n° 19895 | Fiche technique | 32044 caractères | 32044Temps de lecture estimé : 19 mn | 10/11/20 corrigé 02/06/21 |
Résumé: Comment vivre et aimer en temps de guerre ? Une histoire somme toute banale, celle de deux jeunes en quête de plaisirs là où la folie des hommes dévaste tout. | ||||
Critères: fh jeunes amour cérébral revede odeurs pénétratio -prememois | ||||
Auteur : Onyx31 Envoi mini-message |
Prologue
Sarajevo, ville étonnante, une de mes capitales européenne préférées dans laquelle j’ai séjourné de nombreuses fois. Elle a ce parfum inimitable et la richesse des cités multi civilisationnelles.
Lors de mon premier passage j’ai été profondément marqué par le devoir de mémoire vis-à-vis de la guerre des Balkans. Non pas une commémoration confinée dans des musées ou des mémoriaux, non, mais une présence vivante à chaque coin de rue, que ce soient les impacts de balles sur les façades des immeubles, les « roses de Sarajevo » immortalisant les impacts d’obus sur les trottoirs ou ces cimetières improvisés au détour d’un square, égrenant les noms des victimes.
Impossible d’y échapper et de ne pas essayer de comprendre. Je me suis alors plongé dans cette histoire si récente et pourtant si méconnue.
Je connaissais la guerre et ses atrocités, évidement, mais là, allez savoir pourquoi, la barbarie de l’épuration ethnique prenait corps devant moi. Ce n’était plus seulement des mots dans des livres mais des tranches de vie humaine brisées à tout jamais.
Le choc fut d’autant plus violant que cela se passait en Europe, à deux heures de vol de chez moi, alors qu’à cette époque, fraîchement diplômé, je parcourais le monde insouciamment au guidon de ma moto.
NDLA : le texte suivant n’est que pure fiction. Certaines scènes sont violentes et pourraient choquer la sensibilité de certains.
*****
3 septembre 1993 - 18 h 15
Le siège de la ville dure depuis plus d’un an.
Une éternité.
Le contact d’une main sur ma joue m’éveille en sursaut. Rien d’inhabituel, en fait. Depuis le début de cette guerre, je ne me rappelle plus avoir fait une nuit complète et sereine. Dormir est un luxe dont personne ne dispose ici. Je dirais plutôt que nous somnolons quand nous le pouvons ou quand nous sommes trop épuisés.
Hier, la BBC disait qu’il tombait en moyenne 320 obus par jour, soit presque treize toutes les heures, un toutes les cinq minutes. Oui, j’ai toujours été bon en math, enfin, ça c’était avant, quand j’allais au lycée. Comment dormir dans ces conditions-là ?
Nous vivons dans la peur permanente, avec un seul objectif : survivre.
J’ouvre les yeux et je vois ma mère au-dessus de moi, avec son regard bienveillant. Elle n’a pas besoin de parler, j’ai compris : c’est l’heure et il me faut y aller. J’ai peur, comme à chaque fois.
À tous ceux qui ne connaissent pas Sarajevo, je dirais que c’est une ville magnifique. Il doit en exister de plus belles, comme New York ou Paris, mais, en fait, je n’en sais rien, je n’ai jamais voyagé. La cité est dans une cuvette entourée de collines. Je me rappelle qu’étant petit, nous partions chaque dimanche en famille pour piqueniquer sur les hauteurs. C’était les jours heureux, d’autant que je me rappelle, mais c’était avant, il y a si longtemps, avant que l’artillerie serbe n’encercle la ville depuis les crêtes et ne déverse sur nous son déluge de feu.
Parce qu’aujourd’hui, Sarajevo, c’est l’enfer sur Terre.
Je me lève et serre ma mère dans mes bras. Elle ne pleure pas, non pas qu’elle n’en ait pas envie, mais nous avons tellement versé de larmes que nous devons être à sec pour les cinquante prochaines années.
Ici chacun a son rôle.
Le mien est d’aller chercher de l’eau car cela fait belle lurette que les robinets sont à sec. Les Serbes ont tout coupé dès le début du siège. Les nôtres font ce qu’ils peuvent pour rétablir l’eau et l’électricité en quelques points de la ville, mais c’est un exercice périlleux, une sorte de jeu macabre du chat et de la souris. Au moindre attroupement, l’artillerie serbe nous pilonne et détruit tout. Nous essayons donc d’être plus malins, mais c’est sans compter sur les snipers. Ils sont là, redoutables, infiltrés partout. Rien ne leur échappe et leurs balles sont telles la faucheuse, invisibles, semant la mort à tout-va. Ils tirent sur tout ce qui bouge, femmes, enfants, et même les chiens, enfin, tant qu’il y en avait encore, avant qu’ils n’aient tous finis dans nos assiettes.
Quitter les décombres de notre immeuble me terrifie, mais je n’ai pas le choix.
C’est au crépuscule ou à l’aube que nous avons les meilleures chances de succès pour échapper à leur vigilance. J’ai bricolé une brouette pour transporter solidement deux jerricans de vingt litres. Je sais, c’est dérisoire, mais c’est le meilleur système que j’ai trouvé. De toute façon, il est rarissime de pouvoir les remplir, car dehors, pour survivre, tu n’as pas le choix. Courir en zigzaguant et surtout avoir de la chance.
Un dernier regard à ma mère et c’est parti. Je fais abstraction de tout, surtout des balles qui sifflent à mes oreilles. Regarder où je mets les pieds, ne penser à rien, juste courir en évitant de tomber, sinon c’est la mort assurée.
Dix minutes d’une course effrénée et me voici arrivé au premier point de ravitaillement. Une citerne reliée à la gouttière d’une maison dont un morceau de toit est miraculeusement intact. Chiotte, elle est presque vide. Je trouve juste de quoi remplir la moitié d’un de mes jerricans. Ce n’est pas assez. De l’eau, c’est sûr que j’en trouverai à l’ancien puits que les hommes ont réhabilité la semaine dernière. Mais c’est loin et, surtout, de l’autre côté de la Miljacka. Cela signifie traverser la rivière par un pont et ça, c’est ce qu’il y a de plus dangereux.
Mais hier je n’ai pas pu sortir et nos réserves sont à sec.
Je n’ai pas le choix, je dois y aller, car là-bas ils comptent sur moi.
Mes mains tremblent, c’est toujours comme ça quand j’ai peur. Dans ces cas-là, je pense à mon père et à tous les hommes qui sont quelque part dans les tranchées disséminées dans les bois aux alentours. Leur sacrifice est essentiel, ils sont notre dernier rempart pour empêcher les Serbes d’entrer en ville.
J’aimerais tellement qu’il soit fier de moi.
Je serre les poignées de ma brouette et repars.
Courir, respirer, ne penser à rien.
À force de sortir, je connais la ville comme ma poche, car il est impossible de prendre les grandes artères dégagées. Je tourne et contourne par les petites ruelles, les arrières-cours d’immeubles. Plusieurs fois, je dois faire demi-tour, le passage étant bloqué par de nouveaux éboulis.
J’arrive enfin au pont de Vrbanja. Plusieurs carcasses de voitures criblées de balles en jonchent le tablier. Je reprends mon souffle quelques minutes. J’étudie la trajectoire que je vais emprunter et, surtout, je cherche un endroit où m’abriter de l’autre côté.
J’hésite, mais cela ne sert à rien, je le sais.
C’est entièrement à découvert et je serai une cible facile. Mais je n’ai pas le choix, il me faut y aller, il me faut passer, coûte que coûte.
Papa et maman, je vous aime.
GO. Je me lance aussi vite que je peux en poussant ma brouette. Les balles sifflent, j’entends leurs impacts, je zigzague encore et toujours.
Ne pas tomber, courir sans relâche.
Enfin de l’autre côté.
Je me laisse glisser derrière un mur éboulé hors d’haleine. Je dois avoir battu le record olympique de la course à la brouette !
Encore quelques centaines de mètres et j’arrive dans un ancien garage automobile où se trouve le puits. Je ne suis pas seul, trois femmes s’affairent à remplir leurs bidons.
Elle me donne un coup de main en actionnant la pompe manuelle. Le dernier jerrican est à moitié plein qu’un obus éclate non loin de là, faisant trembler le sol. Puis un autre, quelques secondes après.
Sans demander mon reste, je les suis à travers les décombres sous la pluie mortelle. Quelques minutes plus tard, nous arrivons au pied d’un immeuble, sains et saufs. Je laisse ma brouette, embarque mes deux bidons et nous descendons dans les caves.
Les obus continuent de faire trembler le sol.
Je me laisse guider dans le dédale de cet abri improvisé. Il ressemble beaucoup au nôtre, où s’entassent tant bien que mal femmes, enfants et vieillards. Les hommes, eux, sont au front.
Je m’exécute. Elle m’emmène dans une pièce où trônent en son centre une table et quelques chaises, un vrai luxe par les temps qui courent. Tout autour, contre les murs, des matelas à même le sol complètent le mobilier.
Assis sur une des chaises, un homme. Il se lève d’un coup et se jette dans les bras d’Ajla.
Je tends l’oreille. Effectivement, les déflagrations persistent. Il faut dire qu’avec le temps, je n’y fais plus vraiment attention. Mais il a raison, c’est trop dangereux de sortir.
Je sais qu’elle a raison, mais peu importe, je ne peux m’empêcher de penser à elle et à la nuit atroce qu’elle va passer à se morfondre, morte d’inquiétude pour moi.
Entré comme une furie dans la pièce, il s’arrête net devant moi.
Juste à ce moment, telle une Vénus, illuminant la pièce de sa blonde chevelure, une déesse entre en tenant dans ses mains une marmite fumante.
Elle pose la marmite sur la table et vient me serrer la main. Je m’exécute, mais je suis déjà noyé dans l’immensité de ses yeux bleus.
C’est Ajla qui me sauve de mon mutisme.
Toute la famille prend place autour de la table. Les assiettes sont vite installées et Ajla les remplit.
Je me tourne vers elle pour la regarder. Elle est magnifique, une oasis de beauté dans ce désert de ruines et de laideur qu’est devenu notre ville.
Tout le monde rit de bon cœur.
Rire est aujourd’hui aussi vital que boire et manger. C’est ce qui nous fait rester encore un peu humains, ce qui nous empêche de n’être que des corps affamés uniquement à la recherche de nourriture, histoire de survivre un jour de plus.
Ce repas est fabuleux, non pas par son menu, mais par l’espoir et cet inébranlable désir de vivre qu’il distille. Durant ces quelques minutes, toutes les souffrances, la faim, les peurs et problèmes quotidiens sont oubliés. Il n’y a plus que des gens heureux d’être ensembles à partager ce moment.
Une énorme secousse ébranle tout l’abri. L’unique ampoule servant d’éclairage s’éteint.
C’est le noir complet.
Seuls les pleurs et les cris de petits enfants au loin troublent le silence.
Suit une autre déflagration, plus puissante.
J’entends bouger, puis une allumette craquer et une flamme vacillante éclaire d’un pâle halo la jeune fille.
Tout le monde se lève, les filles prennent des couvertures et nous nous installons les uns contre les autres. Ajla se blottit contre Andrej, Mirsad se colle à sa mère et Azra vient contre moi.
À chaque impact d’obus, nous nous arrêtons de respirer.
Il n’y a rien à faire, uniquement attendre et espérer.
Azra prend ma main et la serre à m’en faire exploser les jointures.
C’est alors que Mirsad se lève et va farfouiller sous un tas de chiffons. Il en extrait une flûte en plastique blanc et se met à jouer la neuvième symphonie de Beethoven, l’hymne européen.
Les larmes coulent sur son visage, chaque choc d’obus le fait sursauter en laissant s’échapper un couac.
Une fois le morceau fini, il recommence. Azra me glisse à l’oreille que c’est le seul morceau qu’il connaît et qu’il fait cela à chaque bombardement, quand il a trop peur. Après trois ou quatre reprises, il s’arrête et retourne contre sa mère.
Azra pose sa tête contre mon épaule. À chaque explosion, elle tressaille et se colle un peu plus contre moi. Je sens la chaleur de ses larmes couler contre ma peau.
Je ne vaux pas mieux : je suis pris d’une peur panique que j’essaie de dissimuler tant bien que mal. Mourir là, enseveli, me terrifie. Je n’oublierai jamais ce jour maudit, le 23 juillet dernier où 3777 tirs d’obus ont fait d’innombrables victimes jusque dans les caves. Je prie pour que ce bombardement infernal s’arrête. Mais, paradoxalement, il y a cette fille magnifique qui se blottit un peu plus contre moi, à chaque impact, et ça, je voudrais que cela dure indéfiniment.
Je me réveille en sursaut.
Silence.
Le bombardement semble terminé et nous sommes toujours vivants. La bougie est éteinte, tout est noir autour de moi. J’entends juste des ronflements, certainement Andrej.
Azra est toujours contre moi et sa respiration régulière me rassure. Je n’ose remuer afin de la laisser dormir, mais mon bras ankylosé me fait mal. J’essaie de le bouger un peu, tout doucement. Pas de chance, je l’ai réveillée.
Elle me lâche, s’allonge sur le matelas et tire la couverture à elle. Je la rejoins et elle vient se coller contre moi, son bras entourant mes épaules.
Je suis bien.
Je sens son souffle chaud sur ma nuque, mais surtout, deux pointes dans mon dos. Ça y est, mon imagination s’emballe. J’essaie de visualiser ses seins, comment sont-ils ? À part ceux de ma mère, que j’ai entraperçus quelques fois, je n’en ai jamais vus. Enfin, en vrai. Car, avant la guerre, j’ai bien lu quelques revues pornos que s’échangeaient les plus grands. Les femmes y avaient des poitrines énormes dans lesquelles je rêvais d’enfouir ma tête. Mais les siens, quelle forme ont-ils ? Porte-t-elle un soutien-gorge ? Quelle texture ont-ils ? J’aimerais tant les caresser et les embrasser.
Merde, je bande comme un âne. Je ne me rappelle même plus la dernière fois où cela m’est arrivé, pas mieux que la dernière fois où je me suis branlé. Avant la guerre, je suppose. Je me sens si bien dans ses bras.
Non, je ne vais pas oser me masturber là, non, pas possible. Pourtant j’en ai terriblement envie.
Et sa chatte, elle est comment ?
Il me faut penser à autre chose, sinon je ne pourrais pas me retenir.
Papa, où es-tu ? Cela fait si longtemps que nous n’avons pas eu de tes nouvelles. Es-tu toujours vivant ?
J’y suis allé une fois, sur le front, il y a quelques mois, pour approvisionner en armes nos combattants. J’avoue que je ne comprends rien à cette putain de guerre. Pourquoi l’ONU nous livre des armes et des vivres, hein ? Pour nous laisser crever sous les bombes ? Sans armes lourdes, on ne pourra jamais déloger ces putains de Serbes des collines. Et eux, de toute façon, ils ne sont pas assez nombreux pour prendre la ville. Alors ils se contentent de nous bombarder pour nous écraser jusqu’au dernier, et ce sont nos pères et nos frères qui meurent chaque jour dans les tranchées. Bientôt, ce sera à moi d’y aller… et de mourir. Cela me terrifie, je me recroqueville.
Quel monde de merde.
Je fais un bond. Rien de grave, c’est seulement Azra qui chuchote à mon oreille.
Elle me prend par la main, se lève et traverse la pièce en silence. Elle m’entraîne dans le dédale des caves. Je ne vois pas grand-chose, juste une lueur blafarde qui donne une vague idée des lieux. Tout le monde dort encore.
Nous montons l’escalier. Dehors, le jour commence à poindre. Une fois suffisamment éloigné des autres, elle me regarde, l’œil pétillant, et accélère en montant les marches deux à deux.
Nous arrivons à l’étage, elle entre dans chaque appartement. Certains sont éventrés, mais tous sont sens dessus dessous. Elle continue à chercher. C’est au quatrième qu’elle arrête sa course folle. Il y a là une chambre ; une partie du mur est effondrée, mais ils sont toujours là, comme un trésor inestimable : un lit et son matelas.
Elle se tourne vers moi et embrasse goulûment mes lèvres.
Je ne comprends rien.
Sa langue envahit littéralement ma bouche à la recherche de la mienne. Ses mains enserrent ma tête. Je me laisse faire. Je ne sais trop quoi en penser : ça n’a rien d’extraordinaire, contrairement à ce que j’avais imaginé.
Je fais alors comme au cinéma. Je la serre tout contre moi en laissant ma langue virevolter avec la sienne. Et c’est là que je sens mon sexe durcir. Une irrésistible envie, une pulsion incontrôlable, je perds la raison. Ma main gauche lui empoigne la tête pour mieux l’embrasser alors que ma main droite se pose sur ses fesses pour la plaquer contre moi.
Que j’aime sentir mon pénis durcir contre elle !
Elle s’écarte, à bout de souffle. Je ne vois que ses yeux de braise pétiller. Elle enlève prestement ses chaussures, son pull et sa robe.
Et elle est là, devant moi, nue, enfin, presque, seulement avec sa culotte et ses chaussettes.
Ses seins sont adorables, pomme ou poire, je n’en sais rien, ils pointent juste vers moi pour me narguer. Je vais pour les empoigner, mais elle m’arrête.
J’ai compris. Elle m’aide à ôter ma veste, mon tee-shirt valse en une seconde et elle s’attaque à la ceinture de mon jean.
Mes mains, quant à elles, sont déjà sur ses adorables seins.
Débarrassé de mon pantalon et de mes chaussures, je la pousse sur le lit.
Ses yeux bleus me lancent un regard de défi. Elle écarte les bras et les jambes, ne laissant aucun doute sur ses envies.
C’est la première fois, pour moi.
J’hésite.
Elle est magnifique ainsi offerte.
Je me rappelle alors ce dont parlaient les grands, avant la guerre. Faire minette, qu’ils disaient. Ça les rend folles de plaisir, paraît-il.
Je me mets alors à genoux devant elle, pose mes mains sur le bord de sa culotte de coton maculée de taches. Elle soulève légèrement le bassin pour me faciliter la chose. Je la fais glisser.
La voilà nue devant moi.
Je ne vois rien, enfin, si, juste une touffe de poils blonds en bataille, cachant son intimité entre ses cuisses. Je m’avance religieusement vers sa chatte, prêt à y enfouir ma langue. Je commence à la caresser avec mon nez, mais l’odeur âcre de l’urine et de la crasse est trop forte, cela me rebute.
Je me laisse alors aller, je caresse sa toison avec ma joue, mon oreille. Quelle douceur que de sentir le contact de ses poils soyeux contre ma peau.
Ma tête remonte. Je couvre son ventre de caresse et de petits baisers, je laisse ma langue jouer avec son nombril. Je continue de remonter vers ses seins qui m’hypnotisent. Elle sent la transpiration, mais je dois puer le fennec, ma dernière douche remontant à plus d’un an.
Mais là, je m’en fous, je ne vois que ses seins et leurs petits bouts tout plats. Ma bouche s’empare du premier à sa portée, je le suçote, le mordille. Elle se cambre, signe qu’elle doit apprécier. Je sens ses pieds contre mes hanches. Elle essaie de faire glisser mon caleçon. Message reçu, je l’aide.
Nous voici nus tous les deux.
Je remonte vers elle en plantant mon regard dans ses yeux bleus. Mon sexe frôle sa chatte. Je bouge un peu, elle aussi… et je la sens, là, l’entrée de sa grotte déjà toute mouillée.
De concert, nous donnons tous les deux un grand coup de reins et me voici plongé dans le saint des saints.
Mon Dieu que c’est bon !
C’est chaud et humide, juste incroyable, inimaginable !
Une sensation indescriptible traverse tout mon être.
Elle bouge le bassin et je sens le bout de mon gland buter contre la paroi de son vagin.
Une décharge m’électrise.
Nous reprenons de concert, nos rythmes s’accordent et je la pénètre de plus belle, de plus en plus vite.
Oh oui, ça vient, ça monte de mes couilles, je le sens… une envie irrépressible… je m’abandonne en elle alors qu’elle m’accompagne en plaquant son bassin contre le mien, m’extirpant des cris de soulagement alors que mon corps est parcouru par de violents spasmes.
C’en est trop pour moi, je m’affale sur elle, tout essoufflé mais profondément comblé, ou vidé, je ne sais plus trop.
Mes neurones se reconnectent juste et je réalise alors combien c’était somptueux, mais beaucoup trop bref et, surtout, il semble bien que je suis le seul à avoir pris du plaisir.
Elle m’attire tout contre elle, je pose ma tête contre son sein et profite seulement de l’instant présent. Je sens sa main dessiner des arabesques dans mes cheveux, enfin, dans ma tignasse crade.
Je suis dans un autre monde.
Ma main se promène sur son corps, mes doigts caressant sa peau blanchâtre. Tel un aimant, mes doigts sont attirés vers sa touffe de poils luisants.
Silence.
Mes doigts continuent de jouer avec les bouclettes recouvrant son pubis. Ils commencent timidement à se balader aux entournures, caressant les plis de l’aine, puis s’engaillardissent pour trouver cette humidité, ses lèvres chaudes, glissantes, envoûtantes, comme si elles m’ordonnaient de les prendre.
Il n’en faut pas plus pour revigorer mon sexe.
C’est elle qui prend l’initiative. Elle me bascule sur le matelas et s’assoit sur moi à califourchon. Elle est sublime, ses longs cheveux blonds tombant sur son dos, ses seins fringants me provoquant et, toujours, ses yeux emplis de gourmandise qui me dévorent.
Elle se soulève légèrement, prend mon sexe dans une main et le guide au plus profond d’elle-même.
Elle s’enfile littéralement sur moi.
Je profite de ce plaisir si fort tout en l’accompagnant. Mes mains sur ses fesses, je me cale sur sa cadence.
Elle se fige, traversée par de multiples frissons, puis reprend son va-et-vient.
Je la laisse aller à son rythme, elle alterne les allures, puis se tétanise en fermant les yeux, et recommence.
Son corps n’est plus qu’un réceptacle à sensations. Je suis subjugué, émerveillé par ce spectacle d’une grâce sans nom. À chaque mouvement, elle s’étire un peu plus, m’offrant la jouissance de ses formes exquises et si excitantes. Le soleil levant illumine son corps magnifique à la manière d’un éclairagiste cherchant à mettre en valeur une danseuse étoile. Elle accélère son balancement. Avec mes mains, j’écarte ses fesses pour que qu’elle puisse s’empaler plus profondément sur moi. Sa réaction est immédiate. À chaque coup, sa respiration s’accélère, sa tête bascule un peu plus en arrière, ses lèvres s’entrouvrent, ses yeux sont exorbités et sa bouche prête à crier, elle se cambre encore plus…
Et la détonation, assourdissante.
Je reconnaîtrais ce bruit entre mille, celui d’une balle déchirant la chair.
Son visage se fige, à la place de son sein gauche, un trou béant.
Elle s’affale sur moi. Je sens son sang chaud couler sur mon corps, mon sexe toujours planté en elle.
Épilogue
4 septembre 2003
Cela fait dix ans jour pour jour.
Dix ans à vivre ou à non vivre.
Au fait, vivre, c’est quoi ?
Dix ans à ne plus pouvoir fermer les yeux, sous peine de la voir s’affaler sur moi, sans vie.
Dix ans de thérapies diverses et variées.
Dix ans à ne voir que son visage se figer, alors qu’il était sur le point de jouir.
Pourquoi la balle ne nous a-t-elle pas fauchés tous les deux à ce moment-là ?
Pourquoi vivre ?
Pourquoi, pourquoi, pourquoi ?
Pourquoi est-elle morte ?
Le monde est-il meilleur depuis ?
Mais qu’est-ce qu’on s’en fiche, non ? Serbes, Croates, chrétiens ou musulmans, blancs ou noirs, ne sommes-nous pas tous humains ?
Le monde est fou.
Quel est le sens de tout ça ?
Je n’en vois aucun.
Qu’est-ce ce que je fais encore là ?
Je n’en sais fichtre rien.
Je tourne la tête. Sur la table de nuit, des boites de médicaments vides et une bouteille de vodka.
Allez, un dernier coup.
Azra, attends-moi, j’arrive.
*****
PS : Il y a quelques mois, j’étais une fois de plus à Sarajevo et jamais les tensions inter communautaires ne m’ont semblées aussi vives, exacerbées par les responsables politiques et religieux, comme malheureusement dans de nombreux autres pays.
L’Histoire se répétera-telle ?
Quand apprendrons-nous enfin de nos erreurs, pour ne plus reproduire les horreurs passées ?