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n° 19608Fiche technique71445 caractères71445
Temps de lecture estimé : 51 mn
19/05/20
corrigé 05/06/21
Résumé:  Chez nous, les adeptes de la religion affirment souvent que les voies du Seigneur sont impénétrables. Que l'on y croit ou pas, elles ne le sont peut-être pas davantage sous d'autres latitudes.
Critères:  fh collègues religion enceinte bateau amour cérébral voir facial fellation cunnilingu double fsodo aventure -amouroman
Auteur : Someone Else  (J'essaie toujours de sortir des sentiers battus...)            Envoi mini-message
Aïcha, ma perle du désert





Avertissement :

Même s’il aborde un sujet particulier, ce petit texte n’a pour but que de vous distraire :

ne perdez donc pas votre temps à l’analyser pour lui faire dire, à lui et à son auteur, tout et n’importe quoi.

Merci et bonne lecture.





Surpris, j’en manque d’en avaler mon café de travers. Que me veut-il, the big boss ? Qu’est-ce qu’il lui prend de me convoquer comme ça, par un jeudi matin et alors que le week-end se profile à l’horizon ? Et tout cas, cela doit être important vu que la dernière fois que je l’ai rencontré, c’était… Il y a deux ans, et je ne sais même plus à quelle occasion, mais où toute l’équipe s’était retrouvée au milieu de nulle part et dans un campement nomade plus vrai que nature.


Bon, je sais que ce n’est pas la peine de m’affoler dans la mesure où s’il y avait un gros problème, Son Excellence ne se charge jamais personnellement de se séparer de ses collaborateurs, préférant faire faire le sale boulot à d’autres. Comme dirait l’autre, c’est toujours ça de pris.


Les portes de l’ascenseur s’ouvrent sur un immense espace où se mêlent des inspirations venues des quatre coins du globe : le bureau, là, a été taillé dans un tronc qui, j’en jurerais, vient de la forêt pétrifiée d’Arizona. Aucun des tableaux au mur ne représente un visage ou une personne, mais cela ne les empêche pas d’être tous des toiles de maître.

Le canapé de cuir blanc, qui, accessoirement, n’est pas beaucoup plus petit que le Hummer que la boîte me prête et qui dort en bas de cette tour, vient d’un créateur français et fait face à un écran grand comme un terrain de tennis ou peu s’en faut. Pour le reste et en dehors de l’électronique, notre ami n’est pas allé chercher bien loin puisque ces tonnes de coussins disposés eux-mêmes disposés sur des hectares de tapis persans ne dépareraient pas, tout comme les tables basses et les dizaines de services à thé disposés un peu partout, dans une tente berbère plantée dans le désert, désert que l’on aperçoit par ailleurs quasiment à 360° au travers des immenses baies vitrées de ce dernier étage.


Sans surprise, Son Excellence est seule. C’est la toute première fois que je le vois tête nue, c’est-à-dire sans shemag ni iqal – mais si, vous savez bien, cette coiffe éternellement à carreaux rouges et blancs que les hommes importants portent tout autour du Golfe Persique accompagné du qamis, cette sorte de longue tunique blanche qui descend jusqu’au sol et qui est reconnaissable entre mille – et, pour parler clairement, il a l’air à la fois agacé et passablement préoccupé. Néanmoins, il me serre la main et m’invite à m’asseoir.



Il a beau avoir fait ses études à Oxford et pratiquer un anglais plus que parfait, il ne s’est jamais départi de cet accent qui donne toujours l’impression de discuter avec Yasser Arafat.



Il soupire, visiblement mal à l’aise.



Il reste silencieux quelques instants comme s’il tenait absolument à utiliser les mots justes. Indubitablement, l’affaire est grave.



Sans un mot, il se saisit d’une grosse mallette de cuir noir qu’il pose sur son bureau, et qu’il ouvre devant moi. Un peu comme dans les films, les épaisses liasses de billets de cent dollars sont soigneusement rangées dans un ordre impeccable.



Tandis que je traverse les immenses avenues désertes de cette cité au volant de ma voiture, mon esprit bouillonne. Mais que se passe-t-il ? Toutes les activités de Son Excellence – enfin toutes celles dont j’ai connaissance – et il y en a un paquet, sont à la fois florissantes et parfaitement légales. De mon côté, je pense avoir fait mon job aussi bien que j’ai pu, aidé en cela par un salaire princier qui aide bien à supporter toutes les contraintes de ces contrées quelque peu inhospitalières.


Malgré tout cela, il vient de me virer en dix minutes… Mais il faut savoir que c’est la norme dans ce pays qui fonctionne à l’américaine : quand on te dit que l’on t’embauche, cela veut dire que tu peux commencer séance tenante. Par contre, dans l’autre sens, il ne faut pas s’attendre à un quelconque préavis… À ceci près qu’en règle générale, celui qui vient de se faire virer ne part pas comme moi avec une valise remplie de biftons.


Cela fait plusieurs mois que j’ai rendu mon appartement, qui était situé dans une autre tour à quelques kilomètres de mon boulot pour emménager sur ce qui ressemble esthétiquement à un boutre traditionnel, mais qui a en réalité été équipé de tout le confort moderne. Ce rafiot, je l’ai racheté pour une bouchée de pain à un autre expat’ qui était plus que pressé de quitter le pays.


En effet, notre ami s’était fait une spécialité d’organiser des soirées au large où se réunissaient tout un tas d’Occidentaux des deux sexes dans une orgie de musique et où l’alcool en général et la bière en particulier coulaient à flots et où tout le monde finissait à moitié à poil sur le pont. Logiquement, ces fiestas loin de tous les regards indiscrets n’auraient jamais dû remonter jusqu’aux oreilles des gardiens de la moralité qui, étrangement, y avaient trouvé à redire.

Qui était allé ramener sa science ? Personne ne l’a jamais su… Sans doute pas l’un des invités qui étaient tous trop heureux de pouvoir s’éclater dans ce pays où tout ce qui est un peu fun est interdit.


Quoi qu’il en soit, me voilà à bord, et je profite de la fraîcheur toute relative de la brise marine qui nous arrive du large lorsque mon attention est attirée par une vibration au fond de ma poche : un téléphone, mais ce n’est pas le mien. Le numéro qui s’affiche est inconnu et, après quelques secondes d’hésitation, je décroche.


La voix à l’autre bout du fil, je la connais par cœur ; c’est celle d’Aïcha. Visiblement apeurée, elle parle vite dans un mélange d’anglais – qu’elle parle pourtant d’habitude à la perfection – et d’arabe. Par bonheur et bien que mon arabe à moi soit plus que bringuebalant, j’arrive à recoller les morceaux.



Je n’ai pas eu le temps de prononcer un mot, elle a raccroché. Inutile de dire que c’est la tempête dans mon crâne ! Aïcha, c’est, comment dire… ma supérieure. Si, officiellement, c’est Son Éminence qui dirige l’intégralité de la boîte, tout le service sait qu’en réalité et bien qu’elle n’ait que vingt-six ans, c’est elle qui préside à tout ce qui touche l’import-export avec un bon millier d’hommes sous ses ordres, le tout en faisant preuve d’un tact et une efficacité qui fait l’admiration de tous.


Pour le reste, c’est plus compliqué. Cela fait grosso modo huit ans que je bosse avec elle, mais je ne lui ai seulement jamais serré la main. Nos bureaux sont placés face à face, mais à plusieurs mètres de distance et dans un endroit stratégique qui interdit toute forme de contact physique entre nous deux.

Et puis, bien sûr, huit ans ou pas, je n’ai jamais vu son visage, et pour cause : comme quatre-vingt-dix-neuf pour cent des femmes de ce pays – le reste étant constitué de quelques occidentales qui ne restent jamais dans le pays très longtemps – Aïcha est voilée. Elle porte un niqab qui, en plus de tout le reste, cache également le bas de son visage et ne dévoile que ses yeux. Pourquoi ce vêtement et pas seulement un tchador, comme la plupart des autres filles de ce pays ? Voilà une question qu’elle est bonne, comme aurait dit notre regretté Coluche.


Pour le moment, l’urgence est ailleurs : Aïcha est la première fille de Son Excellence, ce qui veut dire qu’au même titre que son père, elle fait partie de la famille royale. À quel niveau ? Voilà une autre bonne question, vu qu’ici on se demande parfois si être l’ami du concierge d’un cousin éloigné du roi ne suffirait pas à vous propulser parmi l’élite pour autant que vous soyez apprécié en haut lieu. Quoi qu’il en soit, la donzelle n’est donc pas n’importe qui et quand je vois les problèmes qu’un ami a eus il y a quelque temps lorsqu’il a emménagé avec sa fiancée et que quelques voisins bien-pensants l’ont aussitôt dénoncé aux autorités sous prétexte qu’ils vivaient ensemble sans être mariés, je n’ai nulle envie de courir après les emmerdements.


Donc, un coup d’œil au téléphone : c’est l’un de ces engins que l’on vous vend avec une carte prépayée un peu partout à la sauvette – et notamment dans les souks – pour une somme modique. Problème : le numéro qui s’est affiché n’est pas celui, professionnel et que je connais bien, d’Aïcha, il s’agit donc très probablement celui d’un autre de ces portables plus ou moins jetables. Je ne sais pas ce qu’elle a dans la tête, mais cela confirme ce que je pense depuis des années : nos appels, bien qu’encore une fois purement professionnels, sont très certainement écoutés par des gens qui ne peuvent naturellement vouloir que notre bien, mais qui le font peut-être avec un peu trop d’insistance… D’où ce luxe de précautions.


Quelle que soit la suite des événements, garder ce téléphone ne m’aidera pas à comprendre, mais pourrait bien m’attirer pas mal d’emmerdements si cela venait à tourner au vinaigre : alors, autant le détruire comme elle l’a dit. Et tant qu’à faire, faisons ça bien ! Je l’ouvre, en extirpe la carte Sim que je casse aussitôt en plusieurs morceaux avant de les balancer à la baille. Puis c’est au tour du biniou en lui-même que je massacre à coups de talon avant d’en confier les débris aux bons soins de Neptune.


Cette potentielle embrouille me donne envie d’aller vérifier un détail… Bien à l’abri des regards au fond de la cabine, j’examine le contenu de la mallette : apparemment, pas d’entourloupe, pas de balise GPS ou de bidule ou de machin bizarre, et la somme doit effectivement dépasser allégrement les cent mille dollars et les numéros des billets ne se suivent pas. Entre ça et le pognon que j’ai réussi à amasser depuis des années, j’aurais de quoi tenir un bon moment lorsque je reviendrai dans l’Hexagone.


À propos de retour, une pensée traverse mon esprit : et si Aïcha et son père étaient en train de me monter un mauvais plan ? Bon, en y réfléchissant, cela n’aurait pas de sens : un coup de fil de Son Éminence à la police et n’importe quel pékin se retrouve au chtard – et parfois pour un moment – sans autre forme de procès. C’est bien connu : à quoi cela servirait-il d’avoir le pouvoir si ce n’était pas pour en abuser ? Eh oui, on a beau jeu de critiquer la démocratie !


Quoi qu’il en soit, cela signifie qu’il n’y aurait aucun intérêt à monter une machination compliquée quand il est possible d’obtenir les mêmes résultats d’un simple claquement de doigts… Sans compter que, quand bien même je voudrais rapidement prendre la poudre d’escampette, il est trop tard pour sauter dans un quelconque avion ! Ajoutons à cela que demain, c’est vendredi – l’équivalent de notre dimanche à nous – et que les vols vers l’étranger se comptent donc sur les doigts de la main. Bref, ma seule solution est le wait and see, de préférence dans le hamac ou sur le pont.


Demain – ou plutôt cette nuit – sera un autre jour.




---oooOooo---




La nuit est tombée. Le silence du désert, tout proche, se mêle au clapotis des vagues. Cette quiétude n’est perturbée, de temps à autre, que par le cri de quelques oiseaux marins ou par un échappement un peu trop libre dans le lointain.


Une heure moins le quart, je ne dors évidemment pas… Mes pensées se perdent dans le ciel étoilé. C’est le glougloutement d’un énorme V8 qui me sort de ma torpeur : une grosse berline américaine, noire, comme de bien entendu, vient du surgir à l’autre bout du quai et tous feux éteints. Elle progresse sans hâte comme pour ne pas attirer l’attention et s’arrête juste en face de mon Hummer. Là, une porte s’ouvre, la lumière intérieure a été coupée, une silhouette noire surgit dans la pénombre et se précipite sur la passerelle. Une seconde plus tard, la voiture redémarre en prenant bien soin de ne pas faire hurler le moteur ou crisser les pneus.


Aïcha, puisque ce ne peut être qu’elle, ne me jette même pas un regard tandis qu’elle descend directement dans la cambuse. Lorsque la rejoins, je la retrouve sans surprise dans la cabine, à l’autre bout du bateau, où un très faible rayon de lune qui s’infiltre par un hublot illumine son regard affolé.



Ben voyons… Mais, d’un autre côté, quand le vin est tiré, il faut le boire ! De toute façon, si je reste ici et quand bien même aucun de nous deux n’aurait rien à se reprocher, sa seule présence à bord est punissable par la loi. Je tire alors les rideaux et allume la lumière.


Là, sous le lit, il y a un coffre où je range mes vêtements et d’autres babioles. Au fond de ce coffre, il y a un accès direct à la coque, sous le pont…



J’ajouterais qu’à une époque, ce sont des hectolitres de bière et d’alcools divers qui y ont transité au nez et à la barbe de la police et des douaniers. Une bonne planque, quoi.


Vingt minutes plus tard, nous approchons de la haute mer et les vagues s’intensifient. J’ai pris bien soin d’appareiller tranquillement comme si de rien n’était et de respecter scrupuleusement la vitesse dans le port, mais il n’empêche que des gyrophares viennent d’apparaître dans la nuit noire. À chaque fois ou presque, qu’il fasse jour ou nuit, ça ne rate pas… Dès qu’un rafiot appartenant à un Occidental sort le bout de son nez, il a droit à un contrôle.



Provenant des forces de l’ordre, ce genre de demande m’a toujours fait marrer, comme si l’on avait le choix ! Tandis qu’un troisième se tient en retrait, arme à l’épaule, les deux autres s’engouffrent à l’intérieur du voilier. Je les entends ouvrir les placards, farfouiller dans le frigo, examiner les recoins, soulever le lit… Surtout ne rien laisser paraître et rester totalement impassible, c’est le meilleur moyen de ne pas leur mettre la puce à l’oreille. Pour donner le change, je sors mes papiers, vu que mes deux gaillards ne vont pas manquer de me les réclamer quand ils reviendront bredouilles de leur petite fouille express. Tiens, justement, les revoilà.



De nouveau, plus un bâtiment à l’horizon. Par sécurité, je jette un œil au radar, mais celui-ci est formel, le premier rafiot qui pointe est à plus d’une demi-heure de navigation. Et encore, si c’est un off-shore… J’en profite pour aller libérer Aïcha de sa cachette dont elle s’extirpe à grand-peine, empêtrée dans ce fatras de tissu noir.



Comme disait un pote, voilà une excellente idée dont devrait s’inspirer notre gouvernement à nous : ensuite, il suffirait d’interdire également la conduite aux hommes et le problème de la sécurité routière serait enfin résolu… Mais revenons à nos moutons.



En faisant simple, quelqu’un est allé baver après des autorités religieuses qu’Aïcha était bel et bien la dirigeante de la division import-export de la boîte, même si cela n’était marqué nulle part. Or, et comme auront pu remarquer les plus observateurs, Aïcha est une femme et la voir – même indirectement – commander du personnel masculin leur est totalement insupportable.



Ça, je peux comprendre qu’elle l’a mauvaise, Aïcha. Lorsque je suis arrivé dans son service, l’import-export ne représentait qu’une infime partie des activités de l’entreprise, alors qu’aujourd’hui et sous sa coupe, c’est devenu une formidable pompe à fric. De plus, voir confier son bébé au frangin alors qu’il est de notoriété publique que c’est une buse à tous points de vue, il y a vraiment de quoi avoir la haine ! Par contre, je tiens désormais l’une des raisons pour laquelle on m’a prié de débarrasser le plancher à la vitesse de la lumière et de fermer ma gueule.



Surpris, mais pas vraiment étonné, j’essaie de relativiser les choses.



Dans ces pays-là comme dans pas mal d’autres, le poids des usages et des coutumes est terrible, notamment lorsque l’on est une femme, même s’il ne faut pas oublier qu’il n’y a pas des siècles que les mariages arrangés ne sont plus d’actualité chez nous. Autant tenter de détendre quelque peu l’atmosphère.



Ah, évidemment, vu comme ça…



Traverser le golfe ? Après tout, pourquoi pas… En face, ils ont tout misé sur le tourisme et, en plus de se vêtir comme elles le souhaitent – enfin, dans la mesure du raisonnable, faut pas déconner non plus – les femmes peuvent entre autres se déplacer comme elles le veulent et où elles veulent sans avoir besoin que le mari ou le grand frère ne leur serve de chaperon. Et, dans le cas qui nous intéresse, prendre un avion, direction pour n’importe où sans que personne ne vienne poser de questions.



À ma grande surprise, je la vois farfouiller dans son vêtement traditionnel à la recherche d’une poche, dont elle sort le précieux sésame ainsi qu’une carte bleue.



Finalement, son évasion à la sauvette n’a peut-être pas été si mal préparée que ça… Je lui fais signe de tout mettre dans le petit coffre derrière moi et de fermer la porte.



Pour les avoir déjà vu à l’œuvre, ils déboulent avec clébards, sonars, reniflards et tout le bazar. Bref, même une souris ne pourrait pas leur échapper. Elle reprend :



Par bonheur, nous avons une brise de terre, ce qui signifie que le vent est plein arrière et dans notre cas, l’on ne peut rêver de meilleures conditions météo. J’enclenche le pilote automatique, et en avant la musique.


Lorsque je reviens, Aïcha est assise sur le lit, visiblement songeuse. Elle m’attaque directement.



Elle n’a pas tort, Aïcha, et je ne le sais que trop bien. Il suffirait d’un grain de sable pour que je ne revoie jamais la terre natale.



Elle est bien gentille, Aïcha, mais je ne suis pas certain du tout qu’elle sache exactement de quoi elle parle. Quel que soit son niveau d’études, je doute fort que l’éducation sexuelle fasse partie des cours des lycées et collèges de son patelin. Je décide de la piquer au vif :



En fait, dans ma tête, c’est un peu le bordel. D’un côté, je respecte Aïcha et ses croyances, mais d’un autre, j’avoue que j’aimerais bien l’accrocher à mon tableau de chasse. En fait et à l’exception de quelques rencontres de passage avec quelques expatriées comme moi, ma vie sexuelle se limite depuis des années à de furieuses parties de cinq contre un en regardant des vidéos qui, bien que déjà vues cent fois, me vaudraient dix ans de placard si elles étaient découvertes.



Ça, ma cocotte, elle le sera forcément. D’abord, parce que j’ai eu beaucoup moins de partenaires qu’elle ne le présume et qu’ensuite, parce qu’aucune d’entre elles ne m’a jamais fait l’honneur de m’offrir sa fleur. Elle m’explique en détail comment elle compte s’y prendre.



Là-dessus et sans la moindre hésitation, la voilà qui s’agenouille devant moi. Amusé, je la laisse faire… Avec ce foutu foulard qui lui cache la moitié du visage, je suis curieux de savoir comment elle va prendre.


Eh bien, de la façon la plus simple qui soit… Bien que je me sois prêté au jeu, elle a eu bien du mal à venir à bout des boutons de ma braguette. Mais, franchement, comment pourrait-il en être autrement puisque a priori, elle n’a jamais pratiqué ?


Pareil, extirper mon engin de sa prison de toile n’est pas une mince affaire. Elle caresse l’objet de bout des doigts avec l’attention qu’aurait un entomologiste qui vient de découvrir une nouvelle espèce d’insecte à treize pattes et demie. Je décide alors de l’aider en faisant glisser le calbut en question sur le sol, où il va rejoindre mon bermuda. Alors, certes, en tee-shirt et le cul à l’air, je ne suis pas sûr que le tableau soit digne d’être exposé au Louvre d’Abu Dhabi – ni ailleurs, soit dit en passant – mais ni elle ni moi n’en avons cure.


Par contre, cela se corse lorsqu’il s’agit de me décalotter… Elle s’y reprend à plusieurs fois sans y parvenir, mais il faut reconnaître qu’elle a une excuse supplémentaire dans la mesure où si elle avait déjà eu à s’occuper d’une teube de son pays – mais non, pas une mine de Pompéi – ce problème-là ne se serait même pas posé.


Quoi qu’il en soit, elle y parvient enfin et si la petite branlette qu’elle est en train de m’administrer est maladroite, son coup de poignet s’améliore bien vite… À tel point que si elle continue – et d’autant plus qu’elle me masse les roubignoles dans l’autre main – elle va bien réussir à me faire décorer le paysage avant même que je n’aie eu l’occasion de lui montrer de quoi j’étais capable. Avec un sourire, je l’enjoins à lâcher l’objet du délire.



Elle ouvre de grands yeux étonnés lorsqu’à mon tour, je m’agenouille devant elle. Je ne me suis jamais vraiment posé la question de savoir ce que les musulmanes portaient sous leurs vêtements traditionnels… Mais je ne vais pas tarder à le savoir.

Ma partenaire s’est assise sur le lit, autant qu’elle le reste… Déjà, rien que réussir à trouver ses pieds dans ce kilomètre carré de tissu noir n’est pas une mince affaire, mais Aïcha s’en amuse. Enfin, je suppose, puisqu’encore une fois je ne distingue que ses yeux !


Ah, en voilà un, l’autre ne doit pas être bien loin, tout comme les jambes, d’ailleurs… Je remonte tranquillement le long du mollet tout en guettant les réactions de demoiselle: il y a une différence entre vouloir faire quelque chose, même sincèrement, et réussir à lâcher suffisamment prise pour le réaliser, surtout après le parcours qui a été le sien. Quoi qu’il en soit, je continue l’ascension de ses gambettes jusqu’à ce je me retrouve empêtré dans ce qui ressemble fort à une montagne de jupons ! Mais avant de commettre l’irréparable, je prends mes précautions.



Et là, sans un mot, la voilà qui se retrousse. De fort jolis genoux apparaissent, puis de non moins jolies cuisses, fuselées comme j’aime, jusqu’à ce qu’elle me dévoile une ravissante petite chatte d’un noir de jais et soigneusement taillée. Tandis que dans le compas de ses jambes, ce n’est pas mal non plus, avec un délicat abricot quasiment lisse. Bon sang, si je m’attendais à ça !


J’ai envie de lui poser des milliers de questions, mais ce n’est sans doute pas le moment. Je m’assieds alors à ses côtés tandis que je caresse ses cuisses, puis son ventre, puis de nouveau ses cuisses… À chaque fois, je m’efforce de me rapprocher de cet antre qui, j’en jurerais, palpite comme jamais.


Ma main glisse jusqu’à la douce toison, tout le corps d’Aïcha se crispe alors tandis qu’elle pousse un petit cri de surprise. Surtout, ne pas la brusquer… Alors, allons-y doublement en douceur, petit à petit, jusqu’à ce que je glisse délicatement une phalange entre ses lèvres – que je découvre détrempées – et que je commence à jouer avec son bouton d’amour qui n’en finit plus de vibrer sous mon doigt.


Aïcha, quant à elle, s’est carrément allongée en travers du lit comme pour mieux me laisser le champ libre. Son regard fixe le plafond d’acajou de la cabine, mais quelque chose me dit qu’elle ne voit plus rien, toute tendue qu’elle est à la recherche de ce plaisir dont elle n’a peut-être jamais entendu parler.


J’accélère alors un peu la cadence et le résultat ne tarde pas… Sa main droite attrape mon poignet d’une violence inouïe tandis que tout son corps se tend dans un furieux orgasme. Elle n’a pas crié, mais son regard en dit bien plus qu’un long discours : elle pleure.



Je souris, plutôt heureux d’avoir réussi mon coup. Je connais un paquet de nanas qui ne portent pas le voile, mais qui n’en sont pas moins aussi réactives qu’un bloc de glace.



En même temps, si ce genre de plan fonctionnait à chaque fois, ça se saurait.



Elle hoche négativement la tête.



Puis, après un silence :



Interdit en public, je n’en doute pas. J’espère au moins que c’est autorisé dans la sphère privée, sans quoi les soirées entre amants doivent être bien tristes.



Je perçois subitement une lueur d’amusement dans son regard.



Cette fois, c’est la stupéfaction que ses yeux reflètent. Puisqu’elle n’a pas toujours pas redescendu son ample vêtement, autant battre le fer tant qu’il est chaud ! Je plonge alors entre ses jolies jambes. Elle me laisse faire, ne comprenant manifestement pas où je veux en venir, mais sa surprise cède bien vite au ravissement lorsque mes lèvres se posent sur les nymphes de son intimité. Là, mon festival de coups de langue tout le long de sa fente se traduit bien vite par une suite ininterrompue de petits gémissements ravis, gémissements qui ne sont pas loin de se muer en petits cris lorsque mon index s’attarde sur son petit organe.


Très vite, mon problème est de ne pas me laisser désarçonner tellement ses hanches tanguent au rythme de mes assauts. Elle s’en rend compte, s’efforçant de rester le plus possible en contact avec ma bouche : j’en profite donc pour attraper écarter ses lèvres du bout de mes doigts, cela me donne un accès illimité à sa caverne intime ainsi qu’à son bouton d’amour.


Là encore, il ne faut que quelques instants pour que l’affaire soit réglée : ses ongles s’enfoncent dans mes cheveux et ce n’est qu’à grand-peine que je parviens à respirer tandis que son bassin se cambre… Quelques coups de langue supplémentaires et une longue jouissance qui la cueille peut-être encore plus fort que la première fois. Il lui faut de longues minutes pour reprendre ses esprits. Je m’inquiète.



Oui, me répond-elle d’un signe de la tête. Son regard reflète une multitude d’expressions où se mêlent béatitude et effarement. Tiens, là-haut, du côté de la barre, ça crépite… Apparemment, il doit s’agir de quelque chose de sérieux.


Eh bien non, en fait, juste le pilote automatique qui s’affole de la vitesse moyenne à laquelle nous voguons, mais il est vrai que c’est sans doute la première fois que nous allons si vite. En temps normal, je n’ai ni le besoin ni l’envie de m’éloigner des côtes et je suis donc du genre à filer à deux ou trois nœuds, parfois même moins.


Lorsque je redescends dans la cabine, Aïcha dort, sans doute épuisée par les émotions qu’elle vient de vivre. Alors, bien sûr, il y a ses deux mises en orbite qu’elle vient de se prendre coup sur coup, mais le chamboulement qu’elle vit depuis ce matin ne doit pas y être étranger. Quelles qu’en soient les raisons, quitter sa maison, ses parents et tout le reste dans de telles conditions n’a jamais rien d’anecdotique.




---oooOooo---




Le soleil commence à rougeoyer à l’horizon. J’ai passé toute ma nuit à la barre même si j’aurais très bien pu laisser l’électronique tout gérer à ma place. Et, toute la nuit, je me suis posé des questions sur mon avenir – et un peu aussi sur celui d’Aïcha – tant professionnel que sentimental.


Une chose est certaine, je veux revenir en France même si le fric que m’a donné Son Éminence me permettrait de m’installer à peu près partout dans le monde. De toute façon et pour le moment – enfin, tant que personne ne sait que je trimbale une passagère clandestine – je ne suis persona non grata nulle part.


Bref, ma décision est prise : je retourne dans l’Hexagone, même si je ne sais pas trop ce que je ferai une fois là-bas. Après, et si d’aventure cela ne se passait pas aussi bien que je l’espère, je pourrais toujours me ré-expatrier, je sais désormais où m’adresser et à quelles portes sonner.


Par contre, j’ai du mal à m’imaginer laisser Aïcha partir de son côté sans rien me demander. Professionnellement et dans le domaine où elle exerce, elle est largement au-dessus du lot, je ne m’inquiète donc pas trop à ce sujet. Mais pour le reste…


Quelle expérience a-t-elle de la vie ? Elle a toujours vécu plus ou moins recluse sous l’emprise de sa famille, famille qui a accessoirement assez de pognon, de pouvoir et d’influence pour la retrouver où qu’elle se trouve dans le monde. Et là, je n’ose même pas imaginer ce qui pourrait se passer : être une femme n’est déjà pas drôle dans son pays, mais alors une femme qui quitte tout sur un coup de tête pour s’enfuir en tête-à-tête avec un Occidental forcément dépravé… Bref, il vaudrait mieux qu’elle ne retourne jamais chez elle, et encore un peu moins, les menottes aux poignets.


Mais sait-elle elle-même ce qu’elle compte faire à l’avenir ? Bonne question ! J’essaierai de la faire parler à son réveil. Pour le moment, c’est l’heure de me préparer un café et de me faire cuire quelques croissants : je les mets au congélateur après avoir préparé moi-même la pâte, c’est ma madeleine de Proust à moi.


Maître Aïcha, sans doute par l’odeur alléchée, apparaît sur le pont. Je suis sur le point de lui offrir un café ainsi que ce petit bout de France lorsque je me ravise.



Même si je ne vois toujours pas son visage, je jurerais qu’elle est en train de sourire.



De nouveau, son sourire transparaît au travers de l’étoffe.



Ai-je vraiment le choix ? Oui, bien sûr, puisque je pourrais bien lui porter son café et son croissant dans la cabine où elle pourrait l’apprécier loin de mon regard. Cependant, c’est avec un certain amusement que j’enfile le masque en question.



Je m’attendais à une réponse, mais celle-ci ne vient pas. Il est vrai qu’Aïcha ne dispose sans doute pas des références… Quoi qu’il en soit, je l’entends grignoter la viennoiserie tout en sirotant son café.



En fait, il ne s’écoule pas trente secondes avant qu’elle ne me redonne son feu vert. Et là, surprise. Au pied du mat, les trappes sur lesquelles s’ouvraient les soutes ont été reconverties en solarium où, d’après l’ancien proprio, le bronzage des demoiselles ne s’envisageait qu’en version intégrale. Activité quelque peu risquée dans ces contrées où exposer sa peau cinq minutes au soleil te transforme en homard thermidor et où il faudra être sacrément imaginative pour expliquer aux internes des hôpitaux locaux comment tu t’y es pris pour que ton cul ou tes nichons se retrouvent grillés au second degré. Bon, par bonheur, la grand-voile ménage toujours un peu d’ombre, ce qui aide bien à ne pas dépasser la dose prescrite.


Aïcha s’est négligemment allongée sur le côté, son vêtement remonté jusqu’à la taille pour m’offrir une vue imprenable sur son ravissant fessier. Il n’y a pas à dire, si le reste est à la hauteur du peu que j’ai vu de son anatomie – même si c’est loin d’être la plus inintéressante – Aïcha doit être absolument superbe.



De fait, le ciel est bleu, la mer est calme et le vent, presque tiède, nous est toujours favorable… Mais nous ne sommes effectivement pas à l’abri de voir débouler un hélico ou un off-shore affrété par son paternel ou même par les forces de l’ordre. D’un autre côté, je connais des millions d’hommes qui se damneraient pour qu’on leur fasse ce genre de proposition, faut dire qu’elle a des idées bizarres, la fille de Son Excellence…


Elle veut, là tout de suite, que je la prenne par la porte de derrière. Pourquoi ? Bonne question, votre honneur ! Le seul souci étant que visiter l’entrée des artistes n’est pas vraiment ma tasse de thé. Et que, du coup, je ne sais pas trop comment m’y prendre pour ne pas la faire souffrir, vu que pour ça comme pour le reste, je serai le premier à visiter les lieux.


Lui faire le classique deux doigts de cour pour la faire ruisseler et se servir de cette liqueur intime pour lubrifier l’entrée des artistes ? Elle vient de me refuser l’accès à sa case trésor. Lui administrer une petite feuille de rose de derrière les fagots ? Elle s’est laissé faire quelques instants avant de me repousser : ce genre de trip n’appartient pas à tout le monde. Cependant, un flacon d’huile solaire abandonné là depuis une éternité me donne soudain une idée.


Dans l’armoire à pharmacie, il me semble y avoir vu de l’huile d’amande douce. Et alors là, c’est un festival : quelques gouttes sur la corolle brune et déjà elle frémit de désir. Un doigt puis deux dans le petit couloir et son souffle s’accélère. La voilà prête…


Seulement, je ne peux pas vraiment en dire autant ! Ai-je déjà mentionné que la visite du chemin boueux ne figure pas parmi mes activités préférées ? Que j’ai toujours entendu dire que cette première pénétration était toujours décisive et que bien souvent, c’est celle-là qui conditionnerait toutes celles qui viendraient – ou pas, d’ailleurs – par la suite ? Bref et pour faire court, qu’il vaudrait mieux ne pas rater mon coup sous peine de prendre le risque de la dégoûter définitivement de la sodomie ? Et que les questions existentielles sont difficilement compatibles avec la gaudriole, à tel point que Marcel se la joue aux abonnés absents ?


Mais de tout cela, Aïcha s’en moque, et c’est sans doute pour cela qu’elle décide de prendre l’affaire en main, et c’est valable au sens propre comme au figuré. En quelques gestes précis, elle fait sauter les boutons de ma braguette – elle apprend décidément très vite, la demoiselle – et mon bermuda se retrouve bien vite sur le sol. Comme j’ai passé la nuit torse nu et que mon caleçon se la joue perso quelque part dans un recoin de la cabine, elle ne peut réprimer un petit sifflement admiratif lorsque je me retrouve totalement nu devant elle.


Du calme, mon père, cela ne veut strictement rien dire… Je suis très certainement le premier homme qu’elle voit à poil de toute son existence, et que ne pas avoir d’expérience ne signifie pas ne pas s’être documentée auparavant. Bref, elle est peut-être en train d’en faire des tonnes pour me flatter l’ego et me faire redresser la tête, ou plutôt la teube.


Mais là encore, il serait peut-être bon d’arrêter de cogiter vu que mon second cerveau est en train de se réveiller… Aïcha vient de m’attraper la queue et ses mains pourtant pas très expertes ont pour effet de me rendre bien vite plus présentable. Son regard gourmand planté dans le mien, elle profite de ce que mon engin se retrouve soudain raide comme la justice pour s’emparer du flacon d’huile qu’elle me déverse directement sur la queue. Cette fois, le message reçu cinq sur cinq, décollage immédiat.


Elle reprend la pose, en appui sur le coude et son vêtement retroussé jusqu’aux hanches, et vient d’elle-même se coller contre mon membre. Là, cette fois, c’en est trop… Mon sexe bute contre sa rosette, je pousse un peu tout en m’assurant qu’elle se prête bien au jeu et en une seconde, me voilà en elle. Quelques allers et retours, elle pousse encore un peu plus son cul pour m’enjoindre d’aller plus loin.


Et soudain, là, un fusible vient de péter dans mon esprit. Plus question de douceur, allons-y franchement ! C’est un véritable pilonnage en règle auquel je me livre, mais Aïcha semble bien ne rien y trouver à redire. Cependant, la chaleur aidant, la sueur se met à me brûler les yeux à tel point que je suis contraint bien vite d’arrêter les frais… La tempête se calme sans que l’envie de libérer la cargaison ne se soit manifestée.



Tout en m’épongeant le front, je comprends très bien ce qui est en train de se passer. Aïcha en est restée à deux mises en orbite coup sur coup, mais là, la fusée a beau être sur le pas de tir et le compte à rebours enclenché, le décollage risque de se faire attendre encore un bon moment. Rien d’étonnant à cela, même les expertes du ramonage de fion affirment qu’il y est aussi facile de prendre du plaisir que difficile d’y prendre de son pied… À mon tour de prendre les choses en main.


Et hop, Aïcha se retrouve bien vite à quatre pattes, la poitrine posée sur le tissu éponge et le postérieur pointé vers le ciel. Là, je me faufile derrière elle et c’est reparti pour un tour ! Seulement, je profite cette fois qu’il n’est plus possible pour elle de me refuser l’accès à l’entrée de sa salle de jeu… C’est même avec pas mal de retenue que je reprends la cavalcade, mais c’est sans compter avec ce doigt fureteur qui a tôt fait de lui vriller le bouton magique. Quelques minutes à peine de ce traitement de choc et elle s’écroule dans un ultime gémissement de bonheur.


Et moi, et moi, et moi… Je suis bien incapable de comprendre pourquoi, comme ça et sans raison particulière – et surtout sans que je ne l’aie senti venir – les portes du barrage cèdent brusquement. Je n’ai que le temps de me retirer précipitamment pour déverser un flot de semence sur sa peau brune. Game over.




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Les heures s’écoulent. Elle ne veut pas me dire ce qu’elle compte faire après, lorsque nous nous aurons abordé une terre un peu plus hospitalière. Pour ce qui est des recherches, le radar est muet, ce qui semble signifier qu’aucun bateau, avion ni hélicoptère n’a été lancé à nos trousses. Tant mieux, d’autant que nous ne serons pas dans les eaux internationales avant la fin de journée.



Assuré de mon silence ? En échange de l’argent, je n’ai rien eu à signer, même pas une main droite à lever. Donc, en clair, pognon ou pas, je peux toujours aller raconter mon histoire au monde entier… Sauf qu’il est extrêmement probable que le monde entier s’en branle complètement.



Elle s’arrête au milieu de sa phrase, gênée.



Là-dessus, elle file vers les toilettes. Quelques minutes plus tard, elle est de retour, mais je reconnais le masque de ce matin.



Elle se glisse derrière moi, c’est quasiment la première fois que je sens sa poitrine, a priori assez menue, s’écraser tout contre mon dos. De nouveau, elle s’attaque à ma braguette avec laquelle elle bataille quelques instants… Il n’y a pas à dire, le capitaine de ce rafiot doit avoir fière allure, le calbut sur les chevilles, à poil et à la barre, et tout ça les yeux bandés !


En tout cas, ce n’est pas ce qui semble perturber ma chère Aïcha qui, accessoirement, commence sérieusement à savoir me prendre par les sentiments. Deux ou trois caresses sur ma queue, quelques allers et retours en me tire-bouchonnant les pruneaux, je crois bien que ce voilier vient de s’enorgueillir d’un nouveau mât même si quelque peu horizontal.


Et puis soudain, plus rien… J’en suis à me demander si je ne vais pas ôter ce fameux bandeau lorsque mon horizon, pourtant déjà bien noir, s’obscurcit encore. Aïcha ! Elle vient tout simplement de m’emboucher jusqu’à la garde, comme ça, sans prévenir. Non, pas du bout des lèvres, non, pas timidement, non, à fond ! Elle y est allée d’ailleurs tellement fort qu’elle s’étrangle… Et pourtant, côté manche de pioche, je n’ai pas le souvenir d’être particulièrement bien équipé.


Peu importe, elle prend tout juste le temps de reprendre son souffle et elle y retourne, mais, cette fois, elle procède avec une prudence bien légitime, mais également une indiscutable concentration. De sa langue, elle s’attarde sur mon frein dont elle a déjà remarqué qu’il s’agissait d’un point particulièrement sensible. Dès lors, que dire ? Que c’est loin d’être la meilleure pipe de ma vie ? Que j’ai un peu trop tendance à sentir ses dents ? Que son petit manège est un poil trop répétitif ? Tu parles ! De tout ça, l’habituel locataire de mon froc s’en fout complètement… À tel point qu’il est temps pour moi de décoller Aïcha de mon membre avant que la moutarde ne me monte au nez. Elle s’inquiète :



Eh bien, en fait non… J’aurais même tendance à dire qu’elle s’y prend même un peu trop bien.



L’agacement se lit dans sa voix, je ferais peut-être bien de ne pas insister.



Et c’est reparti de plus belle… Tiens, elle a remarqué que si l’effet qu’elle me procure lorsqu’elle me prend dans sa bouche est terrible, celui de promener sa langue tout le long de mon membre et surtout sur le bout m’électrise complètement. C’est bien simple, il ne lui a fallu que quelques minutes à peine pour me ramener au point de départ, je sens la sève monter en moi, et encore, et encore…



Ben, je vais rien du tout, en fait… Je n’ai pas eu le temps de tirer la sonnette d’alarme ! En fait, je crois bien que j’ai tiré plus vite que le fusil. Les jambes encore un peu flageolantes, j’ôte alors mon bandeau… Et le spectacle que m’offre Aïcha est proprement – enfin, façon de parler – hallucinant.


Pour pouvoir me sucer, il a bien fallu qu’elle ôte ce foutu foulard qui me cache toujours le bas de son visage, mais elle l’a bien vite remis en place. Un peu trop vite sans doute, puisque celui-ci est désormais maculé de foutre blanc qui dégouline à n’en plus finir. Elle se lève alors, va jeter un œil dans le miroir dont je me sers le matin pour me raser et, à ma grande surprise, ne fait rien du tout. Au contraire, j’ai l’impression qu’elle est ravie de voir les longues traînées blanchâtres s’écouler sur le tissu noir. D’une certaine façon, je ne devrais pas être surpris : tout à l’heure, lorsque j’ai décoré son adorable petit cul d’une série de giclées hors normes, elle aurait très bien pu s’essuyer avec le paquet de mouchoirs en papier qui étaient à sa portée, mais elle n’en a rien fait… Au contraire, elle s’est épongée ostensiblement dans les replis de son vêtement. Pourquoi ? Encore un point qu’il sera bon d’éclaircir quand le moment sera venu.




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Dix-sept heures trente. Renfroqué, j’ai repris mon poste à la barre sans qu’aucun navire ne se pointe à l’horizon. En bas, Aïcha est curieuse de tout, s’extasie devant un épisode de la Guerre des Étoiles, prend autant de plaisir à écouter les quatre saisons de Vivaldi que David Guetta tout en feuilletant un magazine féminin oublié là il y a quelques années.


Elle pose sa bande dessinée de Superman qu’elle lisait avec amusement.



Et quand on dit enfer, le mot est faible : la jeune épouse se trouve aussitôt répudiée, elle perd accessoirement tous ses biens que son mari récupère aussitôt, tandis que la honte s’abat sur l’ensemble de sa famille qui la renie. Il ne reste plus pour elle qu’à fuir loin de chez elle en sachant qu’elle restera à tout jamais une pestiférée.



Elle me coupe sans m’avoir laissé finir ma phrase.



Dans sa vie professionnelle, j’ai maintes fois remarqué que lorsqu’Aïcha a une idée dans la tête, elle ne l’a pas ailleurs, et c’est pourquoi j’avais anticipé une réponse dans ce goût-là… J’avais donc déjà préparé la contre-attaque :



Là-dessus et à sa grande surprise, je retire mon bermuda et, c’est donc complètement à loilpé et la teube bien en évidence que je m’allonge sur le bain-de-soleil.



Tiens, il semblerait qu’elle soit plus au courant qu’elle ne le prétend, Aïcha.



Se retrouver seul, en pleine mer et sous ciel éternellement bleu, il y a pire comme situation, surtout lorsque l’on est accompagné d’une jeune femme qui, pour parler crûment, réclame un coup de bite.


Mais le problème, c’est que je respecte infiniment Aïcha et, peut-être plus encore, et aussi surprenant que cela puisse paraître, ses croyances. Eh oui, le plus ou moins athée que je suis a toujours été fasciné par ceux qui croient… Et cela, même si la plupart des religions ont bien souvent tendance à me sortir par les trous de nez. Mais, après tout et comme m’a dit un prêtre lors d’une discussion où nous avions tous deux largement trop levé le coude, on peut très bien croire en Dieu sans s’attarder aux bondieuseries.


Tiens, la température, déjà étouffante, vient de monter de plusieurs degrés. La faute à qui, je vous le demande ? À Aïcha, qui vient de m’enjamber et de m’ensevelir sous des kilomètres carrés de toile noire. Pourquoi ? Ça, c’est plus simple à comprendre : elle vient de me coller sa chatte délicieusement parfumée sous le nez. Il n’y a pas à dire, elle sait exactement ce qu’elle veut et fera tout pour l’obtenir.


Et c’est parti pour une petite séance de broute-minou… Même si, en vérité, cela n’a rien de simple dans la mesure où, en dehors de la chaleur accablante, je ne peux m’aider de mes mains, perdues qu’elles sont dans cette tenue à peine plus petite qu’un parachute. Qu’à cela ne tienne : à l’autre bout de moi-même, Aïcha vient de me prendre en bouche et, cette fois, elle sait exactement comment s’y prendre ! Décalottage en règle et tout en douceur, léchage de l’extrémité du gland, massage des bourses, bouts de doigts mouillés sur le frein, quelque chose me dit que Marcel doit être dans une forme olympique, raide à en enfoncer des clous.


Demi-tour, droite, la voilà qui descend. Cette fois, il n’est plus question pour moi de rester empêtré dans cette forteresse de tissu, c’est un coup à mourir étouffé. De toute façon, j’ai toujours mon bandeau, Aïcha ne peut donc pas y trouver à redire.


Elle fourrage entre ses lèvres. Comment est-ce que je le sais ? Parce que cela s’entend, pardi ! Un florilège de petits bruits mouillés parvient jusqu’à mes oreilles. Au bout de quelques secondes, je la sens se placer juste au-dessus de ma queue, prête à l’embrochage. Je l’attrape vivement par les hanches avant qu’il en soit trop tard.



Pas le temps de comprendre, elle vient de se laisser tomber de tout son poids sur ma verge. La douleur est intense… J’ai clairement entendu craquer son hymen lorsqu’elle s’est empalée sur moi. Son hurlement a été terrible et là, maintenant, je l’entends sangloter… Mais elle ne se déboîte pas pour autant de moi. Elle m’ôte alors mon bandeau, mais, sans surprise, le foulard est toujours en place. Les yeux pleins de larmes reflètent en même temps un immense bonheur.



Nous restons immobiles pendant de longues minutes. Ses pleurs s’arrêtent enfin, et elle commence à me chevaucher lentement, comme si elle voulait s’assurer que la souffrance qu’elle vient de ressentir n’est plus qu’un souvenir. Bien entendu, pendant de longues minutes, elle ne coulisse sur moi que de quelques millimètres, mais les mouvements se font désormais de plus en plus amples. Au début, je suis resté immobile pour ne pas la brusquer, mais, maintenant, je l’accompagne en douceur en ponctuant chacun de ses allers et retours d’un coup de reins tranquille. Bien que menée à un train de sénateur, le regard ravi d’Aïcha laisse à penser que la chevauchée est en train de produire son petit effet… Jusqu’à ce que quelques gouttes de sueur tombent sur mon torse et que tout s’arrête : ma cavalière vient de s’écrouler sur le côté, totalement à bout de souffle. Ses yeux reflètent la rage, la fatigue et la déception.


En fait, c’est assez logique, dans la mesure où, même en haute mer, la chaleur est comme toujours plus ou moins infernale. Et encore, je dis qu’elle est infernale pour nous qui sommes pourtant toujours habillés léger – et encore un peu plus pour moi qui suis tout bonnement à poil – mais qu’est-ce que ce doit être lorsque l’on est fringuée comme Aïcha ! Si le prophète, dans son immense miséricorde, s’était bien gardé de mentionner le voile – tout ce bazar ne serait dû qu’à des erreurs de traductions et d’interprétations doublées de siècles de mauvaise foi – ce n’était peut-être pas pour rien ! Quoi qu’il en soit, Aïcha n’en peut tout simplement plus, son vêtement n’étant vraiment pas adapté à l’exercice physique même lorsqu’il est un peu moins tendancieux que le nôtre. Je la laisse reprendre sa respiration.


Cependant, il est bien entendu hors de question d’en rester là. La prendre classiquement dans la position du missionnaire ? Je vais me retrouver au-dessus d’elle et ce n’est pas cela qui fera baisser la température. Lui demander de se déloquer ? Je connais d’ores et déjà sa réponse. Une idée me traverse alors l’esprit, elle va me permettre de ne pas abandonner Aïcha sur le quai alors le train du plaisir était sur le point d’entrer en gare.


Je me glisse derrière elle, dans la position de la cuillère. Message reçu, fort et clair ! Sans aucune pudeur, elle écarte largement ses jambes pour m’accueillir en elle. Quant à moi, je m’introduis dans ce sexe délicieusement chaud avec mille précautions pour ne pas réveiller la douleur. Un petit cri de surprise qui n’a plus rien à voir avec le rugissement déchirant de tout à l’heure, et je me mets alors à aller et venir en elle avec un maximum de tendresse.


Tiens, à en juger par ses soupirs, le train dont je parlais il y a quelques instants est de retour… J’accélère alors quelque peu la cadence, elle n’en finit plus de gémir, le seul souci étant que le sang commence à bourdonner à mes tempes ! Qu’à cela ne tienne, je glisse ma main le long de son ventre, un doigt farceur s’égare sur son clitoris, mes coups de reins deviennent soudain plus rageurs jusqu’à ce que j’espérais se produise et que l’orgasme la cueille comme une fleur, une fleur du désert, cela va sans dire.


Il était temps… Je n’ai que le temps de me retirer pour expédier de longues giclées de foutre brûlant sur son cul rebondi. Elle me regarde, effarée.



Elle est sur le point de répondre quelque chose lorsqu’un signal caractéristique du radar retentit.



Elle me tend le bandeau.



Je ne vois pas, et c’est le cas de le dire, du tout où elle veut en venir, mais au point où nous en sommes… Je l’entends se lever tandis qu’un bruit de tissu froissé parvient à mes oreilles.



Je m’exécute et le spectacle qui s’offre à moi est proprement sidérant : là, à deux mètres de moi et bien que de dos, Aïcha est totalement nue, et je la vois balancer cet immense vêtement par-dessus bord. Comme je m’y attendais, la demoiselle est magnifique, avec ses hanches fines et ses ravissantes petites fesses que je connais déjà, tandis que ses longs cheveux d’un noir de jais cascadent quasiment jusqu’à ses hanches, la vision est idyllique.


Idyllique, sans doute, mais que dire lorsqu’elle se retourne ? Son visage, son visage que sûrement jamais personne n’a jamais vu, est un véritable enchantement. Ses yeux, sa bouche, son sourire… Tout cela est à tomber à la renverse. Sa poitrine, quant à elle, est menue et les pointes de ses seins sont un véritable appel à la caresse. Pour le reste, à savoir son adorable ventre plat et son mont de Vénus délicatement taillé, j’avoue que l’effet de surprise ne joue plus… Même si l’effet n’en est pas moins saisissant et que ce genre de paysage fait partie de ceux dont on ne se lasse jamais.



Rendons à César ce qui est à César : dans ces contrées, acheter une gamine pour en faire son épouse ne signifie pas pour autant qu’on va lui passer dessus dans la foulée. Non, par bonheur, l’usage veut que le mariage ne soit consommé que lorsque l’ex-demoiselle a atteint un âge que l’on va qualifier de raisonnable.



Je la coupe, puisque je viens de remarquer un détail.



Elle sourit. Ses dents, d’une blancheur éclatante, brillent comme mille soleils sur sa peau mate.



Tiens, elle me tutoie. Bien sûr, tout le monde sait qu’en anglais, il n’y a théoriquement pas de différence… Mais il y a des intonations qui ne laissent aucun doute.



En fait, au fil des années où nous bossions ensemble et à ma grande surprise, elle n’a cessé de m’envisager. Enfin, et cela va sans dire, en tout bien tout honneur puisqu’elle était parfaitement consciente que cette bluette n’avait pas une chance sur un million de se réaliser un jour.


Pour moi, la situation était identique : en admettant que je parvienne à lui parler sans que nous soyons espionnés, que j’arrive à la baratiner et quand bien même elle aurait été partante dans cette aventure, qu’en aurait-il été de la suite ? L’emmener au restaurant, en boîte ou je ne sais quoi ? Le simple fait de l’accompagner dans la rue était déjà illégal…


Et ensuite ? La convaincre de venir chez moi ou d’aller dans un hôtel ? Nous n’aurions pas été ensemble depuis cinq minutes que la police ou les forces spéciales auraient été à la porte. Et les amours impossibles, il n’y a que dans les films ou les romans à l’eau de rose qu’elles ont un intérêt !


Quoi qu’il en soit, lorsqu’elle se retrouvait seule dans son lit, elle imaginait tout ce que nous pourrions faire ensemble… Sans que je ne m’en sois douté ne serait-ce qu’un instant. De toute façon, qu’est-ce que cela aurait bien pu y changer ?


Seulement, voilà, il y a eu ce type, probablement un responsable des autorités religieuses, qui s’est pointé dans le bureau de Son Éminence et là, en l’espace d’une demi-heure, le destin d’Aïcha – ainsi que le mien, avec des conséquences beaucoup moins graves – a basculé. D’après elle, son père avait quasiment les larmes aux yeux quand il lui a déballé le filet garni.



Là-bas, et on s’en doute, l’éducation sexuelle des filles est loin d’être une priorité. Mais nous, en France, sommes-nous à même de donner des leçons quand on voit le nombre de gamines qui se retrouvent en cloque alors qu’elles ont théoriquement accès à toutes les contraceptions ?



Ça, je dirais même que c’est rarissime… Même s’il est peu probable que des statistiques aient été faites sur le sujet.



Faut reconnaître qu’elle n’a pas tort, Aïcha. Même au fil des siècles, le nombre d’hommes qui doivent avoir connu une telle expérience ne doivent pas être légion. Je souris.



Je la serre tout contre moi et je pose mes lèvres sur les siennes. Il lui faut quelques secondes pour qu’Aïcha réponde à mon baiser, mais nos langues se rencontrent bien vite. Lorsque nos bouches se séparent enfin, nous sommes tous deux à bout de souffle. Elle me sourit.



Ça, ma chère Aïcha, nous verrons au fil du temps. Pour le moment, la seule chose dont j’ai envie, c’est de te reprendre dans mes bras comme ça, tranquillement, tendrement, simplement… Et peut-être que tout à l’heure, je te referai l’amour. Mais cette fois, ce sera sans voile, sans baratin, sans mise en scène… Juste avec mon cœur.




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Un an et demi s’est écoulé depuis cette invraisemblable croisière… Comme c’était prévisible, Aïcha a demandé à m’accompagner en France, où son talent de négociatrice a immédiatement fait merveille au point que notre petite entreprise d’import-export a très vite commencé à voler de ses propres ailes.


Mais avant d’en arriver là, il y a eu le retour sur le plancher des vaches : j’aurais très bien pu descendre à terre pour aller lui acheter des fringues – même en Occident, se balader à poil dans les rues est assez malvenu – ou simplement nous en faire livrer sur le bateau, mais elle s’y est opposée. Du coup, c’est sanglée dans un 501 barboté dans mon armoire et donc deux fois trop grand pour elle que nous avons pris l’avion. De même, un œil averti aurait pu remarquer que sa petite poitrine ballottait joyeusement sous ce tee-shirt d’homme… Parce que, de la même façon, il nous aurait tout à fait possible d’acheter de la lingerie ne serait-ce que dans les boutiques duty free de l’aéroport, mais elle n’a pas davantage accepté. Elle s’était battue pour être une femme libre, et elle le serait jusqu’au bout.


Aujourd’hui, Aïcha n’aime rien tant que les petites robes d’été, courtes de préférence, qui dévoilent sans excès son décolleté et laissent ses bras nus, un luxe qui lui a été refusé pendant tant d’années. De même, elle s’est découvert une passion pour la lingerie… Elle m’accompagne partout, au restaurant, au cinéma, au spectacle, au musée, dans les expositions et même dans les églises où, à défaut d’y faire le signe de croix, je dépose toujours un cierge à la mémoire de tous ceux que j’ai connus et qui nous ont quitté, tout en m’extasiant de ces invraisemblables architectures. Et elle ne manque jamais l’occasion, même seule, de boire un café à la terrasse d’un bistrot. Encore une fois, les moindres petits détails prennent toute leur importance lorsque l’on en a rêvé pendant des années.


Quant à moi, comment dire… J’ai appris à ne pas boire ni manger devant elle lorsqu’elle fait le ramadan. De même, j’évite la charcuterie en sa présence. Quant à l’alcool, Aïcha a une seconde raison de ne pas y toucher, puisqu’elle est ronde comme un petit pois et qu’une petite fille devrait naître en septembre. Elle a tenu à l’appeler Marianne en hommage à ce pays qui a su l’accueillir et où, même si tout est loin d’être parfait, la liberté des hommes et des femmes n’est pas tout à fait un vain mot.


C’est également au nom de la liberté qu’elle ne veut pas entendre parler de mariage ni chrétien ni musulman, pas même civil. Elle veut que l’amour soit la seule raison pour laquelle nous restons ensemble sans qu’aucun lien ne nous retienne.




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Il est pratiquement dix heures du matin, ce jour-là, lorsque l’on sonne à notre porte. De qui peut-il bien s’agir ? L’essentiel de nos tractations se fait soit par téléphone, soit par ordinateur et les clients qui viennent nous rendre visite sont très rares.


J’ouvre et là, mon sang se glace. L’homme qui est là, devant moi, a beau porter un costume tout ce qu’il y a de plus occidental, sa longue barbe et sa coiffe blanche ne laissent aucun doute sur sa nationalité… Il me tend sa carte de visite, rédigée en arabe ainsi qu’en anglais. Terrifiée, Aïcha vient se pendre à mon bras. En la voyant paniquer, l’homme sourit.



Notre ami est décidément bien renseigné… À mon avis, notre ami a dû mettre ses relations dans la partie et les services secrets de son pays ont bien fait leur boulot dans la mesure où mes proches eux-mêmes ne connaissent pas le sexe de l’enfant qu’Aïcha porte en son ventre. Il poursuit, imperturbable :



Alors là, si je m’attendais… Je bafouille.



De nouveau, l’homme sourit.



Puis, après un silence :



À notre grande surprise, il avance d’un pas et pose précautionneusement sa main sur le ventre d’Aïcha. C’est quelque chose d’anodin chez nous – quoique certaines femmes enceintes n’apprécient pas – mais totalement incongru dans son pays d’origine.