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n° 19587Fiche technique35555 caractères35555
Temps de lecture estimé : 21 mn
08/05/20
corrigé 23/05/21
Résumé:  Téléphone rouge entre Occident et Asie.
Critères:  fh asie telnet fmast hmast fellation
Auteur : Claude Pessac            Envoi mini-message
Zaï Zaï Zaï



La voix est jeune, plutôt enjouée. Enjouée ? En fait, je n’en sais rien, c’est la première fois de ma vie qu’on me répond en chinois, je ne peux donc pas juger de cette intonation de ce qui ressemblait à « Zàï » et doit correspondre à notre « Allô ».



Silence complet sur la ligne. La réponse tarde, puis, d’une toute petite voix teintée d’étonnement, la jeune femme répond :



Je précise :



Bien qu’elle ait passé toute sa jeunesse et son adolescence en France, il est compréhensible que la jolie Chinoise ne connaisse pas toutes les subtilités de notre argot.



Il est clair que Xiu suffoque un peu, qu’elle est sidérée par mes propos. On peut le comprendre, me semble-t-il, et c’était bien le but recherché ! J’enfonce le clou :



Ma sortie est crue, nette et sans détour, mais il faut bien que je sache si mon pote m’a ou non raconté des craques. Je note déjà que la belle ne m’a pas raccroché au nez. Un bon point ! Dans le même temps, j’imagine le choc que mes propos ont dû provoquer. Il y a de quoi la déstabiliser, l’apeurer. Sans doute se sent-elle trahie par Ben, affolée qu’il ait révélé leurs petits secrets, ses inavouables perversions. Sa respiration accélérée parfaitement perceptible témoigne de son trouble, voire de sa peur. Peut-être craint-elle que je veuille la faire chanter…



Elle ne dément pas ! Elle ne crie pas, ne nie pas catégoriquement. Bien au contraire, sa voix, basse, voilée, presque lasse, trahit déjà sa défaite, l’aveu de ses indécentes turpitudes.



Après une petite pause, j’enchaîne :



Un ange passe ; ça doit carburer dur dans sa petite tête. Mais j’ai une petite chance : si elle est bien celle que m’a décrite mon pote et si mes histoires l’ont tant soit peu excitée, alors…


D’une voix désormais plus assurée, plus amicale, caressante, la jeune femme finit par expliquer :



Je l’entends déglutir. Elle cherche ses mots, hésite, se reprend :



La réponse a fusé, véritable cri du cœur ; à moins qu’elle ne soit une fabuleuse actrice ! Je reste muet dans l’attente de la suite, espérant son acceptation.



OK, c’est dans la poche ! In the pocket ! Elle accepte !



Profonde respiration. J’imagine la belle Asiate en train de se lover confortablement dans son canapé ; ou dans son lit, vu l’heure. On éclaircira ce point plus tard…



À pas de géant ! En passant cet appel, franchement, je n’avais pas imaginé que les choses seraient si simples. J’en arrive à me dire que Ben a peut-être bien prévenu la donzelle de l’éventualité de mon coup de fil. Histoire de lui éviter un coup de stress trop violent.



Pas tout à fait à l’aise encore, Xiu hésite encore à utiliser les termes précis relatifs à son anatomie intime.



Le monologue de Xiu s’est haché, les pauses, les hésitations marquées sont désormais involontaires. Elles ne résultent plus là d’une timide pudeur à prononcer des mots crus, mais sans nul doute de l’excitation qui l’a gagnée. Je suis sûr qu’elle adorait maintenant poursuivre cet appel en mains libres ! Moi-même, je ne suis pas de glace et j’ai libéré ma queue que je branle doucement. Mais je ne veux pas précipiter les choses. Il faut que la tempère un peu :



Profond soupir de la jeune femme qui comprend que je veux casser son élan.



Elle me coupe vivement :



Je perçois des bruits de mouvement qui me laissent supposer que Xiu est en train de se déplacer.



Quelques crachouillis dans le téléphone lorsqu’elle connecte le casque, quelques bruits encore et un soupir d’aise lorsque vraisemblablement, elle se réinstalle confortablement.



C’est avec une pointe de fierté provocante qu’elle conclut :



Xiu lâche un petit rire :



Hey, mais c’est qu’elle est bien entrée dans le jeu ! Sacrée petite salope !



Je ris !



La voix de Xiu s’est, à l’instant, faite plus rauque, féline. Je l’imagine nue, écartelée, indécemment exposée sur son canapé. Je décide pour cette fois de lui laisser mener la danse, histoire de tester ces capacités ! Elle doit l’avoir compris, car elle enchaîne :



Xiu me tutoie donc désormais. Soumise, mais pas trop ! Ça me va parfaitement ! Xiu gémit doucement, soupire, feule ; je vois, comme si j’étais en face d’elle, la danse de ses doigts sur ses seins douloureux alors que les miens enserrent ma queue érigée.



Xiu est étonnant, sidérante. J’ai beau savoir qu’elle a grandi en France, je n’aurais jamais espéré l’entendre utiliser un vocabulaire aussi varié, aussi diversifié. Aussi précis. Aussi chaud. La garce, si elle continue sur sa lancée, elle va me faire craquer avant elle ! Non, mais, j’aurais l’air de quoi ?



Sacrée Xiu ! Et en plus, elle est drôle !

Je n’imagine pas une seconde qu’elle puisse simuler, qu’elle ne soit pas effectivement occupée à faire ce qu’elle raconte. Que ses doigts ancrés dans sa moule ne subissent pas les irrésistibles contractions de son violent désir. J’entends l’indécente catin haleter, gémir, je l’imagine en proie à des secousses irrépressibles qui peu à peu annihile sa maîtrise et sa conscience, la pousse vers le précipice abyssal culminant aux cieux lumineux.



Dans les instants qui suivent, ce ne sont plus que plaintes, soupirs, cris, borborygmes incompréhensibles, intraduisibles…


À des milliers de kilomètres l’un de l’autre, nous nous sommes rejoints, un instant, dans cette ahurissante fusion qui nous propulse au septième ciel ! Septième ciel, expression rebattue, mais qu’elle autre pourrait englober aussi parfaitement le lumineux bonheur que nous arpentons à cet instant ? Quels mots pour exprimer ce banal miracle, mille fois connu, mais toujours inédit ? Fabuleusement unique !


Peu à peu, les soupirs, les halètements, les petits cris de Xiu se sont calmés, bien après que j’aie moi-même retrouvé ma conscience. J’ai pu suivre ainsi avec bonheur, attendrissement, devrais-je dire, sa lente redescente, ponctuée de petites répliques qui l’ont fait feuler encore sporadiquement.


De longues secondes après son atterrissage en douceur, Xiu, dans un soupir d’aise, lâche doucement :



Je réfléchis



Notre conversation s’est poursuivie quelques instants encore ce soir-là : Xiu m’a demandé mes disponibilités pour les quinze jours suivants, noté mon email, m’expliquant que j’aurai le sien (« trop compliqué à épeler à cause de son nom de famille ») lorsqu’elle m’enverrait ses propres créneaux de liberté.




oooOOOooo




Huit jours sont passés sans que je reçoive de ses nouvelles.

Huit jours encore : pas de mail

Puis beaucoup de jours encore.

Et encore.

Aucun signe de vie.


Je ne l’ai pas rappelée.

Mais ce n’est pas l’envie qui m’en a manqué.


Mais ce matin, j’ai craqué ! Au réveil, bien décidé, j’ai attrapé mon téléphone.

Ouvert « Mes contacts » : oups ! pas de Xiu dans les « X » !


Et d’ailleurs, pas la moindre Chinoise dans tout le répertoire, ni grande, ni petite, ni sage, ni salope !


Comme c’est étrange – Élémentaire mon cher Watson – Je dirais même plus – Vous avez dit bizarre ?


C’est moi… ou y a un truc qui cloche dans c’t affaire ?