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n° 19745Fiche technique24080 caractères24080
Temps de lecture estimé : 14 mn
05/08/20
Résumé:  Philippe, un homme quelconque, va croiser une femme extraordinaire. Ses doutes, son quotidien, ses rêves, toute sa vie pourraient bien être chamboulés par cette rencontre.
Critères:  fh cérébral revede fellation -regrets
Auteur : Mr Smith      Envoi mini-message

Série : Un rêve ou un cauchemar

Chapitre 01
Un rêve ou un cauchemar - Première partie

I – Élodie



Elle, c’est Élodie, trente-deux ou trente-trois ans, je suppose, un tout petit peu moins que moi. Elle est sublime, enfin moi je la trouve sublime, et c’est ça qui compte non ? Grande brune très fine, un visage anguleux d’une pâle blancheur, qui contraste nettement avec ses cheveux noir coupés au carré. Elle arbore de nombreux tatouages qui lui recouvrent presque entièrement les deux bras, et une bonne partie de sa jambe gauche.


J’ai eu tout le loisir de les détailler ses tatouages ; ça fait deux ans qu’elle travaille ici tous les jours, et deux ans que je viens y prendre un café au moins trois fois par semaine. Hiver comme été, elle est resplendissante. J’en ai vu un paquet des petits mecs qui lui tournent autour, de tous les genres. Des étudiants fauchés, des hommes d’affaires pressés, des vieux libidineux, des voyous sortis d’on ne sait où… Et il y a moi, Philippe. J’aimerais tellement pouvoir la séduire, découvrir ce qui se cache en elle, savoir en quel animal elle se transforme lorsqu’elle fait l’amour ou qu’elle baise. Mais ça, c’est dans ma tête, je manque de courage, je sais qu’elle me repoussera. Gentiment sans doute, mais je ne saurais le supporter.


Je suis un mec quelconque, vous savez, personne ne se retourne jamais sur mon passage, les gens oublient presque systématiquement mon prénom après notre première rencontre, je ne suis pas reconnu comme un expert dans mon travail ni dans aucun autre domaine, d’ailleurs. Je ne suis pas vraiment moche, j’ai même un petit quelque chose, je crois, mais je ne suis pas beau non plus. Je vous l’ai dit, je suis un mec quelconque, dans un corps quelconque et dans une vie quelconque. Rien de bien excitant en somme.


Élodie, deux ans que je viens dans ce bar pour elle, et je pense qu’elle ne connaît même pas mon prénom. Je suis un anonyme parmi les anonymes.


J’aimerais tant qu’un jour elle m’aborde, qu’elle me propose de venir la récupérer après son service, on irait au restaurant, on irait danser, et je la ramènerais chez moi et la baiserais comme un dieu. Je suis sûr qu’elle aime le sexe hard, que je l’attache, être soumise à mes désirs. Je l’imagine les bras noués dans le dos et ma bite plantée au fond de sa gorge, manquant de s’étouffer à chacun de mes va-et-vient entre ses lèvres. Je vois ses fesses bombées quand je la prends en levrette en l’attrapant par les cheveux pour la contraindre à se cambrer toujours plus. Puis je la vois s’endormir en me prenant dans ses bras, le visage encore souillé de ce sperme qu’elle m’a tant réclamé.


C’est sur ses pensées que je quitte le café de l’horloge, le sexe à moitié dur et non sans avoir laissé un pourboire de cinq euros comme à chaque fois. Je me sens pathétique.




II – Angela


Mon frère Nathan ne me ressemble pas du tout. C’est à se demander si nous avons été élevés par les mêmes personnes. Directeur commercial pour une grande entreprise du Cac 40, tout lui réussit depuis toujours : diplômes des grandes écoles obtenus haut la main, plusieurs fois champion de France d’escrime, un compte bancaire à plus de six 0, des enfants qui semblent suivre la même voie que lui, et Angela, sa femme, une Colombienne aussi sublime qu’intelligente et douée en affaires. Dès son arrivée sur le sol français, sans l’aide de personne, elle monta un business de lingerie à domicile qui connut un succès monstre. Trois ans plus tard, elle le revendait pour près d’un million d’euros et se mariait avec Nathan.


Régulièrement j’étais invité à dîner chez eux et à profiter de leur train de vie bien différent du mien. Produits de luxe, cadre idyllique, tout ce que l’argent peut vous offrir d’agréable.

Ce soir de juin, nous mangions au bord de la belle piscine qu’ils avaient fait construire l’été précédent, et Angela était sublime dans son paréo. Un teint superbe comme seules les femmes latines peuvent avoir, des jambes musclées et tellement bien dessinées, des cheveux longs et légers, et des seins, des seins sublimes dont les larges tétons s’exhibaient sans honte à travers la légère transparence du tissu.


J’avais l’impression qu’elle ne sentait pas l’effet qu’elle produisait sur moi. Elle doit me prendre depuis toujours pour une espèce de type asexué, qui ne ressent aucun désir et qui n’en suscite pas plus non plus.

Pourtant j’aimerais qu’elle sache qu’à ce moment, assis face à elle, je bande comme un taureau dans mon short de bain. La décence et la pudeur m’empêchent cependant de me lever, elle ne le verra donc jamais. Que penserait-on de moi si quelqu’un savait que je fantasme sur la femme de mon frère, sur ma propre belle-sœur ?


Et pourtant Angela est l’objet de mes désirs sexuels les plus profondément enfouis. J’ai eu la chance il y a quelques années de les observer, elle et Nathan, en train de baiser. J’avais fait un saut inopiné chez eux alors que je passais dans le quartier, la porte étant ouverte j’étais rentré, et en entendant les gémissements je m’étais approché discrètement du salon d’où venaient ces bruits. Ils étaient sur le grand canapé de cuir, elle sur lui, la bite solidement plantée dans son cul et elle multipliait les mouvements de bassin comme une danseuse de samba brésilienne. Je n’ai pas résisté au désir de me masturber en les observant se démener ainsi et j’ai joui sur le parquet à l’instant où mon frère se répandait sur la poitrine de sa femme.


Je pris bien sûr mes jambes à mon cou, et depuis ce jour-là, je n’ai de cesse de nourrir mes rêveries solitaires en m’imaginant sodomiser Angela dans les lieux et les positions les plus incongrues, m’imaginer la souiller comme la catin que je voudrais qu’elle devienne pour moi, la sentir jouir sous mes lourds coups de boutoir. J’aimerais tant l’entendre susurrer mon nom dans mon oreille alors que ma bite fouille le fond de ses entrailles.


Le repas touche à sa fin, je suis gentiment prié de rentrer chez moi dans mon quotidien et mon ordinaire beaucoup moins grandiose. Comme toujours tout était parfait, je vous remercie. Je finis la soirée seul dans mon lit, à me branler en regardant une vidéo dans laquelle une jeune blonde se fait tringler par tous les joueurs d’une équipe de basket et je me jouis dessus en quelques minutes à peine.




III – Valérie


Je bosse à la compta d’une boîte qui fait dans l’agro-alimentaire. Ce n’est pas le boulot dont j’avais rêvé, mais ça me fait vivre. Deux mille euros environ chaque mois, plus une prime de temps en temps si l’entreprise a vraiment fait de gros bénéfices, je me plains pas.


J’aurais préféré être prof de maths, c’est ce à quoi j’aspirais quand j’ai intégré la faculté de mathématiques de Rouen à dix-neuf ans. J’ai déchanté assez vite, la communication n’étant pas mon fort loin de là. J’aurais probablement fait un piètre professeur ! Alors, de fil en aiguille, j’ai étudié la comptabilité et j’ai intégré cette entreprise à la fin de mes études. Je ne l’ai pas quittée depuis, douze ans maintenant.


À peu près au même moment que moi est entrée Valérie. Elle avait trente-cinq ans et avait pris une longue pause dans sa vie professionnelle pour s’occuper de ses enfants. Et puis son mari était parti et elle avait dû se relancer dans la vie active et s’était retrouvée ici. Elle était joviale, une belle blonde rondelette qui riait fort et que tout le monde appréciait.

Elle et moi on s’entendait bien, elle me voyait un peu comme son enfant, je crois, même si elle n’avait pas l’âge d’être ma mère ! Et moi j’aurais aimé être plus que son ami, mais je n’ai jamais su comment le lui faire comprendre.


Ce n’est pas le cas de Thierry Legrand, notre ancien directeur, qui a su la séduire et la mettre à sa botte. Pas mal de ragots ont été colportés pendant des mois où elle passait plus de temps en déplacements professionnels qu’au bureau à manipuler des chiffres. On dit d’ailleurs qu’un jour elle fut la protagoniste d’une partie fine avec une dizaine de cadres lors d’un séminaire parisien et que depuis elle est dans les petits papiers de tous les dirigeants au siège national.


Qui a manipulé qui, je me le suis toujours demandé, puisqu’aujourd’hui elle a grimpé dans la hiérarchie et se trouve à une belle place dans l’organigramme de la société. Elle a sans doute cherché tout ça, et la vérité on ne la connaît pas, tout n’est que potin et ragot.


Toujours est-il qu’avec les années, son corps s’est affiné, son look s’est sophistiqué, et sa belle paire de seins remplit de la plus belle des manières les tailleurs qu’elle porte au quotidien.

J’aurais tant aimé lui demander si tout ce qu’on a dit sur elle était vrai, mais je n’ai jamais osé. Pourtant, je reste certain que j’aurais pu avoir ma chance avec elle, à un moment ou à un autre. Souvent nous nous sommes retrouvés à boire un verre, les soirs où ses enfants étaient chez leur père. Souvent elle a terminé suffisamment éméchée pour que je puisse en profiter. Mais je n’ai jamais osé franchir le pas avec cette femme que je respecte tant.


Pourtant, Dieu seul sait à quel point Valérie m’excite. Je mourrais mille fois pour une seule branlette entre ses gros seins. Je mourrais mille fois pour glisser ma main dans sa culotte et sentir sa chatte mouillée au contact de mes doigts. Je mourrais mille fois pour l’entendre me demander de la traiter comme une salope. Oui, je mourrais mille fois pour avoir fait partie de ces salauds qui l’ont baisée ce soir de séminaire, la faisant jouir par tous ses orifices, l’arrosant un à un de leur semence chaude et visqueuse, lui offrant la meilleure partie de baise qu’elle ait jamais connue.


J’ai peut-être eu ma chance, aujourd’hui c’est fini. Plus belle que jamais, elle s’est remariée avec un homme de mon âge, un beau sportif qui vient parfois la récupérer dans son cabriolet rouge.

Ça tient à peu de choses je me dis, ça pourrait être moi à sa place. Et du haut de ses quarante-sept ans, elle me fait sacrément bander !




IV – Mina


Ma voisine Mina est une salope.

Je dois être jaloux ou aigri pour dire ça. Ce qui est sûr, c’est qu’un paquet de mecs passent par chez elle. Elle est étudiante en psycho, je crois, et vit juste au-dessus de chez moi.


Nous nous croisons souvent dans les escaliers de l’immeuble, elle n’est pas toujours très bien coiffée ou habillée, mais très souriante, elle est vraiment charmante. Nos relations se limitent à de simples « bonjour-bonsoir » qui me laissent sur ma faim. Car quand vient la nuit, et pas que la nuit d’ailleurs, je l’entends hurler de plaisir dans son petit deux-pièces. Mais combien sont-ils là-dedans pour la combler ainsi ? Pas plus d’un à ce que je sache, je me plais à observer par la fenêtre les allées et venues de ses amants.


Mais pourtant, cette jolie jeune femme d’à peine vingt ans aux cheveux longs et aux formes plantureuses malgré ses habits qui ne la mettent pas en valeur se transforme en diablesse dès lors qu’un homme la possède, ou qu’elle possède un homme que sais-je ? J’aime à penser que derrière son air sage se cache une dominatrice sexuelle aimant à fouetter ses amants, à les amener au bord de l’orgasme pour ensuite les frustrer, une déesse ne baisant que pour son propre plaisir, bruyant et sans limites, giclant violemment ses orgasmes dans la bouche de ses nombreux partenaires.


La soumission n’a jamais été particulièrement ma tasse de thé, mais pour elle je suis son esclave, son papier hygiénique. Dans mes pensées lorsque je l’entends jouir je ne me lasse de la dévorer des heures durant, multipliant ses orgasmes, ma langue fatiguée de trop lécher. Je ne suis que sa chose, un objet conçu pour son désir, ma jouissance est secondaire, inutile, je vis pour la faire crier, je vis pour qu’elle m’aime et dans l’espoir qu’elle daigne enfin me récompenser. Parfois j’ai envie de lui laisser une note dans sa boîte aux lettres, dans laquelle je lui confesserais vouloir être sa chose. Je n’en ai pas le courage. Peur d’être ridicule, incompris.


Et ce soir encore, elle jouit, plusieurs fois, pendant plus d’une heure. Je l’imagine chevaucher son amant, un sexe énorme coulissant en elle, dégoulinant de plaisir. Ses hanches qui tanguent comme un bateau sur une mer déchaînée, les contractions de sa chatte sur la bite de son partenaire du moment, des flots de sperme et de mouille qui se mêlent dans un océan de luxure. Et ces cris, ah ces cris. Je jouis alors que je me rêve en elle et je m’endors seul.




V – Et les autres


Je marche derrière cette mère de famille et son gamin depuis près de cinq minutes. Ses belles fesses bien rondes se balancent, généreuses, dans ce jean pas très bien taillé. Je l’ai entendu lui dire qu’il passerait un très bon week-end chez son père.


Elle passera sans doute cette fin de semaine seule chez elle, ou bien profitera-t-elle de cette brève liberté pour retrouver son amant, régulier ou pas. Je me rêve à l’aborder et à l’inviter boire un verre, invitation que nous prolongerions chez elle ou chez moi. Elle jouira sans retenue quand je la prendrai sur le plan de travail de sa cuisine. Elle me suppliera de ne pas arrêter quand je glisserai mes doigts au fond de son vagin, en ondulant le bassin pour que je la pénètre toujours plus loin.


La petite caissière de la supérette dans laquelle j’achète les pâtes que je mangerai ce soir est délicieuse. Elle est toute jeune, si fraîche, ne doit pas peser plus de 45 kg. En faisant la queue à sa caisse je me vois la soulever, relever sa jupette découvrant qu’elle ne porte pas de culotte. Sa chatte est lisse et mouillée et j’y pénètre sans douceur. Elle acquiesce et me demande de la prendre fort, sans retenue. Elle aime les hommes comme moi. Ses petits seins se balancent alors que je la prends maintenant en levrette. Son petit trou me fait de l’œil et j’y glisse le majeur pendant que je la besogne de plus en plus fort.


Ma vie est faite de ça. Des fantasmes au quotidien, jamais assouvis.


Et ce jeune couple qui promène, se caressant mutuellement les fesses. Moi aussi je veux les palper, ces fesses.

Et cette pervenche à l’air strict dans sa tenue bleue, qui rentrera bientôt chez elle retrouver son mari. Je veux la baiser tout de suite contre le capot d’une voiture et me vider en elle pour toutes les contraventions que j’ai reçues dans ma vie.


Et cette belle femme bon chic bon genre, qui sort de cette boutique les bras remplis de nouveaux habits, je veux la prendre et lui faire oublier ses bonnes manières, l’insulter pendant que je la sodomise et jouir avec elle en écoutant ses couinements.


Ma vie est vide et j’ai les couilles pleines. Je suis fatigué, je ne trouve plus de sens à tout ça. Il est où le bonheur auquel j’ai droit ?


Lundi, 8 h 20. Je dépose cinq euros sous la tasse de café que j’ai terminée depuis plus de vingt minutes. Comme d’habitude, je suis resté à observer de loin Élodie, la serveuse qui me fait rêver, et comme d’habitude, nous n’avons échangé ni mots ni regards.


Je passe rapidement par les w.c. avant de me rendre à mon travail. Je suis en train d’uriner quand j’entends une voix féminine derrière moi :



Je ne trouve pas mes mots, je ne peux pas me retourner alors que la pisse gicle encore de ma bite. Une main chaude se pose sur mon épaule.



Effectivement, malgré la panique qui m’avait attrapée une seconde avant, je me sens soudainement calme, en pleine confiance et en pleine possession de mes moyens. Sa bouche se pose sur mon cou et je sens sa langue doucement se glisser jusqu’à mon oreille.



Je me retourne et l’attrape par la nuque. Nos bouches se mêlent, nos langues se lient dans un sensuel ballet érotique. Les yeux fermés, je sens une main glisser délicatement le long de mon sexe maintenant d’acier. Si quelqu’un entrait et nous surprenait ? Peu m’importe à ce moment-là, j’ouvre les yeux, cette femme est sublime. Grande, le teint mat, une peau lisse tellement parfaite ; toute vêtue de noir, elle est élégante et si sexy. Et ses yeux, ses yeux noirs qui me regardent alors qu’elle branle lentement la queue entre ses longs doigts. Ses yeux m’hypnotisent, ce sont les plus beaux, les plus profonds que j’ai jamais vu et que je ne verrai jamais.



Maintenant accroupie devant moi, j’observe cette créature glisser sa langue sur mon gland. Ses yeux n’ont de cesse de me fixer. Un instant, elle semble chienne, l’instant suivant elle semble chatte. Ses lèvres emprisonnent mon sexe dans sa bouche et entament de lents et profonds va-et-vient le long de ma tige. Les bruits de succion s’intensifient, elle gémit doucement quand ma queue vibre sur sa langue, elle semble prendre un réel plaisir à me sucer ainsi, et ce plaisir est bien sûr mille fois partagé. Solidement fiché au fond de sa gorge, je sens alors une langue agile titiller de sa pointe mes testicules. Bordel, mais quelle déesse !


Les mouvements s’accélèrent, ma bite est dans une machine à laver mode essorage, ça va, ça vient, ça tourne, ça centrifuge, et cette salope qui ne me quitte pas du regard. Ses yeux semblent m’implorer d’exploser dans sa bouche, là, tout de suite. Ses désirs sont des ordres, je perds pied et dans un soubresaut, je me répands en de longues et puissantes giclées au fond de sa gorge.

Elle reste là un moment, ma queue toujours en place, jouant de sa langue tendrement. Je l’observe, un peu perdu. Qui est-elle ? Qu’est-ce qui m’arrive ?



L’instant suivant je suis seul dans ces toilettes, le sexe pendant. Un vieux entre et me surprend comme ça, la bite à l’air.



Si, tout va bien, je me sens étrangement bien. Mais je ne comprends pas ce qu’il s’est passé. Les questions fusent dans mon esprit. Je me reboutonne et file à mon travail, un grand sourire aux lèvres. Je me sens si léger.




VI – Un triste retour à la normale


L’euphorie fut malheureusement vite passée, et les remontrances de mon supérieur quant à une bête erreur de calcul sur les comptes du mois précédent me ramenèrent à la réalité.

Seul chez moi, je revivais dans ma tête cet incroyable moment. La chaleur de sa bouche… L’avais-je rêvé ? la sensualité dans sa voix… Qui était-elle ? La douceur de sa peau… Pourquoi moi ? Ses gémissements… Ai-je perdu la tête ? Sa promesse… De quoi parlait-elle ? Des sacrifices pour une vie rêvée… Ne serai-je pas prêt à tout pour revivre ne serait-ce qu’une seule fois ce plaisir indéfinissable ? Et cette confiance retrouvée pendant quelques instants… Me suis-je déjà senti un jour tellement homme ?


Toutes ces interrogations tournoyaient sans cesse dans ma tête, et les jours suivants je peinais à me concentrer et à trouver le sommeil. Nous nous reverrons bientôt… Mais quand ? Je n’en peux plus d’attendre. Je perds la raison.


Quand enfin je parviens à m’endormir, mes songes me transportent systématiquement dans un univers érotique si réel. Toutes les femmes que je désire sont miennes, je les aime et dispose d’elles à ma guise, je les embroche les unes après les autres, elles me dégustent en jouissant, elles m’offrent tout ce qu’elles ont de meilleur, je pénètre l’élasticité de leurs chairs, l’étroitesse de leur anus, je gicle en elles sans relâche lorsqu’elles ne me demandent pas de leur arroser le visage, elles m’aiment, m’appellent maître et se soumettent à mes ordres et désirs…


Mais les jours qui suivaient ces courtes nuits d’extase se suivaient et se ressemblaient tous. Manque de confiance, peur d’être rejeté, crainte d’aimer tout simplement. Au café, au travail, dans la rue, tous les schémas habituels se répétaient. Ces femmes désirées qui semblent inaccessibles pour un gars comme moi.


Le temps qui inlassablement passe me laisse à penser que je suis fou, que j’ai rêvé, que ce bonheur fugace ne m’était pas destiné. Je suis résigné et, d’une certaine manière, peut-être soulagé. Aurais-je pu assumer une vie différente ? Serais-je capable de combler une telle femelle ? Probablement pas.


Assis sur un banc dans un jardin public, perdu dans mes pensées, je termine le sandwich qui me fait office de déjeuner ce jour-là. En cherchant un mouchoir dans ma poche, j’y découvre un bout de papier soigneusement plié :


« Nous nous verrons ce soir. Si tu le désires, je serai tienne, et tu seras mien… « 


Depuis quand ce papier traîne-t-il au fond de ma poche ? Qui l’a déposé ici ? Au fond de moi, bien sûr je connais la réponse, mais je n’ose y croire. Et où nous verrons-nous ? À quelle heure ? Ai-je déjà raté le rendez-vous ? Probablement… Je suis à nouveau en proie au doute, tout me semble perdu… Les bras m’en tombent, j’ai envie de pleurer, j’ai envie de couler, de m’effondrer.


J’appelle le bureau et prétexte une terrible migraine pour prendre mon après-midi. Je rentre chez moi non sans être passé au supermarché acheter deux bouteilles de whisky. Aujourd’hui j’oublierai tout. Je suis triste, perdu, seul et je veux tout oublier. Je veux laisser tout ça derrière moi et ces bouteilles vont m’y aider.


Vers 22 h, ivre et déprimé, assis sur une chaise de cuisine, je suis à moitié endormi lorsque retentit la sonnette. D’un pas lourd, je me dirige vers la porte. Personne ne me dérange à cette heure-là habituellement. Rares sont les personnes à sonner chez moi de toute façon…


Un coup d’œil dans le judas, c’est elle… Ces yeux noirs. Ce sont ses yeux noirs, impossible de se tromper, impossible de les oublier. Mais pourtant ce n’est pas la même femme, je ne comprends plus… Mais ses yeux… Dans un élan de lucidité, j’attrape la poignée et me décide à ouvrir.