n° 19890 | Fiche technique | 10218 caractères | 10218Temps de lecture estimé : 7 mn | 07/11/20 |
Résumé: Un regard, une captation inqualifiable, inqualifiable. | ||||
Critères: fh voyage train amour hdomine revede voir pénétratio confession -occasion | ||||
Auteur : EpinS (Voyageuse, rêveuse sensorielle.) |
Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé les trajets, bien davantage que les voyages et destinations dont ils font partie… C’est cette période, courte ou longue, qui nous emmène, qui fige en quelque sorte le temps, et qui s’achèvera lors de l’arrivée à destination.
C’est le moment idéal pour laisser aller son esprit à tous les rêves, à toutes les pensées, à tous les fantasmes.
Je ne laisse jamais un trajet sans sa fidèle compagne : la musique.
Je ne quitte pas la musique. C’est une échappatoire, un exode, un éden, une transe.
Et les capacités de mon cerveau me permettent malgré tout de rester très attentive et dans le monde présent, réel.
5 h 05. À cette époque, les portes du TER se ferment, toujours à l’heure, à cette heure. Le noir absolu envahit petit à petit les rails en quittant la gare. Et la musique démarre elle aussi dans mes oreilles.
Au fond du train, parfois au milieu, mais en général, si je reste bien fidèle à moi-même, je vais au fond du train.
Et je suis quasi seule, à cette heure-là.
J’aime ce calme, quand les villes dorment encore, moi je vis, et je rêve. J’adore.
J’en aurai comme d’habitude pour 1 h 51 de pensées en tous genres.
Dix-sept gares à traverser, je les connaissais par cœur, dans l’ordre, tant j’exécutais ce trajet-là.
Et ce jeudi-là, jamais je ne me serais doutée que, désormais, tous les prétextes seraient bons pour pouvoir encore et toujours davantage montrer dans ce 5 h 05.
Fort heureusement, pour le destin, et malheureusement pour moi d’une certaine façon, j’ai dû l’emprunter souvent, pour régler moult épopées administratives dans le pays que j’avais fui.
Aussi puissant et instantané que le Big Bang, il y a 13,7 milliards d’années, son regard s’est plongé dans le mien.
Son sourire m’a envahie de frissons. Je ne savais même plus quelle était ma gare de destination. Il me fallait juste lui présenter mon billet, mais même cela relevait de l’impossible, à l’instant présent, il n’y avait plus que son regard, et son sourire.
Son regard, son sourire.
À peine cinq secondes, mais les cinq secondes les plus longues. La Relativité, vous savez…
Combien de répétitions de ces cinq secondes se sont reproduites ? Au moins quatre. Toujours aussi brèves et éternelles à la fois.
Je me surprenais, alors que cela ne faisait que dix minutes que le train avait démarré, à envisager quand je pourrais à nouveau m’y retrouver confortablement assise.
Et puis… les si courtes nuits que je passais, ces départs si matinaux, parfois je m’assoupissais, et le rêve était si proche de la réalité …
Qu’il repasse… une seconde fois.
Repasse, reviens vers moi.
Replonge ton regard dans le mien, celui dont je ne peux me détacher, sans me l’expliquer, sans comprendre, mais comme une évidence. Ce regard qui semble m’enlacer entièrement, corps et âme.
Souris-moi encore, de ces lèvres dont j’avais tellement envie de m’approcher, sans m’en rendre compte à cette époque.
Je te répondrai, par un feu vert corporel, que je veux m’isoler avec toi, que je veux comprendre, et vivre l’Instant.
Alors il me prend par la main, m’emmène, en la serrant sans crainte, car personne n’est présent pour nous voir. Nous traversons l’allée, allons jusqu’au fond, il ouvre la porte métallique de la cabine de la locomotive arrière, me fait passer devant, entre à son tour, et ferme derrière lui.
Le temps s’arrête. Il y a peu de place, tant mieux, j’aime me sentir « cadrée », serrée. Il n’y a plus que lui et moi.
Dans mon pays c’est un képi, dans le sien une casquette… l’accessoire est posé sur le pupitre.
Sans rien dire, je passe ma main dans ses cheveux que j’avais déjà au préalable devinés magnifiques. Ils le sont. Épais, doux, la couleur de l’âge parfait. Entre mes doigts, ils glissent. Règne alors déjà une chaleur inavouable en moi.
Son regard se plonge dans mes yeux, il me dit comme ils sont bien maquillés, que c’est peu courant, et original, et qu’il l’a remarqué.
Il se colle à moi, me poussant contre le pupitre. Son corps contre le mien. Ses mains caressent mon visage, elles sont douces, belles. Son index droit s’arrête sur le coin de mes lèvres, et d’un mouvement discret je lui offre un second feu vert : « Embrasse-moi. Je veux ton sourire, ta bouche ».
D’abord discret, notre baiser devient langoureux, nos langues se lient.
À mesure qu’il me pousse toujours en arrière, son corps est de plus en plus contre le mien, je me relève délicatement et me pose assise sur le pupitre.
Ses mains descendent de mon visage, parcourent ma nuque, discrètement ma poitrine, ma taille, arrivent sur le haut de mes cuisses. Plus fermement cette fois, il me les écarte un peu plus, pour se rapprocher encore davantage de moi. Nous sommes collés, la chaleur se fait telle que les tissus de nos vêtements pourraient fondre et fusionner.
Mon désir pour lui est immense. Je sens une fusion inexplicable, au-delà de nos corps.
Je ne réponds plus de rien, je l’enlace de mes jambes. Je suis bouillante. Trempée. Je sens son désir contre mon ventre.
Il fait glisser ma petite veste noire à motifs brodés le long de mes bras, et déboutonne mon chemisier.
Je m’attarde encore dans sa sublime nuque, que j’embrasse de mes lèvres et ma langue.
Je sens ses mains se glisser sous ma jupe, il prend plaisir à sentir chaque centimètre de tissu qu’il croise dessous, comme pour deviner sans voir. Dentelles, lanières… Il finit par relever ma jupe à ma taille, impatient de se délecter avec ses yeux de ce qu’il sent au toucher. Il approche son visage, et je ne peux plus lui cacher mon désir, il est évident, il brille, il coule.
Durant une seconde, un doute m’envahit, mais il s’estompe rapidement, son plaisir de la perspective me suffit à donner un coup de reins en avant, l’invitant à s’approcher.
Mais il se relève, et revient m’embrasser langoureusement.
Alors que nos langues s’essoufflent, sa main descend et vient me caresser par-dessus la dentelle noire transparente que je porte, il déplace délicatement le tissu pour introduire un doigt en moi. Je bascule de plaisir en avant, manque de tomber du pupitre, mais il est contre moi, et me retient. Un deuxième doigt se place en moi. Et son pouce vient compléter le plaisir et massant mon clitoris.
Consciente qu’il n’y a pourtant personne dans le train, je lui demande pourtant de poser rapidement sa main sur ma bouche, car je vais hurler de bonheur.
Il refuse, m’ordonne, dans un premier temps, de me contrôler. Je m’exécute.
Mon chemisier déboutonné, mes seins explosent dans mon soutien-gorge, mes tétons sont dressés, de son autre main il parvient en un instant à dégrafer l’attache, et libère ma poitrine de la pression.
Il vient poser son visage entre, et passe doucement ses lèvres sur la fermeté de mes seins et de mes tétons.
Un vent de plaisir parcourt ma colonne vertébrale, mes sens à fleur de peau, j’ai la chair de poule. Je me cambre et me dresse face à lui pour lui témoigner au mieux à quel point ce qu’il m’offre est délicieux.
Je n’en peux plus. Je le veux. Lui.
Reprenant ce qu’il faut de mes esprits pour me concentrer un peu, je m’agrippe fermement à sa ceinture, le ramenant encore vers moi. Je passe mes doigts tout le long, je veux lui rendre cette pression qu’il a fait monter en moi.
Je détache sa ceinture, déboutonne le pantalon de son uniforme, et passant mes mains directement sur son boxer, je sens qu’il a autant envie que moi.
Rien qu’à cette sensation-là, à cet instant, je suis au bord de l’orgasme, cérébral, et physique.
Les tissus glissent le long de ses fesses où j’ai posé mes mains pour le faire revenir contre moi.
Je m’avance un peu, ses mains maintiennent le bas de mon dos, et je sens à l’entrée de mes lèvres intimes trempées de désir pour lui, dentelle toujours écartée sur le côté, que son sexe me frôle. Nous restons quelques secondes dans cette position, faisant monter une chaleur et pression inquantifiables, nos regards l’un dans l’autre, on se dévore.
Puis, tout en s’emparant vigoureusement de ma bouche, il s’introduit enfin en moi. L’extase. Ses coups de reins doux et fermes, lents et rapides font monter une sève en moi jamais connue auparavant. Et là, cette fois, je crie.
Il passe ses mains sous mes fesses, je me cambre et il me soulève. Tout en restant en moi, il s’assied sur le siège conducteur, et c’est alors à moi à donner le rythme.
Je m’accroche à sa nuque si belle d’une main, l’autre dans ses cheveux, je monte, je descends. Je m’arrête, je me plonge dans ses yeux, je reste immobile, nous savourons l’Instant.
Une part de moi reste lucide, comme quand je suis plongée dans ma musique, et même empalée sur lui, je sais exactement combien de secondes il reste avant la prochaine gare.
Il va falloir écourter notre étreinte. Ouvrir, et refermer les portes du train.
Le rêve généralement s’arrête lorsque les voitures se remplissent à deux grandes gares, avant d’arriver à destination. Trop de monde, trop de distractions.
Alors j’éteins ma musique, range mes écouteurs.
Je commence à ranger mes affaires, mettre mon manteau, pour courir après la deuxième correspondance que je dois prendre.
Je sais que j’en rêverai encore …
Et que je saurai son prénom d’ici quelques semaines, après le quatrième regard muet, en passant à côté de moi, pour vérifier mon billet.