n° 20220 | Fiche technique | 61048 caractères | 61048Temps de lecture estimé : 36 mn | 24/04/21 |
Résumé: Une route du Cantal, un brouillard soudain, et tout bascule dans un délire venu d'ailleurs. | ||||
Critères: ffh campagne caresses fellation cunnilingu anulingus 69 pénétratio jeu attache sf -fantastiq -sf | ||||
Auteur : Roy Suffer (Vieil épicurien) Envoi mini-message |
Ça recommence… Revoilà cet être étrange qui s’approche de moi avec son machin… Il (ou elle) semble flotter au ras du sol et se déplace sans marcher, apparemment sans effort. Son « machin » pourrait ressembler à un pistolet, avec une crosse, un tube et une partie intermédiaire plus renflée. Il me l’applique sur la tempe, cette fois je sais que je ne vais pas mourir, en principe… À moins que… Ce n’est pas moi qui décide… Je ne peux rien faire, des sortes de bourrelets issus de la paroi me bloquent poignets et chevilles, bras levés, à poil comme au jour de ma naissance. Ce n’est pas une matière dure, ça ressemble plus à du silicone, une sorte de gélatine, assez douce, plutôt tiède, comme le mur contre lequel je suis attaché. Mais c’est vachement solide. J’ai eu beau tirer, me suspendre, rien à faire, ça ne bouge pas.
À peine un petit sifflement et boum, ça explose dans ma cervelle, grand noir, petit instant de syncope. Je rouvre les yeux, je m’ébroue en secouant la tête, ça va. Mais il y a cette chaleur, une sorte de brûlure interne qui se répand partout, puis se concentre, se rassemble, converge, tout vers mon bas-ventre. Mon cœur cogne, mes couilles s’affolent et jouent à l’ascenseur, montent et descendent, ma queue palpite, gonfle inexorablement. Nouveau petit chuintement : une partie de la paroi s’efface, disparaît, et un autre espace identique à celui que j’occupe apparaît. C’est comme si deux cellules vivantes s’accolaient pour n’en faire plus qu’une. Un autre être avec le même pistolet, et une autre humaine attachée aussi à la paroi. Une femme, type méditerranéen, plutôt belle, assez petite, long cheveux noir corbeau, des membres courts, épais et musclés, des gros seins bien fermes, des hanches rondes et larges, un pubis couvert d’une épaisse toison crépue. Une belle femelle. Et avec cette fichue injection, je n’ai pas le choix. Il faut que je la baise, d’urgence.
Je ne peux pas faire autrement, c’est comme si l’animalité qui est en moi comme en chacun de nous était décuplée. Elle aussi a eu sa dose : dès qu’elle me voit, elle se met à ronronner comme une chatte, me couvant d’un regard affamé, comme une droguée en manque devant son shoot. Ça y est, nos attaches semblent ramollir mes bras commencent à retomber, et elle commence à avancer vers moi. Nous ne sommes pas libres pour autant, simplement les bracelets qui nous lient s’allongent au niveau du point de fixation à la paroi et nous permettent de bouger. Je m’avance aussi vers elle avec une seule intention, plonger ma queue dans sa chatte, vite, c’est urgent, impératif.
J’ai le service trois-pièces en feu. Elle doit aussi avoir un incendie de foufoune parce qu’elle se retourne à un mètre de moi, plonge à quatre pattes et tortille du cul en me regardant m’approcher par-dessus son épaule. Elle baragouine des trucs d’une voix langoureuse, je crois comprendre « cogerme, cogerme… ». On dirait de l’espagnol, mais il n’y a pas besoin de traduction. Je m’agenouille, je lui écarte les fesses, sa grosse vulve velue et dilatée s’épanouit soudain laissant béer son sillon détrempé. Je prends mon sexe et l’aligne vers sa vulve, en deux passages rapides mon gland a trouvé l’entrée, une violente poussée des reins et je suis au fond. Je lâche un grognement de satisfaction, elle répond d’un grand « Ahhhhhhhhh ! ». C’est comme une délivrance, et ce n’est que le début. Cette saloperie qui nous est injectée nous rend comme des bêtes, fous tant qu’on n’est pas en train de baiser.
Elle a un beau gros cul, rond et lisse à souhait, je ne l’ai même pas admiré, ni caressé. L’urgence est de me vider dedans. Nos corps font « floc-floc », je la cramponne par les hanches pour synchroniser nos rythmes, car elle se jette vers moi autant que je me rue en elle. Ce serait tellement mieux si on avait le temps, si on le prenait pour faire connaissance, s’exciter mutuellement. Mais non, c’est la quatrième femme que je dois « couvrir » depuis… depuis combien de temps ? Je ne sais pas, je n’ai plus de montre, plus rien. Je dirais depuis cinq ou six heures environ. Oui, ça doit faire ça, une toutes les deux heures. Et les deux glandus qui nous regardent de leurs pastilles sombres sans pupilles, l’air absent, de la même couleur que les murs, que nos bracelets, que leurs « pistolets ». Tout est de la même couleur ici, tout paraît de la même matière. Une sorte de gélatine plus ou moins rigide, plus ou moins déformable, légèrement lumineuse ce qui fait qu’il ne fait jamais nuit. C’est un peu mauve, un peu blanc, un peu bleu, un peu irisé. C’est pas laid, mais c’est monotone.
Monotone comme de ramoner cette pauvre fille comme un taré, ou comme un lapin. Je ne devrais pas me plaindre, mais c’est la quatrième ! Si ça continue, je vais y laisser la peau, d’ailleurs je commence à avoir mal à la queue et aux couilles, d’irritation. Et puis je suis fatigué. Je vais ralentir la cadence et lui parler un peu, si je peux, histoire de faire connaissance.
Et la voilà qui part dans un baratin auquel je ne comprends rien. J’ai un vague souvenir de quelques mots, appris avec une prof et des bouquins bien français. Mais la langue courante, c’est une autre paire de manches… Je la lime tranquillou maintenant, essayant de me concentrer sur l’échange. Je voudrais comprendre ce qu’elle me dit, savoir comment elle est arrivée là, savoir si c’est comme moi…
Moi, je rentrais de quelques jours de vacances. Un pote m’avait filé les clés de son appartement à la Grande Motte. Et le jour du retour, je n’avais pas prévu que c’était aussi la fin des vacances des Parisiens. Après trois heures sous le cagnard, même celui du mois d’avril, pour faire cinq kilomètres, j’ai pris la première sortie d’autoroute et je me suis embarqué sur les départementales. Sympas les petites routes, des paysages à couper le souffle. Mais d’une, un sacré boulot derrière le volant, parce que ça monte, ça descend et surtout ça tourne beaucoup ; et de deux on y passe un temps fou. La moyenne n’est pas 130, ni même 90, mais plutôt 50 ou 60. De toute façon, c’est plus rapide que les embouteillages. Mais du coup, je me suis retrouvé à la nuit tombante en plein Cantal, en gros en plein désert.
Je me suis arrêté pour dîner dans un petit resto qui n’est pas sur le Michelin, mais qui mériterait : un bouquet d’écrevisses à se damner, un plateau de fromages à demander l’asile politique au maire du patelin. Et tout ça au prix d’un menu pourri sur une aire d’autoroute ! Pas de regrets. Les regrets sont venus plus tard, quand j’ai rencontré le brouillard avec l’altitude, du moins c’est ce que je pensais, j’en suis moins sûr maintenant. Ils savent faire le brouillard aussi bien que le fromage, dans le Cantal. C’est du lourd, du épais, à couper au couteau.
J’ai commencé par ralentir, les pleins phares faisaient un mur blanc opaque, les codes permettaient à peine de voir l’accotement tout près. À peine mieux avec les antibrouillards, et puis plus rien. J’ai encore fait quelques dizaines de mètres au pas, roulant au son entre route et accotement, et j’étais en train de me dire que, vu les ravins croisés plus bas, ce n’était pas très raisonnable de continuer : il valait mieux m’arrêter et piquer un somme jusqu’au matin. Je n’ai pas eu besoin de m’arrêter, la bagnole s’est arrêtée toute seule. Merde ! La panne dans un endroit paumé où je n’ai croisé personne depuis deux heures.
Bon, eh bien comme je voulais m’arrêter, c’est fait, et faire ronflette jusqu’au matin, y a plus qu’à. Parce que je ne vais pas jouer à Speedy à deux heures du mat’ en plein brouillard et en plein désert. J’hésite entre warnings et feux de positions pour me signaler ; warnings quatre fois vingt watts la moitié du temps, donc quarante watts, ou quatre fois-cinq watts pour les feux. Ce seront les feux, et de toute façon, avec ce brouillard… Alors, autant ne pas vider la batterie en plus. Je bascule le siège et j’appelle Morphée. Mais il ne vient pas, je suis un peu tendu et j’ai un peu froid. Contre le froid, j’ai ce qu’il faut dans le coffre, et puis un petit clope me détendra. Je sors, j’allume le tube de papier/tabac, j’en profite pour vider ma vessie, puis je vais fourrager dans mes bagages. J’extirpe une parka que j’enfile prestement en me redressant. Bien sûr, comme d’habitude, la capuche me coiffe en même temps, me privant des trois quarts de mon champ de vision, mais je profite de l’éclairage du coffre pour enfiler le bas de la fermeture à glissière. Zip !
Quand je rabats la capuche, il y a comme deux halos lumineux de chaque côté de moi : deux gugusses qui sont en train de me regarder. Mon cœur a comme un temps d’arrêt, mon sang vire au jus de navet. J’ai lu plein de trucs sur les extra-terrestres sans jamais trop y croire. Pourtant… Si ce n’est pas ça, ça y ressemble. Pas un pote dans le coin pour me faire une farce. À moins que ce ne soit une version moderne de la bête du Gévaudan. Ils ne font pas de bruit, instinctivement je mets mes mains en l’air en me retournant tout doucement. Drôles de citoyens, pas de chez nous c’est sûr. Je ne sais pas d’où ils sortent ni ce qu’ils veulent. Si c’est juste pour me regarder le blanc de l’œil, je n’y vois pas d’inconvénient. Ils ont l’air de m’observer sous toutes les coutures avec leurs yeux bizarres sans pupille, puis l’un d’eux me tend la main. Enfin, la main, une sorte de pince gélatineuse mi-molle mi-dure au bout de ses longs bras minces et apparemment très souples, comme sans os. OK mon pote, si c’est pour t’en serrer cinq, quoique t’en as que deux.
Il me prend la main et me tire. Pas d’accord, j’essaie de reprendre ce qui me sert à me gratter. Mais il ne lâche pas et tire plus fort. Je saisis le bord du coffre de l’autre main et je résiste à la traction. C’est alors que l’autre me colle son espèce de pistolet sur la tempe et hop… Rideau ! C’est du lexomil express leur truc… Et je me retrouve à poil entravé le long de ce mur un peu tiède et souple. Ai-je dormi une minute, une heure, un jour ? Je n’en sais fichtre rien.
En tout cas, bien, leur somnifère, car je n’en garde pas trace, ni mal au crâne ni esprit vaseux : je reviens à la conscience en aussi bon état qu’avant le shoot. Je pense à ma bagnole abandonnée sur une route de montagne, certainement en panne à cause d’eux, tout comme l’épais brouillard, c’est vraisemblable. Que me veulent-ils ? Pourquoi moi ? Je finis par conclure que je passais au mauvais endroit au mauvais moment. L’une des parois se dissipe, les deux tordus réapparaissent en traînant un grand truc sombre et le placent devant moi. Petit sifflement, un intense rayon lumineux sort de ce machin droit au-dessus de ma tête puis descend lentement jusqu’à mes doigts de pieds. Ce n’est pas douloureux, juste aveuglant en passant sur les yeux, même les paupières fermées.
L’un des deux êtres se repointe avec son pistolet ; ah, c’est encore l’heure de dormir ? Pouf ! Pas du tout, quelques picotements partout, notamment au ventre et dans la poitrine, puis plus rien qu’une sensation étrange de grande énergie et puissance. Je me sens en pleine forme. Ils repartent avec leur bazar, je suis de nouveau seul et toujours attaché. J’en profite pour tirer fort sur mes liens, rien à faire ça tient bon. Je me pose trois cent mille questions. Ça commence à « est-ce que je rêve, je cauchemarde ou suis-je réveillé ? », ça continue par « qu’est-ce qu’ils me veulent ? Que vont-ils faire de moi ? » et ça se finit par « comment puis-je sortir de ce pétrin ? ».
Soudain, la paroi s’efface. Les deux bizarres reviennent avec une superbe blonde accrochée au mur, comme moi. Elle se tortille et n’a pas l’air contente. Mais elle est gaulée comme une déesse ; on dirait la petite sirène du port de Copenhague qui aurait pris vie : longs cheveux blonds, yeux bleus, taille fine, hanches larges, jambes longues, gros seins bien fermes, tout pour plaire. Et elle me plaît, puisqu’instantanément, je bande comme un taureau. Difficile de le lui cacher avec les bras attachés. Elle se tortille et soudain commence à se détacher du mur, ses liens s’allongent. Pas le temps de réfléchir, mes bras tombent comme libérés. Ce relâchement subit me déséquilibre vers l’avant, je lance mes bras pour me protéger de la chute, mais mes pieds aussi peuvent bouger et je récupère mon aplomb en évitant de m’étaler devant la belle blonde. Instinctivement, je place mes mains devant mon sexe et, levant le nez, je m’aperçois qu’elle en a fait autant : une main devant sa toison dorée, l’autre bras replié pour dissimuler sa poitrine.
Elle balance une série de borborygmes gutturaux qui me font penser à une langue nordique, danois, finnois ou norvégien, en tous cas ce n’est pas le patois du Cantal. Ça ne va pas faciliter le contact, dommage parce qu’elle est vraiment jolie, surtout quand elle est en colère comme maintenant. Et elle houspille les deux geôliers dans le même dialecte. L’un d’eux s’approche d’elle et zip, un petit coup de pistolet sur la tempe. Elle fait des yeux ronds, laisse tomber ses bras le long de son corps dévoilant tout de ses charmes intimes, puis arbore un sourire à tomber en se dirigeant vers moi. C’est comme si j’avais soudain un ticket. Viens cocotte on va causer ! Zigounette au garde-à-vous et besoin impératif de la vider, ça tombe bien, il y a une belle femelle en chaleur à portée, déjà sur le dos les cuisses écartées. Je ne peux que suivre ma bite qui fonce droit au but, et je m’accouple rageusement avec cette Nordique, aussi chaude que son pays est froid. Je savais bien que j’avais les couilles pleines, parce que la semaine à la Grande Motte n’avait pas été terrible : que des femmes âgées ou accompagnées, pas la bonne période.
Mais là, je ne me savais pas si… hussard. Pas de préliminaires, pas de quartier, tout de suite la charge de la brigade légère. La fille ne s’en offusque pas, elle m’a déjà planté ses ongles dans le dos, ses talons dans les fesses, et elle semble baragouiner qu’elle en veut d’autres et que ça fait du bien. Pourquoi la priver ? Ça me fait du bien aussi. Je la bourre comme un fou, de plus en plus vite jusqu’à l’explosion finale. Voilà Mademoiselle, on a fait le plein, et je retombe sur elle, épuisé, en nage et enfin calmé. Elle aussi est redevenue toute molle après quelques spasmes bien dosés. Nous allions goûter un repos bien mérité, en ayant enfin le temps de faire connaissance, toujours embrochés l’un dans l’autre, mais nos liens se mettent soudain à rétrécir. Je suis tiré hors d’elle alors qu’elle glisse vers son mur et nous nous retrouvons très vite, mais sans violence, plaqués aux parois dans la position initiale. Pas de place pour les câlins dans ce baisodrome ! Et hop, la Miss disparaît comme la paroi se referme. Dommage, vraiment jolie, j’espère qu’on se reverra.
Bon, faisons le point. Des… êtres étranges, « extraterrestres » ou je ne sais quoi, me kidnappent sur une route déserte du Cantal. Ils m’endorment avec un pistolet à la con, me foutent à poil, m’inspectent au scanner, me refilent un coup de turlute qui ne m’endort pas, me mettent en face d’une beauté, nouveau shoot dans la tempe et là, je ne me contrôle plus, elle ne se contrôle plus, nous baisons comme des fous. Sitôt la copulation accomplie, retour à la case prison, cellule individuelle. Ils cherchent à nous faire reproduire ? Ils bouffent de l’humain ? J’ai trop regardé de films de science-fiction. Et puis ça a recommencé. Une russe ou slave en tous cas, très balaise, au moins aussi grande que moi. Je n’ai pas eu le temps de dire ouf qu’elle me jetait par terre et se ruait sur moi pour s’empaler et jouer la chevauchée fantastique. Je crois que je ne la reconnaîtrais même pas : je n’ai vu d’elle que sa grosse paire de lolos qui dansaient devant mon nez jusqu’à ce que je me lâche en elle. Et puis une petite Japonaise, qui couinait comme une truie qu’on égorge tant qu’elle était embrochée, et qui me léchouillait de partout avec des grands bruits de succion. J’ai trouvé ça dégoûtant.
Et me voilà maintenant, attelé à une Mexicaine haletante qui voudrait que j’accélère avec ses mouvements de popotin. Mais moi j’en ai un peu marre. C’est sympathique de voyager comme ça de baise en baise, mais je commence à fatiguer un peu, et puis je voudrais bien comprendre, malgré le besoin impérieux que me donne le produit injecté. La raison doit avoir raison de la bête. Je ralentis et je sors même mon dard de la chatte détrempée de l’Hispanique. Un des loustics s’approche de moi avec son pistolet, je mets mes bras contre mes tempes. Alors l’autre place sa main, ou sa pince, sur la tête de la fille qui se met à parler.
Le guignol enlève sa main de la tête de la gonzesse qui aussitôt baragouine dans sa langue natale et s’agenouille devant moi pour entamer une turlute, mais mains jointes comme si elle me priait de la laisser faire. Elle n’a pas le temps d’accomplir son désir, nos liens se tendent et nous tirent à nouveau en arrière. Elle disparaît avec le morceau de cloison. Alors Igor et Grichka, je les ai baptisés comme ça parce qu’ils sont presque aussi moches et jumeaux, se regardent un moment. L’un d’eux pose sa pince sur ma tête, je crains le pire. Mais non, aucune sensation. Ils s’éclipsent un instant puis reviennent avec exactement la même table que mon resto de ce soir. Nappe à petits carreaux rouges et blancs, serviette de tissus basque, assiette, verre… le tout. Même la bouteille de Costières de Nîmes !
Mes liens prennent du mou, je m’avance vers la table et m’installe. Un verre d’abord, j’ai grand-soif. Je m’attendais à boire du vin, ça en avait l’aspect, mais ça n’en est pas. Tout au plus de l’eau et pas fameuse encore. Un coup de pistolet sur l’assiette, et la voilà remplie d’écrevisses. C’est comme s’ils avaient assisté à mon repas. Soudain je comprends : celui qui m’a posé sa pince sur la tête a dû lire dans ma mémoire. Je pourrais avoir le menu ? Non ? Bon, je vais donc devoir manger la même chose. Pourvu que ça ne dure pas le temps des impôts… Je saisis, c’est froid ou presque. Pas bon, le cuistot. Je goûte : absolument infect, une sorte de pâte immonde, dégueulasse avec un vague goût chimique. Je crache furieux, je m’essuie et me relève. Ils se regardent, décontenancés, puis éliminent la fausse table avec le faux pinard et les fausses écrevisses.
Taratata, mon pote ! Avant de réussir un bouquet à la nage comme celui du resto, il y aura des hectos de Candia passés dans la Voie lactée ! Chimie ou pas. Du coup, ils ont oublié de raccourcir mes liens, j’en profite pour m’asseoir par terre au pied de la cloison. Ça non plus ils ne doivent pas connaître, parce qu’ils m’observent bizarrement. Tout cela m’emmerde profondément. Je me dis que si c’est un cauchemar et que dans ce cauchemar je m’endors, peut-être que je me réveillerai pour de bon, dans un lit ou dans ma bagnole. Je me laisse piquer un somme, d’autant qu’ils ne sont pas bruyants.
Youpi ! Ça a marché ! Je m’étire en bâillant, l’air frais entre dans mes poumons, je suis dans la voiture, le jour se lève dans un paysage cotonneux. Purée, quelle horreur de rêve ! C’est à ce moment que la panique me reprend. Je découvre à côté de moi la Mexicaine, attifée… comme une Mexicaine. Une sorte de robe de laine grossière, une paire de bottes et un blouson genre chemise de bûcheron canadien. Elle me regarde et se met à me parler.
Je démarre ma petite Clio, leur intimant de boucler leurs ceintures. À six heures du mat, inutile de rester sur les départementales, dès que je peux je rejoins l’autoroute. Station-service, je m’arrête faire le plein et je m’offre un café et un croissant. Mes deux « compagnes » hallucinent déjà de ces pratiques, bizarres pour elles. Je les invite à ne rien dire, à jouer ce que sont vraiment leurs corps, des étrangères. Heureusement, dans ces stations personne ne se connaît et se fiche royalement des autres. Nous arrivons enfin chez moi, un peu après midi. Présentation de l’appart’, je prépare une grande casserole de pâtes.
Je me goinfre de pâtes délicieuses, bien beurrées et saupoudrées de parmesan. « Elles » goûtent, puis mangent.
Je leur montre les toilettes et… comment on s’en sert. Leurs tronches de cake aux fruits confits me fait marrer, un peu jaune quand même parce que je me dis que ça ne va pas être tout simple cette affaire. L’après-midi, je promène un peu en ville leurs mirettes écarquillées. Dans un bar à jazz, un petit groupe de potes fait un bœuf. Elles n’en reviennent pas de voir les gens taper dans les mains, certains danser. C’est sûr qu’avec leurs pinces, ils auraient du mal à applaudir.
Désolé si j’hésite entre « ils » et « elles ». Je me dis que j’ai droit aux deux puisque ce sont des extraterrestres dans des corps de femmes. Et quelles femmes ! Elles se font mater, siffler. On se casse avant que n’arrivent les mains au panier, je ne sais pas quelle serait leur réaction. Je dois faire quelques courses pour bouffer ce soir, et puis il faut bien leur montrer le principe de l’argent expliqué précédemment. Justement, je n’ai plus de liquide et je sais bien que les épiciers arabes ouverts le dimanche préfèrent la fraîche aux cartes ou aux chèques. Je m’arrête à un distributeur, elles m’entourent et m’observent attentivement.
Et là j’hallucine. Sur l’écran, les chiffres défilent à une allure folle. Mon compte qui était à peine à cinq cents euros après retrait passe à cinq mille, cinquante mille, cinq cent mille.
Pfff ! Elles m’ont épuisé, les deux gonzesses extraterrestres. Je m’affale sur le canapé et je manque de m’y engloutir, il est vraiment usé. Ça me fait pester, ça et puis le reste. Et ces deux guignols qui ont l’air tout penauds de me voir dans cet état.
Il se passe alors un truc bizarre. Genre aspi Dyson, mais sans la carrosserie. Une sorte de tourbillon, de vortex qui fait le tour des pièces. Je me dresse, craignant que tout soit emporté par cette mini tornade, mais non. Rien n’a bougé, tout est en place, en revanche tout est nickel, comme neuf.
Je me rassois et, surprise, le canapé est ferme et confortable, comme le jour où je l’ai acheté, et il n’y a plus ces taches laissées par un verre de porto renversé. Je fais le tour des pièces, tout est comme neuf.
Et nous voilà partis. En une heure et quelques concentrations, tout est changé. Ils ne peuvent pas créer un nouvel objet à partir de rien. Mais transformer ou adapter un objet existant, changer sa forme, sa matière et sa couleur semble pour eux un jeu d’enfant. « Agencement de molécules », qu’ils disent. La vache ! En une heure, j’ai un appartement de catalogue, genre « Décoration ». Le grand luxe. Tout y passe, du sol au plafond, luminaires compris.
Effectivement, ça tousse un peu, mais ça passe dès la seconde gorgée. Et quelques minutes plus tard, l’une dit :
Et on se marre comme des tordus, ravi que je suis d’avoir mis un coup dans le nez de mes extraterrestres. Je m’en vais faire la cuisine. Oh, toute simple, une salade composée avec des œufs durs, des croûtons, des lardons, du gruyère et des noix. Je leur fais goûter ça avec une bonne bouteille de Bordeaux. Elles trouvent ça très bien, très agréable, et rigolent encore plus que précédemment. Ensuite j’allume la télé, écran géant extra plat son surround qu’elles m’ont « fabriqué » à partir de mon vieux Philips de cinquante centimètres. Elles trouvent ça extraordinaire, parfois horrible, mais ça, c’est les infos, parfois complètement fou et difficilement compréhensible, ce sont les films et toutes les œuvres de fiction. Ce qui leur plaît le plus, ce sont les reportages qui permettent de voir des régions de la planète sans y aller. Puis vient le moment pour moi d’aller dormir. Je leur conseille de faire reposer les corps qu’ils habitent, sinon ils auront des problèmes. Du coup, elles me suivent jusque dans ma chambre. Je veux bien qu’elles aient transformé mon plumard pour un 180x210 tout confort. Mais quand même, on va être serrés à trois. Et puis certes, ce sont deux superbes nanas, mais à l’idée des bestioles qui les habitent…
Comme je me déshabille, elles en font autant, sans la moindre pudeur. Et là… Ben là, je me dis que… je serais bien bête de ne pas profiter de ces deux créatures splendides. Autant la blonde est fine, longiligne, mais malgré tout avec des formes, une peau blanche immaculée, un ticket de métro blond et sympa comme tout, autant l’autre est charnue, faite de courbes enchevêtrées, généreuse de seins et de fesses, velue comme une mygale, un mont de Vénus qui semble bien dilaté, une peau mate sans être bronzée, bref toute en pulpe. Je me couche au milieu du lit, une de chaque côté. Je tripote, je caresse, j’occupe mes mains quoi, tandis que popaul joue au chapiteau du cirque Amar.
Je poursuis donc mes explorations digitales. Ces deux nanas en version originale ne devaient pas être désagréables à fréquenter. Quoique leurs deux « habitants » n’ayant aucune notion de conventions sociales et comportementales les offrent à mes gentillesses sans la moindre retenue. Eux, ils découvrent. Et apparemment, les perceptions sensorielles transmises par les corps qu’ils pilotent semblent leur plaire beaucoup. Ils commencent à dire :
Et t’as pas tout vu, Igor, maintenant on va faire minette. Un petit broutage de pelouse, à droite et à gauche, des doigts bien enfoncés et très actifs, tout va bien. Je manque cruellement de mains, notamment pour m’occuper de ces quatre seins, deux petits durs très arrogants, et deux gros calibres en pleine érection de pointes.
Elles y vont donc et s’en donnent à cœur-joie. Et ça ronronne, et ça miaule, et ça m’excite et je pénètre. Très différentes les deux, mais aussi agréables l’une que l’autre. Un vagin étroit, qui vous serre le gland naturellement d’un côté, une vulve charnue et gourmande, plus vaste et ouverte que l’autre, mais avec des muscles qui vous aspirent comme la suceuse d’une drague. Je me régale. Un petit tour en dessous, chevauché par la brune empalée pendant que la fine blonde vient m’offrir son jus acidulé dans ma bouche gourmande et qu’au-dessus elles se lèchent les amygdales à grands coups de baisers profonds, tirant comme des folles sur leurs tétons. À mon humble avis, Igor et Grichka n’ont pas grand-chose à faire, juste à laisser faire les corps de ces deux coquines déjà bien éduquées.
Pour preuve, lorsque j’enfile la blonde par-derrière, la brune plonge aussitôt son museau entre nos jambes écartées pour laper les éclaboussures, sans oublier mes testicules et le clito de sa copine. Un délice. Les poser l’une sur l’autre ne présente aucun problème, et me voilà face à quatre orifices alignés dans lesquels je fais des gammes, comme un joueur de pipeau. C’est de la folie douce, la pression monte et deux bouches avides se précipitent pour recueillir jets nacrés et dernières gouttes comme des affamées. Ça, les petits gars des étoiles, ce n’est pas dans vos manuels. Nous sommes trempés de sueur, essoufflés d’orgasmes et une douche est indispensable, d’autant que j’avais eu la bonne idée de faire virer la baignoire en plastoc pour en faire une douche à l’italienne, nous y logeons à trois et nous savonnons mutuellement, source de nouvelles caresses érotiques. Les visiteurs d’ailleurs sont babas, ils mettent enfin un sens au mot « plaisir ». Bon, c’est pas tout ça, mais je travaille demain, moi. Même pas demain, mais aujourd’hui, vu qu’il est déjà une heure trente du matin. Plus que cinq heures à dormir.
Le réveil est laborieux. J’ai encore la bite enflée et douloureuse, les guibolles en flanelle et de la béchamel dans la bouche. Le pire, c’est la tête. J’ai plein de synapses qui ne donnent rien ce matin, peut-être le contrecoup de cette incroyable histoire. Pourtant elles sont là, ces deux nanas que je ne connaissais pas il y a trente-six heures. Je les ai d’abord quasiment violées, mais avec l’excuse du coup de pistolet de coït instantané, et elles baragouinaient dans leurs langues natales. Je n’ai pas rêvé, ou alors je dors encore. Parce que maintenant, elles sont dans mon salon, goûtent au café, nues comme le jour de leur naissance, en parlant français. Et quand je dis « mon salon », c’est celui que j’ai choisi sur Internet hier soir à 18 heures et qui était là à 18 heures une. Je dois être en train de dérailler complètement, ce doit être le salon d’un asile et je vais recevoir ma piqûre quotidienne. Non ? Ça ne vient pas ? Bon alors je descends pour aller bosser, malgré les protestations des deux autres que je n’écoute même pas. Voilà autre chose, maintenant. Encore un coup des deux tordus, je parie. Ma petite Clio refuse absolument de démarrer. Je remonte furax.
Ouf ! Bien joué, brunette, mais quelle force de persuasion. Nous descendons jusqu’au parking, elles me font monter dans la Clio et posent une main dessus. Rien que ça, je me sens soulevé. Ce n’est que mon siège défoncé par l’usure qui reprend sa forme initiale, comme tout le reste de l’auto. Elle est comme neuve. Je mets le contact, elle ronronne comme une chatte devant un bol de lait. Ils sont extra ces pas-terrestres. Tant qu’à faire, je leur dis que c’est comme mon appartement, j’aimerais bien changer un peu. Suffit de demander : je leur montre une Mercédès sympa qui passe dans la rue, la même en bordeaux métallisé, intérieur cuir blanc, en un clin d’œil le tour est joué. Allez, les filles, on va faire un tour. Très agréable de balader ces deux super gonzesses dans une bagnole de luxe.
Le plus difficile, le lundi, c’est de trouver des boutiques ouvertes. Après, c’est la grande découverte, notamment de la lingerie féminine. Parce que, gaulées comme elles sont, je me suis dit que quelques accessoires devaient leur aller plutôt bien. Quand nous rentrons, elles sont fringuées comme des princesses et me disent ressentir beaucoup de plaisir de la part des corps hôtes. Tant mieux. J’ai même été jusqu’à leur prêter ma carte bancaire, las de cette tournée des magasins, me doutant que le code n’était pas un problème. Une simple vérification de mon compte sur Internet et je constate qu’elles ont fait quelques milliers d’euros d’achat, certes, mais que le solde a gonflé jusqu’au million d’euros ! Après tout, qu’est-ce que je risque dans cette histoire, surtout qu’eux s’en foutent royalement. Je deviens philosophe avec ces gugusses, et je me dis que j’aurais bien tort de ne pas en profiter. C’est plus de vingt ans de salaire et, bien placé, ça peut faire plein de petits jusqu’à la fin de mes jours. Du coup, je rédige une superbe lettre de démission, histoire de me mettre en vacances pour la décennie à venir. Mes concubines en sont ravies. Pour faire avancer la recherche, et uniquement dans cette optique, nous nous offrons une mémorable partie de jambes en l’air.
Je leur propose également le plaisir des yeux à travers un certain nombre de paysages qu’il faut aller voir sur place. Car de simples photos ne suffisent pas, il y a aussi l’atmosphère, le vent, les odeurs, les bruits. Ainsi, nous passons des cigales des calanques au silence d’après la neige dans les Alpes, des cascades vosgiennes aux gerbes de mer du cap Fréhel, des collines d’Ardèche à la verdoyante Normandie. Quand nous faisons des photos, eux scannent carrément le paysage à 360 degrés et se proposent de le reconstituer sur leur planète. Nous en profitons pour passer dans les Cévennes afin qu’ils récupèrent leur vaisseau et le planquent ailleurs, au fond d’une ancienne carrière désaffectée. Le coin retrouve enfin le soleil après trois semaines de brouillard persistant.
C’est la première fois qu’ils me laissent avec les deux nanas « sans pilotes ». Je craignais le pire, mais ils les ont mises en position cure de sommeil. Je les récupère sans problème et notre petite vie sympa reprend. Spectacles, concerts, théâtre, tout ce qui peut leur donner des idées et encore quelques voyages hors de France. C’est au cours de l’un d’eux que nous sommes tous tombés en émerveillement pour un lieu. La beauté sauvage des côtes, la richesse et la luxuriance de la végétation, la douceur du climat, la gentillesse des autochtones, tout nous plaît à Madère. Les ultra-galactiques prétendent que c’est absolument là qu’il faut vivre, qu’en plus, la configuration des lieux leur permettrait de venir nous voir souvent en planquant leur vaisseau dans les montagnes. Ah, tiens, ils parlent de repartir. Finalement, ils vont me manquer. Ça me plaisait bien, moi, de faire le guide touristique de la Terre. Et puis comment ça va se passer avec les deux nanas livrées à elles-mêmes ?
Je veux bien les croire, avec d’autant plus de bonne volonté qu’ils se portent acquéreurs en mon nom d’une superbe propriété, grande villa, parc magnifique, surplombant la baie. Un paradis. Et comme j’ai été sage et coopératif, que j’ai magnifiquement fait avancer leurs recherches et que cette propriété et les deux oisives vont coûter bonbon à entretenir, ils me gratifient d’un zéro de plus sur mon compte. Ça compte ! Nous retournons en France pour récupérer leur vaisseau envasé, mais ils sont très doués pour le ménage, et nous nous quittons en pleine nuit, vers trois heures du matin. Eux ont un long voyage de quelques années-lumière à la vitesse de la lumière, donc de quelques années, mais ils sont immortels, nous avons quelques heures de vol vers Madère et notre nouvelle résidence.
Entre piscine, plage, bains de soleil, balades, jardinage, quelques fêtes et surtout l’amour à trois, le programme est parfait, nous ne nous ennuyons pas. Maria et Léna, les vrais prénoms retrouvés de mes compagnes, parlent bien le français avec un petit accent de leurs pays d’origine qui ajoute à leur charme. Ma vie de bigame me ravit, et passent les jours, les semaines, les mois et les années. Le temps ne semble pas nous atteindre, notre santé reste parfaite et l’ennui ne nous effleure même pas. Tout juste avons-nous parfois un petit coup de blues pour nos pays respectifs, ce qui donne l’occasion de quelques voyages. Mais au bout de deux ou trois semaines, notre paradis nous manque. Et puis un jour sonne à notre portail ouvragé un couple de jeunes gens à l’allure sympathique. Nous ouvrons et ils se précipitent sur nous avec enthousiasme.
Et de nous narrer comment, ayant préparé leur rapport pendant le voyage du retour, ils avaient reçu un accueil enthousiaste de leur communauté et suscité tous les intérêts pour lutter contre l’ennui. Après une première récompense pour ces travaux pleins d’espoir, ils ont reçu pleins pouvoirs pour réaliser leur projet. Grâce à tous les scans de paysages réalisés sur Terre, ils ont modifié l’aspect plat, gris et uniforme de leur planète en paysages verdoyants et inondés de soleil, articulant avec adresse les différents sites entre eux pour en faire une sorte de concentré de délices variés, pour tous les goûts. Ils y ont intégré des maisons différentes, adaptées à chaque région, mais toutes avec des intérieurs colorés, parfumés, musicaux. Ils ont bâti des salles de spectacle, suscité de nouvelles vocations d’auteurs de fictions, développé les imaginations, fait découvrir la musique, la peinture, la sculpture, l’art en général. Et puis des « écoles sensuelles » se sont ouvertes, où l’on apprend celui des caresses. Ainsi est né le « continent thérapeutique » où chacun va au moins une fois par année locale.
Le nombre de suicides est tombé à zéro, les cas de dépression sont rarissimes et c’est tout l’état d’esprit et les pratiques d’une société qui ont été transformés. Les schtroumpfs sont devenus joyeux, grâce à leur théâtre, à leur musique, à leurs compétitions sportives à eux. C’est différent de chez nous, mais ça leur plaît. Ils nous ont emprunté l’idée de ces boudins de plastique qu’on voit parfois dans les stades pour applaudir, c’est mieux qu’avec leurs pinces. Et puis ils ont leurs lieux de contemplation, jardins d’inspiration japonaise, temples façon bouddhique et nos merveilleux paysages reconstitués. Pour cela, ils ont reçu la plus haute récompense de la planète et en sont désormais les citoyens d’honneur permanents.
Contents pour eux, et ça se fête. Maria et Léna déploient tout leur savoir-faire en cuisine pour qu’ils goûtent encore une fois, par humains interposés, les bonheurs de la cuisine terrestre. Nous continuons pendant ce temps de discuter sur la terrasse des nouveautés ou des améliorations qu’ils pourraient apporter à leur concept. Pas si facile pour des êtres qui n’ont pas de bouche, donc ne parlent pas, ne mangent pas, n’ont pas de sexe ni d’appareils génitaux et disposent de capacités mentales énormes, maîtrisent la télépathie et la psychokinésie… Ils ne peuvent même pas jouer à cache-cache ! Je les branche sur des idées aussi différentes et farfelues que le jeu d’échec, la fête foraine ou les clubs de toute sorte, d’échanges à l’anglaise, de vacances à la française. Et de rencontres également, parce qu’asexué ne veut pas dire incapable de vivre à deux. Je sens bien que dans leurs grosses têtes ça fait tilt. Ils n’avaient pas pensé à ça. Pourtant ils s’entendent bien tous les deux et passent le plus clair de leur temps ensemble. Pourquoi pas leurs congénères ? C’est une façon d’éviter la solitude, l’ennui qu’elle génère, même si on s’engueule, c’est toujours mieux que se suicider. Je crois bien que ce sera la prochaine mode à l’autre bout du ciel.
Pour le moment, nous profitons du coucher de soleil sur la mer, des lumières qui s’allument dans les villages en contre-bas, de la douceur du temps et d’un merveilleux repas sur la terrasse. Puis vient l’idée saugrenue d’un bain de minuit qui, comme c’était prévisible, se déroule dans le plus simple appareil, l’occasion de découvrir les formes toutes fraîches de la jeune mariée habitée par Grichka, et tout ceci se termine dans une sympathique petite orgie collective.
Je n’en doute pas, encore faut-il en prendre conscience.