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n° 19562Fiche technique44103 caractères44103
Temps de lecture estimé : 26 mn
21/04/20
corrigé 05/06/21
Résumé:  Il m'a fait découvrir la caresse des regards.
Critères:  fh hplusag caférestau voiture hdomine cérébral exhib confession
Auteur : Elodie S      Envoi mini-message
Regards




Rencontre



J’ai connu Stéphane au cours d’un dîner organisé par le frère d’une de mes meilleures copines, Julie. Je sortais d’une séparation douloureuse et me suis retrouvée assise à table à la droite d’un beau jeune homme (enfin, jeune, il avait huit ans de plus que moi) à la carrure athlétique, aux yeux verts et aux airs enjoués. Comme nous étions les seuls à ne pas être en couple parmi la quinzaine de personnes présentes, j’ai réalisé que cela ressemblait beaucoup à un « blind date » organisé par mon amie.


J’ai tout de suite été sous le charme de cet être viril, séduisant et séducteur, les circonstances faisant de moi une proie facile. À la fin du repas, Stéphane savait tout de moi, mes études, ma famille, mes chagrins d’amour, mes envies, mes craintes, mes passions, mes doutes. Et moi bien peu : juste qu’il était architecte, récemment embauché par un prestigieux cabinet parisien, et qu’il était divorcé et papa d’une petite Emma de trois ans. Évidemment, en fin de soirée, au moment de nous quitter, lorsqu’il me l’a demandé, je lui ai donné mon numéro de portable. Le lendemain soir, il m’appelait : il m’invitait au restaurant le samedi suivant. J’ai tenté de cacher mon enthousiasme lorsque je lui ai fait part de mon accord et lui ai donné mon adresse.


Il est toujours difficile de savoir quel look adopter pour un premier rendez-vous, quelle image de soi donner ! Après un débat cornélien avec moi-même, j’opte pour un style mi-femme fatale, mi-BCBG, en choisissant une robe en lamé bleu nuit au décolleté plutôt marqué et des escarpins à talons de près de 8 cm. Il me domine d’au moins une tête et était obligé de se pencher pour me parler lors du café. Dessous, un petit ensemble coordonné noir avec liseré de dentelles rouges. Je complète par une parure de perles et un joli petit nœud dans les cheveux assorti à ma robe. Dans mon miroir, le résultat me plaît. Ni trop agressif, ni trop passe-partout.


Il sonne à l’interphone avec une ponctualité parfaite. Je le fais volontairement attendre quelques instants avant de descendre. Une femme décente qui se prépare ne peut pas être à l’heure. Galamment, il m’ouvre la portière côté passager et m’installe dans sa berline allemande, non sans me complimenter sur ma beauté. Le prince charmant dans son carrosse aurait fait la même chose. Il m’annonce m’emmener dans un de ses restaurants préférés, à la cuisine remarquable et à l’intimité agréable. Nous sommes accueillis par le patron lui-même, qui tombe dans les bras de Stéphane et me lance, non sans m’avoir enveloppée d’un regard de maquignon :



Je me dis au fond de moi-même que je ne suis visiblement pas la première qu’il emmène ici. Une petite lampe rouge s’allume dans mon cerveau. Mais elle s’éteint bien vite, la nourriture est en effet très raffinée, l’ambiance, avec des chandelles à chaque table, grisante et la conversation de mon compagnon passionnante. Il est très cultivé et me fait voyager dans tous les pays où il bâtit, de New York à Buenos Aires, de Singapour à Delhi. Mon esprit vagabonde au fil de ses exploits. Lorsqu’au dessert, sa cuisse viendra s’appuyer contre la mienne, je ne refuse pas le contact. Et lorsqu’il pose, en attendant l’addition, la main sur ma cuisse, non plus.


Tout naturellement, arrivés chez moi, il monte. Heureusement, j’ai pris soin de ranger mon petit studio. Il s’amuse de ma décoration d’étudiante modèle, je lui prépare un café. À peine l’a-t-il terminé qu’il me prend dans ses bras, me gratifie d’un langoureux baiser, style dernier plan d’un film, et me porte sur mon lit, tout proche il est vrai. J’ai eu droit à une nuit merveilleuse, bien que j’aie peu dormi. Lorsqu’il me quitte au petit matin, mon lit ressemble à un champ de bataille, une intense odeur d’amour flotte dans l’air, et mon cou, mes seins et mes cuisses gardent les marques de ses étreintes voraces.




Découverte



Stéphane vient me voir à plusieurs reprises. Notre cérémonial est arrêté, il m’invite au restaurant (il en connaît beaucoup) puis nous rejoignons mon studio. C’est un amant incroyable, créatif, vigoureux. Je me sens poupée de chiffon dans ses bras tant il m’impose des figures que j’ignorais jusque-là. Il me laisse à chaque fois moulue, mais comblée, et j’ai bien du mal à obtenir de lui qu’il modère ses mâchoires pour ne pas me laisser couverte de vilains souvenirs mauves.


Une quinzaine de jours après notre première rencontre, surprise : il traîne dans mon lit, alors que jusque-là il en bondissait aux aurores comme un diable de sa boîte. Je file sous la douche, il m’y rejoint « pour s’assurer méticuleusement de mon hygiène intime » selon lui. Une fois « rassuré », il me propose d’aller prendre un petit-déjeuner dans un café. J’ai juste le temps d’enfiler mon shorty, une mini en jean et un débardeur blanc. Je m’engouffre avec lui dans l’ascenseur même pas maquillée. Il m’observe attentivement et me glisse :



C’est vrai que je n’ai même pas pris le temps de me regarder dans la glace avant de partir. Enfin, si Monsieur aime…

Un beau soleil de mai réchauffe la terrasse où nous sommes installés. Mon partenaire nous commande un copieux petit-déjeuner. Nos ébats nocturnes nous ont ouvert l’appétit. Nous papotons, il me détaille le menu des galipettes que nous devrons tester la prochaine fois, j’en rougirais presque. C’est alors que je sens le regard insistant de deux blacks, assis face à moi, à deux bons mètres. Non seulement mes seins libres sous le tissu captivent leur attention, mais ils essaient visiblement, en se penchant un peu, de voir ce qui se cache sous ma minijupe. Cela m’émeut, mais je serre le plus possible mes cuisses pour ne pas leur révéler mon shorty malgré le peu de tissu qui me vêt. Et, comme Stéphane leur tourne le dos, je l’informe de la tentative d’effraction visuelle dont je suis l’objet. Mon compagnon se retourne le plus discrètement possible pour observer les mateurs. Il me susurre :



Bien entendu, je n’en fais rien. Alors Stéphane fait un geste qui me laisse complètement pantoise : il glisse une main ferme entre mes cuisses et m’oblige à les ouvrir. Il les maintient écartées, et, lorsqu’il se retourne, l’un des blacks lui fait un grand sourire, poing fermé, pouce levé en guise de remerciement. C’est ainsi que, pendant de longues minutes, j’expose mon intimité à peine voilée à deux mâles inconnus. J’ai du mal à boire mon café.


Lorsque mon partenaire a enfin fini ses croissants, nous nous levons, les deux gars nous saluent, et nous retournons chez moi. Le malheur a voulu que mon amant, dans l’ascenseur, glisse une main sur mon dessous. Il la porte à sa narine et s’exclame :



À peine rentrés au studio, il me bascule sur le lit, me trousse comme une fille de joie et nous voilà repartis pour une énième saillie. Je n’en demandais pas tant…




La gifle




Nous nous retrouvons deux à trois fois par semaine, et l’intensité de nos ébats ne faiblit pas. Chaque fois que le lieu et l’environnement sont favorables, Stéphane me soumet à une petite séance d’exhibition, tantôt une jupe relevée, tantôt un corsage entrouvert par mégarde. Il sait qu’après, il me récupérera particulièrement accueillante à ses caresses. Le scénario est pratiquement toujours le même. À l’approche de la terrasse, il me fait signe de m’arrêter, s’avance et examine les consommateurs. D’un signe discret, il me montre la table où je dois m’installer, et s’assied pas très loin. Je dois agir comme si j’étais seule. Il m’envoie alors un message en me décrivant « ma cible ». Celle-ci varie : retraité, ouvrier, touriste, immigré. Parfois, je reçois une autre injonction, me précisant les audaces qu’il attend de moi. Lorsqu’il juge la séance arrivée à son terme, il m’envoie une note sur 10, précisant la qualité de ma prestation ! Et il me fait l’amour, parfois dans des endroits incongrus (porte cochère, voiture, parc, etc.).


Un jour, notre petit jeu a pris une tournure inattendue. Stéphane m’appelle en milieu d’un après-midi où je n’avais pas cours, me dit sortir d’un rendez-vous près de chez moi et avoir envie de flâner avec moi sur les grands boulevards. Lorsqu’il déboule chez moi, j’ai à peine le temps de ranger mes livres qu’il se dirige vers mon dressing. Surprise, j’assiste effarée à l’inspection de sa part de toute ma garde-robe ! Tel un éléphant dans un magasin de porcelaine, il inspecte toutes mes affaires et finit par brandir une jupe de tailleur grise et un corsage blanc. Un ensemble plutôt BCBG que j’ai porté, avec une veste assortie, lors de mon stage en entreprise. La jupe a cependant la particularité d’être fendue jusqu’à mi-cuisse sur le côté et le chemisier d’imposer le port d’un soutien-gorge assorti en raison de sa transparence. De cette voix rauque qu’il a quand il me désire, il me dicte :



Tout en contemplant d’un œil hagard mon dressing qui ressemble à un magasin de fringues le soir du premier jour des soldes, je me dénude et enfile sa sélection à même la peau. Il me tend ma paire d’escarpins qui a les plus hauts talons d’un geste autoritaire. Un rapide coup d’œil me prouve l’indécence de ma tenue : mes seins sont clairement visibles à travers l’étoffe. Il n’en a cure.


Nous marchons côte à côte dans la rue. Tous les hommes que nous croisons fixent avec air gourmand mon buste, les femmes étouffent des hoquets. Je serais seins nus, les réactions ne seraient pas différentes ! Heureusement, il me tient par le bras, je me sens protégée. Il va de son petit commentaire ironique à chacune des réactions des badauds que nous croisons. En plus, malgré moi, ma démarche est chaloupée par la taille de mes talons. En mon for intérieur, je me demande jusqu’où il m’emmènera.


Lorsque nous atteignons la grande avenue, il inspecte les terrasses alentour et se décide pour la moins fréquentée. Comme toujours, il me désigne ma place et s’assoit à une table derrière moi. Dur, car je ne peux le voir sans me retourner. Il me choisit un homme d’une cinquantaine d’années, assez quelconque, avec une calvitie prononcée et de petites lunettes métalliques. Sa compagne, d’une corpulence marquée, me tourne le dos. Je reçois alors sur mon téléphone le message suivant :


« Ouvre les deuxième et troisième boutons de ton corsage, pas le premier. »


Non seulement mon chemisier est transparent, mais maintenant il bâille. Du coin de l’œil, je surveille ma cible. Sa bouche s’arrondit, il enlève ses lunettes et les remet pour s’assurer qu’il n’est pas victime d’une hallucination. Je reçois un nouveau message de Stéphane, dont je sens la présence dans mon dos à quelques mètres de moi :


« Maintenant, remonte ta robe sur tes cuisses et penche-toi à plusieurs reprises comme pour enlever un caillou dans ta chaussure. »


J’obtempère comme une automate. Le plus discrètement possible, je tire ma robe sur mes cuisses et me penche une première fois. Je sens que mon corsage bâille largement et, en me relevant, dois y remettre mon sein droit qui veut s’en échapper. Un rapide coup d’œil vers mon observateur me révèle que son visage est devenu rouge d’émotion et qu’à plusieurs reprises, il ôte ses lunettes, les essuie et les remet. Elles doivent se couvrir de buée ! J’en suis à ma troisième inclinaison lorsque j’entends un bruit sec. Je me relève et constate que la compagne de mon mateur est debout, vocifère et s’en va bruyamment. Son pauvre mari, encore plus rubicond, cherche à tâtons au sol ses lunettes qui ont volé sous l’effet de la claque magistrale qu’il a reçue. La scène est vaudevillesque. Je m’empresse de refermer mon corsage et tire sur ma jupe, au moment où Stéphane passe devant moi et me fait signe de le suivre.


Le fou-rire nous prend dès que nous nous retrouvons. Mon amant me raconte que, alors que je cherchais le caillou dans ma chaussure, Madame s’est retournée, a réalisé ce que son mari fixait depuis un bon moment, s’est brusquement levée et lui a assené une violente gifle avant de s’en aller, seule. Stéphane me charge :



Je lui réponds qu’au tribunal, l’instigateur est souvent plus lourdement condamné que la femme de paille.




Un pari stupide



Pour le week-end de la Pentecôte, Stéphane m’a invitée chez un de ses copains à Deauville. Trois jours de break avant la période des examens ne peuvent que me faire du bien. Pour pouvoir partir tôt le samedi matin, il m’a invitée à dormir chez lui. Il a un adorable petit loft au dernier étage dans le Marais, décoré avec un goût exquis. C’est moderne, mais on sent la patte de l’architecte esthète. Il me fait visiter, en bas, le salon, la cuisine-salle à manger et une chambre qui lui sert en fait de remise. En haut, sa chambre et, clou du spectacle, une salle de bain avec un grand vasistas offrant une vue extraordinaire sur les toits de Paris et Notre-Dame (non défigurée à ce moment-là). C’est vraiment grandiose. Détail croustillant : une petite fenêtre a été creusée dans la cloison contiguë à la chambre et un petit store permet de moduler le degré d’intimité des ablutions. Il me glisse, narquois :



C’est la première fois qu’il fait référence à mon exhibition forcée à la terrasse du café en bas de chez moi et de la surprenante excitation qu’elle m’avait procurée il y a quelques jours. Pourtant, lorsque je suis seule dans mon lit, elle me hante.


Si l’appartement a beaucoup de cachet, on ne peut pas dire que le ménage y soit souvent fait. Sans parler de la chambre qui lui sert de dépôt, où règne un désordre absolu, il y a à redire sur la propreté de la table du salon, maculée par des pieds de verre, et dans l’évier traîne la vaisselle sale. Je ne peux m’empêcher d’y mettre un peu d’ordre sous ses railleries se moquant de la fée du logis et ses pelotages récurrents pour me déconcentrer. Je finis seins à l‘air et sans shorty.


Nous sortons dîner dans un petit restaurant typique du Marais. Là encore, le patron complimente Stéphane, chaque fois accompagné, selon lui, d’une plus jeune et plus jolie. Existe-t-il un bistrot où il n’a pas amené une de ses précédentes conquêtes ? Lors du dîner, je ne manque pas de le taquiner sur le désordre qui règne non seulement chez lui, mais qu’il provoque chez moi quand il cherche les vêtements qui siéront le mieux au rôle qu’il veut me faire jouer. Ce n’est pas un homme d’intérieur ! Il me promet que demain soir, à Deauville, il fera la vaisselle et rangera toute la cuisine. Connaissant le loustic, je lui dis que je suis prête à parier. Il relève le défi. Les enjeux : un gage qui sera révélé à l’autre après résultat. J’ai choisi mon gage secret : un week-end en Italie tous les deux.


Cette nuit-là, mon amant m’a prise en levrette. Mais, à ma grande surprise, il en a profité pour m’administrer des claques bruyantes sur les fesses. C’était cinglant, et j’ai vivement protesté. Mais, profitant de sa force et de sa position dominante, il a continué à me fesser. Étrangement, je me suis rendu compte que cela stimulait mon plaisir et que finalement c’était plus bruyant que vraiment douloureux. Il m’a procuré un orgasme particulièrement intense cette nuit-là. Mon amant déteste que j’aille faire mes ablutions post-coïtales, il aime que je garde sa semence en moi, ce qui conduit à des réveils désagréables. Malgré cela, je me suis levée discrètement dans la nuit pour rejoindre sa salle de bain. J’y ai réalisé que j’avais le derrière tout rouge et des striures de doigts apparentes. J’ai dirigé un jet d’eau tiède sur mon postérieur puis appliqué une crème apaisante. Heureusement, presque tout avait disparu le lendemain matin.


Nous avons passé un excellent séjour à Deauville. Le copain et sa femme qui nous reçoivent sont charmants et hospitaliers, et les deux autres couples sympas. Les hommes jouent au tennis, nous papotons entre femmes. Je suis largement la plus jeune. Nous allons nous promener sur la plage, je mets un orteil dans l’eau, elle est glaciale. Je ne pourrai pas pavaner avec le petit bikini acheté pour l’occasion.


À la fin d’un excellent dîner, je me garde bien de rappeler à Stéphane notre pari pour gagner mon voyage en Italie et me lève en même temps que la maîtresse de maison pour desservir. Malheureusement, Stéphane interrompt le discours sur la politique du gouvernement qu’il développait pour ses copains et s’adresse solennellement à l’assemblée :



Passé un court instant de stupeur, les rires et les applaudissements éclatent. Je suis félicitée pour avoir transformé un goujat en gendre idéal ! Puis nous sommes pressés, Stéphane et moi, de révéler l’enjeu du pari. Je dois avouer mon ignorance. Quant à lui, très cachottier, il nous annonce qu’il le révélera juste avant notre départ.


Du coin de l’œil, toutes les femmes épient le malheureux à la plonge. Il y a un lave-vaisselle, certes, mais il met un bon moment à comprendre l’usage des grilles internes. En plus, il veut absolument y mettre un gros saladier qui occupe une place folle au détriment des assiettes et verres qu’il devra laver à la main. Après de longues hésitations, il renonce à son projet et met les assiettes à la place.


Pendant que les hommes boivent un cognac, nous surveillons avec délice les premiers pas de notre apprenti plongeur. Je dois reconnaître qu’à la fin, en ayant mis le temps, il est parvenu à ses fins. Lorsque nous montons nous coucher, j’ai beau me faire très chatte, je n’arrive pas à lui soutirer le sort qu’il me réserve.


Les deux jours suivants se passent dans une excellente ambiance. Activités sportives (pétanque incluse), ballades, tourisme, le temps file vite. Le dimanche soir, nous dînons au casino, dansons un peu, mais les hommes sont plus attirés par le black jack. Je gagne un peu au départ, puis perds tout ensuite. Un seul d’entre nous est positif lorsque nous décidons de rentrer. Une fois arrivés, les hommes, pris par l’enfer du jeu, nous proposent un strip-poker. Malgré les réticences féminines, ces messieurs installent la table. Je suis la première à la quitter, vêtue de mon seul shorty. Mais une autre ne tarde pas à nous rejoindre. À la fin, ne restent habillés (partiellement) que notre hôte et Stéphane.


C’est avec une certaine mélancolie que s’achève notre long week-end. Bien entendu, au moment de partir, il est interrogé sur le gain de notre fameux pari. Je manque de faire un malaise lorsque je l’entends proclamer :



Évidemment, les hommes demandent l’exécution immédiate du pari. Je bous contre Stéphane, le salaud, il me le paiera. Le pire, c’est qu’il me regarde de manière ironique, attendant patiemment que j’honore notre contrat. De guerre lasse, je me dévêts rapidement et saute me pelotonner sur le siège avant de la voiture. Mon compagnon semble prendre un malin plaisir à retarder le départ de sa berline.


Une fois seuls, je lui dis tout le mal que je pense de ce stupide enjeu. Il sourit sans me répondre. Sa seule réaction est de venir poser une main de propriétaire sur ma cuisse, un peu comme un maquignon flatterait la pouliche qu’il vient d’acquérir. Heureusement, recroquevillée sur mon siège, une main masquant mes seins et l’autre mon minou, je suis invisible par les conducteurs que nous croisons. Je rumine ma fureur… Je ferme les yeux pour ne rien voir. J’ai mis les Pink Floyd à fond, pour priver mon chauffeur de ma conversation.


Tout se passe sans encombre jusqu’à l’entrée du péage de l’autoroute. Soudain, un puissant coup de klaxon me fait sursauter. J’ouvre les paupières et découvre le visage hilare d’un chauffeur de poids lourd qui se rince l’œil grâce à la vue plongeante qu’il a sur l’habitacle. Je referme les miens de rage. Je suis la proie d’un intense débat interne. Oui, Stéphane est un marionnettiste. Oui, je suis sa marionnette. Oui, j’en tire beaucoup de plaisir. Alors, pourquoi ma réaction de gamine refusant le gage coquin auquel il m’a soumise ? Ces réflexions me poussent à ôter les mains qui masquaient jusque-là mes principaux points d’intérêt pour la gent masculine. Mon compagnon s’en rend compte, me sourit et vient poser sa main sur l’intérieur de ma cuisse. J’aimerais qu’elle migre vers mes lèvres intimes et les écarte, je me sens tout humide.


Mais le dépassement d’un nouveau camion me sort de mon introspection. Visiblement, mon chauffeur ralentit volontairement une fois parvenu à la hauteur de la cabine. Je n’ose regarder le chauffeur et expose, passive, mon corps à son attention. Les coups d’avertisseur répétés me prouvent l’effet de ma nudité. Nous restons à sa hauteur quelques instants, mais la présence d’un véhicule derrière nous nous contraint à une brusque accélération. Nous sommes l’objet de nombreux appels de phare, et je devine que si son bahut le lui permettait, le chauffeur nous aurait collé… aux fesses !


Je ne compte pas le nombre de poids lourds auxquels je livre les détails de mon anatomie. Peut-être douze, peut-être quinze. Je sens ma timidité fondre au fur et à mesure que mes envies augmentent. J’ose maintenant croiser les regards chargés de testostérone des chauffeurs lubriques. J’ai même posé les pieds sur la planchette du tableau de bord pour mieux m’ouvrir et m’exposer…


Une fois dans Paris, je reprends ma position fœtale pour ne pas affoler les piétons. À un feu, un motard vient à note niveau, à gauche de la berline. Au rouge suivant, il est de mon côté. Je ne peux deviner son regard, mais ses hochements de tête prouvent son appréciation du spectacle que je lui donne. Il nous suit, roulant sagement juste à côté de moi. À l’arrêt suivant, il cogne du doigt sur ma vitre, m’implorant de l’ouvrir. La fois d’après, surprise, Stéphane a actionné son ouverture ! Le gant vient se poser sur mon mamelon, l’agace un peu et entreprend une lente descente vers mon ventre. Le contact froid du cuir sur ma peau, le contraste entre la couleur sombre et la blancheur de mon corps et l’impossibilité de voir les traits du propriétaire de l’audacieuse main me grisent. Une fois de plus, un coup de klaxon rageur me sort de ma torpeur et Stéphane doit redémarrer, le feu est au vert.


L’homme et son bolide nous suivent jusqu’à l’entrée du parking. Il s’arrête, visiblement hésitant. Va-t-il nous suivre ? La porte basculante efface son énigmatique silhouette, comme une chimère qui n’aurait jamais existé. Je veux reprendre mes affaires jetées sur le siège arrière et me vêtir malgré ma moiteur intime, Stéphane arrête mon geste.



Nous n’avons rien décidé du tout, mais je me soumets à sa volonté. J’enfile mes escarpins et prends mes vêtements, mon compagnon se charge des deux sacs. Je m’attends, lorsque la porte de l’étroit ascenseur s’ouvre, à tomber nez à nez avec un résident. Il n’en est rien. À chaque étage, je m’attends à une situation identique, mais nous arrivons sans dommage au dernier. À peine Stéphane a-t-il posé nos bagages que je le pousse vers un fauteuil, l’y fais basculer, ouvre avec précipitation sa braguette, saisis son membre bandé et, m’asseyant face à lui, l’engloutis ! C’est la première fois que je viole un homme…




L’Offrande



À l’approche des examens, mes rencontres avec Stéphane s’espacent quelque peu, d’autant qu’il est parti presque une semaine à New York. À deux reprises, il m’emmène faire un tour au Bois de Boulogne dans la continuation de notre périple de retour de Deauville. Honnêtement, je n’apprécie pas cette ambiance glauque, ces travestis vulgaires, ces taches de sperme hideuses sur la vitre de la voiture. Les deux seuls moments où je me sens excitée, c’est évidemment lorsque je vois cette forêt de queues anonymes (puisque je ne distingue pas les visages de leur propriétaire) bandées pour moi ; et, plus étonnamment, quand je vois, sous la lumière blafarde du plafonnier, la main de mon amant ouvrir ma robe, agacer mes seins et surtout glisser sous mon shorty.


Je ne sais trop pourquoi, mais je trouve un contenu hautement érotique à la vue de ses doigts virils qui s’agitent doucement à travers la transparence des dentelles de mon dessous. À plusieurs reprises, mon amant me demande si je veux qu’il baisse ma vitre pour que je puisse toucher. Je refuse, ils sont trop nombreux, trop sordides. De guerre lasse, je finis par masturber un grand noir, seul, lui, particulièrement gâté par la nature. Je refuse de le sucer alors qu’il insiste pour cela. J’ai deux mains qui me pelotent les seins simultanément, l’une, blanche, à gauche celle de mon amant, l’autre noire, à droite, celle de l’Africain. Mon visage échappe de justesse à la salve dont il arrose le poste de radio. Heureusement, d’un geste fort avisé, Stéphane remonte rapidement la vitre, et l’impétrant termine le tableau d’art abstrait esquissé par ses confrères sur celle-ci.


La seconde anecdote remarquable se passe dans un café à une centaine de mètres de chez moi, car j’ai demandé à mon amant d’éviter, pour ma réputation, le bistrot à côté de mon immeuble. Stéphane m’a choisi ce jour-là un petit short rose Hello Kitty et un débardeur largement échancré aux aisselles qui dévoile le flanc de mes seins chaque fois que je lève les bras. Il me désigne deux ouvriers en bleu de travail qui sirotent un pastis. Le message que je reçois est clair :


« Penche-toi, de profil, et fais le coup du caillou dans la chaussure ! »


À ma première tentative, les poissons mordent. J’ai le droit à des gestes sans équivoque m’invitant à les rejoindre. Je feins de ne pas les voir. Le second message est aussi net :


« Rejoins-les ! »


Je fais comme si je découvrais leurs propositions, hésite juste ce qu’il se doit et les rejoins sur la banquette sur laquelle ils sont assis. L’un d’eux se lève et me laisse la place qu’il occupait. Ils se présentent, Luis et Fernando, deux maçons travaillant sur la construction voisine. Ils me demandent ce que je fais, seule, ici. Je bafouille que j’attends un ami dont le retard me fait douter de sa réelle venue. Non, ce n’est pas mon fiancé, juste un copain. Mon voisin de droite, la quarantaine, est râblé et a les avant-bras tellement velus qu’il ressemble à un ours. Celui de gauche, à peu près du même âge, plus efflanqué, a la lèvre supérieure couverte d’une épaisse moustache noire. Ils me disent avoir hâte de finir leur chantier pour partir en vacances retrouver leur famille au Portugal.


Ayant avoué ne pas connaître leur pays, j’ai droit à sa promotion in vivo. Le charme de Lisbonne, les douceurs de l’Algarve, les trésors de Porto… Au fur et à mesure où ils déroulent leur catalogue touristique, leurs cuisses s’appuient sur les miennes, le contact râpeux de leur bleu de travail maculé de ciment me fait frémir. Je sens leur regard essayer de se glisser sous mes aisselles découvertes. Profitant de mon absence de réaction, bientôt leurs mains entrent en action, se posent presque innocemment sur mes genoux et entreprennent leur progression vers le haut. Je dois mettre les miennes en barrage, elles ont une fâcheuse tendance à explorer les contours de mon short ! Ils se font de plus en plus pressants. Je dois me fâcher et les tance d’un air le plus sévère possible :



Très vite, je me rends compte de ma bourde. Eux l’ont bien compris, je m’engageais : ailleurs, oui ! Commence entre eux une conversation en portugais dont je ne comprends pas grand-chose, sinon que j’en suis l’enjeu. Le ton monte entre eux, ils en viennent presque aux mains. Je me fais toute petite. Heureusement, Stéphane s’est vite rendu compte que nous perdions le contrôle de la situation. Il s’approche de notre table et me dis avec un cynique aplomb :



Nous quittons notre aire de jeux, non sans nous gausser de cette fin de partie pour le moins inattendue.


L’expérience la plus marquante a lieu une dizaine de jours plus tard. Stéphane m’a choisi ce jour-là une robe portefeuille marine au look assez sage, mais qui s’ouvre sur le devant jusqu’à la taille, et un corsage jaune à la transparence troublante. Cette fois, mes aréoles sont clairement visibles. Il exige que je n’aie rien dessous. Il y a peu de monde aux terrasses des cafés, et la cible qu’il me choisit m’étonne : il s’agit d’un adolescent qui converse avec deux filles qui me paraissent gamines. Mais je ne les vois que de dos. Le visage du garçon me fascine : il a une chevelure abondante dont les boucles s’éclaircissent, un front large, des yeux si bleus qu’on y voit la mer, un petit nez qui le rajeunit et des lèvres épaisses et sensuelles. On dirait un dieu grec !


Bien que je me sois arrangée pour que ma jupe s’ouvre presque jusqu’en haut, j’ai bien du mal à capter son attention. Jusque-là, mes proies me repéraient plus vite. Enfin, tout d’un coup, son regard se fige sur moi. Il laisse ses copines bavarder et ne me lâche plus des yeux. Bien que ma tasse soit vide, je feins de continuer de la boire. Lorsque je la pose, nos yeux se croisent, j’esquisse un pâle sourire, il y répond, irradiant son visage. Pendant une dizaine de minutes, nous restons ainsi, les prunelles encastrées l’une dans l’autre. Les deux minettes se lèvent, il les salue brièvement, et se rassoit. Je reçois alors un message de Steph :


« Rejoins-moi aux toilettes ! »


Je pose mon sac bien en évidence sur ma table pour montrer que je ne vais pas loin, et rejoins mon amant aux lavabos. Il me tend un jeu de clé et m’intime d’une voix autoritaire :



Cette nouvelle mission, originale, a le mérite de la clarté ! Nos regards se croisent à nouveau dès que je reviens à ma table et nous échangeons plusieurs sourires avant même que j’aie laissé ma jupe s’ouvrir. Je corrige ma position puis, d’un petit signe discret, lui fais signe de me rejoindre. Il se lève aussitôt, prend son porte-documents et me rejoint. Il s’appelle Stan, habite le quartier, fréquente le lycée voisin et est en prépa. Il passe ses partielles dans deux jours. Je n’ose pas lui demander son âge. Il m’interroge sur mes études, me demande si je suis seule dans la vie. Je lui réponds longuement sur le premier point, de manière très elliptique sur le second. Il me fait part de son souhait d’intégrer une école d’ingénieurs.


Au début de la conversation, ses beaux yeux bleus effleurent de manière presque gênée mes cuisses découvertes et mon buste apparent. Peu à peu, son regard s’affermit, et il ne craint plus que je m’offense de ses coups d’œil lubriques. Je fais comme si je ne remarquais rien et à mon tour lui pose des questions plus intimes. Non, aucune des deux filles qui étaient avec lui n’est sa petite amie. D’ailleurs, il n’en a pas en ce moment. Oui, il a eu un flirt très poussé avec une.


Sur le ton de la confidence pour ne pas le brusquer, je lui demande ce qu’il entend par là. Il rosit délicieusement, et m’avoue par périphrases que leur expérience a tenu de l’exploration manuelle poussée. Il finit par m’avouer, en baissant les yeux, qu’il n’est jamais allé « jusqu’au bout » avec une femme. Je réalise alors que la mission que m’a confiée Stéphane est d’ordre initiatique. J’ai lu qu’il s’agit là d’un fantasme très commun des femmes qui ont passé la quarantaine, mais, pour moi aussi, ce sera aussi une forme de première ! D’ailleurs, mon téléphone vibre ! C’est évidemment Stéphane :


« Alors, il est bien puceau ? »


Je cache mon écran pour que mon vis-à-vis ne le voie pas pour lui répondre par l’affirmative. L’atmosphère se détend un peu, car nous abordons de sujets moins intimes, il est un cinéphile avisé. Le temps passe, ses yeux sont de plus en plus gourmands, alors je lui propose très naturellement de venir boire un coca chez moi. Il acquiesce.


Dans l’étroit ascenseur qui monte chez mon amant, je frôle à plusieurs reprises, comme par mégarde, son bas-ventre de mes fesses. Il me semble avoir senti la preuve de son intérêt pour moi. Je réalise que, cette fois, Stéphane (dont j’ignore le point de chute) a interverti les rôles. De proie, je suis devenue prédatrice. Mais ma victime est si tendre que je décide d’user d’une grande douceur pour la dévorer…


J’installe Stan dans un fauteuil du salon. Je vais lui chercher un coca et m’assois face à lui, laissant naturellement ma jupe s’ouvrir. Nous trinquons. Tout d’un coup, son regard se fige sur mon bas-ventre. Il a dû voir mon minou. Il pique un fard et me souffle :



J’ai tenté de répondre le plus spontanément possible. Avec le même naturel, je referme les pans de ma robe, comme si j’étais désolée de ce petit accident « ménager ». Je sens l’attitude du jeune homme changer. Il se lève, s’approche de moi, me complimente de ma beauté et s’incline pour m’embrasser ; je minaude juste ce qu’il faut et finis par lui donner mes lèvres. Son baiser est aussi frais que maladroit. Sa langue hésite à me pénétrer, alors c’est la mienne qui part explorer son palais. D’une main, il me saisit un sein, de l’autre il se faufile vers la fugitive vision qu’il a eue. Ses doigts sont presque trop doux, il effleure plus qu’il ne caresse. Je suis à la fois grisée et frustrée. Je n’ai vraiment pas l’habitude d’être traitée aussi délicatement. Il est presque féminin dans ses gestes ! Moi qui m’imaginais qu’inexpérience et frénésie rimaient ! Alors, délicatement, je prends sa main et, dans un murmure, l’invite à me suivre. Dans l’escalier qui monte à la chambre, je sens sur une fesse sa première preuve d’audace. Arrivés, près du lit, je lui fais face et, d’une voix qui me semble être étrangère, lui dit :



Il s’avance un peu théâtralement vers moi, pose ses mains sur ma poitrine et ouvre un à un mes boutons. Je me penche un peu en arrière pour faire saillir mon buste et tomber mon corsage en arrière. Ce faisant, je lui offre mon cou. Il y dépose un baiser appuyé, ses dents viennent mordiller ma chair. Puis il se recule et regarde, ébloui, mes seins. Je dois lui rappeler que j’ai aussi une jupe. Il s’escrime sans succès sur sa fermeture. Heureusement que je n’ai pas mis de soutien-gorge, bien plus difficile à dégrafer ! J’ai pitié de lui et viens à sa rescousse. Mon dernier vêtement tombe en corolle autour de moi. Alors, je bascule en arrière sur le lit et, les cuisses ouvertes, m’offre à lui. Il se dévêt et me recouvre de son corps. Je sens son jeune sexe durci tenter de forcer sur mon nombril, alors qu’il me tète un sein comme un bébé affamé !


Une fois de plus, ma main vient à son secours et, se saisissant sa tige, la pose aux portes du paradis. Il s’enfonce en moi, lentement, inexorablement. Son glaive a trouvé un fourreau. Malheureusement, il m’écrase un peu, comme souvent les hommes quand ils me prennent en missionnaire. J’ai beau, par de petites tapes sur ses avant-bras lui suggérer de s’appuyer sur ses coudes pour me soulager d’une partie de sa masse, il continue ses va-et-vient, de plus en plus rapides, de plus en plus puissants. Je sens le plaisir monter dans mes reins, j’essaie de le retenir jusqu’à ce que sa sève explose en moi et me lâche alors dans un orgasme mouillé. Pour la première fois, je suis allée jusqu’au bout avec une des cibles qui m’a été désignée !


Lorsque je reviens sur terre, mon jeune apollon a la tête posée sur ma poitrine, une de ses mains court sur mon ventre, de mon nombril à ma toison. Peut-être repère-t-il ma géographie pour éviter l’erreur de son premier assaut. J’aime ce moment de calme après la tempête où les corps comblés nagent dans une douce béatitude, où sueur, sperme et cyprine ne sont pas encore incommodants.

La voix de Stéphane interrompt brutalement ce moment délicieux :



Stan, perdu, a bondi hors du lit. Il enfile son pantalon sans même mettre son boxer, prend sa chemise, enfile ses baskets et descend l’escalier quatre à quatre. Nous entendons la porte d’entrée claquer. Je comprends tout : Stéphane nous a espionnés par la petite fenêtre qui nous sépare de la salle de bain ! Je suis furieuse contre lui, mon jeune partenaire n’a même pas pu donner le moindre baiser d’adieu à la première femme qui lui a offert son corps. Je le dis à Stéphane, qui s’amuse de mes propos et ne me répond que par un sourire sardonique. Je réalise plus que jamais combien il aime manipuler les autres, et moi en particulier !




L’Adieu aux larmes



Je réussis mes contrôles et suis admise en deuxième année de BTS. Je passe le mois de juillet en Bretagne chez ma grand-mère (avec juste une petite aventure avec un garçon de mon âge) et reviens à Paris en août pour un stage d’assistante de direction. Stéphane, disparu de mes écrans radars tout l’été, réapparaît début septembre. Je retrouve avec plaisir ses étreintes fougueuses. Étrangement, nos petits jeux aux terrasses ne reprennent pas.


Un matin, après une nuit marquée par nos cavalcades endiablées, je rentre dans la salle de bain pour me doucher alors que mon amant s’affaire à préparer le petit-déjeuner. Je tombe sur une trousse de maquillage posée à côté du lavabo. Curieuse, j’en explore le contenu ; à part une plaquette de pilules contraceptives entamées, le reste ressemble à une pub de Dior, puisqu’elle contient un tube de rouge à lèvres, un gloss, un pot de vernis à ongles, un crayon à sourcils, une brosse à cils, un eye lasher et un pot de fond de teint ! Furieuse, je descends, nue, les escaliers et, agitant cette preuve incontournable devant ses yeux, l’accuse :



Furieuse, je monte me rhabiller sans même faire ma toilette, prends toutes mes affaires, passe devant Stéphane sans même un regard et sors en claquant la porte.

Pendant plus d’un mois, j’attends en vain un appel de sa part. Je tombe par hasard sur un reportage de presse people sur Les épouses des Ministres. Je ne peux m’empêcher de le feuilleter. Par élimination sur des critères essentiellement physiques, il ne me reste plus que deux candidates pour le poste de maîtresse de Monsieur. Ma libido et mon amour propre s’entre-déchirent. Ce ne sera sûrement pas moi qui ferai le premier pas pour retrouver un homme qui a une maîtresse de quarante ans, une de trente et une de vingt. Je ne veux pas être… la troisième roue du carrosse. Mais, parallèlement, mon corps le réclame, les autres hommes ne m’attirent pas ! Heureusement, j’arrive à obtenir un stage d’un an aux USA et une année de césure en conséquence. Je mets plusieurs milliers de kilomètres entre lui et moi.


C’est ainsi que j’ai tourné la page Stéphane. Enfin, parfois, je me demande si je l’ai vraiment tournée…