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Temps de lecture estimé : 51 mn
24/05/20
Résumé:  Mélanie, l'aide à domicile, refait sa vie après le décès de son époux agriculteur.
Critères:  fh fhh jeunes campagne amour fmast hmast entreseins fellation anulingus pénétratio double sandwich portrait -prememois -initiat
Auteur : Roy Suffer            Envoi mini-message

Série : Aide à domicile

Chapitre 02 / 02
Aide à domicile (2)

Résumé de l'épisode précédent :

Mélanie, aide à domicile, a épousé son propriétaire agriculteur. Celui-ci vient de mourir d’une crise cardiaque au volant de son tracteur. Elle se retrouve seule dans la ferme avec Julien, l’apprenti.






Trois jours plus tard, une Clio sans âge ni couleur, bringuebalante et pétaradante fit son entrée dans la cour. En sortit un petit bonhomme trapu et brun, le teint hâlé par les travaux d’extérieur. Il frappa à la véranda.



Le jeune homme sembla apprécier le potager, les élevages, l’étang, le paysage, mais il s’extasia quand Mélanie ouvrit le second appartement de la deuxième ferme, identique à celui de Julien. Germain l’avait fait faire au cas où, tant que les entreprises étaient là.



Ludo les fit se lever deux jours plus tard à cinq heures trente pour commencer la cueillette dès le lever du jour. Ils passèrent la journée courbés sur les rangs, remplissant les paniers, les hottes puis les caisses de bois placées dans la remorque. Aussitôt, le solide garçon se mit au pressoir. Il en tourna la grande roue jusqu’à la dernière grappe sous les yeux des deux autres, rompus de fatigue et de courbatures.



Il transvasa le précieux jus dans des barriques, et le lent travail de fermentation commença. Mélanie avait anticipé, et un bon repas les attendait qu’il n’y avait plus qu’à réchauffer. Ludovic remonta deux bouteilles de la cave, l’une de blanc, l’autre de rouge. Au fil du repas, il goûta l’une puis l’autre, regardant le breuvage dans la lumière, le humant, le chante-flûtant.



Pour acheter un cheval, il fallut d’abord acheter la remorque pour le transporter, remettre en service l’une des anciennes écuries et lui trouver un enclos. Puis Mélanie et Julien descendirent dans l’Ariège chez un éleveur contacté par Internet. Ils revinrent avec un magnifique cheval de Mérens, d’une de ces races presque oubliées qui existe pourtant depuis la nuit des temps, le cheval des peintures rupestres de Lascaux. La race avait tout vécu : un des premiers domestiqué à l’âge de bronze, animal de bât pour les Romains, puis de trait et de randonnée aujourd’hui. Noir des sabots à l’œil, Mélanie le baptisa « Tornado » en souvenir de Zorro. L’animal est rustique et passe sa vie dehors, sauf en cas de grosse chaleur. Docile, très endurant, puissant, mais élégant, ni trop grand ni trop lourd, Ludovic le trouva parfait pour la vigne, Mélanie parfait pour la monte, et Julien dit que ce serait une sacrée publicité d’aller au marché avec une carriole, style « amish ». Tout le monde ricana, mais l’idée fit son chemin.


Car Mélanie n’omettait jamais de faire le marché chaque samedi. Ce n’était plus une nécessité, mais une sorte de sacerdoce. Elle y vendait toujours fromages, lait, beurre crème et œufs, mais aussi quelques volailles et quelques surplus de légumes ou de conserves, exactement comme faisait Gus. Mais surtout, elle avait ses petits clients dont elle prenait soin. Vendant ses poulets plumés et vidés au prix fort du bio aux bourgeois, elle réservait les abats pour quelques petites vieilles aux maigres retraites. L’une d’elles lui confia :



Elle se souvenait de sa période de galère et de la bonté émouvante de Gus avec son couffin de provisions. Ce n’était peut-être pas normal qu’une fille qui travaille ne mange pas à sa faim, ça ne l’est pas plus pour une petite dame qui a travaillé toute sa vie. Et elle n’était pas la seule. Ce vieil homme très digne, marchant droit avec sa canne dans son costume élimé, et qui faisait le tour du marché juste avant sa fermeture. Lui aussi crevait la faim.



Mais c’est lui qui faisait le chien, d’un ragoût de ces déchets. Tous les commerçants le savaient bien et lui gardaient qui un talon de jambon, qui une baguette cassée « pour vos poules ». Et Mélanie lui donnait un sachet de légumes un peu biscornus, mais tout aussi bons, quelques œufs de canes ou d’oies.



Ancien militaire, il n’avait pas fait assez de temps pour prétendre à une pension convenable. Il avait tout abandonné à trente-cinq ans pour soigner sa femme très malade jusqu’à son décès. Mais quand il voulut retrouver un emploi à plus de cinquante ans, ce fut impossible, hormis quelques missions événementielles pour une boîte de sécurité. Il se retrouva donc à soixante ans, Gros-Jean comme devant, avec trois cents et quelques euros par mois, « le prix de l’amour » disait-il. Seule sa fierté du devoir accompli lui donnait cette prestance et cette tenue dans la misère la plus noire. Il y avait ceux-là, et puis il y avait cette grosse dame d’environ quarante ans, traînant trois gamins entre cinq et dix ans, sales, malpolis. Elle dandinait sa graisse et son essoufflement d’étal en étal.



Et elle sortait un téléphone mobile de six ou huit cents euros pour pianoter sur on ne sait quel réseau social… Devinez où passaient les allocations ! Là, c’était pas de chance, il n’y avait plus rien.

Quand Mélanie rentrait pour se consacrer au déjeuner de ses deux gars qui dévoraient comme des ogres, elle avait ce sentiment de plénitude et ce lointain sourire que confère la bonne action accomplie. Ce qui ne manquait pas de faire dire à Ludovic :



Et à Julien de lui narrer l’épisode de la grange à foin.



Le temps passa. Tornado devint la mascotte du marché. Mélanie l’attelait à une véritable carriole amish, trois places sur le banc avant couvert par une capote et un grand plateau à ridelles derrière. Elle le plaçait dans un enclos réservé aux bestiaux les jours de foire et le plateau servait d’étal. Il fit également merveille dans les vignes et même dans le potager. Il permettait de labourer sans tasser la terre, sa puissance, son endurance et sa docilité étaient sans égales. Les garçons l’utilisaient même pour débarder les plus gros troncs dans les bois, en plein hiver. Mélanie avait également un très bon contact avec lui et le montait facilement sans avoir jamais appris. Elle parcourait ainsi son domaine, dominant le site autant que du haut d’un tracteur, mais sans bruit et avec l’excitante sensation de cette masse chaude entre ses cuisses. Elle n’en disait évidemment rien, mais Gus lui manquait beaucoup, tout au moins ces deux ou trois séquences sexuelles qu’ils avaient quotidiennement. Elle culpabilisa un temps, pensant avoir fatigué le cœur de ce pauvre homme, jusqu’à entendre dire, dans une émission médicale, que faire l’amour était bon pour le cœur. En fait, peut-être l’avait-elle prolongé de quelques mois…


Et puis ces deux jeunes gens qu’elle côtoyait chaque jour, solides, vigoureux, pas moches du tout, lui donnaient des idées. Pour Julien, ce n’était pas nouveau. Il avait beaucoup des attributs du prince charmant dont elle rêvait adolescente, grand, blond, musclé et fin à la fois, très gentil. Sauf qu’il avait une démarche redoutable, un peu penché en avant, se dandinant sur des jambes écartées. Ludovic ne lui avait pas plu au départ, son regard surtout qui semblait la déshabiller. Et puis, une fois habituée, elle trouvait cela plutôt flatteur d’attirer la convoitise d’un jeune homme. Certes, il était petit, mais tellement puissant et trapu qu’il laissait à penser avoir une endurance hors du commun. Hélas, pour l’instant il ne lui restait que ses doigts pour la faire jouir un peu, trop peu… L’incident survint un matin, à la livraison bihebdomadaire du restaurateur. Le « Berlingo » arriva en trombe dans la cour en klaxonnant, Mélanie en descendit écarlate en claquant violemment la portière.



Et ça marcha au-delà de leurs espérances, ils n’arrivaient pas à fournir malgré le surcoût du port en emballages spéciaux. La poste du village en profita également. Elle était vouée à fermer, mais ce regain d’activité repoussa l’échéance. Ludo profita de la fin de l’hiver pour planter des arbres truffiers, un mélange de chênes pubescents, noisetiers charmes et bouleaux, et même quelques tilleuls. Tout semblait presque idyllique, mais Mélanie avait tendance à cafarder le soir, seule dans cette grande maison. Pour retarder l’échéance, elle leur proposa de venir dîner avec elle au lieu d’emporter quelques produits à réchauffer chez eux. Ils acceptèrent avec enthousiasme. Parfois les soirées se prolongeaient un peu devant la télé ou autour d’une discussion animée. Elle allait ainsi se coucher très vite et s’endormait sans avoir eu le temps de mesurer sa solitude.


Le printemps revint avec ses jours plus longs, des températures plus clémentes, mais aussi un surcroît de travail considérable. Les deux copains ne se quittaient plus guère, faisant à peu près tout ensemble. Ils avaient pris ce pli durant l’hiver, autant pour faire le bois que pour les vêlages. Qu’importe, du moment que le travail soit fait et il était très bien fait. Ils avaient l’œil, l’énergie et avaient pris cette bonne habitude de ne rien laisser traîner par-devers eux, dussent-ils y passer une partie de la soirée. Mais toujours Julien prévenait Mélanie que tout retard désormais inquiétait.


En cette fin d’après-midi de juillet, c’était juste avant les moissons, il faisait une canicule insupportable. Mélanie, qui aimait bien voir les yeux des garçons sortir de leurs têtes, portait une tenue sciemment ravageuse. Un chemisier de fine cotonnade jaune, manche courte, col classique, mais qui s’arrêtait sous la poitrine avec deux longues bandes pour y faire un nœud. Il se portait sans bouton et… sans sous-tif ! Pour compléter, elle s’était fabriqué un short dans un vieux jean taille basse réduit à la ceinture et la braguette devant, aux deux poches revolver derrière. Autant dire un boxer en denim. La taille basse de ce short minimaliste laissait voir à l’arrière les trois sangles rouges reliées par un anneau de son string. Un brin allumeuse, mais surtout coquine. Sa bonne humeur était revenue avec la chaleur et le temps avait cicatrisé la douleur de la perte de Gus. Il faut dire que sur un popotin de ce calibre, l’effet était dévastateur et les deux oiseaux mataient le bec ouvert, attendant leur pâtée.



Après le repas et en retournant au travail, Julien confia à son copain :



Ils travaillèrent dur tout l’après-midi, mais chacun de leur côté, l’un à irriguer et brumiser, l’autre à vacciner les cochons et les vaches. Julien arriva le premier au puits, au milieu de la cour, et y plongea le seau pour se rafraîchir, torse nu. Dans le soleil descendant, sa tignasse dorée semblait lui faire une auréole.



Ludovic arriva et fit de même et, comme deux ados, ils se mirent à s’asperger d’eau glacée et à se poursuivre en riant autour du puits. C’était bon de les voir jouer et de les entendre rire. Et ce Ludo, bâti comme un athlète avec des muscles impressionnants. Deux beaux petits mecs, en vérité.



Elle sortit donc les rejoindre en prétextant que cette eau était trop glacée et qu’ils allaient attraper du mal. Ce qui devait arriver arriva.



Elle reçut une première aspersion qui la suffoqua un peu, se vengea bien sûr et termina bien trempée. Là, les garçons arrêtèrent, la bouche ouverte et les yeux comme des soucoupes. Le petit chemisier, non content d’être minimaliste, était devenu transparent montrant, presque comme s’il n’existait pas, deux aréoles d’un rouge sombre pointant deux tétons fortement érigés. Suivant leurs regards, elle s’aperçut du spectacle offert.



Ils demandèrent une bière en s’étonnant :



Julien expliqua, Mélanie trouva cela astucieux et dit d’accord pour le tunnel à condition d’en installer un dans sa véranda. Les deux conduites pouvaient partir du petit bois, mais pour la véranda, il fallait passer dans la cour et donc démonter les pavés, un sacré boulot. À force de réflexion et d’échanges, il leur apparut que le plus simple serait de passer par la cave et d’éviter la cour. Un trou dans le bas du mur de la cave suffirait.



Installée entre les deux jeunes gens restés torses nus, elle les serra contre elle en les prenant par les épaules. Ils passèrent un bras dans son dos, lui rendant son étreinte.



Mélanie approcha son visage de celui du jeune homme et leurs bouches se joignirent, timidement d’abord puis fougueusement, au point que leurs dents s’entrechoquèrent. Soudain, un éclair se fit dans la tête de Mélanie tandis que leurs langues dansaient la samba. Elle n’avait jamais embrassé Germain ! Elle l’avait sucé, tout fait, sauf embrassé. C’était donc ça la limite de sa libido. Comme autrefois le copain de sa mère, puis Germain et aujourd’hui Ludovic dont elle n’était pas amoureuse, elle n’avait aucune envie de les embrasser ni de se laisser embrasser. Au contraire de Julien, son petit prince charmant, qu’elle dévorait à pleine bouche. Ludo, un peu gêné, tenta une main sur ce somptueux cul à demi tourné. Non seulement elle ne protesta pas, mais se souleva pour qu’il puisse lui retirer son petit short. Le voluptueux fessier lui apparut dans sa blanche plénitude, la ficelle du string cachée très loin au fond du profond sillon. Le jeune homme y plongea aussitôt sa main puis sa bouche gourmande. Julien ne perdait pas de temps non plus et vint rapidement à bout du nœud qui fermait le chemisier. Il voulait sentir ces gros seins durs et tendres s’écraser contre sa poitrine. Le chemisier vola, Mélanie se redressa.



Ce fut la ruée, comme les petits cochons sur la truie. Deux jeunes chiens fous sautant sur leur os favori. Et l’autre qui jubilait, tête en arrière, déjà basculée dans l’autre monde, dans la peau de Miss Hyde. Instinctivement, elle écarta les jambes, révélant le triangle rouge de son string, bien incapable de couvrir la totalité de son buisson brun dépassant largement de part et d’autre. Deux mains différentes s’emparèrent des cuisses épaisses et tendres, remontant toutes deux vers la vulve aux bourrelets dilatés par la bride tendue. Les doigts curieux fouillèrent la chair tendre et velue, déjà humide. La femme râlait, abandonnée dans leurs bras, et cela les excitait encore plus.



Elle se mit à genoux, les garçons debout, pressant leurs sexes dressés contre son visage. Elle les caressa, les lécha, puis les goba et les suça énergiquement tour à tour, admirant la longueur lisse de celui de Julien, l’épaisseur brune de celui de Ludovic. Elle rêvait déjà de les sentir vibrer en elle, y prendre et y donner des heures de plaisir absolu. Mais inutile de les vider prématurément, elle se releva et les entraîna vers la chambre. Ils eurent du mal à y parvenir, s’arrêtant dix fois dans l’escalier pour tripoter les fesses oscillant sous leurs nez, les seins encore, arracher le string, voler un nouveau baiser. Elle poussa Julien sur le lit en s’excusant auprès de son copain :



Elle se jeta sur Juju, l’embrassa à pleine bouche puis descendit doucement en semant des petits bisous sur son chemin, à ses tétons d’abord, à son nombril ensuite pour terminer sur son sexe hypertrophié. Puis elle l’enjamba et s’empala lentement sur son mât maintenu par une main en criant triomphalement :



Le jeune homme n’en revenait pas de sa chance, cramoisi, le menton dans la poitrine et les veines des tempes dilatées, il contempla cette vulve gourmande aspirer goulûment sa queue. Quelle superbe façon de perdre son pucelage ! C’était divinement chaud, doux, humide, procurant une sensation inégalée. Il n’allait pas pouvoir se retenir et bientôt exploser, mais il sentit soudain son gland buter contre le fond de la grotte, et Mélanie aussi :



Elle se souleva et réitéra sa descente, une fois, deux fois, progressant centimètre par centimètre, jusqu’à ce que le tendre fessier vienne lui écraser délicieusement les couilles. La jeune femme poussa un soupir de satisfaction, mais Julien se contracta soudain et dans un râle explosa au fond de sa chérie.



Elle se vautra sur lui et l’embrassa fougueusement sous l’œil amusé de Ludo qui se branlait tranquillement près d’eux. Toujours enchâssée sur Julien, elle se tourna vers lui :



Ludovic s’exécuta, oignit copieusement la rosette distendue et son dard gros et court. Mais malgré leurs efforts conjugués, le gros gland resta à la porte. Les dandinements du popotin de Mélanie pour accueillir Ludo avaient redonné de l’énergie au pénis de Julien au fond de son fourreau. Alors la jeune femme eut de la présence d’esprit :



Elle quitta Julien et chevaucha Ludovic, ahanant pour s’empaler sur son gros trognon. Julien se plaça derrière elle et lui enfila assez facilement l’issue de secours.



La nuit fut courte. Mélanie s’émerveilla d’avoir vécu « le rêve de toute femme », d’après elle, à savoir d’être prise en même temps par ses deux amants, ainsi que de la vitalité de ces jeunes gens qui reprenaient forme très vite. Lorsque leurs deux portables sonnèrent le réveil presque en même temps, ils n’en dirent pas tout à fait autant, plutôt vaseux pour aller traire les vaches. Mais après une bonne douche, un bon café, arrivés dans l’air vivifiant du petit matin, ils se tapèrent les paumes et les poings.



De retour de traite, ils se firent un petit casse-croûte réparateur et Mélanie enfin réveillée apparut. Nue !



Mélanie s’enfuit à toutes jambes dans une pièce du fond et les deux nigauds éclatèrent de rire. Fausse alerte !


Ils bossèrent à s’en abrutir, creusant deux tranchées à cinq mètres d’écart depuis le bosquet jusqu’au pignon de la maison. Comme il fallait traverser le ruisseau, ce qui ne serait pas le cas en direction des serres, Julien décida de fermer la bonde de l’étang et de suivre le lit du cours d’eau sur quelques mètres, pensant y trouver une source supplémentaire de fraîcheur. Au bout d’une semaine, tout était rebouché, les tuyaux enterrés. Il ne leur restait plus qu’à percer au piqueur le mur de la cave, y installer la turbine, en fait une grosse VMC, à partir de laquelle ils pouvaient faire partir plusieurs tuyaux de distribution. Les deux premiers étaient courts et aboutissaient tout simplement dans un ancien soupirail qui donnait dans la véranda. Une jolie grille camouflait le mécanisme.


Moment fatidique : la mise en route. Armés de thermomètres ils entamèrent les mesures. Température extérieure à l’ombre, 32° ; température du flux d’air, 18° ; température sous la véranda, avant 38°, après, 26°. Gé-nial ! Il y faisait moins chaud que dans le reste du rez-de-chaussée qui était à 28° et 32° à l’étage. Pour atteindre cet étage, ils décidèrent que le plus simple était de passer par la colonne des deux toilettes superposées en longeant le tuyau d’évacuation, quitte à camoufler tout cela ensuite avec on coffrage bois. Deux jours de travail plus tard, trois bouches crachaient de l’ai frais dans le bureau, la chambre et sur le palier. La température tomba également à 26°, ce qui semblait très supportable, et comme l’air froid a tendance à descendre, le rez en profita, tombant à 24° sous l’effet conjugué des deux sources de fraîcheur, étage et véranda. En quelques jours, la température s’uniformisa et le bâtiment perdit une partie de la chaleur accumulée pour se stabiliser à 24° partout. Comme la canicule perdurait, ils trouvèrent cela extrêmement confortable et reposant. Ils allèrent plus vite pour le tunnel de maraîchage, sans ruisseau à traverser, sans mur à percer, juste un tuyau arrivant à chaque extrémité. En conjuguant le puits canadien avec une rampe de brumisation utilisant l’eau fraîche du puits, Ludovic parvint à passer de 42° à 28°, ce qui lui sembla fort convenable.


Ils purent même installer une dérivation des deux dispositifs dans l’étable, ce que les vaches apprécièrent beaucoup. Elles y venaient fréquemment se rafraîchir. Et ce que les garçons voyaient bien également, c’était la fin du gel en hiver sous les tunnels de production. Pas de quoi la poursuivre complètement pendant la mauvaise saison, mais la possibilité de prolonger la vie de nombreux légumes, carottes, salades, poireaux, navets, de conserver bien en forme du persil et de la ciboulette, bref, de ne pas interrompre la vente sur le marché. Forts de cette réussite, mais avec moins d’urgence, ils équipèrent de la même façon le « laboratoire » et la « boulangerie-conserverie », rendant le travail moins pénible, tout comme l’écurie de Tornado.



Ce n’est que quelques semaines plus tard, au début d’un automne qui ressemblait encore à l’été, que Ludovic amena un dimanche Coralie à Montclou. Et encore fut-ce de haute lutte et parce que Madame Germain avait rencontré le papa sur le marché et l’avait finalement convaincu de laisser sa fille unique et chérie venir déjeuner et visiter l’exploitation. Il fallut promettre qu’elle serait rentrée avant la nuit, soit pour dix-huit heures à cette saison. La jeune fille était restée au magasin aider sa mère, aussi Mélanie ne fit-elle sa connaissance que ce dimanche.



Effectivement, la petite poupée qui sortit de la voiture était assez… ébouriffante. Pas un mannequin de magazine de mode, portemanteau sur pattes, non, plutôt l’inverse. Petite, malgré ses sandales à très hauts talons, blonde comme les blés avec des boucles qui semblaient naturelles, de grands yeux bleus, un petit nez mutin et une bouche en cœur, le léger chemisier rouge comme les sandales ne parvenait pas à dissimuler une poitrine très généreuse, pas plus que la jupette n’occultait des hanches et un postérieur d’une rondeur inouïe. Une taille de guêpe renforçait le voluptueux de ces courbes magnifiques. On ne peut pas dire qu’elle fût grosse, juste potelée comme un beau bébé. Du reste, elle conservait un léger pli aux poignets comme en ont les jeunes enfants. Sa peau, si blanche qu’elle frisait le translucide, semblait d’une infinie douceur, comme son regard et sa timidité qui l’empourpra dès qu’elle aperçut ses hôtes.



C’est un repas de fête qu’avait mitonné Mélanie : foie gras, écrevisses, rosbif de Parthenaise, fromages et salade de fruits de la ferme, arrosé d’un peu de vin local dont Coralie but un demi-verre. Elle avait un joli coup de fourchette et s’extasia sur la qualité des produits, étonnée qu’ils vinssent tous du domaine. On lui expliqua le ruisseau et l’étang, les vignes, les vaches, et l’option d’excellence bio qui avait été prise avec un réel succès commercial.



Ludovic lui fit faire le tour du domaine. Ils s’attardèrent un peu dans la seconde ferme, les logements des garçons, pour exprimer ses souhaits.



À dix-huit heures, elle était remise en bon état aux parents et Ludo en avait ras la casquette qu’il ne portait pas. Il s’en confia à ses associés.



Ce garçon simple trouvait déjà beau d’avoir un toit sur la tête plutôt qu’une toile de tente. Alors les détails… Ils firent malgré tout venir un artisan auquel il transmit tous les souhaits de sa belle. Et dans la foulée, il lança les vendanges, jugeant les raisins mûrs et le taux de sucre convenable. Cette année, il avait décidé de revenir aux pratiques ancestrales et de faire une cuvée foulée aux pieds. Pour cela, il avait dégotté auprès de ses contacts en Bourgogne un immense baquet d’occasion qui pourrissait dans un coin, la pratique étant abandonnée depuis des lustres. Convenablement retapée, posée sur un socle de parpaings, la cuve fut remplie de grappes le soir même de la cueillette.


Mélanie fut spontanément désignée pour y monter fouler le raisin de ses pieds mignons. Les deux gars ne firent pas dans le détail et la mirent à poil avant de la propulser dans la cuve. Ah le beau spectacle que ce corps magnifique piétinant les fruits juteux ! La belle se teinta de rouge jusqu’aux genoux, puis jusqu’aux cuisses, mais les garçons la trouvèrent un peu légère pour une pression correcte. Ils y grimpèrent à leur tour. Ça chahuta fort dans le grand baquet. Ils la firent tomber « pour ajouter du jus de fesses au jus de raisin », la léchèrent sur tout le corps, ce qui la rendit folle, et elle finit empalée sur Ludo, sodomisée par Julien, cette « bête à quatre pattes » semblant très efficace pour exprimer… tous les jus ! C’était décidé, ils appelleraient ce futur vin « la cuvée d’amour », mais l’étiquette ne préciserait pas tous les « adjuvants » que l’on y trouverait, à l’instar du tableau du roman de Marcel Aymé, « La jument verte ».


Cet épisode guilleret mit quelques doutes dans la tête de Ludovic, car sa Coralie se refusait toujours à lui, rien avant le mariage. Bon, rien, mais il y avait tout de même des baisers échangés et quelques caresses. Sauf que Coralie ne supportait pas la comparaison avec Mélanie qui partait au quart de tour dès qu’on lui tripotait les seins. Coralie restait impassible, tout juste trouvait-elle cela « agréable ». Le second épisode se déroula quelques semaines plus tard, sur le marché. Le père de Coralie vint converser avec Mélanie sur un ton qui crispa la jeune femme :



La discussion s’envenima Mélanie ne supportant pas qu’on attaquât sans fondement l’œuvre prolongée de Germain qui fonctionnait si bien, ni qu’on la traitât de menteuse. Le rouge lui monta aux joues et elle finit par lui cracher à la figure que sa fille, qui avait des goûts de luxe, lui faisait aménager une maison à grands frais. Le bonhomme coupa court :



Mélanie plia son étal et rentra difficilement, pleurant à chaudes larmes tout le long du trajet. Non pas qu’elle ait été blessée par cet imbécile, mais parce qu’elle pensait aux conséquences pour Ludovic, à sa peine dont elle serait en partie la cause. En arrivant à Montclou, et dès qu’elle put étouffer ses sanglots, elle se jeta aux pieds de Ludovic pour implorer son pardon, essayant de lui narrer ce qui s’était passé le plus fidèlement possible et sans le commenter. Le jeune homme ne parut guère étonné.



Mais Mélanie était persuadée qu’au fond, ce gentil garçon venait de prendre une nouvelle claque de la vie et que ça devait certainement le révulser. Il ne méritait vraiment pas ça. Elle demanda à Julien de veiller sur lui et de le distraire un peu. Nul besoin d’artifices pour le distraire, le boulot s’en chargea. De nombreux vêlages, le taureau « Seigneur » avait bien donné, mais certains furent difficiles et leur prirent des nuits entières. Il y eut une tempête et il fallut réparer quelques toitures, l’éolienne et remplacer la bâche du tunnel en urgence. Le printemps s’enquilla sur ces tracas avec la préparation de la terre, les semis, la vigne, le nettoyage de l’étang et l’herbe qui poussait dès qu’ils avaient le dos tourné. Le plus possible, ils bossaient à deux. Le travail allait plus vite et ils apprenaient l’un de l’autre. Ils devenaient peu à peu polyvalents et interchangeables, se disant que ce serait chouette de pouvoir un jour offrir de vraies vacances à Mélanie qui restait leur égérie.


Ne comptant plus sur Coralie, elle commença à chercher à recruter une aide. Mais l’isolement et le travail faisaient peur. Ses annonces chez les commerçants restèrent vaines. C’est en parlant de ses difficultés lors d’une réunion du groupement bio que le problème trouva une éventuelle solution. L’un des exploitants avait une nièce élevée dans une ferme « traditionnelle ». Son père avait usé et abusé des produits phytosanitaires, engrais, herbicides, insecticides, fongicides, et ce sans trop de précautions. Le jeu avec ses voisins était de savoir lequel aurait le plus de quintaux à l’hectare, sans se préoccuper ni de leur santé, ni de celle des consommateurs, pas plus que de celle de la planète. Résultat, Parkinson à cinquante ans. La gamine venait d’avoir seize ans, elle laissait tomber ses études pour s’occuper de son père pendant que sa mère allait gagner de quoi faire vivoter la maison. Cinq ans de fauteuil roulant plus tard, le père est mort et dans la foulée, la mère s’est suicidée. Vingt-deux ans, sans diplôme, la gamine habite dans une chambre de bonne de six mètres carrés et fait des ménages. Elle serait ravie de retrouver une ferme et un vrai travail. À voir.


Le dimanche suivant, Mélanie alla chercher Audrey dans son pigeonnier sous les toits et l’amena à la ferme. Rien que le lieu lui fit venir une bouffée de larmes aux coins des yeux, vite essuyée d’un revers de main. C’était une fille solide, bien bâtie, les épaules basses, les attaches fortes, un visage assez banal, de longs cheveux châtains réunis en une natte qu’elle portait devant. Le reste était difficile à percevoir sous sa robe tablier à petites fleurs et son grand gilet marronnasse déformé par le temps. Elle ne dit pas grand-chose à table, juste :



Mais quand Mélanie se leva et dit aux garçons de lui faire visiter l’exploitation, elle s’écria :



Effectivement, il ne lui fallut que quelques minutes pour débarrasser la table, faire la vaisselle et donner un coup de balai. Une vraie fée du logis ! Le soir, quand Mélanie eut ramené Audrey après le dîner, elle échangea avec Julien :



Audrey s’installa, elle aussi dans la fameuse longère encore en travaux. Mais les chambres de l’étage avaient été préservées avec leurs salles de bain. Ce n’est que l’espace central commun qui a été démoli pour réaliser une mezzanine au-dessus de l’ancienne grange, couvrant l’espace cuisine de l’immense living. Il y avait encore quelques angles de plafond mansardés, mais rien à voir avec son ancienne chambrette. Elle disposait d’une vraie fenêtre en pignon, de grands placards, d’une belle salle de bain, et puis la présence de Ludovic à l’autre bout du couloir la rassurait. Première au travail, elle préparait le petit-déjeuner pour tout le monde et ne rechignait pas à la tâche.



La première fois, Mélanie fit et Audrey regarda. La seconde, Audrey fit sous les conseils de Mélanie. La troisième fois, Audrey fit seule le pain. Les fromages, ce fut un peu plus long, car la chose est plus délicate. Et tout le reste se passa ainsi, c’est à dire fort bien. En quelques semaines, pour toute activité en dehors des comptes et de la commercialisation, Audrey pouvait se substituer à Mélanie. Pire, elles étaient devenues complices. Aussi, un vendredi soir, Mélanie se permit de lui dire :



Cette fois encore, Audrey n’en revint pas… Et quelque part Mélanie non plus. Quand elle incita la jeune fille à choisir des dessous fantaisie, lui disant :



Alors Audrey essaya des petits ensembles, colorés, en dentelle, coquins, et elle fit entrer Mélanie dans la cabine d’essayage en lui disant :



Elles revinrent par la longère pour poser la multitude de paquets, une vraie garde-robe. Audrey était rouge de plaisir et reçut l’ordre de mettre une tenue « à faire tomber les garçons ». Si bien que quand les deux nigauds arrivèrent pour déjeuner, ils restèrent un instant mâchoires pendantes et bouche bée. Mélanie se marrait derrière sa serviette, elle avait eu le temps de donner à Audrey un trait de mascara et un soupçon de rouge à lèvres. La jeune femme paraissait soudain plus grande et élancée, grâce à des sandales à talons compensés qui la grandissaient de dix centimètres, et à sa natte roulée en chignon au sommet du crâne, cheveux bien tirés. Pour le reste, c’était jean élastique moulant ses jambes au millimètre et petit pull mohair moulant des seins bien mis en valeur par un soutif connu des seules deux femmes. Adieu l’Audrey terne et triste comme un jour sans pain, l’Audrey nouvelle est arrivée avec de belles promesses bien rondes et une jolie silhouette.



Évidemment, ils ne manquèrent pas l’occasion de tomber de leurs chaises et de se rouler par terre. Et à chaque fois qu’Audrey se levait pour aller chercher un plat, deux paires d’yeux la suivaient et les messes basses allaient bon train :



Si bien que, le repas terminé, ils ne quittaient pas la table et que Mélanie dut les mettre dehors. Au programme, décaper les tomettes fraîchement posées de la longère, un boulot harassant, à genoux et au savon noir, mais à l’abri, car il pleuvait des cordes. Ils firent tant et si bien qu’au milieu de l’après-midi ils commencèrent à rapporter les meubles stockés dans la grange et à réaménager l’espace. Des éléments des deux cuisines, ils en composèrent une seule, plus grande et mieux équipée, notant à chaque fois ce qu’il faudrait racheter, mais aussi revendre. Mélanie leur indiqua une source intéressante : son grenier où se trouvaient de vieux meubles de la famille Germain. Ça brossa, lessiva, gratta, ponça, cira et astiqua tout le dimanche, pluvieux également. Le résultat était assez stupéfiant. Le vaste espace un peu vide se remplit de meubles et d’objets détournés, exactement comme s’ils avaient fait les brocantes. L’étagère d’un vaisselier servait de rangement aux CD et DVD, une armoire normande cachait le téléviseur et, au-dessous, un bar à apéritifs, une table ronde aux pieds tournés, laquée en blanc comme les quatre chaises paillées, constitua un coin repas sympathique. Les deux canapés devinrent canapé d’angle autour d’un vieux miroir à cadre doré faisant office de table basse. Les dames furent assez épatées, mais remarquèrent :



Mélanie tint à aller jusqu’au bout de la restauration, même s’il n’était plus question de Coralie. Clôture, abri de voiture, terrasse, allées et crépis, tout fut refait à neuf. À la fin du printemps, Audrey et Ludovic se croyaient, sinon dans un palace, tout au moins dans une maison de rêve. La jeune fille assurait l’entretien de l’intérieur, le jeune homme celui des extérieurs, dans une symbiose à la fois forte et spontanée. Mélanie avait misé gros là-dessus, espérant rattraper la rupture avec Coralie dont elle se considérait toujours responsable. Et au final, elle en était ravie parce qu’Audrey avait bon esprit malgré plus de simplicité et moins de diplômes. Elle lui racontait qu’ils avaient regardé la télé ensemble jusqu’à point d’heure, ou qu’ils étaient allés se promener au clair de lune, parfois qu’ils avaient joué avec les petits cochons laineux… Ils se rapprochaient, c’était évident, et il n’était plus besoin de dire à la jeune fille de soigner son apparence. Jusqu’au jour où Audrey, dans le labo entre deux fromages, questionna Mélanie :



Pensant au calibre de Ludovic, elle lui donna une carafe pour s’entraîner et l’emmena chez son vieux toubib.



C’est ainsi qu’Audrey perdit sa fleur, sans toutefois perdre sa virginité, de manière indolore sous l’effet d’un spray anesthésiant.


Quelques jours plus tard, la jeune fille et son voisin de chambre avaient les yeux dans des valises et un sourire béat au petit déjeuner. Mélanie et Julien étaient dans le même état presque tous les jours, mais la futée ne manqua pas de questionner sa cadette dès qu’elles furent seules :



Quelques jours plus tard, à la façon dont Audrey prit son café debout, Mélanie devina qu’elle avait franchi le pas et qu’elle ne serait plus jamais constipée…