n° 20275 | Fiche technique | 51349 caractères | 51349Temps de lecture estimé : 30 mn | 22/05/21 |
Résumé: Influenceuse ! Vous avez dit, influenceuse ? Mais c'est quoi cette nouvelle profession, sans études ni diplôme et tellement en vogue ? Portrait. | ||||
Critères: f fh couple piscine amour fsoumise contrainte cérébral fmast portrait -dominatio | ||||
Auteur : JeffTrois Envoi mini-message |
Claudia est une jeune femme de trente ans, naturellement belle, à la plastique parfaite, et qui entretient son corps à la sueur de ses muscles. Elle a réussi, il y a quelques années un assez beau début de carrière comme modèle, passant de la mode vestimentaire à celle des maillots de bain, puis a posé pour des photos de charme. Travail qu’elle a aimé faire et qui aujourd’hui la nourrit encore. Elle est artiste-modèle, c’est ainsi qu’elle se définit elle-même. Elle y a gagné pas mal d’argent, facilement, mais surtout, de cette époque pas si lointaine, elle a découvert la puissance et l’impact des réseaux sociaux, la possibilité de se faire admirer par des dizaines de milliers d’admirateurs, la vie facile et agréable des voyages à l’autre bout du monde, des hôtels de luxe et de l’argent qui coule à flots.
Depuis, elle a acquis le titre d’influenceuse. Là où elle va pour se faire photographier, là où elle est en vacances, séjourne, mange, boit, sort, va danser, se baigne, des centaines de suiveurs (Followers, dit-on pour les réseaux sociaux) cherchent à la rejoindre, à l’imiter, à marcher dans ses pas. Alors, pas étonnant que les hôtels, les bars, les restaurants et boîtes de nuit, mais aussi les marques qu’elle utilise s’arrachent à prix d’or la possibilité (ou l’obligation) d’être sur ses photos et ses recommandations sur ses fils d’actualité comme Twitter, Instagram, LinkedIn, Facebook, Tik-Tok… Et le tout, bien entendu, en investissant un minimum, mais en gagnant un max de fric.
Quelle chance, discourront les uns… N’importe quoi, diront d’autres…
Oui, l’histoire de Claudia pourrait être à la fois d’une banalité affligeante pour certains, ou d’une portée plus morale pour d’autres si Claudia se contentait de ce que la nature lui a offert, si son mode de vie lui suffisait. Mais voilà, la gourmandise comme tous les vices est une fée féconde qui pousse à aller toujours plus loin, gagner plus pour perdurer. Or, Claudia sait que le corps d’une femme – et en particulier le sien – est une enveloppe charnelle éphémère, changeante, et dont l’évolution ne va malheureusement pas vers l’amélioration. Elle sait qu’elle pourrait, à l’instar de bien d’autres, confier son corps à la chirurgie esthétique, mais elle s’y refuse, car c’est le naturel même de son corps, de son attitude, qui fait son charme et la raison principale pour que des milliers de personnes la suivent sur ses fils d’actualité. Aussi a-t-elle quand même l’impérieuse nécessité d’amasser de l’argent, des connaissances, un réseau relationnel pour… demain et surtout après-demain. De la cigale qu’elle aurait pu être, Claudia – toujours très consciente de cet état « d’éphéméritude » – a depuis toujours était une fourmi qui économise, engrange, calcule et est capable de se projeter dans un avenir plus ou moins lointain pour assurer sa survie. Elle dessine le destin de sa vie et le monnaye à prix fort.
Au moment où j’écris ces lignes, Claudia est à Dubaï, le tout nouveau paradis fiscal du monde, là où tous les entrepreneurs veulent être, car il n’y existe aucun système d’impôts, ni sur le revenu ni sur les sociétés. La vie y est douce pour ceux qui ont de l’argent et le monde des « jet setteurs » s’y retrouve et organise cette communauté très fermée et particulièrement enviée par le reste de la planète.
Pourtant la vraie vie de Dubaï est austère, dictée par la Charia (loi coranique stricte et sévère) qui laisse très peu de place à l’épanouissement des femmes dans leurs vies personnelle et encore moins sociale. Le soleil et le désert entourent une immense cité ultra moderne dont la vie est rythmée par les appels à la prière des muezzins, cinq fois par jour. Les constructions, toujours plus hautes, toujours plus esthétiques (enfin, cela dépend des goûts), sont réalisées par des cohortes d’ouvriers indiens et pakistanais qui travaillent 24 h/24, sont souvent privés de leurs passeports et doivent œuvrer dans des conditions de sécurité plus que douteuses… sans parler du climat aux chaleurs accablantes. Outre le soleil avec, en été, des chaleurs qui dépassent les cinquante degrés à l’ombre, l’eau est rare et très chère, l’air y est toujours saturé d’odeurs pestilentielles d’essence dues à une circulation intensive qui vient s’ajouter à celle du naphte, brûlé nuit et jour par les raffineries du pays qui relâchent dans l’atmosphère une brume orangée prégnante qui vous colle à la peau de minuscules grains de sable en provenance du désert sans cesse balayé par des vents permanents, chauds et épuisants. Car Dubaï ce peut aussi être aussi un enfer… mais, une fois encore, pas pour tout le monde…
Ce matin, de bonne heure, Claudia se précipite vers la piscine qui borde la marina où elle a trouvé une maison à louer. L’immense pelouse qu’elle doit traverser pour atteindre les bords d’une piscine à débordement lui fait naître de minuscules gouttelettes de sueur au-dessus de sa lèvre, et elle sent, sous ses aisselles, le poisseux de sa sueur. Bien qu’il ne soit pas encore sept heures du matin, le soleil de plomb fait déjà grimper le thermomètre à près de trente degrés. La nuit a presque été calme, la villa moderne est bien isolée contre les bruits extérieurs, car deux villas plus loin, une équipe de télévision a envahi le quartier pour tourner un programme de téléréalité « les Marseillais à Dubaï » et souvent, jusqu’à tard dans la nuit ce ne sont que des cris, des hurlements et de la musique « à donf » qui bercent le voisinage. Alors Claudia profite du calme de ce tout début de matinée pour se baigner, nue, dans son immense piscine sans que quiconque vienne la déranger. Même Sergio, son chevalier servant actuel est encore au fond de leur grand lit, endormi de tout son long corps athlétique au bronzage parfait, abandonné à la douce atmosphère de la climatisation.
Claudia enlève ses savates blanches et dénoue la ceinture de son moelleux peignoir au blanc immaculé qui s’affale sur le carreau, déjà chaud, du bord de la piscine, puis nue, elle plonge dans l’eau transparente. Elle nage avec délice jusqu’au bord d’en face, et les coudes écartés, appuie sa tête sur ses mains déliées et contemple le paysage qui s’offre à elle.
C’est son moment préféré de la journée… car elle a des journées aux agendas de ministre, Claudia. Elle enchaîne les rendez-vous les uns derrière les autres avec un timing serré et minuté. Certains de ces rendez-vous concernent sa vie privée comme les séances de fitness, de beauté, de coiffeur, d’essayages dans quelques boutiques de vêtements de luxe, d’autres rendez-vous sont plus orientés business pour autoriser une marque à utiliser son image et négocier les royalties qui vont avec, d’autres pour imaginer une ou des lignes de produits qui pourraient porter son nom, certaines pour vérifier que les marques à qui elle a accordé le privilège d’accoler son nom respectent bien le cahier des charges qu’elle, aidée de ses avocats et de son agent, a imposé, est bel et bien respecté… Une vraie businesswoman, Works alcoolic et surtout Works addict. À ces rendez-vous viennent s’ajouter, plusieurs fois par semaine, des séances de photos, sans compter, quotidiennement, les Insta-shoots (séances de prises de vues photographiques instantanées) qui sont immédiatement postés sur les réseaux sociaux, accompagnées de leurs si nécessaires hachtags et d’une courte et percutante légende… À cela, il faut aussi ajouter les préparations de prochains déplacements, et surtout anticiper sur les nouvelles normes sanitaires qui doivent être intégrées à tous les déplacements transnationaux… Bref, une vraie organisation…
Quelle vie… mon dieu, mais quelle vie trépidante !
Et Claudia adore ! Mieux, elle a délibérément opté pour cette vie et ne s’en plaint pas. Au contraire. Mais elle est épuisante. Elle a déjà épuisé un compagnon de route qui l’a suivie durant près de dix ans et avec qui elle avait construit une vie amoureuse très fusionnelle. Mais entre le rythme de vie, l’exposition non-stop de cette image sur les réseaux sociaux, les voyages incessants, il est souvent compliqué à un homme, un compagnon, de trouver sa place et surtout de durer dans le temps. Alors, dans la douleur, ils se sont séparés, chacun continuant à hanter les réseaux sociaux, mais pour soi.
Ce matin, Claudia est d’humeur nostalgique. Pourtant elle se raisonne. Elle ne devrait pas être nostalgique. Face au golfe Persique qui étale ses couleurs émeraude à perte de vue, au soleil… à sa vie, même courte, mais si riche en expériences et en rencontres… Le menton volontaire posé sur ses poignets, remuant doucement les jambes pour se maintenir droite dans le léger courant de l’eau de la piscine elle hésite sur le tournant à adopter, à prendre pour donner un léger coup de booster à sa vie…
Soudain, elle sursaute… Sergio est derrière elle… Elle ne l’a pas entendu ni arriver ni se mettre à l’eau… Il accroche ses larges mains à ses seins qu’il empoigne par dessous et en taquine les pointes, durcies par la fraîcheur de l’eau claire. Il ne faut pas longtemps à Claudia pour sentir la virilité de son amant contre ses fesses. Elle les frotte doucement contre le pieu de chair qui tente de les épouser et les deux amants restent à jouer avec leurs corps, leurs désirs dans l’onde fraîche… Puis, Sergio ne tenant toujours pas la distance, d’une poussée de gymnase, arrive à s’introduire dans la petite chatte de Claudia qui ronronne de plaisir, écarte les jambes pour mieux s’empaler sur le dard qui la pourfend et se laisse couler de quelques centimètres pour en caler le bout au creux de son ventre. Silencieusement, Sergio qui a cherché cette séance se doit d’assumer ses envies et satisfaire celles de sa belle compagne… Alors que dans un mouvement gracieux, Claudia se détache de l’étreinte pour se retourner, elle vient enserrer la taille de Sergio de ses longues jambes et se replante sur l’axe qui l’a pénètre, entoure ses bras au cou de l’homme et applique sa bouche sur les lèvres sensuelles pour lui distiller un torride baiser… Ensemble, ils atteignent l’extase… Et avant que Sergio ne soit expulsé par les muscles du ventre de Claudia, il lui susurre :
Quelques brasses plus tard, Claudia emprunte les larges escaliers et telle une Venus de Botticelli, émerge de l’eau, ramasse son peignoir et s’éloigne sous le regard toujours admiratif de Sergio… C’est qu’elle est belle, la sculpturale Claudia ! Il admire tout chez elle. Sa silhouette longiligne, ses jambes parfaites, ses pieds réguliers et toujours impeccablement entretenus. Ses fesses, un peu évasées sur les hanches, son dos, droit. Le début de son cou et sa chevelure coupée au carré, brune aux reflets roux. Mutine, elle se retourne en sentant le regard de son amant la détailler et tout en enfilant son peignoir, elle lui exhibe son ventre… Sergio peut en admirer la perfection… Le torse, avec des seins naturellement ronds et leurs aréoles larges. Le ventre plat. Le fin ticket de métro qui semble dessiner une flèche vers un sexe renflé, mais hermétiquement clos. Les cuisses qui se touchent à peine… Et il lève les yeux vers la figure de Claudia qui rit et lui tire la langue… Son menton, carré, sa bouche ourlée de ses lèvres si bien dessinées et son philtrum si prononcé qui appelle ses baisers. Son nez, droit et qui est si légèrement en trompette… et ses yeux noirs, ses microtaches de rousseur accentuées par la couleur pain d’épices de la peau tannée par le soleil de Dubaï, ses sourcils fournis, mais toujours impeccablement dessinés…
Sergio pousse un long soupir en pensant « Putain qu’elle est belle ! » et finit par sortir de l’eau pour rejoindre la salle de bain, attenante à la chambre.
Sa dame de cœur est déjà sortie de sa douche et s’apprête devant sa coiffeuse…
Claudia conduite par son chauffeur – les femmes n’ayant toujours pas le droit de conduire, même les étrangères – elle se fait amener au pied d’une des immenses tours qui abrite une myriade de bureaux, mètres carrés chèrement loués, mais quel luxe de pouvoir travailler au 120e étage à Dubaï… Souvent au-delà de la crasse qui plombe l’atmosphère des rues de la ville… et dominer tout ce monde, tout son monde… Claudia rejoint là son assistante qui s’affaire depuis un long moment, jouant avec ses différents téléphones, un gros Filofax couvert d’une écriture dense… passant de l’anglais à l’arabe, puis au japonais avant de finir une conversation en mandarin.
Elle s’installe sur un canapé, qui fait face à l’immense baie vitrée, dominant l’étendue de la ville, au loin, le golfe Persique miroite. Sous elle, vers les pieds de la tour, le nuage de crasse de la pollution orangée surplombe la ville, annonciateur d’une tempête de sable. Après, tout le monde respirera mieux… Puis, elle se plonge dans une lente et profonde réflexion sur la nouvelle tâche qu’elle s’est assignée, enregistrer une courte vidéo à propos du bien-être.
Curieuse idée qui pourtant ne fleurit pas comme ça dans l’esprit de la jeune femme, cherchant à diversifier ses activités. Claudia a longuement suivi une formation universitaire en psychologie et a passé, ces derniers mois, un diplôme très officiel de l’université de Londres comme coach. Alliant la psychologie et le bien-être avec son rôle de coach, elle a donc ouvert un cabinet de « coach en bien-être »… Voilà pourquoi, au moins deux fois par semaine, elle donne quelques minutes de son emploi du temps pour distiller quelques conseils pour le bien-être à ses followers… Et, ça marche.
Eh oui, Claudia n’est pas seulement une belle femme racée sur laquelle on se retourne dans la rue ou dans un cocktail et qui réussit sa vie. En réalité, tout ce qu’elle touche, elle le transforme en espèces sonnantes et trébuchantes. Ainsi en va-t-il de son job de coach en bien-être… Et Jessica doit jongler avec cette nouvelle activité, gérant les rendez-vous, les réactions sur les réseaux sociaux et les demandes d’interviews… voire aussi les olibrius qui cherchent une escort-girl et pensent que le rôle de Claudia en tant que « coach de bien-être » sera de leur apporter deux minutes trente-cinq de bonheur moyennant une grosse somme d’argent. Car officiellement, à Dubaï, la prostitution est strictement interdite sous peine d’emprisonnement et de punition corporelle.
Bien sûr, Claudia est parfaitement consciente de l’ambiguïté de cette fonction et si elle en joue souvent avec certains clients, elle sait aussi se tenir loin d’autres, voire montrer une certaine froideur déclarée « professionnelle » avec d’autres encore. Ce sont d’ailleurs ses ambiguïtés qui ont mis réellement à mal son couple, car si l’homme qui partageait sa vie était capable de sacrifices, y compris de se mettre en retrait, pour mieux la mettre en lumière il est quand même assez rare qu’il puisse accepter que celle qu’il aime distille des recettes de bien-être auprès d’une clientèle masculine. La confiance, base de la relation, est peut-être la chose la plus fragile du couple et la moins bien comprise et partagée. C’est ce à quoi Claudia est entrain de penser quand Jessica vient la rejoindre sur le canapé pour faire le point sur les dossiers en cours, l’emploi du temps de la journée, les rendez-vous…
Et les deux filles entament leur vraie journée de travail, buvant café et eau minérale, avalant un repas léger livré par un restaurateur du pied de la tour, avant que Jessica ne vienne rappeler à Claudia, l’heure de son rendez-vous avec Jasmine…
Plongé dans l’enfer de la circulation du centre-ville. Ici, tout le monde respecte à la lettre le code de la route, les priorités, car les sanctions sont sévères et la police routière intraitable. Peu d’habitants conduisent eux-mêmes leurs voitures, la majorité dispose de chauffeurs, voire même de gardes du corps quand ce n’est pas une voiture ouvreuse et/ou suiveuse pour assurer la protection de la personne transportée. Et nombreuses sont les résidences, les villas individuelles ou ensembles immobiliers qui bordent des rues dont l’accès est réglementé, la surveillance renforcée et pour y accéder il faut montrer « patte blanche », avoir été inscrit sur le cahier de visite au préalable. Claudia connaît parfaitement ce système, car elle-même, pour accéder à sa villa, doit se plier à ces obligations. Elle sait aussi que souvent, les temps de vérification sont longs et pour arriver à l’heure à un rendez-vous, il faut savoir en tenir compte. Mais c’est Ahmed, son chauffeur attitré, qui gère les check-points d’entrée et tout se passe comme si de rien n’était.
Il arrête sa voiture sous le péristyle d’une villa moderne, toute blanche dont on aperçoit seulement un bout de jardin, oasis vert dans cet univers de sable blanc ocre. Puis Ahmed descend et ouvre la portière pour permettre à Claudia de sortir du véhicule. Il faut s’habituer à ce cérémonial et elle a appris à contrôler ses pulsions naturelles. À peine a-t-elle fait un pas vers la porte d’entrée, monumentale, qu’une camériste lui ouvre. Claudia s’engouffre dans un immense hall, en marbre blanc, aux balustres en ferronneries noires et aux décorations surchargées en dorures. Au milieu s’écoule une cascade qui choit le long d’une sculpture en pâte de verre transparente, rafraîchissant l’atmosphère. Silencieusement, la camériste invite Claudia à la suivre et la conduit dans un salon-boudoir aux lourdes tentures mordorées et rouge vermillon. Au sol, à la mode des Bédouins, de lourds tapis épais et des gros coussins. Au milieu, une table basse avec l’indétrônable thé accompagné de ses petits gâteaux et loukoums qui attendent. Claudia selon le protocole local se déchausse et attend… Quelques minutes plus tard, Jasmine entre.
Dévoilée, cheveux noirs tirés en un chignon très serré, son visage à peine maquillé, sauf le pourtour de ses yeux passé au khôl, vêtue d’une traditionnelle djellaba, d’un geste ample elle désigne les coussins à Claudia…
S’instaure alors un dialogue, en anglais, des plus surprenants.
Jasmine appartient à la famille régnante. C’est aussi la jeune épouse d’un haut dignitaire du régime qui, bien que très occupé par ses fonctions, dispose aussi d’un très fort appétit sexuel, au point de vouloir prendre une seconde épouse. Cette situation inquiète Jasmine qui voit d’un œil mauvais l’arrivée d’une concurrente. À vingt-cinq ans, elle n’a jamais eu d’autres choix que de supporter les infidélités de son époux qu’elle aime, même si le mariage a été arrangé et qu’elle y a été sacrifiée à l’âge de seize ans. Aujourd’hui elle lui a donné un fils et une fille, la descendance est assurée. Bien sûr, elle sait qu’il cherche son plaisir, très égoïste, avec des filles de plus en plus jeunes. Elle sait, parce qu’elle suit les programmes de télévision internationaux que ce n’est pas particulièrement sain, pour les filles comme pour son homme. Alors, elle voudrait que Claudia vienne – autant de fois qu’il le faudra et peu importe le prix – pour l’aider à reconquérir son mari, le rendre encore plus heureux et le détourner aussi bien de l’idée de prendre une seconde épouse que d’arrêter de « consommer » des jeunes filles… Accepterait-elle ?
Claudia, reste stupéfaite par cette histoire et cette demande.
Jusque-là, elle avait eu à apporter des conseils à des clients et des clientes qui voulaient prolonger leurs plaisirs ou trouver des nouveautés pour le pimenter, voir (re) trouver une vie saine et équilibrée. Deux ou trois fois, elle avait dû « mettre la main à la pâte » pour prouver qu’elle savait de quoi elle parlait. Deux fois au moins, aussi, des mères avaient déjà tenté de lui refiler le délicat passage du dépucelage de leur jeune progéniture masculine, dont une qui souhaitait même assister à la scène. Et Claudia, qui avait décliné ces types de demandes, s’interrogeait depuis sur la compréhension de son job de « coach en bien-être » par ses potentiels clients et clientes. En même temps, elle avait été effarée par l’éclectisme des demandes, voire leur côté farfelu et pervers. Mais pour la première fois, elle avait en face d’elle une jeune femme, plus jeune qu’elle, qui espérait encore plus de son intervention et qui misait sur son avenir à travers elle…
Raccompagnant Claudia jusqu’au seuil, Jasmine sans dépasser la lourde porte, à mi-voix, lui glisse :
Dehors, Ahmed attend, la portière ouverte, les yeux baissés. Claudia se hisse dans le SUV Cayenne noir aux vitres teintées et rentre chez elle, dans sa villa qui domine la marina.
À la villa, Sergio n’est pas là… C’est normal, à cette heure-là, il anime son club de fitness au 150e étage du Burj Khalifa, la plus haute tour du monde. Claudia retrouve Jessica qui est venue aux nouvelles. Claudia lui raconte la visite et une partie de la conversation et ensemble, allongées au bord de la piscine, les deux filles cherchent un moyen d’apporter une réponse positive à Jasmine. Bien sûr, Claudia a dû mettre de côté son projet d’intervention sur le bien-être, mais elle se dit que ce n’est que partie remise. Tandis qu’elles bronzent, plongent pour se rafraîchir, rebronzent pour se faire sécher, le téléphone de Claudia sonne.
Jessica, inquiétée par le coup de fil reçu par Claudia, car d’habitude, c’est elle qui joue les filtres, se tourne vers sa jeune patronne :
Ceignant un paréo, Claudia s’éloigne à pas rapide et quand elle entre dans son salon, elle se trouve nez à nez avec une ombre noire, inquiétante.
Immédiatement, la jeune Imène ôte sa grande abaya noire et apparaît en jeune fille civilisée. Claudia reste même interloquée par la fraîcheur de cette frêle adolescente qui s’installe dans un fauteuil. On dirait qu’elle sort d’un manga japonais, dans le rôle de la petite écolière bien sage, mais perverse. Micro-jupe d’uniforme avec sa veste très ajustée qui met en relief une jeune poitrine avantageuse. « Ça craint ! pense Claudia. Cette gamine a plus de seins que moi… » Jambes nues avec des mi-bas en fil blanc, petits mocassins vernis. Quant à sa figure, les traits sont avenants, le menton pointu, les yeux noirs au regard mutin et les cheveux sont retenus dans un bandeau.
Au tour de Claudia de rester silencieuse.
Et joignant les paroles au geste, Imène enlève sa veste d’uniforme, tire son tee-shirt vers le haut et, sous un soutien-gorge transparent d’une célèbre marque de lingerie de luxe française, elle affiche une arrogante jeune poitrine toute neuve. Puis, par-devant, elle dégrafe son soutif, et deux obus à la peau fine, tendus et bien accrochés au buste, flottent dans l’air…
Claudia, rejointe sur ces entrefaites par Jessica, contemple les jeunes seins qu’Imène a empoignés par en dessous et qu’elle caresse avec une certaine volupté, voire dira plus tard Jessica, perversité. Tandis qu’elle masse ses seins, Imène continue à parler :
Jessica fait le geste de tendre la main vers les seins de la jeune Imène, arrêtée par Claudia qui intervient fermement :
Claudia et Jessica restent, un instant, muettes en écoutant ce véritable réquisitoire prononcé avec un aplomb et un sérieux de la leçon de morale bien apprise. Imène s’est enfin rhabillée, remettant ses seins en place en les cachant sous son tee-shirt. Puis elle se lève, se drape dans son abaya, et avant de sortir elle se tourne vers Claudia et lui dit, d’une voix étouffée par le tissu :
Et elle traverse le salon pour rejoindre sa voiture avec son chauffeur qui l’attend devant la maison, laissant les deux femmes interloquées et abasourdies.
Jessica partie, Claudia a besoin de deux choses… un grand verre d’alcool fort et aller se plonger dans l’eau. Et quand, nue comme ce matin, elle entre dans l’eau, autour d’elle la nuit est tombée, et des dizaines de lumières sont venues mettre automatiquement en valeur le jardin et la piscine. Autour des lampes, un ballet incessant de moucherons et moustiques fait le bonheur des chauves-souris locales.
Claudia nage doucement pour se détendre, fait des exercices de respiration pour retrouver une attitude plus zen, revenir à cet état d’équilibre dont elle a tant besoin. Faisant la planche au milieu de l’eau, elle repense à la conversation avec Jasmine, puis celle avec Imène. Surréaliste ! Une gamine d’à peine seize ans qui parle comme une roulure de trottoir ! Pour elle, c’était inimaginable ! Et elle tente d’effacer ce moment… Mais en même temps, elle repense à ses seize ans : que faisait-elle ? Que connaissait-elle de l’amour ? De ses pratiques ?
Bras en croix, jambes écartées, les yeux fixant la voûte céleste, bercée par le léger courant créé par la pompe, Claudia se laisse porter vers le rebord pour y reposer la tête et mieux profiter de ce moment privilégié.
Revoyant l’image des seins de la jeune Imène, elle porte automatiquement ses mains sur sa poitrine. Pour comparer ? Peut-être, mais inconsciemment. Claudia aime ses seins, naturels. Leur douceur, leur volume. Elle aime aussi leur réactivité, comme à cet instant. Le simple contact les fait s’affermir, les aréoles se contractent, les petits bouts se redressent. Toute leur surface devient sensible. La peau est fine, douce, soyeuse. Naturellement, le bout de ses doigts pince les tétons qui durcissent et voluptueusement lancent des ondes magiques au creux de son ventre. Elle a l’impression d’avoir toujours eu une poitrine sensible… pas seulement à ses doigts ou sous la main d’un amoureux. Un tissu arachnéen, un tulle de soutien-gorge, le coton d’un tee-shirt porté à même la peau, le souffle d’un vent étésien sur une plage où elle expose sa poitrine aux mordants rayons du soleil, les micro jets d’eau de sa douche matinale aiguillonnant et l’éclaboussant… Tout, comme rien qui vient caresser ses seins déclenche des vagues d’ondes excitantes qui finissent par contracter son ventre, humidifie sa conque et va finir par faire pointer son clitoris hors de sa protection.
Avec ses mains et ses doigts, Claudia continue à caresser ses seins, longuement, doucement, sans se presser. Si c’est en solo qu’elle a découvert ses sensations, elle se souvient aussi que plus tard, il aura fallu des mois pour que son amoureux calme ses ardeurs et découvre la jubilation de caresser ses seins pour lui donner encore plus de plaisir et en éprouver à son tour. À l’adolescence, à la puberté, quand sa poitrine poussait, elle ne connaissait ni ses sensations, ni les recherchait. Ce n’est qu’avec l’expérience qu’elle a appris à se connaître, s’apprivoiser et tirer une grande partie de son plaisir de ces douces caresses.
Et, naturellement, ses mains descendent sur son ventre, frôlent son nombril pour aller enjôler son mont de Vénus… Zone qui peut devenir torride… Du bout de ses doigts, elle aime quand elle sent sous la pulpe des doigts la peau se contracter, la chair de poule se former, prémices à des ondes de plaisirs plus intenses. Tranquillement, sans précipitation, elle écarte largement ses jambes.
Avec volupté, ses doigts suivent la fine toison pubienne pour éprouver le charnu de son abricot. Lèvres rebondies qui cachent son sexe. Elle s’efforce de ne pas l’ouvrir tout de suite pour prolonger la sensation de redécouverte, et tenter de se souvenir quand et quelles sensations elle a pu éprouver la première fois où elle s’est caressée, où on l’a caressée.
C’était… c’était, il y a longtemps déjà… Avait-elle onze ou douze ans ? Elle ne sait plus vraiment… Mais qui s’en souvient ? Était-elle dans son bain ? Dans la baignoire familiale ? Dans son lit ? Ce qui est certain c’est que le contact de sa main sur son clitoris avait occasionné une sorte de décharge électrique qui lui avait fait soulever les fesses, lui envoyant un feu d’artifice d’étoiles de toutes les couleurs dans son cerveau pour retomber immédiatement.
Trop vite… Trop fort… Trop sensationnel… Trop bon… Trop bref…
Et depuis, Claudia, seule ou en couple, recherchait à retrouver cette sensation qui avait imprégné sa mémoire… Elle avait découvert, au fil du temps, des palettes entières de sensations, tout aussi excitantes, voire même plus fortes, mais différentes, si dissemblables. Et jamais elle n’avait réussi, seule ou en couple, à retrouver les sensations de ce premier et si mémorable orgasme. Et ce n’est pas faute d’essayer…
Là, sous les étoiles, dans cette magnifique piscine, Claudia tente de retrouver une nouvelle fois le chemin de ce plaisir premier. Par petites touches de ses doigts fins elle s’ingénie à calmer son ardeur, prenant son temps pour sentir la peau de son sexe se grener, ses lèvres s’entrouvrir, laissant les petites lèvres s’humidifier. Sous la phalange de son index, elle sent son clitoris se redresser au bout de sa tigette. Le simple frottement de la peau de son doigt envoie de petites décharges électriques dans son ventre, à l’intérieur de son vagin et jusque dans ses reins. Elle sent jusqu’à son anus se contracter, prémices d’un plaisir qui va s’intensifier et monter crescendo pour lui faire atteindre l’extase, le plaisir, son plaisir. Mais dans le fond de son cerveau, elle sait déjà que ce ne sera pas cette fois encore qu’elle retrouvera cette sensation de son tout premier orgasme. Alors, n’y tenant plus, elle frotte avec vigueur son doigt sur son clitoris et en quelques secondes, les ondes de sa jouissance s’intensifient, son ventre se creuse, ses jambes se contractent, elle va racler un peu de son jus plus bas, à l’entrée de son sexe, remonte vite sur son clitoris ainsi lubrifié et finit par devoir claquer des cuisses sur sa main et être traversée par l’onde électrique recherchée qui la tétanise, mais ne la satisfait pas totalement.
Reprenant son souffle, elle finit par reprendre conscience avant de couler quelques brasses pour sortir de l’eau.
Emmitouflée dans son peignoir blanc, une serviette nouée en turban sur la tête, une tasse de thé à la main, frustrée par son nouvel échec, elle se love dans le canapé et attend l’arrivée de Sergio.
Épuisée par sa journée de travail, Claudia s’est endormie et ce sont les mains indiscrètes de Sergio qui la ramène à la réalité. Même s’il lui faut quelques minutes pour retrouver où elle est, elle apprécie les caresses ensorceleuses qui raniment son désir. Les yeux mi-clos, elle oscille entre l’état de veille et de sommeil… Mais Sergio ne s’y trompe pas… Sous ses doigts sa belle française est bel et bien réactive. Il n’a pas eu besoin de s’énerver avec des dessous techniquement inviolables pour découvrir un sein, déjà gonflé de plaisir, qui pointe vers lui un petit téton dur de désir. Il en profite pour le porter à sa bouche, le lécher, le mordiller. En même temps, profitant de la nudité de sa partenaire sous son peignoir, il accède directement à son sexe, grotte humide qui se cache au sein de lèvres charnues. En quelques secondes, du bout du doigt il fait surgir son clitoris qui réclame son lot de caresses. Tête renversée, yeux clos ou mi-clos, la respiration de plus en plus haletante, Claudia se laisse emporter par les caresses habiles de son amant. Tout doucement, elle aussi déplace sa main et trouve le chemin de son sexe, bâton de chair dur et déjà excité. Et avant de jouir et de se laisser aller sous les doigts de Sergio, Claudia glisse sur le sol pour aller emboucher la queue de son bel étalon.
Avec application, elle le suce, le lèche, joue avec le frein, les bourses, le scrotum. Varie les plaisirs et les agacements. Tantôt elle enfourne la queue aussi loin que possible, tantôt elle reste en surface…
Alors qu’elle a enfourché son amant et introduit au plus profond de son ventre la chaude queue et qu’elle s’apprête à mener une chevauchée sauvage qui va les conduire à l’extase, le claquement de la porte d’entrée et l’arrivée d’un groupe d’hommes et d’une femme en uniforme les surprend en pleine action, les tétanisant sur place.
Ahmed tenu par le col est précipité en avant…
Claudia reprend vite ses esprits, retrouve une position moins provocante, resserre la ceinture de son peignoir et dignement s’assoit pour faire face à l’escouade de policiers dont deux jeunes flics ne cessent de la reluquer. Sergio tente de retrouver un peu de sa superbe et meilleure figure. C’est qu’ici, à Dubaï, on ne plaisante pas avec les mœurs, même chez soi.
Ahmed, apeuré, est obligé de jouer les intermédiaires et le traducteur, car, bien entendu, aucun des membres de la patrouille ne baragouine aucun mot d’anglais…
Claudia, pendant qu’Ahmed traduit ne cesse de fixer une femme un peu boulotte, en civil, les cheveux bien serrés dans son foulard, et qui prend des notes.
Alors que l’escouade entame un repli, Claudia les interpelle :
La jeune femme revient sur ses pas et en s’adressant à Ahmed…
Et elle tourne les talons et rejoins les autres qui sont en train de sortir.
Ahmed, qui sue à grosses gouttes est blanc, enfin gris, comme un linge, les jambes tremblantes. Il n’ose bouger.
Claudia reste muette. Machinalement, elle tient les pans de son peignoir serré entre ses mains, tellement fort que ses articulations sont blanches.
C’est dans un avion de nuit à destination de Chicago que Claudia s’est embarquée, encore sous le coup des émotions, tremblante de peur. Durant de longues heures, elle n’a rien dit. Et puis, comme j’étais assis à ses côtés, j’ai réussi à l’apprivoiser. C’est durant ce long vol qu’elle m’a raconté sa dernière journée à Dubaï, et finalement sa vie… À Chicago, elle a trouvé un vol pour Paris où elle est rentrée chez elle, pour retrouver un semblant de calme dans sa vie d’influenceuse.