n° 19860 | Fiche technique | 9205 caractères | 9205Temps de lecture estimé : 6 mn | 20/10/20 |
Résumé: Un bouquet automnal de poésies érotiques. | ||||
Critères: ff amour poésie -poésie | ||||
Auteur : Calpurnia Envoi mini-message |
Poésie |
Éphémère
Le désir est éphémère
Mais quand il ouvre ses ailes
Nous voici hors de temps
L’aigle aux serres puissantes
Dont l’ombre éclipse la raison
Plane au-dessus des sommets
Il la voit nue si vulnérable
Près l’un lac de montagne
Il lui fallait cette fraîcheur
Et la voici exposée
Délibérément offerte en sacrifice
À l’explosion de la joie
D’une chair en fusion
Sous les doigts gourmands
D’une amante amoureuse
Mais le désir qui est éphémère
La dévore entièrement
Brûlée au soleil d’Aphrodite
Qui exulte en la contemplant
Du sommet de l’Olympe
Ô dieux dévorez-nous vivantes
Par l’aigle obscur aux yeux lumière
Sur vos autels de voluptés
Couronnées de fleurs opalines
Les cuisses désunies
Sur des brisures de moiteur
Qu’éclaire un rayon de luxure
Elle se caresse solitaire
Jusqu’à la conclusion du jour
Car le désir est éphémère
Autant que la vie qui respire
Par le corps féminin
Chante louange au soleil
La démarche d’une reine
Elle marche pieds nus dans son palais de marbre
Un vêtement de soie voile à peine son corps
Sa splendeur éblouit sous l’or d’un candélabre
Pour seul regard d’elle on affronte la mort.
Sa chevelure brune en son jardin nocturne
Abrite des oiseaux dont elle sait le chant
Traînant en solitaire un chagrin taciturne
Parfois croisant un faune au sourire aguichant.
Quelquefois près d’un lac elle voit une ondine
Sous la nuée des anges et tous les angelots
Elle vient la rejoindre à l’heure libertine
Se baignant toutes nues au milieu des flots.
Elle marche pieds nus, la souveraine altière
Quand sa féminité ombrage les soleils
Les dieux craignent toujours son étrange lumière
Ils se prosternent tous et baisent ses orteils.
Le destin écrasé sous ses plantes cambrées
Abdique son pouvoir illégitime et noir,
Terrassé au-dessous des chevilles parées
De l’or des feux de joie de désir et d’espoir.
Le souffle
Un souffle dans la nuit d’une roseur fragile
La belle dénudée offre son corps d’argile
À mes doigts étonnés de tant de vénusté
Les draps sont un écrin de femme en majesté.
Rêve-t-elle d’un faune ou d’un coquin satyre ?
Transperçant l’air obscur, mon regard la désire
Elle respire fort ; le bosquet herbageux
De son sexe transpire un fantasme outrageux.
Un souffle dans la nuit… voilà qu’elle s’éveille ;
Sa face resplendit : sourire de merveille
Elle veut que l’on s’aime et nous nous unissons
Entre songe et humus, l’espace d’un frisson
Première fois
Allongée sur le lit
Dévêtue
Offrande à la vie
Sacrifice de virginité
Holocauste de l’hymen
Sang fécond
Sang divin
Peau rose elle ose
Paupières mi-closes
Depuis le matin la vulve rase
Elle se propose
Avec lui en osmose
Apothéose de la féminitude métamorphose
D’une fille fleur éclose
En déesse grandiose
Lui : approchant sa chose
L’ostensoir du désir qui dans le soir s’impose
En apprenti virtuose
Elle : ouvre ses cuisses, troublée, s’expose
En rougissant couperose
Lui : de sa langue cherche la perle enclose
Ce trésor est à lui : il en dispose
Elle : son sexe implose
Pendant que son cœur explose
Lui : dépose sa dose
À l’intérieur il arrose
Emplit le vase
Puis en sueur se décompose
Elle s’embrase à cause
De la volupté l’overdose
L’extase
Lui : endormi un peu morose
Il se repose
Elle : garde la pose
Et se dit que finalement ce n’était pas grand-chose
Eux : se superposent se juxtaposent
Les souffles en phase
Enlacés en symbiose
L’amour finit sa phrase
L’amour achève sa prose
La divinité de chair ne refuse pas
Les temps antiques ne sont pas si anciens
Chantre du désir
Les chantres du désir, quand elles se font nues
Dévoilent le mystère extrême de l’astral
Corps de femme sans voile où l’être sculptural
Révèle les fragrances aux forces continues.
Dans le chant sensuel, les liturgies charnues,
Sexes ensoleillés, théâtre magistral,
Les cuisses écartées, le murmure floral
Où les lueurs du jour tout à coup s’insinuent.
Lorsque la vie est là, que son hymne puissant
Réconforte le cœur, fait bruire le sang :
Le rêve d’un regard dans un sanglot s’épanche.
Qui es-tu femme nue au sourire enchanteur
Où la grâce a trouvé sur la mort sa revanche
Dans la suave onction de ton miel envoûteur ?
Souvenirs de pierre
Quelle est cette maison : celle de nos amours,
Vraiment ? J’y ai trouvé une porte entrouverte
Les volets peints en bleu, la boîte aux lettres verte
Et le portail de bois blanc qui grince toujours.
Depuis ces vingt années vingt ans sombres et lourds
Où notre union morte a fait mon âme inerte
Lentement j’ai marché dans la chambre déserte
Les vieux meubles m’ont dit sur toi de grands discours.
La façade est couverte à présent de glycines ;
Je ressemble je crois à la demeure en ruines
Que nous habitions à l’âge insouciant.
Mon cœur s’est exalté de toutes ces fragrances
D’un passé embelli sous un soleil riant
Dessinant de mes larmes l’espoir des renaissances.
Océaniques
J’aime jusqu’à la folie
Une femme pieuvre
À la chevelure d’algues rousses
Au sexe visqueux sous la langue
Aux tentacules doux sous la caresse
Nos luxures sont molles et gluantes
Ma vénus octopode
(chut… il faut ici un silence)
Comme les sept jours de la création
Plus le matin frais de Pâques
Nos étreintes sont jolies
Nos succions radicales
Nous sommes inséparables
Aux abysses de la mer
Aux senteurs indolentes de sa chair
J’ai oublié le parfum de l’air
Et la saveur des nuages
Nos amours sont salées
Comme des noyades
Les vents de nos routes, des amures
J’écris avec les noirceurs menstruelles
De son encre
Autour des contours
De mon ventre
Tous les mots de nos lubricités
Fleurissement
Les jardins de délices ont d’étranges pouvoirs
Quand le vagin cet œil qui contemple le monde
Avec le regard noir de l’amour sans limites
Se dévoile soudain dans la nuit dépravée
Quand l’amante à l’amante ouvre ses bras d’albâtre
Au son du feu vivant qui crépite dans l’âtre
Quand la dévoration du corps se fait passion
Les cuisses écartées sur l’entaille des joies
Où l’étoile incertaine illumine et flamboie
Dans un vortex charnel où le cœur s’engloutit
Dans la transpiration des heures amoureuses
Les parfums les volutes et oublis de l’abîme
La mort est repoussée par ce puissant mystère
Elle fuit effrayée d’un cri de jouissance
Le chant clair de l’éros la seconde naissance
Le râle d’agonie des tétons incendiés
Suppliant la caresse implorant pitié
Femme crucifiée au lit de ses orgasmes
Pulpe sacrifiée sur l’autel d’un fantasme
Les bras orthogonaux à son ventre mouillé
Les membres transpercés par les clous du désir
Le supplice infernal du besoin de jouir
Stroboscope inouï sur la piste de danse
D’un mouvement lascif pour mimer la souffrance
Cambrée dans une danse érotique et funèbre
La tempête des sens qui s’abat sur la mer
Dans la déréliction des ombres de la chair
Les doigts de sa compagne en guise de cédille
Dans la rosette ainsi que l’organe érectile
Perforant labourant la cavité gloutonne
Chevelure en soleil : voici votre couronne
D’épines amoureuses, volupté qui flagelle ;
N’est-elle pas ainsi effroyablement belle
Comme une vierge que Satan a déflorée ?
Titulus : un sexto, viens toi mon adorée
Me rejoindre ce soir au Golgotha d’amour
Je serai à genoux la servante du temple
Assieds-toi je t’en prie le cul sur une chaise
Retire tes chaussures et tes bas inutiles
Je laverai tes pieds ainsi qu’un christ lesbien
Dont l’ultime repas est une orgie saphique
Par le pain de la croupe et le vin menstruel
Qui tombe goutte à goutte en replissant le Graal
Dont seul le féminin connaît l’eucharistie
Clitoris chatouillé jusqu’au jaillissement
Je les arroserai de l’onction génitale
Puis je les essuierai de mes cheveux d’ébène
De pure adoration voire d’idolâtrie
Sucerai tes orteils vers le fond de ma gorge
Et jusqu’à la nausée pour consommer l’hostie
De tes plantes sacrées qui ont foulé la terre
Du clos vert de l’Éden et de l’Apocalypse
Affronté le dragon des hommes phallocrates
Six cent soixante-six phallus tournés vers toi
Qui voulaient l’entraîner vers leurs jeux en sous-sol
Les pervers les maudits les adeptes du viol
Dont tu as triomphé par ton épée de feu
Qui a tranché les glands, coupé les testicules,
Finalement soumis ces démons ridicules
Retrouvant leur enfer afin d’y expier
La lune sépulcrale asservie sous tes pieds
Qui ont marché vers moi dans les champs d’asphodèles
Traversant les déserts mais demeurant fidèle
Ô petons cette manne au Sinaï de la ville
Laissez-moi vous chérir dans un zèle docile
Toi qui détiens le puits toi ma samaritaine
Je viens pour m’abreuver au creux de la fontaine
De l’intimité sans culotte catafalque
Les poils se font forêts où mon esprit se perd
Et meurt d’extrême soif puis se retrouve en toi
Pour mieux ressusciter dans les longues étreintes
Domaine lumineux de luxure sans fin
Lorsque ta nudité vient rejoindre la mienne
Qui écris solitaire en tenue de naissance
Quatre mains réunies fleurissent dans le vent
Les mots
Que ces mots crus de joie et de douce tendresse
Te soient les frôlements d’une douce caresse
Soleils blancs du frisson dans le creux du sillon
Aux élytres ouvertes, ailes de papillon.
Quand l’abeille complice à ton sexe butine
Phrases de voluptés intimes et coquines
Le jour à son zénith chauffe ta nudité
Tous ses rayons pénètrent en ton intimité.
Dans le cri muet de tes lèvres entrouvertes
L’extase qui te laisse exquisément inerte
Le vent sucré c’est l’air immense du plaisir
Le jardin de l’Éden n’en finit de fleurir.
Cependant toi tu pleures : est-ce trop d’ivresse
Ou bien la nuit promise, annonce qui t’oppresse
Déjà le vent se lève il se fait tard, je crois
Les corbeaux ont dit le crépuscule d’effroi.