J’ai fait toute ma carrière à la SNCF, dans cette digne confrérie des cheminots, oui, les gens qui ont plein d’avantages, qui partent à la retraite à cinquante-cinq ans, qui voyagent gratos… Le pied, quoi ! Des privilégiés. Des privilégiés qui dorment chez eux trois fois par semaine, qui bossent le jour, la nuit, parfois au lever du jour, d’autres au coucher du soleil, par tous les temps. Sans compter les week-ends et les jours de fête. Non, je ne me plains pas, j’ai aimé ça. Le bruit, l’odeur des moteurs électriques, la vitesse, la lutte permanente contre le chrono pour essayer d’arriver dans les temps, le plaisir de juguler cette fabuleuse puissance qui n’a rien de comparable même avec un puissant poids lourd. Il n’y a qu’un pilote d’A480 qui puisse avoir la même sensation, ou un pilote de Formule 1 qui ne roule pas plus vite qu’un TGV et bien moins longtemps.
Bon, mais maintenant c’est du passé, presque un lointain passé. Pourtant, je n’ai pris ma retraite qu’il y a deux ans, mais les trois dernières années je les ai passées sans bouger, bureau, guichet, poste de contrôle… De l’occupationnel pour ne pas me virer, parce que le toubib du travail m’a trouvé dépressif après la mort de ma femme. Trop dangereux de me laisser conduire ces lourds bolides avec des tendances suicidaires, comme le pilote allemand qui s’est crashé par déprime, suicidant je ne sais combien de gens non dépressifs avec lui. Pourtant je n’aurais jamais fait ça, mais ils n’ont pas voulu l’entendre, ou prendre le risque. Pourtant le risque zéro n’existe pas. Alors, quant à traîner dans des activités de merde, la retraite fut bienvenue. Quoique… Quoique se retrouver seul dans la maison où l’on a toujours vécu à deux, qu’on a construite à deux, à trois même quand le petit est né, certains jours c’est dur-dur. Tous les jours, même. Au début les copains passent te voir, on discute, on boit un coup, et puis ils passent moins souvent, puis plus du tout. Et tu tournes en rond en te demandant à quoi sert la vie, t’as plus envie de rien, et en plus la télé est là pour te casser un peu plus le moral en même temps que les couilles.
Il n’y en a qu’une qui passe régulièrement trois fois par semaine, c’est ma petite bru. Une vraie mignonne qui ne rate jamais ni un jour ni une heure. Elle vient le lundi, le mercredi et le vendredi, à dix heures sonnantes. Elle a fait quelques courses que je lui rembourse avec plaisir parce qu’elle me donne toujours les tickets de caisse. Elle est honnête jusqu’au bout des ongles, bonne cuisinière et courageuse avec ça. Mon fiston a bien de la chance. En plus, elle est bien mignonnette : grande, un visage ovale assez fin, un gentil sourire, les cheveux châtains bien coiffés qui lui enveloppent la tête jusqu’à la naissance du cou. Juste une chose, mais ça reste entre nous, je trouve que sa taille n’est pas assez marquée, c’est un peu tout droit de sous les bras jusqu’aux hanches. Ma femme avait une taille très fine, j’aimais bien la prendre par la taille pour la faire valser… On ne peut pas tout avoir, Chloé n’a pas trop de taille, mais d’autres arguments qui la font vite oublier : les rondeurs de sa poitrine et de ses fesses compensent largement ce petit défaut. Elle est au chômage, la pauvrette, pourtant une fille intelligente et qui a fait des études. Elle est préparatrice en pharmacie. Elle a travaillé plusieurs années, et puis sa boutique a fermé. Vous y croyez, vous, à ça ? En dix ans, il y a neuf cents pharmacies qui ont fermé dans ce pays de merde, comme si on n’était plus malades, non, mais… Et la cocotte ne retrouve pas de boulot. Elle espère juste qu’un supermarché du coin va ouvrir un rayon parapharmacie où elle pourrait retrouver du boulot, mais c’est pas gagné.
Heureusement que mon fils a une bonne situation. Devinez où ? À la SNCF, bien sûr, comme papa, il conduit des TGV. Alors la petite Chloé a du temps, et elle vient me faire un peu de ménage et à manger. Je ne sais pas faire la cuisine, je n’ai jamais su et ça ne m’intéresse pas, je n’y peux rien. C’est comme le jardinage, j’ai horreur de ça. C’est pourquoi j’ai fait construire une maison de ville, bien coincée entre deux autres, mais pas loin du parc. Si j’ai envie de verdure, un tour au parc, je profite et c’est d’autres gars qui sont payés pour jardiner que je regarde s’activer depuis mon banc. Alors le lundi, Chloé fait ma lessive et à manger pour deux jours, le mercredi elle fait le ménage et à manger pour deux jours, et le vendredi elle fait le repassage et à manger pour trois jours. C’est long sans elle jusqu’au lundi. Mais quelquefois, ils viennent tous les deux le dimanche, pour les fêtes, les anniversaires. Ils sont vraiment très mignons et ils n’ont que moi, les parents de Chloé se sont tués dans un accident de bagnole. Ah la bagnole ! Prenez donc le train, vous arriverez plus vite et en toute sécurité. Est-ce que j’ai une voiture, moi ? Jamais !
Ils ont bien vu que je déprimais, les petits, alors ils ont décidé ça tout seuls. En fait, je déprimais et je ne mangeais rien. Une boîte de sardines, un paquet de chips, n’importe quoi qui ne se cuisine pas. Même un œuf, je crève de faim en le regardant, mais je ne sais pas quoi en faire. Alors que la petite mignonne me prépare des petits plats prêts à réchauffer dans des casseroles ou dans des plats à mettre au four. Elle écrit des petits post-its : « 10 minutes thermostat 6 ». Ça je peux faire, le temps et le réglage, c’est comme conduire un train. Et ça marche ! Et c’est bon ! Quand elle vient, elle reste déjeuner avec moi, c’est moi qui lui offre, c’est contenu dans notre convention tacite. Et puis elle part quand la lessive est finie, ou quand elle a terminé le ménage. Parfois c’est plus ou moins long selon ce qu’elle entreprend, grand ménage ou juste petit coup d’entretien. C’est agréable, on discute de tout, elle a beaucoup de bon sens, et ça me plaît.
Un jour, elle est arrivée tourmentée, j’ai vu ça tout de suite. Plus pâle, moins souriante, moins causante que d’habitude. Je l’ai un peu questionnée, mais elle a éludé, pourtant ça n’allait pas. Au déjeuner, elle a chipoté, baladant ses aliments avec sa fourchette sans vraiment les manger. Alors je lui ai pris la main et je lui ai dit :
- — Allons, ma petite Chloé, je vois bien que quelque chose vous tourmente. À mon âge, je peux tout entendre. Dites-moi tout, ça ira mieux après.
Elle a posé son front sur nos mains et elle a éclaté en sanglots.
- — Avec Antoine, on voulait un enfant. On a essayé, depuis des mois, des années, sans résultat.
- — Parfois, il faut du temps, ça ne marche pas forcément du premier coup. Antoine, il a fallu trois ans pour le faire…
- — Oui, mais là… On est allé voir un docteur, il a fait faire des analyses. Il a dit que dans ces cas-là, le plus simple est de commencer par Monsieur, pour voir si son sperme est de bonne qualité, avec des spermatozoïdes assez nombreux et vigoureux…
- — Alors ?
- — Pas un !
- — Quoi ? Comment ça ?
- — Antoine n’a aucun spermatozoïde. Il paraît que c’est rare, mais de plus en plus fréquent. C’est plutôt chez des gens qui manipulent des produits toxiques, des agriculteurs, des vignerons, des peintres en bâtiment, etc.
- — Ben merde alors, rien dans les couilles, mon fils. Je suis désolé, pour lui et pour vous… Mais que faire ?
- — Je ne sais pas, on y réfléchit. Il y a plusieurs solutions : fécondation in vitro à partir d’un don de sperme, l’adoption, etc.
- — Mes pauvres chéris. Ah ce que la vie est mal faite ! Vous êtes si jolie, si mignonne, si attentionnée, vous feriez une magnifique maman…
- — Arrêtez, vous retournez le couteau dans la plaie… Je crois qu’on va venir vous voir avec Antoine, ce dimanche ou un autre pour que vous nous donniez votre avis.
- — Je vais y réfléchir, très sincèrement, même si c’est surtout vous deux que ça concerne.
Le dimanche suivant, effectivement, ils sont venus tous les deux pour le déjeuner. Chloé avait tout apporté, surtout ce que j’aimais bien : un poulet rôti et de la purée maison, juste à réchauffer. Antoine était nerveux. Nous sommes allés faire une promenade digestive dans le parc, et puis nous nous sommes installés autour de la table de salle à manger pour discuter sérieusement.
- — Papa, voilà comment ça se présente, entama Antoine. Comme Chloé te l’a dit, je ne peux pas avoir d’enfant. Pourquoi ? On n’en sait rien, tout est en place, mais… ça ne fonctionne pas. Il nous reste deux solutions : la conception in vitro, à partir du sperme d’un donneur anonyme, ou l’adoption.
- — La conception in vitro, reprit Chloé, se passe de la façon suivante : je subis un traitement hormonal pour provoquer une ponte ovulaire. Traitement sévère et douloureux. Au moment dit, il faut vite aller en chirurgie. Ils m’introduisent une canule dans le ventre par des petites incisions et vont aspirer des ovules autour de mes ovaires. Ensuite, on met en présence ces ovules avec des spermatozoïdes inconnus, conservés au froid dans des pailles. Ça se passe sous microscope, on injecte carrément un spermatozoïde dans l’ovule avec une seringue très fine. Et puis on me place des ovules fécondés dans l’utérus par les voies naturelles. On en met plusieurs en général, pour qu’au moins un ait une chance de se développer. Bon, tu vois le topo : un, risque de grossesse multiple ; deux, traitement et intervention complexes et douloureux ; trois, loterie : on ne sait pas d’où proviennent les spermatozoïdes en question, d’un curé ou d’un truand. Je force le trait, mais c’est bien un peu ça, c’est une plongée dans l’inconnu.
- — Oui, oui, je vois bien ce que tu veux dire.
- — Ensuite, l’adoption. Ben là, c’est à peu près pareil, la loterie. Si l’enfant a été abandonné, c’est bien qu’il y avait un gros problème au départ. D’où troubles psychologiques et de comportement, difficulté d’annoncer à l’enfant qu’il a été adopté, qui voudra rechercher ses parents biologiques et toutes ces emmerdes. En somme, rien de satisfaisant, et toujours cette « loterie », cette plongée dans l’inconnu.
- — Je comprends bien, le choix est cornélien. Cependant, quelle autre solution ? J’ai beau tourner ça dans tous les sens, je n’en vois pas, mes pauvres chéris.
- — Si peut-être, reprit Chloé, on a pensé à vous…
- — À moi ? Mais… je ne comprends pas. Qu’est-ce que je viendrais faire là-dedans ?
- — Mais si, papa, quel homme est le plus proche de moi, portant déjà une bonne partie de mes gênes, sauf ceux issus de maman, sinon toi ?
- — Ah d’accord… En fait, vous voudriez faire une fécondation in vitro, mais avec mon sperme, c’est ça ?
- — Euh… oui, enfin presque…
- — Beau-papa, pourquoi voudriez-vous que je subisse un traitement de cheval et une intervention chirurgicale, alors qu’on pourrait très bien faire ça de façon… naturelle…
- — Quoi ? Vous voudriez que je couche avec Chloé ? Mais vous êtes fous… Ils sont fous !
Je me lève en regardant au ciel.
- — Maryse, viens à mon secours !
Mon épouse s’appelait Maryse. La meilleure de l’année : mon propre fils me colle sa femme dans les bras ! Je n’en reviens pas. Arriver à cinquante-sept ans pour vivre ça…
- — Mais mes chéris, vous rêvez. Je ne suis qu’un vieux cheminot solitaire. Qu’elle prenne un amant, jeune et vigoureux, bien sous tous rapports et l’affaire est faite… Mais pas moi, son beau-père… Vous imaginez ? Je serais le père de mon petit-fils ou de ma petite-fille ?
- — Mais je ne veux pas tromper Antoine, je l’aime…
- — Et moi, je n’ai pas envie que Chloé me trompe. Je sais bien que c’est un immense service que je te demande. Mais essaie de comprendre notre détresse. Elle vient chez toi trois fois par semaine, pendant que moi je suis à perpète aux commandes de mon TGV. Quand je rentre, je suis heureux de la retrouver, belle et aimante. Je lui fais l’amour. Tout continuera comme si de rien n’était, sauf qu’un jour j’apprendrai qu’elle est enceinte, et je serai le plus heureux des hommes… Voilà papa, c’est tout ce que je souhaite.
- — Mais peut-être que je vous fais horreur et que coucher avec moi vous révulse…
- — Il ne s’agit pas de ça, vous savez bien que vous êtes très jolie et très désirable, là n’est pas la question… Allez, le jour descend, j’ai besoin de prendre un verre, et un grand !
Je nous sers un apéro et je me prends un whisky bien tassé. Puis je me rassieds pour déballer des choses que je suis seul à connaître.
- — Mes enfants, il est fort probable que mon… « matériel » ne soit plus opérationnel depuis belle lurette. Ce que je vais vous dire, je ne l’ai jamais dit à personne, sauf une. Quand Antoine est né, c’était un gros bébé, un très gros bébé, peut-être né après terme, mais on n’en savait trop rien. Toujours est-il qu’il pesait près de cinq kilos, et pour un premier accouchement, c’était plus que difficile. Hélas, on est mal tombé. La sage-femme avait entamé l’accouchement, mais ça ne passait pas. Ta mère souffrait depuis plusieurs heures et la petite dame a paniqué. Elle a bien cru perdre et le bébé et la maman. Elle a fait appel en urgence à un obstétricien qui était en train d’opérer. Le gus s’est pointé masqué, chaussé, la blouse maculée de sang et a pratiqué une épisiotomie « à la sauvage ». L’anesthésie n’avait pas encore fait son effet qu’il tailla là-dedans vite fait pour ouvrir le passage, maugréant qu’il aurait fallu faire une césarienne, mais trop tard, bébé engagé. Et puis il est reparti au bloc pour terminer son opération. Résultat, Antoine est né tout cyanosé, et après tout, c’est peut-être de là que viennent ses problèmes, qui sait, et dans un bain de sang. Il s’en est remis, Maryse aussi, après qu’on l’a recousue sommairement. Nous étions tout au bonheur d’accueillir ce gros bébé, pas plissé et bien vigoureux après que l’air était entré dans ses poumons. Mais la suite… D’abord Maryse a fait une infection et elle est restée à l’hôpital une quinzaine de jours. Elle a failli y passer une deuxième fois, on craignait une septicémie, tellement c’était moche. On s’est donné largement le temps de la guérison, il est vrai que cet individu nous occupait pas mal, en désignant Antoine. Mais quand nous avons voulu reprendre une vie amoureuse normale, il s’est avéré que Maryse ne ressentait plus rien. Mais plus rien du tout. J’avais beau essayer toutes les caresses possibles, rien, pas de réaction. Par voie de conséquence, son vagin restait sec comme de l’amadou et, même si elle aurait souhaité me faire plaisir, elle avait très mal. On a été voir un grand spécialiste qui l’a regardée et qui a demandé quel était le sauvage qui avait pratiqué cette épisiotomie. Puis il a déclaré qu’un nerf coupé ne se réparait pas et qu’il n’y avait pas de solution. Il a prescrit un lubrifiant pour faciliter d’éventuels rapports, mais nous n’avions plus le cœur à ça… Et puis ça fonctionnait deux minutes, il fallait s’arrêter et en remettre, un vrai remède contre l’amour…
- — Alors tu veux dire que tu n’as pas fait l’amour depuis ma naissance ? C’est complètement fou, ça…
- — Presque, attends la suite. Toujours est-il que la frustration fut terrible pour tous les deux, et que je suis persuadé que le cancer dont elle est morte trouve là ses origines. Enfin c’est comme ça. À cette époque sans TGV, je conduisais une BB et je faisais Mâcon-Valence, un collègue me reprenait pour aller à Marseille. Je dormais comme nous tous à l’hôtel « Terminus » où la SNCF avait son abonnement. Un soir, il faisait un temps épouvantable, un vent en tempête et il tombait des trombes. Il y a eu des inondations à cette époque. Et soudain, en rase campagne, feu rouge. J’arrête mon train. Heureusement, pas de caténaire coupée, il y avait donc toujours de la lumière et du chauffage, sinon ça aurait été la panique. On aperçoit sur la route en contre-bas les gyrophares des pompiers et des services de voie. Je prends ma lampe et je vais voir, pour pouvoir informer les passagers. Juste un arbre tombé sur la voie. Mais il a fallu le tronçonner, l’évacuer, nettoyer la voie avant de pouvoir repartir. Plus de deux heures de retard. Donc au lieu d’arriver à Valence à dix heures moins cinq, je m’y suis pointé à plus de minuit. Le temps de passer la main, de discuter avec le chef de gare sur les causes du retard et tout, il était une heure du mat’ quand je suis arrivé au Terminus. Fermé ! Il tombait toujours des cordes, alors j’ai sonné. La patronne est venue m’ouvrir en robe de chambre, la gentille Jocelyne, qui a dit « Mais mon pauvre gars, vous êtes trempé comme une soupe, posez ça là et venez vous réchauffer ». Elle m’a emmené dans un petit couloir derrière le bar où il y avait trois plaques : « interdit, cuisine », « toilettes » et « privé ». On a pris « privé », chez elle. « Allez, posez tout, vous êtes trempé jusqu’aux os, vous allez attraper la mort ». J’ai tout posé, elle m’a filé un peignoir un peu petit. « Vous avez dîné au moins ? », j’avais juste avalé un sandwich ramolli. J’avais le choix entre haricot de mouton et saucisses aux lentilles. « Mais vous pouvez prendre les deux, il faut vous réchauffer. Ou voulez-vous que je mette des saucisses dans le haricot de mouton, ce sera presque un cassoulet… ». J’ai dévoré. Elle avait sorti un petit Bordeaux de sa réserve personnelle, elle en a bu, je lui ai fait croquer le bout d’une saucisse « pour caler », et je lui ai conté mes mésaventures. Café, puis elle m’a sorti une bouteille de vieil Armagnac, toujours pour me réchauffer. Elle trouvait ça trop fort, elle a pris un cherry. Je ne sais pas comment c’est venu, peut-être qu’elle me disait qu’elle en bavait aussi, que les métiers ne sont pas toujours ce que l’on croit. Son mari était parti avec une femme de chambre, la toute dernière arrivée. Mais c’est une fois parti qu’elle a su qu’il avait sauté toutes les autres. « Je vais contrôler les chambres » qu’il disait tous les jours vers onze heures. Il contrôlait surtout le cul des employées. Divorce, ils avaient acheté l’hôtel ensemble, si elle voulait le garder il fallait lui en donner la moitié. Elle a fait un emprunt qu’elle remboursait toujours, dix ans après. Dix ans à trimer pour un salaud qu’elle ne voulait surtout pas remplacer. Solitude, mais comme elle n’avait que le temps de dormir, ce n’était pas un problème. Je lui ai aussi raconté mon histoire. Ça durait, et on picolait. Et puis elle s’est mise à rire, disant qu’on avait l’air malin de se raconter nos misères à deux heures du matin. J’ai voulu regagner ma chambre, mais les murs bougeaient un peu. Le coup de froid, la chaleur, l’alcool, j’avais plus que ma dose. Alors elle m’a servi de béquille jusqu’à son plumard, disant qu’elle coucherait sur le canapé, pour trois heures et demie qui lui restaient… Mais je l’ai entraînée dans ma chute sur le lit, elle est tombée sur moi. On riait comme des gamins. J’ai posé une main sur elle, tiens, c’était ses fesses. Elle a roucoulé, j’ai continué. Ah le cul tout rond de la Jocelyne, Jojo pour les intimes. Et ses petits seins tout pointus, et ses yeux bleus, son petit nez en pied de marmite, « un nez à fourrer dans les affaires des autres » comme je disais, et ça la faisait rire. Bref, cette nuit-là, elle a juste eu le temps d’aller se doucher avant de reprendre le boulot, et moi guère mieux. N’empêche que ça nous a fait du bien, beaucoup de bien. Je ne sais pas si c’était de l’amour, je dirais une amitié amoureuse. On se voyait deux ou trois fois par semaine, selon mon service, et ça me donnait un sacré coup de baume au cœur.
- — Et vous n’avez jamais songé vivre avec elle ?
- — Et ajouter de la peine à la peine ? Abandonner Maryse et Antoine ? Jamais. Ça aurait pu, après le décès de Maryse, mais je n’avais pas envie de débarquer chez elle comme une serpillière. Et puis on m’a interdit de conduite… Enfin voilà, depuis le décès de Maryse, ça fait plus de cinq ans, mon ustensile n’a plus servi. M’étonnerait qu’à mon âge ça reparte comme ça ou que ça vaille encore quelque chose… Et puis vous êtes comme ma fille, Chloé, j’aurais une impression d’inceste.
- — Taratata, je ne suis pas votre fille, mais votre belle-fille. Acceptez au moins qu’on fasse un test, un spermogramme. Pour tout le temps que je passe avec vous, vous me devez bien ça, non ?
- — Papa, il faut en avoir le cœur net. Je te remercie pour la confiance que tu nous as accordée en nous racontant ta vie. Laisse-moi espérer encore de pouvoir un jour serrer dans mes bras un enfant qui ne sera pas issu d’une loterie. Les cabossés de la vie, tu viens d’en évoquer trois, maman, toi et cette Jocelyne. Et tu n’y étais pour rien. Tu as fait du bien à Jocelyne, tu as préservé maman jusqu’au bout, alors je t’en conjure : n’en ajoute pas deux de plus à cette liste. Tu peux nous rendre heureux. Tu le sais maintenant.
- — Laissez-moi du temps pour y réfléchir, pas de décision précipitée, surtout aussi chargée de conséquences.
Ben ça, si je m’attendais. Ils repartirent peut-être un peu déçus, mais… Je n’allais pas non plus sauter sur l’occasion trop belle de baiser ma bru. C’est vrai qu’il faudrait être difficile pour ne pas en avoir envie, surtout à mon âge. Je n’étais pas obligé de leur dire le nombre de fois que je me suis branlé en pensant à elle. Je savais bien qu’il fonctionnait encore, mon engin. Tiens, la dernière fois qu’elle a décroché les rideaux pour les laver, je lui tenais l’escabeau, elle avait peur là-dessus. Le nez au niveau de ses cuisses, à mater sa petite culotte avec sa jupe courte et serrée. Sa fragrance de femme, la chaleur de sa peau qui irradiait mon visage. Quand elle est partie, je me la suis secouée trois fois de suite, fou comme un cerf au mois de septembre. Bien sûr que j’avais envie de la sauter, mais je m’en empêchais depuis si longtemps qu’il fallait m’habituer à l’idée, comme dirait Lætitia (Halliday). Ce ne sera peut-être pas le plus difficile. Et puis je pensais à mon fiston, quel courage pour me demander ça. Rien que pour cela, je me devais au moins de tester mon jus et de lui rendre ce service.
Mais cette conversation m’a fait avancer. Qu’est-ce que je foutais ici à glander à l’année en remâchant ma solitude plutôt que d’aller vivre à Valence avec la petite Jocelyne ? Si elle était toujours libre… Et si elle voulait bien encore de moi… Il faudra que je l’appelle, un jour, après tout ça… J’avais le trac comme un ado de me taper cette grande et belle jeune femme qu’était ma bru. J’ai laissé passer une semaine et puis je lui ai dit :
- — Bon, alors on le fait quand, ce test ?
- — Tout de suite si vous voulez. J’ai ce qu’il faut dans mon sac à main, un tube stérile. Le labo est à deux cents mètres, en le tenant bien au chaud dans ma main, ça devrait aller.
- — Bon, ben… allons-y.
- — Oh merci, tiens, je vous embrasse. Voilà le tube.
- — Et que voulez-vous que j’en fasse ?
- — Eh bien… éjaculez dedans…
- — Comme ça ? Pas possible, vous le savez bien. Il faut… de l’excitation, une main secourable, enfin… il me faut de l’aide. C’est pour vous, après tout.
- — Coquin ! Mais vous avez raison. Je vais le faire, posez juste votre pantalon… Waouh ! Quel engin ! Mais c’est énorme !
- — Vous trouvez ? Non, juste le matériel d’après-guerre, élevé en liberté dans un caleçon et des pantalons larges, pas des jeans serrés comme aujourd’hui… Hou ! Vos petites mains sont froides, et puis… j’ai besoin d’excitation si vous voulez arriver à vos fins.
- — Comment cela ?
- — Vous pourriez faire un petit effort, me montrer vos jolis seins, votre minou. Je ne sais pas moi, mais si nous devons mélanger nos jambes, inutile d’avoir trop de pudeur…
- — Vous avez encore une fois raison, même si vous abusez de la situation.
Elle se déshabilla lentement, en rougissant. Putain, le canon ! Je l’imaginais pas mal foutue, mais pas sublime à ce point…
- — « Putain de bordel de putain de moine », disait Marielle dans « Les galettes de Pont-Aven ». « Quel cul, nom de dieu, quel cul ! Oh, je bande, regarde, je bande… » La chance qu’il a mon fiston !
- — Si vous le dites. Mais bon, ça ne lui donne pas de spermatozoïdes pour autant.
- — Arrêtez, pour avoir le courage de nous proposer ce qu’il nous a proposé, il faut avoir un sacré courage.
- — C’est vrai. Bon, on y va ?
- — Attendez, tournez, que je profite un peu… Je peux toucher ? Oh quel bonheur, quelle peau ! Et ce petit minou, qu’il est doux, qu’il est mignon, et… mais… déjà tout mouillé ?
- — Ben… je ne fais pas de strip-tease devant un Monsieur tous les jours. Vous, vous bandez, mais moi j’ai aussi des émotions…
- — C’est beau, ça sent bon… ça au moins, ça va me stimuler. Allez-y, ma belle, procédez.
Elle procède, assez timidement d’abord, visiblement impressionnée par la taille de ma queue, que je ne trouvais pourtant pas spécialement balaise. Les jeunes seraient-ils sous-équipés ? Je dois l’inciter à faire mieux, à y mettre du sien, à utiliser sa langue, sa bouche, ses seins. Petit à petit, elle se lâche. Elle oublie que je suis son beau-père, elle n’est plus qu’en tête à tête avec une belle queue. La petite salope se met alors à me faire une turlute d’enfer. Cette fille a d’énormes potentialités, c’est certain. À exploiter. Au paroxysme de cet ébat, et c’est ce qui déclenche mon orgasme, son minou goutte sur le tapis. Quel bonheur ! Je la préviens, elle débouche le tube et me le colle sur le gland, le coup part en quatre belles reprises. Elle m’a déclenché une belle dose. Elle rebouche et me le tend.
- — Tenez-le bien au chaud dans vos mains serrées.
J’obéis, pensant qu’elle allait se rhabiller. Mais non, la mignonne se penche de nouveau et me fait une toilette parfaite de la queue, suçant jusqu’à la dernière goutte. Un vrai potentiel, je vous dis. Puis elle s’habille prestement, me prend le tube des mains et fonce au labo. Une branlette-pipe de cette classe, ça s’arrose, c’est pas tous les jours. Je me tape un bon whisky et je vais me faire une toilette méritée, malgré la bouche gourmande de Chloé. Elle revient une petite heure plus tard, excitée comme une puce sur un teckel.
- — C’est bon, Jérôme, c’est très très bon, même. Ça fourmille, ils me les ont fait voir au microscope, y en a plein. Un vrai sperme de jeune homme !
- — Eh bien tant mieux, c’est une super nouvelle, pour vous surtout.
- — Oh oui, merveilleux. Quand est-ce qu’on s’y met ?
- — Je ne sais pas, quand vous voulez…
- — Tout de suite ? C’est que… cette séance m’a passablement excitée. Je me sens… plus que prête.
- — Et Antoine, il est tard, il ne rentre pas ce soir ?
- — Non, que demain soir.
- — Et il ne vous appelle pas ?
- — Jamais.
- — Bon, eh bien alors… allons-y si vous y tenez.
Dans la chambre où son mari a été conçu, la belle Chloé retire une nouvelle fois ses vêtements. J’attends pour retirer les miens, juste pour mater et profiter pleinement de son effeuillage. Il y a des instants spéciaux dans ce genre d’exercice, des flashes qu’il faut savoir saisir : l’instant précis où la dame détache son soutien-gorge, mettant ses deux mains dans le dos et ainsi projetant sa poitrine vers l’avant. Juste après, c’est foutu, elle baisse les bretelles et pose les bonnets en se courbant en avant, en général. Et ce bref instant, lorsqu’elle pose sa culotte en la faisant glisser sur ses hanches, où le fond prend du retard et reste collé à la chatte humide. Je trouve ça merveilleux. Elle s’étend sur le lit en m’attendant, posée sur le côté, une joue sur sa main portée par le coude. L’ovale parfait de ses hanches se prolonge d’un creux accentué par le torse semi-relevé. La ligne de la colonne dessinait une courbe superbe que le sillon fessier prolonge magnifiquement. Juste au niveau du bassin, deux fossettes encadrent ce tracé parfait, qui va se perdre ensuite entre les cuisses inégalement pliées. J’adore. Mais c’est par-devant que j’attaque, simplement du bout des doigts, suivant ces courbes parfaites comme un peintre le ferait sur une toile vierge. Elle frémit en souriant légèrement.
- — Vous êtes encore en bel état, futur grand-père, et tout à fait séduisant.
- — Merci, future maman. Et vous, vous êtes gaulée comme une déesse. Vraiment superbe.
Enhardi par son compliment, je mets la bouche sur ses seins pointés. Elle se laisse aller sur le dos, je la suis, passant des seins à sa bouche, de sa bouche à son sexe, de son sexe à ses pieds, très jolis, sans veines ni os apparents. Je les prends et me branle avec ses petons, avant d’en sucer les orteils, de couvrir l’intérieur de ses jambes de petits bisous jusqu’à son sexe. Cette fois, je l’attaque à pleine bouche, dévorant, suçant, lapant. Elle mouille à tout va, une cyprine aigrelette et musquée, délicieuse. Tout y passe, même sa petite rondelle plissée et je m’attarde longuement sur son clitoris. Elle respire fort et gémit doucement. Mes doigts rejoignent ma langue pour danser la sarabande dans ses orifices. Ses cuisses sont grandes ouvertes, genoux levés, elle se donne sans restriction. Quand deux de mes doigts font « par ici mignonne » dans son vagin pendant que ma langue fouette son bouton coincé entre mes lèvres, ses longues cuisses se referment violemment et elle s’agite de soubresauts. Je la laisse reprendre son souffle.
- — Putain, c’est pas vrai ! Alors c’est ça l’expérience ? Faire jouir avant pénétration ?
- — Ce ne sont que les préliminaires, vous m’avez dit que nous avions le temps.
- — C’est dingue, c’est la première fois que ça m’arrive. Les jeunes sont sûrement trop pressés.
- — Oui, mais ils récupèrent plus rapidement. À chaque âge ses qualités et ses défauts. Vous m’offrez une opportunité dont je n’aurais même pas osé rêver. Alors j’en profite, je vous déguste.
- — Faites, faites. Ça me convient parfaitement.
Je continue donc à la caresser, à frotter ma peau contre la sienne, si lisse, si douce, si blanche, à aller chercher ses parfums originels dans les creux de ses genoux, de ses coudes et sous ses bras, là où ils ne sont pas pollués par le parfum ou l’eau de toilette. Je lui donne mon sexe à sucer, puisqu’elle le fait si bien, pendant que je m’occupe du sien. Je la laisse à quatre pattes avant de la pénétrer en levrette, profitant de la magnificence de son superbe cul, dilaté par les jambes pliées, superbe fruit où se perd ma queue. Son vagin est assez étroit, mais très humide, je sens rapidement contre mon gland le bourrelet du col de son utérus.
- — Oh ! Comme tu me remplis bien, s’exclame-t-elle !
Tiens, elle me tutoie, elle commence à ne plus savoir où elle est. Ça m’excite, je me déchaîne, la bourrant sans délicatesse. Elle gronde et rugit parfois, frappant le plumard de ses poings. Je sors de sa chatte pour mieux y retourner d’un coup de reins, provoquant des pets humides qui me mouillent le ventre et les couilles. Je lui titille tantôt les seins, tantôt le clitoris, parfois j’enfonce mon pouce dans sa rondelle palpitante. Elle tétanise deux fois avant que je ne me laisse aller en elle, déclenchant un troisième orgasme paroxystique. Elle s’écroule sur le lit, je me laisse choir près d’elle, nous sommes trempés de sueur, cheveux collés. Elle souffle comme un phoque, essuie la salive qui coule de ses lèvres, rouge, les yeux injectés de sang.
- — Waouh ! Si avec ça ça ne marche pas, j’y perds mon latin, souffle-t-elle épuisée…
- — Ça dépend de toi. Est-ce la bonne date ? N’as-tu pas toi aussi un problème de fertilité ?
- — J’en sais rien… Je ne sais qu’une chose, c’est qu’il est rare que ça marche du premier coup, et c’est tant mieux. J’ai vraiment aimé ça.
Oh oui, elle a aimé ça. Chaque jour elle arrive un peu plus pressée de me retrouver et de se faire sauter. Elle se jette à mon cou, fouille ma bouche de sa langue, tandis que mes mains gourmandes pressent déjà ses seins, ses fesses, et explorent sa culotte. Nos corps semblent se reconnaître et déclenchent une urgence absolue de se pénétrer. Il nous arrive fréquemment de baiser derrière la porte à peine refermée, debout, dans une invraisemblable frénésie sexuelle. Je n’ai jamais autant baisé de ma vie. Je vais tout de même voir mon toubib, lui décrivant vaguement la situation, car je crains pour mon vieux cœur. Quoique mourir de cette façon-là paraisse assez sympathique. Il me dit que c’est excellent pour le palpitant. Je lui demande cependant un fortifiant permettant de récupérer plus vite, il croit que j’ai du mal à bander et veut me refiler du Viagra.
- — Mais non, je bande suffisamment comme ça, ce n’est pas le problème. Simplement, au lieu de faire ça trois fois par jour, je voudrais le faire cinq fois.
- — Mais mon cher, vous comme moi n’avons plus vingt ans. Essayez des aliments réputés aphrodisiaques ou réservez vos éjaculations, une fois sur deux par exemple. On ne peut pas accélérer le processus de fabrication des petites graines.
Il fouille dans ses placards et me trouve tout de même un petit fascicule décrivant tout ce qu’il faut manger et éviter pour améliorer la quantité et la qualité du sperme, une sorte de régime en somme. Viande rouge, huîtres, bananes, pastèques, amandes, noix, etc., et pas de pain, pas de sucre, pas de sel, et faire du sport ! Un régime de sportif, en gros. Je donne ça à ma cuisinière qui s’empresse de s’y conformer, intéressée au premier chef. Je me remets à faire un peu de vélo, de marche à pied, et à faire quotidiennement quelques pompes. C’est inouï comme le corps est capable de s’adapter.
Le premier jour, on s’écroule à la troisième pompe, le lendemain on en fait cinq et dix à la fin de la semaine. Pareil pour la marche : la première fois que j’ai fait tout le tour du parc, j’étais crevé. Depuis, j’ai acheté un short et des baskets et j’en fais trois fois le tour en courant. Je me sens rajeunir, maigrir, durcir en moins d’un mois. En plus, baiser à l’envie une jolie jeune femme, ça vous donne des ailes et un super moral. Ma déprime est vraiment très lointaine. Parfois, nos ébats s’interrompent, les week-ends qu’elle passe avec Antoine, et puis ses règles qui sont toujours là. Aubaine, il faut continuer, même si nous perdons un peu l’objectif final au profit du seul plaisir. Cependant, cette forme revenue me donne l’envie d’appeler Jocelyne. Elle est bien surprise.
- — Jérôme ? C’est pas vrai… Mais je t’ai cru mort… Pourquoi n’as-tu jamais donné de nouvelles ?
- — Le tourbillon de la vie, que veux-tu. Aujourd’hui je m’en veux et je le regrette. À l’époque j’étais au fond du trou… La mort de mon épouse, l’interdiction de conduire un train, et puis la retraite pour t’isoler un peu plus…
- — Il fallait venir me voir, tu peux toujours voyager gratuitement, j’aurais pris soin de toi…
- — Je ne voulais pas que tu me voies dans cet état, et puis tu as bien assez de soucis. Tu m’as… Enfin je veux dire, tu t’es remariée, ou tu vois quelqu’un d’autre ?
- — Penses-tu. Tu sais, ça nous est arrivé un peu par hasard, un accident météo. Mais je n’ai jamais cherché quoi que ce soit. Quand tu n’as plus donné de nouvelles, j’ai attendu… et puis je me suis fait un sang d’encre… et puis comme tu dis, le tourbillon de la vie. Le boulot, de plus en plus difficile et ingrat. Mais la place est restée libre, tu reviens quand tu veux et si tu en as envie.
- — Oui, j’en ai envie. J’ai encore une affaire à terminer ici, je te demande quelques semaines, mais je te promets, je vais revenir. Je te préviendrai.
Mais l’affaire ne se termine pas. Quand j’ai Chloé dans les bras, je ne pense plus à Jocelyne, évidemment. Désormais, juste pour me faire plaisir et pour m’exciter, elle accepte de rester nue pour vaquer à mon ménage. Je lui ai même demandé de porter de hauts talons, juste pour un côté pratique : quand je la baise debout, je ne suis plus obligé de plier les jambes, c’est moins pénible pour mes vieilles cuisses. Mais futé comme je suis devenu, probable que je ne l’aurais même plus senti. Peu importe, ça allonge encore sa silhouette, ça fait ressortir un peu plus ses fesses et ses seins et c’est très joli. Jouer avec elle me rend fou. On se poursuit dans le couloir comme des gamins et je la baise n’importe où : dans l’escalier, sous la douche, sur le canapé, la table de salle à manger, de la cuisine. Quand elle est aux toilettes, j’aime la regarder pisser, ça m’excite, et je lui donne ma queue à sucer. J’adore m’asseoir dans la cuisine et la regarder préparer le repas ou faire la vaisselle, le ventre protégé par un petit tablier laissant libre accès à ses fesses. Je la mate intensément, elle le sait, elle le sent, elle aime ça.
- — Tu sais que tu as le plus beau cul du monde ? Ce n’est pas un cul, c’est un appel au viol !
- — Arrête, je vais me couper. Tu sais bien que même ta voix me fait des choses…
- — Des choses ? Quelles choses ? Des petits fourmillements dans le ventre ? Et puis dans les seins ?
- — Oui…
- — Fais voir si tes tétons sont dressés ? Oh oui, magnifiques. Humm ! Ils aimeraient bien que je les suce, hein ?
- — Oui…
- — Et ta chatte, est-ce qu’elle mouille ?
- — Oui…
- — Dis-le, pas seulement « oui ».
- — Oui, je mouille.
- — Et tu as envie d’une bonne grosse queue ? Hein ? Dis-le.
- — Oui, j’ai envie de ta grosse queue qui ramone ma petite chatte. Oh là-là ! Je sens que ça coule le long de mes cuisses…
- — Serais-tu un peu salope ?
- — Oh oui, je suis salope, je suis ta salope. Jérôme, baise-moi, je t’en prie, baise-moi vite.
- — Viens-là sur la table que je te déguste.
Et elle vient, se couche sur le dos, levant ses grandes jambes en l’air, l’intérieur de ses cuisses fuselées plein de coulures de mouille, plaçant sa chatte béante juste sous mon nez. Je lape son nectar avec avidité, laissant ma langue errer de sa rosette à son bouton. Elle tressaille, ronronne, cramponne le bord de la table. Sa cyprine coulant plus fort fait un petit filet ruisselant droit sur la cuvette de son anus. Je profite de l’aubaine pour y enfoncer un puis deux doigts bien lubrifiés.
- — Pourquoi tu t’intéresses tant à mon petit trou du cul ?
- — Parce qu’il me fait de l’œil à chaque fois que je te prends en levrette, et aussi parce que tu as l’air d’aimer que je m’en occupe.
- — C’est vrai. C’est très agréable et stimulant.
- — Et puis je meurs d’envie d’y fourrer ma bite !
- — Tu es fou ? Elle ne rentrera jamais, elle est beaucoup trop grosse.
- — Mais si, regarde comme il se dilate bien. Il suffirait d’un peu de lubrifiant… Oh, mais j’ai une idée ! Attends-moi, je reviens. Continue de te branler pour ne pas te refroidir.
Je cours à ma chambre. Dans la table de nuit, il y a encore des flacons de lubrifiant essayé quelques années auparavant avec Maryse. J’en prends un, au toucher ça semble être encore efficace. Je lui fais prendre ses genoux dans les mains pour bien relever le bassin vers le plafond, j’ouvre son trou de balle avec deux doigts et y verse le liquide visqueux.
- — Hou ! C’est froid, proteste-t-elle. C’est dingue, tu me ferais faire n’importe quoi. Non, tu me fais faire n’importe quoi. Parce que tu vas m’enculer, là, si j’ai bien compris ?
- — Exact, tu seras donc une petite salope doublée d’une petite enculée.
- — Ooooohhh mon dieu… Fais doucement, promets-moi.
- — Promis.
Ma bite bien huilée également, la chose se passe beaucoup plus facilement que prévu, comme quoi ce gel est toujours bon. En une poussée je marque l’essai entre les poteaux. Elle fait un peu la grimace, mais ne braille pas comme supposé. Dès que j’active mon pouce sur son clito en lui intimant l’ordre de s’occuper de ses seins, elle passe en mode « jouissance en cours, ne pas déranger ». Le plaisir est inédit pour moi comme pour elle. Chaque passage de mon pouce faisant rouler son clitoris provoque une contraction de son anneau, fantastique massage qui bloque le sang dans mon gland. J’ai l’impression de bander comme jamais.
- — Ce qu’il est bon ton petit cul. Tu as l’air d’aimer ça aussi, petite cochonne ?
- — Rhôôô… ouiiii… !
Elle n’est pas bien longue à déclencher un orgasme interminable, me laissant sur le bord de la route, un brin frustré. Alors je la fais relever et se retourner en appui sur la table, et je la pénètre à nouveau, bien décidé à lui inonder le boyau. Inexorablement, la table avance sous mes coups de reins, jusqu’à se caler contre l’évier. Je termine par une violente ruée en lui claquant les fesses assez rudement. Orgasme partagé cette fois. Elle pète des bulles, laminée, épuisée. Nous allons sous la douche ensemble, malgré l’étroitesse de la cabine. Mais son joli corps couvert de gel est savoureux contre le mien et nos baisers interminables.
- — Heureusement que tu es un gentil, tu me ferais faire n’importe quoi ? Je suis inféodée à ton sexe.
- — Au fait, dis-moi, il y a bien longtemps que tu n’as pas eu tes règles. Je me trompe ou non ?
- — C’est vrai, dit-elle en rougissant.
- — Tu veux dire que…
- — Je suis enceinte, avoua-t-elle dans un souffle.
- — Ah ! Mais c’est super ! Mission accomplie, donc. Si je compte bien, c’est pour… janvier ?
- — Non… pour novembre…
- — Quoi ? Je ne comprends pas… Mais pourtant on… toujours ?
- — Oui, je ne voulais pas te le dire, justement pour que ça continue, j’aime trop ça…
- — Tricheuse ! Tu n’as pas honte ?
- — Un peu, si.
- — Remarque, c’est agréable qu’une fille comme toi ait envie d’un vieux bonze comme moi. Et Antoine est au courant ?
- — Pas encore, non. Je lui annoncerai dimanche. Alors tu ne veux plus de moi ?
- — Chloé, ma petite chérie. Nous avions passé un accord, la chose est faite. Antoine est mon fils. Je ne vais pas garder ma belle-fille comme maîtresse jusqu’à la fin des temps.
- — Je comprends… C’est bien ce que je craignais…
- — Allez, viens, on va déjeuner et puis tu resteras là ce soir, une dernière fois.
Elle me fait l’amour avec l’énergie du désespoir, je dois dire que moi aussi, un peu. Dès qu’elle est partie, je me dis que ça ne pouvait pas durer, pour moi comme pour elle. Si elle venait toujours pour m’aider dans les tâches ménagères, je ne pourrais pas me retenir de lui sauter dessus, et je pense qu’elle non plus. Il faut que je mette de la distance entre nous. Alors j’appelle Jocelyne, je fais ma petite valise et je prends le TGV.
Les collègues sont sympas, ils me font entrer dans la cabine. Ah la vitesse, le pied ! Souvenirs, souvenirs. À l’arrivée, ma petite Jocelyne. C’est bien, elle n’a pas changé, toujours pimpante dans son petit tailleur, souriante et professionnelle à la fois, quel bonheur. Je n’ai hélas jamais su dessiner, mais pour dessiner Jocelyne, j’aurais commencé par faire un huit, un beau « 8 » auquel j’aurais ajouté une tête, deux bras et deux jambes bien galbées. Elle a presque du mal à me reconnaître sans mon uniforme.
- — Mais dis donc, tu as décollé, toi, il faut que je t’engraisse un peu !
- — Ah non, surtout pas. J’en ai bavé pour retrouver cette forme et je tiens à la garder. Viande rouge ou poisson, haricots verts et carottes râpées !
- — Pourtant j’ai un haricot de mouton… tu te souviens ?
- — Si je ne m’en souvenais pas, je ne serais pas là. Mais je me souviens surtout des gigots d’une certaine brebis, dis-je en lui touchant les fesses.
- — Eh bien ! Si je m’attendais à te retrouver aussi en forme. Allez, raconte-moi tout.
Je lui raconte les cinq années passées, presque six, en omettant bien sûr de lui dire que j’ai bourré ma bru pendant près de six mois. Elle me raconte combien c’est de plus en plus difficile, des clients de plus en plus exigeants et sans gêne, l’hôtel vieillissant sans moyens pour le rénover à cause de l’emprunt à rembourser.
- — Mais bon, j’aurai terminé les remboursements dans deux mois, quinze ans de galère pour un salaud. Je vais peut-être enfin sortir la tête hors de l’eau. Et dans une quinzaine, je fête mes cinquante ans. Tu restes jusque-là, dis ? Et pas de carottes râpées, ce jour-là. Je ferme exceptionnellement pour la journée et on fête ça avec toute l’équipe, ils l’ont bien mérité.
- — Je ne veux pas m’imposer comme un intrus dans cette petite fête…
- — Tu es mon invité. Tu sais, je n’ai qu’eux… et toi.
Le séjour est particulièrement délicieux. Jocelyne profite pleinement de mon… « entraînement » sexuel. Bien sûr, elle est un peu plus jeune que moi, mais nous sommes de la même génération, et ça colle bien, très bien, même. Très vite, c’est de l’amour qui s’exprime, librement accepté et ressenti par les deux. C’est elle qui me propose de m’installer définitivement chez elle, sans que j’aie besoin de lui dire que rien ne me retient à Mâcon et qu’au contraire, je souhaite mettre de la distance.
- — Je vais vendre ma maison, ça nous fera un petit pécule.
- — Attention, mon gars. Cette maison ne t’appartient pas, du moins pas complètement. Depuis le décès de ton épouse, ton fils en possède la moitié.
- — Ah, tu crois ?
- — Sur les successions, crois-moi, je suis incollable, et pour cause.
- — Alors ça change tout. Eux qui sont dans un appartement qui va être trop petit avec le bébé, peut-être qu’ils voudront la récupérer…
- — Écoute, tu n’as qu’un fils, laisse-lui ta maison. Et on repart à zéro tous les deux. En cas de pépin, tu as une retraite convenable qui nous permettra de vivre. Moi, je cotise beaucoup pour avoir très peu, comme toujours dans le commerce. Mais mon emprunt terminé, c’est plus de cinq mille euros par mois que je peux réinvestir. Sauf que je ne peux pas tout faire, être au four et au moulin. Si ça t’intéresse, je t’embauche pour superviser les travaux de rénovation.
- — Ha-ha-ha ! Et pourquoi pas ? Je suis sûr que ça me plairait. Au moins, je me sentirai utile.
La fête se déroule merveilleusement bien. Je fais connaissance avec tout le personnel, des gens sympas qui ont bien conscience que défendre l’établissement, c’est défendre leurs emplois. Jocelyne me présente comme son compagnon, certains déjà là il y a cinq ans me connaissent un peu. Elle leur annonce qu’elle m’a chargé de bâtir un projet de rénovation. En même temps, elle s’affirme comme restant la patronne, ce qui est très bien. Je me sens bien parmi eux, avec elle, et de nouveau utile. Je remonte à Mâcon, le ventre de Chloé s’arrondit lentement mais sûrement et la grossesse se passe bien. Je les invite un dimanche pour leur annoncer que je vais déménager, Chloé se met à pleurer.
- — Ça va me faire un grand vide, s’excuse-t-elle devant Antoine. J’avais tellement l’habitude, trois fois par semaine…
- — Ne vous inquiétez pas, le vide va rapidement être comblé, réponds-je en montrant son ventre. À ce propos, vous êtes en ce moment dans un appartement bien petit. C’était l’appartement d’Antoine quand il était jeune homme et qu’il a voulu voler de ses propres ailes. À deux, c’est un petit nid d’amour, mais avec un enfant, ça va être juste, trop juste.
- — Oui, j’ai commencé à chercher une autre location. Mais ce n’est pas simple : soit c’est vétuste et très moche, soit c’est hors de prix. Et avec un seul salaire…
- — Tu sais que depuis le décès de ta mère, tu possèdes la moitié de cette maison.
- — Ah non, je ne savais pas.
- — Eh bien si. Nous étions mariés sous le régime de la communauté, donc tu as déjà hérité d’une moitié, c’est la loi. Alors, il y a deux solutions : soit cette maison vous plaît et vous l’occupez, soit elle ne vous plaît pas et on la vend et vous récupérez la somme.
- — Mais toi ? Tu nous laisses tout ?
- — C’est maintenant que vous en avez besoin, et on ne sait jamais, je peux vivre encore longtemps. Moi, là où je vais, il y a trente chambres, plus deux chez la propriétaire de l’hôtel. Alors je n’ai besoin de rien. Même les meubles, vous les gardez ou vous les donnez à Emmaüs.
- — Ah ben, tu penses, la maison de mon enfance…
- — Et moi qui la connais de fond en comble, pour y avoir passé autant de temps…
- — Donc vous gardez ?
- — Et comment !
- — Oh oui, je vais adorer vivre ici. Bien sûr, il faudrait refaire quelques papiers peints et peintures. Mais à part cela, vous avez de si beaux meubles, patinés et… qui ont une histoire.
- — Parfait, ça me ravit. Et sachez que vous pouvez aussi aménager les combles, ils sont prévus pour ça, sans poutres au milieu. Et le cagibi au fond du couloir, pourquoi est-il si long ? C’était pour y faire un escalier. Mais pour l’instant il n’y a qu’une trappe. En économisant le loyer que vous versez actuellement, vous pourrez la rénover et la mettre à votre goût. Au moins, faire la chambre du petit avant son arrivée. Parce qu’on a rendez-vous chez le notaire samedi prochain. Après, je vous donne les clés et je pars pour Valence.
- — Retrouver votre Jocelyne ?
- — Ouiiii… dis-je avec un grand sourire.
- — Tout va bien pour vous, alors ?
- — Très bien, très très bien, même, merci Chloé.
- — Vous reviendrez voir votre petite fille, j’espère ?
- — Bien sûr, et vous passerez nous voir à Valence, hors-saison, on a de quoi vous loger !
Deux ans plus tard, l’hôtel-bar-restaurant est rénové. Nous avons terminé par la façade, ce qui était le moins urgent. D’abord les chambres, étage par étage, puis la salle de restaurant et la cuisine en même temps, et enfin le bar et la réception. Maintenant, plus de clés, tout est informatisé et par cartes. Les personnels ont été très surpris que je passe autant de temps avec eux pour décider des travaux à effectuer, les couleurs, les revêtements, la disposition. Pour moi, c’est avant tout leur outil de travail, ils le connaissent, savent où se trouvent les défauts, autant y remédier. En deux années rendues difficiles par les travaux, personne n’est parti, personne n’est arrivé, ça a bien soudé l’équipe, et tout fonctionne mieux. On a gagné du temps sur à peu près tous les domaines, et c’est précieux. Le temps gagné, c’est du temps à consacrer à l’accueil et au bien-être des clients. Dès la façade rénovée et de bonnes appréciations sur Internet, la fréquentation est remontée en flèche. Un grand groupe, pourtant exigeant, nous a fait des appels du pied, et c’est une enseigne reconnue que nous affichons désormais, en ayant gagné deux crans au classement et légèrement augmenté les tarifs.
Antoine et Chloé viennent passer un mois de vacances chez nous, avec la petite Aurore. Ils trouvent la région magnifique, et Antoine passe beaucoup de temps à la pêche, seul dans les rivières à truites de l’Ardèche. Curieusement, ils annoncent quelques semaines plus tard que Chloé est de nouveau enceinte, espérant donner un petit frère à Aurore. Non ! Je n’ai pas trompé Jocelyne. Elle savait comment Aurore avait été conçue et elle m’a dit que j’avais très bien fait de rendre ce service à mon fils. Et elle était d’accord pour que je le lui rende une seconde fois. Chloé est restée une sacrée baiseuse…