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n° 19734Fiche technique41318 caractères41318
Temps de lecture estimé : 24 mn
29/07/20
Résumé:  J'ai beaucoup voyagé, et pris l'avion sur des vols de 4 heures. Est-ce possible?
Critères:  fhh uniforme nympho voyage avion toilettes fellation pénétratio double -policier
Auteur : Asa.a      Envoi mini-message
J0W2712



Ladies and gentlemen…


Même le voyageur occasionnel peut s’en rendre compte, il règne à cette heure tardive, une animation inhabituelle à l’aérogare 1. Le vol JOW2712 qui avait été affiché « landed » vient de passer en mode « delayed » et une série de voitures banalisées, gyrophares allumés débarquent sur la voie circulaire.

Alors que les portières claquent, le regard est attiré par le seul homme non stressé. Grand, les cheveux en brosse, légèrement grisonnants, le regard fatigué, il se dirige vers l’entrée des artistes d’un pas souple. La meute qui le suit s’engouffre par la porte immédiatement verrouillée.


Le commissaire « Stan » de la brigade criminelle, pas de doute, c’est bien lui ; vient-il d’hériter d’une nouvelle affaire ?


C’est à ce moment-là que la page de pub vient alimenter la caisse de la chaîne télé qui finance la série. Sauf que là, point de page de pub, une réalité, somme toute sordide, qui va perturber Charles de Gaulle comme une tempête de neige un soir de réveillon !



La jeune femme en uniforme qui lui fait face, et le conduit vers un véhicule sur le tarmac, est visiblement l’officier de garde de la PAF.



Un chaos lui fait tourner la tête vers la conductrice. Sonia est encore plus belle que lorsqu’elle travaillait avec eux… un sacré mélange cette femme. Une douceur émane d’elle alors que dans la réalité c’est une tigresse, un caractère qui lui a valu cette mutation sanction. Et puis quoi qu’on puisse en dire le fait qu’elle soit beur, compte aussi.



Un sourire.





**********




Je laisse aller mes yeux lorsqu’elle grimpe la passerelle. Un sacré brin de femme ! Je suis certes un peu vieux jeu en aimant les jupes, mais Sonia, porte le pantalon avec grâce, à me faire changer d’avis !


Pas besoin d’attendre longtemps pour voir les premiers passagers descendre. J’en entends quelques-uns râler après les hôtesses, et descendre en chemise. La consigne de laisser les casiers à bagage fermés n’est pas appréciée. Mais je ne vais pas demander à la police scientifique d’œuvrer avec les passagers dans leurs jambes.


J’aime regarder les gens à leur insu, je m’imprègne de leur démarche. Celle-là n’est pas à l’aise ? Faudra recouper. Lorsqu’elle a croisé mon regard, j’ai trouvé une coupable !

Mais soyons réaliste, au regard, il y en a une bonne moitié de coupable.


Les portes du bus se referment. Je prends le temps de mâchouiller mon bois de réglisse encore un peu. Je m’imprègne de cette odeur de kérosène, de la folie de ces bruits stridents des réacteurs qui démarrent. Sonia apparaît à la porte de la carlingue, elle me fait signe.


Seuls la chef de cabine et le commandant de bord sont restés. Elle est visiblement très choquée. Je suis Sonia qui m’emmène vers le fond de l’appareil. Rien de particulier ne distingue cet appareil d’un autre vol. La propreté et la même qu’un autre vol de quatre heures… Les revues traînent.


Nous y voilà. La porte est fermée et un jeune inspecteur de la PAF est en faction. Je me tourne vers l’hôtesse. Sonia me devance.



D’un geste un peu brusque, elle ouvre la porte. Un silence.

Je balaye des yeux, cherchant à mémoriser la scène afin de la garder présente dans mon esprit tout au long de l’enquête. Aucun doute, ce n’est pas un suicide.


Je regarde l’hôtesse, le commandant de bord.



Je me tourne vers Sonia. Et après quelques échanges, elle me confirme que, oui, ça doit être le 27B, mais que l’avion n’étant pas plein, des personnes ont changé de place.



Je remonte l’allée doucement, me penche, cherche le gros détail qui tue… Enfin qui choque, plutôt. Mais rien. Je m’arrête plus longtemps à la place 27… une revue. Du russe.

Notre victime lirait donc le russe, à vérifier ! Mordillons encore un peu ce bout de bois, histoire de trouver la bonne idée. Allez, on va cuisiner un peu l’hôtesse.



Oui, mais ça ne veut rien dire, la distribution s’est faite une heure après le départ ? Guère plus ?



C’est cela, c’est cela… Un vol de quatre heures avec un w.c. condamné, et ça ne se voit pas.


Mon regard passe de l’hôtesse au commandant puis revient à l’hôtesse. Ces deux-là cachent forcément quelque chose. Ils ont eu le temps de préparer leur version : je n’ai rien vu, rien entendu. Vous avez un cadavre sur les bras, mais nous n’y sommes pour rien ! Oui… Est-ce vraiment si sûr ?



Je n’aime pas sa voix… il ne me plaît pas ce type ! Je sens une pression sur mon épaule. Sonia me regarde… « Cool chef… »



Je retourne en arrière, côté hôtesse. Sonia s’assoit sur le siège de l’hôtesse. D’un geste elle me fait comprendre que d’ici on a une vue imprenable sur les toilettes. Peut-on aussi entendre ? Hummm, avec les réacteurs ? Un sourire, elle partage mes idées ?



Elle est dans son élément, calme, épanouie. Dommage pour nous de l’avoir perdue !

Enfin, rien n’est jamais définitif ! Elle a sorti son palm, et gribouille des notes, je reconnais là son efficacité ! Je me rappelle sa méthode « base de données » permettant de ne rien oublier et de recouper chaque élément. Oui, sacrément efficace. Je suis content de l’avoir sur cette affaire.



Nous revoilà dans sa voiture filant vers le satellite. Un long silence, j’essaie de mettre en ordre toutes les images qui deviendront les bases de mes déductions.



La salle d’embarquement est pleine à cette heure tardive. Les passagers du vol JOW2712 sont tous regroupés. Le brouhaha montre à la fois l’inquiétude et le mécontentement. Un pauvre diable en uniforme de la compagnie essaie d’expliquer la situation. Mais le chef de station aura beau faire, après plus de quatre heures de vol, être parqué sans ses bagages avec juste une légère collation offerte par la compagnie est difficile à supporter. Je contemple un instant cette scène, cherchant à analyser, et photographier la position de chacun. Le long travail va pouvoir commencer.



Je m’en fiche, il y aura bien quelqu’un pour traduire en russe ou en anglais. D’ailleurs immédiatement le chef de poste switche en russe. Bon à savoir.



Je marque un temps de silence, je regarde mes hommes qui s’activent avec l’équipe de Sonia pour installer les tables dans les recoins de la salle.



Déjà deux heures que nous procédons aux interrogatoires. La fatigue commence à se faire sentir. Il faudrait prendre le temps de confronter les témoignages de chacun, mais pas question de le faire avant d’avoir vu tout le monde.

Je consulte ma liste, je n’ai coché que cinq noms. Un sourire. J’ai essuyé les pires menaces voilées du passager de la classe affaires. Un nom à transmettre aux services adéquats. Je ne serais pas étonné qu’il soit mêlé à un trafic quelconque. Allez, j’appelle le suivant, et un café serré ! Le suivant est une suivante. Je la regarde s’installer sur la chaise. Intimidée. C’est plutôt bon signe.



Ce que cela peut être lassant, les mêmes questions, les mêmes réponses… Mais cette femme blonde, aussi naturelle que la plage à marée basse après le naufrage de l’Erika, m’inspire. Je regarde le document fourni par la compagnie, c’est un témoin important, sa place jouxtant les toilettes. Je la regarde, analyse ses expressions, son visage alors qu’elle continue à m’expliquer dans le détail, et avec minutie chaque minute de son voyage.



Et voilà, grâce à elle nous en savons beaucoup plus ! Il suffit de savoir si la victime…



Je vois dans ses yeux deux petites flammes taquines et surtout une jeune femme bien dans sa peau.



D’un coup d’œil fatigué, je scrute les passagers anxieux qui attendent. Ceux pressés de partir fulminent. Les autres, un brin fatalistes, semblent prendre leur mal en patience. Je revois cette jeune femme dans les toilettes. J’ai vu malheureusement de nombreux cadavres dans ma carrière, mais celui-là a quelque chose d’irréel. Pas de crainte, juste un visage rayonnant figé pour l’éternité.


Mon téléphone m’éloigne de ma rêverie.



Voilà qui nous simplifie la vie, une victime qui décède avec popotin façon rodéo girl, le sexe épanoui, le tout illuminé d’un sourire. Cherchez l’erreur ! Allez, faut se secouer, sinon la nuit va être encore bien longue. Un regard à toute cette salle qui grouille, avant d’entamer le prochain interrogatoire. Un policier me fait signe. Il a un client ! Le client est un homme jeune, bel homme, visiblement il a des éléments intéressants. Je m’assois devant lui. Un regard perçant, avec un brin d’affolement. C’est bon signe. La chasse peut commencer. Le policier silencieusement s’éclipse, pressé de prendre dans le filet un autre poisson.



Mon intervention visiblement le surprend. Je consulte la fiche signalétique, Français, marié, commercial faisant la navette régulièrement entre la Russie et la France…



Un coup d’œil à Sonia qui vient de me rejoindre. Oui, bien content qu’elle soit revenue !



Sonia s’immisce.



Le gaillard la regarde quelques instants :



Un clin d’œil, Sonia me fait comprendre qu’on doit le garder au chaud encore un peu avant de reprendre. Nous nous écartons de la table.



Le soleil commence à poindre et les rayons horizontaux apportent un brin de couleur rouge au Terminal 1. Il ne reste dans le satellite que quelques personnes, quelques passagers, l’équipage, le chef d’escale… et des poubelles qui débordent. À l’écart, Sonia et le commissaire Stan passent en revue le palm où toutes les notes de la nuit sont consignées. Après les heures d’investigations, il est temps de passer aux hypothèses ?


Le chef d’escale à l’air de bouillir. Il ne va pas être possible de bloquer un satellite toute la matinée… et ce commissaire qui n’a pas l’air d’être pressé !

Il attend quoi ? Son téléphone sonne. L’ensemble des présents cherchent à lire sur ses lèvres.



Un pincement à l’ouverture de la porte de l’appareil… un tombeau ?



Elle entre dans les toilettes en premier.



Monsieur 27C entre.



Quelques jours plus tard, dans un bureau surchauffé de la brigade criminelle. Sonia a répondu à une convocation officielle du commissaire. Elle l’a rejoint depuis quelques minutes dans son bureau encombré de dossiers. Un expresso fumant dans la main, le commissaire a le sourire des grands jours.