n° 20031 | Fiche technique | 67847 caractères | 67847Temps de lecture estimé : 37 mn | 26/01/21 corrigé 01/06/21 |
Résumé: Un homme aux prises d'une routine oppressante se remet en question. Une surprenante découverte va bouleverser le cours de sa vie. | ||||
Critères: fh extracon candaul hotel caférestau jalousie dispute reconcil cérébral fellation cunnilingu pénétratio confession -extraconj -candaul | ||||
Auteur : L'artiste Envoi mini-message |
Cette histoire fit déjà l’objet d’une série en 2019 : « Douche froide pour une chaude réalité ».
Ne me satisfaisant pas totalement, j’ai décidé de la retravailler et de l’épurer… j’en ai même réécrit certains passages.
Je vous propose donc ici cette nouvelle version.
Bonne lecture !
Mortelle routine
Un verre de scotch, Robert Cray en fond sonore et une lumière tamisée comblent l’atmosphère. La pendule du salon affiche une heure et quart, je me sens tellement seul : fichues insomnies… !
Natacha, quant à elle, dort. J’ai envie d’elle ! Est-ce du désir, ou bien simplement une réaction physiologique provoquée par l’abstinence ?
Je lui rends une petite visite, un genou dépasse de la couette, elle m’émerveille. Je la trouve si belle dans les bras de Morphée… je la préférerais tout de même dans les miens. D’une main, je lui dégage le visage de ses mèches rebelles, de l’autre lui caresse la cuisse qui, ainsi révélée, appelle à la tendresse. Elle frissonne, je la recouvre. Enfouissant mon nez dans son cou, je m’enivre quelques instants de son odeur, lui dépose une bise bienveillante sur le front puis repars. Quelles étranges sensations que me procure cet amour chaleureux ressenti en l’embrassant et qui s’opposent à ce désir charnel si ardent ! Je n’ai toujours pas sommeil, mais la réveiller serait bien trop risqué et se solderait inévitablement par un conflit plutôt que par une partie de jambes en l’air, je rejoins mon canapé.
Les hormones s’emballent, malgré la culpabilité je rends les armes. Allumant la télé, je tape « Blowjob U Porn » sur le moteur de recherche internet. La première vidéo fera l’affaire : une blonde mignonnette lèche goulûment un phallus démesuré.
Mon besoin devient bestial, je me masturbe frénétiquement. Inutile de faire durer le plaisir, plus vite je jouirai et plus tôt je me débarrasserais de cette tension oppressante. L’actrice crache sur le gland du gourdin qui explose à son visage, moi je me vide dans ma main et récupère ma liberté. Je me sens esclave de mes pulsions, le sexe prenant sans cesse le dessus sur la décence envoie systématiquement valser mes cellules grises aux oubliettes. Me branler comme un ado, j’ai honte !
Les remords me submergent : pauvre fille, quand même ! Aimait-elle vraiment cela ou était-elle contrainte ? Peut-être était-elle exploitée ? Serait-ce la difficulté de l’existence qui, pour survivre, lui imposerait de se résoudre à cajoler des kilomètres de queues pour exciter plus d’un million de voyeurs immoraux ? En visionnant cela, j’ai cautionné ces pratiques affligeantes et je m’en veux.
Un passage à la salle de bain, et je me couche enfin. Prenant Natacha dans mes bras, je savoure un instant la chance m’étant accordée, de quoi aurais-je à me plaindre ? Ma femme, si belle, si sensuelle, innocente et sans faux-semblants aime notre complicité et s’offre, pas assez souvent selon moi, mais elle se donne pourtant avec cœur et sans contraintes. Une bise dans son cou et je m’endors.
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Je suis architecte et passe bien cinquante heures par semaine avec mon associé. Dur dur d’être patron d’une petite entreprise : beaucoup de labeurs, trop d’investissement personnel et de pression, tellement de problèmes pour finalement engranger des revenus modestes que j’aurais souhaités plus confortables.
Natacha, quant à elle, est secrétaire de direction dans une boîte de marketing. Mariés depuis huit ans, nous formions durant des années un couple fusionnel, autant sur l’intellect que sur le plan sentimental et charnel. Nous partagions les mêmes valeurs ainsi qu’une philosophie de vie identique, et nourrissions, comme certainement beaucoup de ménages, le désir de fonder une famille. J’emploie le passé, car tout est bien plus compliqué maintenant, les exigences de nos carrières respectives ayant pris l’ascendant sur notre complicité ne nous laissent plus beaucoup de temps pour les loisirs et les rapprochements.
Ma femme continue d’absorber la pilule mensuelle, je rajoute des rendez-vous dans mon agenda professionnel, et nos rapports s’espacent inexorablement pour devenir bien trop rares et fades à mon goût. Bien que la passion des premiers jours se soit un peu émoussée, l’amour ainsi que la tendresse demeurent malgré tout présents, exacerbant la frustration liée au manque de libido qui s’établit de plus en plus durablement.
Je m’ennuie ! Le temps s’écoule tellement lentement, nous nous enlisons dans une situation stérile et irrémédiablement bien ancrée. Où tout cela nous mène-t-il donc ? Pire, je m’aperçois que je commence même à me satisfaire de mes masturbations quotidiennes, devenues à la longue routinières, faciles et jouissives !
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Il est plus de vingt heures lorsque je franchis le seuil de mon domicile. Le repas m’attend, et comme à l’accoutumée, Natacha se lève pour venir à ma rencontre et m’accorder le timide baiser au coin des lèvres rituel, puis nous passons à table. Le programme de la soirée est lui aussi prédéfini : un câlin, et le massage de pieds traditionnel lui permettant de libérer la pression accumulée à son travail.
Vingt-deux heures trente, c’est l’heure du coucher et Nat s’endort peu à peu sur mon épaule. Son assoupissement gagne au fur et à mesure que mon désir, lui, monte. Impatient, j’ai hâte de pouvoir assouvir, sans risque d’être dérangé, mes pulsions dégradantes et replonger dans mon univers de débauche et de vices. Son sommeil semble maintenant suffisamment lourd, je me lève à tâtons pour ne surtout pas la réveiller et l’embrasse sur le front avant de rejoindre mon sofa.
Un scotch, une musique d’ambiance, je reste dans le noir. Les yeux clos, je visualise ma belle nue et désireuse. J’entame doucement mon activité tant attendue en imaginant mon ange dans des positions plus subjectives les unes que les autres…, et ma branlette s’intensifie. Une cause perdue, j’éprouve beaucoup d’excitation, mais la jouissance ne vient pas. « U Porn » me permettra peut-être d’atteindre, une fois de plus, l’exquise délivrance. À l’écran, une salope, ce n’est pas moi qui le dis, c’est noté au marqueur sur son cul. Ravissant, soit dit au passage, quel dommage ! Cela me refroidit et le semblant de bon sens qui me reste me dissuade d’en voir plus. Oublions vite cette vidéo et passons à la suivante. Une brune vulgaire aux nichons disproportionnés s’exhibe… un coup de pelle supplémentaire enterrant un peu plus encore la finalité attendue en m’appuyant sur ce genre de films. J’aime le vrai, le féminin, le vivant ! Les petits seins m’interpellent tout autant que les plus imposants à partir du moment qu’ils sont issus de mères Nature, tout ce silicone me refroidit.
Le porno ne fonctionnant pas ce soir, j’ai envie de parler, de communiquer, de partager des idées et des ressentis avec une personne qui pourrait compatir à mon supplice. Je me connecte donc sur un site de rencontres local. Survolant les profils, certains attirent mon attention plus que d’autres : « Fleur du mal », avec de jolis pieds faisant face à l’océan ; « Aux plaisirs », montrant une bouche pulpeuse enduite d’un rouge à lèvres flashy ; et « Gourmande 634 » affichant un gros plan de sa croupe dénudée. J’envoie quelques coucous, mais ne reçois aucune réponse… Rien d’étonnant, une pastille grise me signale leur absence.
Personne, tant pis, je poursuis malgré tout l’inspection des différents profils. Je surfe donc et rêvasse lorsqu’un autre abonné tente de me contacter : « Apollo 69 ».
- — Hello mec ! Alors, dis-moi, trouves-tu quelque chose à te mettre sous la dent ?
- — Pff ! Non, pas vraiment !
Je parcours sa fiche : « homme hétéro, 44 ans, bien monté, cherche le bonheur de ses dames ». Pas vraiment modeste, le gaillard, mais bon, on se vend comme on peut ! Pour sa défense, la photo qu’il expose de sa virilité s’avère effectivement convaincante, des amatrices apprécient certainement ce genre de mastodonte. Il me répond :
- — Mouais… beaucoup de profils aguicheurs, pas beaucoup de concret ! Je soupçonne le site d’en mettre pas mal de fictifs pour attirer les mecs, mais heureusement, certains sont quand même bien réels.
Sa constatation m’interpelle.
- — Rencontres-tu beaucoup de monde ici ?
- — C’est plutôt rare, mais ça m’arrive…
- — Eh bien, moi, certes je ne me connecte que peu souvent, mais je n’obtiens jamais de retours. Je finissais par penser que tout était bidon !
- — Certains profils sont bien réels, rassure-toi ! Essaie donc « Gourmande 634 », je te garantis qu’elle porte très bien son pseudo… !
- — Ah oui ? Vous êtes-vous contentés de discuter, ou bien l’as-tu rencontrée ?
- — J’ai eu cette chance trois fois et elle m’a asséché les couilles, une vraie morfale ! Craquante comme tout, elle adorait ma queue !
- — Eh bien, une femme qui aime le sexe, je pensais que ce n’était qu’un mythe ! J’ai vu son profil tout à l’heure, une jolie croupe en effet ! Je lui ai envoyé un message, mais n’ai pas eu de nouvelles non plus.
- — C’est assez rare qu’elle réponde le soir, mariée, elle ne se connecte habituellement qu’en journée. Tente plutôt ta chance demain, mon gars ! Allez, je te laisse, moi je vais me pieuter. Ciao, mec !
- — Salut, Apollo, et bonne nuit !
Par curiosité, je retourne sur la fiche de Gourmande : « Jeune femme de 29 ans, bi, sportive, je souhaite juste prendre du plaisir et vous en procurer. J’essaie de répondre à tout le monde, mais comme vous êtes nombreux, cela demande un certain temps. Bises coquines ! » J’ouvre son album dans lequel se trouve une dizaine de clichés, tous floutés, car ce dernier est privé. Je zoome sur sa photo de profil qui se pixélise tant que ça ne mène à rien. Les valseuses pleines et les idées confuses, j’hésite à lui poster un message. Je sais bien que je ne devrais pas, je le rédige pourtant en me pignolant et finis par l’envoyer :
- — Jolie croupe bien appétissante ! Je souhaiterais mieux vous connaître. Bises, Gourmande !
Voilà, je jouis abondamment…, et fatalement, je regrette !
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L’alarme du réveil me sort de mon sommeil et ma femme, toujours endormie, tient en sa main ma gaule matinale. Tentant de profiter de l’aubaine, je me rapproche, lui dépose quelques tendres baisers sur l’épaule, lui caresse doucement les hanches puis m’abandonne sur sa poitrine. Elle s’étire, puis soupire :
Frustré, je me lève. Une boisson chaude, deux tartines, une douche, je réveille mon ange qui embauche après moi et file au bureau, car le devoir m’appelle !
Une fois sur place, je mets en chauffe la machine à café pour attendre Simon, mon associé, et profite de ce moment de tranquillité pour télécharger l’appli de rencontre sur mon smartphone.
Neuf heures vingt, roulant pour me rendre sur l’un de mes chantiers, je sens mon téléphone vibrer dans ma poche. Me garant sur le bas-côté, je regarde qui peut bien chercher à me contacter : le message provient des « Coquines bretonnes », Gourmande 634 m’a répondu.
- — Salut, L’artiste, j’ai hâte de vous connaître ! Je serai connectée pendant la pause déjeuner si vous souhaitez discuter un peu. Bises coquines !
« L’artiste », c’est mon pseudo ! Je sais, ce n’est pas très original…
Bien qu’absente, son album privé m’est ouvert, j’accède donc à ses photos. La croupe au galbe appétissant appelle à la caresse ; un pied, fin et entretenu ; la blancheur d’une main manucurée tranche avec le hâle du sexe emprisonné entre ses doigts ; le nombril repose sur un ventre plat ; la bouche, sensuelle, n’inspire qu’à lui rendre le baiser qu’elle nous souffle ; et les seins, généreux et naturels. Comment une si belle femme se retrouve-t-elle sur ce genre de site, a-t-elle vraiment besoin de cela pour s’envoyer en l’air ? Je clique sur chacune d’entre elles et passe assez vite de l’une à l’autre, un détail me trouble. Je rouvre le cliché de la croupe offerte, mouais… j’en sais rien ! Je reprends la route.
À peine arrivé à destination, intrigué, je revisionne les images de Gourmande, je les scrute et ça y est… j’ai trouvé : les similitudes avec ma Natacha sont stupéfiantes ! J’examine chaque photo, une, deux, trois fois…, et tout pourrait en fait correspondre : les mains, le pied, les seins, les jambes, la bouche… et ce satané grain de beauté sur la fesse droite ! Je n’ai pour autant aucune certitude, mais oui, la ressemblance crève l’écran. Quelle coïncidence quand même ! Elle si sage, aimante et câline, je dois me tromper. Le doute reste malgré tout omniprésent et une angoisse me prend… et si…
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Midi…, je retourne avec impatience sur le site de rencontre dans l’espoir d’y voir Natacha…, euh non…, d’y retrouver Gourmande.
- — Salut Gourmande, heureux d’avoir de vos nouvelles… ! Je vous trouve ravissante et terriblement excitante…
Cette dernière me répond presque immédiatement.
- — Coucou, L’artiste ! Je ne peux pas en dire autant de vous puisqu’aucune photo n’est rattachée à votre profil.
- — Je préfère garder du mystère, mais je ne pense pas vous décevoir.
Commençant à faire connaissance, j’apprends que la coquine est mariée avec un homme souvent absent. Elle me dit rechercher un peu d’adrénaline et souhaiter mettre du piment dans son existence. Elle me confie désirer assouvir sa soif de sexe et aimer être prise virilement. Au risque de me faire remballer, je tente ma chance.
- — Rencontrons-nous dans un lieu public, si l’on se plaît et que le courant passe tant mieux… Autrement, nous repartirons chacun de notre côté. Qu’en dites-vous ?
- — Eh bien, pourquoi pas ! Mais comment pourrai-je vous reconnaître ?
- — C’est simple : j’ai trente ans, je suis blond, sportif, un peu baraqué, et je porterai une veste bleue.
À savoir que je suis brun et ne pratique pas plus d’activités physiques que ça… ! Peu importe, semblant séduite par ma description légèrement valorisée, elle me répond :
- — Bon, c’est d’accord pour un café à 17 h, retrouvons-nous à « La ronde des vins » dans le centre-ville de Brest !
- — Super ! Vous vous appelez bien autrement que Gourmande, je suppose !
- — On verra les présentations plus tard, si vous le voulez bien !
- — OK, à tout à l’heure, alors ! J’ai hâte de vous rencontrer.
- — À tout à l’heure, L’artiste coquin, bises !
Eh bien, voilà ! Je reste subjugué par la facilité avec laquelle j’ai obtenu un rencard et cela me rassure malgré tout. Plutôt réservée et même un peu timide, cela me paraît fort improbable que Natacha puisse se transformer en Gourmande la journée.
Je serai fixé à dix-sept heures, car je compte bien honorer ce rendez-vous, histoire de dissiper tous les doutes qui pourraient subsister. Certes, je n’ai absolument pas l’intention de tromper ma femme et me contenterai d’observer, de loin, de qui il s’agit. Je sais, ce n’est pas très courtois de poser un lapin à une dame, mais je ne vois pas d’autre solution pour résoudre mon problème actuel.
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Seize heures trente, me voilà devant « La ronde des vins ». Prenant place dans le petit café situé sur le trottoir adjacent, j’espère pouvoir épier la rue confortablement et détecter ainsi l’arrivée de ma gourmande.
L’heure tourne, mais rien ! Dix-sept heures… personne, dix-sept heures cinq, elle a dû se raviser ! Peut-être a-t-elle eu la même idée que moi ? Je jette un bref coup d’œil périphérique, mais aucune jeune femme ne partage mon espace. Un dernier regard vers le troquet en question et, à ma plus grande stupeur, Natacha apparaît ! Tout s’écroule autour de moi et le temps semble se figer.
Ne voulant pas prendre le risque d’être vu, je décide d’attendre son départ. Saisissant mon téléphone, je me connecte sur son profil pour lui envoyer un message, inutile de la faire patienter pour rien.
- — Désolé, Gourmande, un imprévu me retient au boulot. Je n’ai pas pu te prévenir plus tôt…
Me sentant comme groggy, j’ai besoin d’un remontant et commande un double scotch. Natacha, semblant déçue, ressort de la ronde des vins dix minutes plus tard.
Comment peut-elle agir ainsi ? Dans l’incompréhension, la déprime monte, je descends mon verre cul sec pour en recommander un.
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Me décidant enfin à régler l’addition pour rejoindre mes pénates, un peu ivre, j’appelle un taxi. Vingt heures trente, me voilà devant mon domicile. M’armant de courage, je franchis le seuil de la porte en m’efforçant de ne rien laisser paraître de la détresse dans laquelle je me trouve.
Ma traîtresse m’accueille avec un grand sourire et vient me prendre dans ses bras pour m’embrasser sensuellement. Bien plus chaudement que d’habitude, je le lui relève.
Elle est un instant surprise, « gourmande » ne fait habituellement pas partie de mon vocabulaire, mais elle se ressaisit assez vite pour finalement me dire :
Se donnant un air indigné, Natacha plaque sa dextre sur mon entrejambe pour me répondre.
Quelle hypocrisie alors que je l’espionnais, trois heures auparavant, honorer un rendez-vous avec « L’artiste » ! La colère monte, la trique aussi sous ses phalanges. Elle désirait se faire tringler, je compte bien la satisfaire. Je faufile mes mains sous sa jupe afin d’empoigner ses fesses… Bon sang, quelle fermeté ! Ma bouche quitte la sienne, peu m’importent ses baisers, je veux juste la baiser. Je passe un doigt sous le tissu de sa culotte pour lui effleurer le minou que je trouve encore sec. Elle ne semble finalement pas autant excitée que cela pour quelqu’un qui aurait attendu ce moment toute la journée ! Agacé, je la retourne, retrousse sa jupe, fais glisser l’étoffe de soie aux genoux, puis lui impose une cambrure indécente proposant au mieux son sexe entrouvert à mon regard.
La voilà accoudée au mur, le string aux chevilles et la croupe à l’air, offerte. La roseur de sa fleur contraste avec la blancheur de ses fesses et cela m’émeut. Ne pouvant m’empêcher de bloquer mon regard sur ce fameux grain de beauté, le désir de l’insulter me prend. Je l’estime trop malgré tout pour oser lui manquer de respect, elle semble si fragile que je n’arrive pas à m’y résoudre… au contraire, m’agenouillant, j’embrasse finalement tendrement son adorable petit cul. Comment la punir ? Je ne peux que l’aimer.
Dégrafant mon pantalon pour me palucher un instant, la rage me regagne ainsi que cet affreux sentiment de colère. D’un ferme coup de reins, franc et puissant, je m’introduis sans égard en soutirant néanmoins à mon Judas un râle de plaisir.
Je ne peux m’empêcher de mater mon pieu aller et venir en imaginant que celui d’Apollo a certainement connu les mêmes égards… Je ne débande pas pour autant et mon désir devient violent.
J’accentue alors la puissance de mon assaut et augmente le rythme de notre étreinte, donnant toujours plus d’intensité à notre accouplement jusqu’à l’explosion apaisant les rancunes, mais exacerbant la culpabilité.
Natacha, quant à elle, demeure immobile, interdite, la croupe tendue. Sans réaction un moment, elle finit par se redresser, se réajuste et me dit d’un air coquin :
Ne me sentant pas vraiment fier de m’être emporté de la sorte, je tente donc de me dédouaner.
Et c’est vrai que ça n’avait pas traîné… Je m’étais vidé égoïstement et n’avais eu comme seul objectif que de me libérer, une fois de plus, de tout le stress accumulé depuis le début de la journée.
Notre partie de jambes en l’air a malgré tout refroidi un peu l’ambiance. En dépit d’un silence pesant durant le repas, nous rejoignons le canapé et comme à l’accoutumée, regardons le plus naturellement du monde notre série du soir. À l’issue de la séance de massage de pieds qui s’impose, nous allons nous coucher…, et voilà Natacha qui s’endort sur mon épaule.
Me concernant, une multitude de sentiments controversés se bousculent dès que je ferme les yeux. J’imagine ma félonne à quatre pattes avec l’inscription « grosse salope » notée au marqueur sur son cul. Impossible de laisser les choses en l’état sans réagir…, mais comment m’y prendre ? J’ai très peur de la perdre. Que je regrette mes soirées branlette, j’aurais dû me montrer plus présent, plus à l’écoute… Peut-être ai-je finalement ma part de responsabilité dans tout cela ?
J’ai besoin de savoir, je me ferais porter pale au boulot quelques jours pour la pister afin de mieux comprendre le pourquoi du comment. Je viens de prendre une douche froide, à moi maintenant d’en tirer les conclusions qui s’imposent pour tenter de peut-être recoller les morceaux.
La quatrième dimension
Le lendemain matin, un taxi me dépose rue de Siam. Récupérant ma voiture, je m’empresse de rejoindre mon domicile pour ne pas louper le début de ma filature. Un thermos de café et un sachet de biscuits m’accompagnent pour me permettre de tenir le siège sereinement.
Ouvrant « Les coquines bretonnes », je constate la présence de Gourmande. Elle m’a radié de ses contacts, je n’ai plus accès à ses photos. Son profil affiché au vert me met toutefois la pression…, déjà connectée ! Elle ne perd pas de temps pour repartir en chasse, la laisser sur sa faim n’était assurément pas une bonne idée…
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Enfin du mouvement, je suis le véhicule de ma femme tout en prenant garde de maintenir suffisamment de distance entre nous. Comme attendu, sa voiture se gare dans le parking souterrain se trouvant au sous-sol de l’entreprise qui l’emploie. Je me stationne un peu en retrait.
Les heures passent et forcément, rien ne bouge. Je commence à douter du bien-fondé de ma surveillance et reste sceptique concernant le fait que je puisse surprendre quoi que ce soit. Être détective est un métier et je ne pense pas avoir la patience et les bonnes dispositions pour cela. Je suis donc plongé dans mes songes lorsque mon téléphone m’annonce l’arrivée d’un message : Apollo 69 !
- — Hello mec ! Déjà connecté ?
- — Euh… oui, j’essaie de suivre ton conseil.
- — Au fait, je discutais avec Gourmande, elle me dit s’être fait poser un lapin par un abonné du site, ce ne serait pas toi par hasard ?
- — Ben non… Je ne l’ai finalement pas contactée.
- — T’as eu tort, elle est chaude comme la braise… du coup, je la revois cet aprèm.
- — Euh, ah bon ? Eh bien, ça devient en fait plus une relation suivie qu’un plan cul ton histoire !
- — Que veux-tu, elle adore ma queue, je ne vais tout de même pas l’en priver. Allez, passe une excellente journée, mec !
- — À plus…, amuse-toi bien !
Une goutte de transpiration perle sur mon front, un nœud se forme dans ma gorge.
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Je somnole lorsqu’enfin j’aperçois le véhicule de Natacha reprendre la route. Un coup d’œil à l’horloge numérique qui affiche seize heures quinze, je lance le moteur et poursuis la filature.
Mon Judas se dirige vers la sortie de l’agglomération pour finalement prendre place sur l’aire de stationnement d’un hôtel. Je m’immobilise un peu plus loin et rien ne bouge pendant un bon quart d’heure…, jusqu’à ce qu’un 4x4 vienne se garer. Un homme aux cheveux grisonnants en descend, Natacha le rejoint : ils s’enlacent puis s’embrassent !
Être ainsi le témoin de l’activité cachée de ma femme me pétrifie. Je reçois un coup de poing dans l’abdomen et reste KO un moment avant de les voir tous deux entrer dans l’établissement. Je pourrais intervenir, mais paraître par la même occasion pour un con et le pauvre cocu… Je n’en trouve pas le courage et me sens impuissant face à cette situation qui me glisse de plus en plus entre les doigts.
L’heure tourne et je suppose mon Amour dans les bras de cet abject individu. Il doit être en train de la baiser comme les actrices que je mate sur mes vidéos et cela me donne la nausée, pourtant…, je bande ! Oui, le contexte m’excite tout autant qu’il me rend malade ! Réfléchir avec cohérence s’avère compliqué lorsque Pôpaul décide de se redresser… l’endroit semblant désert, je sors ma queue pour m’astiquer en imaginant mon trésor sucer Apollo. Affligeant ! Pire, je jouis en fantasmant Natacha sauvagement prise en levrette par l’engin démesuré de mon rival. Je m’essuie tant bien que mal et repars, j’en ai assez vu !
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Une fois rentré, je récupère une bière fraîche à la cuisine et m’installe au canapé pour attendre impatiemment le retour de ma femme. J’ai beau essayer de me changer les idées, rien n’y fait. Je vais inévitablement perdre l’amour de ma vie, mais paradoxalement, avoir été le témoin de son forfait ne cesse de m’exciter.
Une nouvelle fois, j’ai honte et ne comprends pas. J’ai envie de tout casser, mais reste là, assis sur ce satané canapé. J’aurais pu intervenir à l’hôtel, j’ai préféré me masturber. Est-ce de la lâcheté de ma part ? Toujours est-il qu’un bon coup de boule bien placé sur le nez d’Apollo aurait à coup sûr mis un terme à cette situation intolérable. Je n’ai pas agi, je me sens méprisable.
J’entends enfin la voiture de Natacha s’immobiliser au garage et décide de rester dans le noir. Pris de tachycardie, un mélange étrange de jalousie, de colère et d’angoisse m’envahit. J’ai tout autant envie de la retrouver que peur de la revoir. Que vais-je bien pouvoir lui dire ? Comment l’accueillir sans perdre mon sang-froid alors qu’elle sort des bras de son amant ?
Je ne réponds pas. Arrivant enfin dans le salon, elle allume le plafonnier. Une ou deux secondes semblent nécessaires pour que ses yeux s’adaptent à la clarté revenue, puis étonnée, elle s’écrie :
Là, Natacha qui ne laissait rien paraître jusqu’ici se fige. Semblant réfléchir, elle ne dit mot… Serait-elle devenue muette ? Ravi de l’effet provoqué, je décide d’enfoncer encore le clou.
La surprise passée, Natacha reprend des couleurs et retrouve son aplomb. Elle me rejoint donc et se penche vers moi pour venir me déposer la furtive bise au coin des lèvres quotidienne. La saisissant par la taille, je la rapproche dans l’espoir de lui voler dans la manœuvre un baiser un peu plus gourmand. Un chaud et doux « french-kiss » à la saveur étonnante, mais qui ne prête pas à confusion : il a l’arôme du sexe, voire du sperme ! Mes lèvres quittent les siennes et je ne peux retenir une légère grimace de dégoût. Ma traîtresse le remarque et s’en inquiète.
Mon cœur…, mon chéri…, que de niaiseries alors qu’elle me trompait certainement sans aucun remords une heure auparavant ! Elle s’apprête à se relever, je la retiens.
Puis, je recolle ma bouche à la sienne. Tout en l’enlaçant, nos langues se remêlent. Ce nouveau baiser me renvoie le goût de la jouissance de son amant de façon bien plus prononcé que précédemment, ça ne me répugne plus, mais attise ma jalousie. Cela m’oppresse, mais comme tout à l’heure devant l’hôtel, je bande. Pourquoi ? Je suis en colère, trahi et bafoué…, Natacha me trompe et pourtant ça m’excite, je ne comprends pas !
Je laisse riper une main sur sa cuisse dans l’espoir d’atteindre son sésame, mais Nat me la retient.
Et je poursuis l’assaut de la caverne d’Ali-Baba… et là, surprise ! Je découvre un trésor, nu et trempé !
Ses mensonges me font finalement bien plus de mal qu’autre chose… Comment peut-elle me dire cela avec tant d’aplomb ? Je vois rouge, mais ne débande pas pour autant. Bien au contraire, je me sens de plus en plus étriqué dans mon pantalon et aurais vraiment besoin d’être libéré, je le lui demande :
Elle semble surprise, mais déboutonne malgré tout mon jean pour en extraire une queue qui se déploie tel un polichinelle qui sortirait de sa boîte.
Amorçant une douce masturbation, elle dépose sur mon sexe une petite bise qui me fait frissonner. Saisissant sa tête des deux mains, je la lui masse tendrement alors que sa pipe, elle, devient de plus en plus goulue.
Putain que c’est bon ! Natacha y met toute sa perversité, c’est fort, puissant…, jouissif et comme j’ai la rage, c’est tout à fait ce dont j’ai besoin. Oui, je veux qu’elle me montre la Gourmande qui sommeille en elle… J’exige de connaître la dévergondée qui dormait jusqu’ici en ma présence, mais qui ne s’exprimait incontestablement qu’en journée en rencontrant Apollo. Je m’exclame :
Me regardant intensément un instant, Natacha semble un peu perdue, puis me répond :
Oups, ma réflexion jette un froid polaire, le visage de Nat se décompose, puis elle bafouille quelques mots confus.
Ça me sidère, elle se comporte comme la pire des garces puis elle me demande de me montrer indulgent ! Une larme ruisselle pourtant sur sa joue, elle a vraiment l’air en détresse. Bien sûr, cela m’apitoie…, mais elle me trompe sans remords depuis je ne sais quand, je ne vais pas non plus lui dire que ça me fait plaisir !
Perdant alors mon sang-froid je la traite de tous les noms d’oiseaux qui me passent par la tête. Je crie, hurle, donne des coups de poing sur le mur. Natacha paniquée et apeurée me supplie de pardonner, me promet de ne plus recommencer.
Pas de repas aux chandelles ni de massages de pieds, ce soir je m’isole dans la chambre d’amis pour me calmer les nerfs et suppose qu’elle se réfugie dans la nôtre. Je n’arrive bien sûr toujours pas à fermer l’œil de la nuit.
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Certes vexé et blessé par l’infidélité cachée de ma femme, je me rends malgré tout compte que cela ne me laisse pas indifférent. Pardonner demeure tout de même au-dessus de mes forces !
Je l’entends se préparer pour aller travailler, moi, je reste cloîtré dans mon lit. Une douche coule, des bruits de pas, une machine à café qui crépite en chauffant, les claquements de ses talons percutant le sol se rapprochent finalement pour s’arrêter devant ma chambre. Un blanc pesant s’installe quelques secondes, puis elle toque doucement.
Je ne dis mot. Je souhaiterais pourtant la voir apparaître, m’embrasser en pleurant, me dire qu’elle regrette et que je compte plus que tout, mais rien de tout cela ne se produit… Le silence perdure encore quelques secondes et Natacha restera derrière cette fine cloison.
Déçu, j’attends désormais son départ pour me lever, elle rajoute :
Le son de ses pas s’éloigne enfin, la porte d’entrée grince légèrement en s’ouvrant, puis claque en se refermant… Je m’effondre.
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Je ne pourrais pas faire l’autruche indéfiniment. La nuit m’a un peu apaisé et maintenant, je regrette de ne même pas l’avoir embrassée… j’ai tellement peur de la perdre !
Je ne saurais dire pourquoi, mais je me reconnecte sur les « coquines bretonnes », là où tout a commencé, et bien sûr je m’empresse d’aller sur le profil de Natacha. À ma plus grande surprise, je ne fais plus partie de sa liste noire, je décide donc de la contacter.
- — Salut, Gourmande ! Encore désolé pour le lapin avant-hier…, seriez-vous disponible aujourd’hui ?
Là encore, la réponse ne se fait pas attendre.
- — Hum…, pourquoi pas ? Je suis d’humeur coquine, ça pourrait être sympa !
Je ne prévoyais pas cette réaction, mais l’idée d’être son amant du jour ne me déplaît finalement pas vraiment. J’entre dans son jeu.
- — Super ! Retrouvons-nous à la même heure et au même endroit que la dernière fois.
- — OK ! J’attends donc un bel homme baraqué, blond avec une veste bleue, c’est bien ça ?
- — À peu près, oui…, on va dire ça ! Promis, cette fois, vous pouvez compter sur moi !
Eh bien, voilà maintenant que je donne un rencard à ma femme ! Bon, tant qu’à y faire, autant que ce soit moi qui en profite plutôt qu’Apollo, ça me videra peut-être la tête, et le reste…, avant d’éclaircir la situation.
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La journée se passe. Je prends un repas sur le pouce et réussis quand même à me reposer un peu. Les deux nuits blanches que je viens de vivre m’ayant éreinté, un demi-sommeil récupérateur s’impose fatalement. Seize heures, la sonnerie de mon portable me réveille, ayant rendez-vous avec Natacha dans une heure, le temps presse. Je me prépare rapidement avant de rejoindre ma traîtresse…, euh, non, ma gourmande…, ma femme…, je ne sais plus trop en fait ! Bref…, je me dépêche de partir la retrouver. Cinq heures moins le quart, je franchis la porte de « La ronde des vins » et prends place à une table.
Cinq minutes se sont à peine écoulées lorsque Natacha apparaît. Des escarpins légèrement compensés allongent ses jambes sublimées de bas noirs un brin brillants, une robe un poil flottante lui arrivant à mi-cuisse et possédant un discret décolleté met sa poitrine en valeur…, elle est terriblement sexy ! Contrairement à ce à quoi je m’attendais, elle ne se dirige pas vers moi, mais s’installe sur un des tabourets du bar et commande une boisson. Je me lève pour la rejoindre et m’adresse au serveur.
Puis, me rapprochant de Nat, je lui chuchote doucement à l’oreille :
Une étincelle brille dans ses yeux et je surprends sur son visage des mimiques oubliées du temps où nous nous étions rencontrés. On en vient à parler de tout et de rien, je passe un merveilleux moment lorsque Gourmande prend les devants en m’embrassant. Il me semble redécouvrir son parfum, la saveur de sa bouche, la douceur de sa peau…, et toutes ses sensations m’enivrent. J’aimerais la dévorer, j’ai envie d’elle. J’interromps cette marque de tendresse pour, à mon tour, me montrer plus entreprenant.
Sa réplique m’interpelle, le « mes amants » attise ma jalousie, j’essaie d’en savoir un peu plus.
Je me suis fait remballer en beauté, toutefois, sa réponse me laisse pantois. Joue-t-elle un rôle ou bien cherche-t-elle tout simplement à me prévenir ? Peu importe, pour l’heure je décide malgré tout de rester dans mon personnage et de profiter au mieux du moment qui m’est offert.
Une fois l’addition réglée, nous voilà partis, main dans la main. À peine la porte de la chambre franchie, Gourmande se jette à mon cou. Je profite de cette promiscuité pour dégrafer sa robe, je dégage les bretelles de ses épaules pour la laisser glisser à ses chevilles, découvrant de la sorte sa peau, si douce, que je caresse au passage. Je l’admire, et mon désir s’accroît de seconde en seconde. La jalousie du mari trompé s’est en un instant totalement envolée.
D’une main franche, Gourmande me pousse autoritairement sur le lit et entreprend de se séparer des sous-vêtements qui l’habillent encore. Hypnotisé par tant de grâce et de sensualité, je reste là, immobile, et savoure le spectacle. Me fixant du regard, elle détache doucement le soutien-gorge pour exhiber ses deux magnifiques seins dont les tétons semblent appeler mes attentions. J’aimerais les caresser, les embrasser ! Puis, c’est le tour de la culotte en dentelle qui ne cachait déjà pas grand-chose. Quelle coquine quand même… elle s’est épilée avant notre rendez-vous !
Gourmande se rapproche pour s’attaquer à ma ceinture et me débarrasser de mon pantalon, elle a attrapé le caleçon avec, le tout est retiré dans la même impulsion. Mon sexe surgit en extirpant un « hum » admiratif à ma douce qui semble apprécier, puis elle le prend en bouche.
Diantre, que c’est bon ! Je dois faire durer le plaisir, d’une main sous son menton je lui relève la tête. Gourmande me lance un regard interrogateur, légèrement inquiet.
Et à mon tour, autoritairement, je la retourne pour l’allonger sur le dos et la couvrir de baisers. Mes mains glissent sur ses cuisses comme sur du velours et ma bouche s’empare de son abricot. J’aime la saveur musquée du désir qu’elle éprouve et qui apparemment devient ardent, alors je déguste et m’enivre, je ne suis pas habitué à cajoler un sexe imberbe et j’adore !
Moi qui ne comptais pas me presser, ma coquine prend les devants… et finalement, me retrouver ainsi au chaud me ravit. La suite n’est que pur bonheur, sensualité, et passion réciproque, me semble-t-il. Nous jouissons à l’unisson, si fort que des frissons me parcourent le corps des orteils aux cheveux ; Gourmande, elle, en a le souffle court et les oreilles rougies. Quelle beauté ! Un ange, une sirène, que sais-je ? J’ai envie de me câliner, la serrer contre moi, mais elle ne m’en laisse pas le loisir et se relève. Métamorphosée, la femme fatale qui me séduisait il y a quelques minutes s’est changée en une Natacha stressée et gênée par son forfait.
Abasourdi, je l’observe se rhabiller à la hâte. Se retournant avant de franchir le seuil de la porte, elle me souffle un baiser, puis disparaît en me laissant esseulé dans cette austère chambre d’hôtel. Le son de ses pas s’éloignant dans le couloir me relie encore à elle, mais emporte malheureusement avec eux le rêve qui s’y rattachait.
Je reste un moment allongé dans la froideur de cette pièce qui me paraissait pourtant si accueillante il n’y a pas un quart d’heure. La triste réalité me revient doucement à l’esprit : Natacha, ma femme, ma traîtresse…, Natacha infidèle et Gourmande en journée…, la Natacha qui s’est jouée de moi ! Mais pourquoi a-t-elle accepté mon invitation ? Elle qui me trompe depuis je ne sais quand et qui a déjà dû collectionner les aventures, pourquoi semblait-elle si heureuse avec moi cet après-midi ? Je me sens encore plus perdu qu’en découvrant sa double vie.
Follement épris de Natacha…, Gourmande me déstabilise ! Son étreinte était passionnée et cela faisait bien longtemps que je n’avais pas pris un tel pied. Le plaisir pourrait-il être ainsi dissocié des sentiments ? Est-ce le message que Natacha a voulu faire passer en m’accordant les douceurs de Gourmande ? Comment gérer tout cela ? Trop d’émotions se bousculent…, trop de non-dits pour espérer y voir clair, je m’enlise dans mes pensées et un raz-de-marée d’interrogations me terrasse.
L’esprit vagabond, je me lève et me revêts. Je laisse un billet sur la table basse en pourboire, puis quitte l’hôtel après avoir restitué les clefs à l’accueil.
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J’éprouve une petite appréhension en franchissant le palier de mon domicile, mais une odeur exquise de cuisine me rassure, puis la voix de ma douce résonne dans la maison.
Mon ange apparaît avec un plateau sur lequel trônent deux verres ainsi qu’un ramequin garni de quelques olives. C’est alors que je plonge dans la quatrième dimension…, retrouvant ma routine, comme si rien n’avait jamais existé. Elle me gratifie de l’habituel baiser au coin des lèvres, puis nous passons à table. La série télé, le massage de pieds, vingt-deux heures trente c’est l’heure du coucher, une caresse de tête, un p’tit câlin…, et Natacha s’endort peu à peu sur mon épaule…
Chaude réalité
Et voilà qu’elle avance sa main vers mon entrejambe et enfouit sa tête dans mon cou. Elle semble vouloir se cacher le visage et tente encore de se défiler.
Tout ne se résume quand même pas à la fréquence de mon vidage de couille ? Combien de fois m’a-t-elle trompé ? Pourquoi va-t-elle voir ailleurs ? M’aime-t-elle sincèrement ? En haussant un peu le ton, j’insiste encore :
Et là, prenant une grande inspiration, elle se redresse légèrement, me regarde intensément et, timidement, d’un œil craintif, me demande.
Après quelques secondes de réflexions, Natacha me chuchote finalement quelques mots, si doucement que j’ai du mal à en comprendre le sens.
Je reste muet un instant et essaie d’encaisser le coup. Moi qui pensais sa libido en berne, je ne me suis jamais rendu compte de rien ?
Là, j’encaisse un second uppercut en pleine face ! Serait-elle frustrée… ?
Natacha marque un temps d’interruption et un silence s’installe. Dubitatif, je reste pendu à ses lèvres dans l’attente du pourquoi. Elle n’est pas satisfaite : que lui manque-t-il ?
Son monologue me rassure un peu, mais ne me soulage pas pour autant. Je peux toutefois comprendre ses actes, car je lui cache aussi mes soirées branlettes, alors oui, je trouve une certaine cohérence à ses propos, mais je ne peux pas tout excuser si facilement. Moi, mes pulsions, je les muselle avec des pornos…, elle, elle m’a menti et trompé.
Cela fait quatre ans que je suis le cocu stupide et ignorant, mon orgueil en a quand même pris un sacré coup ! Natacha se colle un peu plus à moi, recroquevillée, la tête sur ma poitrine. Elle semble stresser et attendre ma réaction. Je peux sentir son cœur battre à toute vitesse, et son souffle chaud me balayer le torse. Elle me paraît si fragile et si douce, si innocente…, ce ressenti contraste avec la gourmande qu’elle a dû être dans les bras des innombrables amants qu’elle a dû connaître en quatre ans. Cette pensée m’oppresse, j’ose enfin lui poser la question fatidique.
Sa remarque me pétrifie, je n’en reviens pas… Putain, la salope ! Certes, je me suis engagé à garder mon calme et l’on s’est promis de la franchise, alors, autant tout savoir pour prendre au mieux la décision qui s’imposera.
Eh bien, je ne peux plus lui reprocher un manque de franchise ! Au point où nous en sommes, je réitère ma question.
Je n’en reviens pas, elle se permet même d’ironiser ! Certaines auraient essayé d’arrondir les angles, de passer de la pommade, mais non…, elle, après m’avoir poignardé, elle retourne le couteau dans la plaie. La colère monte de plus en plus, je la contiens pourtant et insiste.
Et là, de façon totalement surréaliste, les yeux dans le vide, mon Judas entame le décompte.
Trop, c’en est trop ! Mon estomac se noue et je transpire à grosses gouttes, je suis sur le point d’exploser ! J’ai promis de garder mon calme, mais là, je bouillonne. À défaut de perdre mes nerfs, je décide de rejoindre mon boudoir.*
Natacha prend un air de chien battu et semble d’un coup effrayée, en détresse, ses yeux s’humidifient et des larmes de crocodile ne tarderont certainement pas à couler. Forcément, elle m’attendrit, mais je ne la laisserai plus me manipuler ainsi. Cette discussion à laquelle je tenais tant a fini de me démolir, je me sens tel un moins que rien, ridiculisé et rabaissé. Je lui faisais confiance et pensais la connaître… comment me suis-je autant trompé à son sujet ? Me levant, Natacha tente de me retenir en s’agrippant à mon bras, mais n’a pas d’autre choix que de finalement lâcher prise. En franchissant le seuil de la porte, j’entends un « je t’aime » désespéré.
Je cogite, mais que faire ? Comment pourrais-je surmonter ça ? Ça me semble impossible…, le gouffre devient bien trop profond. Tout ce à quoi je m’accrochais depuis le début de notre relation vient en trois jours de s’écrouler. Natacha que je croyais connaître n’est en fait qu’une impostrice, le futur me paraît bien incertain et cela me terrorise. Je l’aimais, comment pourrais-je continuer seul ?
La fatigue semble de temps en temps prendre le dessus sur mes angoisses, mais dès que je m’assoupis, des images et des pensées perverses me hantent. Non, impossible de fermer un œil, mais malgré ma colère, en dépit de mon dégoût et de mon mal-être, ma gaule n’en finit plus de gonfler. Plus j’imagine Natacha dans d’autres bras et plus mon sexe durcit, alors fatalement, je me branle. Peut-être que de me soulager les sœurs jumelles m’apaisera par la même occasion l’esprit et me permettra, du coup, de trouver le sommeil. Fichues pulsions ! Satanées hormones, elles me pourrissent l’existence et m’empêchent de résonner avec cohérence. Le sperme jaillit…, et le calme revient avec ma clairvoyance. Inutile de cogiter dans le vide, l’avenir est compromis.
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Une sonnerie me réveille…, un coup d’œil sur mon portable, quatorze heures…, ah oui, quand même ! six messages non lus aussi…, je les ouvre :
- — Je t’aime, pardonne-moi !
- — S’il te plaît, réponds-moi, dis-moi quelque chose.
- — Je suis désolée, je suis nulle…, mais je n’aime que toi !
- — Tu es plus important que tout le reste, je pourrais me passer de mes aventures…, pas de toi !
- — Je te serai fidèle…, plus question de te mentir !
- — J’ai tout gâché, je n’ai plus qu’à prier pour te retrouver à mon retour.
Je me lève doucement, un mot sur un post-it est posé sur la table basse :
« Tu dormais trop bien, je n’ai pas eu le courage de te réveiller. Crois bien que je meurs d’envie de te serrer dans mes bras…, je t’aime. À ce soir ! »
C’est trop facile de se repentir maintenant. Toutefois, sa ténacité me touche et malgré la colère, elle me manque déjà. J’avais décidé hier soir de divorcer, mais cette éventualité me terrifie tout autant que ce que je viens de vivre, prenons encore un peu le temps de la réflexion.
Un café, un bol de céréales et je m’affale sur le canapé. De mon portable, je me connecte aux « coquines bretonnes » et constate que le profil de Gourmande a disparu. Aussi bizarre que cela puisse paraître, je regrette presque, ne plus voir Natacha sur ce site crée en moi comme une sorte de vide. Apollo essaie de me contacter. Apollo ! Que pouvait-elle bien lui trouver ? Je sais, elle me l’a expliqué hier…, de la bestialité, de la baise, se sentir désirée, etc. ! À cette idée, voilà que mon sexe une fois de plus réagit, je tente de songer à autre chose. Lui pardonner ? Reprendre notre vie passée ? Lui faire confiance et retrouver notre routine ? Attendre à nouveau qu’elle s’endorme sur mon épaule ? L’arrivée d’un message m’interrompt dans mes réflexions :
- — Je ne pourrais pas vivre sans toi, ne me jette pas, je t’aime de tout, mon cœur !
Je dois bien reconnaître que question monotonie et lassitude, les trois derniers jours sortaient du commun. Malgré tout, lui pardonner et la savoir contrainte de m’être exclusive n’est pas non plus une idée super valorisante ni vraiment satisfaisante. Je ne trouve pas de bonnes solutions à notre problème, maintenant, qu’elle me reste fidèle ou pas, dans les deux cas je suis perdant. Comment instaurer un compromis acceptable pour une situation humaine si complexe ?
L’après-midi d’hier me revient à l’esprit. Gourmande avait l’air tellement épanouie…, et puis, j’ai toujours en mémoire ma réflexion sur le désir sans amour, le plaisir sans sentiment. Je n’oublie pas non plus mes solides érections en n’imaginant ma douce dans d’autres bras ni mes puissantes jouissances à cette idée. Voilà que ça me reprend…, Natacha, nue, se donnant sans pudeur. Natacha, gourmande et avide de sexe…, incontournable, ma trique se raffermit. Je sors ma queue, je ferme les yeux et m’astique le manche frénétiquement. Mon téléphone sonne à nouveau…, un message entrant, c’est elle !
- — Je te promets de ne plus jamais t’être infidèle, je serai dorénavant ta petite femme irréprochable, je te le jure, mais je t’en supplie, pardonne-moi, et garde-moi auprès de toi.
Je saisis alors mon portable pour lui répondre.
- — Je me suis connecté sur « Les coquines bretonnes », mais je n’y ai plus vu ton profil ?
- — Je t’aime Éric…, bien sûr que tu ne l’as pas trouvé, je l’ai résilié. Je ne te tromperai plus jamais, je te le promets !
Ma gaule ne faiblit pas, je me caresse d’une main tout en rédigeant de l’autre les messages suivants :
- — Recrée-le !
- — Quoi ?
- — Tu as bien compris…, ton profil, réactive-le sans attendre.
- — Mais pourquoi… ?
- — C’est pourtant simple, je fais des concessions…
- — Euh, en es-tu certain, Éric ?
- — Par contre, ce n’est pas sans condition.
- — Que veux-tu en retours ?
- — Plus de « Gourmande 634 », « Couple gourmand » sera bien plus approprié. Tu désirais t’amuser… amusons-nous ! Tu souhaitais vivre des parenthèses dans ta vie de femme mariée… vivons-les ensemble ! C’est ça… ou rien !
- — Merci, mon cœur…, rien ne pourrait me faire plus plaisir !
Meeeerde, je jouis !
Et voilà ! Le sang remonte au cerveau, ma lucidité avec…
— FIN —
*NDLA : le boudoir est en théorie un salon élégant à l’usage particulier des dames et dans lequel elles se retirent lorsqu’elles veulent être seules ou s’entretenir avec des personnes intimes. Me concernant, je me suis approprié ce terme afin de désigner la chambre d’ami dans laquelle Éric se réfugie pour « bouder ». - Retour