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Temps de lecture estimé : 34 mn
12/08/20
Résumé:  Une noble jeune fille échappe aux affres d'un mariage arrangé pour trouver un bonheur dans des îles lointaines.
Critères:  fh fhh hplusag extracon campagne voyage amour fmast pénétratio double fsodo historique -historiqu -initiatiq
Auteur : Roy Suffer  (Vieil épicurien)            Envoi mini-message
La Vicomtesse




La famille Du Fermoir de Montsac, vieille noblesse périgourdine, ne menait plus grand train depuis de nombreuses années. Oublié ou presque le château de province, proie des infiltrations et des lézardes, il coûtait beaucoup trop cher à entretenir. Les fermages alentour continuaient de rapporter quelque argent, mais l’éloignement des maîtres favorisait les filouteries sur lesquelles le régisseur, principal bénéficiaire, fermait coupablement les yeux. La petite famille n’habitait désormais qu’un petit hôtel particulier parisien proche du bois que l’aïeul avait acheté du temps de sa gloire à la cour, avant de l’abandonner dans sa fuite aux Amériques après sa disgrâce. La situation n’était pas la meilleure pour les Du Fermoir, car la Cour a bonne mémoire et le Comte avait toutes les peines du monde à récupérer la charge de son aïeul, dont il aurait dû hériter puisqu’il avait habilement quitté le royaume avant qu’une forfaiture ne soit prononcée à son encontre.


Cependant, en fuyant ainsi, Godefroy Du Fermoir avait cessé de payer la « paulette », cette taxe annuelle qui permettait la transmission de la charge à sa descendance. Son fils Ferdinand aurait dû lui succéder dès son départ, sauf que personne à la Cour ne voulait plus voir de Du Fermoir à la charge des drapiers de Paris, sauf peut-être s’il s’acquittait de l’entièreté de la succession, car il faut avoir quelque mansuétude lorsque les caisses de l’État sont vides. Bien évidemment, Ferdinand était incapable de poser une telle somme sur la table des négociations, des milliers de francs-or représentant le tiers de la charge, et souhaitait simplement faire reconnaître ce qu’il considérait comme son bon droit et qui était pour lui et sa famille indispensable à leur survie.


Du coup, on ne recevait guère chez les Du Fermoir, et les créanciers étaient plus nombreux à frapper à l’huis que les amis. Une soupe de pain et de quelques légumes, un bol de lait le matin constituaient l’essentiel de leur régime. Bien sûr, l’été on faisait venir quelques volailles du Périgord, mais les fermiers s’arrangeaient pour n’envoyer que les moins belles, souvent de vieilles poules pondeuses épuisées par des années de service et plutôt coriaces. Malgré tout, on essayait alors de donner le change en invitant quelques personnages de second rang, notamment le notaire de la maison auquel on empruntait régulièrement pour joindre les deux bouts.


Les Du Fermoir avaient eu trois enfants. L’aîné, Guillaume, avait trouvé sa voie dans les ordres et était abbé. Le second, Norbert, était entré au service du roi et était maintenant lieutenant dans une garnison de l’est. Restait la cadette, Gwendoline, qui était fort jolie et fort bien tournée pour ses dix-huit ans, et qu’il aurait fallu marier. Mais comment faire sans le sou et donc la moindre dot ? C’est au cours de l’un de ces dîners, qu’il n’aurait manqué à aucun prix, afin de surveiller le train de vie de ses créanciers, que le vieux notaire, en fait guère plus vieux que Monsieur Du Fermoir qui portait bien sa proche cinquantaine, avoua qu’il devrait songer à sa succession et prendre épouse afin d’assurer sa descendance. Chacun piqua du nez dans son assiette de soupe à la citrouille pour éviter de s’esclaffer et ainsi d’offenser le notaire. Car, en effet, s’il paraissait si prématurément usé et rabougri, ce n’était pas seulement pour son avarice notoire, mais surtout pour son penchant effréné pour les jeunes clercs dont il faisait, paraissait-il, une consommation anormalement élevée.


Le notaire avait ses clercs comme le bon roi Henri avait ses mignons et, disait-on dans les salons, « il n’accordait ses largesses qu’en proportion de l’étroitesse que ces jeunes gens lui concédaient ». Aussi, l’entendre parler de mariage et de descendance avait tout pour faire pouffer. Pour Du Fermoir en revanche, c’était peut-être une façon de faire d’une pierre deux coups : perdre une bouche à nourrir et effacer une longue ardoise de dettes, si toutefois sa fille Gwendoline avait l’heur de plaire à son prêteur. Il multiplia donc les égards auprès du notaire, qui semblait aussi sensible aux charmes de la jeune fille qu’un caniche au dessin d’un os à moelle. Mais le vieux filou, loin d’être sot, savait qu’il tenait déjà les Du Fermoir à la gorge et avait envisagé toutes les hypothèses : Ferdinand avait bien peu de chance à son avis de récupérer sa charge et de rembourser ses dettes, alors il mettrait la main sur les terres de Montsac qui lui paraissaient bien plus prometteuses, bien gérées, que ce qu’elles ne rapportaient actuellement. En épousant la fille, c’était assurer ou presque sa descendance de posséder un jour ces biens, car seul le second fils, le militaire, pourrait y prétendre avant sa sœur, mais en ces temps troublés il ne donnait pas cher de la peau d’un soldat sans envergure.


Et ce vieux rapace, riche à millions, mais d’origine roturière, n’avait pu s’offrir qu’un titre de chevalerie d’une noblesse dite « de robe ». Il haïssait ces bons à rien dégénérés seulement capables de dilapider le patrimoine familial, et en même temps il jalousait à l’envi l’appartenance à cette caste qui ne lui manifestait que mépris, ostentatoire ou non. Une alliance avec une jeune femme de la « vraie » noblesse, avec terres et château même en ruines, était pour lui et sa descendance la porte ouverte vers une reconnaissance définitive. Et si toutefois Du Fermoir récupérait sa charge par miracle ou appui inespéré, il n’était pas près d’être en mesure de rembourser ses dettes. Le notaire ne lui laisserait pas le choix : la paille et le déshonneur ou la donation des terres à sa fille, donc à lui.


Pour l’heure, le notaire se laissait courtiser sans précipitation, se demandant jusqu’où irait l’empressement de son créancier dont les flatteries semblaient sans limites. En revanche, Madame Du Fermoir voyait d’un très mauvais œil le projet de son époux, peinant à imaginer sa jeune et jolie fille dans les bras et dans le lit de ce vieil homme aussi voleur que malsain. Elle avait également entendu parler des pratiques contre nature du notaire avec ses clercs, et redoutait avec effroi ce qui risquait d’arriver à sa chère enfant. La pauvrette était ballottée entre la volonté de son père, qui lui intimait l’ordre de sauver la famille par cette union, et les craintes de sa mère qui se lamentait déjà sur l’effroyable avenir de sa fille.


Cette oie blanche, élevée dans la plus pure tradition du couvent, n’avait aucune idée sur la sexualité qu’on lui avait jusqu’alors totalement cachée, au point qu’elle croyait encore qu’un simple baiser suffisait à faire des enfants. Mais lasse des brouets de légumes et des bols de lait dans lesquels on trempait du pain rassis, elle était prête au sacrifice. Le notaire ne lui inspirait rien en fait, ni attirance ni répulsion et, sortant peu et toujours en famille, elle n’avait aucune conscience de sa beauté ni de son influence sur la gent masculine. Elle se sentait ordinaire, « normale », se savait pauvre et était prête au sacrifice que son père lui demandait, d’autant qu’au fil des jours les choses se précisaient. Elle ne connaissait du mariage que l’exemple de ses parents, qui dormaient chacun dans leur chambre et s’appelaient « Madame » et « Monsieur », tout comme le notaire l’appelait « Mademoiselle » et semblait ne lui manifester rien de plus que de l’indifférence. Elle ne voyait pas où se situait le problème, ni les craintes de sa mère.


Le notaire souhaita que les noces se déroulassent sur les terres de Montsac, manière pour lui d’évaluer de visu le potentiel de ce qui garantissait ses prêts ainsi qu’un probable futur héritage, façon aussi de donner une allure de vraie noblesse à cette union ; Du Fermoir en était ravi, car l’éloignement de Paris donnerait toute intimité à la cérémonie et en limiterait le coût. Fallait-il encore que le château et sa chapelle soient suffisamment en état d’accueillir ces agapes. De nombreux courriers avaient été adressés au régisseur et aux fermiers pour que tout soit fait en préparation des noces. C’est le fils aîné, l’abbé, qui officierait dans la chapelle du château, malheureusement son frère, le lieutenant, ne pourrait être de la fête, retenu en garnison par le devoir militaire. Du Fermoir et son futur gendre firent route ensemble, alors que son épouse et sa fille suivaient dans un second attelage. La mère en profita pour informer sa fille, autant que la décence le lui permettait :



La pauvre Gwendoline n’avait absolument rien compris, ne sachant pas à quoi sa mère faisait allusion. Elle se contenta d’apprendre mot pour mot ce que sa mère avait dit, et jura de lui obéir aveuglément. Madame Du Fermoir s’en trouva un peu rassurée, et monta une garde farouche auprès de sa fille tout au long des six jours et des cinq nuits en relais de poste que dura ce voyage épuisant. Enfin apparurent les contrées boisées du Périgord noir et l’on put découvrir Montsac et son château. En fait de château, il s’agissait plutôt d’une demeure seigneuriale austère, formant avec ses dépendances une vaste cour rectangulaire. Fermiers et artisans, ainsi que leurs femmes, s’étaient démenés depuis plus d’un mois pour rendre à nouveau la demeure habitable. On avait colmaté les trous de la toiture, changé quelques vitres brisées, scellé quelques pierres à la chaux, blanchi quelques murs, fauché et épandu quelques tombereaux de gravier de rivière dans la cour, frotté, briqué, lavé, battu tapis et tentures, allumé des feux d’enfer dans toutes les cheminées afin de chasser cette entêtante odeur de moisi et de renfermé. Bref, le château était acceptable et pouvait paraître entretenu à un œil peu exercé. Les bougres n’avaient en fait réalisé en un mois que ce qu’ils auraient dû faire régulièrement tout au long de ces années sans maître, mais la nature humaine est ainsi faite que la négligence prévaut toujours en l’absence d’autorité. Les Parisiens s’installèrent, le village tout entier se réjouissait de cette fête des noces qui allait précéder celles des moissons puis des vendanges.


Le frère abbé arriva enfin, trois jours seulement avant la célébration, plutôt maussade d’avoir fait ce voyage épuisant pour marier sa petite sœur dans cette campagne perdue où il était cependant né. Mais il se dérida bien vite en retrouvant parmi les servantes la belle Madeleine, de trois ans sa cadette, avec laquelle il avait autrefois perdu son pucelage. La Madeleine était maintenant une femme épanouie, toute en rondeurs appétissantes, veuve de son maréchal-ferrant de mari qui était mort du tétanos dans d’atroces souffrances. Madeleine n’avait pas eu d’enfant de cette union parce que, semblait-il, elle ne pouvait pas en avoir. Dès le second jour, Guillaume avait profité de ce que Madeleine, en toute absence d’innocence, faisait son lit pour ranimer une flamme ancienne. Il se régala de retrouver ce corps à la fois connu et si nouveau dans ses formes acquises, la belle veuve se laissa faire non sans protester quelque peu en poussant des :



Il la prit par tous les orifices, trouva une jouissance toute particulière à astiquer son vit entre les mamelles devenues grosses et chaque soir, dès la maison devenue silencieuse, Madeleine allait se glisser dans le lit du prêtre, lui vidant les bourses à multiples reprises lors d’interminables bacchanales. L’abbé décida de ramener Madeleine avec lui et de la garder à son service exclusif, trop belle occasion pour la Périgourdine de voir un autre monde que son village natal.


Les noces se déroulèrent dans la plus pure tradition locale. On avait abattu volailles, oies grasses, porcelets, agneaux, cuits en ragoûts et broches, pêché des poissons de rivière, et surtout, grande découverte pour le notaire, agrémenté ces mets de champignons divers au goût et à la texture exquis, notamment cette boule noire que l’on appelle « la truffe », et dont des lamelles agrémentaient la plupart des viandes. Cette chose aurait à coup sûr fait un malheur, tant à la Cour que dans les milieux nobles et bourgeois parisiens, pour peu que quelqu’un d’astucieux en établisse le commerce. Décidément, cette région lui donnait plein d’idées. Il avait fait avec Du Fermoir le tour des fermages et avait décidé de rester quelques jours de plus afin d’éplucher en détail les livres de comptes, persuadé que le Comte se faisait escroquer de plusieurs dizaines, voire centaines de francs-or, chaque année.


Au lendemain de la cérémonie, Madame Du Fermoir questionna sa fille qui n’avait rien à lui dire. Son époux n’avait pas daigné la visiter. Et ce fut ainsi durant quelques jours. La Comtesse était inquiète, la jeune femme pas du tout, pensant toujours qu’un seul baiser suffirait à l’engrosser. Mais un soir cependant, alors qu’elle était en vêtements de nuit, la jeune mariée eut la surprise de voir entrer dans sa chambre une sorte de gnome en chemise longue, tenant un bougeoir à la main. Il fallut qu’elle entende sa voix pour reconnaître son mari qui, sans perruque ni habit, ne ressemblait plus à grand-chose. L’homme chétif, de trente ans son aîné, palabra de longues minutes afin de convaincre son épouse de lui apparaître dans le plus simple appareil. Ce qu’il voulait découvrir avant tout, c’était le cul de la belle Vicomtesse, car, privé de ses clercs depuis longtemps dans cette campagne reculée, sa vieille virilité commençait à exprimer des besoins impératifs. Elle bondit d’ailleurs sous la chemise quand la lueur de la bougie dévoila une rotondité parfaite, tendre, blanche et charnue à souhait, et surtout qu’il savait vierge de toute intrusion, donc forcément très étroite et serrée et apte à donner des heures de délices.


Mais bien sûr, avant d’en arriver là, il ne fallait pas effaroucher la belle et surtout ne pas créer de scandale en terre inconnue. Il se réservait donc cette entrée pour son retour à Paris et se disait qu’après tout, une petite chatte jeune et vierge pouvait peut-être calmer le feu de son désir. De toute façon, s’il voulait descendance, il faudrait bien en passer par là. Il fit donc étendre la jeune vierge sur sa couche, nue, les lueurs des bougies révélant un corps magnifique et resplendissant d’une jeunesse innocente. La belle était mal à l’aise et se demandait bien ce qui allait lui arriver, d’autant que son mari s’étendit près d’elle sans quitter sa chemise, dissimulant ainsi son corps disgracieux et maigre, et surtout le gros pieu qui palpitait sur son bas-ventre, large, noueux, strié de grosses veines, au gland large et plat comme les champignons qu’ils avaient dégustés. Il ne voulait pas inquiéter cette enfant par avance. Il lui parlait doucement, un peu comme il le faisait aux clercs qu’il voulait séduire, se voulant à la fois paternel et rassurant.


Gwendoline se laissa bercer par cette voix, jusqu’à ce qu’une vieille main, déjà un peu déformée par quelques rhumatismes, vint se poser sur elle. Elle tressaillit, il la rassura. Mais la main parcourut habilement sa magnifique poitrine provoquant, outre une chair de poule généralisée, l’érection de ses extrémités accompagnée de curieuses sensations jusqu’alors inconnues. Le cœur de la jeune fille battait à tout rompre et elle crut qu’il s’arrêtait soudain lorsque la main plongea dans sa toison basse, là, juste entre la naissance de ses jambes, à cet endroit même qu’on lui avait toujours imposé d’ignorer. Une étrange chaleur se développa dans son ventre et elle perçut une humidité identique à celle qu’elle avait après avoir uriné. Elle ne comprenait plus rien, haletait, ne reconnaissait plus son corps que le vieil homme semblait ensorceler par ses attouchements. C’est alors que, dans un ultime effort de conscience proche de l’instinct de survie, elle se souvint de la leçon de sa mère et répéta mot pour mot ce qu’elle lui avait appris :



Le notaire n’en crut pas ses oreilles. Ah ! Les Du Fermoir avaient bien fait les choses. Ils remontaient dans son estime. Ainsi ils avaient appris à leur fille à respecter ses penchants naturels. Il fit donc mettre sa jeune épouse à quatre pattes et approchant une bougie, découvrit avec ravissement une petite rosette si serrée qu’une aiguille ne serait pas passée sans forcer par ce trou-là. Il palpa longuement les globes fessiers épatés par la position et approcha sa bouche fétide se l’œillet tant convoité.


La belle cette fois ne pouvait plus que se laisser faire et respecter son engagement, fait à son abbé de frère, d’obéir en tous points aux volontés de son époux. Elle hoqueta cependant quand elle sentit la langue de ce dernier pénétrer l’endroit d’où sortaient ses excréments, hoqueta quand un doigt s’y enfonça, puis un second. L’endroit la brûlait, lui faisait un peu mal, en même temps que d’étranges sensations se propageaient dans son corps, surtout lorsque le menton ou la chemise de son époux frottaient juste en dessous de son orifice intestinal. Le notaire jubilait, bavait au propre comme au figuré d’accéder si précocement à son but, et il mettait toute sa douceur et sa longue expérience au service de la défloration du cul de son épouse, espérant bien en profiter à de multiples reprises dans le futur.


Il l’abandonna un instant et courut chercher dans ses bagages, il faut toujours être prévoyant, un pot d’onguent qu’un de ses amis apothicaire lui préparait, produit qui lubrifiait, assouplissait et anesthésiait un peu les chairs à cet endroit ; extraits de nombreuses plantes ajoutés à de la crème de lait d’ânesse, l’onguent puait effroyablement, mais on n’était pas à cela près, car il faisait merveille sur l’anus des jeunes clercs. Le vieux vicieux reprit son travail sur l’orifice déjà presque refermé, et le dilata patiemment jusqu’à la dimension qui lui parut convenable. Gwendoline commençait à s’ankyloser et à se lasser de cette position. Cependant, les sensations qu’elle ressentait n’étaient pas toutes désagréables, loin de là, et la curiosité sur ces pratiques du mariage la poussait à patienter.


Elle laissa cependant échapper un cri lorsqu’elle sentit soudain un corps étrange et chaud, plus gros et plus long que trois doigts réunis, effectuer une intrusion dans son orifice intestinal. Elle râla lorsque la chose, qui lui parut fort longue, continua d’avancer en elle, lui donnant la sensation qu’elle allait se fendre en deux, fulgurance de douleur et d’agrément. Mais qu’était-ce donc qui s’enfonçait inexorablement en elle, elle qui ignorait tout du sexe masculin ? Ce n’était pas un poing, elle sentait bien les deux mains agrippées à ses hanches, ce n’était pas son nez, elle aurait perçu son souffle… Enfin la chose arrêta sa progression quand le ventre de son époux vint s’écraser contre ses fesses, et que d’autres choses molles s’écrasèrent en même temps contre sa vulve humide. Effrayée et bouleversée par cette douleur sournoise ajoutée à une terrible envie d’aller à la chaise percée, elle se sentait défaillir. Dans un brouillard lointain, elle entendait la voix de son époux qui avec force râles et soupirs satisfaits, répétait sans cesse :



Au moins l’un des deux était-il satisfait. L’époux ne bougea plus, attendant que la jeune femme reprenne ses esprits et s’habitue à cette intrusion. Il sentait le boyau palpiter et se contracter par saccades autour de son vit. Il vivait des moments de délices insoutenables, bien autant que planté dans l’un de ses clercs, et regretta de ne pas s’être adonné plus tôt à son plaisir favori avec quelques jouvencelles. La jeune femme reprit visiblement conscience puisqu’elle questionna :



Et le vieux sodomite commença à s’agiter dans l’intestin de sa jeune épouse. Mais il n’imaginait pas la suite, n’ayant jusque-là pourfendu que de jeunes hommes de son pénis vorace. Certes, il savait que ses clercs ainsi embrochés ne tardaient pas à lâcher leur semence, parfois à plusieurs reprises lorsqu’il prenait en même temps que ses ruées anales leurs dards dans sa main. Il alla donc caresser l’entrecuisse de son épouse, plié sur son dos, pendant qu’il commençait de doux va-et-vient dans sa cavité anale. L’effet fut assez surprenant. Elle commença par des « Oh » et des « Ah », elle-même étonnée du bien-être que cette chose lui procurait. Puis des chaleurs successives montèrent de son ventre, l’entraînant dans un état inconnu. Elle était consciente sans l’être, avait un peu mal, mais ne voulait pas que cela cesse, une légère sueur recouvrait sa peau, tandis qu’un liquide s’écoulait lentement sur ses cuisses, sourdant miraculeusement de dessous sa toison pubienne. Elle découvrait un univers où son corps ne l’avait jamais emmené.


Les petites paysannes de la région savent tout de la sexualité en regardant simplement les animaux autour d’elles. Mais Gwendoline, partie d’ici encore bébé, n’avait connu qu’un sinistre couvent parisien et des coups de baguette lorsque ses mains n’étaient pas, le soir, posées sagement sur les draps, quand bien même un froid glacial envahissait le dortoir en hiver. Elle ignorait absolument tout du sexe, n’avait même jamais osé le moindre attouchement personnel, craignant la colère de Dieu et celle, plus immédiate et présente, de son confesseur. Quelle folie s’emparait donc de son corps ? Était-ce là le mystère du mariage ? Les choses que sa mère avait eu tant de mal à lui expliquer clairement ? Tout ceci était-il permis, autorisé par Dieu et par le saint sacrement du mariage ?


Peu importait finalement, et les vagues déferlant de son ventre emportaient tout sur leur passage, craintes et questionnement, quand soudain l’une d’elles, plus forte que les autres, lui firent exploser la cervelle en une myriade d’étoiles étincelantes, tandis que son corps tout entier se crispait en soubresauts incontrôlables. Elle reprenait à peine conscience quand elle sentit son époux se crisper et rugir, tandis que des flots de liquide bouillant se déversaient dans ses boyaux, en fouettant les parois, la submergeant dans une autre vague plus puissante encore que la précédente. Son époux, comme foudroyé, s’écroula sur son dos l’entraînant dans sa chute, le nez dans les oreillers de plumes. Ils restèrent ainsi un long moment, hébétés et silencieux, attendant que la vie revienne à eux.



Le notaire était aux anges, d’abord que son épouse le traite avec tant de gratitude, ensuite qu’il ait lui-même éprouvé tant de plaisir à prendre sa virginité, du moins anale, ce qui était a priori inespéré. Il s’éclipsa dans sa chambre en laissant à sa jeune épouse le pot d’onguent, lui conseillant de l’utiliser à volonté si elle ressentait quelques douleurs.


Le lendemain, Madame Du Fermoir trouva sa fille transfigurée, rayonnante, la joue empourprée et l’œil cerné. Elle lui en fit discrètement part et sa fille l’entraîna à l’écart :



Le quiproquo s’alimenta ainsi des mots couverts, qui n’osaient nommer un chat un chat. Mais quelle importance puisque tout le monde était content. Le notaire tint à réunir régisseur et fermiers à l’issue de ses investigations, et eut des mots très durs, chargés de menaces, sur les pratiques qu’il avait constatées et qui relevaient, à son avis, des travaux forcés ou des galères. Il exigea que fussent livrés à la capitale un tiers des produits des fermages sous forme de denrées de qualité, notamment ce champignon curieux que l’on nomme « truffe », qu’un autre tiers soit consacré à la restauration du château afin de le rendre habitable par des personnes de condition, ce qui n’était pas le cas présentement, et assura de sa venue annuelle pour contrôler comptes et travaux. Il parlait en tant que gestionnaire des biens de la famille Du Fermoir, Comte de Montsac, et époux de la Vicomtesse.


Le retour à Paris, les carrosses chargés de victuailles, fut long bien sûr, mais assez agréable. Monsieur Du Fermoir retrouva son épouse et profita des cahots de la route pour la besogner longuement et sans effort, ravis qu’ils étaient tous les deux par leur gendre pour des raisons bien différentes. Le gendre de son côté profita de l’isolement du véhicule pour initier son épouse, selon ses souhaits, à une connaissance plus précise de son membre viril. La jeune femme apprit ainsi à regarder, à caresser, à branler, à sucer, à faire cracher la belle liqueur nacrée et, pour pouvoir œuvrer incognito, à l’avaler sans laisser de traces. Bien sûr, elle aussi profita également des cahots du chemin pour subir de nombreux pilonnages du rectum qui la transportèrent tous aux confins de l’univers du plaisir. Vieil expert de tous les plaisirs et surtout des plus vicieux, son époux lui apprit les bonheurs de la masturbation partagée, se fourrageant minette les yeux rivés à la main noueuse branlant l’épais braquemart turgescent qui, invariablement, s’épanchait dans la bouche délicate de la Vicomtesse.


À Paris, Gwendoline occupa ses propres appartements couvrant l’étage de toute une aile de l’hôtel particulier du notaire, lui-même habitant l’autre aile. La demeure était autrement plus imposante que celle de ses parents, donnant directement sur la rue avec un porche permettant le passage de carrosse et équipage. Tout le rez-de-chaussée était occupé par les bureaux de l’étude où travaillait un essaim d’employés. La fortune de La Bretesche semblait colossale à sa jeune femme qui avait toute latitude pour effectuer des dépenses vestimentaires. Plus elle était ostensiblement belle et plus le notaire jouissait du plaisir de sortir sa jeune femme en public et d’être ainsi observé et jalousé.


Malgré cette apparente harmonie, Gwendoline était bien obligée de reconnaître que, depuis quelques semaines, les visites de son époux se faisaient plus rares : il ne lui bourrait plus le fondement qu’une fois par semaine. La raison, qu’elle ignorait, en était fort simple : les assauts répétés du notaire avaient fini par distendre les muqueuses de sa jeune femme qui, de fait, était devenue moindre source de plaisir. Le notaire laissait les chairs tendres de son épouse se reposer et se rétracter toute une semaine avant de tenter retrouver la fulgurance qu’il avait ressentie les premières fois. Mais il avait en quelque sorte déformé son jouet, et rien n’y faisait, il n’éprouvait définitivement plus les mêmes sensations et recommençait de lorgner avec insistance sur les clercs, mais aussi dorénavant sur les toutes jeunes filles du quartier. Pendant ce temps, son épouse souffrait de quelques langueurs que l’agitation frénétique de ses mains sur sa motte ne parvenait pas à dissiper.


Un jour pourtant, alors qu’elle perdait son regard dans l’étroit horizon de la cour intérieure à une fenêtre de son appartement, elle vit entrer sous le porche un grand et beau jeune homme, bien mis de sa personne qui, sentant peser un regard sur lui, leva les yeux vers elle et lui adressa la plus belle des révérences dans un geste large de son chapeau. Elle se retira prestement de son observatoire, non sans avoir constaté que ce beau spécimen masculin ne devait sa toison à aucun perruquier et ses fines moustaches qu’aux talents de son barbier. Son visage respirait la force et la santé, et son regard noir et perçant semblait l’avoir instantanément dévêtue. Elle en fut toute retournée.


Elle passa le reste de l’après-midi à guetter la sortie de cette troublante apparition qui, avant de quitter la cour, ne manqua pas de se retourner en fixant son regard de braise vers ses fenêtres. Elle n’eut que le temps de relâcher le rideau qui la protégea de ce faisceau ardent. Elle prit goût soudain à l’observation des allées et venues dans l’hôtel, et finit par repérer que ce troublant personnage venait chaque fin de mois rendre visite à l’étude. À la fin du mois suivant, elle se débrouilla pour prétexter une sortie ce jour-là, en retardant le moment jusqu’à ce que la silhouette familière se profile à l’entrée du porche. Elle sortit en vitesse et croisa l’inconnu en pleine lumière. Il était grand, beaucoup plus que son observation élevée ne le laissait deviner, élancé et élégant. En revanche, ses atours étaient plutôt râpés et attestaient de peu de fortune. Peu importait, ses manières étaient plus que courtoises, presque empressées. Il lui fit la même jolie révérence et resta prostré devant elle, un genou en terre, quémandant sa main sur laquelle il déposa un imperceptible baiser en déclarant :



Gwendoline ne répondit rien, s’engouffra dans son carrosse et se fit conduire chez sa modiste. Cependant, ses mains tremblaient et un trouble étrange l’avait envahie, lui laissant les lèvres sèches et le cœur battant. Le soir, seule encore une fois dans son vaste lit, elle s’adonna à son passe-temps favori, doigtant ce petit bouton que son époux lui avait fait découvrir, mais en imaginant que c’étaient les longues mains fortes et fines du chevalier qui le titillaient. Elle connut un plaisir qu’elle n’avait jamais encore atteint en solitaire et s’endormit dans une couche et une chemise toutes trempées. Elle continua de guetter les allées et venues dans la cour, surtout en fin de mois, ne manquant pas de se faire saluer avec toujours la même élégance par le chevalier.


La saison s’avançant, elle fit installer des jardinières à quelques fenêtres, et s’enorgueillit d’y cultiver elle-même quelques fleurs, bon prétexte pour passer du temps aux fenêtres. Le jour espéré, elle se fit lacer par sa femme de chambre un étroit corset qui lui prenait la taille et faisait gicler haut et loin ses deux jolis seins tout blancs. Elle choisit de porter au-dessus une robe qu’elle ne mettait d’ordinaire qu’avec un sage chemisier de dentelle. Mais ce jour-là, elle oublia le chemisier, le vaste décolleté en forme de pointe d’écusson laissant place à tous les regards sur sa magnifique poitrine. Elle se posta à sa fenêtre, un petit arrosoir dans une main, un joli mouchoir brodé dans l’autre, supposé lui permettre d’essuyer rapidement toute trace que pouvaient susciter ces travaux presque champêtres.


Dès que la silhouette reconnaissable entre toutes se découpa dans le contre-jour du porche, elle plongea en avant en toute impudeur, apparemment fort absorbée par ses cultures. Le chevalier s’arrêta net, subjugué par le spectacle d’une délicieuse indécence. Il fallut bien qu’au bout d’un instant la belle redressât le buste, alors le chevalier la gratifia de son salut si élégant. Elle lui répondit d’un sourire ravageur et d’un léger sursaut sur des chevilles. Le chevalier devait bien poursuivre son chemin vers la porte de l’étude et quitter ce lien qui attachait leurs regards. Elle eut alors un léger cri et échappa comme par mégarde le joli mouchoir. Le chevalier se précipita pour le ramasser, le porta à ses narines pour le humer longuement, y déposa un baiser puis le noua avec un petit caillou à l’intérieur pour le lancer adroitement jusqu’à l’étage. Gwendoline s’en saisit, fit tomber le caillou dans ses fleurs puis fourra le précieux mouchoir entre ses seins, comme pour y porter le baiser laissé par le Chevalier. Celui-ci n’en revenait pas et joignit les mains en signe de grâce avant que Gwendoline ne disparaisse fièrement de sa fenêtre.


La jeune femme erra dans ses appartements, songeuse, caressant distraitement les meubles, ouvrant un livre et le reposant. Ce qu’elle venait de faire n’était pas digne d’une femme mariée, d’une épouse modèle, mais plutôt le fait de ces intrigantes de la Cour comme on les décrivait. Mais n’était-ce pas aussi parce qu’elle se sentait délaissée par son époux qui, de son côté, ne semblait pas se priver de butiner à droite et à gauche, clercs et gourgandines ? Non, ce qu’elle ressentait pour ce Chevalier qu’elle connaissait à peine, c’était une attirance incontrôlable qui relevait de tout autre ressort : elle ne pensait plus qu’à lui depuis des semaines, passait des heures à guetter sa venue, inventait des stratagèmes pour qu’il la remarque ; elle l’espérait, le souhaitait, aurait voulu lui appartenir corps et âme, se caressait en pensant à lui et en éprouvait le plus vif des plaisirs sans même qu’il ne l’ait touchée. De toutes ses lectures, il apparaissait clairement que ce qu’elle éprouvait, et ce pour la première fois de sa jeune existence, c’était un sentiment amoureux.


Ce n’était pas son notaire vieillissant qui, bien que l’ayant initiée aux arcanes du plaisir, pouvait déclencher un tel embrasement du cœur, même si elle lui était reconnaissante de sa condition et de trop rares instants d’extase. Elle en était là de ses réflexions quand le craquement d’une lame de parquet la fit tressaillir. La haute stature du Chevalier de Laspalès venait de s’encadrer dans la porte de ses appartements.



Puis se redressant à genoux tandis qu’elle jetait un coup d’œil par la fenêtre, il enlaça sa taille et posa sa tête contre son ventre continuant de parler. Cette voix profonde résonnait à la fois dans ses oreilles et dans ses entrailles, et Gwendoline sentit une grande humidité l’envahir.



Et elle l’entraîna… dans sa chambre à coucher. C’était une folie, elle le savait, mais son cœur et son corps n’y tenaient plus depuis que les bras du Chevalier s’étaient refermés sur elle. Elle avait tant souhaité être à lui, il souhaitait tant la posséder, qu’il n’était plus temps de reculer et de se perdre en bienséance. Elle referma soigneusement derrière eux les deux doubles portes conçues pour préserver son sommeil. À peine les portes refermées, le fougueux Chevalier saisit la Vicomtesse dans ses bras et lui octroya un long et amoureux baiser. Sa bouche était délicieuse, avec un arrière-goût de menthe poivrée, sa langue était agile et explora sa cavité buccale dans les moindres recoins, joua avec sa langue, s’enroula, l’attira, l’aspira. Elle manqua défaillir, oubliant de respirer sous cet assaut inespéré et à la fois tant espéré. Elle n’imaginait pas tout ce qui pouvait se dire sans rien dire avec simplement deux bouches qui échangent leurs caresses. Ah, il était certain que l’haleine fétide de son vieil époux n’aurait pas autorisé pareils attouchements.


Gwendoline fondait, c’était en fait son premier baiser, elle en était toute retournée de volupté et le sol se dérobait sous ses pieds. La sentant s’abandonner, le vigoureux Chevalier s’enhardit et ses mains s’égarèrent, pelotant les rotondités de la belle à volonté. Cette fois, ce fut un déluge que provoquèrent ces caresses appuyées, entre les cuisses de la jeune femme dépassée par ses sens. En moins de temps qu’il ne fallait pour le dire, elle se retrouva sans robe, en corset et culotte fendue. Tandis que le Chevalier posait ses pauvres hardes, la jeune femme s’installa sur la couche comme elle en avait l’habitude, à quatre pattes et croupe offerte. Point n’est besoin de perdre un temps infini avec les lacets du maudit corset, quand la culotte fendue laisse toute possibilité de manœuvrer à son presque amant. Lequel se précipita sur la croupe tendue dans laquelle il enfouit son visage. Il avait bien remarqué la rosette dilatée qui n’attendait qu’une visite, mais il se réservait ces délices pour plus tard. Ce ne furent pas ses mains qui s’emparèrent du petit bouton d’amour comme elle l’imaginait, mais sa bouche qui le suça, l’aspira, le pinça entre ses lèvres et le fouetta de brefs et rapides coups de langue acérés.



Une formidable (au sens ancien de cet adjectif, « qui inspire la crainte ») secousse ébranla tout le corps de la Vicomtesse qui gravit une première marche du ciel. Ce fut le moment que choisit l’homme pour devenir l’amant. Guidant son dard, beau, lisse, long, blanc et terminé par un beau gland dilaté, entre les grandes lèvres de la vulve de sa presque maîtresse, il profita de l’extase et de l’humidité pour pousser sa virilité droit dans la grotte d’amour de sa conquête, d’un puissant coup de reins. Il y eut un cri strident suivi d’un immense silence. Le Chevalier était pétrifié, interdit, tant son étonnement était incommensurable. La belle était vierge, il venait maladroitement de la dépuceler à la manière d’un soudard en terre de conquête, inondant les jeunes filles de la semence du vainqueur.



Le Chevalier, retrouvant sa superbe et porté par le délice d’évoluer en terre vierge, œuvra tant et si bien que la Vicomtesse proclama son plaisir à de nombreuses reprises. Notamment lorsque la liqueur brûlante et épaisse de son vigoureux amant inonda ses entrailles en jets longs et puissants. Gwendoline n’avait jamais connu tels délices. Sa raison l’avait abandonnée, elle était dorénavant tout entière à l’homme qui la fouaillait de si belle manière. Attirée par le cri strident de sa maîtresse, Joséphine la femme de chambre était venue s’enquérir d’un éventuel malaise. Par la porte entrebâillée, elle s’aperçut d’un coup d’œil que le fessier musclé attelé à sa patronne n’était point le vieux cul fripé du notaire. Elle se serait retirée sans bruit si cette maudite lame de parquet n’avait pas alerté le fringuant jeune homme qui l’avait aperçue. Les amants pour l’instant repus reprirent leurs tenues, non sans multiplier baisers, attouchements et promesses de se revoir promptement. Le Chevalier usa de l’écritoire pour griffonner une adresse, puis sortit de la chambre en toute discrétion. Il trouva rapidement la soubrette, lui glissa une pièce d’or dans la main en lui posant un doigt sur la bouche, l’invitant au silence. La Vicomtesse appela Joséphine et l’implora de ne pas ébruiter l’affaire, même si son salaire lui venait de Monsieur.



Ainsi Gwendoline découvrit que son filou d’époux utilisait les ressources de sa famille pour s’enrichir. Lorsqu’elle aborda innocemment le sujet au cours du dîner, il lui fut répondu que c’était bien peu de chose comparé à la dette de son père qu’il avait effacée en l’épousant. Elle se sentit donc l’objet d’un odieux marchandage qu’elle n’avait pas perçu du haut de ses dix-huit ans, dont dix passés dans un couvent. Ce vieux rapace, qui n’avait même pas été capable de la rendre femme, abusait donc des biens de ses ancêtres et menait son père, un évident incapable il est vrai, à sa guise. Elle se sentait forte, exaltée même, par l’aventure extraordinaire qui lui était arrivée ce jour, et dont elle portait encore le souvenir poisseux entre les cuisses. Elle eut donc l’audace de demander :



Le fou. Il avait donné la moitié de son mois à sa femme de chambre. Il ne serait pas dit que son merveilleux amant mourrait de faim à cause d’elle.


Le lendemain, Gwendoline prépara un panier de victuailles aux cuisines, prétendant aller secourir quelques pauvres, et s’en fut seule dans les rues de Paris. Après quelques hésitations et renseignements quémandés, elle trouva enfin l’adresse du Chevalier, un appartement minable dans un immeuble minable où des gens minables louaient des taudis pour se loger à vil prix. Cependant, le logement du Chevalier était extrêmement propre. Elle fut impressionnée par son valet, un homme à la peau si brune qu’elle était presque noire, elle n’en avait jamais vu. Le Chevalier sourit en découvrant le panier et son contenu.



Le Chevalier lui tendit un tout petit verre d’un liquide ambré, du tafia, que l’on n’appelait pas encore rhum. Elle trouva le parfum agréable, mais le liquide lui brûla la bouche et la fit tousser. Le Chevalier était persuasif et avait l’air sûr de son fait. Elle lui fit donc confiance, méprisant les paroles dégradantes de son époux.



Un baiser enflammé de ce personnage de contes extraordinaires mit fin à la conversation et le feu aux entrailles de la jeune femme. La cervelle chamboulée par les images qu’il avait suscitées, elle voulut se donner à lui totalement nue, comme une sauvageonne de ces îles lointaines. Il l’initia aux plaisirs qu’une femme pouvait donner à un homme, déversant sa semence, deux heures durant, dans sa bouche, son anus et sa grotte d’amour nouvellement explorée. Elle rentra chez elle la tête et le corps chamboulés. Tous les jours qui suivirent, au prétexte d’un chapeau, d’une paire de gants ou de chaussures, elle courut retrouver son amant dans son logis sordide. Leurs ébats résonnaient dans tout l’immeuble aux parois minces, sans émouvoir le voisinage habitué aux réalités de la vie.


Un jour pourtant, alors qu’elle savourait à son rythme le bonheur de chevaucher la rapière de son amant, celui-ci lui déclara lui offrir un plaisir inconnu. En toute confiance, avide de découvrir des sensations nouvelles dont elle doutait de la possibilité d’existence, elle accepta sans réserve. Le Chevalier fit un claquement de doigts, maintenant sa maîtresse échauffée contre sa poitrine. Elle n’eut pas le temps de se retourner avant de percevoir contre sa rosette la présence d’un gland phénoménal, enduit de graisse, qui n’hésita pas à se frayer une insertion difficile tant il était développé. Gwendoline glapit, puis râla, puis explosa à pleins poumons d’une plainte de bête blessée. L’énorme dard du valet indigène venait de rejoindre en elle celui, déjà fort respectable, de son amant. Elle se sentait fendue en deux par ces coins qui, elle n’en doutait point, allaient la faire exploser en deux parties. Sa dilatation était au-delà du possible, provoquant moins de douleur que la sensation d’une rupture imminente de ses chairs. Mais en quelques secondes, elle put constater que son corps résistait, s’adaptait même à ces intromissions jumelles, et que le cumul des sensations commençait déjà à bouleverser son entendement. Les deux mâles, parfaitement accordés, commencèrent lentement leur besogne de labour, provoquant une cataracte de plaisirs conjugués. Son doux Chevalier usait d’un membre double, car après tout celui de son valet n’était-il pas aussi un peu le sien ? La possibilité de penser s’effaça rapidement, la jeune femme n’était plus qu’un animal, une femelle soumise aux plaisirs de deux mâles, livrée tout entière à l’extase d’être l’objet de leur rut. Elle-même submergée par la vague folle qui la balayait du ventre à la cervelle, elle se lança à la rencontre des deux queues impatientes qui la pourfendaient en poussant spasmodiquement sur ses jolis bras blancs. Elle donna ainsi la cadence du plaisir, maîtresse malgré elle de l’orchestre des sens. Les deux hommes ahanaient sous l’insatiable désir de cette beauté en délire, au paroxysme du plaisir.


L’indigène des îles plantait pour la première fois son dard dans une femelle aussi pâle. Il la trouvait étroite comme une enfant d’une douzaine d’années, juste quand la nature décide d’en faire une femme, et qui bénéficiait aussitôt des attentions du village. La famille choisissait celui qui lui semblait le plus vigoureux et le plus apte à faire de la jeune vierge une déesse d’amour, devenant ainsi une gloire familiale, en chaque lieu ses coutumes. Compte tenu de son physique de colosse et de sa réputation de calme et de douceur, Toussaint avait ainsi défloré plus de la moitié des jeunes femmes de son village au cours de semaines d’incessants rites vaudou au son des tam-tam. Son puissant pénis était presque devenu objet de culte, des femmes même mariées venant l’honorer en plein village de leurs mains et de leurs bouches, espérant ainsi retrouver qui fécondité, qui plaisir avec leurs conjoints.


Ceux-ci, d’ailleurs, n’en prenaient pas ombrage, l’initiateur de leurs épouses avides de sexe ayant bien travaillé. C’est dire que le cul de Gwendoline n’eut pas à pâtir des puissants coups de boutoir de Toussaint, bien au contraire. Il l’emporta dans une félicité inouïe, et elle perdit totalement conscience quand les deux priapes accordés l’inondèrent de leurs liqueurs fertiles. Celle de l’indigène notamment jaillit avec une telle puissance, qu’elle crut en ressentir le goût sur sa langue, venu de l’intérieur, lorsqu’elle perdit conscience. Elle se réveilla entre ses deux étalons, les fesses baignant dans des miasmes odorants, se croyant déjà dans un autre monde de liberté et de plaisirs absolus. Elle saisit spontanément les dards qui l’avaient portée à ce miracle sensuel, les caressant des deux mains pour les remercier.



Les bateaux attendus arrivèrent enfin, chargés de leurs trésors inconnus. En quelques jours, il ne fut plus question dans Paris que de ces denrées prodigieuses, et même les cuisines du roi n’en finissaient pas de rassasier la cour de ces saveurs étranges et envoûtantes. Rhum, noix de coco, bananes, sucre, cacao, mangues, papayes s’arrachèrent à prix d’or jusqu’au dernier, jusqu’au plus défraîchi par le long voyage. Toujours vêtu de ses habits râpés, le Chevalier vint en carrosse rencontrer le notaire, apportant avec lui des malles d’écus au vieil homme abasourdi. Ils s’enfermèrent tous deux de longues heures, à la grande inquiétude de Gwendoline qui ne savait qu’en penser. Enfin le Chevalier sortit de l’étude et, sourire aux lèvres, fit son élégant salut en direction des fenêtres de sa maîtresse, certain de la revoir dès le lendemain. Afin de la tranquilliser et de lui autoriser un départ sans retenue, l’astucieux et maintenant riche Chevalier avait négocié le rachat intégral des dettes de la famille Du Fermoir et, avec les services royaux, l’attribution de la charge du Comte Du Fermoir contre un contrat commercial de ses fabuleuses productions. Gwendoline n’en revenait pas.



Un bateau fut rempli de meubles, d’outils, d’étoffes, et de bien d’autres choses qu’on ne trouvait pas sur l’île. La Vicomtesse Du Fermoir de Montsac, épouse du notaire La Bretèche, sortit de l’hôtel particulier comme à son habitude, accompagnée de sa femme de chambre Joséphine qui portait des paniers pour les pauvres de Madame. Une voiture les attendait au coin de l’avenue qui les amena au cœur de la nuit dans les brumes du port du Havre. Au petit matin, le bateau appareilla et le notaire, comme tout Paris, ne revit plus jamais son épouse. Il ne s’en plaignit guère, trouvant au final qu’une épouse était fort coûteuse pour un piètre rapport, la déclara partie sur ses terres familiales de Montsac, puis la déclara morte d’une soudaine phtisie.




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À l’ombre des cocotiers, dans une vaste maison de bois d’où l’on voyait la mer, retentit le cri aigu d’un nouveau-né. La petite fille aux boucles blondes courut vers la chambre où des femmes s’affairaient.



Rassurée, la petite Amandine posa sa petite robe de cotonnade à carreaux bleus et courut pieds nus rejoindre le petit groupe d’enfants dodus aux cheveux noirs et crépus en criant :



Les visages sombres s’éclairèrent du blanc éclatant des yeux écarquillés et des sourires élargis, et le petit groupe s’éloigna en piaillant vers la mer où il allait plonger.