Juste une petite histoire pour se détendre.
Bonne lecture…
Deux nouvelles à annoncer
Le facteur vient de passer, déposant un pli venant de la clinique où je suis allé faire mes derniers examens. Fébrile, je décachette ma lettre, et je blanchis au fur et à mesure de ma lecture. Ma future femme s’alarme :
- — Un souci, David ?
- — Laurine, tu peux m’expliquer une chose ?
- — Euh oui… dis toujours…
Je la regarde étrangement :
- — Serais-tu la Sainte Vierge ?
- — Je… je ne comprends pas !?
Je lui mets le papier sous le nez :
- — Moi non plus, je ne comprends pas bien comment tu peux être enceinte alors que j’ai sous les yeux la confirmation d’être stérile depuis bien des années !
- — Que ? C’est pas possible !
Elle m’arrache la lettre des mains :
- — Ils se trompent, c’est une erreur !
- — Non, ce n’est pas une erreur. Ce n’est pas la première fois que je vérifie si je n’ai pas un souci, mais il y avait toujours une petite incertitude. Et comme nous faisons très souvent l’amour, je me suis dit que même si je n’avais qu’un pour cent de chance, ça finirait quand même par arriver. Et quand tu m’as annoncé être enceinte, j’ai été le plus heureux des hommes. Mais là, ce n’est même pas un pour cent, ni un pour mille, c’est carrément zéro, rien, niet, nada.
- — Ce… ce n’est pas possible !
Puis elle change de ton, accusatrice :
- — Pourquoi tu ne m’as rien dit ?
- — Parce que ce n’est pas toujours évident à avouer. Quand tu parles de stérilité, la plupart des gens comprennent impuissance.
Elle désigne son ventre :
- — Mais lui, il est bien là !
- — Sans doute, mais il n’y est pas grâce à moi.
Avant qu’elle ne réponde, je me lève et je poursuis :
- — Je sais bien qu’il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Mais vois-tu, on m’avait rapporté des rumeurs étranges sur ton compte, un certain Maximilien, un grand spécialiste pour ne rien faire, un quidam que tu connais depuis le berceau ou presque, et dont tu sembles très proche.
- — Max n’a rien à voir là-dedans ! C’est toi, le père !
- — C’est très simple à vérifier. Il suffira de comparer mon ADN avec celui du bébé. C’est même possible de le faire avant la naissance, à ce qu’il paraît.
Elle s’exclame :
- — Tu… tu ne vas pas oser renier ton enfant !
- — Si c’est effectivement mon enfant, je ne le renierais pas. Mais s’il n’est pas le mien, je ne tiens pas à élever la preuve flagrante de ton infidélité.
Le test prénatal de paternité a été effectué trois fois, et par trois laboratoires différents. Le triple verdict est sans appel : je ne suis pas le père. Donc annulation du futur mariage et de bien des choses prévues ensuite.
Ksartago
Pour me changer les idées et être au calme, je décide de partir loin. Comme le mois d’avril qui approche n’est pas précisément un mois avec plein de vacances scolaires, les tarifs sont plutôt bas. Je me dis qu’en cette saison, Djerba n’est pas un mauvais choix, et un hôtel qui possède des logements sous la forme d’un ksar n’est pas une mauvaise idée.
Bien que le mot ksar fasse plutôt référence à un village fortifié, l’hôtel veut mettre l’accent sur des logements individualisés disposés labyrinthiquement dans une reconstitution de village local, un vrai dédale de ruelles. Je me rappelle avoir mis les pieds dans ce genre d’hôtel, il y a bien des années, et j’en avais gardé un bon souvenir. Le nom de l’hôtel est sans doute un jeu de mots entre ksar et l’antique ville de Carthage, située plus au nord de la Tunisie.
Après quelques recherches sur le web pour grappiller des avis d’anciens clients, je valide ma réservation. Ça me changera les idées de mettre environ deux mille cinq cents kilomètres entre mon ex et moi, cette dernière s’obstinant à vouloir renouer avec moi. Il faut dire que je n’ai pas une mauvaise situation, du haut de mes trente-huit ans, que je m’entretiens, et que je n’ai pas trop de vices, sauf celui d’aimer faire l’amour. Mais je ne tiens pas cette inclination pour étant un vice, puisque c’est la Nature elle-même qui pousse les hommes et les femmes à perpétuer leurs lignées.
Disons que dans mon cas, ce sera plus pour le plaisir que pour le devoir.
Peu à peu, j’ai compris le plan stratégique de Laurine. Son but était de se marier avec moi pour devenir une femme entretenue et de continuer à fréquenter son amant tout en l’entretenant avec mes sous. Au début, j’ai eu quelques problèmes à imaginer que ce soit la vérité. Mais après regroupements de diverses infos issues de sources différentes, j’ai été obligé d’admettre que c’était bien ça qui me pendait au nez.
Oui, Laurine est une bombe, aussi bien au lit qu’en société. Moi, j’ai cru innocemment qu’elle m’aimait pour moi-même. Foutu orgueil masculin ! Il faut dire que quand une femme de l’acabit de Laurine s’intéresse à un homme, celui-ci en devient marteau.
- — Ah, Laurine ! Pourquoi tu m’as fait ça ! Alors que ça fonctionnait si bien pour nous deux ?
C’est une question à laquelle je n’obtiens pas de réponse, étant seul dans mon grand appartement du centre-ville. Bah… vaut mieux être seul que mal accompagné, disait ma grand-mère maternelle. Mais en attendant, mon appart et mon lit me semblent bien vides !
À peine huit jours plus tard, je me retrouve dans la navette qui me conduit de l’aéroport vers mon nouvel hôtel. Contrairement aux mois de juillet et d’août, on ne peut pas dire qu’il y ait foule dans ce bus et aussi aux alentours. Tant mieux. De plus, la température est largement agréable, ce qui n’est pas un mal.
Je pense que j’ai eu une bonne idée… Beau temps, pas trop chaud, et pas trop de monde.
En cette période de non-vacances scolaires, je suis néanmoins étonné de découvrir un couple avec deux enfants, l’aînée semblant avoir sept ou huit ans, le benjamin dans les cinq ans. Le bonhomme me semble être un cadre supérieur dans toute sa splendeur négative à vouloir tout critiquer, tandis que sa femme me semble nettement plus bienveillante. Bah, même si nous descendons au même hôtel, je ne pense pas que je croiserai souvent ce quidam. Cependant, sa femme, plus jeune que lui, est nettement plus agréable à regarder. À la louche, elle doit avoir dans les trente-cinq ans.
Bon, à prime vue, Monsieur, qui sait tout et qui râle sur tout, descend au même endroit que moi. En entendant le numéro de logement et le mien, je constate avec un certain plaisir que nous ne serons pas du tout voisins. Ce qui fait mes affaires.
Je suis agréablement surpris par mon petit logement. Celui-ci est bien disposé, et il ressemble à une maisonnette quasi individuelle. Je regarde ma montre, j’ai largement le temps d’aller sur la plage avant d’aller déjeuner. Le décollage fut très matinal, mais, contrepartie, on arrive sur place avant midi, ce qui n’est pas un mal.
Après avoir fait trempette dans une mer agréable, je me décide à revenir vers l’hôtel pour aller me sustenter au buffet proposé dans une vaste salle, dont une partie est inaccessible, sans doute par manque de touristes.
Alors que je reviens du buffet, je constate que la table voisine est occupée par le couple et ses deux enfants. Je fronce un peu des sourcils, mais tout se passe bien, les enfants sont sages, et leur père ne râle pas trop.
Je manque de m’étouffer en mangeant des pâtes à la sauce tomate, quand ma langue découvre que la tomate a sans doute été confondue avec la sauce harissa ! Oh la vache ! La bouche en feu, je repousse l’assiette, et je me lève pour remplir une assiette de crudités pour apaiser la brûlure. J’en profite même pour remplir ma bouche tandis que je reviens m’asseoir.
C’est alors que j’entends mon voisin de table en train de houspiller sa fille :
- — Tu manges ! Tu finis ton assiette !
- — J’peux pas ! C’est pas bon !
- — Tu ne discutes pas, tu…
Je me mêle peut-être de ce qui ne me regarde pas, mais il y a des choses que je n’apprécie pas. Alors, j’interviens :
- — Vous les avez goûtées, ces pâtes ?
- — Eh !? De quoi je me mêle ?
- — Je me mêle que les pâtes sont immangeables ! Essayez donc, goûtez-les et vous verrez !
J’ai dit ça d’une voix calme, mais impérative. L’homme me regarde, puis regarde sa femme. Il s’empare brusquement de l’assiette de sa fille, y plante sa fourchette et met en bouche une grosse bouchée.
Soudain, il se fige, recrachant carrément les pâtes dans l’assiette en jurant :
- — Putain ! Mais qu’est-ce que c’est que cette merde ?
- — Heureux de vous l’entendre dire !
- — Mais c’est infect ! Ils vont m’entendre !
- — Maintenant, vous comprenez mieux les réticences de votre fille ?
- — Oui, ça va ! J’ai compris la leçon !
Puis il s’éloigne pour aller enguirlander les cuisiniers. Tandis que la fillette exulte, sa mère me regarde avec un air navré et en même temps reconnaissant :
- — Merci d’être intervenu, je ne savais pas comment…
- — Pas de problème. Moi aussi, je me suis fait avoir. Bon appétit.
- — Bon appétit de même.
Puis je continue mon repas dans le calme et sans mauvaise surprise. C’est quand même triste une mère qui n’arrive pas à défendre ses enfants. Mais le mari m’a l’air d’un con fini, et il est difficile de dialoguer intelligemment avec un abruti.
Plage
Après une petite sieste, je décide d’aller sur la plage, je n’ai pas fait des heures de voyage pour rester planté dans ma chambre ou au comptoir d’un bar, même si les boissons sont gratuites. De plus, l’eau est bonne, autant en profiter !
Tandis que je ressors à nouveau de l’eau, j’entends derrière moi une voix féminine me dire :
Surpris qu’on m’adresse la parole, je me retourne et je tombe nez à nez avec la mère de la fillette aux pâtes sauce harissa. Nez à nez, c’est vite dit, car c’est plutôt son mignon décolleté que j’ai en ligne de mire. Flegmatiquement, je réponds :
- — De rien. Ces pâtes étaient totalement immangeables, sauf pour ceux qui n’ont plus aucun goût en bouche et dotés d’un estomac en béton armé ! Et encore !
Elle sourit. J’aime bien son sourire.
- — Merci en tout cas. Mon mari est trop… directif. Il ne se rend pas toujours compte.
- — Ça, j’ai cru remarquer. Laissez-moi deviner, il est cadre haut placé dans une grosse boîte mondiale ou un truc comme ça ?
- — Vous avez deviné juste. Bien que nous soyons revenus en France en début d’année, nous avons passé la majeure partie de notre temps à l’étranger, allant de pays en pays.
- — Une famille globe-trotter ?
- — Exactement… Brésil, Afrique du Sud, et Inde pour ne citer que les trois derniers pays.
Elle me tend sa main toute menue :
- — Excusez-moi, je ne me suis pas présentée : Ludivine.
- — Enchanté. David.
Ses deux enfants viennent la rejoindre :
- — M’man, on peut aller dans l’eau ?
- — Oui, pas de soucis, les enfants, mais ne vous éloignez pas trop du bord.
J’interviens :
- — Pas de danger, la plage est en pente douce. Il faut simplement faire attention sur la droite, là-bas, la grosse tache noire, c’est un groupe de rochers sous l’eau. Mais il y a plein de poissons.
- — M’man, on peut aller voir les poissons dans les rochers ?
- — Le monsieur a dit que c’était dangereux !
- — Allez, M’man !
J’interviens à nouveau :
- — Vous avez des masques de plongée ? Si oui, je peux vous faire voir ça de plus près !
Le gamin fait la moue :
- — Non, on n’a pas de masque…
Sa grande sœur est plus optimiste :
- — Ils en vendent à la boutique de l’hôtel ! Maman, tu nous en achètes un ?
- — C’est que…
Amusé, je réponds à sa place :
- — Bon, là, il commence à être un peu tard pour faire les choses dans les règles de l’art. Néanmoins, demain matin, nous pouvons aller en acheter un à chacun de vous deux, ou de vous trois, si Maman souhaite venir. Et après, on ira voir les poissons dans les rochers. Mais avant, il faudra bien écouter ce que je vais dire sur la façon d’utiliser un masque. OK ?
La fillette rayonne :
- — Moi, ça me va. Et toi, Paul ?
- — Moi, ça me va aussi !
Puis sans plus attendre, ils repartent tous les deux dans l’eau. Assez surprise, leur mère s’adresse à moi :
- — Vous… vous allez vraiment faire ce que vous venez de dire ?
- — Je n’ai pas l’habitude de mentir, surtout à des enfants.
- — Mais… vous êtes en vacances !
- — C’est vrai… raison de plus !
Elle bafouille :
- — Je… je ne sais comment vous remercier…
- — Bah, pas de souci. Au fait, leur père n’y verra pas d’objection ? Surtout venant de ma part ?
- — C’est triste à dire, mais tant que les enfants ne gravitent pas autour de lui, tout lui convient…
- — Excusez-moi de vous demander ça, mais pourquoi vous avez eu deux enfants avec ce type ?
- — J’en voulais deux, un garçon et une fille, et j’ai été exaucée. Pour mon mari, c’était juste une formalité dans son ascension professionnelle.
Perplexe, je me gratte la tête :
- — J’avoue que je ne comprends pas bien.
- — Je préférerais en parler assise…
Du doigt, elle désigne sa place. Je ramasse mes quelques affaires pour m’installer à côté d’elle. Après un gros soupir, elle m’explique sa situation :
- — Depuis que je suis toute petite, j’ai toujours été amoureuse de Francis, même s’il avait dix ans de plus que moi. C’est ainsi. J’ai bien eu des petits amis, mais rien de comparable. Néanmoins, je gardais de bonnes relations avec lui. Puis, il y a neuf ans, à ma grande surprise, Francis m’a demandée en mariage…
- — Ah bon ? Comme ça ?
- — Oui, comme ça. Honnêtement, ce jour-là, j’étais totalement abasourdie, sur le cul, comme on dit.
- — Et vous avez dit oui.
Elle fait une moue étrange :
- — Il me restait quand même quelques neurones en état de fonctionner. Je lui ai demandé pourquoi cette soudaine demande en mariage.
- — Et il a répondu quoi ?
- — La vérité, hélas. Pour des raisons stratégiques, il était meilleur pour lui d’être marié et que sa femme accepte les déplacements et ne pose pas de problème.
Assez incrédule, je cligne des yeux :
- — Attendez ! Vous voulez dire que vous vous êtes mariés pour sa carrière ?
- — On va dire que c’était un bon arrangement. Lui, il avait une femme, et moi, j’avais mon amour de jeunesse…
- — Eh bé !
Elle affiche un pauvre sourire :
- — Je vous déçois ?
- — Vous me surprenez. Mais remarquez, je préfère votre histoire à la mienne.
Alors, confidence pour confidence, je lui raconte rapidement le tour de cochon que Laurine a tenté de me faire. Ludivine hoche la tête :
- — En effet, je vous comprends… Oui, je voulais avoir Francis pour moi, mais jamais je ne lui aurais fait un enfant dans le dos, et encore moins avec un autre homme !
- — Ceci vous honore.
- — Non, c’est quand même une belle salo… euh… pas bien de la part de votre ex !
Puis soudain, elle se tourne vers moi, me dévisageant avec de grands yeux :
- — Je me demande pourquoi je vous ai raconté tout ça !
- — Je me demande aussi pourquoi je vous ai raconté tout ça !
Les yeux perdus dans l’horizon, elle sourit :
- — Ma vie n’est pas triste. J’ai deux beaux enfants, je suis illustratrice et je ne me plains pas, je commence à me faire un petit nom dans la profession. Mais j’aurais aimé que mon mari soit réellement amoureux de moi.
- — Au moins, vous l’avez épousé en connaissance de cause.
- — C’est vrai. Et vous, vous faites quoi comme métier ?
- — Je suis architecte. Je suis associé avec deux autres collègues. Je suis venu ici à la fois pour me vider la tête, mais aussi tenter de cogiter à un gros projet qu’un client nous a soumis.
Elle se met à rire :
- — Vous essayez de conjuguer le beurre et l’argent du beurre ?
- — Exactement ! Et si je peux avoir la crémière en plus, je prends sans hésiter !
C’est alors que je réalise que j’ai peut-être parlé un peu trop vite, ma répartie pouvant être mal interprétée. En tout cas, mon interlocutrice est déjà passée à autre chose :
- — Vous êtes vraiment sûr pour demain matin ?
- — Les poissons et les rochers ?
- — Oui, les poissons et les rochers.
- — Vous venez avez nous ?
Elle grimace :
- — Je ne sais pas bien nager…
- — Tout s’apprend, vous savez !
- — Je sais… et je parie que vous ne seriez pas contre m’apprendre à nager…
- — Vous pariez bien, je suis altruiste à ma façon…
- — À votre façon, c’est-à-dire ?
Son sourire se fige un peu, elle rétropédale :
- — Euh… oubliez ce que je viens de dire…
- — Ah bon ? Pourquoi ?
Voulant visiblement changer de sujet, elle me questionne sur ma profession. Tout en lui répondant, je m’enquiers à mon tour sur son métier d’illustratrice. J’aime notre conversation, j’aime encore plus la regarder, ce que j’essaye de faire sans ostentation, pour ne pas éveiller ses soupçons. L’après-midi passe vite, trop vite.
Le soir, lors du repas, nous nous adressons quelques mots. Les enfants sont visiblement très impatients d’être demain pour aller voir les poissons de plus près. Moi, c’est leur mère que je souhaite voir de plus près !
Plongée sous-marine
Après achat de ce qu’il fallait, ça va faire au moins une grosse demi-heure que j’initie tant bien que mal les deux enfants. Ils sont un peu trop enthousiastes, mais la simple vue de leur mère suffit à me revigorer. J’ai eu quelques soucis à leur faire bien assimiler les principes de base, mais depuis cinq minutes, tout semble se dérouler parfaitement. Tant mieux !
À ma grande joie, Ludivine a accepté d’essayer. Elle a vite découvert qu’on nage mieux sous l’eau qu’en surface. J’ai donc pu entraîner tout ce petit monde dans une courte exploration des fonds marins, tout en ne nous éloignant pas trop du rivage.
Ce qu’il y a de bien dans la plongée, c’est qu’on peut admirer un corps sous toutes ses coutures, y compris en ayant la tête en bas ! Je ne me prive pas de reluquer abondamment l’anatomie de la mère des deux enfants. Je suis aidé par son bikini qui me semble être un peu plus réduit que celui de la veille. À moins que je ne me fasse des idées…
Puis nous décidons d’arrêter les frais pour aujourd’hui. Les enfants sont ravis :
- — Dis, David, on peut replonger ?
- — Oui, tu ne peux, mais ne t’éloigne pas trop… Je vais rester dans l’eau pour veiller à ce que tout ce passe bien !
- — On n’est plus des bébés, tu sais !
- — Deux précautions valent mieux qu’une.
Dix minutes plus tard, voyant que tout se passe pour le mieux, laissant les enfants jouer au bord de l’eau, je reviens sur la plage, m’allonger auprès de Ludivine. Celle-ci me demande :
- — Ça va ? Mes enfants sont supportables ?
- — Ils sont enthousiastes.
- — Oui, je sais, ils n’en ont jamais assez…
- — Bah, c’est de leur âge !
J’aime beaucoup la tenue du jour de ma voisine de plage. J’ai comme cette impression diffuse que son bikini en révèle un peu plus que celui d’hier. À moins que je ne me fasse toujours des illusions. Changeant de sujet, je lui demande :
- — Au fait, vous êtes revenus habiter où en France ?
- — À Calais. Enfin, pas loin de Calais, à Wissant précisément.
- — Je connais, c’est en bordure de mer, entre Calais et Boulogne-sur-Mer.
Ludivine s’étonne :
- — Ah, vous connaissez ?
- — Je suis du coin, je suis né à Gravelines.
- — C’est pas vrai ! Nous sommes donc presque voisins !
- — Quarante kilomètres. Mais vous ne savez pas le plus fou ? J’ai conservé le petit pied-à-terre de mes parents à Escalles, pas loin du Cap Blanc-Nez.
- — À Escalles ? Mais c’est le village voisin !
- — Exactement ! Je vais là-bas de temps à autre. C’est amusant, on aurait peut-être pu se rencontrer lors des prochaines vacances, ou lors d’un week-end, qui sait…
Ludivine hoche la tête :
- — Le monde est décidément très petit…
- — Je ne vous le fais pas dire. Ma résidence principale est à Lille, pas loin des deux gares, ceci pour des raisons pratiques, car beaucoup de choses se traitent dans la Métropole Lilloise. Avec la boîte, nous avons aussi quelques petits appartements ci et là, dont Paris, Bruxelles, Lyon et Marseille.
- — Vous travaillez dans une grosse boîte !
- — Oui et non… Quand on décroche un contrat, on négocie le fait de se conserver un petit quelque chose dans le bâtiment qu’on va dessiner.
- — Ah d’accord ! C’est judicieux…
Le reste de la journée se passe très bien, voire même un peu trop vite.
Le soir, Ludivine insiste pour que je mange avec eux, y compris avec son mari. On ne peut pas dire que ça m’enchante, car je n’apprécie pas le personnage, mais je finis par céder à la pression des trois autres membres de la famille.
Curieusement, tout se passe bien. Le mari semble souvent absent, comme perdu dans ses pensées ou ses soucis d’ordre professionnel, je suppose, mais il fait un minimum d’effort. Par deux fois, il s’absente pour répondre au téléphone. Quand nous nous séparons, Francis me surprend en me disant en aparté :
- — Merci de vous être occupé des enfants. Moi, je suis nul dans cette catégorie.
- — Vous savez que tout s’apprend ?
- — Sans doute, mais je ne suis pas très doué avec les enfants, et même avec les gens en général.
Ça, j’avais cru comprendre. Par amusement, je lui lance :
- — Eh bien, pour changer un peu, si vous veniez à la plage demain. Avec un simple masque, on peut découvrir bien des choses différentes sous l’eau, et ça vous changera agréablement des chiffres que vous manipulez à longueur de journée.
À ma grande surprise, il réfléchit puis finit par dire :
- — Pourquoi pas. On ne pourra pas dire que je n’aurais pas essayé !
Et c’est ainsi que les jours suivants, je me suis retrouvé avec un grand enfant supplémentaire !
Clair de Ludivine
Ce soir, je n’arrive pas à dormir. Pourtant, ma journée a été bien remplie ! Il est vrai qu’une certaine Ludivine occupe mes pensées. C’est bien ma veine : je mets deux mille cinq cents kilomètres entre une femme et moi pour l’oublier, et paf, ici, je tombe sur une autre femme, mariée de surcroît. C’était bien la peine de faire tant de trajet !
Ça va faire maintenant cinq jours que nous sommes arrivés à Djerba. Eux restent dix nuitées, et moi quatre de plus, ce qui laisse un peu de marge. J’aurais cru que la présence du mari aurait été un fardeau. Non, pas vraiment, car il s’épuise vite. Il plonge avec nous, il semble s’amuser, puis une heure plus tard, il retourne à l’hôtel. Cependant, le midi et le soir, il s’ouvre un peu plus. Je me demande franchement quelles sont les relations entre Francis et Ludivine, car je n’ai pas vraiment l’impression d’être face à un mari et sa femme. Non, on dirait plutôt un frère et une sœur, et encore…
Pour me changer les idées, je décide d’aller faire un petit tour dehors. La lune brille fortement. Il fait encore bon, bien que le temps fraîchît un peu. Au hasard, je déambule dans le ksar afin d’admirer l’enchevêtrement des logements, puis je me dirige vers la plage. C’est alors que je découvre une silhouette qui me rappelle une certaine femme. Je m’approche un peu dans la grande allée. Oui, c’est bien Ludivine.
Je m’approche joyeusement, tout en évitant le lui faire peur :
- — Eh bien, chère Madame ? Vous avez abandonné mari et enfants ?
- — Ils dorment tous à poings fermés !
- — Mais pas vous ?
- — Non, pas moi. Je ne sais pas pourquoi.
- — Alors vous et moi, nous sommes dans le même cas.
Elle ne répond rien. Nous marchons en silence vers la plage. Arrivée sur le sable, elle se déchausse, gardant ses chaussures en main. Personne dans les environs, la mer clapote doucement, la lune est presque pleine, un vrai décor de carte postale.
Soudain, Ludivine prend la parole sur un sujet auquel je ne m’attendais pas :
- — Mon mari n’a pas l’habitude des activités sportives… Le simple fait de mettre un orteil dans l’eau l’épuise pour la journée.
- — Comme il y met tout le corps, il ne faut pas demander ! Aujourd’hui, il a fait trempette au moins deux fois, il a même joué au tennis.
- — Le tennis, ça va encore. Il faut savoir jouer au tennis dans le grand monde. Mais vous avez réussi à le faire se coucher juste après le repas.
- — Dommage pour vous et le câlin du soir…
Le regard perdu au lointain, elle soupire :
- — Ça va faire longtemps que j’ai fait une croix dessus, vous savez…
- — Comment ça ? Une belle femme attirante comme vous ?
- — Vous êtes un vil flatteur, David !
- — Je dis ce que je pense : vous êtes une belle femme très attirante, Ludivine.
- — Vous avez ajouté « très » en plus…
- — C’est parce que je le pense…
- — Merci…
Elle marque un petit temps d’arrêt, je sens qu’elle a quelque chose à me dire, alors j’attends la suite. Quelques secondes plus tard, elle avoue :
- — À ma grande surprise, au début de notre mariage, je me suis aperçue que mon mari n’avait aucune attirance pour le sexe.
- — Aucune attirance pour le sexe ou pour votre sexe ? Je veux dire la gent féminine.
- — Non, le sexe ne lui fait rien du tout, c’est ainsi. Il est asexuel. Je sais que ce n’est pas courant, mais d’après ce que j’ai pu lire, il y aurait entre un et deux pour cent de la population qui serait comme ça.
Je deviens pensif :
- — J’ai du mal à m’imaginer être asexuel…
- — Ça se voit tout de suite que vous n’êtes pas asexuel !
- — Ah bon ? Comment ça ?
Elle rougit un peu :
- — Comment dire… Vous n’avez pas les yeux dans les poches…
- — J’aime regarder ce qui est beau. Pas vous ?
- — Euh… je… Oui, j’aime regarder ce qui est esthétique, je suis illustratrice…
- — Et en dehors des illustrations ?
- — Je… je ne déteste pas regarder certains hommes… mais ça ne veut pas dire que… enfin, vous me comprenez, n’est-ce pas ?
- — Je vous comprends. J’aime regarder certaines femmes, ce n’est pas pour autant que je souhaite coucher avec elles. Par exemple, j’aime vous regarder…
À ce demi-aveu, elle sourit :
- — Oui, j’avais cru comprendre…
Puis elle ne dit plus rien. Alors ostensiblement, je lui tends la perche :
- — Vous ne jouez pas le jeu, Ludivine. Vous auriez dû me demander quelque chose ensuite…
- — Vous ne croyez quand même pas que je vais vous faire ce plaisir, cher David ! Que nenni ! Il me suffit amplement de savoir que vous me regardez, ça me rassure dans ma féminité.
- — Vous pouvez être totalement rassurée ! Du moins, de ma part !
- — Vous m’en voyez fort aise.
Elle plaisante, mais je comprends à demi-mot que cette situation maritale assez étrange lui pèse. Moi aussi, ça m’intrigue, alors je me lance :
- — Ludivine, je peux vous poser une question indiscrète ?
- — Si elle est trop indiscrète, je n’y répondrais pas.
- — Vous êtes une femme normalement constituée. Comment vous faites pour tenir auprès d’un mari qui ne vous aime pas en tant que femme ?
- — Je sais qu’il tient à moi comme on tient à une bonne copine, c’est déjà ça. Toutes les femmes ne peuvent pas en dire autant.
- — C’est vrai… et vous n’avez jamais été tentée de prendre un amant ?
Elle continue de regarder la mer :
- — J’ai réussi à compenser avec mes enfants… mais j’avoue que ça m’a parfois traversé l’esprit. Mais voilà, j’aime Francis, même s’il ne comporte pas en mâle avec moi. J’ai bien espéré le convertir quand nous avons conçu de façon naturelle notre premier enfant. Mais ça ne lui a fait ni chaud, ni froid. Même topo pour notre second enfant. Échec sur toute la ligne…
- — Si j’avais été à sa place…
- — Mais vous n’êtes pas à sa place, vous n’êtes pas asexuel.
- — Je ne suis pas asexuel, c’est vrai. Mais j’aurais aimé être à sa place… Non, je voudrais être à sa place.
Elle recule d’un pas pour mieux me faire face :
- — Et pour faire quoi ? Un petit tour au lit ?
- — Non, plus que ça. Je sais bien que nous ne nous connaissons pas depuis très longtemps, mais vous occupez déjà toutes mes pensées.
Mettant ses mains et ses chaussures derrière son dos, elle se moque :
- — Vous êtes rapide pour oublier vos ex !
- — Moquez-vous ! C’est bien la première fois que je suis dans une telle situation !
- — Laquelle ?
- — Je ne suis pas du style à me jeter à la tête d’une femme ni à ses pieds. Mais avec vous, c’est différent… je ne sais pas comme dire ça… j’ai l’impression de vous connaître et d’avoir aussi tant de choses à découvrir sur vous.
- — Ah…
Je constate qu’elle ne sait pas quoi répondre et que mon aveu la trouble. Je me laisse aller à penser tout haut :
- — Si nous étions dans des temps antiques, la situation serait vite réglée : je trucide votre mari, je vous enlève, vous et vos enfants. Et hop, l’affaire est dans le sac !
Elle me regarde avec de grands yeux étonnés :
- — Eh bé, vous ! Rien que ça ?
- — Oui, rien que ça.
- — Je constate que vous m’enlevez, moi et mes enfants…
- — Oui, je les aime bien, et puis ils sont indubitablement une partie de vous. De plus, j’avoue que ça m’arrangerait bien…
- — Que mes enfants soient un peu les vôtres ?
- — Exactement.
Elle affiche un petit sourire que je n’arrive pas à interpréter. Elle détourne un peu la tête pour regarder à nouveau la mer qui scintille :
- — Vous êtes franchement fou, David…
- — Fou de vous, je vous l’accorde.
Puis joignant le geste à la parole, je m’agenouille à demi devant elle :
- — Venez vivre avec moi, Ludivine. Je ne suis peut-être pas aussi riche que votre mari, mais vous aurez la certitude d’être aimée et choyée. Nous formerons une belle et heureuse famille tous les quatre !
- — Je… je…
- — Dites oui, c’est juste un seul mot à dire, un tout petit mot de trois voyelles, mais ce simple mot me rendra fou de joie et fera aussi votre bonheur !
- — Vous… vous êtes fou, David !
- — De vous, Ludivine, mais ça, vous le savez déjà !
Elle ne s’enfuit pas, ce qui est un bon point pour moi. Elle soupire :
- — Je vais être franche avec vous, David : oui, vous me plaisiez à votre façon, mais je crois que nous nous sommes ratés de quelques années. Et puis, je ne peux pas priver mes enfants de leur père…
- — Ils en auront un second. Et je retiens le fait que je vous plais à ma façon.
Elle secoue la tête :
- — Vous êtes gentil, très gentil, vous êtes bien de votre personne, vous êtes amusant, passionné et plein d’autres choses. Mais je suis mariée et mère, David.
- — Le divorce existe, et vous savez très bien que je serais un meilleur père que votre mari. Osez me dire le contraire.
- — Je…
- — Et vous savez que je serais un meilleur mari que votre mari…
- — Vous êtes impossible !
- — Et vous savez que je serais un meilleur amant que votre mari…
- — Euh, je…
Je me relève d’un bond, je la capture dans mes bras, je la presse contre mon torse, puis je l’embrasse passionnément. Au début, elle ne m’offre aucune résistance, tant sa surprise est immense, elle en laisse même tomber ses chaussures. Puis, je sens qu’elle hésite. Alors je l’embrasse encore plus passionnément, conscient que mon futur risque de se décider sur ce baiser.
À ma grande joie, elle répond maladroitement à mon baiser, mais peu importe ! Nos corps se coulent l’un dans l’autre, nos langues se cherchent, nos lèvres se trouvent.
Soudain, sans transition, elle me mord, me repousse violemment, puis me balance une gifle bien retentissante ! J’avoue que je ne comprends plus rien !
Tandis que je pose ma main sur ma joue rougie, elle se tient toute droite, tremblante :
- — David, je n’ai pas souvenir de vous avoir dit oui !
- — Je m’excuse, Ludivine… je… j’ai cru bien faire…
Toujours tremblante, elle ne répond rien. J’essaye de reprendre mes esprits, je viens de passer du Capitole à la roche tarpéienne, comme le disaient les anciens Romains. Mais ce genre de connaissance ne m’avance pas dans la compréhension que ce qui vient d’arriver. Je fais quoi ? Je pars, je quitte la plage ? Je tente de ressouder les morceaux ? J’opte pour la seconde solution :
- — J’avoue que je ne comprends plus, Ludivine… Vous n’étiez pas contre…
- — Vous m’avez eue par surprise, je déteste ce genre de surprise. J’ai même cru que vous vouliez me violer.
- — Loin de moi cette idée, Ludivine…
- — Oui, j’ai vite compris que ce n’était pas votre but…
Elle se tait, ses yeux toujours étincelants. J’essaye de défendre ma cause, bien que je me demande s’il ne faudrait pas que je me taise :
- — Dans ce cas, pourquoi cette gifle ? Un simple non aurait suffi. Je peux vous affirmer que vous avez la main lourde ! Au fait, vous ne vous êtes rien cassé ?
- — Merci de vous préoccuper de l’état de ma main. C’est vrai que j’ai un peu mal, mais rien de cassé. Et vous, ça va ?
Je remue ma mâchoire, elle est assez douloureuse :
- — Ça va, j’ai vécu pire dans ma vie, mais pour une faible femme, vous valez largement la plupart des hommes !
- — Et vous en voulez toujours, de cette faible femme ?
Ma réponse fuse illico :
- — À votre avis !
- — Ce n’est pas une réponse franche et directe.
- — Ma meilleure réponse à votre question serait de vous embrasser à nouveau.
- — Malgré le risque de vous reprendre une gifle ?
- — Oui ! Je dois être un peu maso…
Elle me sourit étrangement :
- — Oui, vous devez être un peu maso… tout comme moi d’ailleurs.
- — Qui se ressemble s’assemble.
- — Vous êtes un sacré optimiste, vous !
Petit pas à petit pas, elle s’approche de moi. Je sens confusément qu’un verrou est en train de s’ouvrir. Lentement, elle tend sa main vers ma joue endolorie pour la caresser, je me laisse faire durant de longues secondes. Puis elle prend alors la parole :
- — David, je suis comme je suis, à prendre ou à laisser. Franchement, vous m’avez fait peur. Vous m’avez plongée dans un tourbillon de sensations. Vous perturbez ma petite vie tranquille. En avez-vous conscience ?
- — C’est bien pour ça que je vous propose de venir vivre avec moi. Vous venez de dire que vous êtes à prendre ou à laisser. Moi, je prends.
- — Décidément, vous êtes un sacré maso !
Mais cette fois-ci, c’est elle qui m’embrasse.
Première nuit
J’ai déjà désiré une femme, voire plusieurs femmes, mais je ne pense pas avoir désiré autant une femme de toute ma vie. Pourtant, mon ex était une bombe anatomique rompue à la pratique du sport en chambre. Mais avec Ludivine, ça transcende tout.
Comment dire… Elle et moi, c’est évident, voilà tout. Parce que c’est elle, et parce que c’est moi.
Elle reprend son souffle, et moi aussi. Je ne sais pas comment nous avons fait notre compte, mais elle et moi, nous nous sommes retrouvés dans mon lit en train de nous dévorer mutuellement. Puis naturellement, nous avons fait l’amour, puis encore l’amour, puis toujours l’amour. Je ne sais pas combien de fois, je n’ai pas compté, j’étais trop occupé à m’occuper d’elle, à l’embrasser, à l’embraser, à la dévorer, à la faire jouir.
Avec difficulté, mon amante se redresse à moitié :
- — Pfff, c’est pas tout ça, mais il va falloir que je retourne dans ma chambre !
- — Tu ne peux pas rester un peu ?
- — Toi, si je t’écoute, tu vas me retenir jusqu’au petit matin, et là, tu m’expliqueras ce que je dois raconter à mon mari pour rester crédible.
Je la câline délicatement :
- — Raconte-lui la vérité, c’est tout.
- — Tout est simple pour toi, tu es célibataire. Moi, je suis mariée et maman de deux enfants.
- — Dois-je comprendre que tu n’as pas l’intention de quitter ton mari ?
Elle s’agite un peu plus, se laissant toujours caresser par mes bons soins :
- — Tais-toi ! Je ne sais pas, je ne sais plus ce que je dois faire. Tu m’as totalement embrouillé l’esprit ! Je n’aurais jamais dû t’embrasser !
- — Pourtant, tu l’as fait, ma chérie !
- — Eh bien, je me demande si je n’ai pas fait là la plus grosse connerie de ma vie !
Je la serre un peu plus contre moi :
- — Tu regrettes ?
- — Je ne te répondrai pas !
- — Soit. Moi, je peux te dire que j’ai adoré, et que je suis prêt à recommencer tous les jours de notre vie.
Elle soupire :
- — Notre vie va être courte ! Je te rappelle que nous partons fin de semaine, et que toi, tu restes encore un peu.
- — Un jour de départ, ça peut se modifier. Je pourrais même rester sur place un mois de plus. D’ailleurs, la semaine supplémentaire n’est pas onéreuse. Je ne sais pas si tu as regardé les tarifs à l’accueil.
- — Non, je n’ai pas regardé les tarifs. Oui, j’aimerais bien rester plus longtemps, mais tu sais très bien que ce n’est pas possible.
- — Impossible n’est pas français !
Elle m’envoie un petit sourire crispé :
- — David, les choses ne sont pas aussi simples que ça. Oui, j’aimerais rester avec toi. Si j’avais dix ans de moins, pas d’enfant, je t’aurais peut-être suivi jusqu’au bout du monde. Mais là, la situation n’est pas la même. Alors, ne gâche pas tout en m’en demandant trop.
- — D’accord… Si c’est ça que tu veux…
À son tour, elle me caresse :
- — Écoute, David, c’est déjà compliqué pour moi. Je regrette de t’avoir cédé, mais en même temps, j’en suis très heureuse. C’est bien la première fois de ma vie que je me suis sentie tellement désirée !
À ces mots, je ne cache pas mon étonnement :
- — À ce point ?
- — Tu veux la vérité ? Comme tu le sais déjà, j’ai eu des petits amis, je t’en ai parlé. Eh bien, pour parler crûment, avec eux, je baisais, point barre.
- — Ah… OK…
- — Avec toi, j’ai vraiment fait l’amour. C’était très différent. Tu me jures que tu m’aimeras toute ta vie, je veux bien te croire, même si je pense que tu es vraiment sincère dans l’instant du moment.
À ces mots, je proteste :
- — Mais, je suis sincère !
- — Oui, tu es sincère, là, maintenant. Mais qui me dit que tu n’es pas comme un feu de paille ?
- — On en reparlera l’année prochaine, puis l’année d’après, et ainsi de suite…
Tout en rectifiant une mèche, elle soupire :
- — Il y a des moments où je t’envie ! Tu ne doutes de rien !
- — Et toi, tu te compliques trop la vie.
- — Ah non ! C’est toi qui viens de me la compliquer, et pas qu’un peu ! Avant ce soir, nous flirtions gentiment, et ça s’arrêtait là. Maintenant que nous avons franchi le pas, on s’est mis dans de beaux draps !
- — C’est vrai que les draps sont dans un drôle d’état !
Elle se relève un peu pour me gronder :
- — Sois un peu sérieux, s’il te plaît, David.
- — D’accord. Donc tu avais conscience que nous flirtions gentiment, toi et moi.
- — Oui, c’est vrai. Tu sais, ça fait toujours plaisir à une femme quand on lui fait un brin de cour. Surtout avec le mari que j’ai…
- — Eh bien, continuons ainsi le jour.
- — OK pour le jour. Et la nuit ?
- — Eh bien, continuons comme cette nuit.
Je m’empare de Ludivine, bien décider à profiter une dernière fois d’elle avant d’être obligé de la libérer afin qu’elle rentre dormir auprès de son mari. Je l’embrasse comme un fou, elle adore que je la dévore. Alors que je cherche comment finir cette courte nuit en apothéose avant d’être obligé de rendre Ludivine à sa famille, il me vient une idée.
Je décide de l’expliquer à ma partenaire :
- — Puis-je te demander quelque chose ?
- — C’est-à-dire ? Tu n’as pas assez profité de moi ?
- — Je ne profiterai jamais assez de toi, même au-delà d’un siècle ou deux. Pour le troisième et les autres, nous en reparlerons.
- — Crétin, va ! Alors, c’est quoi ton quelque chose ?
Je la câline, j’adore la douceur de sa peau :
- — Voilà : j’aimerais te faire l’amour en te regardant bien.
- — Comment ça ?
- — J’aimerais te pénétrer alors que tu serais allongée au bord du lit et moi agenouillé. Ainsi je pourrais te contempler de haut, admirer ton beau corps tandis que tu jouis…
Elle ne répond rien, elle rougit un peu, ayant sans doute l’image en tête. Elle me regarde ensuite intensément, puis me demande :
- — C’est ce que tu veux ?
- — Pour commencer…
- — Ah bon, parce que Monsieur a des exigences ? On peut savoir ?
- — Je veux pouvoir te contempler en train de jouir à fond, tandis que je suis plongé en toi, c’est surtout là l’objectif…
Elle m’envoie un large sourire lumineux :
- — Hmmm… c’est un objectif que j’aurais du mal à refuser…
- — Merci, ma chérie !
Aussitôt dit, aussitôt fait. Je me frotte avec volupté sur les lèvres détrempées de ma complice, excitant volontairement son petit bouton rose fort sensible par la friction de ma tige et de mon gland. Je vois bien qu’elle frémit un peu plus à chaque fois que j’agace son clitoris de la sorte. Je maintiens ses jambes en l’air, profitant de la douceur de ses cuisses contre ma peau, déposant ci et là quelques baisers appuyés sur ses chevilles et ses mollets. Ah quel divin ensemble de sensations !
Soudain, j’entends Ludivine me dire d’une petite voix :
- — David ! Plonge en moi !
- — À condition que tu te caresses les seins, que tu te pinces les tétons !
- — Tu es bien exigeant !
L’instant d’après, j’ai le grand plaisir de voir ses mains prendre à pleine chair ses adorables seins, ce qui décuple mon envie d’elle. Toujours en me frottant lascivement sur elle, j’admire, je contemple mon amante en train de se caresser, de se masser, de se tripatouiller. Un étrange sourire flotte sur ses lèvres, tandis qu’elle soutient vicieusement mon regard.
D’une voix rauque, je lui ordonne :
Elle s’exécute sans rien dire, me regardant intensément. Je n’en peux plus ! Je plonge directement en elle, cherchant à aller au plus profond. Elle pousse un petit cri de contentement, puis elle ferme les yeux pour mieux me ressentir en elle.
Fermant aussi les yeux, je la pistonne à fond, voulant la posséder, me concentrant sur mes sensations, plongé dans sa chaude intimité offerte. Je serre les dents pour mieux résister. Je la sens frémir, onduler, signe évident qu’une vaste vague monte en elle.
Alors j’ouvre les yeux pour contempler son visage radieux, sa bouche ouverte, ses yeux clos, afin de capturer le moment où la jouissance s’emparera d’elle, quand je l’entendrai jouir comme une petite folle, quand je me déverserai en elle afin de la remplir, de la combler, de la submerger, à l’image du puissant tsunami qui l’emportera au lointain, vers le septième ciel !
Suite du séjour
Inutile de dire que la suite du séjour est particulièrement épique et hot, et ce, pour diverses raisons. Parce qu’il y a les enfants, parce qu’il y a le mari, parce qu’il y a aussi les autres touristes. Bref, pas moyen de laisser aller, alors que vous avez une terrible envie, sachant que la dame est consentante. Je comprends mieux le concept du supplice de Tantale, une horreur !
Ce qui fait l’attrait du jeu est de pouvoir voler un baiser ci et là, de se permettre des mots doux, des caresses furtives, tout ce qui entretient la flamme, et même la vivifie. Ce qui n’aide pas non plus à faire baisser la tension !
Mais il faut savoir se contenter de ce qu’on peut avoir, même si j’ai une féroce envie de kidnapper Ludivine et de m’enfuir au lointain avec elle sur une île déserte et inconnue de tous, et lui faire subir les pires et délicieuses tortures ! Décidément, j’approuve de plus en plus les mœurs anciennes et barbares !
Comme maintenant, par exemple… :
- — Aaah ! Oh ! T’es complètement fou, David !
- — Tu me rends complètement dingue !
- — Mais faire ça, ici, à la sauvette, on va se faire pincer !
- — Ose me dire que tu n’aimes pas !
Et toujours plaqué dans son dos, j’accélère plus encore mon pistonnage béat en elle :
- — Oui, j’aime ça, oui, j’aime ta queue ! Mais arrête un peu de me tringler comme un malade quand je te cause ! Outch ! On dirait que t’as pas baisé depuis des années ! C’est plutôt moi qui devrais le dire !
- — Oui, je ne t’ai pas baisée depuis des années ! C’est toi que j’aurais dû rencontrer, il y a belle lurette !
Se courbant un peu plus pour mieux m’accueillir, elle proteste mollement :
- — Pff, c’est cette belle Lurette que tu aurais dû baiser comme un malade, pas moi !
- — Lurette, Ludivine, même début, donc même conclusion !
- — Tu parles d’une logique !
N’empêche que je trouve qu’elle mouille beaucoup pour une femme qui proteste ! Mes doigts en savent quelque chose ! Tandis que je continue de la pistonner allègrement, je taquine son petit bouton rose, et j’espère bien le mettre en feu dans peu de temps ainsi que sa propriétaire.
Au son de sa voix, je sais qu’elle est à deux doigts de jouir. Elle tente de résister encore un peu, mais mes doigts vicieux agacent sciemment son clitoris afin de lui faire lâcher prise, car je veux qu’elle jouisse, là, maintenant, dans ce recoin de couloir ! Parce qu’elle est à moi !
- — Oh ! Oh ! quel salaud ! Oh pardon !
- — Ne t’excuse pas ! Laisse-toi aller ! Je veux t’entendre jouir !
- — T’es un sacré petit cochon, toi ! Outch !
Je la plaque contre le mur pour mieux la posséder, la capturer ! Ce n’est peut-être pas très galant, mais c’est fortement jouissif. D’ailleurs, j’ai quelques difficultés à me retenir de jaillir !
- — Oh ! oh ! Ouiii ! Oh ouiii !
Une fois de plus, je réussis à la faire jouir avant moi. J’adore entendre ses petits cris, ressentir ses tremblements, les goûter, les déguster, les savourer tel un gourmet devant un plat somptueux ! Tenir encore un peu, savoir apprécier cette puissante jouissance qui la secoue, son corps qui exulte, et moi qui la possède entièrement !
Puis se laisser complètement aller, tellement que c’est bon, que c’est divin !
Une conversation non prévue
La situation est inconfortable, je suis à présent face à face avec le mari de ma maîtresse, dans leur chambre. Pourtant, Ludivine m’avait bien dit de venir la chercher ici à cette heure-là ! Quelque chose m’échappe !
- — Ma femme n’est pas présente… Les enfants non plus…
- — Ah bon ? Pourtant elle m’avait bien dit de venir ici pour quinze heures.
- — Oui, c’est en effet ce qu’elle vous avait dit. Prenez un siège, David…
Machinalement, je m’exécute. Mon interlocuteur en fait aussitôt de même. À présent assis, Francis prend la parole :
- — Je connais ma femme depuis bien des années… Depuis qu’elle est toute petite.
- — Oui, c’est ce qu’elle m’a dit…
- — C’est l’une des raisons qui m’ont poussé à l’épouser, je la connais quasiment par cœur. De ce fait, elle n’a pas réussi à me donner le change bien longtemps.
- — Ah…
Je ne comprends pas pourquoi il me raconte tout ça, et où il veut en venir. Cette histoire de donner le change m’inquiète un peu. Francis continue sur sa lancée :
- — Mettons cartes sur table, David. Je sais que vous êtes l’amant de ma femme.
- — Ah… Et je peux savoir ce qui vous fait conclure ça ?
- — Je connais très bien ma femme, je lis en elle comme dans un livre ouvert. Et puis, vous aussi, vous ne cachez pas beaucoup votre envie d’elle…
Je fronce des sourcils :
- — Je reconnais sans problème que votre femme est très mignonne, ce qui n’implique pas fatalement qu’elle et moi avons…
- — Ne vous fatiguez pas, David. Je savais très bien qu’un beau jour ma femme finirait par céder. Même si je ne suis pas concerné par la chose, je sais que Ludivine est soumise à des envies sexuelles, c’est tout à fait normal. Je suis même un peu étonné qu’elle n’ait pas cédé avant.
- — Même si c’est depuis l’enfance, on ne connaît jamais vraiment pas les gens…
- — Et vous-même, David, connaissez-vous vraiment ma femme ?
- — Oui, je le pense…
Un sourire amusé se dessine sur le visage de Francis :
- — Malgré le fait que ça ne fait même pas une semaine que vous l’avez rencontrée ?
- — Je sais qu’elle et moi sommes synchrones, comme deux pièces d’un puzzle qui s’emboîtent parfaitement.
- — Vous êtes bien affirmatif…
Je me demande où le mari de mon amante veut en venir. Justement, il y vient :
- — Je vais être clair : je n’ai pas l’intention de divorcer, Ludivine est ma femme, elle est aussi la mère de mes enfants.
- — Excusez-moi de vous le dire de cette façon, mais j’ai connu des couples plus harmonieux et des pères plus cools et attentifs avec leurs enfants.
- — Sans doute, mais Ludivine est néanmoins ma femme, et elle est aussi la mère de mes enfants. Je sais aussi que vous rêvez de l’enlever pour vous la garder pour vous tout seul.
- — J’inclus aussi ses enfants, on n’arrache pas une mère à ses enfants…
Flegmatiquement, mais avec une sourde menace dans la voix, il répond :
- — Bref, vous voulez tout me piquer ?
- — Je n’ai pas prévu de vous séparer définitivement de vos enfants, vous êtes leur père, il va de soi que vous avez légalement un droit de visite.
- — C’est amusant la façon dont vous retournez la situation. Décidément, vous êtes bien sûr de vous. Il est certain que vous avez fait tourner la tête de ma femme, et ça, je peux le comprendre. Mais pour le reste, vous abusez un peu.
- — Avouez que je serais à la fois un meilleur mari pour Ludivine et un meilleur père pour vos enfants.
- — Ludivine m’a confié votre petit souci de parenté… Le beurre et l’argent du beurre…
Et avant que je ne riposte, il ajoute avec un certain sourire :
- — Sans oublier la crémière, bien entendu.
- — Oui, bien entendu…
Son ton devient plus autoritaire :
- — Bon, je ne vais pas dire deux fois les choses : j’accepte que vous soyez l’amant de ma femme, si ça peut l’aider dans son équilibre, à condition que vous restiez discrets, elle comme vous. J’accepte aussi que vous deveniez une sorte de tonton pour les enfants, mais pas plus.
- — Et en admettant que je ne sois pas d’accord ?
- — Dans ce cas, il me sera très facile de demander un nouveau poste à des milliers de kilomètres. Et ce, du jour au lendemain. Suis-je bien clair, David ?
- — Très limpide. Mais…
- — Mais ?
À mon tour, d’être plus autoritaire :
- — Je pourrais moi aussi m’enfuir avec femme et enfants, peut-être pas aussi loin que vous, mais à un endroit dans lequel vous auriez quelques difficultés à nous retrouver.
- — Je sais, j’y ai pensé. Mais seriez-vous homme à priver des enfants de visite de leur père ? Sans parler de l’opinion de ma femme à ce sujet.
- — Moi aussi, j’y ai songé… Je ne tiens pas à mêler les enfants à nos problèmes.
- — Très bonne initiative. Je savais que vous aviez un certain savoir-vivre.
J’émets un petit rire sec :
- — Croyez-moi que ça m’en coûte ! Il y a des jours où ça serait plus simple d’être dans les temps barbares.
- — J’en ai une petite idée, ma femme m’en a parlé. Elle me cache si peu de choses…
- — Elle a dit quoi exactement ?
- — Elle m’a rapporté quelques propos, c’est tout. J’en ai déduit le reste.
Je me demande si je ne suis pas en train de rêver. Je devise calmement avec le mari de ma maîtresse, alors que nous devrions peut-être, sans doute, nous taper dessus jusqu’à ce que l’un de nous soit écroulé au sol. Mais je ne suis pas certain de gagner à tous les coups, car même mon adversaire n’est pas aussi sportif que moi, sa carrure n’est pas négligeable.
Alors que je songe à tout ça, Francis me dit :
- — Je suis heureux que nous nous comportions de la sorte, entre personnes raisonnables. Il m’aurait été pénible de devoir me souvenir des cours de boxe, et devoir les appliquer.
- — Oui, c’aurait été dommage, en effet
- — Alors, que décidez-vous ? Souhaitez-vous un peu de temps pour réfléchir ?
- — Pas la peine. J’accepte votre singulière proposition, même si ce n’est pas précisément celle que je voulais. Mais je ne tiens pas à perdre Ludivine ni à la blesser.
- — Ceci vous honore, David…
Une chose me turlupine :
- — Juste une question, Francis : comment annonce-t-on la chose à Ludivine ? Elle a son mot à dire dans tout ça, je pense. Elle en pense quoi, elle ? Elle est quand même la principale intéressée !
- — Vous avez parfaitement raison.
Tournant la tête, il hausse la voix :
- — Chérie, tu peux te montrer maintenant !
À ma grande surprise, Ludivine sort à petits pas de la salle de bain. Sur son visage s’affiche un sourire un peu crispé. Sous mon regard étonné, elle s’assied sur le bord du lit, les mains entremêlées, face à nous, les hommes. Tout en me regardant à moitié, elle bafouille un tout petit « désolée ».
Je la rassure comme je peux :
Sans sourciller, son mari s’adresse à moi :
- — N’y voyez pas de malice de ma part, David. J’ai demandé à ma femme d’écouter nos propos afin qu’elle sache exactement ce qui aurait pu se dire entre nous. Ainsi, elle connaît exactement la situation. Une bonne façon de mettre les choses au point.
- — Oui, on va le dire comme ça…
Je me tourne vers Ludivine :
- — Et toi, tu en penses quoi ?
- — Je… j’aimerais être avec toi… j’aimerais aussi être avec ma famille, mon mari, mes enfants…
- — Oui, je vois… je comprends…
Lentement, Francis se lève :
- — Voici une bonne chose de faite. Bienvenue dans la famille, David.
À ma grande surprise, il s’approche paisiblement de moi, me tend franchement la main, en disant d’une façon très décontractée :
- — Il va falloir que tu t’y fasses, puisque tu es devenu le tonton de mes enfants.
Il y a franchement des jours où on se demande si on ne rêve pas tout éveillé !
Retour de vacances
C’est ainsi que je suis devenu le tonton des enfants de ma maîtresse. Je dois reconnaître que la situation n’est pas des plus évidentes, mais si c’est le prix à payer pour continuer à fréquenter Ludivine, je trouve que ce n’est pas cher payé.
Ce qui m’embête le plus, c’est d’avoir la bénédiction du mari. J’aurais préféré qu’il ne le sache pas. Ça ne me coupe pas mes moyens, encore heureux, mais parfois ça me chiffonne de servir de sexe de substitution ! Oui, je sais, je m’invente peut-être des problèmes là où il n’y en a pas…
Et d’ailleurs, je ne devrais même pas penser à ce genre de truc, puisque je suis en train de lutiner avec Ludivine ! Nous deux, ça va très bien, le seul problème étant de se retenir devant les enfants, sinon l’osmose est parfaite et ma maîtresse adore rattraper le temps perdu.
Parfois, je me demande si les enfants ne se doutent pas de quelque chose, mais qu’ils ne disent rien parce que la situation leur convient aussi. Il faut dire que je ne ménage pas non plus mes efforts envers mes enfants de substitution !
Parfois, j’ai l’immense plaisir de pouvoir profiter pour moi tout seul de mon amante, tandis que les enfants sont en internat et que le mari est en mission. Hélas, ce n’est pas tous les jours, ni même toutes les semaines, à peine une fois par mois, et encore !
Mais fi de tout ça, puisque je suis dans le même lit que Ludivine et que je profite éhontément de son corps et de ses courbes ! J’aurais préféré qu’elle soit ma femme plutôt que d’être celle d’une autre, mais il faut savoir peser le pour et le contre. Je sens, je sais que Ludivine est la femme de ma vie, celle avec qui je suis en totale osmose, et pas question de lâcher la proie pour l’ombre !
- — T’es complètement fou, David !
- — Oui, je sais ! Je suis fou de toi !
- — Tu pourrais changer de disque, s’il te plaît !
- — OK ! Je suis carrément raide dingue de toi !
Se laissant voluptueusement faire, elle m’envoie un sourire un tantinet pervers :
- — Raide, je te l’accorde, et ça se sent ! Dingue, tu dois l’être aussi !
- — Hmmm, tu fais allusion à notre étrange situation ?
- — Avoue que c’est quand même un bon compromis : tu es le tonton des enfants, et tu es aussi mon amant, tout en étant reçu en ami.
- — Oui… on va le dire comme ça… En tout cas, pour ce qui est d’être reçu, tu sais me recevoir ! J’adore être en toi !
- — Oui, je sais, gros bêta ! J’aime aussi quand tu es en moi, quand tu me possèdes, quand tu me rends totalement femme !
- — Alors je te rendrais totalement femme jusqu’à la fin de tes jours !
Et croyez-moi, je suis très motivé pour que ce ne soit pas uniquement une parole en l’air ! À nouveau, je vais m’employer à faire jouir mon amante, à la faire se dépasser, afin de capturer toujours et encore ce fabuleux moment où la jouissance s’emparera totalement d’elle, quand je l’entendrai jouir comme une petite folle, quand je me déverserai enfin en elle afin de la remplir, de la combler, de la submerger, à l’image du puissant tsunami qui nous emportera au lointain, conjointement vers le septième ciel !