n° 19824 | Fiche technique | 14376 caractères | 14376Temps de lecture estimé : 9 mn | 29/09/20 |
Résumé: Difficile relation triangulaire. | ||||
Critères: fh hplusag candaul hsoumis voir exhib noculotte cunnilingu pénétratio champagne confession -candaul | ||||
Auteur : Xavier Curieux |
Selon la formule consacrée, toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé serait purement fortuite. Ce qui ne signifie pas que des situations semblables n’existent pas ou n’ont pu exister aussi incongru que cela puisse paraître.
J’avais fait la connaissance d’Émilie quelques jours plus tôt. Nous étions là, assis face à face dans ce restaurant, un peu mal à l’aise, elle un tantinet maladroite et moi trop bavard, pour masquer nos émotions. C’est souvent ainsi lors d’une première rencontre. Je regardais cette jeune femme très belle, cette rousse aux yeux verts, aux pommettes saillantes, à la taille élancée. Quel âge pouvait-elle avoir ? Vingt-cinq ans ? Trente ans ? Enfin guère davantage.
À la fin du repas, elle a posé une main à plat sur la table et l’a avancée dans ma direction. Pourquoi faut-il que ce soit toujours les femmes qui avec moi fassent le premier pas ? J’ai recouvert cette main avec la mienne.
Nous avons échangé un premier baiser dans le taxi qui nous conduisait chez moi.
La suite est simple, nous nous sommes déshabillés et nous avons fait l’amour. J’ai aimé et j’ai été émerveillé tout de suite par son impudeur, sa façon de se livrer, de jouir. Il y a des femmes qui font l’amour comme des adolescentes et ça toute leur vie et d’autres qui sont immédiatement de véritables femmes, qui prennent des initiatives, qui sont inventives, qui hurlent leur plaisir. Émilie était de cette seconde espèce.
Au matin tandis qu’elle se rhabillait, je lui lançai :
Ce fut comme un coup de tonnerre. J’avais devant moi cette jeune femme à moitié nue avec qui je venais de faire l’amour, qui avait dormi dans mes bras toute une nuit, et qui m’assénait un coup violent en pleine poitrine. Elle était mariée !
En disant ça, elle avait fini de boutonner son chemisier et se préparait à enfiler son collant. Elle poursuivit :
Je ne saisissais pas clairement. Ce n’est que bien plus tard que j’ai pu comprendre le sens de la phrase.
Émilie partie, je restais seul chez moi, sans aucune envie d’aucune sorte. Je suis resté couché jusqu’à tard dans la journée, j’ai fini par m’abrutir avec une bouteille de Sancerres qui traînait depuis plusieurs jours dans le frigo, en mangeant des chips. Je n’ai même pas téléphoné à ma boîte pour justifier mon absence. On verra tout ça demain.
Je n’allais tout de même pas tomber amoureux comme ça. Je devais réagir. J’étais tombé sur une petite garce qui s’était payé un mec, un point c’est tout. Il fallait le prendre ainsi.
Quelques jours se passèrent sans autre incident et les choses auraient pu en rester là. Mais la semaine suivante, je reçus un message d’Émilie sur mon répondeur. Sa voix semblait peu assurée. Elle disait avoir besoin de me revoir, que je lui manquais, et toutes sortes de finasseries qui dans un premier temps eurent pour résultat de m’agacer. Après m’avoir joué la grande scène de l’épouse amoureuse, voilà qu’elle me jouait celle de la nostalgie de l’amant d’un soir. Hélas, il me faut le reconnaître, je fis preuve en la circonstance d’une grande faiblesse qui devait m’entraîner, nous le verrons, dans une aventure qui dépassa tout ce que j’avais pu imaginer d’une relation sinon amoureuse, du moins physique. Après moult hésitations, je la rappelai, et nous convînmes de nous retrouver chez moi le soir même.
À l’heure dite, sans une minute de retard elle sonnait à la porte. Elle était toujours aussi belle et séduisante. Elle portait sous son manteau un tailleur qu’on aurait pu dire strict, s’il n’avait présenté un décolleté impressionnant, je pense même que logiquement il était prévu pour se porter sur un chemisier. Manifestement si elle n’avait pas pris le temps de s’en encombrer, elle avait par ailleurs fait également l’économie d’un soutien-gorge.
Ce soir-là comme le précédent, nous avons faire l’amour. Elle se montra déchaînée. Il aurait fallu plusieurs hommes pour venir à bout de cette « furia ». Combien lui fallut-il d’orgasmes successifs pour qu’elle crie grâce plutôt qu’encore ? Je ne sais.
Cette fois en me quittant, elle me dit « à bientôt » et ne me parla pas de son mari. De mon côté, je savais à quoi m’en tenir. C’était une bonne compagne de jeu. Point ! Surtout ne pas tomber amoureux.
Nos rencontres furent régulières, toujours chez moi. Ça tournait presque à la routine. Je prévoyais un petit en-cas et une bouteille de champagne. Sitôt arrivée, elle se mettait entièrement nue. Elle aimait déambuler ainsi dans l’appartement. C’est elle qui fermait les rideaux pour éviter les éventuels vis-à-vis indiscrets. Nous faisions l’amour partout comme cela se présentait sur mon lit, bien sûr, mais aussi sur le tapis du salon, dans la cuisine. Toujours impudique elle aimait s’installer en tailleur sur le canapé, positionnement propice à bien des pratiques érotiques. Là, elle donnait cours à ses penchants exhibitionnistes, pouvait aussi bien s’y masturber ou me demander de lui donner du plaisir, je me plaçais alors entre ses cuisses largement ouvertes et lui prodiguais un cunnilingus.
Au cours de cette période qui dura quelques semaines, d’une relation purement physique et d’une rare intensité, mais qui ne laissait aucune place aux sentiments, jamais existence du mari ne fût évoquée. Je n’ai jamais cherché à savoir comment elle se rendait libre, ni quel mensonge elle inventait pour se justifier.
Que s’est-il alors passé entre eux à cette période ? Jamais je ne le saurai.
Tout a basculé un jeudi. Je l’attendais comme à l’habitude. Au coup de sonnette, je suis allé pour ouvrir, mais au lieu de ma coquette maîtresse, je trouvais un homme derrière la porte. Grand, cheveux poivre et sel, élégamment habillé.
Puis après un temps, il poursuivit :
Imaginez mon étonnement. Mon premier réflexe a été de refermer la porte, mais mon visiteur était déjà engagé à l’intérieur. Que faire ? Qu’allait-il se passer ? Venait-il pour me casser la figure ? Était-il armé et était venu dans l’intention de me tuer ?
Son visage marquait un sourire narquois devant mon inquiétude visible. Manifestement il jouissait intérieurement de l’effet qu’il avait provoqué sur moi.
Je le fis entrer dans le salon. Sans attendre d’y être invité, il s’est assis au milieu du canapé. Toujours le sourire aux lèvres, il détaillait la pièce.
Puis désignant le plateau avec les petits fours et les deux flûtes à champagne ;
Je ne savais plus où me mettre. Et Émilie qui risquait d’arriver d’une minute à l’autre.
Je ne savais quel comportement adopter. Le jeter dehors, hors de question, il aurait fallu nous battre et je n’étais pas certain d’être le plus fort. Il me restait à voir venir et à subir. Puis à improviser en fonction de la situation.
À ce moment précis, on sonna à la porte.
La tête bourdonnante, les jambes en coton, je me levai et me dirigeai comme un automate vers l’entrée. Maintenant Émilie était dans le salon. Elle avait retiré son manteau et restait debout face à nous dans une robe noire courte et moulante.
La jeune femme remonta le bas de sa robe. Elle ne portait pas de culotte.
Elle se dirigea vers la cuisine et revint rapidement avec le champagne et une flûte supplémentaire. Elle était entièrement nue. Je débouchai la bouteille et servis.
J’étais tombé sur un couple pervers. Je comprenais enfin le sens de ce qu’elle m’avait dit le premier soir : « Je ne le trompe pas, je lui suis infidèle ». Il n’y avait plus de doute là-dessus et le piège s’était refermé sur moi. Je subissais leur emprise, l’homme me manipulait comme il manipulait Émilie. Bien qu’aucune menace ne parût peser sur moi, je ne me sentais aucune force pour résister à ce qui m’apparaissait totalement incongru.
Émilie s’était couchée sur le tapis après avoir écarté la table basse pour faire de la place, totalement offerte, yeux fermés, bras et cuisses écartés. Mais en ce moment, ses petits seins fermes, son ventre, son sexe, tout son corps que j’avais tant désiré et aimé me laissait de glace. La présence du mari en était la cause. Je me posais la question ; était-elle victime ou complice de cet homme ? Si elle était victime, je ne devais pas entrer dans son jeu et rompre ce qui était en train de se produire, dans le cas contraire, c’est moi qui devenais la victime de la machination diabolique de ces deux êtres. J’optais pour la seconde hypothèse et décidais de jouer le jeu. Après tout, pourquoi ne pas profiter de la situation ?
Je commençai à me déshabiller. Confortablement installé, il observait la scène tout en se servant un autre verre de champagne.
Voilà qu’il se foutait de moi à présent. Il est vrai, il fallait bien l’admettre que je ne présentai pas à cet instant précis une érection d’étalon, mais je savais d’avance que tout allait rentrer dans l’ordre avant peu.
Je me suis agenouillé entre les jambes d’Émilie. Hors de question de faire un spectacle complet, avec prologue et cinq actes. Le minimum syndical serait suffisant. Je m’allongeai sur elle et je la pénétrai. Nous avons effectué ce coït comme on fait un travail dont on veut se débarrasser. Sans tendresse, sans amour. Je crois même qu’Émilie a simulé l’orgasme. Rien de ressemblant avec ce que nous avions vécu et ressenti dans nos précédentes rencontres. De la mécanique pure. De mon côté, j’avais hâte de les voir partir, de me retrouver seul. Ce type regardant sa femme se faire baiser m’écœurait. Elle aussi, d’accepter de jouer cette comédie sordide me dégoûtait. Quelle part prenait-elle à tout ça ? Je n’ai pas et n’aurais jamais la réponse.
Nous ne nous sommes jamais revus. Pendant quelque temps ils ont cherché à me joindre, mais je restais invariablement aux abonnés absents.
Je sais qu’à la lecture de cette confession bien des lecteurs diront que j’ai été idiot de ne pas profiter d’une pareille occasion et de ne pas entrer complètement dans leur jeu, mais je n’étais pas préparé à cette époque pour vivre une expérience libertine.