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n° 20196Fiche technique55481 caractères55481
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Temps de lecture estimé : 38 mn
12/04/21
Résumé:  Tels les six samouraïs ou les six mousquetaires, étant six personnages en quête d'auteur, nous nous sommes retrouvés unis comme les six doigts de la main pour écrire cette journée qui restera à jamais la plus belle de notre vie.
Critères:  couple extracon ascendant oncletante cousins alliance copains fête amour vengeance jalousie fellation pénétratio humour #collaboratif
Auteur : Les 6 samourais            Envoi mini-message
Co-auteur : radagast      Envoi mini-message
Co-auteur : Pericles      Envoi mini-message
Co-auteur : Charlie67      Envoi mini-message
Co-auteur : Laetitia      Envoi mini-message
Co-auteur : Patrick Paris      Envoi mini-message
Co-auteur : Amarcord      Envoi mini-message
Co-auteur : L'artiste      Envoi mini-message
Le plus beau jour de ma vie


Tels les six samouraïs ou les six mousquetaires,

étant six personnages en quête d’auteur,

nous nous sommes retrouvés unis comme les six doigts de la main

pour écrire cette journée qui restera à jamais la plus belle de notre vie.







Tout se passe comme prévu pour le moment.

Ça tombe bien, Éléonore a horreur de l’imprévu. Le moindre grain de sable, aujourd’hui surtout, le jour de son mariage, l’aurait passablement énervée.

Là, tout va pour le mieux.

La cérémonie s’est bien passée. C’est avec une petite larme au coin de l’œil qu’elle a dit « oui ». Bien évidemment, Xavier a dit « oui » aussi. Juste ce qu’il fallait d’émotion spontanée.

La cérémonie, c’était le moment le plus simple finalement, ce qu’elle appréhende le plus c’est la réception.


Les deux familles déjà, le principe d’un mariage, c’est tout de même de faire se côtoyer deux familles qui ne se connaissent pas, mais qui sont censées bien s’entendre. Connaissant certains énergumènes de sa famille, son cousin Hubert par exemple, connaissant sa belle-famille, belle-maman notamment, ce n’était pas gagné. Mais non, aucune anicroche, enfin pour le moment. Même si Éléonore a bien remarqué les airs pincés de la marâtre, de temps à autre.


Ses amis : Enzo Zalando, un représentant italien en lingerie, copie conforme d’Aldo Maccione ; Noémie et Servan Le Goziéssec, marin écumant tout autant les bistrots que les différentes mers du globe ; sont présents aussi Zoé et Nathan, un jeune couple en instance de divorce.


Avec ses collègues de travail, Éléonore se fait moins de souci. Elle a intégré après ses études la boîte de Papa en tant que directrice du marketing de Membrax… entreprise vendant des préservatifs, des lubrifiants et des sex-toys en tout genre. Étant la fille du patron, il est peu probable qu’un de ses collègues de travail se distingue pour ses noces. Elle a invité tous ses plus proches collaborateurs.


Sont invités aussi tous les membres de son club de basket. Sportive d’un bon niveau, Éléonore y joue depuis ses treize ans. Son entraîneur, Raymond, le président du club, les filles et leurs moitiés sont bien sûr de la partie. Il y a enfin les amis de son mari, qu’elle connaît à peine, sauf Norbert, son témoin.


Éléonore, tendue depuis le matin, se crispe encore un peu plus. C’est l’heure du grand moment.

Elle a prévu de faire une annonce. Son annonce.

Elle réclame et obtient l’attention de tous :


Je sais que lors d’un mariage, il est de coutume de faire un discours. Mais vous voir tous réunis devant moi pour fêter notre mariage me comble d’émotion. Du coup, c’est beaucoup moins évident que ce que j’avais imaginé. Je sais que certains ont hâte de s’élancer sur la piste de danse pour montrer leurs talents artistiques ou de retourner au buffet. Donc, je vais faire court.


Après un regard sur l’assistance, elle poursuit :


Je vous remercie vraiment de tout cœur d’être là pour ce jour unique. Chacun d’entre vous est une partie importante de ce mariage ; sans vous tous, ce jour n’aurait pas été aussi magique. Je suis heureuse de voir tant de personnes que j’aime autour de moi. Merci pour vos petits mots, vos conseils, vos sourires, votre bonne humeur.

Merci à mon mari, c’est amusant de dire ce nouveau mot, mon mari !

Merci à mes parents d’être toujours là pour moi, avec tout leur amour.

Merci à ma belle-famille de m’accueillir parmi eux.

Merci à mes témoins pour leur aide, et pour cet enterrement mémorable de vie de célibataire.

Merci à toute la famille, les amis, les collègues.

Merci du fond du cœur de faire de notre mariage un souvenir inoubliable grâce à votre présence.

Avant de conclure, j’ai une dernière annonce à vous faire. Je le sais depuis hier, j’ai gardé le secret jusqu’à maintenant. Même Xavier, mon mari, ne le sait pas encore… tu vas être papa Xavier… Oui, je suis enceinte…


L’ensemble des invités enthousiastes applaudit. Des cris, des vivats fusent. Même belle-maman quitte son air pincé et félicite tout sourire. Le cousin Hubert se ressert un verre.

Tous ont la mine réjouie, tous sauf… Xavier.



Nos tourtereaux ne se sont pas méfiés…

Ils ont oublié les préservatifs Membrax,

Avec Membrax, pas de soucis, soyez relax.



L’inattendue révélation de la mariée provoque chez son époux Xavier, une réaction de surprise des plus désagréables, il en avale son verre de travers.


J’ai failli m’étouffer avec ma coupe de champagne. Heureusement mon témoin, Norbert m’a évité le pire en me tapant dans le dos.



Si quelqu’un a des raisons de ne pas se réjouir, c’est bien le jeune marié. Alors pour faire bonne figure je ris, jaune, je participe du bout des lèvres à la liesse générale, enlace les futures grands-mères qui l’instant d’avant ne pouvaient pas se blairer et maintenant sont les meilleures amies du monde, les futurs grands-pères qui s’enfilent verre sur verre.


Car je sais qu’il y a un traître parmi cette bande de racailles. Il y a aussi une traîtresse, mais celle-là, je la connais, même très bien, elle se blottit dans mes bras. Ma femme, ma moitié, ma belle… une salope, oui !


Mais il lui a fallu un complice. La génération spontanée, c’est bon pour la science-fiction, et le Saint-Esprit n’a plus fait parler de lui depuis deux mille ans, il serait étonnant qu’il vienne faire un tour du côté de Sainte Énurésie cette année.

Alors je laisse traîner mes oreilles, toutes les femmes lui posent LA question :



Sept mois et demi, ça fait que l’Esprit-Saint est passé en… voyons voir… mai !

À l’époque, elle avait des entraînements tous les deux jours… entraînements mon cul, oui !

Alors avec qui s’entraînait-elle, la garce ?


Norbert, mon témoin à moi, mon poto, il ne ferait pas ça. Mais Norbert a une bite renifleuse, elle est capable de débusquer une chatte dans un monastère. Il y a aussi ce faux cul de Nathan, qui reluque les fesses des demoiselles d’honneur, et de la mariée. Zoé, sa femme doit porter des cornes en abondance.


Sans compter Servan Le Goziéssec, le marin d’eau douce, prêt à larguer les amarres de son Vendée demi-Globe à cette époque. Lui aurait-elle vidé les bourses pour alléger son rafiot ?


Je m’enfile coupe de champagne sur coupe de champagne, mon élocution s’en ressent.


Meerde, Lucien, j’avais oublié Lucien, l’ex d’Éléonore, Lulu avec sa tronche de séminariste, sa meuf, Nadine, qui sort tout droit du Couvent des Oiseaux. Toujours se méfier des ex et des séminaristes… séminariste comme inséminer, z’ont des bourses pleines comme les marins.


Et pourquoi pas Raymond, l’entraîneur ? D’accord, il a cinquante balais, mais vivre avec les jolies nénettes qu’il croise dans les vestiaires, ça doit lui faire frétiller la tige à ce vieux satyre.


En tout cas, je ne serais pas en train de me préparer un ulcère s’il n’y avait pas cette foutue lettre du laboratoire d’analyses médicales reçue la veille de la cérémonie.


Bon, il y a quelques semaines j’ai enterré ma vie de célibataire. Alcool, strip-teaseuses, boîte de nuit, un vague souvenir de quelques filles dénudées qui se frottent lascivement sur ma queue, chacune voulant emporter un souvenir du futur marié. Surtout qu’elles ne restent pas indifférentes à mon charme ravageur de Viking, grand, blond, élancé, sans un poil de graisse grâce à mes entraînements.


Bref, au réveil, un beau xylostome et surtout quelques traces suspectes sur la queue. Alors frissons, émotions… champignons ?


Affolé je consultais mon toubib, qui se poila, me rassura. Les traces n’étaient que du rouge à lèvres et du mascara. Des plaisantins m’avaient maquillé la queue.


Pour me rassurer, le médecin me prescrivit un spermogramme, pour vérifier la vigueur de mes petits copains.


Et là, le drame :

La lettre du laboratoire ne laisse aucun espoir : sperme asthénique, asthmatique, flagada…


J’ai autant de chance d’être père que de marcher sur Mars !

Qui peut être ce fils de pute qui a engrossé mon Éléonore ? Quel qu’il soit, ce salopard va en baver.



Ne bavez pas, pensez Membrax, le lubrifiant à l’opopanax



Éléonore, en cloque ? Alors là, c’est la tuile ! se dit Nathan en la regardant, l’air éberlué. Il n’a pas perdu de temps le Xavier pour y planter sa graine dans sa conquête !


C’est fou les problèmes que ça crée et l’argent que ça coûte, un mariage… surtout au moment du divorce. Par chance, Zoé n’a jamais voulu d’enfant, on aura au moins échappé au pire ! En parlant du loup, justement la voilà, tout sourire alors qu’elle me tire une tête de six pieds de long depuis plus de six mois.



Elle ne pense pas si bien dire, ma chérie… Je n’suis pas si sûr que l’homme de la soirée soit le seul sur le coup ! Quant à ma langue, elle ne semblait pas lui déplaire tant que ça à Éléonore lorsque je lui lessivais le bénitier. La belle du jour m’offrait encore ses charmes il n’y a pas deux semaines et maintenant, la voilà en cloque… Elle ne manque vraiment pas d’air !


Pour moi, question galipettes, c’est plutôt calme en ce moment. Ça fait un bail que Zoé me laisse sur la béquille et un moine cénobite ne ferait pas plus de folies de mon corps… Alors, forcément, quand Éléonore s’est pointée dans son p’tit short de sport moulant à la maison après l’entraînement, ça m’a mis dans tous mes états. À peine Zoé m’avait-elle tourné le dos que je lui collais la main au panier, à sa copine. Cette dernière n’eut pas l’air de s’en plaindre, car dès le lendemain elle fit preuve de beaucoup d’empathie pour soulager ma solitude.


Et dire qu’elle semblait impatiente des matchs retours, elle s’est bien payé ma poire ! Je serais curieux de voir la tête qu’il aura, le futur mouflet, une nénette sur le point de se marier qui se couche si facilement ne doit sûrement pas en être à son coup d’essai.



Plus besoin de wax, Pôpaul brillera avec Membrax !



Qu’est-ce que je fais là ? se demande Enzo. Je ne connais personne, sauf la mariée bien sûr.


Hier, elle m’a envoyé un carton d’invitation :


« Éléonore et Xavier ont la joie de vous faire part de leur mariage et prient Monsieur Enzo Zalando, d’assister à la cérémonie religieuse qui se tiendra en l’abbaye des Chandelles. Elle sera suivie par un cocktail dînatoire au Château des Lys »


J’admire la toilette immaculée d’Éléonore. J’imagine sa guêpière blanche sous sa robe de mariée, l’œil du professionnel. Je suis représentant en petites culottes, enfin c’est ce que je dis à mes potes quand on prend un verre ensemble. Officiellement, je vends de la lingerie fine. Bref, je fais du porte-à-porte avec ma valise, auprès des ménagères de plus de cinquante ans qui regardent la télé.


Parfois, j’anime quelques soirées Tupperware, remplaçant les boîtes plastiques par des tenues sexy. Ces dames, bien émoustillées, se laissent conseiller et avec un peu de chance j’aperçois au détour d’un essayage, une fesse ou un sein, ce qui déclenche l’hilarité générale.


C’est là que j’ai rencontré la future madame Dupont, elle cherchait une tenue pour son mariage. J’en avais bien sûr, toute une collection, mais pas avec moi. Aussi la séance terminée, je l’invitai à passer à mon hôtel. Après avoir essayé plusieurs modèles, elle a flashé sur une guêpière blanche en dentelle du meilleur effet, le BlueBella un grand classique. Je lui confirmai qu’elle lui allait comme… une guêpière.


Je le lui ai offert en cadeau de mariage. Pour me remercier, elle m’a offert un échantillon de sa nuit de noces. Quel tempérament !

C’est gentil de m’avoir invité.


Tiens, le marié à l’air soucieux, certainement il aurait aimé annoncer lui-même la bonne nouvelle.


De son côté, Servan Le Goziéssec contemple aussi la scène d’un regard humide, bien qu’imperméable à l’émotion nuptiale. Il a rejoint la noce en catastrophe depuis les Sabres d’Ozone où vient de se conclure de saumâtre façon son demi-tour du monde à la voile en solitaire. Demi-tour ? Depuis la crise sanitaire, tout le monde a dû faire des compromis et revoir ses ambitions à la baisse.


C’est aussi là, en pleine marina, qu’il se rappelle avoir lutiné la mariée, passée à l’improviste pour l’encourager à la veille du départ. L’intention était généreuse : lui offrir anticipativement le repos du guerrier, un dernier coup pour la route, en quelque sorte. Un programme revigorant que Servan s’applique le plus souvent en presque solitaire, accompagné d’une bouteille dont il dresse le cul.


Ça n’avait pas traîné, ce soir-là. La jeune femme avait aussitôt abattu la toile et baissé sa trinquette pour faire naviguer le mât de misaine breton entre ses globes vendéens. C’était une vorace et une expressive, Éléonore. Servan reçut un généreux acompte des quarantièmes rugissants et des cinquantièmes hurlants, sous les assauts de la presque trentenaire rebondissante, jamais rassasiée. « Attends, mon lapin, laisse-moi tirer sur ton bout pour te sortir de la molle », avait-elle suggéré, alors que les précédents empannages avaient déjà déshydraté son louvoyant partenaire. Un propos bienveillant qui dénotait à la fois une vraie connaissance du lexique nautique, qui évite de parler de corde, et une totale ignorance des superstitions de marins, qui ne craignent rien tant que l’évocation à bord des mammifères à longues oreilles.


Depuis lors, l’ingrat navigateur attribue à cet affectueux accident de langage bien des déboires maritimes, et tout particulièrement la fâcheuse rencontre avec le yacht promène-couillons affrété par son sponsor-titre, les préservatifs Membrax, pour permettre à un groupe d’apothicaires de saluer sa victoire imminente. Le concert des vivats et des trompes avait bientôt été couvert par le craquement sinistre signalant la collision, un choc pénétrant qui lui valut de sombrer à quelques encablures à peine de la ligne d’arrivée.


Plus que décevant, désespérant. Il ne gagnerait décidément jamais que la route du rhum, et plutôt entre deux bistrots qu’entre deux continents. Et puis pas terrible pour l’image de marque, quand on a pour slogan « La sécurité, c’est parfois mieux que la confiance ».


Si Servan Le Goziéssec a, à cet instant les yeux embrumés, c’est donc surtout la faute à son beau Ker Membrax IV noyé in extremis, aux litres de chouchen qu’il a lui-même engloutis pour se consoler en route, et aux effets déplorables que la révélation d’une paternité accidentelle risquerait d’avoir sur la réputation et l’humeur, déjà bien compromises, de son caoutchouteux mécène. Son cerveau imbibé lui répète cette statistique, quarante-quatre jours, dix heures et trente-sept minutes de navigation solitaire, alors qu’il guette la robe immaculée, évaluant l’arrondi que serait susceptible d’y gonfler une brise aussi légère.



N’oubliez pas les sex-toys Membrax, les seuls qui vous malaxent.



Pourquoi j’ai fait cette annonce ? Ça s’affole de partout, maintenant ! s’interroge Éléonore.


L’autre là, le marin au long cours, Jack Sparrow, « j’espère que je n’ai rien à voir avec cette histoire », qu’il m’a dit avec sa bouche en cul de poule. Bon d’accord, en tant que directrice de marketing, c’est moi qui suis allée négocier le contrat de sponsoring. Bon d’accord, j’ai mis un peu plus que du financier dans la balance. Quand on voit le résultat ! Abandon à 100 mètres de l’arrivée. On peut dire qu’il a porté haut les couleurs de Membrax.


Et l’autre vicieux de Nathan ! Il a eu le culot de me proposer de trousser ma robe de mariée dans les fourrés, après la cérémonie. Il préfère les robes de mariée aux shorts en lycra, paraît-il.


Et merde, voilà le VRP en petites culottes ! Qu’est-ce qu’il me veut ! C’est sûr, elle est belle la guêpière que je lui ai achetée. Mais ça gratte, je ne te dis pas. Made in China que c’est marqué sur l’étiquette ! Escroc.


Bon faut que je retrouve mon Xav, il est où, d’ailleurs… Ah le voilà. La tronche qu’il tire… J’aurais peut-être dû lui parler ce matin, mais quand j’ai voulu, j’avais la bouche pleine, c’est sa faute après tout.

Il est tout chamboulé, mon Xav… Oh merde, il est avec la belle-doche.


Alors que les danseurs envahissent la piste, Germaine, la douce et tendre maman du jeune marié, a pris son fils dans un coin pour le sermonner.

Déjà qu’elle ne portait pas la belle Éléonore dans son cœur, mais apprendre qu’elle sera bientôt grand-mère lui a foutu un sacré coup, et bien sûr c’est Xavier qui va devoir subir son courroux.



Un peu interloqué, le jeune homme regarde sa mère. Aurait-elle un doute ?



Avisant sa belle-fille qui arrive vers eux, elle pressentit qu’il fallait mettre fin à cette conversation.



Nathan, le bon ami qui savait si bien s’occuper d’Éléonore ne peut éviter le sourire de belle-maman.


Voilà maintenant la belle-doche qui se pointe avec deux verres de champagne à la main… moi qui comptais éclaircir quelques détails avec la reine de la soirée, c’est raté ! De toute façon, Zoé est repartie lui tenir la jambe dans le but certain de s’épancher sur son bonheur, celui d’Éléonore, bien sûr !



Lui faire un sort ne me déplairait pas tant que ça ! Cette femme de caractère un peu intimidante garde de bons arguments et possède étonnamment une réputation sulfureuse que seul feu son époux semblait ignorer. Ce doit être de famille : tel père, tel fils ! Tout n’est peut-être pas perdu, mes joutes physiques avec la ravissante Éléonore ne seront pas forcément reléguées aux oubliettes.



Regardant un bref instant autour d’elle, Germaine semble hésitante, puis me prend la main pour m’emmener à l’écart.



Et effectivement, ça ne traîne pas ! Sans même me laisser le temps de dire ouf, elle m’empoigne fermement les valseuses pour une intrépide caresse démontrant l’urgence incontestable de la situation. Décidément, cette famille ne cessera de me surprendre, n’en déplaise au marié du jour, après sa p’tite copine qui profita de la douceur de mes draps, maintenant sa mère qui me fait du rentre-dedans ! Toutes deux semblent détenir les mêmes savantes facultés à émouvoir le fauve qui sommeille en moi, mais qui ne demande plus qu’à surgir de sa tanière pour quémander un peu d’aventure.


Le déballage attendu n’est pas celui des confidences, il se transforme aussitôt en un solo prodigieux de flûte pipeau. Elle s’y connaît l’artiste… rivalisant d’adresse buccale et linguale pour flatter la bête désormais en rut bénéficiant de sa maestria. L’instrumentiste-virtuose possède cependant elle aussi un animal de compagnie à satisfaire, et paraît finalement souhaiter m’offrir un antre des plus accueillants en soulevant son jupon. Le festin, si impudiquement proposé, s’avère inespéré et l’ultime pauvre défense textile s’interposant encore à mon appétit vorace ne résiste pas bien longtemps. La culotte tombe aussitôt pour découvrir un félin angora, soyeux à souhait, et miaulant d’impatience à la perspective du câlin à venir.



Qu’il en soit ainsi ! Ni une ni deux, je présente mon Indiana Jones à l’orée de la grotte paludéenne pour pénétrer intrépidement cette délicieuse zone tropicale. Dieu que c’est bon ! Plus aucune retenue ne s’avère de mise et la cadence devient compulsive… engendrant halètement et grimaces d’excitation.


Il ne faut pas lui en promettre, à la belle-doche ! Elle encaisse vaillamment l’offensive et l’encourage d’autant par des gémissements de plaisir stimulants ayant raison de mon endurance. La bataille est perdue d’avance, j’explose lamentablement en un long râle guttural de béatitude et baptise précocement la caverne chaleureuse qui m’emprisonne, laissant malheureusement de la sorte ma partenaire du moment inassouvie.



Le gel « Membrax » aux huiles essentielles, apaise le feu et vous relaxe



Indifférent aux remous provoqués par le discours d’Éléonore, Enzo, le spécialiste du soutien-gorge, rêve au bord de la piste de danse.


Tous les hommes se battent pour faire danser la mariée, enfin cette valse est pour lui :



Se reprenant :




Membrax pour un tir vous procure un max de plaisir !



Ouais, maman a raison, se dit Xavier… Il me faut faire un test de paternité. Après l’accouchement. D’ici là, il me faudra ronger mon frein. Ou alors, me venger. Punir les traîtres par-là où ils ont péché. Je vais commencer par la meuf du marin, la Noémie Le Goziésec. D’abord faire le regard d’un basset artésien. Puis m’épancher sur son épaule.



La jolie Noémie est toujours prête à porter secours à son prochain, surtout s’il est mignon comme Xavier. De plus, cela fera les pieds à son coureur de mari, et si elle peut faire porter quelques ramures à cette pimbêche d’Éléonore, c’est le double effet Kiss Cool.



Elle entraîne le basset hound vers un coin tranquille, s’agenouille devant lui et entame un solo de flûte à gros bec.

Cinq minutes plus tard, troussée jusqu’à la taille, les mains posées sur un muret et les fesses à l’air, elle se fait crépir le palais des merveilles par le jeune marié réjoui.

Galant, Xavier embrasse les fesses rebondies



Jetant un œil sur les danseurs, le marié cherche sa prochaine conquête :



Noémie Le Goziéssec n’a pas le temps de se faire présentable qu’elle voit son naufragé l’aborder vent debout :



Les invités s’arrêtent de parler et se tournent vers lui.



« Chère Éléonore, cher Xavier, chers amis de Membrax et d’ailleurs,

comme vous le savez, mon arrivée un peu précipitée ne m’a pas permis de déposer mon écot sur votre liste de mariage, bordel de cul ! Alors j’ai décidé de vous offrir quelque chose de plus personnel, un cadeau qui me ressemble.

J’ai extrait de ma cave ce tonneau de N’Golo N’Golo. Une sorte de ratafia des îles. C’est du vingt ans d’âge, un cadeau du chef coutumier de la tribu qui m’avait recueilli lorsque j’ai coul… enfin peu importe.

Je sais pas ce qu’ils mettent dedans, mais ça se laisse boire, et c’est le cadeau traditionnel qu’ils offrent aux jeunes mariés, dans leur patelin. Vous m’en direz des nouvelles ! Allez hop, faites passer.

Qui n’écluse pas son verre n’est pas français ! À la santé des mariés ! À leur descendance ! À la sécurité ! À la confiance !



Non, mais oh, ils se prennent pour qui, ces loustics ? s’insurge Éléonore.

Je suis une femme mariée maintenant. Pas depuis longtemps, d’accord, mais ce n’est pas une raison. Et bientôt mère de famille de surcroît.

J’ai eu certes une jeunesse agitée, quelques écarts de-ci de-là, mais c’est terminé. Je suis rangée des voitures depuis au moins deux ou trois heures.

Jack Sparrow, ça semble réglé, vu la tronche qu’il tirait tout à l’heure.

L’italian Lover, j’espère qu’il a compris, sinon je me chargerai de lui mettre les points sur les « i » de manière un peu plus accentuée.

Nathan, je ne sais pas où il est, ça tombe bien, ça m’arrange. Tiens, le voilà. Qu’est-ce qu’il fait au bras de la belle-doche, lui ? Ils viennent d’où ? Nonnnnn ! Pas belle-maman !

Ahahahah. Nathan : affaire classée également donc.

Il y avait qui d’autre déjà ? Je crois que j’ai fait le tour, au moins des récents. Je n’ai plus rien sur le gaz.

Je vais pouvoir me consacrer à ma nouvelle vie de femme honnête et à mon mari. Ça me fait tout drôle de dire ça !

Bon, il est passé où mon Xav ?


Alors qu’Éléonore aperçoit Xavier et se précipite vers lui, Zoé l’agrippe par le bras :



Les filles, dont la plus petite mesure 1,75 m, prennent des poses plus sexy les unes que les autres. Elles encadrent Raymond, leur entraîneur, qui ne détache pas ses yeux du décolleté d’Éléonore, il est à la bonne hauteur.


Faut dire que Raymond, la cinquantaine, ancien international français de curling, recyclé dans le basket féminin, a choisi ce sport, non pas du fait de ses compétences, mais pour son goût pour les femmes de grande taille, malgré ses 1,58 m.

Les joueuses ne sont d’ailleurs pas sélectionnées uniquement pour leur qualité de jeu, mais pour leur sourire et, osons le dire, pour leur cul.

Raymond, petit coq, au milieu de ces demoiselles géantes, pose pour la postérité en débitant sa sempiternelle blague qui ne fait rire que lui « je m’appelle Mond, Ray Mond ».



Le remontant au panax pour une nuit de noces spéciale Membrax




À peine me quittait-elle en me votant les félicitations du jury, que Jeanne, demoiselle d’honneur et coéquipière de mon épouse dans l’équipe du Membrax Basket Club se radine en chouinant. Le fameux Dédé lui a proposé d’essayer la nouveauté des produits Membrax, un plug qui s’éclaire à chaque fois qu’elle rencontre un homme qui lui plaît. Elle n’arrive pas à le retirer toute seule et elle en a marre d’avoir le cul comme une boule à facettes de discothèque. « Imagine mon désarroi » qu’elle m’a dit la pauvre, « mes fesses se sont illuminées à la mairie et à l’église, pendant le sermon ». Je suis le seul, paraît-il, en qui elle ait confiance.


N’écoutant que mon bon cœur, je lui extrais l’ustensile qui la fait ressembler à la « Fièvre du samedi soir ». Comme ce petit service l’a émoustillée et que je subis encore les effets du Zobdur, l’aphrodisiaque Membrax, je lui vérifie la tuyauterie. En bonne basketteuse, c’est une liane musclée d’un mètre quatre-vingts avec qui je joue, elle le dos sur la Mercédès de l’entraîneur, et moi placé dans la raquette, c’est-à-dire entre ses belles et longues jambes, je lui fais une série de tirs à trois points.


La musique attaque les danses de salon, épreuve obligée pour plaire à l’ancienne génération. Ce qui permet à Enzo de montrer ses talents avec Éléonore et les demoiselles d’honneur, tandis que Nathan et Servan écrasent en toute impunité les pieds de leurs cavalières.


Fricoter, c’est bien… mais Enzo a encore des affaires à réaliser. Après un quart d’heure de tango, à la recherche de nouvelles clientes, il aborde la mariée devant le buffet déjà bien entamé :



Éléonore n’a pas le temps d’achever sa phrase.



Enzo s’éloigne en faisant de grands gestes, laissant Éléonore sans voix.


Soudain, la musique s’arrête, les danseurs s’écartent, deux chaises sont installées au milieu de la piste. Les mariés sont invités à s’asseoir pour voir leur vie défiler sur l’écran dressé à la hâte devant eux. Ils n’ont pas le temps de se dire un mot, c’est la main dans la main qu’ils vont subir ce supplice tant redouté.


Dans l’obscurité, personne ne remarque Servan qui a glissé sa main sous la robe de Zoé, dont la culotte d’Enzo commençait à gratter… ni Nathan ayant, pour s’occuper, trouvé une place entre deux demoiselles d’honneur… ni même le cousin Hub qui sous prétexte d’aller chercher à boire s’est isolé dans la cuisine avec un beau serveur.


Les images se succèdent déclenchant les rires des invités, seulement troublés par le gloussement attendri de Germaine en voyant son petit Xavier, âgé de trois ans, courir tout nu sur la plage.


Moment crucial, la jarretière de la mariée, et là, gros stress. Éléonore debout sur une chaise, entourée de toute la noce, laisse un de ses cousins lui tripoter les cuisses plus haut qu’il ne faudrait. Jusqu’où monte-t-il ? Le sourire de la mariée en dit long…


Sur ce, le cousin Hub se radine, tout rouge d’indignation :



Nathan quant à lui n’en revient toujours pas de sa petite sauterie avec Madame Dupont mère. Eh bien, la reine mère, qui l’aurait cru, une vraie tigresse ! Elle pourrait se révéler le plan idéal pour mes escapades hygiéniques à venir, et puis il me faudra prendre ma revanche… Ma réputation en dépend !


Bon, c’est pas tout, où se cache-t-elle, la reine du bal ? Il serait grand temps que je lui cause… La naissance étant prévue pour mai, ça collerait, et il se pourrait bien que le futur père ne soit finalement pas celui auquel on pense.


Alors, voyons ! Voilà Zoé qui papote avec Servan qui doit certainement lui promettre les quarantièmes rugissants. Z’ont déjà plus l’air très frais tous les deux… Il a pourtant habituellement de la descente, Jack Sparrow ! Toujours est-il que s’il pouvait l’embarquer à son bord, ma Zoé, et se perdre dans son triangle des Bermudes, ça arrangerait bien mes affaires.


Tiens donc, Xavier fait virevolter Noémie sur la piste de danse. Hey, ne serait-ce pas une pogne baladeuse que je vois là ? Il ne manque pas de culot le marié ! OK, je compatis… elle est canon ! Je me chargerais bien moi aussi de lui conter fleurette lors de ses longues périodes de solitude à guetter, assise sur ma bite d’amarrage, le retour de son marin.


L’équipe de basket quant à elle affiche complet, et ces pros de la main au panier la constituant paraissent se divertir dello stallone italiano qui tente encore de leur refourguer ses friperies made in china. Sacré Enzo Maccione… Toujours en charmante compagnie, le loustic ! Malheureusement pour lui, il se retrouve bien plus souvent sur la béquille qu’à chevaucher les bolides qu’il convoite.


Ah, Éléonore ! Et mince, trop tard, elle s’est fait alpaguer par sa belle-doche. Tiens, ça me donne des idées, et voilà que quelque chose semblant vivant se remet à frétiller dans mon calcif. Chaque chose en son temps, commençons par attraper une coupe de N’Golo N’Golo avant qu’oncle Nestor n’ait tout bu.


Je sirote donc tranquillement ce nectar sauvé du naufrage tout en laissant divaguer mon imagination, mes deux ex-conquêtes dans mon lit… une perspective attrayante…



Ne soyez pas furax, voyez la vie en rose avec Membrax !



Mais, il est où, mon Xav ? Où se cache-t-il ? Ah zut, Nathan, manquait plus que lui… ça a été du rapide avec Belle-Maman ! Il est parti avec elle bras dessus dessous il y a dix minutes à peine et le revoilà déjà ? C’est lui qui ne tient pas la distance ou elle qui n’est plus habituée ?


Non, je peux me poser légitimement la question. Parce qu’avec lui ça n’a pas été le nirvana, même si honnêtement, j’ai connu pire.


Je suis une femme mariée maintenant. J’ai eu la faiblesse d’avoir pitié de lui en pleine déconfiture et en pleine instance de divorce, mais maintenant, pour ma part, c’est terminé.


D’autant plus que Zoé m’a raconté ses exploits. Enfin exploits, je ne sais pas, ses tentatives d’exploits on va dire. Elle n’a pas demandé le divorce pour rien. Paraît-il qu’il draguait tout ce qui bouge et qui a une paire de seins. Je n’ai pas envie d’en rajouter au chagrin de ma copine et d’être la énième sur la liste de ses maîtresses. On va dire que lui et moi, ça aura été une grossière erreur.


Donc, ça tombe bien finalement qu’il ramène sa fraise le Nathan, je vais lui annoncer qu’on va en rester là, lui et moi ! Et après, j’irais m’occuper de mon petit mari. Même pas pu discuter cinq minutes avec lui.



À peine a-t-elle fini sa phrase qu’Éléonore pâlit et semble paniquée. Près du buffet, le vendeur italien de lingerie est en grande discussion avec son époux. Que peut-il bien lui vouloir ?



Xavier bougon croit qu’Enzo se moque de lui :



Enzo toujours volubile, parle avec les mains. Il ne fait pas attention que Xavier ne l’écoute plus :



Apercevant Éléonore de l’autre côté de la piste, Enzo s’élance au milieu des danseurs.



Interpellée de loin, la mariée se retourne :



Éléonore se trouble, elle se souvient de cette soirée avec Noémie. Elle bafouille :



Éléonore le regarde s’éloigner en souriant.


Tandis que les danseurs se trémoussent en faisant tourner leurs serviettes sur la voix mélodieuse d’un certain Patrick, dans un coin de la salle, un peu à l’écart, un groupe de femmes tiennent conciliabule :



Enzo a surpris les regards belliqueux de ses clientes allergiques à la Chine. Il est temps de battre en retraite. Avant de partir, il va saluer les mariés, enfin la mariée :



Éléonore ouvre le paquet, un charmant ensemble pour nourrissons, brassière, chaussons… et au milieu, surprise, un beau sex-toy en forme de girafe.



Éléonore, attendrie, regarde les étiquettes de son cadeau… « made in Vietnam ».


Tandis qu’Enzo gagne la sortie en essayant d’éviter les furies à sa recherche, elle se souvient du jour où, avec ce bel Italien… « mais quel baratineur ! Pourquoi fallait-il qu’il parle autant ? J’ai besoin de concentration au moment de jouir, et lui il tchatchait, il tchatchait… enfin je serais heureuse de le revoir quand j’accompagnerai Papa Membrax visiter sa filiale italienne ».



« Avec Membrax, restez dans l’axe »



Bon, me voilà seul et délaissé de tous… réalise Nathan. L’on ne récolte que ce que l’on a semé, il est vrai que je n’ai pas été des plus agréables ce soir.


Éléonore est en grande discussion avec son Jules, ils semblent se réconcilier aux vues des œillades de merlan frit qu’ils se jettent – la nuit de noces promet d’être chaude ! ; Germaine m’ignore… Il aurait été certainement préférable de me montrer plus endurant afin qu’elle ne cherche pas à changer de crémerie – tant pis, elle me plaisait bien, belle-maman ! ; Zoé vérifie le service trois-pièces de Servan de Kersauson pour s’assurer qu’une tirboulette n’est pas restée bloquée entre le winch et l’écoute de grand-voile au cours d’un empannage ; et Noémie fricote gentiment avec Nono, le témoin de Xavier.


Quant à moi, eh bien… je picole !


Pfff ! C’est que ça échauffe la libido le N’Golo N’Golo… Sans compter les deux Panax que m’a refilés le représentant de chez Membrax « Avale ça et tu les enverras toutes sur orbite, m’a-t-il dit ». C’est malin ! Maintenant, j’ai les hormones qui dansent la Javanaise, deux ballons de baudruches prêts à exploser entre les cuisses, et personne avec qui jouer au bilboquet. Lorsqu’arrivant dans mon dos, une voix, grave, mais chantante, me sort de mes tergiversations.



Surpris, je me retourne pour me retrouver nez à nez avec le cousin Hub, qui me toise mielleusement comme si j’étais une entrecôte saignante exposée devant le museau d’un doberman affamé.



Mièvrement, il m’offre son plus beau sourire et me dit :



Sa dextre vient alors tendrement se plaquer sur la bosse qui déforme mon pantalon… Eh oui, deux Panax, il y en avait peut-être un de trop ! Toujours est-il que la caresse bienveillante éveille en moi une pulsion primaire irrépressible… Il y a urgence, il me faut sans tarder libérer la pression. Sans pour autant me dégager de la délicate attention de mon interlocuteur, je m’entends lui proposer :



En sortant, bras dessus bras dessous, nous croisons Zoé aux prises avec Servan. Loin d’être gênée, cette dernière esquisse une mine réjouie et nous lance :




Membrax vous présente ses dernières créations,

Les parfums aux phéromones Vulvix et Zobraide,

Devenez Circé ou Don Juan,

les plus grands séducteurs vous envieront.

Pour trouver l’amour, pas de problème, Membrax vous aide.



Le camelot de chez Membrax continue à proposer ses produits, mais combien en ont-ils ? c’est pire que le catalogue de la Redoute.


Essayant de noyer ses idées noires dans une flûte de champagne, Xavier écoute d’une oreille distraite les remontrances de sa chère maman. Mais son esprit est ailleurs :


Bon, depuis qu’Éléonore a fait son petit discours, nous ne nous sommes plus parlé ni même approché, les commères vont bientôt jaser. Elle discute actuellement avec ses parents. Je ne peux pas rester comme un con à ruminer dans mon coin.


J’ai beau avoir quelques verres dans le nez, je tiens encore debout, et surtout je garde les yeux grands ouverts et les oreilles en mode parabole.

L’air de rien, je vois et j’entends des choses qui me remuent le poitrail. Éléonore fait le tour des potentiels cocufieurs, remonte les bretelles et remet les pendules à l’heure. Elle ne paraît pas comme ça, mais c’est une femme à poigne.



La voir se dresser sur ses ergots me fait chaud au cœur. Bon, le père de son enfant faut encore vérifier, mais je commence à regretter d’avoir douté d’elle. Certes elle a déroulé du câble avant de me connaître, mais qui suis-je pour lui jeter la première pierre, hein ? Je n’ai pas toujours mené une vie exempte de tous reproches, quelques voisines peuvent en témoigner.

D’ailleurs, comme le dit si bien le Dalaï-Lama, « Ne jetez pas la pierre à la femme adultère, je me trouve derrière. »


Il faut à tout prix que nous ayons une discussion, que je lui dise que je l’aime, et d’admirer son petit cul moulé dans sa robe blanche, de la voir me sourire de l’autre côté de la salle, de me transpercer de son regard innocent, ça me met le grand chauve à col roulé dans tous ses états. Il ne demande qu’une chose, c’est d’aller se nicher au creux de sa petite mimine.

Il n’y a pas à dire, faut éviter de mélanger le N’Golo N’Golo et l’aphrodisiaque Membrax… « l’aphrodisiaque qui te fait durer un max » comme dit la pub, pas sûr.


Perdu dans ses pensées, Xavier voit sa douce épouse se diriger vers lui… C’est le moment ! Bien qu’elle ait son air des mauvais jours, il est décidé…



Éléonore se love dans les bras de son mari qui en profite pour évoquer ce qui lui tient à cœur depuis qu’elle a fait son annonce :



Éléonore entame sa lecture et blêmit. Retournant fébrilement le papier dans tous les sens, elle remarque soudain le verso et un sourire adoucit lentement son visage.



Éléonore ne peut s’empêcher de penser : « Ouf, je ne m’en tire pas trop mal ».


Mais Xavier veut encore se disculper :



Éléonore regarde Xavier amoureusement :



Trop tard, à cet instant l’animateur lance une chanson. Dès les premières notes, nos regards s’accrochent, et je ne sais pas si les phéromones y sont pour quelque chose, mais ça trépigne dans mon calbute.

Ce n’est pas n’importe quel air, c’est « I’ll stand by you » des Pretenders, notre chanson. Celle sur laquelle nous nous sommes rencontrés, Éléonore et moi. Tandis qu’elle m’offrait sa case trésor résonnaient ces paroles dans une traduction libre :


Oh, pourquoi tu as l’air si triste ?

Les larmes sont dans tes yeux

Viens et viens à moi maintenant

N’aie pas honte de pleurer


Certes, ce n’est pas du Baudelaire, mais elle nous touchait. Son petit ami venait de la larguer.

Tous ces souvenirs remontent à la surface… de ma mémoire. Alors, tel un guépard majestueux je m’approche de la belle et blanche gazelle.



Les premières paroles retentissent et nous bercent. J’enlace ma belle, pose une main sur sa hanche et l’autre sur ses fesses… J’attends ce moment depuis que nous sommes passés devant le maire et le curé.


La nuit s’annonce pleine de promesses.



Avec le gel « Membrax », tout glisse, tout passe !



Ma tendre épouse sur mes genoux, je somnole un peu. Il faut me pardonner, un abus de champagne, de N’Golo N’Golo, et d’avoir honoré les demoiselles d’honneur me rend tout flagada. Je ne suis qu’un homme après tout.


L’annonce aussi de mes toutes nouvelles facultés reproductrices me tourneboule, aussi fais-je des songes horrifico-érotiques, entre rêve et réalité, qui me flanquent une érection législative, au grand plaisir d’Éléonore.


En me souvenant de mes exploits avec Zoé et ses amies, je pousse un cri d’effroi qui fait sursauter toute la noce. Je prends soudain conscience de ne pas avoir utilisé ni de Membrax ni un de ses concurrents.

Je suis épouvanté. Je me vois entouré de plein de marmots qui gambadent partout… des marmots qui me ressemblent !



— FIN —



De retour de leur lune de miel aux Bahamas, aux frais de Membrax, Monsieur et Madame Dupont envoient un petit mot de remerciements à leurs amis.



—MERCI—

Nous avons été très touchés par la délicate attention

Que vous nous avez témoignée lors de notre mariage

Et d’avoir contribué par votre présence et vos attentions

À faire de ce jour le plus beau de notre vie !



Lætitia : Éléonore

Ragadast : Xavier


M’enfin, quand on voit l’acabit des invités :


Charlie67 : Germaine.

La belle-doche qui rêve encore au plus beau jour de sa vie. Il y a… si longtemps.

Amarcord : Servan.

Qui a dû finir seul sa bouteille de N’Golo N’Golo.

Patrick Paris : Enzo.

Qui n’a pas réussi à vendre son lot de petites culottes made in China.

L’artiste : Nathan.

Qui se souviendra longtemps du passage de cousin Hubert.


Un grand merci à tonton Pericles pour son aide lors des préparatifs, mais qui, pour des raisons professionnelles, n’a malheureusement pas pu assister à la noce.