n° 19648 | Fiche technique | 30013 caractères | 30013 4759 Temps de lecture estimé : 17 mn |
06/06/20 |
Présentation: Texte qui pourrait être bleu... | ||||
Résumé: Texte non érotique sur les affres d'un garçon se posant des questions. | ||||
Critères: hplusag jeunes travail hsoumis humilié(e) contrainte hféminisé travesti nonéro portrait pastiche -travesti | ||||
Auteur : Charlie67 Envoi mini-message |
Le pédé, voilà comment on l’appelait !
Au lycée, c’était déjà le cas, à l’I.U.T. aussi et maintenant, au boulot, le sobriquet perdurait. Claude, comptable et gestionnaire du personnel dans une petite boîte du bâtiment prenait la chose avec philosophie. La cinquantaine de gros bras qui parfois râlaient, mais le plus souvent se montraient plutôt sympas ne le qualifiaient pas ainsi en face, mais uniquement dans son dos ! Le patron, lui aussi un vrai bourrin, ne disait rien, et avait même ses moments de bonté.
Son père, un des chefs de chantier, avait fait toute sa carrière dans cette boutique. Quand ses parents décédèrent dans un accident de la circulation, l’entrepreneur, le cœur attendri, lui proposa une embauche. Ayant justement obtenu son Diplôme de Comptabilité et Gestion, Claude en fut réconforté. Le chef d’entreprise avait dit cela sous le coup de l’émotion, mais le lendemain, assis en face de lui dans un fauteuil, il considérait le candidat d’un œil dubitatif. Avec son mètre soixante-cinq et ses cinquante kilos, il n’entrait pas vraiment dans le moule de son entreprise du bâtiment.
Étant de la génération de ces maquignons pour qui une parole donnée ne se reprend pas, il se devait d’honorer son engagement pris dans un moment de faiblesse. Claude lisant, dans les yeux de son possible futur patron, toute son incertitude, l’attaqua de front.
L’homme l’observa encore un moment puis partit d’un tonitruant « Liliane !»
La « Liliane » en question vint et se positionna à côté de son époux. Ils allaient bien ensemble, sa carrure de Walkyrie impressionnait.
Aussi simplement, fut-il engagé.
À maintenant vingt-trois ans et après deux ans d’ancienneté, il s’occupait de tout, au grand plaisir de l’expert-comptable, des inspecteurs du fisc, des contrôleurs de l’URSAFF, des clients, des fournisseurs et des employés. Le folklore, la douce folie comptable, de mise avec Liliane avaient été remplacés par une gestion rigoureuse et sérieuse. Bref, même si sous le manteau, on le traitait encore et toujours de pédé, le patron lui faisait une entière confiance.
Pédé… Tout de même, lui qui n’avait jamais eu aucune relation homosexuelle ! C’était tout le contraire, il aimait les filles. Christelle, sa dernière conquête lui avait dit :
C’était surtout le « mais bon… » qui le dérangeait. Car comme souvent, pour les filles, s’il avait quelques peines à les conquérir, il avait beaucoup de difficultés pour les retenir. À un moment, son ex lui balança :
Faut-il préciser qu’elle était notoirement « bi » ? Là non plus, il n’avait pas vraiment apprécié. Pourtant, les nanas, il les aimait, il les adorait, même.
Claude habitait le petit pavillon hérité de ses parents et y menait une vie quasiment monacale depuis le départ de Christelle. Elle se résumait en ménage, cuisine et entretien du jardinet. La jeune fille lui manquait et il pensait souvent à elle. Il l’avait bien relancée quelques fois, mais elle avait décliné ses propositions, gentiment, mais fermement.
Cette dernière, sûrement distraite, avait oublié le contenu du panier à linge lors de son départ. Il avait conservé l’ensemble et s’était bien gardé de le laver et en avait même fait une exposition dans sa chambre. Il humait ces vêtements et les admirait. Assis dans un fauteuil, il se masturbait longuement en rêvant aux filles.
Le jeune homme avait une nette préférence pour cette robe d’été blanche à fleurs. Il la touchait, la reniflait très souvent. Un soir, pris d’une subite impulsion, il l’enfila. Se mirant dans sa psyché, il se caressait en pensant à Christelle.
Cela devint une habitude, tous les soirs il portait cette robe puis en vint à essayer toutes les affaires de son ex-amie. Cela lui allait parfaitement, il les enfilait dès son retour chez lui. Il faisait très attention à ce que ses voisins immédiats ne remarquent rien. Madame Gimenez, la voisine de droite comme Madame Belkasem, la voisine de gauche, n’auraient peut-être pas apprécié. Pour leurs maris, il s’en fichait, ils passaient le plus clair de leur temps au bistrot.
Il avait les mêmes cheveux que Christelle, très foncés, et se les laissa donc pousser jusqu’à avoir le même carré. Cela accentuait la perception homosexuelle qu’on avait de lui, mais il n’en avait cure. Vinrent ensuite les séances de maquillage où il s’investissait beaucoup jusqu’à trouver la note juste, le grimage ni trop ni trop peu. Bref tous les soirs, il s’admirait dans son miroir. Tel Narcisse, pendant un an, il se suffisait à lui-même.
Ce vendredi soir d’été et premier jour de ses vacances il lui vint une envie folle. Il voulait faire un petit tour en voiture, bien sûr vêtu de sa robe fétiche et correctement apprêté. Son cœur battait fort au sortir de sa propriété, mais cela se passa bien. Il put continuer sa route et goûter la douceur de ce soir d’été. Il allait, sans savoir où, tout à sa griserie du moment. Il était loin, très loin de chez lui quand le témoin du carburant s’alluma.
Un moment de panique le prit quand il constata qu’il avait omis d’emporter son portefeuille avec sa carte bleue, sésame indispensable pour faire un ravitaillement de carburant à une heure aussi tardive. Vite il fit demi-tour et se dirigea, dans cette nuit tombante, vers ce havre de sécurité : son petit pavillon. Le destin en décida autrement, car il tomba en panne à une dizaine de kilomètres de chez lui.
Claude regardait le tableau de bord de sa Clio avec découragement. Tel un arbre de Noël, tout était illuminé, son désappointement n’en fut que plus grand. Seul, au milieu de nulle part et habillé d’une robe, il se laissait aller à son désespoir. C’était affalé sur son volant et en pleurs qu’il remarqua qu’un véhicule s’était arrêté à sa hauteur.
Claude regardait l’homme, la quarantaine flamboyante, dans un S.U.V. de marque teutonne, il arborait un sourire engageant. Il faisait bon père de famille et même s’il ne l’était pas, le jeune homme se rendit rapidement compte qu’il pouvait être sa planche de salut.
Claude, sortit de sa voiture, la verrouilla, puis monta dans celle de l’homme. Celui-ci lui présenta sa main et lui dit :
L’homme redémarra et partit à la recherche du précieux carburant. Le garçon était mal à l’aise, une fois assis, sa robe remontait à mi-cuisse et il sentait le regard du chauffeur reluquer ses jambes nues. Il avait beau tirer sur le tissu, cela ne le rallongeait pas. La quête fut vite fructueuse et la petite voiture regarnie en essence.
Une fois arrivé devant sa maison Claude se précipita vers l’intérieur, de peur qu’un voisin ne le vit ainsi vêtu. Revenant vers la porte d’entrée restée entrouverte, muni de son argent, et où son sauveur l’attendait, il lui demanda :
L’homme le regarda longuement et lui répondit :
Le jeune homme en resta interloqué. Il ne put faire autrement que de le faire entrer dans sa tanière. Il s’effaça donc et du bras lui indiqua la direction du salon.
Claude servit donc un grand verre d’eau, puis parti s’asseoir à l’autre extrémité du canapé. Un bon mètre les séparait. Claude tirait toujours sur le tissu qui le couvrait si peu, dans le vain espoir de transformer cette robe bain de soleil en une robe gitane. Pierre s’amusait de la situation.
Claude le regarda effaré et ne savait que répondre. Le jeu auquel il s’était prêté, ne pouvait pas tenir dans la réalité. Son sauveur l’avait immédiatement démasqué. Il avait le regard apeuré d’une biche aux abois.
Claude, toujours silencieux, baissait les yeux, triturait le bas de sa robe et ne savait que répondre.
Pierre se dirigeait vers la sortie, suivi de son hôte. Il se retourna et lui dit :
Cette journée du samedi fut un vrai supplice. Que devait-il faire ? Décommander ? Il n’avait aucun moyen de contacter Pierre… Il savait aussi que l’homme se présenterait ponctuellement à l’heure dite. Et puis, que risquait-il ?
À l’heure convenue, Pierre gara son gros S. U. V. devant la porte de Claude. Celui-ci le surveillait depuis la fenêtre de son salon. Il se trouvait comme une midinette à son premier rendez-vous… Bien sûr habillé comme un garçon de son âge en sweat et jean, il s’avança vers la voiture. Il craignit un moment que Pierre ne lui refuse l’accès de sa voiture, car il n’était pas en robe, mais il n’en fut rien. Sobrement, il lui serra la main puis démarra.
L’homme l’emmena dans un endroit particulier, à mi-chemin entre la taverne et le caveau de dégustation. Les convives étaient assis à de longues tables et les serveurs, surtout les sommeliers, passaient entre elles. Ces derniers explicitaient tous les détails aromatiques des précieux nectars. Claude en transparence de son verre de vin regardait Pierre qui lui-même le dardait du regard. L’endroit, le moment, l’instant était magique et plongeait le jeune homme dans un éther féerique.
Il se sentait bien, juste bien.
Ils avaient très peu parlé, quelques banalités pour meubler le temps. Il lui avait dit qu’il était en vacances ; l’homme l’avait informé qu’il était promoteur immobilier et que pour lui, l’activité était basse. Il serait heureux de lui faire profiter de sa maison où il avait piscine, jacuzzi, tennis et surtout de hauts murs assurant une parfaite discrétion. Le retour fut tout aussi silencieux, c’est après lui avoir serré la main qu’il lui tendit une carte de visite avec son adresse et numéro de téléphone.
Ce dernier resta deux jours dans l’expectative. Son oisiveté estivale l’avait poussé à sortir un peu. L’après-midi il avait investi la piscine municipale pour se rafraîchir, mais surtout pour rencontrer quelqu’un avec qui parler. Il connaissait presque tous les jeunes gens qui fréquentaient l’endroit, mais évitait soigneusement les garçons, pour ne pas provoquer des quolibets homophobes. Il s’assit à côté d’une ancienne camarade de classe et ils discutèrent agréablement pendant plusieurs heures. Prompte, elle se leva et se jeta au coup d’un garçon qui soudainement apparut.
Les présentations furent faites, qui ôtèrent toutes illusions à Claude, quand bien même il en aurait eu ! Les filles ne le rejetaient pas, loin de là. C’était le bon copain, le gars gentil, sympa et qui n’était jamais lourdingue. Et puis, avec un pédé, on ne risquait rien. Bien sûr, cela n’était jamais dit, mais était pensé si fortement.
Il quitta donc rapidement la piscine pour rentrer chez lui, dans son havre, son antre. Le seul endroit où il était bien avec lui-même. Fébrilement, il enfila sa robe fétiche et tout de suite, une plénitude, une paix intérieure l’habita. Il était à la coiffeuse de la chambre à coucher de ces parents quand il entendit :
Il en resta pétrifié, c’était la voix de madame Gimenez, la voisine qui comme souvent en été, passait par la porte-fenêtre du salon plutôt que de faire le tour par la rue.
Quand la femme poussa plus loin sa recherche, elle trouva le propriétaire des lieux dans ses habits féminins et en resta pétrifiée. Le panier de légumes chut au sol, et sa propriétaire sur le premier canapé venu. Le garçon en profita pour s’esquiver, honteux de la situation. Il ne voyait qu’une solution : la fuite, certes pas sur un fier destrier, mais avec sa pauvre Clio !
Fuir, mais pour aller où ?
Après quelques kilomètres, Claude se rendit compte de l’absurdité de la situation. Situation qui le faisait quitter son propre domicile… Que faire, il ne savait. Le périple sans but continuait quand une idée lui traversa l’esprit : pourquoi ne pas demander l’hospitalité à Pierre ? Pourquoi pas ?
L’adresse indiquée menait dans un beau quartier. Un de ces endroits pavillonnaires qui au contraire du sien respirait l’opulence. Claude hésita longtemps avant d’oser appuyer sur la sonnette de l’interphone. La première réponse, le premier « oui », resta sans réponse.
Les roues de la Clio firent crisser les gravillons de la longue allée qui menait au perron de l’habitation. Pierre en tenue décontractée, l’accueillit avec chaleur.
La tension nerveuse était trop forte et c’est en sanglots que Claude passa le seuil de la maison de son hôte. Celui-ci l’accompagna jusqu’au salon, lui servit un cordial et le laissa déverser son histoire. Il écoutait, le sourire aux lèvres et la mine compréhensive.
Le désarroi du jeune homme se calma, tel un barrage qui après s’être rompu se tarit petit à petit. Le propriétaire des lieux n’esquissa aucun geste, mais juste quelques mots :
Claude accepta timidement. Il investit les lieux, sommes toutes somptueux, profita de la douche puis du lit où il s’enfonça voluptueusement pour partir dans des rêves de dentelles et de soies.
Le réveil fut moins glorieux et le jeune homme se demanda quelle lubie l’avait poussé à se présenter puis à accepter l’hospitalité de cet homme. Peut-être était-il un pervers amateur de jeunes garçons et il le violerait avant la tombée de la nuit… Bon si c’était le cas, il serait passé à la casserole depuis longtemps ! Peut-être que son hôte n’était pas si dangereux que cela après tout, quoique… Après une bonne douche et enroulé dans un peignoir, il rejoignit la cuisine pour prendre son petit déjeuner.
Pierre y était déjà et avait préparé de quoi sustenter un régiment. Claude après les salutations d’usages se restaura et, assis à la table, écouta les propositions du maître de céans. Il ne lui proposait rien de moins que de faire du « shopping », de se constituer une garde-robe, de passer une journée urbaine et frivole à l’habiller ! D’abord étonné, il rêvassa à la proposition, et la folie qui se dégageait de cette invite emporta son adhésion. Il accepta.
Sa petite robe à fleurs fut bien vite accompagnée de tops, de dessous et de jupes affriolants. Les cabas se remplissaient à la vitesse grand V et contenaient tout ce qu’une jeune fille aurait désiré pour se parer. L’homme insista pour la visite d’un magasin « grande classe » d’où Claude ressorti habillé d’un tailleur et d’escarpins qui le, enfin la, classaient dans les bourgeoises haut de gamme. Ainsi vêtu, le déjeuner pris en tête à tête avec le promoteur avait des allures de rendez-vous galant.
Nul n’aurait eu à redire sur ce couple sauf quant à la différence d’âge. L’homme mûr qui subjugue, probablement par son portefeuille, diront les médisantes, une jeunette, une oie blanche. Chose courante et socialement admise, sauf à regarder sous la jupe et dans la culotte de ladite « oie blanche ».
Peut-être grisé par le vin consommé pendant le repas et sûrement souffrant de marcher avec des talons d’une taille inhabituelle, Claude se pendait délibérément, et pour les spectateurs amoureusement, au bras de Pierre. Celui-ci appréciait la chose et prenait l’air altier du macho conquérant.
Cependant, à un moment, Pierre sentit une vive résistance à son bras. Examinant sa compagne, ou compagnon, comme vous voudrez, il suivit la direction de son regard. Assez bizarrement, ce regard se portait sur un couple on ne peut plus beauf. L’homme avait l’impression que son ami le tirait, voulait lui faire faire demi-tour.
Dans ce couple suspect, c’est la femme qui attirait l’attention avec ses yeux exorbités et inquisiteurs :
Pierre comprit rapidement qu’il devait intervenir avant que la situation ne dégénère. Tendant délibérément la main vers le couple il dit :
Coupant court à la suite d’une conversation qui ne pouvait que devenir scabreuse, il s’éloigna entraînant ou plutôt portant un Claude devenu maintenant inerte. Ce n’est qu’assis dans la voiture pour le trajet retour qu’il se reprit.
Claude ne répondit rien et sombra dans un abîme de réflexion. Bien sûr, le promoteur était très sympa et très généreux, mais un jour, il allait demander compensation. Il regardait sa jupe et ses cuisses à demi dénudées. La compensation, bien évidemment, c’était lui… Il allait passer à la casserole ! Cette éventualité l’inquiétait tout de même un peu. S’habiller en nana, il adorait cela, se faire sodomiser, beaucoup moins. Il n’avait d’ailleurs jamais envisagé la chose, cela l’effrayait.
Comment se sortir de ce mauvais pas, il avait le don pour se mettre dans des situations inextricables, pensa-t-il. Il commençait à connaître la manière courtoise, mais ferme dont les nanas usaient : un sourire et un non sans appel. Peut-être qu’avec Pierre cela marcherait aussi…
Ledit Pierre ne fit d’ailleurs aucun geste inconvenant, il était occupé à préparer un léger frichti pour leur repas du soir. Il lui proposa aussi un verre de vin blanc en guise d’apéritif, ce que le jeune homme accepta.
Si Claude aimait ses vêtements actuels, ce tailleur grande classe, il aimait un peu moins le regard concupiscent que le promoteur portait sur lui ! Ce regard le déshabillait, le retournait et le sodomisait… Un frisson de peur parcourut son échine. C’est le quadra qui assurait l’essentiel de la conversation avec les futilités d’usage. Le garçon remarqua aussi la lente reptation de son hôte sur le sofa jusqu’à ce que les genoux se touchent. Il resta inerte, un peu comme l’agneau que l’on mène à l’abattoir… C’est quand il sentit un souffle sur sa joue et une bouche chercher la sienne qu’il réagit.
Pierre n’insista pas et lui demanda :
Claude, dubitatif, mais reconnaissant se précipitait déjà vers la sortie quand une voix l’interpella :
L’homme avait maintenant un regard bienveillant, Claude ramassa prestement les cabas et avant de se diriger vers la sortie, claqua un bisou sur la joue de son hôte et s’éclipsa en direction de son véhicule, soulagé !
Arrivant chez lui Claude descendait de son véhicule pour ouvrir le portail, le voisin, M. Gimenez assis sur une chaise fumait une cigarette et le regardait. D’une chiquenaude, il fit voler son mégot dans le jardin, cracha dans sa direction puis rentra chez lui. Le jeune homme haussa les épaules, il lui faudra maintenant vivre avec cette atmosphère.
Il passait ses derniers jours de congés à l’entretien de la maison et de son jardin et remarqua bien que tous ses voisins l’évitaient. Comme il n’avait rien à leur dire et que leurs sempiternelles jérémiades l’indifféraient, cela ne le dérangeait pas. Ce qui l’inquiétait plus c’était la reprise du travail !
Curieusement, rien ne se passa, ses patrons étaient comme avant. Liliane venait comme toujours vers dix heures boire un café avec Claude et papoter de tout sauf de l’entreprise. Le comptable savait que c’était un passage obligé pour avoir la bienveillance de la patronne et se pliait donc de bonne grâce à ce rituel.
Le comptable ne savait pas que la discussion avait été âpre entre Alfred et Liliane. Cette dernière était pour le renvoi immédiat, mais son mari, beaucoup plus terre à terre, savait tout l’argent que son employé avait fait économiser à l’entreprise et ne désirait pas s’en séparer.
Ce que ne savait pas davantage Claude, était que son patron, s’il n’avait rien dit lors de la rencontre shopping, n’avait pas pour autant fermé les yeux. De nombreuses fois, le boss vint dans son bureau pour des motifs futiles. Le sachant on ne peut plus cartésien, ce comportement l’interpella, jusqu’à ce que l’entrepreneur se découvre.
Essayant de s’éloigner, une poigne de fer le rattrapa et le plaqua sur le bureau.
Claude hurlait maintenant en tentant de se défaire de l’étreinte d’Alfred. La porte s’ouvrit à toute volée sur une Liliane hystérique qui vociférait à tout va. Bien sûr les injures et les menaces étaient à son encontre et c’est dans une atmosphère plus que tendue qu’il s’enfuit de l’entreprise.
Il resta quelques jours chez lui, puis reçut un courrier recommandé pour une convocation en vue de son licenciement pour absence injustifiée. L’injustice de la situation le révolta et pourtant, que pouvait-il faire ? Il se sentait seul et démuni.
La phrase de Pierre lui revint à l’esprit, protectrice et salvatrice. Oui, mais, il y avait aussi cette deuxième phrase très explicite. Il devinait que ses fesses feraient les frais du marché. Pour la première fois, il se dirigeait vers sa coiffeuse sans aucun entrain. Il s’apprêtait, non plus pour son plaisir, mais pour séduire un mec. Pour obtenir de l’aide…
Une prostituée ne ferait pas mieux !
Cet apprêt lui prit deux fois plus de temps que d’habitude et c’est à la tombée de la nuit qu’il prit la route pour l’endroit de son sacrifice. Ou tout au moins, c’est ainsi qu’il voyait la chose.
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Christelle était furax et marchait à grandes enjambées en tirant sa valise à roulettes. Deux ans d’un amour presque parfait avec Natacha et il avait suffi qu’un mec se pointe avec sa biroute en avant pour que son amante se redécouvre hétéro. Pourtant elle avait tout fait pour varier les plaisirs et le contenu de sa valise pouvait en attester.
Le passage piéton était au rouge, mais la donzelle n’en avait cure, qu’un de ces connards d’automobilistes la renverse et tout sera terminé, simple, non ?
Une voiture venait de piler devant le passage protégé et l’œil de la jeune fille se trouva attiré par cette automobile. Un je ne sais quoi, quelque chose de familier. C’est à la lecture de la plaque minéralogique qu’elle sut qu’elle avait déjà conduit cette machine.
Toujours de son pas décidé, elle se dirigea vers la portière conducteur et n’y trouva pas la personne attendue. Et pourtant, cette sophistiquée jeune femme lui rappelait quelqu’un.
Le parcours fut silencieux, chacun ruminant ses pensées. Arrivés à destination, c’est Claude qui se coltina la valise. Malgré le tailleur et les escarpins, Christelle ne transigeait pas avec la galanterie, surtout quand on habite au sixième sans ascenseur.
Arrivée dans son studio, la jeune fille ne perdit pas la main. Elle tourna et retourna autour de Claude, toucha même les étoffes et ne se gêna pas pour passer sa main sous la jupe pour constater que s’était bien des bas à jarretières. Elle poussa le jeune homme qui s’affala sur un canapé ; sans autres formalités, elle s’installa à califourchon sur ses genoux et l’embrassa à pleine bouche.
Le garçon, toujours subjugué de cette rencontre inopinée se laissait faire, baignant dans un éther de délice. Pourtant, son libre arbitre se manifesta à nouveau quand il vit sa dulcinée se diriger vers sa valise pour en extraire un gode-ceinture et lui dire tout sourire :