- — Mesdames, Messieurs, le vol JOW2712 en provenance de Moscou est annoncé avec au moins une demi-heure de retard.
Ladies and gentlemen…
Même le voyageur occasionnel peut s’en rendre compte, il règne à cette heure tardive, une animation inhabituelle à l’aérogare 1. Le vol JOW2712 qui avait été affiché « landed » vient de passer en mode « delayed » et une série de voitures banalisées, gyrophares allumés débarquent sur la voie circulaire.
Alors que les portières claquent, le regard est attiré par le seul homme non stressé. Grand, les cheveux en brosse, légèrement grisonnants, le regard fatigué, il se dirige vers l’entrée des artistes d’un pas souple. La meute qui le suit s’engouffre par la porte immédiatement verrouillée.
Le commissaire « Stan » de la brigade criminelle, pas de doute, c’est bien lui ; vient-il d’hériter d’une nouvelle affaire ?
C’est à ce moment-là que la page de pub vient alimenter la caisse de la chaîne télé qui finance la série. Sauf que là, point de page de pub, une réalité, somme toute sordide, qui va perturber Charles de Gaulle comme une tempête de neige un soir de réveillon !
- — Ah, vous voilà ! Merci d’avoir répondu si vite ! Je crois que cela dépasse les compétences de la PAF.
- — Humm. Qu’avons-nous ?
La jeune femme en uniforme qui lui fait face, et le conduit vers un véhicule sur le tarmac, est visiblement l’officier de garde de la PAF.
- — Un vol low-cost en provenance de Moscou, un Boeing 737-400 d’un âge déjà bien avancé avec 189 passagers, 4 membres d’équipage plus les deux pilotes.
- — Donc 194 suspects ?
- — Je vois que votre humour est toujours aussi caustique !
- — Non, je reste juste pragmatique. Pour une fois, le champ est limité, un cadavre, 194 suspects, ce sera un jeu d’enfant ! Et toi, Sonia, comment t’adaptes-tu à la PAF ?
- — Ça va… c’est moins dur que la Crim… moins passionnant aussi. Et puis, étant la dernière arrivée, je me retrouve avec les permanences de nuit comme ce soir. Mais ça me va. Oui, et puis de temps en temps il y a des coups de chaud, comme ce soir !
- — Alors, qui a découvert le corps ?
- — C’est une des hôtesses. Une Russe qui parle un anglais à faire frémir. Juste avant l’atterrissage, elle a voulu vérifier, comme la procédure l’exige, que les toilettes étaient vides, et n’ayant pas de réponse, elle a appelé la chef de cabine qui a déverrouillé la porte et trouvé le corps. Nous avons été prévenus de suite par le commandant de bord. De ce fait, l’avion a été parqué en zone quarantaine, les passagers sont encore à bord.
- — Humm.
- — …
- — Tu as le plan des places ?
- — Oui, un inspecteur est en train de le vérifier afin de voir qui a bougé de place.
Un chaos lui fait tourner la tête vers la conductrice. Sonia est encore plus belle que lorsqu’elle travaillait avec eux… un sacré mélange cette femme. Une douceur émane d’elle alors que dans la réalité c’est une tigresse, un caractère qui lui a valu cette mutation sanction. Et puis quoi qu’on puisse en dire le fait qu’elle soit beur, compte aussi.
- — Je vois un bus, tu les évacues ?
- — Oui, on va les placer en quarantaine dans le satellite 1.
- — Humm
- — …
- — Je laisserai les bagages à main dans l’avion pour voir.
- — Le jeu psy ?
- — Je vois que tu piges toujours aussi vite !
Un sourire.
- — On arrive. Et, merci !
- — Je reste en bas de la passerelle, je veux les voir.
- — OK, Monsieur le Commissaire !
**********
Je laisse aller mes yeux lorsqu’elle grimpe la passerelle. Un sacré brin de femme ! Je suis certes un peu vieux jeu en aimant les jupes, mais Sonia, porte le pantalon avec grâce, à me faire changer d’avis !
Pas besoin d’attendre longtemps pour voir les premiers passagers descendre. J’en entends quelques-uns râler après les hôtesses, et descendre en chemise. La consigne de laisser les casiers à bagage fermés n’est pas appréciée. Mais je ne vais pas demander à la police scientifique d’œuvrer avec les passagers dans leurs jambes.
J’aime regarder les gens à leur insu, je m’imprègne de leur démarche. Celle-là n’est pas à l’aise ? Faudra recouper. Lorsqu’elle a croisé mon regard, j’ai trouvé une coupable !
Mais soyons réaliste, au regard, il y en a une bonne moitié de coupable.
Les portes du bus se referment. Je prends le temps de mâchouiller mon bois de réglisse encore un peu. Je m’imprègne de cette odeur de kérosène, de la folie de ces bruits stridents des réacteurs qui démarrent. Sonia apparaît à la porte de la carlingue, elle me fait signe.
Seuls la chef de cabine et le commandant de bord sont restés. Elle est visiblement très choquée. Je suis Sonia qui m’emmène vers le fond de l’appareil. Rien de particulier ne distingue cet appareil d’un autre vol. La propreté et la même qu’un autre vol de quatre heures… Les revues traînent.
Nous y voilà. La porte est fermée et un jeune inspecteur de la PAF est en faction. Je me tourne vers l’hôtesse. Sonia me devance.
- — Elles n’ont touché à rien, juste vérifié le pouls et la respiration.
D’un geste un peu brusque, elle ouvre la porte. Un silence.
Je balaye des yeux, cherchant à mémoriser la scène afin de la garder présente dans mon esprit tout au long de l’enquête. Aucun doute, ce n’est pas un suicide.
Je regarde l’hôtesse, le commandant de bord.
- — Vous avez localisé le passager manquant ?
- — Sorry, je parle peu le français.
Je me tourne vers Sonia. Et après quelques échanges, elle me confirme que, oui, ça doit être le 27B, mais que l’avion n’étant pas plein, des personnes ont changé de place.
- — L’avion pas plein, ça nous diminue le nombre de candidats ! Sonia, tu peux me faire parvenir la liste des passagers avec leur place ?
- — Pas de problème, chef !
Je remonte l’allée doucement, me penche, cherche le gros détail qui tue… Enfin qui choque, plutôt. Mais rien. Je m’arrête plus longtemps à la place 27… une revue. Du russe.
Notre victime lirait donc le russe, à vérifier ! Mordillons encore un peu ce bout de bois, histoire de trouver la bonne idée. Allez, on va cuisiner un peu l’hôtesse.
- — L’embarquement s’est déroulé normalement ?
- — … ?
- — At the checking ? Is there any incident ?
- — No, nothing… sir. You know it’s the first time for us to have this kind of accident and…
- — I hope !
- — Hummm, et, à la distribution du repas, la victime était à son siège ?
- — Oui, nous avons donné nombre exact passagers et nombre exact repas.
Oui, mais ça ne veut rien dire, la distribution s’est faite une heure après le départ ? Guère plus ?
- — Vous ou votre collègue
- — Oui ?
- — Avez-vous vu qu’un seul w.c. fonctionnait sur les deux ?
- — Les deux OK, nous vérifier avant départ !
- — Non, durant le vol, avez-vous remarqué la queue aux w.c.. ?
- — Non, Sir, non, c’est comme habitude,
C’est cela, c’est cela… Un vol de quatre heures avec un w.c. condamné, et ça ne se voit pas.
Mon regard passe de l’hôtesse au commandant puis revient à l’hôtesse. Ces deux-là cachent forcément quelque chose. Ils ont eu le temps de préparer leur version : je n’ai rien vu, rien entendu. Vous avez un cadavre sur les bras, mais nous n’y sommes pour rien ! Oui… Est-ce vraiment si sûr ?
- — Je souhaiterais écouter le contenu de l’enregistrement des échanges cabine/poste pilotage ?
- — Oui… pas de problème, Monsieur. Notre chef d’escale vous communiquera cela.
- — Hummm, je pense que nous prélèverons la boîte avant que quelqu’un puisse y toucher… non ?
Je n’aime pas sa voix… il ne me plaît pas ce type ! Je sens une pression sur mon épaule. Sonia me regarde… « Cool chef… »
Je retourne en arrière, côté hôtesse. Sonia s’assoit sur le siège de l’hôtesse. D’un geste elle me fait comprendre que d’ici on a une vue imprenable sur les toilettes. Peut-on aussi entendre ? Hummm, avec les réacteurs ? Un sourire, elle partage mes idées ?
- — Faudrait tester pour savoir !
- — D’abord, analyser, comprendre… les hypothèses, c’est ensuite !
- — Oui chef, bien chef !
Elle est dans son élément, calme, épanouie. Dommage pour nous de l’avoir perdue !
Enfin, rien n’est jamais définitif ! Elle a sorti son palm, et gribouille des notes, je reconnais là son efficacité ! Je me rappelle sa méthode « base de données » permettant de ne rien oublier et de recouper chaque élément. Oui, sacrément efficace. Je suis content de l’avoir sur cette affaire.
- — Dites, ils vont arriver bientôt nos « peigne-culs » ?
- — Sonia !
- — Bon, nos scientifiques !
- — Le temps de les décider à écourter leur soirée, ils ne devraient plus tarder.
- — On s’occupe des passagers ?
- — J’aimerais en savoir un peu plus, avant de les interroger.
- — Sauf que décemment on ne va pas pouvoir les bloquer trop longtemps, certains ont des correspondances…
- — Bien, on y va, mais ton sbire garantit qu’ils ne touchent à rien.
Nous revoilà dans sa voiture filant vers le satellite. Un long silence, j’essaie de mettre en ordre toutes les images qui deviendront les bases de mes déductions.
- — Alors chef, on procède comment ?
- — Juste rassembler les données, savoir tout depuis le moment où ils ont posé le pied dans l’aéroport de Moscou jusqu’à maintenant, ce qu’ils ont vu, ressenti. En bref tout. Bien sûr il va nous falloir faire la liste de tous ceux qui ont été aux toilettes, ceux qui ont voulu, mais ont dû attendre. La routine quoi. Une routine de presque deux cents interviews de plus de vingt minutes minimum…
- — On n’est pas couché !
- — J’ai trois inspecteurs qui sont arrivés, tu peux mettre du monde, Sonia ?
- — Des officiers ?
- — Of course !
- — Je suis la seule de permanence.
- — OK, il nous faut du monde, je m’en occupe, organise les lieux, faut que dans cinq heures tout soit bouclé !
La salle d’embarquement est pleine à cette heure tardive. Les passagers du vol JOW2712 sont tous regroupés. Le brouhaha montre à la fois l’inquiétude et le mécontentement. Un pauvre diable en uniforme de la compagnie essaie d’expliquer la situation. Mais le chef de station aura beau faire, après plus de quatre heures de vol, être parqué sans ses bagages avec juste une légère collation offerte par la compagnie est difficile à supporter. Je contemple un instant cette scène, cherchant à analyser, et photographier la position de chacun. Le long travail va pouvoir commencer.
- — Mesdames messieurs, un instant d’attention, s’il vous plaît !
Je m’en fiche, il y aura bien quelqu’un pour traduire en russe ou en anglais. D’ailleurs immédiatement le chef de poste switche en russe. Bon à savoir.
- — Je suis le Commissaire divisionnaire en charge du secteur. Nous avons retrouvé une victime dans les toilettes de votre vol, c’est la raison pour laquelle vous êtes tous consignés en zone internationale. Nous allons procéder à l’audition de chacun d’entre vous, individuellement. Quand cette procédure sera terminée, la majorité d’entre vous pourront continuer leur route, en laissant un moyen de les joindre.
Je marque un temps de silence, je regarde mes hommes qui s’activent avec l’équipe de Sonia pour installer les tables dans les recoins de la salle.
- — Je vous demande d’être patient, cela risque d’être encore long. Je peux juste vous promettre de ne pas vous garder plus que le besoin. Je vous remercie de votre attention.
Déjà deux heures que nous procédons aux interrogatoires. La fatigue commence à se faire sentir. Il faudrait prendre le temps de confronter les témoignages de chacun, mais pas question de le faire avant d’avoir vu tout le monde.
Je consulte ma liste, je n’ai coché que cinq noms. Un sourire. J’ai essuyé les pires menaces voilées du passager de la classe affaires. Un nom à transmettre aux services adéquats. Je ne serais pas étonné qu’il soit mêlé à un trafic quelconque. Allez, j’appelle le suivant, et un café serré ! Le suivant est une suivante. Je la regarde s’installer sur la chaise. Intimidée. C’est plutôt bon signe.
- — Bonjour, parlez-vous français ? engliche ?
- — Le français, cela ira.
- — Votre nom, âge, profession ?
- — Irina Krouestova, vingt-cinq ans
- — Profession, raison de votre venue en France ?
- — J’ai été invité par un ami à passer quinze jours de vacances. Il m’a payé le billet aller-retour.
- — Vous venez de quelle ville ?
- — Moscow.
- — Y avait-il du monde à l’aéroport ?
- — Je suis arrivé près de deux heures avant le départ. Une amie m’a déposée. Je suis venue tôt, car je n’étais pas sûre avec mes billets « électroniques » que j’avais une place. Mais non, tout était parfait.
- — Avez-vous remarqué des passagers ?
- — Oh oui, la grosse, pardon l’énorme femme habillée en vert pomme. Ses valises étaient aussi importantes qu’elle et j’ai pensé qu’elle avait peur de mourir de faim. Sinon, un jeune couple qui n’arrêtait pas de se bécoter dans la file d’attente, ils étaient en début d’avion, il m’a semblé.
- — Vous avez prévenu votre ami que vous seriez en retard ?
- — À ce moment-là non ? Pourquoi ?
- — Non là, maintenant ?
- — Faut vous suivre vous ! Bien sûr ! je n’ai pas envie qu’il reparte et me laisse plantée dans un aéroport d’un pays que je ne connais pas !
- — Vous avez passé le contrôle d’identité dans la foulée ?
- — …
Ce que cela peut être lassant, les mêmes questions, les mêmes réponses… Mais cette femme blonde, aussi naturelle que la plage à marée basse après le naufrage de l’Erika, m’inspire. Je regarde le document fourni par la compagnie, c’est un témoin important, sa place jouxtant les toilettes. Je la regarde, analyse ses expressions, son visage alors qu’elle continue à m’expliquer dans le détail, et avec minutie chaque minute de son voyage.
- — Je n’étais pas très contente d’avoir hérité de la place du fond, car comme vous le savez, cela enlève la possibilité d’allonger son siège pour se reposer. Oui, j’ai cherché à avoir mieux, mais cela n’a pas été possible. Remarquez, je ne l’ai pas regretté…
- — Comment cela.
- — C’est délicat.
- — Je comprends, mais il s’est donc passé quelque chose qui vous a fait changer d’avis ?
- — Oui, enfin non… mais c’est pendant le vol. Cette place est un enfer, vous êtes en permanence avec quelqu’un à côté de vous qui attend pour aller soulager une envie pressante, et il n’a rien d’autre à faire qu’à vous regarder, vous déshabiller ! Quand c’est un beau jeune homme, j’apprécie. Mais c’est rarement le cas !
- — Oui, c’est difficile de s’assoupir dans ces conditions. Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis ?
- — Pour tout vous dire, j’avais demandé à l’hôtesse une couverture et les yeux fermés, je cherchais à trouver le sommeil. Je tenais à être en forme à mon arrivée à Paris, me doutant que ma nuit serait courte. J’avais réussi à somnoler quand je l’ai entendue.
- — Humm ?
- — Oui, il était difficile de ne pas l’entendre. Elle tenait la forme, je peux vous le dire, j’en connais un rayon. En plus ce n’était pas des cris de simulation, non, elle criait à pleine voix. Cela m’a même donné envie de profiter d’être enveloppée de la couverture pour me laisser aller.
- — Je vous vois mal résister à la tentation longtemps, je me trompe ?
- — Eh bien, si elle s’était arrêtée, je crois que j’aurais résisté, mais elle a remis le couvert une autre fois, puis une autre !
- — Vous avez ouvert les yeux pour savoir si vous étiez la seule à entendre ?
- — Bien sûr que j’ai ouvert les yeux ! Je voulais savoir si je pouvais profiter du champ libre pour moi.
- — Et l’équipage n’a rien remarqué ?
- — L’équipage ?
- — Oui.
- — Au sourire des hôtesses, j’ai un moment pensé que c’était l’une d’entre elles qui s’octroyait un quart d’heure de recréation.
- — Je suis sûr que vous avez attendu pour la voir sortir ?
- — Moi ? Quelle idée vous vous faites de moi !
- — Sérieusement ?
- — Eh bien, oui… après avoir, comment dire, profité de la situation, j’ai repris une posture plus conforme, regardé ma voisine de droite qui, elle, ronflait la bouche ouverte, et j’ai attendu qu’elle sorte… Mais j’ai dû être distraite, car le silence était revenu et je ne l’ai pas vue.
- — Vous n’avez pas eu envie d’aller voir le lieu du délice ?
- — Vous ! Vous connaissez les femmes !
- — …
- — Oui, j’allais me lever pour me laver les mains, quand les turbulences sont arrivées. Elles ont été assez fortes, et je n’aime vraiment pas cela. J’ai failli vomir. Quand nous avons pu à nouveau nous déplacer, nous étions presque arrivés à Paris, aussi les hôtesses ont même dû dire aux passagers d’arrêter d’aller aux toilettes.
- — Avez-vous vu quelqu’un entrer ou sortir de ces toilettes après les turbulences ?
- — Je ne sais pas… peut-être ? Je n’ai pas fait attention.
Et voilà, grâce à elle nous en savons beaucoup plus ! Il suffit de savoir si la victime…
- — Dites monsieur ? Il lui est arrivé quoi à cette femme ?
- — Je vous remercie de votre témoignage. Je crois que nous allons devoir vous interroger à nouveau aussi merci de me donner votre numéro de téléphone portable et l’adresse de résidence en France.
- — Pour l’adresse, je ne la connais pas, mais voici mes papiers, il y a mon adresse à Moscou, et mon tél’, il n’y a pas de problème.
- — Sonia !
- — Oui, chef ?
- — Break ! Un café !
- — Nous aurons bientôt fini. Le temps de tout compiler dans l’biniou. (Elle tapote son PC portable), nous aurons la liste de toutes les allées et venues dans l’avion.
- — L’hôtesse, la jeune, a été bavarde ?
- — Oui, elle confirme l’épisode d’avant les turbulences. Mais aucune ne se souvient avoir vérifié pendant les turbulences que les toilettes étaient vides.
- — C’est quand même bizarre…
- — Tu crois qu’elles lui auraient volontairement laissé le temps de récupérer après une séance haute en couleur ?
- — Peut-être. Elles sont humaines non ? Pas toi ?
- — Sonia !
Je vois dans ses yeux deux petites flammes taquines et surtout une jeune femme bien dans sa peau.
- — As-tu des infos sur la fouille ?
- — Non, pas encore, mais ça ne devrait pas tarder. J’ai demandé à chacun un rapport oral asap.
- — J’aimerais bien être à ta place… sérieusement, faut que le légiste nous aide avec une fourchette d’heure.
- — Tu sais bien qu’on n’aura rien ce soir.
- — Essaie !
- — Oui, Sonnniiiiiiaaa !
- — T’as une idée du pourquoi ?
- — Cherchez le mobile, vous trouvez le criminel ?
- — Qui était-elle ?
- — J’ai reçu sa fiche des collègues de Moscou. Casier vierge, une employée modèle d’une filiale de firme européenne, célibataire, visiblement en voyage d’affaires. Il va falloir contacter la firme en France pour connaître les raisons du voyage, et si elle était seule sur ce vol.
- — Ça, je peux le savoir avec la réservation des billets.
- — Alors, exécution, et plus vite que cela !
- — Bon, j’y cours… bon rapport !
D’un coup d’œil fatigué, je scrute les passagers anxieux qui attendent. Ceux pressés de partir fulminent. Les autres, un brin fatalistes, semblent prendre leur mal en patience. Je revois cette jeune femme dans les toilettes. J’ai vu malheureusement de nombreux cadavres dans ma carrière, mais celui-là a quelque chose d’irréel. Pas de crainte, juste un visage rayonnant figé pour l’éternité.
Mon téléphone m’éloigne de ma rêverie.
- — Humm
- — ‘soir, j’ai terminé, j’ai donné l’autorisation d’évacuer le corps. Je ferai l’autopsie demain matin.
- — En quelques mots, quelles sont tes premières conclusions ?
- — C’est une femme de trente-cinq ans, type caucasien.
- — Ça, je suis capable de le voir aussi !
- — Je n’ai pas vu de trace de coup ayant provoqué la mort. Je te le confirmerai demain, mais il semble y avoir des traces de compression en plusieurs endroits du corps.
- — Plus précisément ?
- — Il y a des marques montrant qu’elle a été fortement choquée, comprimée.
- — Où cela ?
- — Sur les cuisses à plusieurs endroits, les fessiers. Par contre rien sur les bras, pas d’ecchymoses, pas de trace de piqûres, rien au cou.
- — Raison de la mort ?
- — Trop tôt pour avoir un jugement sûr.
- — OK, côté clinique, est-ce un viol ?
- — Je pense que tu l’as toi-même vu, il y a eu relation sexuelle. C’est certain. Mais de là à affirmer un viol, je ne pense pas.
- — Pourquoi ?
- — Les traces ne correspondent pas à celles qu’aurait quelqu’un qui résiste ou se débat. Il faudra chercher ailleurs.
- — Heure de la mort ?
- — Tu as une boule de cristal ?
- — Une fourchette…
- — Vu la température du corps, je dirais trois heures au plus
- — Ouais… ça ne va pas nous dire si c’est avant, pendant ou après les turbulences…
- — Turbulences ?
- — Laisse, on cherche à remettre de l’ordre dans les événements.
- — OK.
- — Merci, dès que tu as d’autres infos, dis-les-moi.
- — À plus !
Voilà qui nous simplifie la vie, une victime qui décède avec popotin façon rodéo girl, le sexe épanoui, le tout illuminé d’un sourire. Cherchez l’erreur ! Allez, faut se secouer, sinon la nuit va être encore bien longue. Un regard à toute cette salle qui grouille, avant d’entamer le prochain interrogatoire. Un policier me fait signe. Il a un client ! Le client est un homme jeune, bel homme, visiblement il a des éléments intéressants. Je m’assois devant lui. Un regard perçant, avec un brin d’affolement. C’est bon signe. La chasse peut commencer. Le policier silencieusement s’éclipse, pressé de prendre dans le filet un autre poisson.
Mon intervention visiblement le surprend. Je consulte la fiche signalétique, Français, marié, commercial faisant la navette régulièrement entre la Russie et la France…
- — Je ne l’ai pas violée !
- — Je ne vous ai encore rien dit, je crois, non ? Et si vous me racontiez tout depuis le début ? Calmement.
- — J’ai rencontré Iuliana, il y a déjà quelques mois sur un vol, et nous avons depuis assez souvent partagé les longs instants d’attente entre Moscou et Paris. Elle effectuait la navette au moins deux fois par mois. Elle restait peu de temps à chaque fois, mais en profitait toujours pour passer un week-end. Cette fois-ci, nous nous sommes donné rendez-vous à l’aéroport afin d’effectuer le check-in ensemble et ainsi être assis côte à côte. Iuliana est une femme très intéressante, passionnée par l’art et nous avons projeté le prochain week-end de découvrir l’art celte qu’elle n’a pas encore vu.
- — Était.
- — Était ?
- — Vous n’irez pas en Bretagne avec elle.
- — …
- — L’art n’était pas sa seule préoccupation ?
- — Non, elle était pleine de vie. C’était un plaisir de partager quelques instants de sa vie. Elle était très communicante, très proche de vous, si proche que le désir qui vous prenait ne paraissait pas malsain, juste naturel. Nous n’en étions pas au premier vol ensemble… aussi, quand les plateaux-repas ont été ramassés, elle m’a fait comprendre de la suivre.
- — Comment ?
- — Oh, tout simplement, d’une légère pression de son index sur mon anatomie, un clin d’œil aussi.
- — Et vous la suivez comme ça ?
- — Vous ne la connaissez pas, n’importe quel homme la suivrait, cette femme est un véritable aimant, et une amante… une vraie, une artiste de l’amour. Oui, je l’ai suivie comme d’autres fois. Je savais que la proximité des autres passagers rendrait les instants plus fous. Et ça a été le cas. Je l’ai suivie presque aussitôt. Elle avait laissé la porte des toilettes en position ouverte ce qui m’a permis de rentrer.
- — À deux dans les toilettes d’un Boeing 737 ?
- — Cela peut vous paraître bizarre à vous, conformiste, mais on peut en faire des choses dans des toilettes d’avions ! Nous nous sommes enlacés, et très vite, je l’ai dépouillée de ses vêtements, j’aime profiter de son corps, de la vue de son corps. Nous avons fait notre affaire, et je l’ai quittée pour la laisser se remettre, se rendre présentable. J’ai été surpris de ne pas la voir me rejoindre, mais avec les violentes turbulences, mon estomac m’a occupé quelques instants. C’est après que je me suis inquiété. J’ai appelé l’hôtesse pour lui demander si tout allait bien, ce qu’elle m’a confirmé. J’en ai déduit qu’elle devait discuter avec l’une d’elle.
- — Cela lui arrivait ?
- — Oui, elle était très connue sur cette ligne. Mais que lui est-il arrivé ?
- — Je compte sur vous pour me le dire… Revenons alors à ce que vous avez qualifié de votre « affaire ». Rentrez dans le détail… chaque détail peut nous mettre sur la voie.
- — Est-ce vraiment nécessaire, je ne sais pas si elle apprécierait !
- — Elle n’est plus en cas d’apprécier quoi que ce soit à cet instant. Alors, vous l’avez déshabillée ?
- — Oui, j’ai commencé par son chemisier afin d’avoir une vue sur ses seins qui m’attirent. Sitôt enlevés les boutons, je les ai pris dans mes mains, je les ai caressés, puis je n’ai pas pu faire autrement que les manger, l’un après l’autre. Elle aime cela… à chaque ., je vois ses yeux me fixer comme si elle cherchait à faire durer l’instant. C’est elle qui a enlevé le haut pour être plus à l’aise.
- — Pas de soutien-gorge ?
- — Pour quoi faire ? Elle n’en met jamais, sa poitrine est ferme, et sa personne s’accommode bien des regards attirés par sa poitrine libre. Puis, comme pris de frénésie, je l’ai dépouillée de sa jupe. Pour la culotte, il a fallu de la dextérité. L’espace étant exigu, il était difficile de caresser.
- — Vous avez posé les vêtements où ?
- — Sur le lavabo, enfin je crois.
- — Ensuite ?
- — Elle s’est accroupie pour apprécier mon désir. J’ai eu du mal à me retenir, car elle savait y faire. Un délice à vous réveiller un mort ! Je crois qu’elle savait son pouvoir. J’ai dû l’attraper par les cheveux pour l’empêcher de m’achever… je l’ai alors retournée, en appui sur la cuvette, et je l’ai enfourché avec vigueur comme elle l’aimait.
- — Hummm, on devrait trouver des traces d’appui sur l’inox de la cuvette ? Ça ne colle pas, mon gaillard.
Un coup d’œil à Sonia qui vient de me rejoindre. Oui, bien content qu’elle soit revenue !
- — Qui fournissait la protection ?
- — Elle était prévoyante, toujours un paquet dans son sac. Pour le petit en-cas ! J’ai mis un temps certain à exploser. Elle en a bien profité. Ses gémissements m’ont excité… si bien que j’ai été vite prêt pour un second service. Je ne lui ai pas laissé le choix, je suis me suis faufilé façon expresso dans son cul serré. Ses cris sont devenus plus forts… la proximité des voyageurs l’excitait plus que l’acte en lui-même. Nous nous sommes écroulés, épuisés. Je me suis rajusté, et l’ai laissé se refaire une beauté. Quand je l’ai quittée, son baiser brûlant était tout ce qu’il y a plus de vivant ! Je ne m’explique pas.
Sonia s’immisce.
- — Comment expliquez-vous qu’elle ait laissé la porte ouverte, alors ?
Le gaillard la regarde quelques instants :
- — Mais elle a fermé le loquet ! Je ne l’aurai pas laissé nue, la porte ouverte sans monter la garde devant la porte.
- — Effectivement !
Un clin d’œil, Sonia me fait comprendre qu’on doit le garder au chaud encore un peu avant de reprendre. Nous nous écartons de la table.
- — Le labo a fini. Il y a quelques infos de plus. En résumé, on a trouvé deux condoms dans la poubelle, sans faire d’analyse poussée, ils ont servi…
- — On pouvait s’en douter, non ? Ça veut dire que le gaillard a dit la vérité ?
- — Y a juste un problème,
- — Lequel ?
- — S’il n’y a aucun doute sur l’emploi d’un en anal, ils ont été intrigués. La taille de l’un semble différente. On devrait avoir la confirmation de tout cela après analyse si l’ADN de la femme est bien sur les deux. Si oui, y a un problème. On a aussi le détail du sac à main, pas de quoi se poser trop de questions. Y a bien une boîte entamée de capotes, mais il en manque plusieurs.
- — Tout cela confirme la version du type !
- — En partie, car ça donne par la raison du décès, et comment on a retrouvé un corps dans des toilettes fermées de l’intérieur.
- — Oui, et l’équipage n’a soi-disant pas verrouillé la porte ! Autre chose ?
- — Oui, sous le corps on a retrouvé un eye-liner.
- — Tu as eu les relevés de ses voyages ?
- — Là aussi, je confirme qu’elle prenait la ligne plus que régulièrement, et très souvent les mêmes vols.
- — Donc les hôtesses la connaissaient ?
- — Plus que probablement
- — Bizarre alors, le comportement lorsqu’on a tenté de l’identifier ?
- — Oui, je creuse de ce côté-là ?
- — Attends, reste encore avec moi.
- — Je resterai bien un peu plus… Oh que j’aime tes yeux rieurs, un brin coquins ? Le récit de ce gaillard t’aurait-il émoustillée ?
- — J’ai aussi un problème. Le récit ne cadre pas avec les marques sur le corps. D’après le légiste, il y a eu pression, voire compression. Et la position en levrette si elle avait pu générer les compressions sur les fessiers, elle en aurait provoqué d’autres sur les points d’appui ! Il ne faut pas oublier que nous sommes dans un avion, et qu’un avion, ça bouge ! Faut se tenir !
- — Ouais ! Elle ne devait pas se tenir qu’à sa queue !
- — Humm…
- — Oups, désolée, mais c’est vrai.
- — En termes de durée, ça colle ?
- — Ça doit coller, je n’ai pas fini de collecter tous les déplacements dans l’avion, tu ne peux pas savoir combien de gens vont aux toilettes durant un vol !
- — C’est une des manières de s’occuper, non ?
- — Nos deux lascars en avaient trouvé une autre, non !
- — On lui fait le Grill ?
- — Oui, confie cela à un sbire, on va lui refaire dire tout depuis l’embarquement, on devrait avoir encore un ou deux détails de plus.
- — Bien croustillants, j’espère, pour une fois que l’on peut rigoler dans une enquête !
Le soleil commence à poindre et les rayons horizontaux apportent un brin de couleur rouge au Terminal 1. Il ne reste dans le satellite que quelques personnes, quelques passagers, l’équipage, le chef d’escale… et des poubelles qui débordent. À l’écart, Sonia et le commissaire Stan passent en revue le palm où toutes les notes de la nuit sont consignées. Après les heures d’investigations, il est temps de passer aux hypothèses ?
Le chef d’escale à l’air de bouillir. Il ne va pas être possible de bloquer un satellite toute la matinée… et ce commissaire qui n’a pas l’air d’être pressé !
Il attend quoi ? Son téléphone sonne. L’ensemble des présents cherchent à lire sur ses lèvres.
- — Oui.
- — …
- — À quel moment ?
- — …
- — Tu es sûr ?
- — …
- — Cela a duré combien de temps ?
- — …
- — Hummmm. Bon. Tu m’envoies la copie papier sur mon bureau.
- — …
- — Merci.
- — Sonia ? Y a un truc qui ne colle pas. Repasse-moi le film des déplacements vers les toilettes… C’est bien ce que je pensais. On a des vides dans les mouvements de personne, mais un semble bizarre.
- — Une idée, chef ?
- — Une petite… que dirais-tu d’une reconstitution « informelle », histoire de vérifier ?
- — Faut qu’ils nous donnent accès à l’avion. Je vais négocier avec le chef d’escale.
- — Mesdames, messieurs, je pense que nous arrivons au bout de la nuit. Avant de vous libérer vers un repos bien mérité, je souhaiterais retourner avec vous tous dans l’avion pour vérifier quelques détails, ce ne sera plus très long.
Un pincement à l’ouverture de la porte de l’appareil… un tombeau ?
- — Merci de reprendre chacun vos places. Mesdames les hôtesses, qui était à l’arrière ? OK, Monsieur du 27C. Sonia va s’asseoir à la place de notre défunte, à côté de vous. Nous avons enregistré que à « turbulences moins trente-cinq minutes » environ, elle vous invite à la suivre. Sonia ?
Elle entre dans les toilettes en premier.
- — Mesdemoiselles, vous êtes d’accord ? Qui ne la connaissait pas ? Je prends votre silence pour un accord. Sonia, tu laisses la porte ouverte.
Monsieur 27C entre.
- — Nous sommes maintenant à « turbulence moins trente-trois ». Non ? Monsieur 27, faites votre petite affaire. Vous avez besoin que l’on ferme la porte ? Sonia ne vous plaît pas ? Allez, prenez votre temps comme avec elle. Enlevez-lui sa veste, posez-la sur le lavabo. Oui, c’est possible.
- — Je ne peux pas, j’ai son visage en face de moi… c’est une torture, monsieur le commissaire !
- — Vous êtes jeune, vous avez réussi à recharger vos batteries en moins de quinze minutes ? Je vous accorde quelques minutes pour la séance d’effeuillage. Quelques minutes pour la pipe mémorable ? Sonia ? Ton verdict ?
- — Ferme la porte, je te réponds ! Et un grand clin d’œil illumine son visage. Je plaisante, monsieur 27… Au toucher, il semble correspondre à la description de spécimen fin. Nous devons chercher autre chose !
- — Tu confirmes ?
- — Oui, c’est possible.
- — Humm… il nous faudrait un autre homme pour vérifier alors. Commandant, pouvez-vous venir ?
- — Chef, ça ne colle pas ! Commandant, entrez dans les toilettes. Là. Mettez-vous là. Oui, je sais, c’est bas de plafond, mais vous n’êtes pas si grand que cela. Ça doit pouvoir faire l’affaire. Imaginez, chef, que je rentre maintenant, je me déshabille et viens me coller contre lui, là, comme cela. Je l’excite bien, je lui place le latex. Je me plaque bien contre lui, et quand 27 rentre, il arrive à refermer la porte derrière lui. Certes, ça manque de place, mais quand les attributs sont mis au chaud, ça peut le faire. Si on considère un droit au but, on doit être dans les temps… et je confirme que comme ça, mes deux mâles me compriment exactement comme dans la description du légiste. Une dernière chose, chef ! Je confirme que notre commandant est bien fourni !
- — Commandant ? Avez-vous rejoint, comme le laissent supposer les conversations de la boîte noire, mademoiselle Ielena ? Ou plutôt, vous a-t-elle rejoint ?
- — Da.
- — Monsieur 27, êtes-vous le deuxième homme ?
- — Oui, mais je ne l’ai pas tuée ! C’était la première fois où nous avons fait l’amour à deux dans ces toilettes ! C’était un de ses fantasmes ! Et c’était réellement divin. Elle a été secouée, ballottée pendant un temps infini, car nous avons voulu que ce soit le plus long et fort possible pour elle.
- — Vous pouvez me donner un peu d’air ? L’impression globale ne me déplaît pas, mais il se trouve que je suis en service !
Quelques jours plus tard, dans un bureau surchauffé de la brigade criminelle. Sonia a répondu à une convocation officielle du commissaire. Elle l’a rejoint depuis quelques minutes dans son bureau encombré de dossiers. Un expresso fumant dans la main, le commissaire a le sourire des grands jours.
- — Je t’ai fait venir, j’ai besoin d’une signature sur un document.
- — L’affaire du vol russe ?
- — Notre affaire est soldée, Sonia, le rapport du médecin légiste est sans appel. Morte par arrêt cardiaque. Pas de trace de produit toxique, dopant ou quelconque de drogue. Une femme saine, dans un corps sain. Mort naturelle suite à un arrêt cardiaque. Nous serons les seuls à en connaître l’origine !
- — Une belle mort en fait ! Et les deux hommes ?
- — Que retenir contre eux ? En dehors d’atteinte à la pudeur, le commandant a respecté le protocole lorsqu’il a quitté le cockpit, ce qui nous a permis d’élucider l’affaire.
- — Oui, heureusement ! Sinon, nous aurions dû pousser la reconstitution un peu plus loin… m’aurais-tu laissé choisir les deux policiers pour la reconstitution ?
- — Humm, trop dangereux pour déléguer ! Bon, tu le signes ce formulaire ?
- — Comment as-tu fait ? J’étais grillée, il y a six mois.
- — Secret d’État !
- — Tu fais quoi, ce soir ?
- — Du sport, je muscle mon cœur !
- — Sage décision maintenant qu’il faut se méfier des petites morts !
- — …
- — Il n’empêche ! On aurait dû la faire cette reconstitution, non ?
- — Rien ne t’empêche de l’organiser
- — C’est encore moi qui dois tout faire
- — Et en plus, tu râles… Tu réserves l’avion et je m’occupe du reste.