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17/03/20
Résumé:  Une plongée dans l'univers d'Alien.
Critères:  f fh ff amour voir sf -sf
Auteur : Calpurnia            Envoi mini-message
Dans l'espace, personne ne vous entend jouir



Helen Riplay essuie son front avec ses mitaines, sans jamais lâcher la crosse de son fusil automatique à balles explosives ni quitter des yeux l’écran du détecteur de mouvements. Rien ne bouge aux alentours depuis plusieurs heures. Le silence se fait pesant. Seul le léger sifflement du système de réoxygénation de l’air nous rappelle que nous nous trouvons dans un vaisseau spatial à la dérive, si loin de toute planète habitable.



Je m’allume une cigarette. La dernière du paquet, sans doute celle du condamné. D’ici une heure ou deux, peut-être avant, les aliens vont passer à l’action. Leur reine, la plus dangereuse de tous, commande la manœuvre. Nous sommes à un contre dix, peut-être vingt, et n’avons pas l’ombre d’une chance face à ses créatures nées pour tuer.



Elle est obligée de poser son armement pour se déshabiller, mais elle le fait à toute vitesse. Puis elle siffle entre deux doigts.



La voix est pleine de ressentiment. Hans est un androïde fabriqué par la société Weyland-Yutani, l’imitation parfaite d’un homme au sommet de ses charmes, le David de Michel-Ange en l’occurrence. Enfin, pas si parfaite pour tout le monde. Lui, au moins, il n’a rien à craindre des aliens : ceux-ci ne l’attaqueront pas, sachant pertinemment qu’il n’est pas comestible. Helen éprouve une haine viscérale contre ces humains artificiels, dont l’un d’eux l’a trahie, dix ans auparavant – temps subjectif tenant compte de la relativité restreinte – sur ce même Nostromo.


Rien à faire : j’ai beau la savoir absolument hétérosexuelle, je mouille lorsque je la vois dévêtue. Une aura se dégage d’elle, une force extraordinaire dont elle rayonne. Si au moins elle acceptait que je lui prodigue de doux câlins ! Comme j’en ai envie !


Quarante-huit heures plus tôt, ce même Hans nous réveillait prématurément de notre hibernation à bord de l’Auriga-14. Il avait à nous annoncer une information suffisamment extraordinaire pour justifier la mise en œuvre de la procédure spéciale : le radar de bord venait de détecter la présence du cargo spatial Nostromo, pourtant réputé détruit en 2122 par son équipage lors d’une confrontation avec un alien qui s’était introduit à bord. Helen était l’unique survivante. Elle avait indiqué à la commission d’enquête avoir déclenché le processus d’autodestruction du vaisseau avant de prendre place dans une navette de sauvetage. Certainement la bombe n’avait-elle, en fait, pas explosé ?


Puisque le Nostromo semblait intact, nous autres, les sept membres de l’équipage, l’avons exploré avec de grandes précautions, craignant à tout moment tomber sur l’une de ces créatures que l’espace couve dans ses sombres recoins. Mais, dans un premier temps, nous n’avons rien trouvé à bord. C’est alors que les collègues ont commencé par disparaître, les uns après les autres. Les traces de sang qu’ils ont laissées derrière eux ne nous ont guère laissé de doute : le vaisseau était infesté d’aliens qui se cachaient afin de nous piéger. Ceux-ci ont désarrimé l’Auriga-14 pour nous couper toute retraite.


La suite n’a été qu’une course folle. Très vite, le commandant et son second ont été infestés par l’un de ces œufs qui éclosent subitement afin de s’accrocher à votre visage : des facehuggers. Ceux qui en sont victimes n’ont aucune chance. On ne peut pas les décrocher, sous peine de recevoir des jets d’un acide organique surpuissant qui tuerait la victime. Quelques jours plus tard, le facehugger tombe de lui-même. Le parasite se développe dans l’estomac, et sort par le thorax pour donner naissance, d’une manière mortelle, à un chestbuster, un « exploseur de poitrine ». Celui-ci, petit et très fragile, court se réfugier dans l’ombre. Il est trop véloce pour qu’on puisse le rattraper. Lorsqu’on y parvient enfin, il est déjà trop tard, car sa croissance est extrêmement rapide. Un jeune alien de quelques heures à peine mesure environ deux mètres de longueur pour la même hauteur, dressé sur ses pattes arrière. Il devient le tueur biologique le plus performant connu dans l’Univers. Toute rencontre avec lui est fatale, sauf éventuellement si l’on est lourdement armé.


Helen possède une expérience avec ce genre de créature, alors que je suis toute jeune, avec mes vingt-cinq ans – c’est mon premier voyage dans l’espace. Je me suis immédiatement placée sous sa protection. Elle m’a toujours attirée. Malheureusement, cet attrait n’est pas réciproque.


Nos efforts pour nous en sortir n’ont été qu’une succession d’effroi et de fuites désespérées à travers les immenses coursives du Nostromo. Helen, Hans et moi, les derniers survivants, avons finalement trouvé refuge dans la salle où sont stockées les armes. Elles restaient là, en attendant d’être vendues sur les marchés cosmiques pour servir dans la multitude de petites guerres locales, pour le plus grand profit de la société multiplanétaire qui nous emploie. Des munitions à profusion. Helen m’a appris à tirer sérieusement. À cette occasion, j’ai même tué mon premier alien : il a fallu plusieurs balles dans ses deux gueules télescopiques ouvertes, presque à bout portant. J’ai n’ai pas eu le temps d’avoir peur : l’instinct de conservation a pris le dessus. La bête s’est effondrée. Ensuite, j’ai été prise de tremblements incontrôlables. Pour cette unique fois, Helen m’a prise dans ses bras, pour me consoler.


Nous nous sommes barricadés comme nous avons pu. Helen sait manier la lampe à souder, afin de maintenir la porte métallique fermée. Mais je sais bien que cette protection est dérisoire face à l’acide que crachent les aliens : aucun matériau ne lui résiste plus de dix minutes. Quand ils franchiront cette issue, nous leur opposerons un feu nourri, tous ensemble. Ce sera notre dernier baroud d’honneur.



Helen jouit. Elle ne veut pas le montrer, mais je m’en rends bien compte. Peut-être à peine un spasme. Mais c’est ce qu’elle recherchait. L’ultime jouissance avant la mort.


L’image atroce des xénomorphes nous fondant dessus s’impose à mon esprit. Je crois qu’elle voit la même chose en fermant brièvement les yeux. Elle m’avait même dit espérer, oui, espérer cette confrontation ! Elle n’a jamais caché son admiration pour cette espèce qui ne fait rien à moitié, y compris tuer, sans la moindre once d’hypocrisie, au contraire des humains qui passent leur vie à se trouver des excuses ou des justifications embrouillées pour le mal qu’ils commettent. Avec les aliens, par contre, tout est clair. Ils veulent nos vies. Qu’ils viennent la prendre. Tout en fumant ma clope, je me masturbe mollement, assise par terre en tailleur, une main sous la culotte. La scène est excitante, malgré la présence d’un pénis. Ils sont beaux. Même lui, je dois le reconnaître. Helen, grande et musculeuse comme une cariatide, accueille la virilité de Hans avec une grâce à laquelle je ne peux pas rester indifférente.


Et puis, qu’importe ma maudite pudeur. Helen a raison : il fait trop chaud à bord du Nostromo pour rester vêtue. Elle et moi combattrons nues. Cela nous donnera du courage. Une fois mes vêtements retirés, jetés au loin, je reprends mes caresses solitaires. Contrairement à ma compagne d’infortune, mes orgasmes sont rapides et puissants, à l’aide de mes seuls doigts. Un vibro serait encore mieux, mais j’ai laissé le mien sur l’Auriga-14. Tant pis.


Pendant ce temps, Hans éjacule des torrents de semence qui débordent sur les cuisses d’Helen, tout en lui glissant un doigt lubrifié de salive dans l’anus, jusqu’à la garde. Il doit disposer d’un réservoir spécial, pour plaire aux dames. Voir cela me procure un frisson au ventre. Je ne veux pas que Hans me touche, mais regarder seulement l’étreinte me procure une étrange excitation. C’est comme l’idée d’être violée par un alien. Parce que ceux-ci n’attaquent pas pour se nourrir : au juste, personne ne sait ce qu’ils mangent. Ils tuent uniquement dans un unique objectif de reproduction. Drôle de manière de faire l’amour. Ils ne pourraient pas faire ces cochonneries sanglantes entre eux, non ? Non. Il leur faut une autre espèce comme partenaire. Dans moins d’une heure, après les autres membres de l’équipage, ce sera au tour d’Helen et moi d’y passer. Ou peut-être, juste avant d’être capturée, me tirer une balle explosive dans le crâne ?


À présent, Hans sodomise Helen, toujours en levrette. Ces deux-là sont infatigables. Ils pataugent dans une flaque de sperme artificiel – une mixture salée, parfaitement comestible, sortie tout droit des usines agroalimentaires de Weyland-Yutani, comme le reste. Lorsque nous étions à bord de l’Auriga-14, Hans m’a raconté qu’avant qu’on lui ordonne de s’embarquer pour des voyages spatiaux, il travaillait dans un bordel pour femmes, sur Mars, avec une cinquantaine d’autres androïdes, tous identiques à lui-même. Les goûts sont devenus standardisés. Les clientes étaient des ouvrières chargées d’extraire le minerai de fer, abondant sur cette planète. Elles y claquaient leur salaire, à peine de quoi se nourrir avec ce qu’il leur restait, et elles retournaient trimer au fond de la mine. Lui, il baisait vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept sols martiens par semaine, c’est-à-dire tout le temps. Il m’a dit qu’il aimait bien ce boulot – si tant est que cette expression signifie quelque chose pour un androïde programmé pour exécuter les tâches qu’on lui assigne sans se poser de question. Il a mémorisé avec précision les visages et les contours physiques de toutes les femmes qu’il a été amené à rencontrer au cours de ces milliers de passes. Audray, l’une de nos coéquipières, en a fait partie – un alien a eu sa peau hier soir, par surprise. Elle était bisexuelle, et m’avait fait une nuit l’honneur de sa couchette.


Helen est merveilleusement belle, toute nue, à quatre pattes. Si seulement elle me laissait la toucher, ne serait-ce qu’une petite caresse, ou juste un bécot sur ses pieds ! Devant ce spectacle, j’en oublie presque que je vais mourir bientôt. Peut-être même qu’ils vont les surprendre en pleine action. De la sorte, Helen mourra heureuse, peut-être ? Non, elle n’est pas du genre à succomber sans se défendre, et moi non plus.


Soudain, je me rends compte que quelque chose bouge dans la pièce. Un alien, déjà ? Non, il aurait déjà fondu sur nous. C’est tout petit. Il y en a plusieurs. Beaucoup. Ça grouille dans la pénombre. On n’y voit rien. Les jumelles à amplification de lumière me permettent d’en avoir le cœur net. Mes cheveux se dressent sur la tête : des facehuggers. Ils ressemblent à de grosses araignées, mais avec un long tentacule, et se déplacent d’une manière très rapide. Qu’ils s’accrochent à mon visage, et je n’aurais plus qu’à me tirer une balle dans la tête pour éviter une mort particulièrement atroce. Peut-être que je n’aurai même pas le temps de le faire. Ça se rapproche. La masse immonde me donne envie de vomir. Helen a également perçu le danger. Elle se jette sur son arme. Hans s’est retiré après avoir éjaculé une dernière fois. Il en arrive de partout à la fois. Les facehuggers nous tournent autour. Nous en détruisons des dizaines et des dizaines, qui crèvent sous nos balles en faisant un bruit humide particulièrement écœurant, comme un gros insecte que l’on écrabouille sous sa semelle. Il faut prendre garde aux projections d’acides, qui nous troueraient facilement la peau.


L’une de ces bestioles parvient à se jeter entre les jambes d’Helen. Il est si rapide que je pousse un cri de surprise. Trop tard pour tirer : ma balle atteindrait ma coéquipière. Cependant, le facehugger ne se fixe pas sur son visage, mais sur sa vulve. Helen se roule au sol. Si elle souffre trop, il est de mon devoir de l’achever. J’en ai fait le serment. Mais je me rends compte qu’en réalité, elle jouit d’une manière incroyablement intense. La créature a dû insérer son appendice dans le vagin ! Elle s’immobilise sur le dos, les yeux écarquillés, un immense sourire sur le visage. Les autres bestioles s’éloignent : il leur suffisait d’une seule proie, apparemment. Elles doivent me réserver aux aliens adultes, qui veulent leur part de festin.


Hans regarde la scène, sans intervenir, ni même se montrer étonné. Peut-être savait-il déjà ce qui est en train de se tramer. On dirait même que l’infortune d’Helen le fait bander, le salaud. Helen pleure. Elle murmure :



Elle sait pourtant que le facehugger, qu’il faudrait renommer vaginahugger, est en train de l’inséminer avec un chestbuster qui, lorsqu’il sera arrivé à maturité, sortira de son corps par le chemin le plus direct et pas par les voies naturelles.


Pendant ce temps, les xénomorphes sont arrivés derrière la porte métallique que nous avons soudée. Venus en nombre, commandés par leur reine, ils grattent, cognent, s’impatient. Ils ne devraient pas en avoir pour plus de quelques minutes avant de venir à bout de cet obstacle.



Je m’allonge tout près d’elle.



Oh, oui ! Elle est couchée sur le dos. Ses yeux brillent comme jamais, elle peine à s’exprimer et se débat dans d’impressionnantes convulsions, les seins gonflés et durcis, les tétons dilatés et les aréoles brunies par l’excitation sexuelle. Je prends ce qu’elle m’offre à pleines mains. Merveilleux cadeaux. Ses yeux roulent, ses jambes tremblent. Puis elle entre dans une fantastique transe érotique, la tête basculée en arrière, cambrée sur ses talons, les bras en croix. Je colle mes lèvres sur les siennes, puisqu’elle m’y invite. La porte commence à se déchirer dans un bruit d’enfer. Nous n’en avons plus que pour deux ou trois minutes. Hans se masturbe frénétiquement en nous regardant. J’ignorais qu’un androïde pouvait faire cela.


Je colle ma vulve contre le facehugger qui obture la sienne. Foutue pour foutue, pourrait-il aussi s’occuper de moi de la même manière ? Comme s’il percevait mes pensées, il se met soudain à vibrer. Les sensations sont puissantes. Helen, dont je sens le cœur battre à se rompre, pourrait en mourir de volupté – c’est tout ce que je lui souhaite, plutôt que tomber entre les griffes des aliens. Quant à moi… je m’en fiche !


Mais je ne peux pas finir ma vie sans lui dire la vérité, pour ce qui me concerne. J’arrache mon sein gauche. Il cache l’électronique qui garnit dans ma poitrine. Non, je ne suis pas une androïde, mais une cyborg : initialement femme humaine, j’ai été atteinte, au cours de mon adolescence, d’un cancer généralisé qui, soigné tardivement, a dévoré quasiment tout mon corps. Les chirurgiens cybernétiques ont tout remplacé par des matériaux de synthèse biocompatibles. Jusqu’à au dernier neurone de mon cerveau. Ils m’ont dit que c’est une opération unique en son genre, par son aspect intégral. Ils m’ont vanté l’avantage de cette situation : toute pièce mécanique étant remplaçable, je devenais potentiellement immortelle. Notez bien le potentiellement. Foutaises.


Sans doute suis-je le seul être à l’intelligence artificielle capable d’éprouver des émotions. À cause de ce que j’étais avant de basculer dans cette aventure technologique ? Cela reste un mystère. Car malgré le silicium qui gouverne mes pensées, j’aime Helen, et j’ai peur de mourir. Je suis consciente de la valeur de ma personne. Pour une poignée de secondes encore, je vis vraiment, je vibre, j’exulte. Je suis redevenue un véritable être humain, jusque dans la promesse d’une mort inéluctable qu’un autre destin aurait pu m’épargner. Je suis enfin heureuse. Jamais le désir n’a tant fleuri mon ventre.


Voilà, tout se dénoue. Les aliens font irruption dans un fracas démentiel de métal déchiré. Ils nous tournent autour, intrigués par la scène inattendue qu’ils découvrent. Helen se convulse, prête à succomber sous la brûlure de la jouissance excessive. L’aspect de nos assaillants me fascine plus qu’il m’effraie. J’espère que les xénomorphes ne vont pas me dédaigner comme ils ignorent la présence de Hans. Je renonce à ouvrir le feu. Le combat est trop inégal : ce serait dérisoire. Venez boire mon sang et mes fluides vitaux, l’hydrogène liquide de ma pile à combustible, le titane de mes os. Venez prendre le corps de chair et d’acier que je vous offre. Prenez-moi, déchirez-moi, mais je vous en supplie : épargnez Helen, pour qu’elle puisse témoigner de notre amour et de notre fantastique aventure.