n° 19450 | Fiche technique | 38672 caractères | 38672Temps de lecture estimé : 21 mn | 11/02/20 corrigé 27/01/22 |
Résumé: Joss Cépa se retrouve embarqué dans une folle journée lors de la Saint-Valentin. | ||||
Critères: asie frousses rousseurs sport magasin essayage collection amour revede voir exhib strip lingerie odeurs fetiche pied chaussures jeu bougie humour | ||||
Auteur : L'artiste Envoi mini-message |
Je me présente :
Joss Cépa, amputé du cœur, délaissé de l’amour, et manchot des sentiments ! Célibataire depuis déjà quelques années et satisfait de cet état de fait, je m’étais laissé embarquer, un peu malgré moi, dans une succession d’évènements vraiment incroyables lors de la Saint-Valentin.
Voici mon histoire…
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Comme tout un chacun, j’avais des coups de foudre, mais surtout des déceptions nourries de disputes destructrices et de séparations douloureuses, pour finalement me retrouver bien trop souvent au fond du trou. Bien sûr, je me relevais pour retenter l’aventure, mais connus chaque fois les mêmes cuisants échecs. Le temps vint donc de me protéger en me promettant de ne plus jamais me laisser transpercer par la flèche assassine de Cupidon.
Bref, m’abritant de tous sentiments et m’interdisant tout élan d’amour, je fuyais toutes ébauches de relation. Par chance, je n’étais apparemment pas trop repoussant et mes conquêtes se succédèrent, mais boycottant tout attachement affectif, elles restèrent inexorablement charnelles. Les plans cul me satisfaisaient bien plus que les dîners aux chandelles et aucune de mes partenaires ne m’entendit prononcer le moindre mot doux. Les « je t’aime » devinrent absents de mon vocabulaire, ce dernier se limitant à des « j’ai envie de toi » ; des « qu’est-ce que tu es belle » laissant aussi quelquefois place à des « déshabille-toi » et autres phrases bien plus teintées de désir que de complicité. Les tendres attentions se muèrent donc en paroles d’attrait, et en toute franchise, je ne m’en portais pas plus mal ! Cette situation me convenait et me suffisait, même si elle ne possédait pas toujours que des avantages.
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Ce jour-là, comme d’habitude, le réveil me sortit de mes rêves…, certainement érotiques aux vues de la manifestation physiologique glorifiante que j’affichais.
Nous étions le 14 février, il était 7 h et bien que l’on fût un samedi, je me levai malgré tout pour réaliser mon footing quotidien. Je m’extirpai donc de mon plumard encore groggy, la trique au vent et d’humeur joyeuse pour filer absorber mon bol de fromage blanc accompagné de quelques flocons d’avoine. Une fois mes baskets enfilées, et alors que j’étais sur le point de partir, une enveloppe glissée sous ma porte attira mon attention. Étonné, je m’en saisis pour l’inspecter. Elle était cachetée d’une empreinte de rouge à lèvres, la portant un court instant à mon nez je sentis un subtil parfum vanillé en émaner, puis je me décidai à l’ouvrir.
J’aimerais vous offrir une nuit de folie !
Je pense posséder les arguments nécessaires pour vous faire passer un moment que vous ne serez pas près d’oublier, mais il faudra le mériter. Pour arriver jusqu’à moi, vous devrez honorer plusieurs étapes tout au long de la journée.
Dans un premier temps, je vous propose de rencontrer Béatrice à 10 h au « 69, boulevard Loaou ». Faites preuve de ponctualité si vous ne voulez pas me voir vous filer entre les doigts, et j’espère à ce soir !
L’écriture était appliquée et le parfum, doux et enivrant. En guise de signature, j’y retrouvai la même empreinte que celle refermant le pli, tout était réuni pour attiser ma curiosité. Une déclaration d’amour aurait inévitablement fini chiffonnée au fond de la corbeille à papier, mais là, cette proposition incongrue, ainsi que le caractère glamour de l’ensemble ne pouvaient que m’interpeller. C’est donc un peu troublé que je partis courageusement brûler mes calories.
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L’aubaine ne pouvait pas se refuser ! Bien déterminé à ne pas laisser cette étonnante déclaration sans retour, je rejoignis les lieux du rendez-vous. Avec quelques minutes d’avance, je me retrouvai à patienter fébrilement à la devanture d’un magasin vendant des dessous féminins. Certes, l’endroit n’était pas pour me déplaire, mais il n’était pas non plus sujet à dissiper mes interrogations. Mon week-end s’annonçait décidément vraiment surprenant ! Avec la ferme intention de découvrir de quoi il s’agissait, je me résolus enfin à pénétrer dans cette boutique, non sans pour autant éprouver une légère appréhension.
La vendeuse, une jolie rousse, grande et élancée, était occupée à répertorier un lot de nuisettes en satin. Elle me regarda à mon arrivée pour me lancer un bonjour enjoué, puis elle reprit les tâches que j’avais interrompues en franchissant le seuil de sa porte. J’errais donc un peu hagard au gré des rayons, sans vraiment savoir ni trop à quoi m’attendre ni trop quoi faire.
Fouinant partout, de petites culottes en petites culottes, le charme agissant, je me mis à fantasmer gentiment en admirant tous ces légers pans de tissu qui, à n’en pas douter, habilleraient bientôt les attributs si féminins et envoûtants de ces dames. Me laissant aller à mes douces rêveries, la voix chantante de la commerçante me sortit de mes songes.
Un peu pris de court, je restai un instant muet. Mon trouble bien réel ne pouvait être dissimulé, et j’allais maintenant passer pour un pervers cherchant à alimenter son fétichisme ! Heureusement, tout en affichant un petit sourire taquin, cette vendeuse mit fin à mon désarroi en m’interrogeant :
J’eus à peine le temps de me remettre les idées au clair que mon interlocutrice me tourna les talons pour aller farfouiller derrière le comptoir de sa caisse. Elle en sortit une enveloppe où mon prénom en majuscules faisait office d’adresse.
Bonjour Joss !
Si vous lisez ces quelques mots, c’est que j’ai réussi à capter votre attention. Vous vous trouvez en ce moment dans un de mes magasins favoris ; du coup, j’ai pensé que cela pourrait être sympa que vous puissiez choisir les sous-vêtements que vous aurez peut-être la chance de me retirer ce soir.
Rassurez-vous, je ne vous demande pas de payer la note ! Contentez-vous de sélectionner les dessous que vous souhaiteriez me voir porter et Béa, la vendeuse, me remettra ceux que vous préférerez. Au besoin, n’hésitez pas à faire appel à elle pour vous aider, possédant exactement les mêmes mensurations que moi, elle pourrait faciliter votre décision lors des essayages !
Votre prochain rendez-vous aura lieu au « 12, avenue SomeoneElse », à 11 h tapantes, avec Sylvie. Ne vous mettez pas en retard !
Jetant machinalement un œil à ma montre, puis me retournant vers Béatrice, je constatai que cette dernière affichait un sourire radieux. Il me sembla déceler une étincelle de satisfaction dans son regard d’un vert éclatant qui contrastait avec la rousseur de sa longue chevelure légèrement ondulée lui tombant dans le dos. Il me parut aussi y voir un soupçon d’excitation, probablement uniquement dû aux fruits de mon imagination, quoi qu’il en soit, elle était ravissante !
D’un naturel confiant, peu de choses dans mon quotidien me déstabilisaient, pourtant là, je n’en menais vraiment pas large ! Cette situation me prenant complètement au dépourvu, ma gêne me plongea dans un mutisme inhabituel qui me figea. Restant totalement coi, immobile, la bouche grande ouverte et les joues rosies, mon air bêta me fit à coup sûr passer pour le dernier des demeurés. Avec un amusement certain doublé d’un sourire un brin malicieux, elle rompit de nouveau le silence :
Bien sûr que j’allais avoir besoin de son aide ! Comment pourrais-je refuser une telle proposition ? Sa remarque très singulière eut pour effet d’augmenter l’afflux de sang arrivant à mes pommettes, réjouissant incontestablement la demoiselle qui, doucement, déposa une main légère et rassurante sur mon poignet en me disant :
Mais elle m’allumait…, en plus ! Bon, il était grand temps de se reprendre, le jeu devenait plutôt sympa : je me retrouvais dans une boutique de sous-vêtements avec pour mission d’admirer sur le superbe corps de mon hôtesse ceux que j’aurais choisis…, pour ensuite espérer les ôter de celui de la personne que j’étais destiné à rencontrer plus tard. « Les mêmes mensurations que Béatrice » n’étant pas non plus tombée dans l’oreille d’un sourd me fit envisager une soirée des plus chaudes… cette fille était vraiment canon !
Il ne me fallut qu’une poignée de minutes pour porter mon dévolu sur un ensemble sacrément affriolant et faire appel à la gérante :
Sans attendre, Béa récupéra un trousseau de clefs et se dirigea vers la vitrine de sa boutique. Tout en prenant soin d’afficher une ardoise sur laquelle elle écrivit : « De retour dans 10 min », elle verrouilla la porte puis, me saisissant par le bras, m’entraîna vers les cabines d’essayage. Elle y disparut avec les quelques articles sélectionnés, m’abandonnant le plus naturellement du monde devant l’écran de tissu destiné à préserver sa nudité.
Pour commencer, le gilet, puis la chemise tout comme le jean apparurent tour à tour sur la tringle supportant le voile opaque me masquant malheureusement l’effeuillage. Ils furent vite suivis d’un soutif en dentelle avec sa culotte assortie… accentuant bien entendu ma confusion et attisant en moi un intérêt charnel devenu presque obsessionnel. Je n’en revenais pas ! L’excitation provoquée par cette situation des plus cocasses montait crescendo, titillait mon imagination, enflammait mes sens et me mettait de plus en plus sous pression.
Le rideau s’ouvrit enfin et elle m’apparut, superbe, arborant un air un soupçon ingénu. Cette fille s’affichait sans aucune pudeur devant moi… mon Dieu qu’elle était sexy ! Les bas noirs modérément brillants que j’avais choisis, et dont la couleur tranchait avec la blancheur de ses cuisses sublimaient de longues jambes fines et fuselées. Concernant la petite culotte, un tanga en dentelle épousait à merveille ses délicieuses fesses, tout en laissant deviner côté face un léger duvet ravissant et admirablement bien entretenu. Pas de « soutif » ! Sa poitrine menue m’apparut dans toute sa splendeur : une vraie merveille ! Mon appétit croissant devant tant de sensualité fut compliqué à masquer : mes hormones dansaient la lambada alors que Pôpaul, lui, se retrouvant à l’étroit, s’asphyxiait dans sa prison de coton et recherchait désespérément de l’air. Béatrice laissa échapper un p’tit rire plein de malice puis, satisfaite de l’effet provoqué, s’exclama :
Sur ces mots, le rideau se referma, me laissant terriblement euphorique. Un coup d’œil à ma montre confirma pourtant qu’elle n’avait pas tout à fait tort : une bonne vingtaine de minutes demeuraient nécessaires pour rallier l’adresse de mon futur rencard. N’ayant plus un instant à perdre, non sans regret, je pris congé à la hâte.
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Me voilà devant une parfumerie assez chic « Les senteurs d’Audrey ». En nage et un peu haletant. Je franchis la porte pour me diriger d’un pas décidé vers la vendeuse, une belle blonde aux airs légèrement sévères. Elle était habillée assez class, avec une jupe de tailleur lui arrivant à mi-cuisses et une veste assortie possédant un ravissant décolleté. Commençant à connaître la musique, je l’abordai sans détour.
Me regardant un instant assez gravement, elle me répondit un peu sèchement :
Se rendant dans l’arrière-boutique, elle réapparut aussitôt en tendant dans sa main une enveloppe scellée d’une empreinte m’étant maintenant devenue familière, je m’empressai de la décacheter.
Si vous lisez ce courrier, c’est que votre ponctualité vous honore ! Vous imaginer avoir un peu couru afin de ne pas prendre de retard m’amuse beaucoup. Il s’avère heureux que vous n’ayez pas jugé opportun de vous éterniser avec la belle Béa lors des essayages qui, j’en suis convaincue, ne devaient pas vous déplaire.
Vu l’endroit dans lequel vous vous trouvez, vous avez certainement compris que votre nouvelle mission vous permettra de choisir le parfum qui vous enivrera lorsque vous me déposerez mille baisers dans le creux de l’épaule.
Prenez votre temps avec Sylvie, Marilyn ne vous accueillera qu’à 15 h 30 au « 9, rue Gufti Shank ». Une pause ne vous fera pas de mal et vous laissera le loisir de souffler un peu. Il serait quand même mal venu de ma part de vous épuiser avant notre rencontre.
Vivement ce soir !
OK, madame s’amusait bien, j’étais donc missionné pour passer la journée à faire les boutiques ! On ne pouvait pas dire que ce genre d’activités m’enchantaient, mais ces mises en scène entretenaient un certain mystère qui me captivait. Bien que je n’eusse aucune idée de l’identité de mon corbeau, ce dernier se changeait en un oiseau bien moins maléfique, et si son ramage se rapportait à son plumage, il devait être le phénix des hôtes de ces bois.
Je me retrouvai donc à humer un par un les flacons sélectionnés. Des arômes musqués, certains épicés et d’autres sucrés vinrent me chatouiller les narines. Toutes ces senteurs possédaient un petit quelque chose d’enivrant et alors qu’il m’était bien difficile de me décider, Sylvie que je n’entendis pas approcher me sortit de mes hésitations.
Liant le geste à la parole, elle s’empara d’un flacon de démonstration pour décanter une goutte du précieux liquide sur son encolure.
Quelle surprise ! Cette vendeuse qui dégageait tant d’austérité à mon arrivée se révélait finalement séductrice et vraiment désirable. Elle était magnifique et sa tête légèrement inclinée pour me dévoiler la chair de son cou s’avérait une invitation que le célibataire endurci que j’étais ne pouvait pas refuser. Me rapprochant, les yeux clos, je la saisis par les hanches et avançai mon nez vers le monceau de peau que la belle me présentait. L’arôme était exquis. M’attardant quelques instants, je perçus une accélération désordonnée de sa respiration trahissant un rythme cardiaque qui s’emballait ainsi qu’un trouble certain. Je me risquai à y déposer mes lèvres pour lui offrir un tendre et furtif baiser qui, n’ayant reçu aucune désapprobation, fut vite suivi d’un second bien plus chaud et prononcé. Ma reddition devant tant de sensualité fut contrariée lorsque Sylvie, les joues un brin rosies par l’émotion, m’interrompit en se donnant un air faussement sérieux :
Je me serais bien éternisé un peu plus, mon désir grandissant devenait omniprésent, mais sa remarque me rappela malgré tout à la raison et je ne pus que confirmer la véracité de ses propos.
Je ressortis à regret et légèrement frustré de cette boutique, mais toutes bonnes choses devaient avoir une fin, il ne me restait plus qu’à espérer que mon après-midi soit tout aussi agréable.
Il ne faisait aucun doute que toutes ces mises en scène, tellement érotiques, étaient savamment orchestrées par mon phœnix et je devais bien reconnaître que ce jeu suscitait chez moi un plaisir croissant. Je rentrais donc à mon domicile, guilleret et impatient de découvrir ce que me réserverait la suite de cette journée.
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15 h, il était temps de me rendre au « 9, rue Gufti Shank ». Une fois arrivé, je me retrouvai devant la vitrine d’un magasin de chaussures assez chic ! Entrant, j’abordai aussitôt la vendeuse. Tout comme les deux précédentes, elle était très belle : typée asiatique, son regard était troublant ; ses cheveux couleur de jais reposaient sur des épaules dénudées qui surplombaient un débardeur aux teintes vives ; et sur sa taille, un short un peu flottant en tissu gris clair tranchait avec le noir qui habillait ses jambes. D’une mignonne petite frimousse parsemée de discrètes taches de rousseur, émanait un air légèrement coquin la rendant encore plus attirante. Vraiment ravissante, il m’aurait été difficile de ne pas être charmé en lui adressant la parole :
Et Marilyn m’entraîna avec elle. Elle sortit une première boîte qu’elle ouvrit pour en extraire une paire qui, bien que très sobre, était du plus bel effet.
Ça sentait grave le coup monté ! Affichant un air narquois et s’asseyant face à moi sur un petit strapontin, elle me tendit les souliers. M’agenouillant pour m’en emparer, je tentai d’en savoir un peu plus.
Saisissant délicatement l’une de ses cuisses, je fis doucement glisser mes doigts sur la soie qui les recouvrait. En bout de course, j’atteignis sa cheville que j’empoignai tendrement pour finalement déchausser sa basket fantaisie.
Une fois le premier escarpin enfilé, je réitérai la manœuvre avec son autre jambe, mais à défaut de placer le second, je ne pus résister à lui masser un instant le peton avant d’y déposer un discret baiser. Marilyn sembla dans un premier temps surprise, mais n’émit aucune revendication. J’en profitais pour l’embrasser plus franchement tout en laissant glisser mon pouce le long de sa délicieuse voûte plantaire qui se tendit, puis, instinctivement, un soupire de béatitude lui échappa et en un souffle elle me confia :
Alors, là, ce n’était pas l’envie qui me manquait ! Ce lapsus était peut-être révélateur…, ou pas. Je m’entendis malgré tout lui demander bêtement :
Une étincelle semblait embraser son regard. À défaut de « la lui mettre », j’habillai son adorable peton de l’escarpin qu’elle me tendait. Une fois ce dernier en place, mes mains repartirent à la découverte, du mollet à la cuisse, de la soie à la peau, glissant toujours plus haut pour finalement flirter timidement avec le liseré de la culotte. Ma proie fermait les yeux et semblait savourer mes attentions avec délectation. Alors que j’étais sur le point d’atteindre le Saint des Saints en tentant de me faufiler sous la pauvre défense textile, Marilyn se reprit et se leva prestement. Un poil vacillante, elle tourna doucement sur elle-même et me demanda comme si de rien n’était :
Cette fille était vraiment à croquer ! La cambrure provoquée par les talons nouvellement chaussés la sublimait et mettait en valeur un p’tit cul à se damner. Il ne se serait fallu d’un rien pour que je lui saute dessus, mais comme il était évident qu’elle jouait un rôle, ne voulant pas passer pour le lourdingue de service, je me raisonnai et restai sage.
Une proposition alléchante, toutefois, renouveler cette expérience aurait été hautement risqué, il était bien plus judicieux de ne pas y donner suite. Je sortis alors de ma poche un écrin contenant un bijou que j’avais pris soin d’acheter avant d’arriver.
Elle sembla surprise de me voir renoncer si facilement, mais surtout et très certainement de m’entendre prononcer le prénom de l’instigatrice de ce petit jeu. N’ayant pas toute sa tête lorsqu’elle me l’avait révélé, elle devait avoir omis ce détail.
Le parcours du combattant prenait donc fin ici ! Il m’aurait été plus facile d’enchaîner les hits de crossfit que de résister aux charmes ravageurs de ces vendeuses qui, je devais bien le reconnaître, n’avaient pas démérité ni ménagé leurs efforts pour me faire perdre la tête. Je n’avais plus qu’une hâte : découvrir enfin la personne à qui je devais tout cela. Marilyn s’était trahie sans conséquence, je ne connaissais pas d’Angélique. Qui pouvait bien être cette mystérieuse femme qui n’avait pas manqué d’imagination afin de m’offrir une journée des plus sensuelles et dont je me souviendrais longtemps ?
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Une fois chez moi, une douche salvatrice me permit de me rafraîchir et de me remettre un peu les idées en place. Le repassage n’étant pas vraiment mon fort, j’enfilai un pantalon en toile que j’accompagnai d’une chemise bordeaux légèrement froissée. Un peu de déo, une goutte de parfum, puis un dernier coup d’œil dans le miroir et je pris la route de mon ultime rendez-vous.
La rue « Amaru » accueillait en fait une salle de fêtes. Au-dessus de l’entrée trônait une banderole sur laquelle était noté : « Bienvenue au 67e speed-dating de Charlie ». La foule attendant devant était impressionnante !
Il ne s’agissait pas vraiment de la surprise espérée : ce genre de regroupement de célibataires frustrés en mal d’amour n’était vraiment pas ma tasse de thé ! Deux rangs étaient bien distincts, l’un pour les hommes, l’autre pour les femmes, car les accès étaient séparés… M’armant de tout mon courage, je pris la file qui m’était réservée. Dans quoi m’étais-je embarqué ? Les ouvreuses vérifiant les invitations s’avéraient efficaces, alors que j’étais à deux doigts de renoncer, mon tour était enfin arrivé :
En aveugle ? Là, c’était la tuile et cela n’allait pas me faciliter la tâche, moi qui espérais démasquer Angélique grâce au bijou que j’avais remis à Marilyn pour elle !
Prenant place, j’allumai la bougie se trouvant devant l’écriteau sur lequel était noté mon numéro, elle avait des arômes de rose… C’était bien ma veine, pour reconnaître le parfum de ma douce, c’était raté ! Ce cierge émettait une lueur si diffuse qu’il ne remplissait qu’humblement son rôle, il n’allait pas non plus m’être d’un grand secours pour confondre ma belle.
Des bruits de pas, de talons, des petits rires nerveux, des crissements de chaises et de timides bonsoirs commencèrent à se faire entendre aux tables alentour. Une personne s’installa aussi en face de moi, mais ne pouvant distinguer qu’une ombre, il m’aurait été bien difficile de repérer un détail me permettant de reconnaître qui que ce soit.
Et ce fut dans ce contexte qu’une poignée de prétendantes prirent tour à tour place en face de moi, afin de me raconter leur vie et chercher à s’intéresser à la mienne. Il s’agissait toujours de prises de connaissance très brèves, quinze minutes seulement qui ne s’avérèrent pas très concluantes. Le temps me semblait bien long à s’écouler et je commençais amèrement à regretter de m’être laissé embarquer dans tout cela, lorsqu’au cours d’une discussion, un pied tenta d’apprivoiser mon tibia. Ah…, ça devenait intéressant ! Bien que la personne en question ait choisi de rester anonyme, j’essayai d’en savoir un peu plus.
Ce n’était plus un, mais deux petons qui s’envolèrent à l’assaut de mon entrejambe… exerçant sur mes cuisses un massage loin d’être désagréable, et réveillant en moi toute l’excitation accumulée depuis le début de cette journée ahurissante.
En guise de réponse, je lui saisis un pied d’une main afin de le lui caresser doucement, tandis que son second, lui, continuait son exploration en remontant progressivement vers ce qui était clairement son objectif : la bosse qui déformait de plus en plus mon pantalon. Une fois son but atteint, il s’y attarda pour malaxer tendrement la proéminence s’étant formée.
En retour, je ne la gratifiai que d’un léger soupir de plaisir. C’était délicieux ! Ragaillardi, je déboutonnai mon pantalon.
Elle ne dit mot et se contenta d’emprisonner mon sexe entre ses deux trottins pour y exercer un mouvement de branle lancinant. Bon sang que c’était bon ! La rencontre avec Marilyn me revint subitement à l’esprit. Cette dernière avait assurément fait un compte-rendu détaillé à Angélique en lui révélant le faible qu’elle avait découvert concernant mon attirance pour les pieds féminins. De plus, ma bienfaitrice actuelle portait des bas, c’était certainement ceux choisis un peu plus tôt pour ma mystérieuse admiratrice… il ne pouvait s’agir que d’elle !
Sachant que le temps nous était compté, il était effectivement inutile de faire durer le plaisir. M’emparant de ses deux pieds, j’accélérai frénétiquement le mouvement que ces derniers exerçaient déjà, dans le seul but de me délivrer enfin de toute la pression accumulée ce jour-là. Ma jouissance arriva très vite, explosant puissamment entre ses orteils qui s’agitaient. Un doute subsistait malgré tout concernant ma mécène, s’agissait-il réellement de mon corbeau matinal ?
La cloche annonçant la fin du temps imparti sonna et la belle se leva, elle se pencha vers moi et ses lèvres se posèrent un bref instant sur les miennes. Ce rapprochement me permit de distinguer les traits fins et gracieux de ce visage qui m’était inconnu, mais qui s’avérait de toute beauté ! Une étincelle brillait au fond de ses yeux, nous échangeâmes un autre baiser, plus langoureux, plus tendre et délicieux encore que le précédent, puis elle repartit.
La fin de la soirée fut annoncée et la lumière fut rétablie. Une dizaine de « Post-it » étaient posés devant moi, je les récupérai sans même les lire et pris congé, exténué par cette journée chargée d’émotions, de surprises, de plaisirs et de contrariétés. Ce fut donc un peu désabusé et désarçonné que je retournai à mon domicile, même si le divin moment que m’avait offert Christelle avait été enivrant.
Une fois dans mon canapé, je sortis de mon portefeuille les mots récoltés dans la soirée pour en prendre connaissance. À ma plus grande déception, je ne retrouvai rien d’intéressant, mis à part celui de Christelle bien sûr. Angélique quant à elle n’avait certainement pas jugé bon de donner une suite plus concrète à cette journée.
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Le lendemain, je n’étais pas plus avancé ! Tournant en rond dans l’introspective, lisant et relisant le mot qui m’avait été adressé lors du « speed-dating » par ma princesse aux pieds de fée, je ne savais plus vraiment trop quoi faire ni trop quoi en penser. Christelle avait été chaude, bouillante même. Reprendre contact avec elle était assez tentant, bien qu’une nouvelle rencontre risquât de s’avérer décevante. Les circonstances de la veille ayant contribué à rendre ce moment magique, qu’en serait-il d’un rencard plus classique ?
La vie reprit donc son cours : métro-boulot-dodo… enfin, plutôt ; footing-boulot-plans cul et dodo ! Et les mois s’écoulèrent à ce rythme, effaçant progressivement le souvenir de ce 14 février hors du commun.
Quelques semaines plus tard, je fis la connaissance d’une joggeuse que je croisais régulièrement lors de mon activité physique quotidienne. Nous nous retrouvions pour partager nos souffrances sur les chemins du parc qui, bien souvent désert, offrait un endroit idéal à nos séances de transpiration. Des dîners diététiques se rajoutèrent assez vite à nos matinées sportives, puis des soirées agitées brûlant les abdos et raffermissant les fessiers dans de vigoureuses joutes kamasutriennes, jusqu’au jour où nous nous réveillâmes tous deux enlacés. Eh oui ! Moi qui l’avais tant de fois évité, l’archer des sentiments avait fini par viser juste en me transperçant le cœur.
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Un an jour pour jour s’est écoulé depuis ce fameux samedi de la Saint-Valentin. Me voilà amoureux et je vis avec Émilie depuis maintenant six mois… qui l’aurait cru ?
Nous sommes donc le 14 février, et comme c’est mon jour de repos, c’est grasse matinée ! Emilie qui n’a pas cette chance est déjà partie au boulot. Passant par la salle de bain pour prendre une douche, un écrin posé en évidence sur la tablette surplombant le lavabo ne manque pas d’attirer mon attention. Une fois celui-ci ouvert…, quelle surprise ! Le pendentif s’y trouvant s’avère en tous points similaire au bijou offert à mon corbeau l’année dernière. Tout va très vite, tout se bouscule dans ma tête et mes idées sont confuses… Non, impossible ! Comment ce bijou aurait-il pu arriver en possession de mon Emilie, je dois me tromper ! Et pourtant… ce cavalier en or à l’effigie de Cupidon serti sur une fine chaîne du même métal ne laisse que peu de doute à ce sujet.
Me précipitant dans la chambre, bien que cela soit incorrect, j’ouvre le placard pour fouiller dans les fringues de ma belle. Que de sous-vêtements ! De petites culottes en tout genre, des sexy, des plus sportives et des soutifs peuplent l’endroit. Un tanga m’interpelle malgré tout… je tremble légèrement en m’en saisissant, car oui, il pourrait aussi correspondre à celui que j’avais admiré sur les fesses de Béatrice, la vendeuse du 69, boulevard Loaou ! Et ces escarpins… ? Mon Émilie serait-elle en fait la mystérieuse Angélique ?
Je file au salon et là encore, en évidence sur la table, un flacon de parfum est posé à côté d’une enveloppe scellée par une empreinte de rouge à lèvres. Mon cœur bat la chamade, mes mains sont moites en la décachetant.
Mon cœur,
Te rappelles-tu ce « blind speed-dating » l’an dernier ? Je m’étais retrouvé face à toi, l’âme chargée d’émotion, mais je ne pense pas que tu aies perçu ce léger tremblement au fond de ma voix qui en témoignait. Je t’aimais déjà énormément, mais n’eus pas le courage de me dévoiler.
J’avais peur ! J’étais terrorisée à l’idée que notre rencontre ne se finisse qu’en une simple et banale partie de jambes en l’air sans lendemain.
La suite me donna raison ! Les circonstances de nos retrouvailles plantèrent des bases bien plus solides pour permettre à notre idylle de s’enraciner.
Je t’aime de tout mon être !
Une lettre à l’aimée, c’est l’encre embrassant le papier