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n° 20097Fiche technique49732 caractères49732
Temps de lecture estimé : 29 mn
02/03/21
Résumé:  D'autres moments simples, et puis les dérives d'existences disparates...
Critères:  fh travail amour cérébral voir lingerie -rencontre
Auteur : Jane Does      Envoi mini-message

Série : Amour et justice

Chapitre 02 / 02
La vie qui reprend son cours

Résumé du volet 1 :

Un week-end de travail pour une femme en uniforme… Un anniversaire et quelques rencontres.






Une espèce de connivence s’est instaurée entre les deux femmes. Et c’est une bonne partie de l’après-midi que ces deux-là passent ensemble. La jeunette se fait expliquer le fonctionnement de chacun des personnels qui œuvre sous les ordres d’Hélène. Puis, vient le moment où elles reçoivent le pauvre gars qui se morfond dans une cellule en lieu et place d’un autre. Il semble rassuré de voir que la greffière a tenu sa parole. L’adjointe du procureur de la République lui explique en long en large et en travers qu’il va être vu par les services de l’identité judiciaire et que ceux-ci vont faire les vérifications d’usage et que s’il s’avère qu’il a raison, il sera élargi rapidement. Elle souligne également le rôle joué par la matonne.


Le type se confond en remerciements envers la femme du greffe et c’est presque rassuré qu’il repart vers son endroit de repos forcé. Et Coralie prend congé de la cheffe de service.



La jeune femme file et un long moment Hélène suit cette silhouette qui chaloupe en grimpant les escaliers, précédée en cela par un surveillant appelé pour escorter la jeunette vers la sortie. Une bonne chose de faite en somme. Et c’est d’un cœur bien plus léger que la responsable du service rentre chez elle vers dix-huit heures trente. Là, un Martin tout sourire attend la brune.



Une gentille récréation s’organise donc à partir de la douche à l’italienne de l’habitation de la brune. Et Martin y met une ardeur qui se remarque très vite. Par, d’une part, l’excès de tendresse qu’il y colle, mais également par la trique qu’il arbore fièrement. Et fatalement, la jolie quadra ne résiste pas très longtemps au plaisir de toucher, des yeux d’abord, et enfin d’une manière bien plus pragmatique. Ses doigts courent sur le cylindre de chair. Ils en explorent chaque centimètre carré, et c’est bien agenouillé dans une bien peu pieuse prière qu’elle se place, pour idolâtrer un Dieu païen.


Le souffle du bonhomme couvre presque le bruit de l’eau qui coule sur les corps. Quand il la fait se relever, c’est pour la soulever, telle une plume, et le dos plaqué à la paroi, l’homme la laisse redescendre sur cette fiche raidie au possible. Tout s’enclenche à merveille et il ne lui reste plus qu’à donner de petits coups de reins pour qu’elle soit prise totalement par des frissons dont elle sait la provenance. Ces deux qui se meuvent dans un espace pourtant bien confiné se donnent un maximum de plaisir et ils tentent de faire durer celui-là au-delà des limites naturelles permises. Mais c’est en régulant son assaut que Martin parvient à contenir un trop-plein qui ne demande qu’à déborder.


Une nouvelle fois, Hélène ne peut retenir ses gémissements et elle s’accroche au cou de son partenaire, les muscles crispés par un désir qui ne fait que monter. À ce rythme-là, il est évident qu’ils ne tardent pas, l’un et l’autre à ressentir les premières prémices d’un orgasme qui va en s’amplifiant. Les spasmes deviennent moins contrôlés et la position n’est bientôt plus tenable pour le type qui malgré sa force et son courage à bien du mal à maintenir sa complice qui rue sur son vit archi tendu. Finalement la partie de jambes en l’air se termine sur le receveur de la douche, avec le jet tiède qui se perd sur les protagonistes de l’affaire.


Le temps du séchage est venu. L’endroit choisi pour les fredaines offre l’avantage d’être net et clean dès l’arrêt des hostilités amoureuses. La douche lave tout ce qu’elle frappe. C’est par des mouvements plein de tendresse que Martin couve le corps de la belle encore frémissante de tant de plaisirs. Puis c’est à son tour à elle d’entourer de toutes ses attentions ce compagnon d’un voyage pour Cythère. Un bouche-à-bouche clôt l’épisode romantique. Les deux amants ne cherchent pas à se rhabiller. Après tout, la nudité est dépassée depuis longtemps pour eux. Et ce n’est pas avec de vains vêtements qu’il est possible de faire machine arrière.


De plus, Hélène n’en éprouve aucune honte. Quant à Martin, il sourit béatement à ce retour à des moments d’un bonheur perdu. La partenaire est différente, le plaisir tout autant, mais pour elle et lui, c’est un printemps des sens qui renaît dans leurs jeux entre adultes. Et c’est bien cela l’important. Le plaisir est donc partagé et c’est la seule chose qui compte. Plaisir ne veut pas nécessairement dire amour. Et dans le crâne de la femme, sous sa tignasse brune mille et une questions se bousculent. Elle adore faire l’amour avec ce type. De là à le garder chez elle en permanence, il y a encore un long chemin à parcourir. De toute manière, ils ne font aucun pronostic sur l’avenir.


Ils n’en parlent tout bêtement pas. Prendre le meilleur et ne pas chercher à découvrir le mauvais, voire le pire. Après tout, c’est aussi une philosophie. Une nuit nouvelle les étreint. C’est bien enlacé, qu’ils l’appréhendent sans état d’âme particulier. Il aime le sexe, elle adore ses câlins, et tout naturellement les évènements suivent leur cours sans à-coups. Remettre sur le métier son ouvrage autant de fois que l’envie les prend, une manière normale de vivre les heures sombres. Pour finir, un repos mérité vient les emporter dans un sommeil des justes. Pourquoi se poser des questions inutiles ?


Le petit déjeuner matinal renvoie la femme à son travail et Martin reprend le chemin de chez lui. Au préalable, il fait un petit détour par l’appartement de son frère. Guy en repos est parti avec Maryse pour l’école où la gamine se rend tous les matins de la semaine. C’est donc une Marie toute surprise de voir débouler son beau-frère qui ouvre la porte.



Pris au dépourvu par la soudaineté de l’approche de Marie, Martin en tombe des nues et reste comme un idiot. Mais les lèvres qui se frottent aux siennes sont bien agréables. Et instinctivement cependant il entrouvre ses mâchoires et la langue amie qui pénètre dans son gosier l’émeut plus qu’il ne veut se l’avouer. Sa belle-sœur lui coupe le souffle, et l’entraîne malgré lui sur une pente savonneuse. Comment résister à cet assaut si délicatement féminin ? Ses bras se referment sur les épaules de la dame qui l’embrasse goulûment. Et l’engrenage infernal se met en branle, implacablement.


Cette fois il bande pour, merde, pour la femme qui partage la vie de son frangin ! Et dire qu’Hélène lui avait dit. Pourquoi est-ce qu’il ne fait rien pour la repousser ? Les hommes sont-ils tous aussi veules face à une amoureuse déterminée ? Il se laisse griser par les pelles que lui distille Marie. Sans doute se rend-elle compte que son sexe déforme déjà sa braguette. C’est bien elle qui imprime une sorte de balancement à son bassin, comme pour attiser davantage le feu qui déjà le dévore. Il est abasourdi, assommé par cette soudaine spirale qui l’aspire vers quelque chose dont il se refuse encore à croire.


L’épouse de son frangin… mince alors, comment vivre ça sans remords ou regret après-coup ? Mais la bougresse sait y faire et, bon sang, il n’est pas de bois. Il cherche désespérément dans des images proches ou lointaines un appui pour l’aider dans un repli qui n’arrive pas. C’est toujours Marie qui le tire par le bras, vers le canapé. Ce n’est pas possible d’être aussi godiche ! Pourquoi ne réagit-il pas en la repoussant avant que l’irréparable se produise ? Il est dans un cauchemar et les mains qui fébrilement tentent de dégrafer sa ceinture, ce sont celles de la mère de sa nièce. Juste un soupçon de courage, un mot, un mouvement pour faire reculer cette harpie qui le provoque. Alors pourquoi ne le fait-il pas ?


Il ne sait pas, plus ! Elle a réussi à détacher la boucle et le bouton qui tient close la braguette cède à son tour. La chaleur de la paume de Marie est là, qui incendie le bas-ventre. Comme s’il en avait vraiment besoin. Pourquoi sa queue qui a eu autant de bonheur avec Hélène dans la nuit passée, comment peut-elle de nouveau se tenir droite, pareille à un I ? Et dans la main de la seule femme que la décence doit lui interdire de seulement regarder. Un supplice inattendu, un long moment de solitude également. La prendre là, la baiser comme une chienne puisque c’est tout ce qu’elle désire.


Oui ? Mais les conséquences d’un tel acte ? Comment les assumer avec le sentiment de faire du mal à son frérot ? Et puis Guy, pourquoi n’est-il pas rentré ? Si seulement… oui si seulement il pouvait arriver. Ils s’engueuleraient bien entendu, mais au moins il ne succomberait pas à cette tentation. Marie l’embrasse de nouveau et elle presse son corps contre ce truc qui fait courir tant de mâles. Dans la tête de Martin, tout s’emmêle, tout s’entrechoque. Et il est déjà trop tard. Il en a vaguement conscience lorsqu’il saisit que sa belle-sœur vient de le propulser en position couchée sur le sofa. Elle ne se déshabille même pas, se contentant de relever sa robe. Et pas le moindre mouvement pour la repousser alors qu’elle se met à califourchon sur lui.


Comment a-t-elle fait ? Il n’en sait fichtre rien. Toujours est-il qu’elle s’est littéralement empalée sur son vit. Et comme une dingue elle monte et descend sur le pieu dont elle se sert toute seule. Martin se crispe, il sait bien que c’est écœurant ce qui se fait dans ce salon. Mais… bizarrement aussi ce goût de l’interdit lui procure une sorte de plaisir bien trouble. Et il se laisse gagner par la cadence que sa belle-sœur imprime à leurs sexes. Les yeux grands ouverts, il voit les traits de cette femme qui se débat dans une masturbation avec sa queue. Oui ! Il assimile cela à un plaisir solitaire. Elle ne fait pas l’amour avec lui, non ! Elle se branle plutôt sur sa pine, s’en servant comme d’un sex-toy vivant.




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Deux flics chevronnés sont arrivés et Hélène fait venir dans son bureau le pauvre gars qui purge une peine dont il n’est en rien responsable. Les gus de l’identité judiciaire sont des pros. Ils font des empreintes, vérifient aussi les copies des photos sur les fiches d’écrou. Ça ne dure guère plus d’une demi-heure. À l’œil nu les différences entre les traces des doigts sont nettes et impossibles à confondre. Alors celui qui semble le plus âgé des deux appelle le procureur de la République.



Un dialogue s’instaure entre les deux hommes et Hélène comprend que le détenu va être libéré dans les minutes à venir. Le temps sans doute pour le parquet de remplir un ordre de mise en liberté immédiate. Deux heures plus tard, le nommé Terrieur Alain est donc libéré par le surveillant en charge des libérations du jour. Il se confond en merci, voudrait bien saluer la dame si charmante et compétente qui a permis qu’il recouvre la vie extérieure. Hélène suit de loin cet élargissement et voit le bonhomme qui presque joyeux quitte le greffe. Il a désormais des souvenirs à raconter à ses amis, sa famille et qui sait à ses petits-enfants futurs.


À quelques centaines de mètres de ce bureau, un pan d’une vie vient aussi de basculer dans une sordide histoire de cul. Martin n’est pas fier de s’être ainsi laissé entourlouper par Marie. C’est surtout pour Guy qu’il se sent coupable. Alors il décampe de l’appartement de son frère, en songeant que cette connerie, car il est persuadé que c’en est une, ne se renouvellera plus. Sa belle-sœur a bien essayé de le garder contre ce ventre dans lequel il vient de tremper son biscuit. Mais lui se sent moche. Les arguments employés par cette femme qui partage la vie de son frangin ne résistent pas à un second examen mental. Oui ! C’est penaud et la queue entre les jambes qu’il quitte les lieux.


La terre, elle, ne s’arrête pas de tourner parce que quelques minuscules fourmis qui la peuplent font des imbécillités. Un type recouvre sa liberté de mouvement, alors qu’une femme trompe son mari, la belle affaire. La boule bleue continue sa lancée dans un univers dont elle est partie intégrante. Les petits malheurs des uns et des autres sont poussières au regard de cette immensité qui leur fait la nique. Guy ce soir, fera l’amour avec sa Marie ! Hélène, elle savoure ce plaisir d’avoir fait un heureux. Et le quotidien de chacun reprend sa place dans le cœur des hommes. Les humains sont sans doute la race la plus évoluée, mais également la pire en matière de saloperie.


C’est un simple texto qui apprend à la brune greffière que Martin est rentré chez lui, loin du tumulte de la taule, des turpitudes des uns et des autres aussi. Et quelques jours plus tard, sans savoir les relations passées entre Hélène et son beau-frère, c’est une Marie bourrée de remords qui s’épanche sur l’épaule de celle qui est toujours une collègue de son mari, à défaut d’être une vraie amie. Celle-ci ne se remet pas tout à fait d’avoir écorné le contrat de mariage. Mais à qui en parler ? Alors c’est bien tout naturellement qu’elle aborde le sujet de son unique problème, avec Hélène. Au final au lieu d’être deux à entrer dans l’histoire, la tierce personne qui reçoit les confidences comprend de suite le pourquoi de la désaffection de son amant.



Le sang s’est retiré de la face de la brune. Elle se sent trahie par cet homme avec qui elle a passé quelques soirs, des nuits entières à faire l’amour. Mais si Marie est déchirée par ses regrets, pour elle c’est tout différent. C’est de nouveau la confiance dans la gent masculine qui se trouve d’un coup ébranlée. Comment a-t-il pu lui faire ça ? La nuit du dimanche au lundi, ils avaient fait l’amour sans relâche et dès son départ pour son boulot, ce salaud s’était précipité pour baiser la femme de son frangin. Elle ne peut contenir une rage qui la dévore. Le sale type… inutile qu’il reprenne contact avec elle.


Pas moyen non plus d’en faire état à cette femme qui s’en veut d’avoir plus ou moins bousillé son mariage. C’est aussi une pensée pour Guy qui interdit à la greffière de révéler sa liaison avec Martin. Après tout, qu’ils se débrouillent tous en famille. Elle ne veut plus rien avoir à faire avec ces trois-là. Qu’ils lavent leur linge sale ensemble. Après tout, elle n’a rien à se reprocher et elle éconduit gentiment, mais fermement la fautive de cette cochonnerie. Marie sent l’animosité de celle qui bosse avec son mari. Et elle cherche encore à défendre ce qui reste de son couple.



C’est sur ces mots, un peu moins étouffés par ce faux pas, que Marie rentre chez elle. Parler peut aussi libérer l’esprit des coupables. Par contre, la rancœur ressassée contre Martin de la part d’Hélène, elle, ne fait que commencer. Inutile que le sale type tente de la rappeler. Les jours suivants, ses SMS sont tous sans réponse. Au bout d’une semaine, il se lasse et finit sans doute par comprendre que les nuits de sexe avec la jolie greffière sont à ranger au rang des souvenirs. Il ne lui vient pas à l’idée que sa belle-sœur a pu venir parler de la rayure dans son contrat de mariage à son amie. Non ! Le temps même dans ce cas précis cicatrise les pires blessures.




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Le centre commercial, c’est un espace d’au moins cent trente boutiques. Une fois par mois, Hélène s’y rend pour faire un peu de lèche-vitrine et accessoirement quelques courses. Elle remise donc l’espace d’un après-midi son habit de l’administration pour une robe plus légère. Elle déambule dans la galerie marchande, admirant des tas de fringues dont elle n’osera jamais demander seulement le prix. Puis, lasse de voir ces affriolantes et indécentes parures pour femmes friquées, elle se rend dans le cœur du supermarché. Quelques bouteilles d’eau, des aliments indispensables à une survie urbaine telle que pâtes, riz et deux ou trois douceurs trouvent un espace libre dans son chariot.


C’est donc pour payer ses achats qu’elle se dirige vers les caisses. À quel moment sent-elle peser sur sa silhouette un regard indiscret ? D’abord, c’est simplement une sorte de pressentiment. Celui-ci s’affine au fil de son avancée dans la queue des clients qui attendent pour passer en caisse. La sensation de se sentir observée devient plus présente, pénible aussi. Elle songe qu’il est toujours possible qu’un de ses « clients » l’ait reconnue et dans ce genre de situation, il est toujours mieux de connaître d’où peut arriver le danger. Alors, sans en avoir l’air, elle scrute les alentours. D’un coup, un visage émerge du lot des personnes en attente.


Où a-t-elle bien pu croiser le regard de cet homme qui lui sourit maintenant ? Trois caisses plus loin, il avance au même rythme qu’elle, en poussant son caddy exactement comme elle le fait pour le sien. Visiblement le type n’a pas d’intentions mauvaises, il persiste à lui sourire. Et enfin, c’est à son tour de régler ses emplettes. La caissière accélère le mouvement et les bips sonores qui font grimper les prix trouvent une échéance dans la note finale. Le sésame bleu enrichit un peu plus encore le patron du magasin délestant au passage, la greffière de quelques sous. C’est très lentement qu’elle pousse vers la sortie sa charrette de courses.



La tête d’Hélène rentre dans ses épaules, s’attendant au pire. Son mouvement réflexe devient défense.



Une volte-face lente, et la brune fait face à son interlocuteur. Si son visage lui rappelle vaguement quelqu’un, il est vrai que dans son métier, elle en croise beaucoup des hommes.



L’immense parking voit débouler deux caddys qui déversent leur cargaison dans deux malles de véhicules assez éloignés l’un de l’autre. C’est donc dans l’allée centrale piétonne du centre commercial que ce couple se réunit une seconde fois, libre de tous chariots désormais.



Les deux sont arrivés devant une terrasse au milieu d’une large allée. Un serveur les voit prendre place autour d’une petite table. Il se précipite pour récupérer leur commande.



Il est parti en louvoyant entre les tables. L’endroit est plutôt bruyant, des badauds défilent dans tous les sens autour du troquet. Hélène détaille un peu plus le garçon qui se tient face à elle. Le type a quoi ? Entre quarante et quarante-cinq ans ? Il est bien habillé, souriant. Les consommations sont rapidement servies. Et le bonhomme ne la quitte pas de ses prunelles bleues. Alors pour rompre un peu ce moment lourd elle lui adresse la parole.



La brune se laisse attraper par le poignet. Ce mec est très sympa et puis l’histoire Martin a réveillé chez elle une libido somnolente depuis des années. Et ce gars est doux, gentil. Pas moche à regarder non plus, et si une certaine défiance est de rigueur, le cerveau d’Hélène s’en affranchirait volontiers. Ils sont sur le pas de la porte de la boutique. La femme qui tient celle-ci tourne la tête vers les arrivants. Elle reconnaît d’un coup l’homme qui vient d’entrer dans son échoppe. Sa compagne lui est totalement inconnue. Un simple geste de la main, pas suffisamment discret cependant pour montrer à l’accompagnatrice d’Alain que la patronne s’adresse bien à lui. Il dirige son invitée vers un portant où pendent des cintres. Sur ceux-là, des ensembles culotte-soutien-gorge dans des matières douces et agréables.


La maîtresse des lieux s’est juste rapprochée. C’est sur un ton badin qu’elle s’adresse maintenant à la femme inconnue.



Emportée par le tourbillon, la brune se retrouve dans l’espace restreint de toile où elle se dévêt pour essayer cette parure qui lui semble trop belle pour elle. De l’autre côté du paravent de tissu opaque, la patronne et Alain dialoguent sans qu’elle puisse saisir autre chose que leurs murmures. L’homme est assez bien foutu et la nénette n’est pas non plus vilaine. Alors s’imaginer qu’ensemble, ils peuvent avoir des relations plus charnelles effleure l’esprit d’Hélène. Enfin elle porte la culotte et le soutif qui lui vont comme une paire de gants. Oser s’aventurer dans cette tenue hors de la cabine lui fiche un peu la trouille. C’est la voix d’Alain qui l’oblige un peu à le faire.



Poussée dans ces derniers retranchements, elle émerge donc de la porte de chiffon. C’est vrai que le reflet renvoyé par la glace est très spécial. Une longue tige bien roulée vêtue de seulement un cache-sexe et d’un soutien-gorge, c’est très… les mots lui manquent pour décrire ce qu’elle est devenue. La vendeuse et Alain aussi sont touchés par ce qui se dégage de féminité et de grâce de son corps si peu recouvert pourtant. Le gaillard émet une sorte de sifflement. Admiration ? Fascination ? Hélène ne saurait le dire. Quant aux billes que roule la patronne du magasin, c’est comme si elle était elle aussi en extase. Alain s’exprime avec un vrai réalisme.





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Quel vent pousse cette femme à se laisser distraire par ce presque inconnu ? Hormis ses démêlés judiciaires, elle ne sait rien de sa vie et pourtant elle se prend au jeu d’une étrange séduction. C’est donc bien avec un petit paquet qu’ils ressortent de la boutique de frivolités féminines. Alors lorsqu’il insiste un peu et invite la dame à faire un crochet par son appartement, elle n’a qu’une vague hésitation. Courte durée d’incertitude et déjà elle se sait perdue. Son corps réclame ce que sa tête lui fait ressentir comme une bêtise. En y songeant mieux, Martin en était une, celui-ci ne peut pas être pire. Au moins ne connaît-elle rien de sa sphère intime et ça limite les risques d’être de nouveau bafouée ou ridiculisée. Et c’est en suivant la voiture de cet Alain qu’elle se rend dans son lieu de résidence.


Quelques gamins jouent au ballon alors que chacun d’entre eux gare son véhicule face à un immeuble. Les gosses arrêtent un instant leur coup de pied dans la boule de cuir à l’approche du gars. Une volée de moineaux entoure soudain Alain et du même coup la femme qui vient de le rejoindre.



L’essaim se dissémine en piaillant. Un sourire nait sur le visage de l’accompagnateur de la brune. Ils marchent côte à côte vers l’entrée d’un bâtiment qui aurait bien besoin d’un ravalement de façade. Un ascenseur, luxe suprême entraîne ce couple vers les étages. C’est au quatrième que les portes chuintantes livrent le passage vers un couloir tout aussi sordide. Une enfilade de portes, et enfin Alain tend sa main munie d’une clé vers la serrure qui interdit l’accès aux lieux. Quand il s’efface pour la laisser pénétrer, Hélène se sent comme envahie par un sentiment fait de crainte et d’envie. Sensations de se perdre dans un monde où elle n’a pas sa place, de se mettre toute seule dans la gueule du loup.


En inspectant discrètement ce qui l’environne, elle doit remarquer que c’est très différent de ce qu’elle imaginait. Tout est impeccablement rangé, les meubles donnent l’impression d’être neuf ou entretenus. C’est plus cossu que son propre deux-pièces. Lui se tait, laissant la femme faire du regard le tour de son monde. Elle est sur la défensive, lui sur le qui-vive, un équilibre précaire ou tout peut basculer dans une fuite de celle qui reste debout entre cuisine, salle à manger et salon. Alain réalise d’un coup qu’elle ne sait pas quoi faire de sa carcasse immobile.



Il parle doucement tout en préparant deux verres.



Les verres s’entrechoquent portant ainsi un toast à la liberté de l’un et au travail de l’autre. Puis l’homme commande des tartes italiennes. La bonne humeur et la verve du type montrent de lui une facette inattendue de sa personnalité. À plusieurs reprises, il esquisse une drague latente dont Hélène n’est pas dupe. Elle se sent même un peu flattée que ce gaillard s’intéresse à elle. Même si elle garde le sentiment que c’est sans doute factice juste un jeu pour la séduire, elle se pique au désir de ce bon vivant qui mérite d’être écouté. Un livreur casqué et ganté vient donc perturber un peu les projets du zigoto par un coup de sonnette intempestif.



Les voix qui échangent sur le palier, puis un bruit de couverts, et enfin Alain revient de nouveau dans le champ de vision de la brune.



Un long silence vient d’un coup se mettre à table. Il la regarde et dans ses quinquets bleus, une fraction de seconde elle lit un appel. Vite, il baisse les yeux, de peur sans doute qu’être rejeté par celle qui lui fait face. Mais c’est un sourire qui remonte sur les traits du visage de la jolie quadra.



Les deux-là s’en tirent par une pirouette. Mais difficile de penser à autre chose lors de cette dînette improvisée. Au fond d’elle une certaine impatience est née. Lui ne montre plus rien de ce qu’il pense. Seules leurs mâchoires s’ouvrent et se ferment au rythme des bouchées savoureuses de ces délicieuses pizzas.



Alain avance sa patte, celle au bout de laquelle il tient sa serviette. Le coin de celle-ci effleure le dessous des lèvres de son invitée.



Un sourire se dessine de nouveau sur le visage de la femme. Dans ses yeux, quelques étoiles quittent leurs orbites pour devenir filantes. La serviette tombe sur le côté de la table alors que les doigts eux, continuent leur parcours sur cette peau si douce. Deux paires de chailles se ferment alors que les langues remplacent la nourriture dans deux palais attentifs. Un premier baiser, petit pas vers une plus divertissante ouverture. Ce sont bien deux adultes qui se relèchent les babines en se caressant mutuellement. La vie est curieuse et mille et un détours font se rejoindre parfois des êtres que rien ne destinait à se rencontrer. Le reste de la soirée se déroulera à huis clôt… mais là aussi, les voisins ne seront pas dupes.


Les râles provenant de l’appartement d’Alain ne sont pas dus au film X de canal plus !



FIN !