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n° 20104Fiche technique19277 caractères19277
Temps de lecture estimé : 14 mn
04/03/21
corrigé 30/05/21
Résumé:  Cette fois-ci, c'est la bonne. Bien mieux que la revanche. La mère de toutes les batailles. La lutte finale. Pas de quartiers ! Je vais l'envoyer au tapis pour de bon, l'avorton. L'atomiser.
Critères:  fh extracon humilié(e) jalousie cunnilingu 69 pénétratio humour
Auteur : Amarcord      Envoi mini-message

Concours : Faites l'humour et pas la guerre
Que le meilleur gagne

Concours Faites l’humour et pas la guerre, texte classé 6ème. Plus de détails dans le forum.

Dans le cadre du concours, ce texte est publié tel qu’il a été proposé, sans aucune correction.


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Pas mal, ce tirage… Faut que je creuse, mais je suis sûr qu’il y a du potentiel. J’vais lui mettre la pâtée, à l’abruti !


« Jean-Pierre, Hubert, je suis ravi de vous accueillir pour ce qui sera un combat dur, mais certainement loyal, » qu’il nous a dit, le présentateur. « Serrez-vous la main ! »


C’est ça, bien sûr…


« Vous êtes les deux cracks de l’émission. Les candidats invaincus… Mais ce soir, c’est le combat des chefs, et il n’y aura qu’un vainqueur ! Un super-vainqueur, même ! Celui qu’attend toute la France du troisième âge… Que le meilleur gagne ! »


Un peu, qu’il va gagner, le meilleur… Je mène au score, 53 à 50, et même s’il n’est pas encore cuit, ça sent déjà drôlement bon.


Et puis ça va se creuser, puisque c’est à mon tour, et que « Le mot le plus long », c’est mon épreuve. Personne ne peut m’y vaincre. M’y égaler, peut-être, à la rigueur. « Pas mieux ! », comme on dit dans ces cas-là. Mais m’y battre ? Personne n’y est jamais parvenu.


J’en ai déjà un, de mot. « ROUND ». Ça le fait, ça, round, non ? Ils vont pas me le refuser sous prétexte d’anglicisme ? Non, pas possible. C’est dans le dictionnaire, c’est évident. La boxe, le catch…


On est pile dessus, sur le ring. Gare à l’uppercut. Je vais te le mike-tysonniser, moi, le microbe, te l’envoyer sur orbite. KO au 4e round… Attendez, bougez pas, je vous envoie les ralentis sur tous les bourre-pifs. Le résumé des épisodes précédents. Premier round il y a un an : je l’ai écrasé à « Pyramides ». Deuxième round six mois plus tard : même pas eu le temps de remettre son protège-dents que je l’humiliais à la finale de « Questions pour un champion ». Et puis au 3e round, l’accident, la catastrophe. Sur « N’oubliez pas les paroles ! ». J’ai même pas envie d’en parler, tiens…


De toute façon, cette fois-ci, c’est la bonne. Mieux que la revanche. La mère de toutes les batailles. La lutte finale. Pas de quartiers ! Je vais l’envoyer au tapis pour de bon, l’avorton. L’atomiser.


J’en étais à « ROUND ». Cinq lettres ? C’est mesquin. Je dois pouvoir faire mieux… Putain, putain, putain… Faut que j’me concentre !


Attends, y’a « CANON », aussi… C’est kif-kif bourricot, 5 lettres aussi. Pas vraiment du gros calibre… Et moi je veux le mettre en pièces sur mon Chemin des Dames.


Parce que pour être canon, elle est canon, sa femme. Comment c’est possible d’être aussi mal assortis ? Lui, la demi-portion, tout chétif dans son p’tit costard de premier communiant, avec son crâne luisant et ses lunettes aux verres en culs de bouteilles. Et elle, mon Dieu, elle… Féminine, capiteuse, envoûtante, ensorcelante. Qu’est-ce qu’elle lui trouve ? Où l’a-t-elle trouvé, d’ailleurs ? Il était en soldes ? C’est pas plutôt elle, qui devrait passer chez l’opticien ? Et moi-même, la voir assise en face, en rentrant sur le plateau, ça m’a brûlé les yeux…



J’l’ai vu, son petit sourire de faux derche. Il me narguait. Ou pas, va savoir. Peut-être que je suis légèrement de mauvaise foi. Faut reconnaître qu’il était plutôt gentil, au début de notre rivalité. Tellement gentil que ça m’a énervé. C’est surtout quand j’ai vu sa Françoise que ça a pris une autre tournure. Que l’affrontement est devenu plus âpre, plus personnel.


Oh, mais attends… y’a bien mieux ! « RANÇON » ! 6 lettres !


Qu’est-ce que t’en dis de ça, Jean-Pierre ? Rançon ? C’est vrai que je l’aurais volontiers kidnappée, ta gonzesse. Parce que si tout ce que t’avais à lui offrir c’était ta bosse des maths, elle me faisait surgir une drôle de bosse dans le pantalon.


Et celui-là, de mot, alors ? Comment je l’ai pas vu plus tôt ? Yesss ! Alleluia ! Cette fois-ci, il est cuit, et même pas al dente. Je vais te la ramollir, moi, l’autre nouille. C’est pas une défaite qu’il va subir, en rase campagne, le minus. C’est une déroute.


Ding Dang Dong !



Surtout prendre un air contrit. Cacher ma joie. Mon érection mentale. Tout en sobriété. Avoir le triomphe modeste.



J’aime te l’entendre dire…



Et voilà le travail…



M’en fous. Veux pas le savoir.



C’est ça. Vas-y. T’aimes ça, les chiffres, hein, Rain Man ? Amuse-toi, c’est ma tournée. Royal au bar ! D’ailleurs, t’as qu’à jouer tout seul, je calcule même pas. Et je te calcule pas non plus. Je regarde que ta femme.


Ça vaut le coup d’oeil. Vise-moi ces yeux de braise… Ces jambes interminables, gainées de nylon. Du haut de gamme. C’est pas du DIM, ça, c’est au moins du Wolford. Saaaalope ! Qu’est ce qu’elle a mis en-dessous, ce soir ? J’aperçois un soupçon de dentelle noire, à la lisière du décolleté ! On parie ? Un body ! Elle a mis un body ! J’adoooore !


J’adore ta femme.


Et toi, je te déteste. Même quand tu fais le gentil. Je te déteste encore plus quand tu fais le sympa, le généreux, le bon prince. Comme le soir de ma défaite, à « N’oubliez pas les paroles ». C’était un jeu fait pour moi, pourtant, avec mon oreille musicale, mon goût des lettres. Toi, tu chantais faux, mais t’as eu tout juste. Moi, j’ai dû me farcir Peter & Sloane, « Besoin de rien, envie de toi », tout un programme. Et toi, t’as eu « La comptine des chiffres », par les Titounis.


Après l’émission, j’étais abattu, prostré sur ma chaise, et t’as dit à Françoise que vous pouviez pas me laisser ruminer ma défaite tout seul, comme ça. « Allez, viens Hubert, viens avec nous, viens chez nous. Ça me fait mal au coeur de te voir dans cet état. C’est juste un jeu, Hubert… Tu sais, tant qu’on s’amuse, tous les deux, tant qu’on est rivaux mais complices… J’aurais préféré que tu gagnes, tiens. Parce que de toute façon, moi, le gros lot, je l’ai déjà à la maison… »


Fumier, va ! C’était pour retourner le couteau dans la plaie, hein, c’est ça ? J’en voulais pas, de ta pitié ! T’as suggéré à Françoise de jouer du piano, soi-disant que ça me ferait plaisir. Et elle qui en rajoutait sur ta générosité. Toute la prime de ta médaille Poincaré, tu l’avais dépensée pour lui faire ce cadeau somptueux. Tu crois que j’ai les moyens de m’offrir un Steinway, moi ? Après, t’es descendu à la cave, pour aller chercher une bouteille. Romanée-Conti 1990, un cadeau de ton défunt grand-père, que t’as dit. T’avais jamais osé l’ouvrir, mais puisque j’étais là, on trinquerait à l’amitié ! « Il est bon, non ? » Evidemment qu’il était grandiose, crétin ! N’empêche que j’ai prétendu qu’il était bouchonné. Ton amitié, j’en veux pas.


Ding Dang Dong !



Et voilà, c’est reparti comme en ’14.



Alors là, bien sûr, tu fais le malin. T’es dans ton élément.



Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?



Tu nous la joue façon bonneteau. Ça additionne, ça soustrait, ça multiplie, ça divise…



C’est ça. Ton compte est bon, en effet. Tu vas voir… A toi d’enchaîner pour les lettres, à présent, qu’on rigole un bon coup.


Qu’est-ce qu’on vient de tirer, là ? F-M-U-R-C-L-O-C-E-I ? Presque trop simple. J’ai été trop bon, je t’ai malgré tout accordé une voyelle, à la fin. Tu vois, moi aussi je peux être généreux, grand seigneur et tout ça. Je peux me permettre ce luxe. J’ai de l’avance. J’aurai la main pour terminer avec les chiffres, puis les lettres. Suffit de gérer.


Et question de gérer, la situation, je l’ai plutôt bien gérée. Parce que le lendemain de ma défaite, j’ai appelé Françoise, pour vous remercier. Enfin, pour la remercier. Te remercier toi, j’y tenais pas. Et je lui ai dit : « Tu sais, le piano, il est bien. Mais j’ai l’impression qu’il sonne pas très franc dans les aigus. À l’occasion, si tu veux, je jetterais bien un coup d’oeil. Non non, gratuitement, bien sûr, il n’en est pas question ! Entre amis… »


Et j’ai tenu parole, Jean-Pierre ! J’ai jeté un coup d’oeil, ça oui. Caressé la surface de l’instrument, déshabillé le tout, histoire de faire bien vibrer les cordes…


Ding Dang Dong !



Seulement sept ? Ah, j’y crois pas ! Je vais encore le ratatiner. C’est la Fête Nationale ! Ton sang impur qui abreuve mes sillons ! Le feu d’artifice ! Oh, la belle rouge ! T’es cuit, mon poulet !



Oh là là ! Je viens de l’achever, l’algébreux. Il en avalerait bien sa calculette. Tu sais ce que je lui envoie dans la matrice, à ta femme ? Tu veux le savoir ? Non, ça te ferait de la peine, je peux pas. Oh et puis si, puisque t’insistes. De toute façon, je m’en fous, je t’aime pas.


Autant je te déteste, autant j’adore ta femme. Toute ta femme. Le parfum de ses cheveux, celui de sa nuque. Celui de son ventre. Celui de ses seins. Celui de son sexe. Ils sont tous merveilleux. Fais pas cette tête-là, j’ai respiré, figure-toi. Et pas que.


Parce que tu vois, ce jour-là, le piano, ça n’a pas traîné. Vite fait. À peine un réglage.


Alors que ta femme, je m’y suis attardé. Et je vais te dire, elle était sacrément musicale. Elle avait oublié les paroles, elle aussi. Mais pas les notes. Je lui ai fait jouer toute la gamme.


Je l’ai tirée tout en voyelles.


Ça a démarré en volupté, un joli do bien rond et charnu, comme ses tétons.



Le la, je l’ai bien cherché et je l’ai bien trouvé, là, sur le bout de ma langue. Là ! Là là là là !



Et puis je me suis demandé si… et j’ai été le lui chercher du bout du petit doigt.



Et puis pour finir, toute la partition a défilé, elle a joué la totale, quand on est passés aux choses sérieuses, aux diphtongues.



Elle me l’a avoué après : jamais elle n’avait eu un orgasme aussi long. C’est là que j’ai vraiment marqué des points. Elle l’a reconnu, qu’on était vraiment bien accordés, tous les deux.



Rester calme.



Respiration… concentration.



OK.

Pas de panique. C’est vraiment à ma portée.

Tout va bien, je maîtrise…

Je vois. Clairement.


Je la vois, elle aussi. En gros plan, même.

Ne pas le laisser me rejoindre…


Parfois c’est moi qui la rejoins, parfois c’est l’inverse. Parce que tu penses bien qu’on n’en est pas restés là, Jean-Pierre.


On a remis çà. Et pas un peu. Ad libitum. Elle en voulait toujours plus et moi aussi. C’est comme ça qu’on s’est encore retrouvés en tête-bêche, pas plus tard qu’hier. Oh mon Dieu, quelle merveille, cette douceur sous mes lèvres, pendant que les siennes se faisaient voraces sur ma queue…


Ding Dang Dong !



Ta Ta - Ta Ta - Ta Ta Ta Ta - Tsoin Tsoin…


Merde.

Merde de merde de merde de merde.


Bon, pas grave. Il a encore six douilles dans la vue. Et j’ai la main pour les lettres. Ce n’est que reculer pour mieux la sauter, Françoise…



OK, c’est bon. Ça y est. C’est joué. C’est dans la poche.

Faut que j’arrête de penser à elle, pourtant. Ce qu’elle peut être belle quand elle jouit…


Elle m’a dit hier que c’était plus possible.


« Ça peut plus durer, Hubert, » qu’elle m’a avoué, Françoise. « C’est trop cruel. C’est un type adorable. Il t’apprécie toi aussi, si tu savais… Il t’admire, même. Je ne peux plus, nous ne pouvons plus lui mentir. Moi, sa femme, toi, son ami. Si je devais le quitter, je m’en voudrais tellement. D’ailleurs, j’ai rien à lui reprocher, rien. Mais toi, Hubert, tu me combles au lit. Alors j’ai réfléchi. Faut prendre une décision. Définitive. Puisqu’il faut bien trancher, que ce soit au moins au mérite. Aux chiffres et aux lettres. Voilà l’enjeu : que le meilleur me gagne ! »


Et depuis lors, c’est le jour le plus long. Il se termine dans 15 secondes. Et c’est moche pour toi, Jean-Pierre.


Et voilà le travail…. Tranquille. « OVOÏDE ». 6 lettres. Y’a « VOMIES » aussi, mais je préfère l’autre. Ovoïde comme ton crâne d’oeuf, Jean-Pierre ! Tu sais où tu peux te le mettre, l’oeuf, ma poule ?


C’est ça, regarde-moi, regarde-moi attentivement. C’est nouveau, ça ? T’as plus le nez fourré dans tes matrices ? Regarde-moi bien, Jean-Pierre, t’as raison, et regarde-la bien, elle aussi. Parce qu’après, tu nous verras plus. Je suis l’homme qui, dans 5 minutes, va partir avec ta femme. Ta future ex-femme. On va prendre la tangeante. Je vais lui dérider les sinus, lui tirlipoter les cosinus. Je vais lui calculer toute la trigonométrie. Lui lécher les sphères. La prendre sous tous les angles, multiplier les intersections. Les ensembles, tu connais ? Eh ben avec moi, ce sera pas de la théorie. Je vais lui envahir le doux triangle, elle en poussera des cris aigus. On va se faire l’intégrale.


Et toi, tu vas repartir avec la boîte de jeu. Tu vas voir, c’est chouette, ça se joue parfaitement en solitaire. Un peu comme le bilboquet.


Cette fois-ci, c’est la bonne, Jean-Pierre. La der des der. Après ça, plus de combats. C’est l’armistice, tu vas capituler sans conditions. Et moi je serai un vainqueur sans pitié. Malheur au vaincu ! Je serai pas un gentil moi, pas un magnanime. Je vais tout te ratiboiser, pareil que ton crâne. Ton crâne ovoïde.


Remarque, c’est presque dommage. Je te proposerais presque la belle, l’année prochaine, du moment que je garde la tienne. Juste pour le plaisir de l’entrée en studio.



Putain, l’orgasme, rien que d’y penser…


L’orgasme que je vais lui donner, aussi, tout à l’heure, à Françoise…

Ça vient !

Ça vient !

Ça vient !

3 secondes, deux, une…

Ça y est !


Ding Dang Dong !



Comment ça, 7 lettres ? T’as mal compté, Poincaré ! Et question contrat, c’est celui de ton mariage que tu ferais bien d’éplucher !



Aaah ! Qu’est-ce que je disais ? Il a failli me faire peur, ce con…