, lui tend la main, je me présente.
J’aime la franchise, j’opine du bonnet. Elle s’assoit en face de moi, j’appelle un serveur.
Je ne réponds pas, elle commande un verre de bourgogne aligoté, je me contente d’un café crème.
Elle se tait, je ne dis rien non plus. Le serveur rompt le silence, j’en profite pour observer Viviane, elle a une quarantaine d’années, ses pommettes sont rebondies, quelques ridules apparaissent au coin de ses yeux vert-gris, son front est lisse, ses lèvres ourlées, son nez aquilin, elle reste belle malgré ce voile de tristesse qui couvre son regard.
Je l’interromps.
Elle redresse la tête. Je goûte à mon café, prends mon temps avant de reposer la tasse.
Ses yeux s’agrandissent, ses mains se joignent, elles couvrent sa bouche délicieuse.
Je la fixe.
Je me rencogne dans mon fauteuil, jette un œil panoramique à ces lieux qui ont été le témoin de tant de déclarations d’amour depuis des décennies, d’échanges littéraires et de signatures de contrats dans le monde de la culture. Je prends une dernière respiration avant de débuter et me lance.
Pour la première fois, je la vois sourire. Je profite de cet éclat, j’ai envie de lui caresser la joue, je me contente de me saisir de ses mains qu’elle a posées sur la table.
Je reprends :
Viviane a la bouche entrouverte, elle boit mes paroles, ses yeux s’embuent. Je m’arrête, je sens qu’elle veut parler à son tour.
Mes mains renferment toujours les siennes. Une larme se décroche et creuse un sillon le long de son visage. Je continue sur le même ton, lui parle avec fierté de Julien, du chêne qu’il avait choisi, des planches récupérées et transportées à l’aide d’une brouette à travers champs, du panorama qui s’offrait à nous à trois mètres de hauteur sur une campagne déserte, sans la moindre habitation à des lieux à la ronde, de l’échelle de corde fabriquée dans la grange de mon grand-père.
Elle scrute mon visage pour la première fois, elle ne s’attendait pas à une telle question. Je veux tout savoir de son Julien, moi aussi, je cherche à lui faire comprendre que tous deux, elle et moi, sommes les deux faces d’une même pièce.
Son visage ruisselle de larmes.
Je comprends qu’elle lui était dévouée, corps et âme. Je suis définitivement jaloux, même mort je le déteste. Je me tais, je ne sais quoi dire, alors je me concentre sur la main que j’emprisonne, je pétris légèrement la paume à l’aide de mes deux pouces puis, de la même manière, effleure chacun de ses doigts. Un serveur nous observe depuis le bar, je m’en moque.
Elle ne comprend pas, plisse les yeux. Je la fixe tout en continuant à lui masser la main. J’enchaîne :
Je n’ai pas le temps de poursuivre, elle subodore le pire, c’en est trop pour elle, je la vois se lever, Viviane se saisit de son manteau et quitte précipitamment les lieux.
***
Je suis sous la douche lorsque j’entends mon téléphone portable biper. Je prends mon temps, comme d’habitude, je sors de la cabine, je me sèche, enfile un caleçon, le nom de Viviane s’affiche. Quelques jours ont passé, j’en étais venu à me dire que jamais plus elle ne se manifesterait, je vous avoue que je m’étais recentré sur d’autres « dossiers » dont certains étaient bien avancés.
« Bonjour, Clovis, je suis navrée, je me suis mal comportée en vous quittant aussi sèchement l’autre jour. Vous ne méritez pas ça. »
Je me fais couler un café avant de répondre.
« Vous êtes tout excusée, j’imagine que le deuil que vous supportez est difficile à vivre. Bien à vous. »
Elle ne tarde pas à me répondre.
« Comment pourrais-je me faire pardonner ? Je crois que je suis enfin prête à tout entendre. Que diriez-vous d’accepter mon invitation à déjeuner demain ? Nous pourrions converser plus facilement à mon domicile que dans ce quartier trop fréquenté de Saint-Germain-des-Prés. Qu’en dites-vous ? »
Je dis oui et range aussitôt les coupures de presse qui couvrent ma table de travail.
Le lendemain matin, je suis chez le fleuriste. J’évite l’achat de chrysanthèmes bien sûr, je m’arrête sur un bouquet de violettes. Un taxi me conduit en grande banlieue, et pénètre dans une grande allée bordée de platanes centenaires. Le véhicule s’arrête au pied d’une immense demeure de trois niveaux qui me paraît bien trop grande pour une veuve. Je paye, je descends, je gravis le perron. Viviane ouvre aussitôt, elle m’attendait. La bise remplace la poignée de main. Elle sent bon, elle porte une robe vert bouteille qui fait rejaillir la couleur de ses yeux, je lui tends les fleurs. Elle semble ravie.
Je la suis. Elle paraît légère, nous traversons un grand salon au milieu duquel des couverts pour deux sont installés sur une table en chêne massif, elle déverrouille une porte-fenêtre qui s’ouvre sur un parc de plusieurs hectares au fond duquel j’aperçois un cèdre libanais.
J’opte pour un whisky de vingt ans d’âge, elle se sert un Martini. Nous trinquons à Julien, bien sûr, mais les seules photos couvrant les murs ne concernent que mon hôtesse : Viviane à la proue d’un voilier, Viviane au sommet d’un glacier, Viviane sur un green. Nulle trace de son défunt mari. Elle me ressert, mes doigts touchent les siens au moment de me saisir du verre qu’elle me tend, le contact est doux et chaud, elle s’éloigne, s’assoit dans le canapé qui se trouve en face du mien, un petit mètre nous sépare, elle porte des ballerines, ses chevilles sont nues, ses mollets fins et longs.
L’alcool m’embrume l’esprit, je pose mon verre sur l’accoudoir, me penche en avant, je désire lui saisir les mains comme je l’ai fait la première fois. Elle ne bouge pas.
Je me lance.
Je me tais, elle m’observe, je n’ose la fixer, reprends mon verre en main, y porte les lèvres, mon regard se porte sur sa poitrine.
Elle ne me lâche plus, elle veut tout savoir.
Je me lève, je ne supporte plus son regard. Je sais qu’elle pleure de nouveau, je me tourne en direction du cèdre libanais, et je reprends le fil de mon histoire :
Je m’arrête, j’entends Viviane renifler, elle ne bouge pas, ne crie pas. Je décide de poursuivre :
Cette fois, je me retourne en direction de Viviane, elle ne dément pas.
Je ne sais quoi répondre. Je me retourne. Elle ne pleure plus, son verre de Martini est vide, je lui remplis.
Je suis toujours debout, elle sirote son Martini sec, je me porte derrière son fauteuil, pose mes mains sur ses épaules.
La respiration de Viviane est saccadée, profonde, ses seins se soulèvent démesurément, elle est troublée, mes mains prennent possession de ses trapèzes, mes pouces glissent sur sa nuque, elle ne proteste pas.
Derrière elle, je souris tout en lui massant délicatement la nuque. Le geste semble lui plaire.
Je ne m’attends pas à ce qu’elle réponde.
Je reste coi. Mes mains continuent de glisser sur ses épaules, sa nuque, son cou, elles effleurent son visage, ses joues, son front, mes pouces dessinent le contour de ses lèvres, elle frémit.
Elle vide son verre, le repose, se rencogne dans le fauteuil. Je suis toujours derrière elle, mes doigts prennent le chemin de son plexus, s’arrêtent à la naissance de sa poitrine. Je résiste à l’envie de me saisir de ses seins, de les malaxer, de les sucer, mon sexe est comprimé, il n’a qu’un désir : se vider au fond de sa chatte qui j’imagine accueillante et brûlante de désir. Je retire mes mains, me saisit de l’un de ses bras, le déplie vers le haut, m’empare de sa main gauche, elle porte toujours son alliance.
Elle confirme d’un geste de tête. Je lui embrasse les doigts, je ne résiste pas à l’envie de les goûter, mes lèvres aspirent son index, je le suce délicatement, elle ne s’y oppose pas, je me consacre surtout à la première phalange.
Cette femme n’est pas comme les autres. Elle a des principes, elle s’y tient, on ne saute jamais les repas. Je m’installe en face d’elle, elle a mis les petits plats dans les grands, asperges, saumon, accompagné de légumes du jardin, plateau de fromages, le tout arrosé de vins liquoreux qui nous enivrent. Julien a disparu de la conversation, elle est gaie, pimpante, elle rit de quelques anecdotes que j’ai vécues durant ma carrière d’enseignant, elle me dévisage.
Elle n’attend pas de réponse, elle se lève.
Elle me tend sa main, je la saisis.
Docile, je la suis. Viviane se retourne et me sourit, ses dents sont blanches, elle me tire presque, elle est belle, je fonds.
Je ne me reconnais plus, c’est la première fois, cette femme est hors norme, elle n’a rien à voir avec les autres, je me prends à douter de moi, à avoir des remords de jouer avec elle. Elle me précède dans les escaliers, je ne lâche pas sa main, je ne cesse de fixer ses jambes, je raffole d’elles, je veux les couvrir de baisers, glisser ma langue toujours plus haut et lui dévorer ses endroits secrets.
La tête me tourne, j’ai le vertige, elle doit le sentir, elle me serre plus fort la main alors qu’elle pousse enfin une porte. Je découvre un petit hall éclairé par une lucarne, Viviane fait coulisser une seconde porte, elle me tire à l’intérieur, la pièce est ovale, un lit à barreaux en occupe le centre sur lequel sont éparpillés des pétales de roses. Elle m’observe, je ne sais quoi penser, elle lève la tête vers le plafond, je suis son regard, une glace immense nous renvoie notre image.
Je ne bouge plus, Viviane n’a pas lâché ma main.
Elle porte ma main à sa joue, je la caresse, je suis tendre. Et je me dis que ça n’a jamais été aussi facile. Je glisse mon pouce entre ses lèvres, force l’entrée, elle ouvre la bouche juste ce qu’il faut et se met à le sucer. Mon autre main se porte sur sa poitrine, ses seins bourgeonnent à travers le tissu, et, comme d’habitude, je pense aux dizaines de lettres que j’écris chaque mois, aux quelques retours qui sont autant de promesses, à toutes ces veuves éplorées, inconsolables, qui attendent de moi que je leur livre un passage méconnu de la vie de leur défunt mari. Alors pour leur plaisir, et peut-être un peu pour le mien, je leur invente une histoire. Et advienne que pourra. Les situations sont souvent cocasses et, parfois, elles se transforment en un instant charnel, un moment intense où l’inconnu d’hier donne un instant de réconfort à une femme en souffrance.
Les bruits de succion de Viviane sont puissants, je sors mon pouce plein de salive de sa bouche, je la contourne, mon bassin se colle à ses fesses, je lui embrasse le cou, saisit à pleines mains ses seins et me frotte contre elle. Elle ronronne, se laisse pétrir, elle soulève les bras, je lui retire sa robe pour découvrir un ensemble en dentelle verte. Son corps est magnifique, elle tombe sur le lit, je m’allonge sur elle, elle ferme les yeux, je lui embrasse chaque morceau de peau, je lui retire ses ballerines, glisse sur elle tel un serpent, elle se laisse manger, je dégrafe son soutien-gorge, m’empare d’un sein gonflé, je lui mords le téton, elle crie, je lui suce, elle gémit.
Ses mamelons sont rougis lorsque je les abandonne. Je redresse le buste, me saisis du dernier morceau de tissu qui la protège, découvre un sexe glabre qui a dû exciter au plus haut point Julien. Un Julien avec qui je n’ai jamais couché, vous l’avez compris. Et pour cause, je suis hétéro.
Je me redresse, retire mes habits lentement, Viviane, couchée en chien de fusil, m’observe. Je suis nu comme un ver lorsqu’elle s’empare de mon sexe qu’elle glisse dans sa bouche. La veuve se lâche, Viviane s’oublie dans le stupre pour mon plus grand plaisir. Et j’en redemande. Elle emprisonne mon gland entre ses lèvres, l’aspire, le pince, le lèche, elle force le méat du bout de la langue, ouah ! c’est divin, j’adore. Elle joue avec le frein, j’en oublierais presque mes devoirs, c’est la peur de me libérer trop vite qui me rappelle à l’ordre. Je me reconcentre, la désarçonne quelques secondes pour me glisser sous elle et opérer un tête-bêche, ma langue part à l’assaut de ses chairs, ma bouche aspire son clitoris, je tiens à lui rendre le plaisir qu’elle me transmet, et visiblement j’y arrive au vu de l’intensité qu’elle met dans la fellation qu’elle me prodigue. Elle se déchaîne, voilà le mot.
Je subis ses assauts, ses morsures, mon sexe est un rocher battu par les éléments, j’engage ma langue dans le sien, mon menton est couvert de son jus, mon nez s’enivre de son odeur, je m’enfonce encore et encore, le plus loin possible dans sa matrice au point de ne plus pouvoir respirer. Le réconfort a laissé la place à l’oubli, ma jeune veuve ne jure plus que par le sexe, elle se fait cochonne pour mon plus grand plaisir, elle n’est pas réticente à une petite langue anale, elle refuse de lâcher ma hampe qui s’apprête à rendre l’âme. Elle le sent, elle le sait, j’ai abandonné mes assauts, je tente de me retenir le plus longtemps possible, je me cramponne, je n’y parviens pas, elle est douée, ses va-et-vient, rapides, violents, ont raison de moi, je l’abreuve d’encouragements, elle me traie avec la bouche, je ne sens plus mon sexe, je ne le contrôle plus, je ne réponds plus de lui, une série de spasmes accompagne mon orgasme, j’ai la bouche ouverte sur laquelle se frotte encore son pubis alors que sa langue ne rejette pas une goutte du breuvage qu’elle a tant réclamé.
***
Un courant d’air me réveille. Ou bien est-ce la langue de Viviane qui court entre mes fesses ? Je me retourne, Viviane est nue elle aussi, étendue à mes côtés, elle me sourit.
Comment lui dire que je préfère rester sur le dos ?
Elle ne s’obstine pas. Pourtant sa moue en dit long, genre « je pense que tu te trompes et j’entends te le prouver ». Son visage descend à nouveau vers mon entrejambes et le seul contact de son souffle chaud réveille mon désir. Je ronronne de nouveau lorsque mon sexe trouve refuge dans sa bouche, je ne sais pas combien de temps je me suis assoupi, mais il est clair que les batteries sont au vert. Ce doux traitement ne dure pas. Elle se place à califourchon à hauteur de ma hanche, sa langue est remplacée par sa main, elle me masturbe lentement, glisse tendrement son pouce et son index sur le phallus, et, de la deuxième main, elle joue avec mes bourses. Je ferme les yeux, je prends du plaisir, je prends du plaisir à être à sa merci, docile et inactif.
Pour réponse, elle me broie les parties. Je crie.
Je repose la tête sur l’oreiller, elle m’enjambe, s’empare de nouveau de mon sexe, vulgaire sex-toy sur lequel elle s’empale. De plaisir, elle ferme les yeux. Je soulève le bassin, elle gémit, porte ses mains sur ses seins, se les caresse et tire sur les pointes, elle se mord la lèvre inférieure, Viviane est en manque de baise, plusieurs partenaires ne seraient pas de trop pour la satisfaire.
C’est elle qui mène la danse, c’est elle qui me chevauche et qui se balance de bas en haut pour retomber encore plus lourdement sur ma colonne de chair, c’est elle qui me masturbe au plus profond d’elle. Dans l’effort, elle est belle à voir, je rêve de lui saisir les seins, elle me l’interdit. Mais la cadence à raison d’elle, son pouls est trop rapide, elle ploie sous l’effort, elle stoppe son galop et descend de sa monture.
Je l’observe s’éponger le front, reprendre une respiration normale. Elle est debout, à côté du lit, elle me tourne le dos, se dirige vers un meuble de rangement qu’elle ouvre, en sort un objet métallique, de forme conique.
Je n’attends pas de réponse, la main qui le tient le porte à sa bouche avant de le glisser entre ses fesses.
Je refuse d’obéir, elle s’empare de l’un de mes tétons, le pince très fort, je crie.
J’ouvre les yeux, fixe la glace, je ne perçois plus mon nombril surplombé par ma colonne de chair.
Je m’y résous. Elle tourne autour du lit, cajole mon sexe du bout des ongles.
Je m’offre à ses caprices, à son regard tendu vers mes bourses. Viviane se rapproche de nouveau, s’empare de mon sexe d’une main, me masturbe quelques secondes. Elle m’ordonne de ne pas bouger, grimpe sur le lit, vient caler son sexe sur ma bouche alors que la sienne se met à téter mon gland. En d’autres circonstances, j’aurais fermé les yeux. Pas là, parce que je suis obnubilé par l’objet métallique enfoncé dans son cul qui vient percuter le bout de mon nez alors que je pousse ma langue au plus profond dans son vagin.
Elle se retire, ma bouche abandonne la fontaine à regret, la sienne progresse en direction de mes testicules qu’elle gobe et suce avant de reprendre sa respiration. Ma queue est fichée entre ses seins lorsque, aidée de ses deux bras enserrant les cuisses à l’équerre, elle part à la conquête de mon anus.
Je réagis, l’ordonne d’arrêter. Ses ongles s’enfoncent dans mes fesses, ses seins maltraitent mon sexe, le rosebud que je ne cesse de fixer me chamboule. J’abandonne, je rends les armes, sa langue est douce et agréable, elle me lape comme une chatte, me lèche avec tendresse, son muscle danse le long de ma raie comme les gouttes de pluie qui glissent sur le vasistas depuis quelques minutes. Je gémis, sa langue se fait plus incisive, elle force mon cratère par petits coups, je ne souffre pas, bien au contraire.
Viviane se redresse, je suis trempé. Elle fixe mon sexe tendu comme un arc, j’observe son menton couvert de salive. Sa main reprend du service. Elle glisse entre mes cuisses, je ne les replie pas, un doigt s’insinue entre mes fesses, s’arrête à hauteur de mon anus et le force d’une phalange.
Je sursaute, ma queue bondit. Elle vient d’enfoncer son index jusqu’à la garde.
Je reste sans voix. Il faut dire que je suis gagné par ce plaisir étrange, insolite, que me procure cette femme qui me maltraite maintenant avec deux doigts. Je ne veux plus que ça s’arrête.
Elle s’arrête.
Viviane se redresse, je suis toujours étendu sur le dos, mon cul est vide, je serais presque jaloux d’elle qui semble si bien remplie. Elle se contorsionne de nouveau, ses doigts récupèrent le plug anal, on dirait qu’elle lit en moi, ils s’approchent de ma rosette qui l’accueille de bonne grâce.
Dans la glace, je la distingue accroupie devant la table de chevet de laquelle elle sort un tube de vaseline et… et un godemiché relié à des lanières. Je fronce les sourcils.
Je la regarde s’harnacher avec lenteur, le sexe artificiel me semble énorme, elle l’enduit, Viviane grimpe de nouveau sur le lit, je doute, j’ai peur, et pourtant mes genoux, déjà pliés, se lèvent encore vers le ciel, mon cul devient offrande.
Je n’ose répondre, le phallus en silicone me perce déjà, il prend la place du plug qui a repris sa place originelle, ma partenaire avance le bassin avec délicatesse, d’une main elle le guide, de l’autre elle me branle. C’en est trop, mon cerveau explose, je la vois dans la glace progresser millimètre après millimètre, mon anus me brûle, elle écartèle mes sphincters, quand va-t-elle s’arrêter ? Mes chevilles reposent sur ses épaules, elle pousse encore, je lis du plaisir sur son visage, le plaisir de m’empaler, de me pourfendre, je regarde à nouveau en hauteur et ne vois plus que la base d’un godemiché entièrement fiché dans mon cul.
Elle m’a déjà posé la question. Je me sens possédé, contraint, abusé. Je n’ai pas l’habitude, j’aime être le dominant, et là je me retrouve dans la position du soumis. Mais oui, j’aime ça et, chose curieuse, je lui dis. Encouragée, il ne lui en faut pas plus pour réagir. Elle abandonne mon sexe, s’accroche à mon bassin et, sans coup férir, se met à me pistonner. J’écarquille les yeux, ça pique, ça brûle, elle va-et-vient, vite et en profondeur, elle me bourre, je serre les dents, je gémis de douleur… et de plaisir, oui mon sexe tressaute comme jamais et Viviane exulte, ses seins virevoltent, elle s’enfonce une dernière fois en moi dans un râle, comme si elle jouissait, oui elle semble en transe, puis elle s’arrête.
Elle n’est pas très obéissante. Elle dégrafe son gode-ceinture sans retirer le phallus qui comble mes entrailles, elle se relève et, impudique, retire son jouet anal qu’elle balance sur le lit.
Je suis frustré. Elle se retourne, m’observe.
Personne. Elle m’enjambe une nouvelle fois, se place à califourchon sur moi.
Elle n’a pas besoin de me commander, elle s’empare de mon sexe qui n’a pas débandé, la place est disponible, ma queue s’insère avec facilité. Viviane me sourit, je m’agite en elle comme je peux, comme un type qui ne souhaite pas que le corps étranger fiché entre ses fesses se retire. Je ferme les yeux, je suis en train d’enculer une veuve éplorée qui m’a dépucelé le cul, cette rencontre est extraordinaire, Viviane est fabuleuse, je veux la revoir, elle donne tant, et en dépit des règles que je m’impose habituellement je souhaite poursuivre cette aventure avec elle.
Je m’active comme je peux, je veux lui remplir les entrailles au plus vite, la réchauffer et l’inonder de mon jus. Elle se penche légèrement en avant, ses seins me surplombent, elle me caresse le visage, glisse ses doigts dans ma bouche.
Je ne peux répondre. Ses doigts m’en empêchent, je m’applique, les aspire. Oui, en l’état, j’en veux plus. Elle est vulgaire, elle sait trouver les mots.
Le plaisir me traverse le corps, l’idée est belle, je sens l’orgasme poindre, je ferme les yeux, son autre main s’empare du gode qui s’agite à nouveau dans mon cul, la pression monte, tout mon être se contracte, je vacille, je me libère enfin, je m’oublie en elle, sans l’oublier elle qui vit à son tour un orgasme qui la dévaste.
***
Dos à moi, Viviane est recroquevillée sur le côté. J’aperçois dans la glace une traînée de foutre qui glisse le long de sa cuisse. Je lui caresse la nuque.
Ma main s’immobilise.
Je ne finis pas ma phrase. Impudique, elle se lève, se dirige vers la table de chevet qu’elle ouvre, en sort une liasse d’enveloppes. Je reconnais mon écriture sur celle qui se trouve sur le dessus de la pile. Elle s’en empare, me la montre sans prononcer le moindre mot, la déchire devant moi.
Comment a-t-elle deviné ? Elle ne tarde pas à me le dire.
Un ange passe.
À quel moment me suis-je trahi ? Je ne démens pas, surtout je veux savoir. Elle sourit.
Je reste abasourdi. Je suis l’arroseur arrosé.