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n° 19624Fiche technique20482 caractères20482
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Temps de lecture estimé : 14 mn
26/05/20
corrigé 05/06/21
Résumé:  C'est le bordel dans la tête d'une femme.
Critères:  #vengeance fh extracon jalousie
Auteur : MarieDesaix      Envoi mini-message
Le chantier

Au commencement était l’envie. Une envie qui se mua au fil des mois en jalousie. Bien entendu, la haine lui emboîta le pas. Profonde, la haine. Très profonde. Qui l’a submergée.


À quel moment les dégradés de sentiments se sont-ils estompés pour laisser place à cette teinte écarlate et furieuse ? Ce qu’elle sait, c’est qu’elle l’a ressenti dans ses tripes. Une menace aux allures d’un stéréotype.


Ce rire chatoyant qui étourdissait les tympans.

Un décolleté enrobé de dentelle.

Une fausse blondeur lissée.

Un parfum entêtant qui montait au nez.

Une peau d’albâtre au reflet des crèmes chimiques qui s’y appliquait.

Cette attitude de femme qu’elle n’aurait jamais.


Elle l’avait ressenti dans ses tripes en la voyant si proche de son homme, si vite. Quelque chose d’insidieux, un fluide sinistre tenaillant son estomac puis se répandant dans tous ses organes, produisant des vagues houleuses dans chaque battement de cœur. Ce fluide sinistre semblable à un serpent qui se serait enroulé autour de son ventre, le comprimant sans pitié, remontant lentement la tête jusqu’à son oreille pour lui siffler ces mots perfides « Elle est plus belle que toi ».


Cette phrase avait résonné des minutes, des jours, puis des mois durant, se gravant dans le marbre de sa conscience pour devenir une effroyable vérité qu’elle ne pouvait réfuter.


Persuadée de l’exactitude de cette pensée, elle avait sombré dans sa propre décrépitude. Chaque matin, lorsqu’elle se voyait dans ce miroir trop grand, elle ne pouvait que corroborer à nouveau à l’implacable sentence de son jugement. « Elle est plus belle que toi ». Ce moment, elle n’arrivait plus à le supporter. Puis elle ne supporta plus la vision de cette femme. Enfin, elle ne supporta plus sa propre vision.


Vint un jour où elle se rendit compte que la relation avec son homme avait changé. Auparavant, ils travaillaient ensemble, main dans la main, tous les deux. Des jours ponctués de sourires, de rires, de divergences et d’accords parfaits. Une même longueur d’onde que rien ne semblait pouvoir altérer, synchronisant une équipe soudée derrière leur force imperturbable. Il y avait bien des jaloux, des rivaux, des intéressés, des prédateurs essayant de les séparer d’une manière ou d’une autre. Les couteaux dans le dos, l’hypocrisie constante dans un milieu de requins. Et eux deux, qui nageaient sereinement en se moquant de la noyade des autres. Entre eux, un lien inébranlable. Elle avait cru à l’éden éternel.


Cette femme avait intégré leur équipe et depuis, ils travaillaient ensemble tous les trois. Depuis, elle avait compris la signification de l’expression « tenir la chandelle » lorsqu’elle les voyait tous les deux, si bien assortis et semblant parler un langage qu’eux seuls comprenaient. Des jours ponctués de sourires, de rires et d’accords parfaits entre cette femme et son homme. Elle pensait être absente, invisible à leurs yeux. Pire, elle semblait devenir la personne en trop. Elle ressentait toute leur alchimie. Ces regards complices, ces petites blagues, ces discussions sans fin derrière lesquelles se rangeait son équipe. Les rumeurs n’avaient pas tardé. Entre cette femme et elle, il aurait fait le mauvais choix.


Sa colère devenait de la furie lorsqu’ensuite, dans leur intimité, il ne cessait de les comparer. Il n’avait pas besoin de le lui dire de façon explicite, elle avait fini par savoir ce qu’il pensait. « Elle est plus belle que toi. » Pensait-il à cette femme quand il la prenait ? Quel visage voyait-il quand il jouissait ? Une réponse évidente. « Elle est plus belle que toi ».


Elle se refusait à devenir une autre, à se métamorphoser en quelqu’un qu’elle n’était pas et qu’elle avait toujours refusé de devenir. Une personne artificielle ballottée par le marketing de la séduction.


L’autre se maquillait bien trop.

L’autre montrait trop sa chair avantageuse.

L’autre dépensait des fortunes dans des lingeries qu’elle laissait entrevoir.

L’autre possédait une tenue différente pour chaque jour de l’année.

L’autre passait deux heures chaque matin dans la salle de bains pour se rendre désirable.


Et l’autre, ce n’était pas elle.


Elle préférait être appréciée pour son cerveau plutôt que pour son apparence. Son intelligence ne disparaîtrait pas au fil des années alors que les jeunes roses finissent toujours par se faner. Elle s’était jusqu’alors convaincue que la beauté ne pouvait l’emporter.


Mais l’autre se retrouvait presque toujours à côté de son homme.

L’autre devenue le sujet central de leurs conversations intimes.

L’autre, désormais choisie en premier.

L’autre qui n’avait que son joli corps pour parler.

L’autre, omniprésente, lui faisant perdre toute sa confiance. Au point de dénigrer sa propre apparence, ce qui avait fini par jeter le doute sur ses compétences.

Désormais, dans leurs paroles respectives et dans leur silence, entre elle et lui, il n’y avait plus que des réprimandes.


Elle ne voulait pas devenir une autre, pourtant l’autre paraissait mieux qu’elle. Que faire alors ? Faire les efforts dictés par cette référence de la féminité, quitte à perdre son identité ou ne rien faire, quitte à le perdre ? Était-ce ce qu’il voulait, une femme comme cette femme ?

Elle redoutait déjà ce moment où elle l’entendrait prononcer cette phrase qui mettrait un terme à leur amour commun. « Elle vaut mieux que toi » ; toutes les nuits, ils se tournaient le dos.


« Elle est plus belle que toi, elle vaut mieux que toi, elle est plus belle que toi. »


Elle ne trouvait plus le sommeil, sa peau devenait terne, des cernes noirs creusaient son visage. Les rumeurs s’amplifiaient.


L’image que lui renvoyait la glace lui était devenue insupportable. Un matin, elle brisa son miroir.


« Tu vaux mieux que ça ».


Elle s’habilla simplement, un simple jean droit et un tee-shirt noir, se vêtit de son vieil imper et sortit. Le temps gris diminuait le nombre de personnes dans la rue et cela lui convenait. Ce temps si semblable à son humeur. Au regard des nuages menaçants qui s’amoncelaient dans le ciel, sa respiration se fit plus légère. Elle marchait sans but, observant les quelques passants qu’elle croisait sur ce chemin indéfini. Il y en avait beaucoup, des sosies de cette femme. Bien plus qu’elle ne le pensait. Des robes étriquées, des jupes moulantes, des rouges à lèvres sur toutes les lèvres, des crinières ondulantes, des peaux lisses, des couvertures de magazine vivantes. Des talons qui frappaient le béton sans cesse. Cela sans distinction de silhouette. Des silhouettes sans forme, des silhouettes avec beaucoup de formes, des silhouettes imperceptibles ou trop imposantes. Sa poitrine se comprimait de rage et d’angoisse.


Tout ce temps, elle n’avait jamais été une femme ?


Le vent se faisait plus fort, l’air plus lourd, il allait pleuvoir. Elle vit une terrasse de café et s’y installa. Elle continua d’observer la foule pour essayer de comprendre ce qui lui faisait défaut.


C’était déjà perdu d’avance pour elle, se dit-elle.



Elle se tourna vers la voix. Un homme à peine plus âgé qu’elle, dans la trentaine, cheveux bruns courts avec des lunettes, qui la regardait d’un air narquois. Il portait un costume, chemise et cravate, un trench, le tout coordonné dans des nuances de marron. Tout comme ses yeux. Vide de toute expression, elle le fixa longuement. Ce gars-là regardait, avec de la chaleur et de l’amusement, mais ce gars-là regardait véritablement. Depuis combien de temps n’avait-elle plus vécu ce moment où le regard d’un autre lui montrait son existence ? Sa présence l’apaisait curieusement. La tempête diminua.


Il tendit sa main.



Julien rigola franchement.



L’après-midi se déroula dans un esprit de grande familiarité entre les deux inconnus. Ils ne discutaient pas à propos de leur intimité. Ils parlaient d’idées, de concepts, de grandes théories, de ces choses qui animent toute une société. Les heures n’étaient plus que des minutes. Les boissons envahissaient la table, le repas était copieux. La soirée avançait. La fraîcheur s’installait. L’odeur du béton mouillé. Les réverbères étaient allumés. Les anonymes qui passaient.



« J’ai envie d’espérer ». Les pupilles de Josiane s’étaient dilatées. Il la dévorait du regard. Un instant, elle jeta un coup d’œil sur le monde extérieur. Il n’avait fait que montrer une parfaite indifférence à tous ces corps si bien montrés. Il lui avait montré sa préférence. Dans son esprit, une seule vision surgissait. Cette autre qui jouait avec ses cheveux, retenant toute l’attention de son homme. À nouveau, elle fut possédée par ses démons, par cette sourde anxiété qui la rongeait de ne pas être assez bien, assez belle, assez femme. À nouveau, elle fut aveuglée par cette colère qui transformait maintenant son univers intérieur en un enfer permanent. Son homme la trahissait. Il la trahissait, de surcroît il la rendait coupable de cette trahison. Elle voulait retirer ce couteau qu’il lui avait planté dans son cœur. Et le frapper également. Pour qu’il comprenne le mal qu’il lui infligeait.



Julien se racla la gorge. Elle avait parlé, et lui, hypnotisé par cette bouche rose épaisse n’avait gardé en mémoire que les derniers mots. L’air semblait plus chaud, chargé d’une douce tension électrique entre les deux. Un silence profond après cette étrange confession. Elle se mordit la lèvre, persuadée qu’elle aurait dû finalement se taire.



Julien l’embrassa. De l’appréhension, de la douceur pour s’apprivoiser. Il la cueillait avec délicatesse comme on retire lentement les pétales d’une fleur. Les lèvres d’un autre homme. Les lèvres d’un inconnu. Des lèvres qui embrassaient bien, bien mieux que son homme. Elle se sentit coupable de les comparer, coupable de préférer ce type à cet instant, pourtant la réaction de son corps primait sur sa raison. Une chaleur galopante, un tournis vertigineux. Julien répondait avec la même ferveur ; les deux amants se calibraient instinctivement. Josiane rendit le baiser plus pressant, plus sauvage, plus violent. Réfugiée dans cette bulle, elle dégageait toute sa rancœur dans ce baiser. Il fut prodigieux. Ils firent l’amour avec leur langue, tournoyant encore et encore, mélangeant avec hardiesse leur salive et leur souffle. Quelqu’un siffla d’admiration « Ils sont beaux les tourtereaux ! »


Josiane se dégagea très vite de l’étreinte de Julien, troublée, gênée, honteuse, ses lèvres gonflées de plaisir, n’osant pas se tourner vers la voix qui s’était exclamée. Julien enveloppa doucement le visage de Josiane dans ses bras et le posa sur son épaule, la masquant aux curieux de la terrasse.



Josiane ne percevait plus rien du monde alentour. En proie à la confusion qui régnait dans son cœur, elle ne pouvait plus discerner les contours de sa faute.


Elle avait ouvert la boîte de Pandore et ne savait pas comment la refermer. Elle ne savait pas si elle devait la refermer. La rage s’était mêlée au désir, l’amplifiant par sa puissance, lui procurant l’expérience la plus sensuelle et torturée qui soit. Elle aimait sentir chez Julien son envie d’elle. Elle sentait tout autour de lui le parfum amer de la revanche et de la culpabilité. Son âme s’enivrait de toutes ces senteurs et réclamait davantage. Elle se redressa et l’embrassa à nouveau. Elle retrouva sa parcelle de vie, teintée de ce furieux désespoir, qui ne demandait qu’à sortir de sa cage. « Moi aussi, je peux être désirée. Moi aussi, je peux être belle. Moi aussi, je peux briller dans le regard d’un autre ». Son esprit tout voué à cette volonté de détruire sa pathétique image indésirable s’enflamma avec ses sens. Elle pénétrait la bouche de Julien. Elle enfonçait ses ongles dans le cou de Julien. Elle se frottait au corps de Julien.


« Moi aussi, je suis une femme », se souvint-elle.


Il s’éloigna subitement de ce profond baiser, une lueur incendiaire et sombre dansant dans ses yeux. Josiane se mordit les lèvres.



Droguée par le goût de la concupiscence, elle acquiesça. L’addition payée, main dans la main, ils se précipitèrent dans la rue en riant aux éclats. Josiane aperçut une ruelle sur le chemin. Elle y entraîna Julien, s’enfonçant dans cette petite rue étroite et obscure. Ils se dissimulèrent dans l’ombre de containers et de palettes éparpillées. Elle le poussa contre les murs de pierre avec brutalité et s’empara à nouveau de sa bouche. Elle tira les pans de la chemise marron. Ses doigts entrèrent en contact avec une chair chaude, vivante qui vibrait pour elle. Il empoignait ses seins de ses deux paumes, elle se penchait davantage vers lui, se cambrait pour épouser parfaitement son corps, se laissant complètement envahir par cette sensation si douce et reposante de la perte de contrôle de ses actions. Elle voulait obtenir la preuve qu’elle était également constituée de cette essence de femme pouvant faire chavirer un homme.



Josiane faisait fi de l’environnement, du scandale de la situation. Elle avait décidé qu’elle obtiendrait avec cet inconnu la satisfaction qu’elle ne retirait plus de son couple. Sa rancœur était désormais le seul maître de ses actions et de ses pensées, obnubilée par le besoin de ressentir à nouveau ce qui lui avait été dérobé par l’autre. Les conséquences n’avaient pas d’importance. Non seulement elle assouvirait sa vengeance, et par la même occasion, elle clamerait son identité féminine. Elle franchissait ses propres limites pour survivre à son propre désespoir.


Elle retira la ceinture du pantalon marron.



Elle s’arrêta brutalement, sondant le regard éberlué de Julien. Mélange de désir et de peur. Il bandait. Il le voulait aussi. Josiane, implacable, descendit la fermeture Éclair, le défiant de l’en empêcher. Pas un mot. Josiane plongea sa main dans son caleçon. Elle le caressa lentement, le fixant toujours dans les yeux. Lui, encore partagé entre la sidération et le désir violent, ne savait plus quelle attitude adopter face à cette femme si déterminée à jouer de son corps. Il n’avait jamais vécu ce type de position ; il allait se faire baiser au beau milieu d’une rue digne d’un chantier qui flirtait avec les déchets par une personne qu’il avait rencontrée quelques heures plus tôt. Un contexte tellement improbable qu’il se surprenait à croire qu’il rêvait. Que faire face à l’impensable ? Si un jour, il décidait d’en parler, qui le croirait ?



Une petite fossette de moquerie se dessina sur le visage de Josiane tandis qu’elle augmentait la pression sur ses parties intimes. Il capitula immédiatement, conscient du pouvoir qui émanait d’elle. Que pouvait-il dire d’ailleurs ?


Elle entreprit de le branler à travers le tissu à carreaux fin, jubilant de le voir sous son contrôle, savourant l’inclination qu’il lui manifestait. Elle se sentait femme et parce qu’elle se sentait femme à cet instant précis, elle se sentit puissante. Toutes les audaces lui étaient permises, les barrières avaient bel et bien sauté. Il n’y avait pas de place pour la sensualité, l’étreinte serait primale. Elle déboutonna son jean, se retourna et colla son dos contre le torse de Julien, lui saisissant sa main et la fit glisser dans son entrejambe. Il s’infiltrait dans sa moiteur. Elle brûlait. Des petits gémissements à peine étouffés. Elle bougeait son bassin avec des soubresauts, s’évertuant à bien placer régulièrement son cul contre le sexe de Julien. Les frottements incessants avaient eu raison du peu de lucidité qu’ils leur restaient. Ses mouvements désordonnés, amplifiés par la montée de la jouissance, dévoilaient son impatience à atteindre l’orgasme. À peine le ressentait-elle, qu’il la fit tournoyer doucement contre le mur. Elle respira l’humidité qui se dégageait des pierres, toucha les gouttes de pluie qui s’étaient installées plus tôt. Elle se rappela ce qui avait déclenché tout cela. Quelle folie l’avait poussée sur ce chemin ? L’avidité prit le pas sur toute forme de velléité, elle avait besoin de rassasier la faim d’amour et de désir qui la consumait depuis trop longtemps.



Julien fouilla dans son portefeuille.




**********




Josiane déverrouilla la porte d’entrée silencieusement. L’appartement se trouvait dans l’obscurité la plus complète. Elle retira ses chaussures, ses vêtements, soulagée de ne pas faire face à son homme. Elle entra furtivement dans la salle de bains, alluma la lumière. Les débris du miroir avaient disparu. Que restait-il d’elle à présent ? À quoi ressemblait-elle ? Elle toucha du bout des doigts sa bouche, encore marquée par l’empreinte de Julien.



Elle se retourna. Il avait le visage rongé par l’inquiétude. Comment avait-elle pu faire ce qu’elle avait fait ? L’image de la fausse blonde ressurgit dans son esprit. Pourquoi culpabiliserait-elle quand lui-même avait décidé à nouveau de la reléguer au second plan ce jour-là ?



Le souci, c’était qu’elle les voyait tous les deux, sans cesse ensemble, plus heureux qu’elle ne l’était avec lui. Mais elle était emplie de la satisfaction d’avoir pu, elle aussi, goûter à un moment similaire, d’avoir pu se sentir à nouveau elle-même. Car elle savait désormais qu’elle était encore femme.



Josiane le gifla avec toute la rage et la souffrance emmagasinées depuis des mois, au bord des larmes. Un instant hébété par la violence du geste, il se reprit et saisit le poignet de sa compagne. Tellement de colère se dégageait de leur chair. Un venin qui avait eu raison de leur raison. Elle se débattait sans pouvoir lui faire relâcher sa poigne.



Il la tira vers lui.



Il l’embrassa. Déception, amour et désespoir ; il en vibrait de tous ses pores. Pourtant, Josiane n’avait pas imaginé ces regards tendres vers cet autre, la tolérance dont il faisait sans cesse preuve à l’égard des erreurs professionnelles de cette femme.

Elle ne l’avait pas imaginé cette comparaison permanente avec elle ni ces repas à deux qu’ils faisaient de plus en plus souvent. S’il ne l’avait pas trompée physiquement, dans son cœur, il l’avait déjà fait. Elle le savait.

Bien qu’elle voie en lui son amour et son désir, elle ne croyait plus en lui. Elle ne pouvait plus discerner sa sincérité.


Ses sens ne la trompaient pas. Il avait changé de comportement vis-à-vis d’elle. Et s’il n’avait pas conscience de son envie de l’autre, cela ne tarderait pas.


Il l’embrassa comme un désespéré. Empressé, avide, possessif, il la caressait de ses mains, de sa langue dans les moindres recoins de son corps. Alors qu’il la léchait, elle ressentit une rancune coupable. Cela faisait moins d’une heure qu’elle avait joui avec l’autre.


Et le serpent lui dit : « N’oublie pas. Pour lui, elle est plus belle que toi ».


Elle n’eut aucun regret. Tandis qu’il se délectait de la saveur de son infidélité, elle se rappela le moment où elle s’empalait sur la queue de Julien. Puissante et terrible jouissance que celle d’une bonne revanche.