n° 20339 | Fiche technique | 18967 caractères | 18967Temps de lecture estimé : 11 mn | 29/06/21 |
Résumé: Un meilleur moyen pour sentir que l’autre est bien vivant ? | ||||
Critères: fh amour caresses cunnilingu nopéné -amouroman colocs | ||||
Auteur : Mlle Fanchette (Songes, douceur et fleurs bleues) Envoi mini-message |
Elle allume le lecteur CD, puis se déshabille lentement avec des gestes mécaniques. Les notes mélancoliques se mêlent au chant de l’eau fumante dont se remplit la baignoire, échos paisibles de son cœur stone. Repoussant du pied les vêtements sales, elle pose la serviette sur le radiateur et entre avec précautions dans le bain bouillant.
Elle laisse sa peau s’habituer à la température, les picotements s’estompent vite. Elle s’allonge doucement et se coule le long de la céramique en fermant les yeux. L’eau, rendue laiteuse par un bas de son, l’enveloppe comme une douce couverture. La chaleur la pénètre lentement jusqu’à l’os, dénouant ses muscles crispés de trop d’angoisses informulées. Sans vraiment s’en rendre compte, elle lâche prise, son corps se détend, sa tête se vide.
Les paupières closes, elle s’étend complètement dans l’eau, écoutant les sons étouffés, feutrés même, qui lui parviennent filtrés. Elle s’offre à la douce torpeur qui l’envahit et laisse sa tête basculer lentement en arrière. L’eau la recouvre toute entière. Elle se sent bien. Elle n’a pas froid. Elle n’a pas peur. Elle est bien.
La baignoire est un peu petite, elle doit garder les jambes pliées, mais pourtant, elle a l’impression délicieuse de flotter entre deux eaux, dans un univers d’un blanc laiteux et chaleureux. Elle sombre tout en douceur à la frontière du songe…
Passant devant la salle de bain, il tend l’oreille par habitude. La musique résonne toujours, mais il n’entend plus de mouvements dans la baignoire. Curieusement, l’inquiétude le prend. Il tente de se rassurer : peut-être sa jolie colocataire est-elle sortie de l’eau ? Ou bien elle s’est endormie, la tête contre le rebord…
Pourtant, il ne peut s’éloigner de la porte, l’oreille tendue et le cœur serré. Son sombre pressentiment persiste. Sans plus réfléchir, il frappe à peine et ouvre le battant. De là, il ne peut voir que deux genoux appuyés immobiles sur le bord.
Il jure et se précipite en avant. Elle a la tête complètement sous l’eau, les yeux clos. Il l’attrape à bras le corps et la sort dans le même geste avant de la faire basculer en avant au-dessus de la baignoire pour lui faire rendre l’eau avalée.
Elle semble inconsciente et ne réagit presque pas tandis qu’il l’oblige de son mieux à se vider les poumons. Une quinte de toux le rassure quelque peu, puis elle recommence à respirer normalement malgré un léger ronflement.
Elle ne réagit pas. Il est obligé de la soutenir tout en attrapant une serviette pour l’envelopper. Avisant son T-shirt trempé, il s’en débarrasse tant bien que mal sans la lâcher. Elle retombe mollement sur son torse nu. Elle n’a pas ouvert les yeux. Elle est juste là, apathique. Ses jambes ne semblent même pas capables de la porter. Soucieux face à cette léthargie, il la porte sur son lit et la frictionne énergiquement dans l’espoir de la voir revenir.
Jetant la serviette humide, il l’emmitoufle dans les couvertures de peur qu’elle n’ait froid, mais ne cesse pas pour autant de la stimuler. Elle semble dormir paisiblement alors qu’il vient de la sortir d’un bain mortel. Mais qu’est-ce qu’elle a ?
Enfin, elle soulève une paupière et un air vaguement surpris se peint sur ses traits amorphes. Il respire soudain plus librement.
Mais qu’a-t-il donc ? Il a l’air préoccupé. Et que fait-il là ? Oh, qu’importe ! Elle est bien dans la douce chaleur qui l’environne… et puis ses paupières sont lourdes. Elle veut juste répondre à l’appel de la paisible torpeur qui alourdit tout son corps et engourdit son esprit.
Mais qu’a-t-il donc ? Pourquoi cette inquiétude ? Tout va bien. Elle est juste fatiguée… terriblement fatiguée. Elle frissonne soudain.
Elle perçoit sa chaleur corporelle et répond sans l’once d’une réflexion :
Oui, c’est évident… lui. Lui contre lui. De quoi d’autres pourrait-elle avoir besoin ? Juste de lui, de sa flamme, de sa force…
Sans qu’il n’ait pu anticiper son geste, elle l’attire à elle et se blottit contre lui, cherchant sa chaleur comme à tâtons, les paupières closes. Il n’ose croire à sa chance, voilà tant de mois qu’il rêve de la tenir ainsi embrassée… Mais elle semble un peu fiévreuse, vaporeuse. Après quelques instants sans pouvoir se détendre, trop inquiet, il s’écarte de la jeune femme alanguie. Aussitôt d’un geste maladroit, elle le retient :
D’un geste rassurant, il écarte délicatement sa main et se redresse. Il lui caresse le front pour en chasser une mèche humide.
Elle enroule ses doigts fins autour des bras de son colocataire, et pose sur lui un étrange regard brumeux en murmurant :
Le cœur du jeune homme rate un battement et il manque de s’étouffer avec sa propre salive. Un tel aveu soufflé avec simplicité d’une voix rauque et lascive… est-il humain d’y résister ? Au long frisson qui lui parcourt l’échine, il n’est pas certain d’en avoir les reins. D’autant qu’elle s’est redressée pour enrouler ses bras nus autour du cou de son colocataire estomaqué.
Que quelqu’un lui vienne en aide ! La couverture a glissé et la poitrine désirable de la demoiselle se presse contre son torse tout aussi découvert, provoquant une réaction toute virile. Il ferme les yeux et s’oblige à respirer lentement en ignorant la chaleur pulsant dans son bassin.
À aucun moment lors du brevet de secourisme ou celui de maître-nageur, il n’est dit qu’après avoir sauvé une femme de la noyade, le sauveteur est autorisé à en profiter… même si les courbes dont il rêve depuis des mois sont plus qu’à portée de la main.
Vaporeuse, elle pousse un ronronnement de triomphe lorsqu’il referme enfin ses bras sur elle. Elle le sent fléchir, il ne la lâchera pas. En cet instant, c’est tout ce qui lui importe : rester dans sa chaleur. Instinctivement, elle a la certitude qu’il est sa seule amarre dans les brumes qui l’entourent, son seul point de repère pour échapper aux doigts glacés de la solitude. Un autre ne le pourrait pas.
Mue par un désir soudain, désinhibée par son cerveau engourdi, elle écrase ses lèvres charnues contre la veine qui palpite dans le cou de son colocataire. Elle l’embrasse longuement à pleine bouche puis, très vite, c’est à belles dents qu’elle dévore la chaleur vivante qui pulse sous la peau tendre. Le grondement de bête fauve qui jaillit alors de la gorge du jeune homme ne l’effraie pas : elle sait d’instinct que ce puissant félin n’a pas de griffes. Mais il a des crocs, réalise-t-elle avec joie lorsqu’il les referme brièvement sur le lobe de son oreille, provoquant une fantastique décharge de plaisir en elle.
Est-il humain de demander à un homme normalement constitué de résister à pareil assaut ? Peut-il avoir la force de renoncer sans un mot à pareil festin ?
Elle redresse lentement la tête et lui offre un regard à demi voilé derrière l’ombre envoûtante de ses cils interminables, tandis qu’un léger sourire flotte sur sa bouche gonflée, comme dans l’attente d’un baiser.
Il commence enfin à céder. Rejetant sa conscience dans le recoin de plus obscur de son esprit, il resserre son étreinte et s’empare avec sensualité de ce qu’elle lui offre sans pudeur ni calcul… le plus naturellement du monde. D’aucuns pourront lui reprocher d’être un salop, mais tant pis ! La résistance est au-dessus de ses forces.
Une fille pareille est un présent trop savoureux ! Il l’embrasse langoureusement, suivant la lenteur brumeuse des gestes de sa partenaire qui l’accueille dans un soupir d’approbation.
Lentement, il la fait retomber en douceur dans les draps, libérant leurs souffles courts.
Une part de lui se tend, inquiète. Avec qui pense-t-elle être ? Après tout, elle est dans un état second, brumeuse, désinhibée, est-ce vraiment entre ses bras à lui qu’elle rêve d’être ? Qu’y a-t-il de plus impersonnel que ces trois lettres ?
Toute trace de retenue le déserte tandis que dans sa poitrine éclate une joie sauvage. Triomphant, il l’attire à lui pour écraser un baiser fiévreux sur ses lèvres.
Peu à peu, elle sent la chaleur du jeune homme la pénétrer jusqu’aux os et la réchauffer comme une flamme vive.
Hum, c’est si bon de sentir ses mains avides l’explorer tout entière, ramenant la vie dans leur sillage. Elle bascule en arrière, cherchant son souffle et s’offrant à sa vue sans pudeur ni artifice. Ce songe est bien meilleur que tous ceux qu’elle a pu faire jusqu’à ce jour…
Les doigts de Gabriel courent, chauds, exigeants, mais prévenants, sur sa peau de lait, semant d’improbables gerbes d’étincelles. Elle n’est plus que sensations et instinct, attentive à chaque geste de son partenaire pour mieux les sentir, les apprécier…
Il lui effleure un mamelon puis l’autre, s’enorgueillissant de la voir se cambrer et soupirer avec fièvre. À chaque caresse, elle murmure son prénom comme une supplique, un appel auquel il ne peut que répondre.
Il s’empare d’un sein qu’il masse bientôt à pleine main, tout en embrassant son jumeau. Il s’efforce de prendre son temps, de goûter le présent qui lui est offert, mais une forme d’urgence le gagne. Il veut plus que des gémissements, plus que des soupirs…
Avide, il laisse courir ses lèvres sur le ventre palpitant de la jeune femme qui d’instinct soulève les hanches, lui offrant le fruit mûr de sa féminité. Malgré sa faim dévorante, il effleure à peine d’un coup de langue délicat le mets de choix, ravi de la sentir sursauter, comme électrisée. Presque aussitôt, elle se tend de nouveau vers lui, affamée.
Se calant prestement sur les coudes, les deux mains sous ses fesses rondes afin de la soulager, il redonne un coup de langue espiègle tout en l’empêchant de se dérober à la caresse. Elle pousse un délicieux petit cri d’oiseau en s’agrippant des deux mains aux draps déjà froissés. Il sourit en la titillant de plus belle, ravi de la sentir trembler légèrement de désir, les joues rouges. Un grondement impatient naît bientôt de la gorge de la jeune femme qui s’offre plus encore à sa vue, cuisses aussi largement ouvertes que possible, cambrée à se rompre, suppliante. Il lui donne alors un baiser ferme et appuyé qu’elle accueille avec un long gémissement de soulagement. Avec art, il alterne bientôt succion et coups de langue sur la pointe gonflée de son clitoris. Elle ondule, le souffle court, et vient glisser ses mains fébriles dans les boucles désordonnées de Gabriel qui redouble d’ardeur, bien décidé à lui montrer le ciel.
Soudain, elle pousse un cri, les doigts crispés, et se tord de plaisir, terrassée par l’orgasme, tandis qu’il se retrouve pris au piège dans l’étau de ses cuisses charnues.
Avec délicatesse, sans s’éloigner vraiment du cœur qui palpite sous ses lèvres, il fait glisser ses mains autour des tenailles qui l’enserrent pour se libérer un peu. Elle se laisse faire, encore secouée, et se détend aussi totalement qu’elle s’est offerte. Il pourrait la laisser sombrer dans les bras de Morphée, mais il n’est pas prêt à partager.
Avec lenteur, il caresse la fente humide, laissant la jeune femme redescendre doucement, puis, sans crier gare, il darde sa langue en elle, lui coupant le souffle. Il lèche avec délectation le vin doux de son plaisir et la titille de nouveau, bien décidé à la regarder jouir une fois encore.
Il s’écarte un peu pour changer de position et c’est bientôt avec deux doigts qu’il la reprend d’assaut. Elle pousse un gémissement et il sent la tension monter en elle. Il contemple, fasciné, la façon dont la recherche du plaisir la marque, la fait vibrer. Il sent son propre désir s’enflammer à la voir ainsi se tortiller sous la torture merveilleuse qu’il lui offre du bout des doigts. Sa verge tendue le brûle de frustration à la voir onduler des hanches au rythme de plus en plus soutenu de son plaisir.
Il rêverait de se glisser en elle maintenant, alors qu’elle n’est plus que gémissements haletants. Pourtant, il n’en fait rien, la guidant vers des sommets qu’il devine proches pour elle, mais qu’il n’atteindra pas aujourd’hui. Le cœur battant, le souffle court, il porte bientôt le coup de grâce.
Elle explose dans un grand cri d’extase, toute entière vibrante, vivante. Dieu, qu’elle est belle !
Avec délicatesse, il libère ses doigts lorsqu’il la sent se détendre. Elle retombe mollement sur le matelas, les paupières closes, cherchant encore son souffle, un sourire béat flottant sur ses lèvres écarlates et gonflées. Il meurt d’envie de les embrasser, de réattiser les braises encore rougeoyantes pour lui faire l’amour complètement, pour se perdre en elle en la dévorant de baisers et partager leurs plaisirs.
La prochaine fois…
Oui, la prochaine fois, quand elle ne sera plus dans un état second, quand elle aura pleinement conscience de chacun de leurs gestes, quand elle le suivra les yeux grands ouverts… lorsqu’il n’agira pas, guidé par le contrecoup de la peur. La prochaine fois, il plongera en elle, comblera son ventre chaud, l’accompagnera vers les cimes du septième ciel !
Mais pour ce soir, il l’enveloppe dans les couvertures, écoute sa respiration profonde et régulière en laissant refluer son propre désir. Il s’étend contre elle, l’entourant de ses bras forts dans lesquels elle se blottit naturellement, paisible et rassurée, avec un léger soupir de contentement qui lui va droit au cœur. Il la contemple dans la pénombre et la caresse avec douceur, tendresse.
Il songe au lendemain, s’interroge, la raison revenant envahir son esprit avec son cortège d’angoisses. Pour lui, tout a changé… mais pour elle ? Aura-t-elle oublié ? Fera-t-elle comme si de rien n’était ? Aura-t-elle des regrets ? Lui en voudra-t-elle ?
Il dépose un délicat baiser sur le front calme de celle qu’il ne laissera pas redevenir une simple colocataire. Il se rassure à la sentir ainsi contre lui, à sentir son poids sur son bras, ses cheveux qui lui chatouillent le nez… Il se cale plus confortablement pour la nuit après avoir tendu la main pour éteindre la lumière.
Ce soir, tout a changé et il compte bien ne jamais revenir en arrière ! Tout en se laissant sombrer dans les brumes du sommeil, il se promet de tout mettre en œuvre pour qu’elle non plus n’ait jamais l’envie de revenir en arrière.
Le soleil est déjà haut lorsqu’elle s’éveille le lendemain. Avec délectation, elle s’étire et se redresse dans le lit en rassemblant ses pensées éparses. Elle était vraiment claquée hier soir pour s’être couchée nue en laissant sa serviette en plan par terre. Elle ne se souvient même pas de s’être couchée…
Elle s’empourpre soudain alors que les rêves de la nuit lui reviennent avec vivacité. Elle se gourmande en se mettant la tête dans les mains. Seigneur, ça ne se fait pas de fantasmer pareillement sur son colocataire ! Pourvu qu’elle parvienne à ne rien laisser paraître, le pauvre risquerait de prendre peur.
Du bruit lui parvient depuis la cuisine. Il doit déjà être levé. Elle s’habille en hâte pour le rejoindre en s’efforçant de ne pas penser aux folies délicieuses de son imaginaire. Il l’accueille avec un sourire qui lui semble plus chaleureux qu’à l’ordinaire et lui désigne la table :
Elle accepte et s’assoit sans trop oser le regarder franchement de peur de virer à l’écarlate comme une collégienne. Avisant un verre d’eau, elle boit une gorgée en espérant reprendre une contenance.
Elle avale de travers tandis qu’il s’installe en face d’elle en posant la poêle chaude sur le dessous de plat. Elle a l’impression qu’il est comme… amusé par la situation. Son sentiment se confirme lorsqu’il lève un sourcil malicieux devant son silence. Elle s’empourpre à peine et cache son embarras en faisant le service avec ce qu’elle espère être une attitude naturelle.
Elle mesure son erreur lorsqu’il soulève le second sourcil, une lueur entendue au fond des yeux. Elle pâlit soudain, affolée qu’il ait pu deviner ses songes inavouables.
Il a alors un étrange et lent sourire teinté d’une pointe carnassière qui la fait frissonner. Une flamme dangereusement séduisante anime ses yeux soudain sombres, quand il lâche d’un ton faussement anodin :