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Temps de lecture estimé : 25 mn
28/04/21
corrigé 28/05/21
Résumé:  Répondant à la demande des lecteurs, Sarah revient dans une nouvelle enquête. Que nous réserve-t-elle ?
Critères:  #policier fh travail amour cérébral nopéné
Auteur : Patrick Paris            Envoi mini-message

Série : Elle s'appelait Sarah

Chapitre 02 / 04
Le retour.

En écrivant « Branle-bas de combat », je n’envisageais pas d’écrire une suite. Sarah payait sa légèreté. En une journée, elle perdait son travail et son fiancé.

Plusieurs lecteurs, comme Jacques le Québécois, en ont décidé autrement, demandant une suite, un pardon, un happy end…


Répondant aux sirènes qui m’appelaient, je me suis remis au clavier pour le retour de Sarah dans une nouvelle enquête… Aura-t-elle plus de chance cette fois-ci ?


Sarah se joint à moi pour remercier Lætitia, ma complice, la spécialiste du pardon, pour ses conseils avisés.




---oOo---




Ce matin, comme tous les matins, Sarah a du mal à se réveiller devant son bol de café. La radio est allumée, elle tend l’oreille, « Avignon. Une jeune fille, Jeanne, quatorze ans, a été agressée hier à la sortie de l’école, elle a été retrouvée inanimée en bordure d’un petit chemin par ses parents partis à sa recherche à la tombée de la nuit. Elle a été admise à l’hôpital pour observation, mais ses jours ne sont pas en danger »




Non ! ça ne va pas recommencer ? Ce monde est fou… Heureusement, cette fois plus de peur que de mal.


Une bouffée de souvenirs lui remonte en mémoire. Sarah était encore dans la police, appelée à une brillante carrière. La disparition de Fanny en avait fait une vedette dans les médias. Puis tout s’est enchaîné très vite, la réouverture de l’enquête du meurtre de Camille, le retour sur les lieux de son enfance, sa nuit avec Tony avant son arrestation. Et la descente aux enfers, le départ de Nicolas quand il a appris son infidélité, et son exclusion de la police, obligée de démissionner.


Deux ans se sont écoulés, le procès de Tony devrait avoir lieu dans quelques mois, il risque trente ans d’incarcération s’il est déclaré coupable. Pourtant Sarah est certaine que Tony est innocent, une intuition. Que peut-elle faire ? Les preuves sont là, la justice suit son cours.


Perdue dans ses pensées, Sarah sursaute en entendant la radio :

« Flash spécial suite à l’annonce faite ce matin de la jeune fille agressée près d’Avignon. Selon une source bien informée proche de l’enquête, les policiers auraient fait un lien entre cette agression et la joggeuse d’Avignon dont tout le monde se souvient. Il est rappelé que Tony L. doit être jugé prochainement pour le meurtre de Camille. Le procureur de la République devrait faire une conférence de presse en fin de matinée ».


Sarah bondit sur sa télévision, les chaînes d’info ont peut-être des informations plus précises. Rien, elles passent toutes la même nouvelle « un lien a été établi entre l’agression de Jeanne ce matin et le meurtre de Camille », ils ne savent rien de plus. Pour retenir les spectateurs, petit rappel en boucle, quelques images de l’époque, la découverte de Camille, l’interview des parents, l’arrestation de Tony… On voit Sarah avec son équipe parmi les policiers, mais heureusement personne ne parle d’elle, tout le monde l’a oubliée.


Lors de la conférence de presse que Sarah suit en direct sur BFM TV, le procureur confirme que des éléments font penser à un lien avec l’agression de la Joggeuse d’Avignon, sans plus de précision. Il rappelle que Tony L., mis en examen pour le meurtre de Camille, devait être jugé très prochainement par la cour d’assises du Vaucluse. Devant ce nouvel évènement, le procureur demande un complément d’enquête et ajourne la date du procès.


Y a-t-il encore un espoir de sauver Tony ? Sarah décide d’appeler sa sœur. Rachel habite toujours en Avignon, elle en saura peut-être plus.



Son train part en début d’après-midi, juste le temps de sauter dans un taxi. Sur place, elle espère pouvoir rencontrer ses anciens collègues.


Après le scandale qu’elle avait provoqué, Sarah était repartie sans avoir accès au dossier incriminant Tony. Est-il coupable des faits reprochés ? Sarah ne peut y croire. Son ADN le désigne, mais il continue de clamer son innocence.


Deux ans, deux années déjà que Nicolas est parti. Elle ne lui en veut pas, elle ne peut s’en prendre qu’à elle. Impossible de faire machine arrière. Elle aurait tant aimé que Nicolas lui pardonne.


Depuis longtemps, elle ne pense plus à Tony comme à un amant, seul Nicolas lui manque. Souvent, elle se caresse dans son lit en pensant à lui, à son sourire, à sa tendresse.

Plus le temps passe, plus elle le comprend. Il a eu raison, c’est de sa faute à elle.


Elle se sent seule, impossible d’envisager de reprendre une vie de couple avec un autre homme. Parfois, se sentant encore plus seule, elle marche en ville dans la nuit, sans but, pour immanquablement terminer dans un bar, et ne rentrer chez elle que lorsque l’alcool lui a fait oublier pourquoi elle est seule.


Un soir, sans savoir comment, elle s’est retrouvée dans un lit inconnu, avec un homme inconnu. Telle une automate, Sarah a sucé cet inconnu, a baisé avec lui. Elle a joui, elle en avait envie, elle en avait besoin.


Reprenant ces esprits, elle s’est juré que c’était la première et la dernière fois. Pourtant deux semaines plus tard, c’était un autre inconnu. Des sensations différentes, agréables, sans lendemain. Elle avait beau se dire que ce n’était pas la meilleure des méthodes pour trouver l’âme sœur, elle comblait sa solitude comme elle pouvait. Pas très glorieux.


Elle ne comptait pas. C’était le cinquième ou le sixième, elle devait faire un effort pour se rappeler. Il était beau gosse, gentil, elle se sentait bien avec lui. Pourtant quand elle s’est retrouvée nue sur son lit, elle s’est demandé ce qu’elle faisait là. Il était caressant, elle le laissait faire sans passion. Il l’embrassa, elle trouva ses lèvres fades. Deux mains la caressaient, elle frissonna, pas de plaisir, elle réalisa qu’elle allait se faire baiser sans aucun amour. Elle aurait voulu partir, s’enfuir loin, loin de cette chambre, loin de cet homme qui n’était rien pour elle.


Là, comme dans un flash, elle pense à Nicolas, aux mains de Nicolas, à la bouche de Nicolas, au sexe de Nicolas. Une envie de pleurer lui serre la gorge. Pour se débarrasser plus vite de cet intrus, il faut qu’il jouisse. Elle le prend dans sa bouche, aucun homme ne résiste à une bonne fellation, elle s’applique comme elle l’a toujours fait. Écœurée, elle le regarde enfiler un préservatif. Pour en finir au plus vite, elle écarte les jambes se laissant pénétrer, elle est là pour ça.


Tout en continuant à la caresser tendrement, l’inconnu, le souffle court, s’acharne par des va-et-vient de plus en plus rapides. Pour la première fois de sa vie, Sarah simule. Elle halète, se crispe et pousse un cri dans l’oreille de son amant du soir. Elle a fait semblant de jouir pour abréger cette étreinte qui la dégoûte. Lui, persuadé d’avoir déclenché l’orgasme du siècle, se déverse en elle dans un râle de plaisir.


Ouf, c’est fini ! Sans même prendre le temps d’une douche, elle se rhabille rapidement pour rentrer chez elle, laissant l’homme étonné, mais content de sa performance.


Avant de se coucher, elle est restée longtemps dans son bain, essayant d’effacer la trace des mains qui l’avaient souillée.

Comment avait-elle pu tomber aussi bas ? Elle tremble à ce souvenir. Ah, si Nicolas…

Mais Nicolas est loin. Elle avait bien essayé de le retenir, il n’a rien voulu entendre. Il est parti au Canada, pour mettre de la distance entre eux. Elle s’en veut de l’avoir fait souffrir.


Par un ami commun, elle a appris qu’il vivait avec une Québécoise à l’accent caractéristique. Pouvait-il être heureux sans elle ? Sarah ne peut l’admettre.


Tout ça pour une nuit avec un amour de jeunesse auquel Sarah ne pensait plus depuis longtemps. Pour se prouver quoi ? Qu’elle pouvait encore plaire ? Foutaise. Une pulsion ? Peut-être.

Ce soir-là, elle était fatiguée, l’ambiance, le souvenir de sa jeunesse… Elle a eu envie qu’il la voie nue. Elle a fixé les yeux de Tony quand assise sur son lit, elle s’est déshabillée face à lui. Il a vite compris, il n’a rien dit. Ils ont fait l’amour, avec passion, toute la nuit.


Elle regrette, elle sait qu’elle n’aurait pas dû. Ce n’était qu’un moment hors du temps, une parenthèse sans importance. Malheureusement, pas pour Nicolas.




---oOo---




Sarah loge chez sa sœur. Elle ne peut s’empêcher de la questionner. Il doit bien y avoir des rumeurs, qu’en disent les gens ici ?


De toute évidence, Rachel ne porte pas Tony dans son cœur. Elle prend un malin plaisir à rapporter ce qui se dit en ville, mais Sarah se rend bien compte que c’est aussi ce qu’elle pense.

Depuis l’arrestation de Tony, les langues se délient, elle en entend des histoires sur son compte. Tony est un bosseur, il a bien réussi, mais surtout Tony est considéré comme un dragueur, un Don Juan. Des rumeurs, il y en a, beaucoup, trop. Comment savoir la vérité, « on ne prête qu’au riche » comme dit le dicton. Il passe d’une femme à l’autre, mariée ou célibataire, sans se soucier d’elle, enfin à ce qu’on dit.

Sarah digère l’information, elle aussi. Elle s’en veut, pourquoi avoir succombé, son petit ego… faire mieux que Sophie et les autres. Sans penser à Nicolas…


Rachel lui apprend que Nicolas est passé la voir il y a deux mois, il semblait bien seul. Sarah est surprise :



Sarah peut-elle encore espérer ?



Sarah pousse un soupir d’espoir :



Sarah note religieusement le numéro de Nicolas. Osera-t-elle l’appeler ?




---oOo---




Pour découvrir la vérité, Sarah compte sur sa bonne étoile et sur son instinct.

Elle ne veut pas passer au commissariat voir ses anciens collègues. Elle a encore honte en pensant à ce matin où ils l’ont surprise nue dans le lit du principal suspect qu’ils venaient arrêter.


Aussi, sa première visite sera pour Sophie, sa meilleure amie.


En traversant la rue, Sarah tombe nez à nez avec une femme qu’elle semble reconnaître. Celle-ci aussi s’est arrêtée. Maryse, une de ses copines de classe, elle a changé, mais son regard ne trompe pas.



Sarah était amie avec Maryse, elles étaient tout le temps ensemble avec Sophie et Marie-Claire. Mais là, quelle commère !


Sophie accueille Sarah à bras ouverts, contente de revoir son amie. Rapidement, la conversation glisse sur l’agression de Jeanne.



Sophie se trouble



Sophie se tord les mains, regarde son amie en hésitant, et enfin se lance :



Sarah se souvient que c’est là que Tony l’a embrassée pour la première fois, et qu’il avait essayé de la déshabiller. Elle n’y était jamais retournée.



Les enfants de Sophie rentraient de l’école, deux beaux bambins. Sarah prit congé de son amie, pensant d’un coup à Nicolas et aux enfants qu’elle aurait pu avoir avec lui.


En sortant, Sarah va prendre un verre dans le bar qui leur servait de point de ralliement après les cours, leur bar. Changement de propriétaire, la décoration a changé. Sarah retrouve la table près de la fenêtre devant laquelle les quatre amies regardaient les passants, certainement là où elles avaient vu passer Tony et Camille.


Sarah écoute, les conversations vont bon train, tout le monde parle de l’agression de Jeanne, et de Tony. Comme toujours, il y a deux camps, ceux qui croient en sa culpabilité et ceux qui croient en son innocence. Chacun allant de ses convictions et de ses certitudes. Moins les gens en savent, plus ils en parlent.


Sarah aperçoit l’ancien patron, il est dans un coin devant un verre de bière. Elle s’approche, il la reconnaît ou du moins il sait qui elle est depuis qu’elle est passée à la télévision :



Galant, il ne fait aucune allusion. Mais il est curieux :



Il est tard, je dois partir, Rachel doit m’attendre.

En passant dans une rue sombre, un coup de feu claque, je comprends que c’est moi qui suis visée. Vieux réflexe, je me plaque au sol. Je ne vois personne. Cinq minutes après, la rue est noire de monde, une voiture de flics arrive, je reconnais mes anciens collègues.


Déposition rapide au commissariat. Je n’ai rien vu, c’est incompréhensible, qui peut m’en vouloir à ce point ?

J’en profite pour demander des nouvelles de l’agression de Jeanne et du dossier de Tony après les déclarations du procureur. Secret professionnel, on ne peut rien me dire. En sortant, un policier, avec qui j’avais sympathisé il y a deux ans, me souffle à l’oreille « Retrouve-moi au café de la gare dans une demi-heure ».


Rachel attendra.

En parlant doucement, mon collègue me confie que l’arrestation de Tony a arrangé tout le monde, on tenait enfin un coupable.





---oOo---




Ce matin, alors que je me prépare à aller voir Pierrot ou Florence, mon téléphone vibre, c’est mon copain policier, toujours aussi sympa :





---oOo---




Bouleversée par ce que je viens d’entendre, je décide d’aller voir Maryse pour confirmer ce que m’a dit Sophie. Une technique éprouvée, croiser les informations, parfois la même scène vue par deux personnes différentes peut donner des indices, ou des idées.


Sa maison est toujours la même, aucun changement depuis vingt ans, une rue calme, une grande terrasse qui surplombe un petit jardin. Si je me souviens bien, derrière la baie vitrée, un grand salon et les chambres à l’étage. Que de souvenirs, de fous rires quand nous étions gamines !


Maryse m’accueille avec un grand sourire, après toutes ces années, nous sommes heureuses de nous revoir. On va pouvoir se parler un peu plus que l’autre jour dans la rue.

Je lui parle de Sophie et de Marie-Claire, de nos virées adolescentes, du « bon vieux temps ». Je lui parle de ma vie à Paris. Elle, de sa vie un peu monotone, du décès de ses parents la laissant seule.


Très vite, c’est elle qui aborde le sujet qui me préoccupe. Elle a suivi à la télé, comme tous les Français. Elle veut surtout savoir si Tony va être libéré :



J’en viens à cet après-midi, la veille de l’agression de Camille. Elle me répète la même chose que Sophie, après mon départ, elles ont vu Tony passer avec Camille. Une heure après, elle est rentrée directement chez elle. Aucune allusion à ce qui s’est passé dans le bois. Sophie m’a-t-elle dit la vérité ? Qui croire ?


Maryse semble fuyante, je décide de la brusquer un peu :



Maryse est de plus en plus excitée, elle parle de plus en plus fort :



Brusquement, elle se lève, regarde Sarah et crie :



Sur ces mots, elle part en courant et monte à l’étage.


Sarah, un peu décontenancée par cette soudaine attitude, ne sait quoi faire. Elle monte lentement les marches, quand Maryse surgit de sa chambre, elle tient un revolver à deux mains en tremblant. Regardant fixement Sarah, elle hurle :



Sarah recule devant la menace. Maryse, les yeux exorbités, crie de plus en plus fort :



Sarah blêmit, c’est un aveu. Elle recule pas à pas, et se retrouve sur la terrasse. Maryse continue de crier, en proie à une grande agitation.


Les cris ont alerté du monde. Les voisins se massent devant le jardin. Ils regardent sans y croire Maryse brandissant un pistolet. Chacun retient son souffle.


Au loin, on entend la sirène d’une voiture de police alertée par un voisin. Sarah essaie toujours de raisonner Maryse :



Maryse pose le canon de son arme sur sa tempe :



Sarah recule, les flics braquent leurs armes sur Maryse. Que veulent-ils faire ? Étonnant de vouloir empêcher quelqu’un de se suicider en lui tirant dessus.


Gardant son sang-froid, Sarah continue à parler lentement, calmement, en regardant Maryse dans les yeux, tout en surveillant le canon braqué sur la tempe de son amie.

Enfin, Maryse pousse un long cri, elle éclate en sanglots, baisse les bras et laisse tomber son revolver à ses pieds.

Retrouvant ses réflexes, résultats des longues heures d’entraînement à l’école de police, Sarah bondit et saisit Maryse dans ses bras. Veut-elle la rassurer, la protéger, ou la ceinture-t-elle pour l’immobiliser ?


La foule pousse un soupir de soulagement, tandis que les flics ramassent le revolver.

Maryse monte dans la voiture de police pour être emmenée au commissariat.


Quelques minutes plus tard, se remettant de ses émotions dans les locaux de police qu’elle connaît bien, Sarah fait une déposition en racontant ce qui s’est passé. Elle se sent à l’aise, elle retrouve l’ambiance, ses anciens collègues. Elle est heureuse, c’est sa vie.


Elle resterait bien, pour savoir, mais elle ne peut s’éterniser, l’interrogatoire de Maryse va être long.


Chez sa sœur, informée par la rumeur, elle va pouvoir enfin se reposer. Mais Rachel a hâte d’en savoir un peu plus, Sarah doit une nouvelle fois raconter ce qui s’est passé.

Dans la soirée, n’y tenant plus elle appelle son ami policier. Il est encore au travail :



Maryse est passée aux aveux, dans un état second, en parlant d’une voix monocorde, sans exprimer le moindre sentiment. Sous le sceau du secret, le policier confie à Sarah ce qu’elle redoute : le père de Maryse avait une arme qu’il cachait dans son armoire, c’est bien Maryse qui s’en est servi pour tuer Camille par jalousie, et c’est encore elle qui lui a tiré dessus hier toujours par jalousie.



Sarah veut aussi comprendre les expertises. D’autres traces ADN ont été relevées sur le chemisier de Camille, mais personne n’a pensé que l’assassin pouvait être une femme. Seuls les hommes ont été prélevés, personne n’a cherché plus loin. Maintenant que l’on sait, la présence de l’ADN de Tony s’explique, il avait passé la soirée avec Camille, le témoignage de Sophie est capital.


Sarah est en colère, contre elle, contre ses collègues, ils auraient dû… mais c’est facile de le dire après. Tony n’avait aucun alibi, c’était le coupable idéal.




---oOo---




Le lendemain, lors d’une conférence de presse, le procureur détaille un peu pompeusement les conditions de l’arrestation de Maryse s’en attribuant tout le mérite. Il annonce que les poursuites contre Tony sont abandonnées. Il sera libéré le soir même, son avocat ayant demandé sa libération… Tony est innocenté, il touchera une indemnisation pour les deux ans passés à tort en prison.


Vers 17 heures, je suis devant la porte de l’établissement pénitentiaire. Tony devrait sortir bientôt, son avocat est là. Je reste dans la voiture pour me faire discrète.

Tony a-t-il changé ? En fermant les yeux, je le revois… Mon esprit va vers cette soirée maudite, quand je me suis mise nue devant lui. De la nuit, je n’ai plus aucun souvenir, ai-je joui, sûrement.

Son image est vite remplacée par celle de Nicolas, par le regard de Nicolas quand je suis rentrée. J’avais l’impression que mon infidélité était inscrite sur ma figure, qu’il savait déjà. J’étais triste quand il est parti. Je voulais le rappeler, mais la radio est allée plus vite.

Bien sûr, je n’aurais pas dû… Nicolas est-ce que tu m’aimes encore ?


La porte de la prison s’ouvre me tirant de ma rêverie. Tony n’a pas trop changé. Son avocat va à sa rencontre.

Je sors de la voiture. Tony me voit, il se dirige vers moi, me sourit. Je lui rends son sourire, contente de le voir en si bonne forme. Il s’approche et me fait la bise :



Sarah retourne à son véhicule, tandis que Tony part avec son avocat.


La parenthèse est refermée, définitivement. Sarah se dit qu’elle aurait dû regarder l’avenir plutôt que de se tourner sur son passé, elle a tout gâché.




---oOo---




De retour à Paris, Sarah essaie de savoir où habite Nicolas, le numéro ne l’aide pas, mais Jérôme saura.

Content d’avoir de ses nouvelles, Jérôme trouve le bon renseignement rapidement.



Quelques jours plus tard, Sarah reçoit un appel de la direction centrale de la police, peut-elle passer les voir. Demain matin 9 heures. Cela ressemble plus à un ordre qu’à une invitation.


Elle est reçue par un fonctionnaire qu’elle ne connaît pas. Elle se doute que c’est un gradé, il n’y va pas par quatre chemins.



Intriguée, Sarah ne sait que répondre. Elle se tait. Disciplinée, elle attend de savoir ce qu’on a à lui dire :



Sarah commence à comprendre, on lui propose de reprendre du service. Avec les formes, pas question de parler de démission.

D’ailleurs, lui revient en mémoire la réflexion d’un collègue : « On ne démissionne jamais de la Police ».


Quelques semaines plus tard, un décret signé du Premier ministre crée un Office central pour les affaires anciennes non élucidées (OCAANE), avec un nom impossible à dire, comme le ministère de l’Intérieur sait le faire. Sont nommés à sa tête le colonel Strogoff et son adjointe, la commissaire Sarah Castaing.


Dès le premier jour, Sarah et son nouveau chef doivent constituer une équipe, déjà une douzaine de gendarmes et de policiers sont pressentis. En fin politique, ils épluchent leurs CV pour savoir qui garder, tout en assurant l’équilibre des deux armes.


Sarah jetant un œil circulaire sur les candidatures retenues, décroche son téléphone :



Intrigué, son chef la regarde sans rien dire. Sarah repose le combiné :



Le soir, Sarah se sent seule. Plus question d’écumer les bars. Elle aimerait revoir Nicolas, lui parler, lui dire qu’elle regrette, lui dire… mais voudrait-il l’écouter ?


Comment reprendre contact. Lui téléphoner ? Non, trop protocolaire. Un mail ? C’est nul.

Comme toujours, Sarah décide de foncer, quand il y a un obstacle il vaut mieux l’aborder de face, elle est bien décidée à se battre.

Grâce à Jérôme, elle a son adresse. Un dimanche, en fin d’après-midi, il doit être chez lui. Un peu stressée, Sarah sonne à sa porte. En ouvrant, Nicolas a l’air surpris.


Ils se regardent quelques secondes. Elle n’ose pas bouger, elle n’ose rien dire. Maintenant que va-t-il se passer ?

Nicolas réagit le premier, il s’efface et l’invite à entrer. Timidement, il lui sourit, elle se demande si elle a bien fait de venir.


Nicolas referme la porte sur Sarah.


Sarah ne ressortira que le lendemain matin pour rejoindre son bureau. Le soir même, quand elle revient avec une valise, Nicolas a préparé un petit repas.

Il a même acheté un gros bouquet de fleurs.