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n° 20197Fiche technique55783 caractères55783
Temps de lecture estimé : 30 mn
12/04/21
Résumé:  Un gay en mal d'amour a rendez-vous avec une femme. Mais il ne faut pas se fier aux apparences.
Critères:  fh fépilée bizarre -fantastiq
Auteur : Domi Dupon  (Une antiquité du site)            Envoi mini-message
Mais que diable allait-il donc faire dans cette galère ?

Tout est vrai dans cette histoire, mon histoire. Ceux qui émettraient des doutes devraient savoir que la réalité dépasse toujours les limitations de vitesse et la fiction…



Premier avatar, la nature m’avait fait gay dans une famille qui fleurait bon l’encens et l’eau bénite auxquels il fallait ajouter, pour les fêtes carillonnées ou pas, un gros, très gros zeste de côte du Rhône village. J’en étais sorti, ou plutôt j’en avais été expulsé et excommunié de fait, lorsque j’avais rencontré l’amour et mon confesseur alors que je me dirigeai à petits pas vers un célibat tendance monacale. Malheureusement, après quelques années d’une passion dévorante, monsieur le curé retourna, penaud, la queue entre les jambes, oserai-je écrire, à son missel et à ses pater-noster. Ni ma bite, qu’il trouvait délicieuse en bouche, ni mon anus, qu’il avait rendu très accueillant, n’avaient pu s’opposer à l’appel du goupillon.


À la suite de cette rupture, comme la cigale de la fable, je m’étais trouvé fort dépourvu. Jamais je n’aurais osé coming-outer et, ainsi, exposer au vu de tous mon homosexualité. Naïf et fleur bleue, je ne cherchais pas uniquement un plaisir sexuel ni une rencontre sentimentale, mais une complicité, si possible bien nantie.


Marjo, ma meilleure amie et néanmoins collègue de travail, la seule à connaître mes turpitudes, me conseilla d’aller sur un tchat.


Comme beaucoup de garçons gays, j’avais des relations excellentes avec la gent féminine. Certaines devaient sentir qu’avec moi leur vertu ne risquait pas d’être outragée. D’autres, pressentant mes penchants, y voyaient un challenge et tentaient de me mettre dans leur lit. Marjo n’appartenait à aucune de ces catégories et elle avait su trouver le chemin de mon lit… Pour rien. Je lui avouai le désintérêt de mon pénis pour les femmes. Cette révélation renforça notre amitié.


Les tchats me donneraient de bonnes opportunités de rencontres, m’avait-elle dit. Je pris rapidement conscience qu’en ligne, on trouvait surtout des mythomanes tapant d’une main et se masturbant de l’autre (ou le contraire).


Malgré tout, certains soirs de blues, il m’arrivait de les fréquenter et de délirer avec d’illustres inconnus. Délires sans lendemain ni conséquences. C’est ainsi que j’avais contacté UNE femme, cette femme que je devais rencontrer dans l’heure. J’avais pris langue avec elle, par curiosité : elle s’était localisée dans mon village. Malgré ma grande naïveté, je me doutais bien qu’elle n’y vivait pas. Moi-même, j’avais choisi un bourg aux alentours. Ironie de l’histoire, elle m’avait répondu pour la même raison. Par la suite, cela nous amusa.


Ce premier contact impromptu fut à la fois anodin et agréable. Nous échangeâmes sur le mode plaisant sans nous dévoiler. D’autres suivirent au gré de nos connexions. Nous avions la même recherche illusoire : un homme, pour un peu plus qu’une aventure d’un soir. Elle ne rencontrait pas plus de succès que moi : cela nous rapprocha.


Un mois s’écoula, puis deux, puis trois, une complicité certaine s’installa. Nos dialogues devenaient plus intimes. Nous nous racontions nos aventures, ou plutôt nos mésaventures en restant toujours sur un registre humoristique, nous moquant de nous-mêmes. Un soir, la situation dérapa. Shirley, pseudo sous lequel je la connaissais, craqua. Depuis plusieurs semaines, elle me parlait d’un homme différent des autres. Elle avait mis beaucoup d’espoir dans leur rencontre. Sa déception fut immense. À la place du quinqua cérébral que ses propos avaient laissé supposer, elle s’était trouvée face à un balourd mal rasé qui avait pour seul but de « tirer un coup ».


Devant son refus de jouer les « Marie-couche-toi » tout de suite, il l’avait traitée de vieille peau.



J’étais toujours sidéré par la vitesse à laquelle elle tapait. Je la supposais secrétaire ou, en tout cas, d’avoir un job où elle utilisait le traitement de texte au quotidien.



Bien qu’elle s’en défende, ses insultes l’avaient blessée. Pour la première fois, elle avait évoqué son âge et son apparence physique. Pour lui remonter le moral, je l’entraînai dans un conte érotico-comique où nous ridiculisâmes son rendez-vous.


C’est là que je commis l’erreur fatale qui m’amena à ce funeste rendez-vous. Je lui déclarai, y croyant presque :



Cette sortie intempestive nous amena sur un terrain très glissant et interdit au moins de dix-huit ans : notre rencontre… virtuelle cela va de soi. Elle avait une imagination alerte et le verbe évocateur. Si évocateur que je me retrouvai la bite à l’air et en tension. Elle avait réussi à installer une ambiance où en femme mâle, elle me faisait l’amour. Pour la première fois, une femme m’avait fait jouir, même si ce n’était que par l’intermédiaire de ma main.


Nos échanges se multiplièrent jusqu’à devenir quotidien, évoluant vers des jeux érotiques complexes. Shirley, souvent, dans ces scénarios, endossait le rôle de la virilité. Un partenaire très imaginatif comme j’en rêvais. Depuis ma rupture l’automne précédent avec mon curé, j’avais vécu deux ou trois « aventures », pour le moins décevantes, basées uniquement sur la baise primale.


Cette relation m’apportait plus de satisfactions, mais aussi beaucoup de frustration. Malgré son goût affiché pour me sodomiser, je ne parvenais pas à oublier que la nature ne l’avait pas dotée de cet élément d’une quinzaine de centimètres minimum, essentiel à mon plaisir. Derrière mon écran, quand ses mots me portaient, je pouvais l’imaginer comme une espèce de trans pourvue d’un membre qui réjouirait ma main et ma bouche. Tout alla pour le mieux pendant trois semaines. Jusqu’à hier soir…


Comme d’habitude, nous engageâmes immédiatement le fer pour une de nos joutes faites d’allusions et d’insinuations, mais elle rompit brutalement le charme :



Je ne pris pas immédiatement conscience du changement de tonalité et répliquai :



Elle me mit le point sur les i et un grand coup dans l’estomac.



Et c’est là, comme l’a dit avant moi l’inspecteur principal Alexandre-Benoit Bérurier, que les Athéniens s’atteignirent, les Perses se percèrent et les Suisses se suicidèrent. Elle voulait que nous nous rencontrions.


J’en restai muet du clavier. La seule relation sensuelle que j’avais eue avec une femme, mon amie Marjo, n’avait guère été concluante… et elle était canon ! Mon silence fut très parlant.



Sur la tête de ma mère (qu’elle repose en paix, bien qu’elle m’ait maudit sur son lit de mort), elle a réellement écrit ça : chatte, clito. Estomaqué, j’étais. Lors de nos ébats, les situations que nous évoquions, si elles étaient coquines, voire plus hard, usaient d’un vocabulaire poétique, floral (bourgeon, corolle, rose), fruitier (pamplemousse, noisette, banane), voire chanson de geste (fier étendard, baguette magique ou pieu chevalier). Jamais, au grand jamais, nous n’utilisions des vocables d’une crudité aussi directe.


Cela me désarçonna tellement qu’au lieu de lui retourner un refus ferme et définitif, j’atermoyais. Résultat, la drôlesse m’embobina si parfaitement que j’en arrivai à accepter une rencontre.

D’où mon émoi, alors qu’à quarante-deux ans et quelques amants, je m’apprêtai pour un premier rendez-vous.




*_* -*_*-*_*-*_*-*_*




Nous n’avions guère parlé de nos lieux de résidence, sinon dans nos premiers échanges, pour nous amuser de cette ironique coïncidence. J’avais « élu domicile » dans le chef-lieu de canton situé à quelque trente kilomètres de chez moi. Si je le traversais quelquefois, je ne le connaissais pas vraiment et, surtout, je n’y étais pas connu. « Je vis en en dehors du bourg », m’avait-elle indiqué, sans autre précision. Pour me faciliter la tâche, plutôt que son adresse, Shirley m’avait envoyé des coordonnées GPS. Lorsque la route passa de départementale à vicinale, que les pâtures remplacèrent les champs cultivés, je commençai d’imaginer une ferme réhabilitée par des citadins, assez commune dans la région. Or, lorsque la voix de sirène minérale et synthétique m’annonça que j’étais arrivé, je stoppai ma Clio à l’aplomb d’un portail monumental. Bordé de part et d’autre d’un mur d’enceinte de plus de deux mètres de haut surmonté d’un grillage en barbelé, il faisait penser à une prison.


Me serai-je trompé ? Pourtant j’avais vérifié les coordonnées qu’elle m’avait envoyées. Aucune autre bâtisse visible dans le coin. Je descendis de voiture. Portail hermétique. Digicode avec hygiaphone incorporé sans indication d’identité. Après une dernière hésitation, je sonnai. Je ne connaissais que son prénom, enfin… son pseudo. Frayeur : la voix qui me parla était indéniablement masculine.



Je ne me prénommais pas ainsi. Oscar était le pseudo dont je m’étais affublé, en référence à un célèbre auteur anglais.



Madame vous attend ! Madame… Shirley avait un larbin, no way ! C’était quoi c’tte histoire. Je commençais à me dire que je m’étais fait gruger. Valse hésitation dans ma petite tête.


Le portail qui s’ouvrait lentement, coulissant sur son rail, força mon indécision. Je remontai dans ma Clio et je m’engageai dans une large allée au bout de laquelle se dressait la maison. Et quelle maison ! Rien de la ferme restaurée à laquelle j’avais songé plus tôt. Maison de maître, genre gentilhommière qui, sous le ciel habillé aux couleurs d’un futur orage, faisait irrésistiblement penser à ces vieilles maisons hantées chères aux films d’horreur. Que Shirley en soit la proprio me paraissait impossible, elle devait y bosser. En cette fin d’août, les véritables propriétaires étaient en villégiature alors… Ça sentait l’arnaque.


Perron ! C’est comme ça qu’il appelait un escalier de quelques marches en arc de cercle menant à une espèce d’esplanade dont beaucoup se seraient contentés comme terrasse. J’hésitai à descendre de ma petite voiture. Je me sentais complètement déplacé en cet endroit. Faire demi-tour. Un coup d’œil dans mon rétro me révéla qu’il était trop tard. Le portail se refermait.


Alors que lentement, mais sûrement, la panique m’envahissait, la porte d’entrée s’ouvrit et un pingouin en habit apparut. Je l’observais. La cinquantaine, plutôt baraqué, engoncé dans un habit trop petit pour lui. Et si c’était lui, Shirley ? Le format me convenait. Cette virilité affichée annonçait sans doute un bon moment.


Il s’immobilisa en haut des marches, attendant ma venue. Je ne comprenais pas son attitude. Il ne me laissait d’autre choix que de m’extraire de mon tas de boue. Je m’avançai. Arrivé à quelque pas, je l’interpellai :



Il ne daigna pas me répondre. Imperturbable, il m’annonça :



Je faillis lui demander à quoi rimait ce cinoche, mais il me tournait déjà le dos, se dirigeant vers l’entrée. Mécaniquement, je lui emboîtai le pas.


Le hall d’entrée me parut aussi vaste que la salle des pas perdus de la gare de la Part-Dieu. En franchissant la porte, je m’étais imaginé des armures au garde-à-vous, les portraits des ancêtres pendus au mur me toisant d’un air réprobateur. Je restais bouche bée, tétanisé. Un grand espace d’un blanc lumineux, habité de sculptures contemporaines, traversait la demeure. Des mobiles, suspendus au plafond, je présume, semblaient comme autant d’oiseaux prêts à fondre sur la proie que j’étais. Je restais planté, hébété.




Celui que je supposais être Shirley se départit un instant de sa morgue devant mon air ahuri :



Il persévérait dans son rôle de majordome stylé. Une comtesse ? Il ne se mouchait pas du coude. Après tout si c’était son trip… Autant entrer dans son jeu… Ça pouvait être sympa.


À l’étage ! Et comment y allait-on à l’étage ? Je ne voyais aucune trace d’escaliers. Il se retourna et, devant mon immobilisme, déclara d’un ton lugubre : « Madame la Comtesse n’aime pas attendre ».


Un violent coup de tonnerre me fit sursauter. Mon hôte, totalement impassible, se dirigeait vers ce que je supposai être la porte d’un ascenseur. Porte à l’ancienne. Il tira la grille et m’invita à y pénétrer. Alors que je passai devant lui, me demandant jusqu’où il pousserait le jeu, il tendit la main :



Une voiturette, ma Clio II DCI… Je faillis répliquer. Je me retins. Il commençait à me gonfler. Je regrettais d’avoir cédé aux chimères de l’internet.



Après tout, si ça l’amusait. Je lui donnai mes clés. Il m’invita à monter dans la cabine. Instinctivement, je m’exécutai. Il referma la grille et s’éloigna.


Si l’extérieur m’avait fait penser à un ascenseur du début des années 1900, la cabine appartenait au vingt et unième siècle. Déplacement en douceur, sans aucun bruit ni vibration. J’eus l’impression bizarre qu’on descendait alors que l’ascenseur m’amenait à l’étage.


Le voyage ne dura que quelques secondes. Le temps pour moi de commencer à flipper. Pourquoi voulait-il mes clés de voiture ? Serai-je tombé entre les griffes d’un maniaque ? Son déguisement me foutait les foies. Déjà, les portes coulissaient s’ouvraient sur un espace faiblement éclairé, ce qui augmenta mon appréhension.



Tout le cinéma que je m’étais fait s’écroula à ces mots. La voix, cette fois, appartenait indéniablement à une femme. Je me décidai à quitter la cabine. Je risquai moins à l’extérieur qu’enfermé dans ce cercueil vertical.


Lorsque je découvris mon hôtesse, je fus immédiatement rassurée. Elle correspondait, du moins pour les mensurations, à ce qu’elle avait annoncé. Les cent quatre-vingts centimètres étaient bien là. Les bottines noires à hauts talons qu’elle portait la propulsaient aux environs d’un mètre quatre-vingt-dix. Sa silhouette ne ressemblait en rien à celle de son serviteur (puisque serviteur, il y avait). Bâtie en athlète, son corps n’en dégageait pas moins une féminité évidente. Féminité mise en valeur par une courte robe noire. Celle-ci dévoilait ses longues cuisses musclées et laissait vivre, libre de toute entrave, une poitrine plus que confortable. Elle avait raison : je l’aurais qualifiée de sculpturale !


Elle m’avait avoué cinquante-huit ans. Elle en paraissait quarante, tout au plus. Mal placé pour juger de la sensualité d’une femme, je trouvai cependant que le beauf qui l’avait maltraitée avait fait preuve d’une mauvaise foi certaine.



Malgré ma taille (178 sous la toise), je dus relever la tête pour accrocher son regard. Des yeux noirs, comme sa longue chevelure, comme ses ongles, comme ses fringues. Tout ce noir faisait ressortir la blancheur diaphane de sa peau. Je pensais à ces gothiques que l’on croisait de temps à autre en ville. Je me rendis compte que la décoration de la pièce s’accordait avec cette absence de couleur. Mon hôte était une adepte du noir et blanc. La faible luminosité dans laquelle baignait ce décor contribuait à créer une atmosphère spéciale.



Je me décidai à répondre.



J’avais encore des doutes et je les exprimais :



Elle m’attira à elle. D’une main plaquée dans mon dos, elle pressa mon corps contre le sien. De l’autre, elle souleva mon menton et s’empara de ma bouche. Forçant mes lèvres, sa langue entama une danse à laquelle je répondis. L’étrangeté de la situation m’excitait, sans pour autant déclencher d’érection. Une femme m’embrassait. Il manquait contre mon ventre la raideur d’un membre prêt à me satisfaire.


Je décrochai, répondis mécaniquement à son baiser. Je laissai mon regard errer dans la pièce. Madame la Comtesse (je n’osai plus l’appeler Shirley) n’avait pas seulement apporté « quelques modifications » au rez-de-chaussée : elle avait fait de même à l’étage. Les plafonds avaient sans doute été rabaissés, les murs abattus pour transformer ses pièces d’habitation en un vaste loft. J’avais identifié la cuisine, la salle à manger, le salon et même la chambre. Murs et plafonds uniformément blancs, fenêtres et portes dissimulées derrière de lourdes tentures noires. Aucune tache de couleur pour perturber cette déclinaison en noir et blanc.


Consciente de mon désintérêt pour son baiser, elle me repoussa.



Je pris un air désolé.



Déshabiller une femme ! Une première. Lorsque Marjo m’avait poussé dans mes derniers retranchements, elle avait fait tout le boulot. Elle s’était débarrassée de ses fringues avant de s’attaquer aux miennes. La désolation s’était lue sur son visage. Ses petits seins en poire aux tétins turgescents, son petit minou sobrement coupé pour l’occasion, ses longues jambes et son ventre plat n’avait eu aucun effet gonflant sur ma zigounette qui pendait lamentablement entre mes jambes. Belle joueuse, quand je lui eus avoué mes penchants, elle s’était exclamée, avant de réintégrer ses vêtements : « Au moins, j’aurais essayé ! »


Aujourd’hui, le problème était tout autre. J’avais accepté d’entrer dans ce jeu. Madame la comtesse me facilita d’ailleurs la tâche. Déjà, en se penchant vers moi, me permettant de passer la robe au-dessus de sa tête sans être sur la pointe des pieds. Ensuite, en portant pour seul atour, ladite robe. Vêtue de ses seules bottines, face à moi, elle était impressionnante. Ce qui attira immédiatement mon regard : son clitoris. Mes inclinaisons ne faisaient pas de moi un spécialiste de l’appareil génital féminin, mais le sien sortait de la norme. Long de plusieurs centimètres, il se dressait fièrement, tel un micropénis, entre des grandes lèvres pendantes.


Bien sûr, elle ne se résumait pas à ce bout de chair palpitant. Ses seins en obus défiant les lois de la pesanteur étaient surmontés de tétons d’un volume tout à fait inhabituel. Ses hanches en amphore laissant présager un cul monumental complétaient le tableau. Et cela sans une once de graisse, de cellulite. La fermeté de l’acier. Cette nudité, je le supposai, aurait déclenché un état de rut avancé chez n’importe quel hétéro normalement constitué. Le blaireau qui l’avait insultée devait avoir la vue basse. Perso, je me fis seulement la réflexion qu’avant de partir à l’assaut, un homme, quel qu’il soit, ferait bien de s’assurer du consentement de Shirley : une baffe et il volerait à l’autre bout de la pièce.



Je savais. Cela revenait en constante dans nos jeux virtuels. Je m’agenouillai. Elle avait écarté ses jambes provoquant une ouverture de sa fente entièrement lisse. Une autre particularité de son corps : aucune pilosité, pas le moindre duvet. Ses sourcils n’étaient qu’un trait de khôl charbonneux. Ses cheveux lui appartenaient-ils ou n’étaient-ils qu’une perruque ?

J’approchai mes lèvres, avec appréhension, de ce fruit juteux tendu vers moi. J’y déposai de timides baisers.



Ma langue ! Bon… Quand faut y aller… J’entamai des léchouilles verticales, m’introduisant peu à peu entre ses lèvres. Un liquide au goût douceâtre en lubrifiait les parois. Je m’enhardis et ma langue s’enfonça de plus en plus dans sa vulve, encouragé oralement par de petites exclamations, manuellement par sa main qui dirigeait ma tête.


Me retirant pour reprendre mon souffle, je me surpris à me lécher les babines, tenter de récupérer chaque goutte de sa mouille. Réaction bizarre s’il en était. Quand je suçais mon curé, je ne recrachais pas, bien que je n’eus aucune appétence pour son sperme. Je n’en aurais pas fait mon quatre heures. Alors que là, je retournai à l’ouvrage avec une envie…

Madame la comtesse me laissa m’abreuver à sa source non pas jusqu’à plus soif – j’avais l’impression que cette soif ne s’éteindrait jamais –, mais jusqu’à ce qu’elle aspire à d’autres plaisirs. Ce qu’elle me fit comprendre en amenant mes lèvres à hauteur de son clitoris.


Quelque part, je me sentis plus à l’aise… Je le pompai comme une bite. D’abord, elle sembla apprécier. Je l’entendais ronronner comme un chaton. Mais un clitoris n’est pas une bite. Elle me le dit franchement, me demandant d’utiliser ma langue, mes lèvres, mes dents autrement. Je m’efforçai de suivre ses conseils, avec une certaine réussite si j’en jugeai à ses soupirs qui, petit à petit, remplaçaient les mots.


Mon sexe gonflait et durcissait. À tel point que je me trouvais à l’étroit dans mon jean. Sans cesser mes clitosuccions, je dégrafai mon futal, libérant popaul. Soudain l’inconcevable se produisit. Une pensée hérétique me traversa l’esprit : j’avais envie de pénétrer cette femme. Je voulais enfoncer ma bite dans cet antre de la féminité alors qu’elle n’avait même jamais pénétré un homme.


Sans plus réfléchir, retrouvant une gestuelle atavique, je me relevai et voulus entamer la visite de son entresol. Mal m’en prit. Madame la Comtesse me repoussa :



Même prononcé sur un ton plaisant, cela sonnait comme un ordre. Je m’empressai. Oscar le pédé se retrouva nu comme un ver, la bite au garde-à-vous, devant une femme, et quelle femme. Elle me prit la main et m’entraîna dans le domaine chambre à coucher où trônait un mastodonte auprès duquel un king size aurait eu piètre allure. Ce lit, aux montants en bois blanc, recouvert d’une couette noire, s’encastrait dans une très haute armoire, blanche également.


Shirley me fit allonger sur le dos. Elle ouvrit largement mes jambes, ramenant mes cuisses à hauteur de ma poitrine. Elle me plaça les mains dans le creux des genoux pour que je tienne la position. Je devenais un pantin soumis à ses volontés.



Artefact de pénis qui faisait plus vrai qu’un vrai. D’une grande élégance anatomique, il ne ressemblait en rien à un gode-ceinture traditionnel. D’ailleurs, pas de ceinture. Une fois introduit dans son vagin, il semblait être devenu une partie de son corps et se dressait fièrement, prêt à remplir son office… et mon…



Je faillis l’inonder de la mienne quand ses monumentales mamelles étranglèrent ma bite, au passage, tandis que ma comtesse reptait vers le haut de mon corps. Sa bouche, sur la mienne, pour un baiser conquérant. Son vit fourrant mon intimité, qui en avait vu d’autres, jusqu’à la garde. Dernière pensée consciente. Ensuite ce fut un feu d’artifice. Jamais mon curé ne m’avait baisé comme ça. Ma comte prévenait tous mes désirs. Son artefact (était-ce un artefact ?) anticipait toutes mes envies, les prolongeant, les étirant au-delà de l’imaginable. Je grimpais à des hauteurs jamais atteintes. J’entendais aussi les gémissements de ma partenaire. Comme nous n’étions pas dans un film porno, elle n’avait aucunement besoin de simuler. Conclusion : le joujou lui donnait autant de plaisir qu’à moi.


Elle arriva la première en orbite et se déchaîna. À tel point que j’en vis, littéralement, 36 étoiles lorsque perdant tout contrôle, son pilonnage atteignit une intensité si forte que mon crâne heurta le montant du lit. Black-out de quelques secondes qui me mit en pilotage automatique, mais n’arrêta en rien ma montée vers le paradis. Feu d’artifesse ! Ma prostate brilla de mille feux. Des jouissances prostatiques, j’en avais connu quelques-unes. La plupart du temps par hasard. Mais là… Cerise, ou plutôt chantilly, sur le gâteau, mon orgasme fut décuplé par une monstrueuse giclée dans mes intimités au moment crucial. Ce techno-membre était mon meilleur amant jusqu’à ce jour.


Mon comtesse avait dû apprécier. Elle libéra la place en exprimant sa joie par un « Wouah ! Quel pied ! ». Mon obsession ne m’avait pas abandonné. À peine, ma respiration calmée, je retournai boire à sa source. Pour cela, je retirai l’artefact qui m’empêchait d’atteindre mon but. Le bouchon ôté, un flot de cyprine s’écoula. J’y plongeai la bouche avec délice et me saoulait de cette liqueur divine. Le raz de marée devint bientôt un filet, mais il ne se tarit pas. Mon lapage enthousiaste avait déclenché une seconde montée de plaisir. Montée qui se conclut rapidement par une dangereuse contraction de ses cuisses musculeuse autour de ma tête. J’étouffai, le nez écrasé contre son gros bourgeon, les lèvres plaquées à sa vulve. Comme on peut le lire dans les bons romans, je crus ma dernière heure arrivée.

Lorsque son étreinte se desserra, je m’éjectai de ce piège. Je haletais, mais pas vraiment de plaisir. Mes désirs s’étaient enfuis en courant la queue entre les jambes. La mienne avait rejoint sa base et retrouvé sa taille minimaliste.


Toujours menant le bal, ma comtesse, toute sa féminité recouvrée, m’invita dans son « boudoir ». C’est le terme qu’elle employa pour désigner un cercle formé de trois fauteuils et d’une espèce de commode qui se révéla jouer, entre autres, le rôle de réfrigérateur. Réfrigérateur duquel elle sortit des mignardises et une bouteille de champagne. Les bulles, comme l’alcool en général, n’étaient pas vraiment mon trip, mais les péripéties que je venais de vivre m’avaient, nous avaient, donné soif… et faim.




*_* -*_*-*_*-*_*-*_*




Après avoir trinqué à notre rencontre, dont la première joute ouvrait des perspectives intéressantes, et dévoré les petits gâteaux, mon ogresse se rendit à la cuisine et revint avec un plateau chargé de petits sandwiches.



Petit en-cas ! Il y avait de quoi nourrir un régiment. Les pâtisseries n’avaient pas entamé mon appétit et j’allais sans doute avoir besoin de force. Pendant un temps, seuls des bruits de mastication troublèrent le silence. J’observais ma sculpturale comtesse. Assise dans un faux tailleur, ses lourdes cuisses reposaient sur les accoudoirs de son fauteuil, offrant à ma vue sa vulve ouverte où brillaient encore quelques gouttes de cyprine. Position qui aurait pu paraître obscène. Mais après que nous ayons partagé nos intimités, elle m’apparaissait comme une représentation de la féminité triomphante. Lové dans un siège douillet, je me sentais une ridicule petite chose face à cette majesté.



Je n’éprouvai alors qu’une admiration esthétique pour la perfection de ce corps dans sa démesure. Mais c’était une femme. L’appétence ressentie plus tôt avait disparu. Avais-je retrouvé mon identité sexuelle ou plus prosaïquement avais-je les bourses vides ?



Une question qui m‘avait taraudé avant qu’elle ne parte à l’assaut me revint :



Elle ne se démonta pas. Au contraire, un sourire éclaira son visage :



La discussion continua tandis que nous mettions à mal le contenu du plateau. Shirley fit de nouveau allusion au gode magique en m’expliquant qu’il avait les mêmes propriétés de son côté. Elle s’excusa d’avoir, dans cet emballement qui l’avait saisie, provoqué la rencontre brutale entre ma tête et le bois du lit. Je lui refusai mon pardon pour une peccadille que j’affirmai avoir oubliée, bien que des élancements lancinants me zébraient le cerveau par intermittence.


Pour noyer le poisson, je m’étonnai de la pâleur de sa peau, elle m’avoua son agoraphobie. Elle me parla longuement de cette répulsion arrivée avec son adolescence et de tous les tracas qu’elle lui avait causés. Depuis qu’elle avait emménagé au château, elle n’était sortie de ses appartements que pour émigrer au rez-de-chaussée lors de la réfection de l’étage. Et encore, même durant les travaux, elle dormait dans son lit.




*_* -*_*-*_*-*_*-*_*




La panse remplie, mes batteries sans doute rechargées, mes regards s’attardaient à nouveau plus que nécessaire sur son sexe toujours exposé et entrouvert. J’en oubliais mes maux de tête. Au gré de ses mouvements, son clito se balançait et ses lèvres me faisaient de l’œil. Je négligeais la conversation, obnubilé par l’envie grandissante de replonger entre ses cuisses pour m’y désaltérer. À rien n’y comprendre : c’était une femme, je ne la désirais pas du tout. Pourtant, je ne pouvais ignorer mon érection. Elle non plus d’ailleurs :



Se levant, elle me tendit la main :



Elle m’entraîna vers le module « chambre », souleva une tenture. Derrière, point de fenêtre comme je le supposais, mais une porte basse et étroite. Elle l’ouvrit. Me précédant, elle dut se baisser pour y entrer. Je la suivis. Zarbe ! La pièce, si on pouvait appeler cet endroit une pièce, baignait dans une lumière tamisée bleue qui semblait venir de partout et de nulle part. Parois lisses et incurvées. Un caisson de plongée, les hublots en moins. Fallait pas être claustro ! Seul ameublement : un lit. Pas vraiment étonnant. Nous n’étions pas venus pour enfiler des perles.



La comtesse Shirley eut un petit sourire.



Je tus mon scepticisme. À moins qu’il y ait une machinerie dans le lit, je ne voyais rien qui pouvait nous faire « entrer dans le rêve ». Elle referma la porte et s’approcha. Une étreinte plus tard, nous roulions sur le lit. Des embrassades à pleine bouche, ses mains qui couraient sur mon corps, luminosité changeante, oscillant dans tout le spectre du violet très clair au bleu nuit. Et toujours ces zébrures dans ma tête. Le délire a commencé. Nous étions sept ou huit dans ce réduit où nos deux personnes prenaient toute la place et jouaient tous les rôles.


Shirley se démultipliait : sa bouche sur mon pénis, ses dents sur me tétons, sa langue agaçant mes gencives. Son clitoris avait maintenant une taille telle qu’il pouvait me pénétrer sans problème. Je n’étais pas en reste. Mon vit lui dilatait la vulve alors que sa bouche me fellationnait pendant qu’un autre moi la sodomisait. Dans le même temps, mes mains malaxaient ses lourdes mamelles dont deux de mes bouches aspiraient les tétons. Les siennes ne restaient pas inactives. Une paire massait mes couilles. D’autres me labouraient tendrement le dos d’ongles acérés.


Des vagues de jouissance nous submergeaient tour à tour sans pour autant nous rassasier. Chaque partie excitable de notre/nos corps était constamment sollicitée. Soudain tout bascula. Retour d’une lumière d’ambiance paisible et unicolore. Ce brusque changement me statufia. Shirley me rappela à l’ordre :



Je réalisai alors que je la chevauchai dans cette bonne vieille position du missionnaire… et que je bandais comme un cerf en rut. Je lui obéis et repris mon labeur. J’accélérai. Il fallait qu’elle atteigne rapidement l’orgasme. Dans un environnement naturel, mon moi reprenait le dessus. Mon érection se délitait. Heureusement, elle n’était pas loin du but. Un grand cri, un relâchement de tout son corps. Ouf !


Je roulai sur le côté.



Suffisant ça l’était, j’étais épuisé et littéralement, vidé. Je ne comptais pas les fois où j’avais, ou du moins je croyais, avoir joui. J’étais habité par le sentiment paradoxal que ces vingt minutes avaient compressé en quelques secondes une éternité.



D’ailleurs des mots, beaucoup de mots avaient traversé mon cerveau dans un ballet incessant alors que mon corps/mes corps avaient une vie propre. Une radio qui n’avait cessé d’émettre délivrant des messages sans queue ni tête. Radio Londres. J’en prenais seulement conscience, maintenant que mon esprit libéré de toute pulsion retrouvait son indépendance et que mes maux de tête revenaient.



Un plus particulièrement, tournait dans ma tête : « Il faudra le passer au broyeur cellulaire ». La voix parlait de moi, j’en étais certain. Un broyeur. L’image m’effrayait. Mon imagination s’enflammait : le hachoir à saucisse de ma mère. La drogue. Elle devait être mêlée à la nourriture. J’étais en pleine descente. Pris dans mon bad trip, les yeux au plafond, je déclamai :



Saut de carpe de ma voisine. M’appuyant sur un coude, je me penchai vers elle. Son visage blanc gothique avait encore pâli. Un soupçon, enfin, plus qu’un soupçon, m’assaillit. Elle savait. La question suivante jaillit spontanément, mon regard planté dans le sien :



Si j’avais un dernier doute, la peur que je lus dans ses yeux le leva. Je l’avais prise par surprise, alors qu’après son plaisir, ses défenses étaient levées.



Je la coupai, énervé. Mon mal de tête empirait.



Dans ma colère, je l’avais violemment secouée. Sous le choc, sa chevelure avait pris une position bizarre.



J’empoignai une touffe et je tirai. Je restai coi. Crâne lisse. Pas plus de poil sur sa tête que sur le reste de son corps. La colère m’envahit, je la secouai comme un prunier sans provoquer aucune réaction de sa part. L’enjambant, je quittai le lit et me dirigeai vers la porte.



Elle parla enfin :



Je sortis précipitamment du caisson. Je courus à l’ascenseur, appuyai sur le bouton d’appel.


Shirley… Madame la comtesse… L’inconnue au crâne lisse m’avait suivi, sans se presser.



J’allais l’étrangler, cette salope. Je me tournai vers elle. Je m’arrêtai net. Sur le lit, je l’avais eue par surprise. Mais là, elle m’attendait. Quand je voulus l’agripper, elle me repoussa d’une seule main et m’envoya au plancher. La force qu’elle dégageait. J’avais aucune chance. Je paniquai. Une fenêtre. Il me fallait une fenêtre. Sauter de l’étage, au pire, je me casserai une jambe… ou me fracasserai la tête. Cette fem… Cette masse de muscle me terrorisait. Je parcourus le loft soulevant chaque tenture. Déception après déception. Aucune ouverture. La paroi blanche et lisse ou des portes, genre inviolables.


Elle ne bronchait pas. Depuis qu’elle m’avait expédié par terre, elle n’avait pas bougé. Elle attendait, bras croisés sous ses énormes mamelles.


Je fis un second tour, puis un troisième dans le vain espoir de découvrir une ouverture. Résigné, pantelant, je me laissai glisser contre la paroi.



Je ne pris pas la peine de répondre.



Son cri explosa, résonna dans le loft, me clouant le bec.



Dompté, je me relevai et la suivis. Je m’assis en face d’elle. Elle reprit sa position en tailleur. Son sexe ouvert et baveux ne m’émouvait plus du tout. Mon regard lui fit sans doute prendre conscience de l’obscénité de sa position. Elle referma ses jambes cachant sa féminité qui ne m’inspirait plus que du dégoût.


Elle sortit une bouteille du frigo. Bouteille de vodka au trois quarts vide. Elle remplit à ras bord deux verres à shot.



Elle avait raison. Je m’enfilai le premier shot cul sec.



Devant mon incompréhension manifeste, elle expliqua :



Elle nous resservit un verre. Cette fois, je pris mon temps.



Elle marqua une hésitation avant de me répondre.



À ce moment-là, je sus qu’elle mentait. J’avais fini mon shot. Je lui montrais mon verre. Elle sortit une nouvelle bouteille, dévissa le bouchon et refit le plein.



Nouveau cul sec. J’en avais besoin. Cette fois, je me resservis sans rien demander.



Elle allait encore me mentir.



Bizarrement, mon agressivité avait reflué. Je me sentais bien, presque euphorique. L’alcool. Je lorgnais de nouveau sur son entrecuisse. J’avais compris que ma vie touchait à sa fin et, pourtant, mon désir renaissant m’inviter à aller foutre ma tête entre ses cuisses jumentesques. Deux idées se télescopèrent. Je venais de comprendre. Mais d’abord :



Elle n’avait toujours pas fini son second verre alors que je mettais à mort le quatrième.



Ce ne sont pas quatre shots qui pouvaient me mettre dans cet état. Drogué. Je me sentais partir. Foutu.



Ce furent mes derniers mots avant le black-out.




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Le froid me réveilla. J’étais frigorifié. Je démarrai immédiatement le moteur de ma Clio. C’était pas vrai : je m’étais endormi. À mon arrivée devant cette espèce d’enceinte fortifiée, je m’étais posé des questions. L’absence d’habitation visible m’avait fait douter. Sans doute n’habitait-elle pas du tout là. Elle avait choisi cet endroit pour son éloignement, par prudence, pour éviter d’être vue et reconnue. Peut-être était-elle mariée ?


J’étais arrivé le premier. Réfugié dans ma voiture pour l’attendre, j’avais dû m’assoupir. Pas très surprenant en y réfléchissant bien, l’angoisse de cette rencontre m’avait fait passer une nuit presque blanche. Machinalement, je regardais l’horloge de mon tableau de bord. Tabernacle ! J’avais dormi près de cinq heures. Normal qu’il fasse bientôt nuit. Une certitude, elle m’avait posé un lapin. Elle n’avait, sans doute, jamais eu l’intention de venir. Plus qu’un lapin, elle (ou il) m’avait monté un bateau. Ça me servirait de leçon. Fini internet et ses tchats.


J’enclenchai la première et fis demi-tour. Je claquais des dents. Le chauffage de ma pauvre voiture n’était pas très performant. Il me faudrait bien une dizaine de kilomètres avant d’en ressentir les effets. Une démangeaison à l’arrière du crâne. J’y portai machinalement la main pour me gratter. Un bouton. Sensation de liquide sur mon doigt. Je regardai. Du sang. Fraise sur la charlotte, je m’étais fait piquer par une bestiole. En cette saison, c’était un comble ! Ça concluait en beauté la journée.


Quoique ! Marjorie… Ce n’était pas elle qui m’aurait joué un tel tour. Je la revoyais, nue dans mon lit, tentant vainement de sortir popaul de sa léthargie. Ses seins de jeune fille aux petits tétons érigés, son minou à la toison rase comme une pelouse anglaise. À la pensée de son sexe, de ses lèvres entrouvertes, de son mignon clito qui en émergeait à peine, je ressentis une montée de chaleur incompréhensible dans mon entresol.


Inconsciemment, arrivé en ville, au lieu de prendre l’avenue qui m’amènerait at home, je tournai à gauche dans la petite rue où elle habitait…