n° 19594 | Fiche technique | 26852 caractères | 26852Temps de lecture estimé : 19 mn | 12/05/20 |
Résumé: Deux versions, l'une hard, l'autre romantique, d'une rencontre saphique. | ||||
Critères: romantisme fétichisme ff fbi fsoumise fdomine voir exhib intermast cunnilingu anulingus -fhomo | ||||
Auteur : Xuodid Envoi mini-message |
Fin de semaine. Aujourd’hui, les orages se succèdent. Après des semaines de canicule, la terre, dure comme du béton, se noie sous le déluge. Je rentre du boulot vers mon village isolé en Aveyron. Les essuie-glaces en grande vitesse ont du mal à évacuer la pluie du pare-brise du Kangoo. Le tonnerre gronde. Je suis presque arrivée. Sous le précaire abribus de la commune, un cyclotouriste s’abrite tant bien que mal des bourrasques. Je sursaute à un puissant éclair avec le tonnerre quasiment immédiat, assourdissant, ce n’est pas tombé loin. Sans trop réfléchir, je freine et fais marche arrière.
Je baisse ma vitre à hauteur du cycliste :
Il me suit, zigzaguant sous les rafales. Son poncho se soulève. Il le cramponne d’une main. Les bourrasques le malmènent comme un plaisancier à la voile, égaré dans la tempête en mer d’Iroise. Je me gare à l’abri sous le hangar du corps de ferme que nous retapons, bientôt rejointe par mon naufragé détrempé. Je ne vaux guère mieux, le temps de rejoindre la voiture à Villefranche, ma fine robe d’été s’est toute trempée. Gênée, je m’aperçois qu’elle me colle à la peau comme pour un concours de Miss tee-shirt mouillé.
Le cycliste appuie son vélo chargé de sacoches aux deux roues contre un mur et retire son poncho/grand-voile. Je me rends compte alors que c’est une jeune femme, mince, les muscles nerveux d’une sportive d’endurance moulée dans sa tenue cycliste dégoulinante. Elle a les cheveux courts, bruns. Dans mon état, je me sens plus à l’aise que si c’était un homme. À voir… je croise son regard qui me trouble d’emblée d’une façon que je ne m’explique d’abord pas. Ses yeux m’ont rapidement estimé de haut en bas comme ne peuvent s’en empêcher les garçons. De ses beaux yeux, non, pardon, de son beau regard. Un regard perçant, intense de celles qui ne se laissent pas monter sur les pieds, incandescent, décidé, mais avec une pointe de timidité, il me semble. Sans être d’une grande beauté, elle a du charme, beaucoup de charme. Un côté androgyne qui lui donne une ambiguïté séduisante. Il se met à grêler. Nous regardons les billes blanches rebondir sur le chemin. Il était temps d’arriver !
Elle se tourne vers moi :
Je dois avoir l’air complètement stupide face à elle dans mon attitude aussi statique que détrempée. Un nouveau coup de tonnerre tout proche me remet l’esprit en route. Maladroitement, je tire sur ma robe. J’ai peur qu’elle se soit coincée entre mes fesses. J’ouvre le cellier et balbutie :
Qu’est-ce qu’il m’arrive ? Pourquoi suis-je si troublée face à elle ? Je me ressaisis. La grêle cesse son tapage sur les toits. J’attrape mon peignoir dans la salle de bain. Je retourne près d’elle et le lui tends :
Je m’essuie en attendant. Je suis trempée jusqu’aux os et vaguement frigorifiée tant la température a chuté. Elle me rejoint.
Je finis de préparer une infusion sauge et miel lorsqu’elle ressort de la salle d’eau. Démone ou ange dans mon peignoir blanc ? Mon invitée a toujours son regard de braise qu’elle a pris soin de rehausser d’un petit maquillage qui compense la différence de bronzage dû au port de lunettes de soleil.
Sa voix est douce, avec une pointe d’accent belge, peut-être. Je lui tends l’infusion et ne sachant que dire en l’état, je file prendre une douche, moi aussi. Presque tout cet été, je la faisais couler froide en recherche de fraîcheur. Ce soir, c’est chaude qu’il me la faut. L’eau coule le long de ma colonne.
Je reviens en pensée à cette rencontre. Cette cycliste me fait l’effet d’un coup de foudre amoureux. Que m’arrive-t-il ? Pourquoi cette jeune inconnue ? Je n’ai jamais aimé que des garçons. Non par principe, mais par désir. Étudiante, j’aurais pu expérimenter le saphisme. Avec Marie, par exemple, jolie et douce, Marie qui me fit longtemps sa cour, en vain. L’expérience m’avait tentée, mais j’ai toujours répugné au sexe sans élan amoureux ressenti.
L’eau ne calme pas mon trouble et, alors que je les savonne, mes seins se mettent à pointer. Plus bas, mes doigts s’égarent un instant en rinçant ma vulve et des frissons électrisent tout mon corps. Ressaisis-toi ma grande, finis sagement ta toilette. Fais sécher un tant soit peu ta longue chevelure. Remaquille tes yeux. Un peu de fond de teint. Devant le miroir, je m’interroge. Non, le rouge à lèvres, ce serait trop. Un peu de parfum pour me synchroniser à elle. Là, tu es pas mal.
Je mets le peignoir de Jérôme (elle a le mien). Il est deux fois trop grand, élimé en plus. Je lui avais dit d’en acheter un nouveau. J’ai l’air de quoi ? Non, je ne veux pas la draguer éhontément, mais de là à paraître comme une chiffonnière… Heureusement, la salle d’eau communique aussi avec notre chambre et le dressing. Je vais mettre un jogging. Non, quelque chose de plus décontracté… ou plus séduisant.
Pourquoi pas ma robe moulante en mohair tout doux qui affole tant Jérôme ? Tu n’y penses pas. Que va-t-elle penser sinon que tu lui tends un traquenard pour personne redevable d’un abri. Si, justement, j’y pense, son regard, mon parfum qu’elle a emprunté. Pour moi, cela en dit long… Alors comme cela, il suffirait d’un petit air garçon manqué et d’un regard ambigu pour que tu catalogues une fille comme lesbienne ? Bravo. Bel esprit. OK, ce sera un bustier léger et simple avec un pantalon tout aussi léger avec tout de même le cardigan mohair et soie, doux et décontracté que j’ai tricoté cet hiver. Je veux ou ne veux pas qu’elle me désire, qu’elle me caresse ? Je vais m’en remettre à elle. Elle devra faire le premier pas si elle me désire. Elle doit maintenant se demander pourquoi je tarde tant. Ce n’est pas poli de la laisser ainsi.
Elle a eu le temps de boire l’infusion. Je lui demande de m’excuser d’avoir été longue.
Elle me sourit sans répondre. Dehors, si l’orage s’éloigne, la pluie est toujours battante. Ne pas rester statique face à elle :
Elle me suit dans le cellier. Elle a garni le tambour précédemment. Je lance le programme avec pré-séchage.
S’en suit une conversion sur son périple, puis sur ma vie et mon mec, Jérôme, qui est en ce moment en Autriche. Il est conducteur de bus pour un opérateur de tourisme. Elle a vingt et un ans, moi vingt-neuf.
Je ne peux m’empêcher d’être troublée de la savoir nue dans mon peignoir et d’avoir mis quelques gouttes de mon parfum en sus.
Elle acquiesce et me suit au dressing. Je lui montre d’abord les pulls et sweat-shirts. Elle en envisage plusieurs, puis attrapant mon pull angora gris à manches courtes, elle s’extasie :
C’est le moment pour moi d’interrompre ce récit et de vous soumettre deux suites possibles à cette histoire. L’une hard, l’autre romantique. Vous pourrez choisir ainsi l’ordre de lecture tout comme vous contenter d’une en négligeant l’autre. Commençons, si vous voulez bien, par la plus hard.
VERSION HARD :
Sans la moindre gêne, elle enlève le peignoir et se trouve nue devant moi. Elle enfile le pull. Puis, sans s’occuper de ma réaction, se mire dans le grand miroir en caressant les mailles duveteuses. Si Jérôme voyait ça, il serait fou et je ne suis pas loin de l’être. Elle a des jambes magnifiques, un cul bien rond, une chatte avec un discret duvet et deux jolis petits seins bien fermes. Le désir monte en moi. J’aimerais déposer un baiser au creux de son cou, sentir sous mes doigts sa poitrine sous l’angora soyeux. Mais, voilà qu’elle retire le pull et revenant nue au dressing :
Sans que j’ose faire le moindre commentaire, je m’émerveille à la voir essayer chemisiers, bustiers, robes ou pulls toujours revenant à la tenue d’Ève.
Moi qui la pensais timide, la voilà nue et sans pudeur face à moi, s’exhibant sans retenue.
Pas de réponse. Un quart d’heure qu’elle fait son show sans un regard vers moi. Elle est sans gêne, exhibitionniste, elle m’ignore et j’aime ça. J’ai envie de lui crier mon amour, de l’entraîner sur le lit… et je reste muette, stupide…
Elle se tourne enfin vers moi, le regard froid, dominatrice, exigeante et me tutoyant désormais, elle m’ordonne :
J’obéis, délivrée de mes hésitations, de mes questionnements, elle va me guider, exiger de moi.
Les yeux mis clos, elle s’en revêt, se glisse et s’enveloppe avec une volupté assumée dans le doux lainage. Elle gonfle sa petite poitrine, s’approche et tire brusquement sur mon bustier, déchirant les fines bretelles, découvrant ma poitrine.
Portant une main ferme à un de mes seins, elle me glisse l’autre direct à la vulve. Un sourire narquois lui vient.
Sans ménagement, elle introduit deux doigts puis, subtile, les fait glisser avec douceur, s’humectant de mon désir pendant que l’autre main serre de plus en plus fort mon sein. S’en suit un baiser brusque, à peine effleuré sur mes lèvres, vite remplacé par ses doigts venant droit de mon sexe. Elle tourne autour de ma bouche, me faisant goûter et sentir mes effluves intimes.
Elle introduit une phalange.
Elle retire son doigt et m’embrasse avec une vigueur qui me fait tressaillir. On y va maintenant à bouche que veux-tu. À ne pas reprendre souffle se frottant l’une à l’autre. Soudain, elle me repousse.
Elle m’entraîne à travers la cuisine dans la véranda qui donne sur le village. On pourrait à tout moment nous voir de nombre de maisons ou de la rue. Je retiens son élan.
Elle s’assoit déjà sur la table, jambes écartées.
Nue et frissonnante de cette audace comme de l’air rafraîchi par la pluie qui ne cesse pas. Pourvu qu’elle ne cesse pas, qu’il n’y ait pas d’éclaircie, que chacun se calfeutre chez soi et n’ait pas l’idée de regarder dehors. L’orage venant de notre côté, la plupart des volets sont heureusement clos. Je m’avance vers elle.
J’oublie le village. Hypnotisée par son sexe offert, j’ouvre sa vulve bien humide, dévoile son clitoris, aventure mes doigts en légers affleurements. J’assume son désir, prête à toutes folies. Les hormones ont pris le contrôle de mon cerveau. Elle m’attrape par les cheveux. Ma langue, à son tour, s’aventure, lape ses lèvres, son jus, s’insinue dans les plis, escalade son clitoris enflammé. Mes lèvres aspirent, mes dents mordillent, elle en a des frissons, elle gémit, m’arrache presque les cheveux, m’écrase la face contre sa chatte.
Toute à notre excitation, je ne sais combien de temps cela a duré, mais je suis à présent, témoin visuel d’un orgasme féminin. Témoin de sensations ressenties et hors les contractions des muscles de mon bassin, je n’ai jamais vu de mes yeux mon sexe en jouissance. Je la vois partir en orgasme. Je l’entends gémir le souffle court. Agitée de spasmes, les lèvres s’écartent, rosissantes, le clitoris se rétracte un peu et sa vulve suinte davantage encore de sécrétions, son périnée palpite.
Alors quittant le visuel de son orgasme, je la lape à toute langue cherchant à entretenir son plaisir. Pour finir, elle lâche mes cheveux et bascule dos sur la table. Quel plaisir de la voir extasiée. Mais je m’inquiète et regarde tout autour de moi tout en me baissant.
Rien ne bouge, sinon Claire qui, en se levant, me prend par la main, m’entraîne dans la maison et me jette sans ménagement sur le lit. Elle m’enjambe, à genoux et à l’envers sur moi avec son joli petit cul face à mon visage. Elle doigte son clitoris, puis m’ordonne :
Incapable de rébellion, ma langue s’approche de la rosace. Par petites touches d’anulingus, je fais réagir la rondelle qui contracte et s’ouvre timidement un peu, puis frénétiquement je tortille ma langue, essaye d’entrer, refais le tour. Je souffle son trou comme on soufflerait une bougie puis plus fort comme on gonfle une bouée. Je reprends longuement les léchouilles, elle dilate un peu plus. Je lui mettrais bien un doigt, mais elle m’en empêche et s’assoit presque sur ma face à m’étouffer. Je ne vois plus son aimable petit trou, mais j’y fourre la langue plus profond encore, la tortille, dispensant des allées-venues intrusives.
Jérôme, si tu me voyais… Appuyée sur mon bas-ventre en experte, elle me doigte habillement. Nos corps s’enflamment. Nous montons au plaisir, à l’orgasme synchronisé, mais, me délaissant, elle se laisse tomber sur le côté, ne s’occupant plus que d’elle-même. Je me redresse et plonge son visage entre mes seins presque à l’étouffer. Le souffle court, elle touche une nouvelle fois à l’extase. Je la serre contre moi, affectueusement. Elle joint sa bouche à la mienne pour un vrai et premier baiser d’amoureuses. Je resterais des heures comme cela, mais pas elle. Elle est déjà debout et, à ma surprise, fouille mes tiroirs.
Je n’ai pas envie de ça et lui dis que je n’en ai pas.
Comme elle va finir par le trouver, je m’interpose.
Elle essaye de me pousser violemment. Je lui saisis un bras et le lui retourne dans le dos, ainsi immobilisée, je la pousse sur le lit et l’écrase de mon poids.
Je l’embrasse dans le cou sans desserrer la clé, elle se débat. J’attrape le pull angora manches courtes qui traîne pêle-mêle sur le lit avec les affaires qu’elle essaya tout à l’heure. Je lâche son bras, me soulève un peu et comme un ressort, elle se retourne sous moi. Elle n’a pas le temps d’exprimer sa colère que je lui plaque le pull sur le visage. Les mailles sont suffisamment aérées pour qu’elle puisse respirer. Elle se débat toujours. Je plaque ma bouche sur la sienne et, à travers la laine souple, je pousse ma langue dans sa bouche. Les poils de laine se collent à celle-ci et comme Claire n’est pas calmée, je lui enfonce le plus possible le pull dans sa bouche, sa langue ne pouvant repousser la force de mes doigts. La sentant proche d’étouffer, je la lâche et m’assieds sur le lit. Elle retire le pull de son visage, de sa bouche. Les poils d’angora collent à sa langue. Je m’allonge, le pull tout doux entre les cuisses, goûtant au plaisir sensuel du contact voluptueux du lainage, lascive. Claire me regarde, avance une main réconciliatrice et apporte son aide à mes explorations. Ne bougeant plus, je la regarde faire. Elle pose sa tête sur mon ventre et, experte, caresse, titille, introduit, joue tour à tour de ses doigts ou des caresses ouatées de la laine. Je me laisse enfin mener au septième ciel…
La pluie a cessé. Nous nous levons peu avant la nuit. Elle s’habille avec le pull légèrement souillé de mon intimité et me tend le cardigan mohair que je portais tout à l’heure. Ainsi à demi vêtues, nous étendons sa lessive puis nous préparons une salade composée avec les fruits et légumes du jardin. À sa demande, j’ai boutonné le cardigan sous ma poitrine pour la mettre bien en évidence. Détendues, côte à côte nous mangeons et nous caressons. Elle met de la crème fraîche sur mes nichons et les lèche en me les malaxant. Ainsi de petites coquineries en petites coquineries, nous nous rassasions. Il se fait tard désormais. Nous enlevons les tricots douillets et nous glissons sous les draps. Ma furie dominatrice se fait câline, la tête reposant sur ma poitrine comme une enfant et le sommeil nous gagne.
Lorsque je me réveille enfin, elle est déjà en tenue cycliste à charger le vélo.
Elle pose un doigt sur mes lèvres pour m’intimer le silence. Elle s’avance pour déposer un baiser, mais me mord un court instant la lèvre inférieure et grimpe sur le vélo :
Et la voilà qui déjà disparaît à l’angle du chemin.
Je reste un long moment, là, à regarder le bout du chemin comme si elle devait revenir. Mi-déçue, mi-soulagée je réalise qu’elle ne reviendra pas.
Mon portable sonne, Jérôme appelle avant de quitter Vienne.
VERSION ROMANTIQUE :
Donc Claire est face à ma garde-robe. Un pull angora manches courtes gris en main qu’elle s’apprête à essayer. Sans fausse pudeur, elle enlève le peignoir, se mettant nue devant moi. Elle a un joli corps de jeune adulte sportive. Des muscles longs et fins, un petit cul bien ferme et rond, de jolis petits seins et les traces de bronzage des cyclistes. Elle enfile avec précaution et presque dévotion le pull angora, toute au plaisir de la caresse de ce fin lainage. Elle le touche, évalue sa douceur, sa légèreté, se regarde sous tous les angles dans la glace en tenant sa poitrine.
Elle fouille à nouveau ma garde-robe et, se remettant nue, essaye tout ce qui lui plaît comme si elle n’avait connu que sa tenue de cycliste jusque-là. Je suis charmée de la voir s’exhiber devant moi, provocante. Elle se fait son cinéma. Le garçon manqué a cédé la place à la petite fille allumeuse. Presque tout y est passé lorsque, presque rougissante, elle me redécouvre plantée là, à côté d’elle à la contempler.
Elle a l’air confuse de son emballement. Je lui souris, l’assure que pratiquant parfois le naturisme, je ne suis pas choquée (bien au contraire, en réalité) et je l’aide à ranger. Nos mains se sont effleurées en pliant les vêtements, je l’ai vue rougir un petit peu à ce moment-là. J’ai vu aussi ses coups d’œil indiscrets à ma poitrine lorsque je me penchais en avant. Je suis fière de ma poitrine, de son abondance comme de son maintien. Est-ce pour les sensations procurées ou pour me plaire qu’elle garde pour seul vêtement le pull angora qui l’a vraiment charmée. Faute de mieux, elle enfile avec un pantalon de jogging qui lui est trop grand et dont elle roule le haut pour qu’il ne tombe pas. Je suis sous son charme.
Il est encore tôt. La pluie ne faiblit guère et je propose de préparer une salade composée avec les fruits et légumes du jardin. L’une à côté de l’autre, face au plan de travail, nous préparons le repas. J’ai servi un vin rosé de Marcillac et comme deux amies de toujours, me semble-t-il, nous conversons de choses et d’autres. Si proche que je sens son parfum, mon parfum. Il suffirait de rien, d’une pointe d’audace pour nous retrouver… intimes.
Mais s’il y avait erreur de ma part, confusion des sentiments ? Pourquoi risquer de détruire ce beau moment. Du coin de l’œil, je la regarde faire monter la vinaigrette. J’imagine que le mouvement de rotation du bras impliquant le mouvement de son buste, fait ballotter ses deux seins qui se caressent dans la laine chaleureuse. Il me semble que ses tétons en pointent de plaisir. D’excitation, je sens les miens pointer sous le tissu léger du bustier. J’enlève le cardigan mohair comme si j’avais chaud, par provocation, pour qu’elle se rende compte de mon état. Mais elle n’y prête pas attention ou feint d’ignorer.
Le vin aidant, elle rit d’un rien. À un moment, elle pose sa tête sur mon épaule. Je l’attrape par le menton, prête à l’embrasser. Elle me saisit une main, la serre très fort, dépose une bise sur ma joue, se redresse, serre encore plus fort ma main et la lâche soudain pour resservir un verre. Je crois l’entendre murmurer « je t’aime », mais elle engage habilement la conversation sur mon mec, sur Jérôme.
Elle veut savoir depuis quand je le connais, comment il est, comment il se comporte, notre complicité, nos projets, ma vie avant lui, nos éventuelles infidélités… Je ne lui cache rien ni de notre amour sincère ni de mon habituelle fidélité. Je la questionne à mon tour, elle m’avoue finalement, comme je le supposais, être lesbienne et combien cela perturbe sa vie. Maintenant elle se dit abstinente sexuelle. Une manière de me signifier de rester à ma place en fait.
Elle a désormais un sourire triste en me regardant, comme pour s’excuser du désordre émotionnel où elle m’a menée par son attitude du début. Mon cœur se serre à son écoute, je retiens mes larmes de justesses et, pour reprendre une contenance, lance de la musique avec un album de Blick Bassy et je nous sers un verre à liqueur de limoncello pour nous décontracter un peu plus dans des vapeurs d’alcool sucré.
Il se fait tard. Pour ne pas enliser la situation, je lui montre sa chambre à l’étage sans y entrer moi-même espérant encore qu’elle m’y invite à soulager son âme et la mienne, mais doucement, elle referme la porte et je redescends. Je laisse la porte de ma chambre entrouverte, au cas où le désir de me rejoindre lui viendrait. J’en serais avertie par le craquement du plancher et de l’escalier. Il me reste à espérer, mais les minutes, les quarts d’heure puis les heures défilent sans que rien ne bouge. Elle ne descendra pas. Il est trois heures du matin. Les larmes me viennent. Je m’en veux, je lui en veux. Je sanglote en silence et finis par m’endormir au petit matin.
Je me réveille en sursaut. J’entends du bruit dans la maison. Il fait déjà grand jour. Claire prépare ses affaires. Je ne l’ai pas entendue descendre. Son vélo est prêt. Elle est en tenue cycliste. Elle est de dos. Je lui dis :
Elle se retourne, la mine défaite, les yeux rougis de celle qui n’a pas dormi.
Elle enfourche le vélo et déjà, elle disparaît au bout du chemin.
Je reste un moment, espérant bêtement qu’elle me revienne. Je ne connais que son prénom et n’ai aucune de ses coordonnées. Je rentre tristement et monte à sa chambre. Le lit est fait, impeccable. Sur la commode, elle a plié soigneusement le pull angora. Je le serre contre moi, le respire à la recherche de son odeur et découvre ainsi une enveloppe qu’elle a cachée en dessous.
Lettre à Élise. Je l’ouvre.
Pourras-tu me pardonner mon attitude, d’avoir mis ton cœur à feu et à sang, toi qui si généreusement m’offris le gîte et ton cœur. Je pensais au début, que tu m’avais d’emblée cataloguée petite lesbienne et que tu voulais profiter de la situation pour t’émoustiller, voir comment cela fait avec une gouine.
Alors, je t’ai allumée en minaudant nue devant toi. Je me suis aperçu, petit à petit, qu’il n’en était rien, que tu ne comprenais pas toi-même ce qui t’arrivait, que ton cœur était pur. Partagée entre ton amour intact pour ton homme et cette flamme soudaine que j’ai allumée en toi. À partir de là, je n’ai plus voulu profiter de la situation et mettre à ma botte une simple dévergondée, car en moi même un sentiment pareil au tien était né auquel je ne vois pas d’issue étant donné nos vies différentes et éloignées. Je m’en vais en volant ton petit flacon de parfum pour me souvenir de toi.
Adieu. Oublie-moi. Claire.
Assise sur le bord du lit. Je me reproche ma faiblesse de n’avoir pas réussi à masquer mes sentiments. Nous aurions pu être simplement amies. Mon portable sonne, c’est Jérôme qui m’appelle avant de quitter Vienne. Que c’est réconfortant d’entendre sa voix. Au ton de la mienne, il comprend que quelque chose ne va pas. Je lui affirme le contraire et qu’il me tarde seulement qu’il soit là pour lui faire l’amour.
Est-ce que je lui parlerai de Claire ? Comme beaucoup d’hommes, je le sais excité par les ébats de deux femmes ensemble et même par l’idée d’y participer, mais comment réagirait-il de savoir sa propre compagne, non pas ayant vécu l’expérience, mais bien pire, comme étant tombé amoureuse ?
Je profite des quelques jours de repos qu’il a avant qu’il ne reparte pour l’assurer de l’amour que je lui porte. Lui faisant l’amour au plus proche de ses fantasmes, de ses envies, mais n’y tenant plus, je cède à ses questions sur la tristesse qu’il perçoit en moi.
Avec bien des craintes, je lui raconte alors l’orage. Le vélo dans les bourrasques. Cette jeune femme accueillie pour un soir avec mon coup de foudre inexplicable pour elle, tout en me défendant d’être devenue définitivement et exclusivement lesbienne. D’ailleurs lui, qui en raison d’échecs antérieurs avec des partenaires trop inhibées pour le rejoindre au septième ciel, sait que mes jouissances sexuelles avec lui ne sont pas simulées. Je lui montre finalement la lettre laissée par Claire. Il me prend dans ses bras câlins et me dit :
Je le serre très fort contre moi, l’assure que mes sentiments pour lui ne sont pas affaiblis, bien au contraire.
Les jours passent, les semaines aussi. L’automne prend possession d’octobre et Claire, de souvenir douloureux devient une belle histoire d’amour déçu.
Mais voici qu’aujourd’hui, au courrier, il y a une enveloppe en provenance de Belgique. Elle renferme une carte de visite au nom de Claire avec son nom de famille, son adresse, ses coordonnés mails et téléphoniques… et l’odeur de mon parfum.
FIN