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n° 20205Fiche technique31062 caractères31062
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Temps de lecture estimé : 21 mn
16/04/21
Résumé:  Je travaille du cerveau, dit une célèbre formule, elle est parfois plus juste qu'on ne croit.
Critères:  #humour #policier #fantastique fh frousses amour jalousie pénétratio fdanus fsodo coprolalie fouetfesse
Auteur : Radagast      Envoi mini-message
L'étrange aventure d'Ambrose Mac Heusdress





Angela Mc Heusdress se tenait dans la position dite de la levrette – doggy style dans la langue de Shakespeare –, agenouillée au bord du lit.

Nue, ses seins opulents oscillaient en mesure des à-coups de son partenaire. Les jambes largement écartées elle recevait les hommages vigoureux de l’homme debout derrière elle.

Ce dernier lui claquait les fesses rebondies en lui donnant de doux noms d’animaux : Grosse cochonne, ma jument Shire, ma belle vache Hereford, jolie putasse… , faisant claquer son ventre contre le popotin, ressortant entièrement son mandrin pour revenir encore plus fort dans un clapotis révélateur.

Les belles miches tremblaient et rougissaient sous les impacts tandis qu’Angela gémissait d’aise. Elle aimait faire l’amour à la hussarde, se faire prendre sauvagement. Entendons-nous bien : pas de coups de cravache ou autres instruments similaires, pas de liens non plus. Elle aimait juste être rudoyée, qu’on lui assène des mots obscènes pour lui faire rougir les joues en même temps que rougir le derche sous de bonnes fessées.


L’homme humecta de salive l’œil de bronze à sa disposition et y enfonça le pouce tandis que sa compagne se dévissait le clitoris.



Ils s’affalèrent sur le lit, en sueur, essoufflés tels des coureurs à l’arrivée du marathon de New York et restèrent immobiles quelques minutes, immobilité parfois troublée par une caresse sur les fesses accueillantes, ponctuée par un gémissement satisfait.



Effectivement le boa de calbute relevait la tête. La belle cochonne prit en main le chibre, le branla quelques instants, puis l’emboucha avec gourmandise, le dégustant comme un « Magnum » à la vanille.



Mais au lieu de diriger le missile vers la La Porte des Étoiles, il le présenta à l’entrée de la Caverne d’Ali Baba.



Elle prit le temps de reprendre ses esprits avant de s’agiter sur le gros engin qui l’empalait. Il finit par lui repeindre la dunette arrière, même si elle n’aimait guère cette pratique. Même si, quand même, avec le temps elle y trouvait un certain plaisir pervers.




****




Cette scène ne serait qu’une banale partie de jambes en l’air si madame Angela Mc Heusdress ne faisait des galipettes avec Angus Stuart, l’employé de son mari. Galipettes faites dans le lit conjugal alors que le mari tentait de négocier des contrats à l’autre bout du pays.


Angela était une femme dans la splendeur de ses presque trente-cinq printemps, pas ronde, mais bien en chair, grande rousse aux yeux marron, les cheveux courts, s’arrêtant à la nuque. Les seins lourds aux tétons et aréoles rose vif. Sa toison, rousse elle aussi, dégoulinait en cet instant de sueur et de substances diverses.

Angela était une femme qui savait ce qu’elle voulait, et qui s’y employait avec ardeur. Elle voulait épouser un homme riche qui pourrait subvenir largement à ses besoins. Elle jeta son dévolu sur Ambrose Mc Heusdress. Un chef d’entreprise, bel homme, aux épaules larges, au sourire ravageur et surtout au compte en banque bien fourni. Ils convolèrent très vite en justes noces, Angela ne voulant pas laisser un tel mâle en liberté. Ils fêtaient alors tous deux leurs vingt-huit printemps. Las, elle se rendit vite compte que le bel homme était un tendre et un délicat, qui faisait l’amour comme un poète, alors qu’elle recherchait un homme des cavernes qui la fasse grimper aux rideaux en la prenant comme une brute. Ce n’est pas qu’Ambrose ne possédait pas un bel organe, au contraire. Elle voulait faire l’amour à la façon d’un opéra-rock, lui préférait un adagio.


Si ce n’était que ça, elle s’en serait fait une raison, mais Ambrose notait sur son agenda les jours de coït, une baise programmée en quelque sorte. Et dans la position du missionnaire, uniquement le missionnaire, d’un ennui mortel. Pire encore, elle apprit, par la bouche même du délicat, que si son entreprise tournait du feu de dieu, lui au contraire ne roulait pas sur l’or. Oh, il n’était point pauvre, loin de là, mais n’atteignait pas les sommets espérés par la vorace rouquine. Elle voulait vivre comme une reine, elle n’était que marquise.


Au terme de cinq ans de mariage, elle fit la connaissance du sous-directeur de fabrication de la boîte de son mari, un dénommé Angus Stuart. Un homme aux dents longues, à la sexualité débridée, n’ayant pas peur de mettre une claque sur son joufflu avenant. Mais si ses sens étaient rassasiés, son goût du luxe, de la richesse ne l’était point. Comme son amant partageait les mêmes aspirations, ils réfléchirent au meilleur moyen de parvenir à leurs fins.

Le divorce étant impossible, en tant que femme adultère elle aurait tous les torts et pas un rond. De même qu’il semblait peu probable que le cocufié garde comme adjoint le cocufieur. Même, ce n’était point avec le salaire d’Angus que la rouquine allait faire fumer la carte bleue. Il fallait une autre approche.




****




En bons lecteurs de romans noirs et amateurs de séries policières, ils se tournèrent vers la bonne vieille recette de l’assurance-vie. Angela en contracta une au bénéfice de son mari.



Ambrose, ému aux larmes, répondit en ces termes à son épouse :



Ambrose n’y vit que du feu et continua à honorer son épouse deux fois par semaine, dans la position dite du missionnaire sans savoir que les amants démoniaques avaient décidé de le faire passer de vie à trépas. Mais qu’en amateurs éclairés, il leur fallait laisser du temps au temps. Trucider le mari le lendemain de la signature du contrat d’assurance-vie aurait mis la puce à l’oreille du plus borné des enquêteurs de la compagnie, sans parler des flics.

En outre il fallait que cela ressemble à un accident vraiment accidentel. Deux ans d’attente semblaient un bon compromis.




****




Outre son travail et sa femme, Ambrose assumait deux autres passions dévorantes : l’ornithologie et la photographie, qu’il associait volontiers. Il était reconnu comme une sommité dans l’univers des photographes animaliers, et en particulier celle des ornithologues. L’attirail qu’il s’était constitué au fil des ans valait son pesant d’or, au grand désespoir de son épouse, qui voyait plutôt cet argent transformé en toilettes et bijoux.

Pour photographier de loin, de près, la nuit, en silence, en rafale, mais aussi revêtu d’une tenue de camouflage, sous une tente… il possédait toute une panoplie digne d’un agent secret.


Ce samedi, très tôt, à quatre heures, il se leva sans faire de bruit, se prépara un repas et se mit au volant de son Range Rover Velar. Il se dirigeait vers la forêt de Fuquingwood où quelques couples de charlotte à queue bleue auraient été vus en train de nidifier.


Comme chacun sait, la charlotte à queue bleue se fait rare dans nos régions, contrairement à la charlotte à queue rouge, qui se rencontre plus souvent sous nos latitudes.

Quatre heures, car pour immortaliser ce charmant animal il faut arriver tôt sur le terrain, lorsque la nuit règne encore, bien avant que l’aurore aux doigts de fée ne réveille tout ce beau monde. Il arrivait parfois qu’il ne rencontre aucun oiseau à se mettre sous l’objectif. Qu’à cela ne tienne, il aimait tout autant immortaliser un écureuil curieux, un cerf au brame, un renard à l’affût ou un lièvre inquiet. Ses photos étaient considérées comme des valeurs sûres.


Feignant le sommeil, Angela entendit le véhicule partir. Un sourire se dessina sur les lèvres, un sourire que n’eût point renié un requin-tigre.




****





Guilbert Flaggadan emmenait une dizaine d’amateurs éclairés à la recherche de l’oiseau rare. Chaque mois il proposait une balade « découverte de la nature » à une petite troupe de passionnés soit dans un bois, parfois une mare avec ses grenouilles et libellules, d’autres fois une lande vallonnée ou encore une tourbière et ses droséras.

Aujourd’hui ces amoureux de la nature s’en allaient visiter la plus grande forêt des environs, la forêt de Fuquingwood, à la recherche de la Charlotte à queue bleue.

Une dizaine de personnes suivaient le guide en veillant à ne faire aucun bruit, pas de bois mort qui casse sous un pied, pas de branches qui claquent sur un sac ni surtout de bavardages superflus.

Après une demi-heure de marche silencieuse, Guilbert Flaggadan arrêta la petite troupe qui se rassembla autour de lui :



Ils firent une vingtaine de pas dans un silence presque absolu, quand mademoiselle Gutry Magdeleine poussa un hurlement propice à glacer le sang dans les veines de toutes les charlottes à queue bleue de l’univers. Toute l’équipe se précipita vers la malheureuse qui fixait, les yeux exorbités un point sur le sol.

Ce fut alors un concert de cris, d’exclamations et d’effroi. Un homme gisait face contre terre, la tête coincée entre une roche et une énorme branche. Du sang coagulé maculait son visage et ses cheveux blonds. Alors que plusieurs naturalistes en herbe se précipitaient, une jeune femme intervint :



Elle lui tâta le poignet et la carotide.



Ils s’y mirent tous ensemble pour soulever cette énorme branche, puis, une fois l’opération terminée le guide appela les secours.

Une demi-heure plus tard, l’endroit grouillait de médecins, infirmiers et secouristes. La nuque ceinte d’une minerve, la victime fut déposée avec délicatesse sur une civière, puis hélitreuillée et emmenée vers le centre hospitalier le plus proche. Le constable Alan Gatwick retint les promeneurs afin de vérifier les témoignages.



Quelques minutes plus tard, le constable donna quelques consignes à son adjoint, l’agent Sive.





****




Angela Mc Heusdress arriva à l’hôpital en poussant des cris d’orfraie et arrosant son entourage de larmes.



Trois mètres derrière elle, Angus la suivait comme une ombre.



On leur indiqua la chambre du blessé, où une autre surprise les attendait. Un policier en uniforme montait la garde devant la porte.



Ils discutaient à voix basse en remontant le couloir vers la piaule d’Ambrose.



La tête entourée de pansements et de bandages, le corps bloqué dans une coque, la malheureuse victime respirait à l’aide d’un masque. En outre des perfusions et transfusions pendouillaient autour de son lit, relié à ses veines par des aiguilles redoutables.

La quasi-veuve se tamponnait les yeux d’un mouchoir sec.



Quand elle regardait les séries télévisées, tous les toubibs dans les hôpitaux étaient beaux à tomber – Clooney, Dempsey, Laurie… –, or ceux qu’elle avait eu le malheur de croiser étaient moches comme une armée de poux. Celui-là n’échappait pas à la règle. Déplumé au long pif tordu, il arborait des dents jaunâtres et déchaussées.



Chaque jour elle vint tenir compagnie à son mari, guettant le moindre signe de rétablissement, priant tous les dieux possibles et imaginables pour que ce ne soit pas le cas.

Au bout du troisième jour, l’état d’Ambrose ne s’était guère amélioré, elle arriva donc le quatrième jour pleine d’espoir. Le chirurgien l’attendait dans le couloir, la mine sinistre.



Au moins se dit-elle, il ne se souviendra plus de ce couillon d’Angus.


Effectivement, Ambrose posait un regard vide sur son environnement, en particulier sur sa femme qui entrait.





****




Chaque jour Angela venait passer une heure avec son mari, lui racontant les potins du village, les déboires de la famille royale ainsi que des nouvelles de l’entreprise, qui fonctionnait pour l’instant presque seule. Elle lui amena aussi de la lecture, non pas des romans, mais des revues sur la vie quotidienne, avec beaucoup d’images, de photos et très peu de textes. De la pub aussi, ça ne manquait pas !


Au début, hagard, il ne s’intéressait guère à ce qui l’entourait. Entre les soins, les visites du médecin et d’une rouquine qui venait chaque jour, il dormait ou sommeillait. Puis on lui retira les perfusions et les sondes qui lui encombraient le nez et la bouche. Enfin il put parler. Sa première phrase fut pour sa moitié.



Elle espérait bien que ça ne lui revienne jamais, elle imaginait qu’il ait pu voir Angus avant de recevoir le coup, et c’en était terminé d’elle et de ses rêves de grandeur.

Maintenant qu’Ambrose sortait de son état d’hébétude, il commençait à s’intéresser aux publications posées sur sa table de chevet. Il s’amusa ainsi d’un mariage princier. Le journal dévoilait tous les produits dérivés, assiettes, bols, tasses, bijoux… Il reposa son journal et fit une petite sieste. À son réveil, une tasse à l’effigie du couple royal trônait sur sa table. Marrant, ils s’y mettent aussi dans les hôpitaux maintenant. Le lendemain, la tasse avait disparu et il n’y pensa plus.


Chaque jour son état général s’améliorait, mais il ne retrouvait pas ses souvenirs, à part quelques bribes de-ci de-là. Il pouvait maintenant se lever et faire quelques pas dans le couloir.


Presque chaque jour un objet bizarre apparaissait dans sa chambre. Objets que parfois les infirmières récupéraient, et qui disparaissaient aussi subitement au grand dam des aides-soignantes. Ces bibelots étant souvent très beaux et de belle facture.




****




Puis vint le jour de la délivrance, de la libération, le jour où Ambrose sortit enfin de l’hôpital. Il ne reconnut pas sa maison, mais un éclair de satisfaction traversa son regard quand il retrouva ses appareils photo.

Angela lui avait bâti un petit nid au rez-de-chaussée, près de son local photographique. Ce, pour lui éviter de monter dans la chambre commune. La raison officielle étant l’état de santé encore fragile d’Ambrose. La raison officieuse, la venue d’Angus plusieurs soirs par semaine pour honorer la gourmande en manque.


Les amants diaboliques faisaient bonne figure à ce pauvre blessé tout en baisant à couilles rabattues dans le lit conjugal, juste au-dessus de la tête du cocu.

Tout en faisant des galipettes, ils ressassaient leur rancune et tentaient de trouver une solution pour se débarrasser du gêneur. Surtout que le constable Gattwick suspectait de plus en plus quelque chose de louche, il venait d’apprendre la présence des assurances-vie !

Le pauvre Ambrose continuait à lire ses journaux.


Un matin, Angela découvrit sur la table basse du salon une bague ornée d’un solitaire, un diamant de la taille de l’ongle de l’auriculaire. Son voisin, bijoutier à la retraite, lui confirma l’authenticité du caillou, d’une valeur de plusieurs milliers de livres sterling. Angela fit la fête à Angus de la façon que l’on peut imaginer. Un Angus qui se demandait comment ce diamant avait pu atterrir ici.


Le surlendemain, ils déchantèrent, plus moyen de mettre la main sur le fichu diamant. Ils s’engueulèrent et regardèrent d’un œil torve le pauvre Ambrose. Ce dernier se remettait doucement de son traumatisme crânien, ses souvenirs revenaient petit à petit. Il s’étonnait aussi de l’état d’énervement de son épouse et de son adjoint. Certes, ils venaient d’égarer une bague, mais il y avait d’autres plaisirs dans la vie.


La surprise d’Angus quand il vit une Rolls Royce Cullinan blanche devant chez sa maîtresse valait le coup d’œil. Bouche ouverte, yeux exorbités, jambes qui flageolent, il dut même se retenir au mur du portail. Il entra en trombe dans la maison en admonestant Angéla.



Angéla s’éventait avec un journal, une bouteille de gin à côté d’elle, et apparemment elle en avait tété une bonne rasade.



La rouquine ne semblait guère dans son état normal. D’abord la bague, maintenant la voiture, sans oublier les divers objets qui apparaissaient depuis que Ambrose était revenu ne faisaient rien pour lui rendre sa sérénité.


Angus ne possédait pas une imagination débordante, mais un doute fit son apparition dans le cerveau qui siégeait à l’intérieur de sa tête. Un doute fantastiquement merveilleux. La veille il avait vu Ambrose feuilleter un magazine automobile, serait-il possible que…

Il récupéra le magazine Car of Légend et dénicha en page centrale la photo d’une Rolls Royce Cullinan blanche, la même que celle qui se trouvait devant la maison.



Serait-ce que ce bon vieil Ambrose aurait la capacité de faire apparaître des objets ? Il voit un truc dans un journal et poum le bidule apparaît. Comme de la télékinésie, mais en mieux ? Il alla faire part de ses conclusions à Angéla, qui suspecta une prise de substance illicite, ou d’alcool, ou même les deux.



Angéla dut se rendre à l’évidence. Son mari reproduisait des choses, rien qu’avec l’esprit. Seul problème, l’objet disparaissait dans les quarante-huit heures. Comment, on ne savait pas pourquoi, Angéla émit une hypothèse. Le coup qu’il a reçu sur la tête a provoqué ce trouble du comportement, mais jamais elle n’oserait en parler à quiconque, de peur de se faire qualifier de folle, et pire, de perdre la Poule aux Œufs d’or. Ambrose ne semblait créer que lors d’un demi-sommeil, lors de sa plongée au pays des songes.



Le lendemain, une poterie chinoise se retrouvait sur la commode. Aussitôt Angus alla la faire expertiser. Une pure merveille lui dit un spécialiste, au bas mot, elle vaut cent cinquante mille livres.


Ambrose s’interrogea sur la frénésie subite de son épouse, épaulée par Angus. Il se remettait à peine de son accident et il lui fallait du calme, calme perturbé par les élucubrations de sa femme. De plus ça le fatiguait. On lui fit voir des photos de montres de luxe, des colliers de perles que le couple infernal essayait de revendre immédiatement, avec plus ou moins de bonheur. Puis Angus eut l’illumination.



Aussitôt on lui mit sous le nez un billet de cinquante livres, il s’endormit tandis que les deux autres scrutaient la table, s’attendant à voir des liasses apparaître.

Ils entendirent alors un bruit dans la pièce voisine, la porte des toilettes s’ouvrit en grinçant et la reine d’Angleterre traversa le salon en murmurant So shocking sous les yeux ébahis des deux apprentis truands.



Une petite crainte les étreignit, celle de voir débarquer Ulysse Grant, Benjamin Franklin ou Georges Washington, ou encore d’avoir le Pont du Gard dans la maison.

Des tas de liasses encombraient les différentes tables de la maison. Les deux escrocs firent le tour des banques pour déposer très vite cette fortune. Ils utilisaient pour se déplacer l’un une Bugatti Veyron, l’autre une Ferrari 458, pour anesthésier la méfiance des employés.

Ambrose reprenait du poil de la bête et se posait des questions sur cette soudaine passion frénétique de son épouse pour la photo de billets de banque et de produits de luxe. Il fit une petite expérience en douce, à l’abri des regards indiscrets. Il examina la photo d’un appareil qui lui faisait envie depuis longtemps, un Olympus E-M1 Mark III 1240. Quelques heures plus tard, l’engin trônait dans son labo.

De plus Ambrose trouvait étrange la sollicitude du constable Gattwick à son encontre. Ambrose venait de recevoir un violent choc à la tête, mais n’était pas sourd. Il entendait parfaitement le soir les ébats de son épouse et de son amant. Les galipettes lui étaient déconseillées, paraît-il, à cause de son état de santé, mais son épouse ne se privait pas, elle.


Il en fut fortement attristé et en conçut un fort ressentiment. De là à soupçonner le couple infernal d’avoir voulu l’occire lors d’un pseudo accident, il n’y avait qu’un pas. Ambrose se dit aussi que lorsque les deux traîtres auraient assez d’argent, ils n’hésiteraient pas à faire une nouvelle tentative pour le faire passer de vie à trépas en toute discrétion. Il devait prendre les devants et mûrit une vengeance aussi sournoise que spectaculaire.




****




Lors d’une nuit noire et profonde, les voisins du 26 rue des sorbiers entendirent des cris d’effroi provenant de la maison des Mac Heusdress. La police, emmenée par le constable Gattwick arriva très vite sur les lieux, vu que le constable dormait pratiquement sur le trottoir d’en face. Ils enfoncèrent la porte et découvrirent un homme et une femme réfugiés au sommet d’une bibliothèque. Dans la pièce rôdaient deux belles tigresses du Bengale. Les policiers retrouvèrent Ambrose dans son canapé, caché sous une couverture.



Mis en présence des deux tigresses, ils avouèrent tout très vite. Ambrose resta seul chez lui, triste et malheureux, selon les dires du constable venu le voir pour lui annoncer le passage aux aveux de son ex-épouse et de son ex-employé. Ils furent condamnés dans la foulée à trente ans de prison.



En fait, Ambrose Mac Heusdress s’initia au yoga, fit des recherches et des expériences sur le cerveau humain et personne n’eut plus de ses nouvelles pendant plus d’une année. Il fit une retraite dans un ashram en Inde et dans un monastère des Météores.




Quelques mois plus tard


Puis un beau jour, un étranger s’installa dans un grand mas situé au pied du Ventoux. Une grande bastide provençale dotée de tout le confort possible et imaginable. Un court de tennis tenait compagnie à un parcours de golf sous les pins maritimes. Un simple parcours à 9 trous, le propriétaire tenait à rester humble.

Des plantes méditerranéennes poussaient dans un désordre ordonné, comme dans la garrigue ou un jardin à l’anglaise.


Une sublime jeune femme brune sortit de la piscine, ruisselante et uniquement vêtue de sa candeur. Elle fit une caresse aux deux tigresses douces comme des agnelles qui prenaient le frais sous la pergola et se dirigea vers le salon où un homme lisait quelques articles sur la photographie animalière.

Il leva les yeux et fit un grand sourire à la jeune beauté qui s’approchait de lui de sa démarche féline. Il en profitait pour la détailler une énième fois. Ses yeux verts légèrement bridés, ses pommettes hautes, ses seins ni trop gros, ni trop petits tels des melons juteux, aux tétons sombres et dressés. Sa taille fine et ses longues jambes musclées, sa peau dorée, le petit triangle de satin sombre niché au bas de son ventre plat. Mais surtout il adorait son merveilleux sourire lumineux. Une fois près de lui elle lui murmura :



Il la prit par la taille et lui embrassa le nombril. Puis, aussi nu qu’elle, il s’allongea sur le canapé, la couleuvre de Montpellier déjà en alerte.

Elle l’enjamba, posa son jardin d’Éden sur la tige dressée et s’y caressa, du pertuis au bouton de nacre, en de lents allers et retours. Elle goûtait son plaisir en fermant les yeux et se mordillant les lèvres. L’homme n’était pas en reste. En de délicates caresses, il faisait s’horripiler la peau de sa compagne, il remontait des hanches vers les seins qu’il empaumait, en agaçait les tétons et aréoles.


Il adorait lui prodiguer cette caresse et sentir durcir les pointes sous ses doigts agiles.

La jeune femme se souleva, plaça le mandrin à l’entrée de son aven et descendit lentement, savourant chaque instant de cette lente pénétration. Lorsque les deux pubis se réunirent, elle ouvrit les yeux, regarda son amant et lui fit un grand sourire :



D’abord de façon posée, puis de plus en plus rapide, les respirations s’accéléraient pour enfin exploser en un cri de délivrance et de plaisir commun. Allongée sur lui, elle reprenait son souffle, la tête nichée sur son épaule. Il lui caressait le dos et les fesses, enroulant ses doigts dans les longs cheveux d’ébène, déposant de doux baisers sur ses joues et ses lèvres. Ils s’endormirent ainsi, liés l’un à l’autre.


Ambrose ne se faisait aucun souci. Il la retrouverait le lendemain et les jours suivants. Grâce à sa maîtrise du yoga et ses séances de méditation, il arrivait à contrôler son don. Juste un regard sur une photo de temps à autre et il vivait en compagnie de cette divine créature, qui l’aimait et qu’il aimait, dans cette maison qu’il avait achetée de façon tout à fait légale, sinon honnête.


Le jour suivant il envoya une invitation à l’homme qui lui avait sauvé la vie, le constable Gattwick.


Cher ami, ma compagne et moi-même serions heureux de vous recevoir dans notre humble demeure, vous et votre charmante épouse, pour quelques jours.

Ci-joint un plan, notre téléphone et quelques photos des environs.


Le constable Charles Gattwick, ému, regarda les photos, puis se dit que la compagne de ce cher Ambrose ne lui était pas inconnue. Son épouse lui dit tout simplement :





ooOOoo




Quitte à vivre avec quelqu’un, autant vivre dans un petit coin de paradis avec la plus belle femme de la création.