La voix est jeune, plutôt enjouée. Enjouée ? En fait, je n’en sais rien, c’est la première fois de ma vie qu’on me répond en chinois, je ne peux donc pas juger de cette intonation de ce qui ressemblait à « Zàï » et doit correspondre à notre « Allô ».
- — Bonjour Xiu ! Je suis Claude Pessac ! Je ne te dérange pas ? Tu ne dormais pas ?
Silence complet sur la ligne. La réponse tarde, puis, d’une toute petite voix teintée d’étonnement, la jeune femme répond :
- — Euh… Non, je ne dormais pas. Mais… Excusez-moi, je n’ai pas bien compris. Qui êtes-vous ? Je vous connais ?
Je précise :
- — Claude Pessac. Je suis un ami de Ben, ton amant français qui te fait reluire régulièrement au téléphone.
- — Reluire ?
Bien qu’elle ait passé toute sa jeunesse et son adolescence en France, il est compréhensible que la jolie Chinoise ne connaisse pas toutes les subtilités de notre argot.
- — Il te fait jouir, il te branle à distance, il te baise par téléphone. Non ?
- — Mais… mais…
Il est clair que Xiu suffoque un peu, qu’elle est sidérée par mes propos. On peut le comprendre, me semble-t-il, et c’était bien le but recherché ! J’enfonce le clou :
- — Comment ça « Mais » ? Tu veux dire que Ben m’a menti à ton sujet ? Qu’il affabule, qu’il s’est inventé une amante exotique, qu’il prend ses rêves pour des réalités ? Tu veux dire que tu n’es pas la petite salope qu’il m’a décrite, toujours prête à écarter ses cuisses, la chaudasse qui aime que ce soit hard, qui réclame des mots crus ?
Ma sortie est crue, nette et sans détour, mais il faut bien que je sache si mon pote m’a ou non raconté des craques. Je note déjà que la belle ne m’a pas raccroché au nez. Un bon point ! Dans le même temps, j’imagine le choc que mes propos ont dû provoquer. Il y a de quoi la déstabiliser, l’apeurer. Sans doute se sent-elle trahie par Ben, affolée qu’il ait révélé leurs petits secrets, ses inavouables perversions. Sa respiration accélérée parfaitement perceptible témoigne de son trouble, voire de sa peur. Peut-être craint-elle que je veuille la faire chanter…
- — Mais qu’est-ce que vous voulez, demande-t-elle, une pointe d’angoisse dans la voix.
Elle ne dément pas ! Elle ne crie pas, ne nie pas catégoriquement. Bien au contraire, sa voix, basse, voilée, presque lasse, trahit déjà sa défaite, l’aveu de ses indécentes turpitudes.
- — Je ne te veux rien de mal, bien au contraire. Rien que tu ne veuilles pas, rien que tu ne désires pas.
- — C’est vrai ? Vous êtes Claude Pessac ? Vous êtes vraiment l’ami de Ben ? Il vous a parlé de moi ? Vous ne me voulez pas de mal ?
- — Oui, oui, oui, oui et non ! Non, je ne te veux aucun mal, que du bien, à condition que tu en sois d’accord. Bien sûr, je comprends que tu sois déstabilisée, inquiète même. Que tu te sentes un peu trahie par Ben, mais rassure-toi, ce n’est qu’à moi qu’il a parlé de toi. Rien qu’à moi, parce que nous sommes amis bien que nous ne nous connaissions pas depuis très très longtemps. Mais l’amitié, c’est comme l’amour, en plus fiable et plus durable souvent. Entre lui et moi, il n’aura fallu qu’un instant pour que nous soyons amis. De vrais amis.
Après une petite pause, j’enchaîne :
- — Je sais que Ben t’a envoyé quelques-uns de mes textes. Les as-tu lus ? Est-ce que tu as aimé ?
Un ange passe ; ça doit carburer dur dans sa petite tête. Mais j’ai une petite chance : si elle est bien celle que m’a décrite mon pote et si mes histoires l’ont tant soit peu excitée, alors…
D’une voix désormais plus assurée, plus amicale, caressante, la jeune femme finit par expliquer :
- — Oui, c’est vrai, il m’a envoyé… Oui, j’ai aimé ces histoires. Certaines m’ont plus touchée que d’autres. Je dois reconnaître, mais cela ne vous étonnera pas, que j’aie un faible pour Bérénice, la petite Eurasienne des Parques : elle me ressemble beaucoup, physiquement… et tout, et tout.
- — Dis-moi z’en plus !
Je l’entends déglutir. Elle cherche ses mots, hésite, se reprend :
- — Eh bien je… Mais attendez ! Vous voulez quoi ? Remplacer Ben ?
- — Remplacer Ben ? Mais pas du tout ! Quelle idée ! Ne me dis pas que, gourmande comme tu l’es, tu ne pourrais pas avoir deux amants à distance ? Tu en as peut-être déjà plusieurs ?
- — Non !
La réponse a fusé, véritable cri du cœur ; à moins qu’elle ne soit une fabuleuse actrice ! Je reste muet dans l’attente de la suite, espérant son acceptation.
- — J’aime beaucoup votre voix ! Elle est chaude, sensuelle. Elle me fait des frissons. Et j’adore vos textes. Pour les situations hots qu’ils contiennent, mais pas que ! Je lis beaucoup, énormément, en français et j’ai pour habitude de noter tous les mots qui me sont inconnus ou dont je ne suis pas sûre de comprendre toutes les finesses et subtilités ; puis je les cherche dans mes dicos ou sur le net. Avec vos histoires, je découvre beaucoup de mots, j’élargis mon vocabulaire, particulièrement sur les mots désignant les parties intimes ! Pour beaucoup, inutile d’espérer les trouver dans le Littré ou le Grand Larousse, mais bon, le con… texte est suffisamment explicite pour j’en apprécie le sens, bref, pour le con… prendre et c’est bien là le plus important non ?
- — Waouh ! J’aime beaucoup le con… texte ! Et pour le con… prendre, j’y compte bien… au sujet du tien !
- — Me too !
OK, c’est dans la poche ! In the pocket ! Elle accepte !
- — Tu sais, moi aussi, j’aime beaucoup ta voix, elle me touche, elle me fait vibrer. Mais, avant d’aller plus loin, dis-moi, à propos de Bérénice, qu’est-ce que tu as aimé ?
Profonde respiration. J’imagine la belle Asiate en train de se lover confortablement dans son canapé ; ou dans son lit, vu l’heure. On éclaircira ce point plus tard…
- — À part le fait qu’elle me ressemble beaucoup physiquement, elle est cash, comme moi. Elle est sensuelle, gourmande, effrontée, libre. Elle n’a pas beaucoup de limites, d’interdits, elle ne fait pas semblant, elle aime ça !
- — Elle aime la baise. Comme toi !
- — Oui… comme moi, avoue Xiu, chuchotant presque.
- — Tu es donc bien la petite pute que Ben m’a décrite. Au fait, ça ne te gêne pas que je te traite de pute ou de salope ?
- — Non, reconnaît-elle dans un souffle. J’aime quand les paroles sont hard.
- — Juste les paroles ? Tu es du genre maso, Johnny fais-moi mal ?
- — Johnny ? C’est qui Johnny ?
- — T’inquiète, c’est juste une vieille chanson de Piaf où une femme demandait à son amant de lui faire mal. Une masochiste.
- — Ah d’accord. Mais non, je ne suis pas maso. Hard d’accord, mais pas violence. Enfin, un peu brutal parfois, ça ne me gêne pas, mais pas des coups. Je dirais que je suis… soumise, obéissante et surtout gourmande.
- — Bien, on progresse !
À pas de géant ! En passant cet appel, franchement, je n’avais pas imaginé que les choses seraient si simples. J’en arrive à me dire que Ben a peut-être bien prévenu la donzelle de l’éventualité de mon coup de fil. Histoire de lui éviter un coup de stress trop violent.
- — Oh, mon dieu, je suis folle de parler comme ça ! Je… enfin, oui, j’ai beaucoup aimé la scène où Bérénice rentre chez elle pour retrouver son « Jules » qui l’attend avec des fleurs, top romantique, mais qu’elle lui saute dessus pour se faire baiser dans le couloir. Et puis quand elle l’allume, à table ensuite. Et… dans la chambre encore. Surtout !
- — Tu as aimé à quel point. Tu as lu ce texte d’une main ?
- — D’une main ?
- — Oui, d’une seule main… car l’autre était occupée ?
- — Ah oui, répond-elle ayant compris le sens. Oui, j’étais sur mon lit, en t-shirt très léger. Rien d’autre. Très vite, j’ai senti les pointes de mes… seins se dresser, durcir, pointer sous le tissu. Mes tétons sont très sensibles. Une chaleur a réchauffé mon ventre et oui, j’ai tenu les feuilles d’une main parce que l’autre a plongé vers mon buisson et mon… sexe.
Pas tout à fait à l’aise encore, Xiu hésite encore à utiliser les termes précis relatifs à son anatomie intime.
- — Et alors ?
- — D’abord, j’ai juste caressé légèrement les grandes lèvres, attendant que les petites se déploient. J’ai senti que je… mouillais beaucoup. Alors, un doigt est allé recueillir ma liqueur pour l’étaler sur les replis de mon sexe chaud, mes doigts se sont promenés dans ma fente. Doucement, légers et tranquilles. J’ai résisté, je voulais faire durer et je n’ai pas abordé mon bouton même quand Jules a commencé à la baiser sur la table de la cuisine. Mais quand il l’a traitée de salope et de chienne, là, j’ai craqué et je me suis… explosé le bouton. J’ai essayé de lire encore, mais les feuilles ont glissé, j’avais alors besoin de mes deux mains : je me suis… fourré trois doigts dans la chatte, cuisses… écartelées et je… me suis… branlée comme une folle. Je m’imaginais à la place de Bérénice, je sentais la bite entrer et sortir… buter au fond de ma grotte… me défoncer. J’ai… j’ai joui ! C’était trop bon !
Le monologue de Xiu s’est haché, les pauses, les hésitations marquées sont désormais involontaires. Elles ne résultent plus là d’une timide pudeur à prononcer des mots crus, mais sans nul doute de l’excitation qui l’a gagnée. Je suis sûr qu’elle adorait maintenant poursuivre cet appel en mains libres ! Moi-même, je ne suis pas de glace et j’ai libéré ma queue que je branle doucement. Mais je ne veux pas précipiter les choses. Il faut que la tempère un peu :
- — Et là, à cet instant, tu es excitée, tu te branles n’est-ce pas ? Tu es sur ton lit ? Dans ta chambre ? Décris-moi le tableau maintenant !
Profond soupir de la jeune femme qui comprend que je veux casser son élan.
- — Non, je suis dans le salon, sur le canapé. Mon mari dort dans la chambre.
- — Ton mari ? Je croyais que vous…
Elle me coupe vivement :
- — Oui, nous divorçons. Il dégage dans dix jours. Il emménagera avec sa pouf !
- — OK, compris !
Je perçois des bruits de mouvement qui me laissent supposer que Xiu est en train de se déplacer.
- — Juste une petite minute, je veux récupérer mon casque-micro.
- — Je vois, histoire d’avoir les mains libres !
- — Euh… oui, avoue-t-elle avec un rire léger.
Quelques crachouillis dans le téléphone lorsqu’elle connecte le casque, quelques bruits encore et un soupir d’aise lorsque vraisemblablement, elle se réinstalle confortablement.
- — Voilà, c’est fait, annonce-t-elle.
- — Tu es parfaitement à l’aise, mains libérées. Alors, décris-moi la situation.
- — En fait, lorsque vous avez appelé, je venais de m’installer au salon après avoir pris ma douche. J’étais donc en t-shirt ample, un de ceux que je porte pour dormir. Je portais aussi un mini-slip en coton.
- — Tu portais ?
- — Oui, avoue-t-elle d’une voix faussement penaude. J’ai enlevé mon slip pendant que je vous parlais de Bérénice. Je n’ai pas pu m’empêcher de… me toucher en racontant ce souvenir. Et puis là, je viens d’enlever mon t-shirt avant de mettre mon casque.
C’est avec une pointe de fierté provocante qu’elle conclut :
- — Je suis donc totalement nue, à poil désormais sur mon canapé. Chatte mouillée et affamée, tétons durs et arrogants.
- — Et si ton futur ex-mari se lève et te trouve en train de te palucher sur le canapé, il réagira comment ?
- — Oh, il haussera les épaules ou fera carrément semblant de ne pas me voir. Il ne s’abaissera pas à me mater, encore moins à essayer de me sauter. Il paraît, d’après lui, que je ne suis qu’une détraquée, obsédée par le sexe, une nympho. Bref, une sale putain qu’il dit. N’empêche que s’il n’avait pas baisé sa maîtresse à tout bout de champ depuis un an, il lui serait resté quelques forces pour me sauter plus que deux fois par mois et je ne serais pas aujourd’hui autant en manque de sexe.
- — Pauvrette, j’espère pouvoir t’aider à combler tes manques… Cela dit, je ne comprends pas trop ton bonhomme. Pour ce que j’en ai vu, tu es une adorable et très belle jeune femme. Si on ajoute à cela ton tempérament volcanique, j’ai du mal à comprendre qu’on puisse aller voir ailleurs, tu es une véritable perle de jade… Mais bon, comme disait l’autre, « j’habite pas dans ton slip » ! Ou alors…, ou alors, tu as pris quarante kilos depuis trois ou quatre ans, date des dernières photos que m’a montrées Ben.
- — Il t’a montré mes photos ? demande-t-elle, une petite angoisse dans la voix.
- — Yes my dear, celle de ta jeunesse en France et… deux autres aussi, au sujet desquelles je ne te félicite pas ! Ou peut-être que si, justement, je devrais le faire, car il a fallu que tu passes pas mal de temps sur Photoshop pour les dégrader et leur donner une aussi mauvaise qualité. Sacrée garce que tu es, tu ne l’as pas gâté Ben : difficile de faire plus flou sur tes… avantages en nature ! Je n’ai eu qu’une vision rapide de ces clichés noir et blanc, mais je crois me souvenir qu’on entrevoit à peine l’orée d’un buisson et, oui, un téton couronnant un petit sein mignon. Mais bon, on devine seulement, car les photos sont vraiment très mauvaises. Je suis certain que ton smartphone te permettrait de faire beaucoup mieux. Et en couleurs. Cela dit, pour moi, aucune importance, ce que j’ai entrevu de toi est largement suffisant. Presque trop ! Comme nous serons des amants à distance, nous avons la totale liberté de tout imaginer. Ainsi, je pourrais être l’homme de tes rêves, que celui-ci ressemble à un gigantesque basketteur de la NBA ou qu’il soit rase-moquette comme Tom Cruise ou le Docteur Mamour de Grey’s Anatomy. Musclé, bodybuilder ou pépère tranquille vaguement bedonnant. Fort comme un Turc ou souple comme un gymnaste. J’imagine cependant que tu ne doteras pas cet amant virtuel d’une bistouquette bonzaï, mais si tu rêves d’un braquemart de titan, c’est à toi de voir : c’est ta chatte et ton cul qui sont censés se le farcir. Toutefois, j’aime autant te le dire tout de suite, si tu cherches une brute épaisse qui te ferait valdinguer à travers la chambre et te mettrait des beignes, alors, halte au feu, on arrête tout, je ne serais pas cet homme. Ce n’est pas mon truc, je ne pourrai même pas faire semblant. Sans trop en dire sur moi, sache que, fondamentalement, je suis un caresseur romantique, plus sensuel que hardeur. Mais tu as dû déjà le comprendre en lisant mes textes. Si tu me permets de paraphraser Verlaine, « De l’érotisme avant toute chose – Et pour cela préfère petit imper sexy – Pull moulant ou chasuble diaphane – À l’intégrale nudité finalement trop chaste ». Si ce menu ne te convient pas, dis-le-moi tout de suite et… Ciao Bella !
- — Non-non, s’écrie Xiu, ça me va très bien ! C’est parfait comme programme !
- — Alors parfait, réfléchis à ce personnage dont j’endosserai toujours les qualités et les défauts dans nos têtes… à queue. Tu as toute liberté puisque tu ne sais rien de moi, ni âge, ni taille, ni rien hormis le fait que je suis vraisemblablement occidental.
Xiu lâche un petit rire :
- — Tout de même, je sais par votre voix que vous n’êtes pas un puceau timide, mais plutôt un homme mûr, assez dominateur, je crois.
- — C’est pour cela que tu continues à me vouvoyer… Pourquoi pas d’ailleurs, c’est toi qui vois ! Tant que tu ne m’appelles pas Maître. Ou alors, mètre quatre-v… Oups, désolé, j’en dis trop. Sorry !
- — Un mètre quatre-vingts ? Ça me va, ça me changera de mes compatriotes ! Mais moi, comment me voyez-vous ? Quel personnage devrais-je jouer ?
- — Comme je te l’ai dit, j’ai moins de liberté puisque j’ai vu plusieurs de tes photos et je sais donc que tu es ravissante ! Menue, sourire magnifique rayonnant de douceur, regard totalement enjôleur et coquin, nez parfait et pommettes hautes. Des cheveux bien sûr très noirs, fins et soyeux. J’aime tes cheveux longs, mais ils pourront à l’occasion être coupés plus court si ça te chante. Tu as une silhouette fine, parfaite. Côté poitrine, je sais qu’au rayon lingerie, tu fouilles du côté des bonnets B, car tu es une éternelle optimiste, mais tu te rabats souvent sur les bonnets A finalement, selon les modèles. Ça me va parfaitement, taille idéale en ce qui me concerne, surtout si tes tétons sont bien aussi sombres et grenus que je crois les avoir aperçus.
- — Grenus ?
- — Euh oui, grenus, c’est-à-dire granuleux, hérissé de petits reliefs, un peu comme des fraises, tu vois ? J’aime les petits tétons sensibles capables de s’ériger fièrement !
- — Alors, je n’aurai pas à faire semblant, ça colle parfaitement aux miens. Quoi d’autre ?
- — Ma foi, très peu de choses ! Si ce n’est que, contrairement à Ben, je ne suis pas fan des minous trop velus. Les forêts luxuriantes qui engloutissent la chatte, en masquent les détails, ce n’est pas mon truc. Le sexe féminin est bien assez mystérieux en lui-même pour qu’on en cache les contours et détails externes. Donc, tu auras une moule imberbe, épilée, nette. Et tu auras aussi un mont de Vénus bien renflé sur lequel butera mon pubis quand je te ramonerai. Là, par contre, je ne suis pas fanatique absolu des monts chauves. Un buisson aux contours nettement taillés en triangle, en cœur ou en V, ou un ticket de métro fripon qui déborde un peu de l’élastique d’un mini-slip, j’adore. Et donc, que cela soit la réalité ou pas, aucune importance, pourvu que tu te souviennes de ces petits détails dans nos rencontres à distance, que tu ne viennes pas me parler d’un luxuriant et inextricable bosquet sombre. Sauf évidemment à me proposer une séance de rasage intime…
- — OK, bien noté ! C’est tout ? Pas d’autres précisions au sujet de mon sexe ? Grandes lèvres foncées, petites lèvres discrètes, clitoris caché ou apparent ?
Hey, mais c’est qu’elle est bien entrée dans le jeu ! Sacrée petite salope !
- — J’apprécie ton souci du détail ! Bravo ! Tu fais bien de demander ces précisions ! Alors oui, disons, grandes lèvres dodues, sombres et légèrement striées, petites lèvres carmines, c’est-à-dire, entre rose et rouge vif, foisonnantes, qui déploient largement leurs dentelles trempées et tant qu’à faire, un clitoris bien marqué, capable de pointer fièrement.
- — Ouais, bon d’accord, une Bérénice bis en somme ! Dites-moi, vous avez créé ce personnage avant ou après que Ben vous ait parlé de moi ?
Je ris !
- — Avant, ma chérie, bien avant ! Mais tu as raison, dans le genre asiatique, Béré est certainement pour moi la partenaire idéale !
- — Bon, ben très bien, tout facile pour moi alors ! Pour ce qui est de votre personnage, les contours se dessinent, mais je vous en dirai plus la prochaine fois.
- — La prochaine fois ? Parfait ! Tu m’en vois ravi ! Tu es donc prête à être ma putain absolue, perverse et délicieuse, prête à subir mes assauts, à m’ouvrir tes cuisses ?
- — Mais mes cuisses vous sont largement ouvertes depuis un bon moment déjà !
La voix de Xiu s’est, à l’instant, faite plus rauque, féline. Je l’imagine nue, écartelée, indécemment exposée sur son canapé. Je décide pour cette fois de lui laisser mener la danse, histoire de tester ces capacités ! Elle doit l’avoir compris, car elle enchaîne :
- — Je suis chaude, bouillante, complètement trempée. Mes seins sont durcis et pointent insolemment. Je ne peux pas résister à l’envie de les triturer, de les presser entre mes doigts. À m’en faire presque mal ! Ma main gauche passe de l’un à l’autre pour les caresser légèrement, les pincer, les malaxer durement. Mes seins aussi sont durs, leurs courbes se sont estompées, je suis presque plate désormais et mes tétons n’en sont que plus insolents ! Je suis sûre que tu adores le spectacle.
Xiu me tutoie donc désormais. Soumise, mais pas trop ! Ça me va parfaitement ! Xiu gémit doucement, soupire, feule ; je vois, comme si j’étais en face d’elle, la danse de ses doigts sur ses seins douloureux alors que les miens enserrent ma queue érigée.
- — Et ta main droite caresse le velours du canapé ?
- — Oh non, s’exclame-t-elle presque offusquée, elle s’est glissée entre mes cuisses écartelées et c’est le velours détrempé de mes babines… carmin déployées que mes doigts affolés caressent. C’est tellement bon, tellement doux, tellement chaud ! Chaud bouillant ! Et tu vois mon clito ! Une vraie petite bite, fièrement dressée au-dessus de mon corail, impatiente et si sensible déjà qu’un simple frôlement d’une phalange déclencherait une horriblement jouissive onde électrique qui arquerait mon corps tout entier. Je n’ose pas l’aborder, pas encore. Dieu sait que j’en ai envie, mais je veux te faire profiter du spectacle honteux de ta putain soumise qui se branle pour toi. Mate, regarde, régale-toi du panorama, vois comme je mouille pour toi, pour ta queue dressée, ton gland écarlate.
Xiu est étonnant, sidérante. J’ai beau savoir qu’elle a grandi en France, je n’aurais jamais espéré l’entendre utiliser un vocabulaire aussi varié, aussi diversifié. Aussi précis. Aussi chaud. La garce, si elle continue sur sa lancée, elle va me faire craquer avant elle ! Non, mais, j’aurais l’air de quoi ?
- — Regarde, ma grotte est tout ouverte, béante. Elle a faim, faim de mes doigts, faim de ta bite surtout ! Elle appelle ta queue, voudrait se faire ramoner, se faire défoncer par ton braquemart triomphant ! Mais elle ne l’aura pas, non, elle ne l’aura pas, pas ce soir. Elle devra se contenter de mes doigts, ces trois doigts qui se glissent peu à peu en elle, qui vont et viennent, rebroussent chemin pour s’engloutir plus avant à chaque fois, plonger dans cette moule bouillonnant de mouille incendiaire. La salope convulse sous mes doigts, lâchant à chaque fois des flots de miellat doucereux qui inondent jusqu’à mon petit trou. Lui aussi palpite, lui aussi il appelle, le salaud, réclame sa part, mais tout comme ma cramouille, il restera ce soir au régime sans bite !
Sacrée Xiu ! Et en plus, elle est drôle !
Je n’imagine pas une seconde qu’elle puisse simuler, qu’elle ne soit pas effectivement occupée à faire ce qu’elle raconte. Que ses doigts ancrés dans sa moule ne subissent pas les irrésistibles contractions de son violent désir. J’entends l’indécente catin haleter, gémir, je l’imagine en proie à des secousses irrépressibles qui peu à peu annihile sa maîtrise et sa conscience, la pousse vers le précipice abyssal culminant aux cieux lumineux.
- — Claude, mes nichons me font mal, ma chatte hurle à l’amour, elle n’en peut plus, je viens de lui enfourner un quatrième doigt, l’auriculaire fripon, mais stop, elle n’aura pas mon pouce ! J’en aurai besoin bientôt pour appuyer sur le détonateur. Mais pas avant d’avoir ta queue en bouche. Claude, je t’en prie, dis-moi que je te fais bander, que je suis bien la putain que tu espérais, que j’ai été assez salope pour mériter ta queue ! Je veux ta grosse bite dans ma bouche !
- — Oh oui, adorable putain, prends-la, suce-la, pompe-la, noie-la dans ta salive brûlante, embrasse-la ! Engloutis-la !
- — Oh oui, merci ! Je vais la rendre folle, je vais la démonter en deux temps-trois mouvements, vite, très vite, car moi, je n’en peux plus, mon bouton est prêt à me mettre sur orbite. Viens ! Oh, j’aime ta queue qui emplit ma bouche, force mes lèvres. J’adore ton gland, dur, lisse, gonflé, ma langue cartographie les infimes reliefs de ton chibre impatient, chaque veine qui le parcourt, et le canal qui dessous enfle, gonfle, se remplit. Car il l’est, impatient n’est-ce pas ton braquos : je le sens vibrer, tressauter, palpiter. Tu es… au bord… de la rupture. Viens, maintenant ! Donne-moi ton foutre salé, étouffe-moi de ta semence ardente. Je viens, Claude… je VIENS !
- — Moi aussi, je viens ! Oh ! Oui, prends… mon foutre ! Avale !… Avale tout !
Dans les instants qui suivent, ce ne sont plus que plaintes, soupirs, cris, borborygmes incompréhensibles, intraduisibles…
À des milliers de kilomètres l’un de l’autre, nous nous sommes rejoints, un instant, dans cette ahurissante fusion qui nous propulse au septième ciel ! Septième ciel, expression rebattue, mais qu’elle autre pourrait englober aussi parfaitement le lumineux bonheur que nous arpentons à cet instant ? Quels mots pour exprimer ce banal miracle, mille fois connu, mais toujours inédit ? Fabuleusement unique !
Peu à peu, les soupirs, les halètements, les petits cris de Xiu se sont calmés, bien après que j’aie moi-même retrouvé ma conscience. J’ai pu suivre ainsi avec bonheur, attendrissement, devrais-je dire, sa lente redescente, ponctuée de petites répliques qui l’ont fait feuler encore sporadiquement.
De longues secondes après son atterrissage en douceur, Xiu, dans un soupir d’aise, lâche doucement :
- — Merci !
- — Merci ? Mais de quoi ? Je n’ai rien fait, rien dit ! C’est toi que je remercie, toi et toi seule qui as créé cet instant merveilleux. Toi, ton imagination, tes mots, ta prodigieuse liberté et l’ahurissante force de ton désir. Tu es une adorable, une merveilleuse petite salope ! Merci à TOI !
- — Oh, tu as fait beaucoup, tu sais ! Ta voix, ta voix qui m’a excitée, ta voix qui m’a envoûtée. Ta voix qui m’a rassurée aussi. Car, tu le penses bien, ton appel m’a d’abord complètement affolée. En quelques secondes, je me suis sentie découverte, exposée, mise à nu bien au-delà de l’enveloppe corporelle. Peut-être même cela s’apparentait-il à un viol. Oui, j’étais paniquée. Mais tu m’as rassurée, la chaleur de ta voix m’a tranquillisée et dès que j’ai compris qui tu étais, que tu étais celui dont j’ai lu les textes ces derniers jours, celui qui, je peux bien l’avouer, m’a excitée, fait mouiller et même jouir à plusieurs reprises. Alors, instantanément, de victime bafouée, je suis passé au stade de fan, petite fan hystérique, avide et tellement honorée.
- — Oh, arrête, arrête, arrête ! Honorée, rien que ça ! Stop, tu exagères, je ne vaux pas d’être adulé. Je ne suis qu’un petit scribouillard.
- — Stop ! C’est moi qui parle ! J’ai bien le droit d’être fan, non ? Oui, je suis fan et ravie de l’être. Tu sais, ces derniers temps ont été durs pour moi. Le divorce, avec tout ce que cela entraîne comme colères, ressentiments, déceptions, m’a mise au fond du trou. Mais ç’a été ta chance : je te l’ai dit, au début de ton appel, j’étais paniquée. Mais surtout, j’étais pas… niquée depuis longtemps. En manque ! Mes seuls petits bonheurs ces derniers temps, je te le dois ! Et à Ben aussi ! Mais bon, pour tout dire, ce soir, je m’étais installée sur le canapé avec un autre de tes textes. Avec l’espoir que tes mots pousseraient encore ma main dans mon slip, m’obligerait à m’en débarrasser assez vite. L’espoir de me donner un peu de joie, à me faire, comment disais-tu, à me faire reluire, toute seule. Tu vois, sans ton appel, je me serais branlée ce soir, de toute façon, cherchant désespérément à m’évader de mon quotidien sordide. Y serais-je arrivée ? Pas sûr ! Alors que là, waouh, m’exposer à toi, te décrire tout ce que je ressentais, la force de mon désir pour toi, c’était géantissime ! Feu d’artifice, septième ciel et tout le reste. Alors, je le répète : Merci !
- — Hum, tu es bête ! Mais tellement adorable Xiu !
- — Adorable ? Sans doute ! Moi, je le sais, mais d’autres… Bref, passons ! Cela dit, mon p’tit père, la prochaine fois, ce sera à toi de prendre les commandes. Et ne me sers pas une resucée d’un de tes textes ! Je veux de l’inédit. D’ailleurs, le mieux serait que tu m’envoies la situation de base par mail. Comme ça, je pourrais me mettre dans l’ambiance. M’habiller en conséquence, selon tes vœux, être opérationnelle, entrer dans le jeu dès le début. Alors, concocte-moi un bon scénario !
- — Eh ben, toi alors, t’es une sacrée nana ! Tu ne t’en laisses pas conter !
- — Je ne connais pas cette expression, mais si, justement, je veux que tu me racontes ! Plein de choses cochonnes qui mettront… le feu à ma boutique comme j’ai lu dans une de tes histoires.
- — Ouais-ouais, soumise qu’elle disait la petiote ! Tu parles !
- — Soumise à tes désirs, oui ! Pour le reste…
- — Heureusement pour moi, le reste, je n’aurai pas à le subir ! Tant mieux, car je t’imagine plutôt gratinée ! Pas facile à vivre, la gonzesse ! Pour un peu, je finirais par comprendre ton ex !
- — Salaud ! Infâme salopard ! Tu mériterais que…
- — Stop ! Halte au feu ! Je retire ! Je ne le pensais même pas !
- — Mouais, je préfère… Dis voir, tu vas utiliser notre séance de ce soir pour le site ?
Je réfléchis
- — J’en ferai une transcription aussi précise, aussi fidèle et détaillée que possible. Pour moi, pour toi, pour Ben ; mais pour Rêvebébé, non !
- — Et pourquoi pas ? Pas assez chaud ?
- — Mais non ! Ce n’est pas là le problème ! Disons que je pourrai m’en inspirer pour une histoire à venir, mais je ne peux pas la publier telle quelle ! Je m’explique : tout le monde sait qu’un auteur met toujours un peu de lui-même dans ses personnages et à la longue, les lecteurs peuvent se faire une idée des qualités et défauts de l’auteur, connaître ses penchants, ses marottes, ses petites perversions. Mais là, « Claude Pessac » est à nu, ses attentes, ses travers, ses goûts sont parfaitement dévoilés. Il faudrait donc que je change les noms déjà. Et comment parler des Parques et de Bérénice sans que l’on fasse le lien avec moi ? Il y a quand même quelques habitués du site qui ont lu cette histoire. Donc, exit Bérénice. Et puis bon, le pompon : le coup de la groupie ! J’imagine déjà les commentaires : « Il se prend pour qui Pessac ? Voilà qu’il se crée des fans pour s’auto-féliciter, se couvrir de compliments ? Non, mais ça va les chevilles ? », « Il a fumé la moquette, le coup de la fan honorée qui lui tartine des compliments, c’est de la branlette fumeuse ! ». Et certains seront beaucoup moins soft que ça ! Et le texte finira à – 8000 ! Tu mérites mieux que ça non ? Non, vraiment Xiu, ce n’est pas envisageable.
- — M’ouais, bon, tant pis pour eux alors !
- — Et juste un truc encore : ma femme est la première lectrice de mes « publications ». Je ne suis pas absolument convaincu qu’elle puisse être enchantée de découvrir que Claude Pessac se tape une Chinoise, même par téléphone. Parce que derrière Pessac, il y a quand même son mari…
- — Oui, d’accord, mais c’est juste une liaison virtuelle. Aucun risque. Tu sais, ça peut l’amuser, voire, lui donner des idées…, conclut-elle avec un ton suffisamment équivoque pour ne pas être… clair !
- — Des idées ? Genre… trio téléphonique ? Parce que tu es bi aussi ?
- — Ah ah… va savoir…
- — Hé hé, j’en tiendrai compte à l’occasion dans un de nos scénarios…
Notre conversation s’est poursuivie quelques instants encore ce soir-là : Xiu m’a demandé mes disponibilités pour les quinze jours suivants, noté mon email, m’expliquant que j’aurai le sien (« trop compliqué à épeler à cause de son nom de famille ») lorsqu’elle m’enverrait ses propres créneaux de liberté.
oooOOOooo
Huit jours sont passés sans que je reçoive de ses nouvelles.
Huit jours encore : pas de mail
Puis beaucoup de jours encore.
Et encore.
Aucun signe de vie.
Je ne l’ai pas rappelée.
Mais ce n’est pas l’envie qui m’en a manqué.
Mais ce matin, j’ai craqué ! Au réveil, bien décidé, j’ai attrapé mon téléphone.
Ouvert « Mes contacts » : oups ! pas de Xiu dans les « X » !
Et d’ailleurs, pas la moindre Chinoise dans tout le répertoire, ni grande, ni petite, ni sage, ni salope !
Comme c’est étrange – Élémentaire mon cher Watson – Je dirais même plus – Vous avez dit bizarre ?
C’est moi… ou y a un truc qui cloche dans c’t affaire ?