« Ding dong » fait la sonnette. Et flûte ! Mais qui a l’idée saugrenue de me déranger au sortir de la douche ? Il est vrai qu’il est midi moins le quart, mais j’ai jardiné tout le matin et la douche était indispensable. C’est sûrement quelqu’un de l’immeuble sinon ce serait l’interphone qui aurait sonné. Je crie que j’arrive, le temps d’enfiler un boxer et un peignoir. J’ouvre.
- — Oh ! Excusez-moi, je suis désolée de vous importuner. Je suis votre nouvelle voisine de palier, la porte en face.
- — Il n’y a pas de mal. Bonjour, enchanté. Entrez, je vous en prie. Excusez ma tenue, je sors de la douche. Que puis-je pour vous ?
- — Non, je ne veux pas vous déranger. Je… Enfin, voilà, l’agence m’a donné les clés, les déménageurs ont tout entassé…
- — Oui, je les ai croisés ce matin.
- — Mais je n’ai pas d’électricité, pas d’eau, pas de gaz… on ne m’a rien montré.
- — Ah, je vois. Comme d’habitude, la vente est faite, la commission est encaissée et débrouillez-vous. Entrez quand même un instant, le temps que je passe un t-shirt et un pantalon.
- — Waouh ! Mais vous avez une vue fantastique ! Moi j’étais déjà contente d’apercevoir la mer en me penchant par la fenêtre des chambres, mais mon balcon donne sur la rue. Je me suis fait avoir !
- — Eh bien, profitez-en le temps que je m’habille, j’en ai pour une minute…
Pas mal la nouvelle voisine. Un peu ronde peut-être, mais… il y a du monde au balcon et une chute de reins comme un tremplin de ski. Des cheveux mi-longs entre châtains, roux et blonds, j’hésite un peu, de grands yeux sombres à l’amande accentuée par un subtil coup de crayon, un nez droit se finissant légèrement en trompette, des lèvres charnues avec deux fossettes aux commissures, disons une jeune femme accorte. Je suis vêtu.
- — Venez, je prends deux clés, celle de ma porte et celle du placard du compteur d’eau et nous y allons. Le compteur d’eau est sur le palier, là, en bas du mur. Oh, mais dites, vous prenez des risques !
- — Pourquoi ?
- — Votre porte est ouverte et vous n’avez pas de clé. Un courant d’air et vous appelez un serrurier.
- — Oh zut ! C’est vrai qu’il n’y a pas de poignée extérieure, ça on me l’avait dit quand j’ai visité.
- — Voilà, l’eau est ouverte, votre compteur c’est celui du bas. Il faudrait y mettre une étiquette. Tiens, en prenant votre clé, prenez donc également un papier et un stylo pour noter les index. Vous en aurez besoin avec les fournisseurs de fluides.
- — Très juste, je reviens.
Le temps qu’elle fasse demi-tour et fonce dans son appartement à grandes enjambées, de ma position accroupie j’ai le temps d’admirer des jambes longues, mais très musclées et un incroyable promontoire fessier qui repousse loin sa jupette plissée. Ce qui fait rond chez elle, ce sont bien sûr ces formes généreuses, mais surtout un buste court, comme si elle était en trois parties égales : les jambes des pieds aux genoux, les cuisses des genoux aux fesses et le buste, la tête étant en plus de ces trois segments. Son seul défaut apparent, pas assez de cou ; ou alors il lui faut changer de coiffure, privilégier les choucroutes en hauteur. Elle revient et prend note de l’index. Nous descendons au rez-de-chaussée, je lui montre les placards où sont planqués les compteurs d’électricité et de gaz. Tout est ouvert, tout est noté, nous remontons. Faisant fi de la bienséance qui veut que l’homme passe devant dans un escalier, héritage de l’époque des larges robes à cerceaux, elle me précède. Et le cerceau, elle le porte naturellement. Nom de Zeus, ces cannes et ce cul ! Fa-bu-leux !
- — Dites, il est midi, rien ne fonctionne encore chez vous et rien n’est déballé. Ça vous dirait de partager ma pitance ? Ce ne sera pas un repas de bienvenue dans l’immeuble, juste un dépannage.
- — C’est vraiment sympathique de votre part, mais j’ai déjà usé de votre temps et de votre sollicitude, je ne veux pas abuser.
- — Ah le temps ! Nous l’aurons totalement quand nous serons morts. Allez, un petit moment de sérénité dans la folie du déménagement vous fera le plus grand bien. Abusez de votre nouveau voisin, ça le changera de déjeuner devant les désinformations sur le monde. Mais je vous préviens, c’est rustique aujourd’hui. J’ai rapporté des petites bonnottes du jardin ce matin pour aller avec un bocal de confit.
- — Des quoi ?
- — Des bonnottes, les petites patates de Noirmoutier. Elles poussent pas mal ici.
- — Ah ? Euh… La « benête », c’est moi, je ne connais pas.
- — Allez, venez, je vais vous les présenter.
Elle me suit dans la cuisine et reste scotchée devant la fenêtre, admirant la mer et l’archipel de Chausey. Je lave une douzaine de petites patates avant de les faire sauter en cocotte avec la graisse du confit.
- — J’en profite pour me présenter, Jérôme Rezzin. Et ma glace préférée c’est le rhum-raisin, je sais ! Elle n’existait pas quand je suis né et mes parents ne se doutaient pas que je me ferais chambrer au lycée avec ça.
- — Pas mieux à votre service : Clotilde Schwanzlutschen.
- — À vos souhaits !
- — Ha ha ! Merci. Clotide, c’est déjà rock’n’roll, mais Schwanzlutschen… Vous ne parlez pas allemand ?
- — Non, ou très peu. J’en ai fait trois ans au collège, mais j’ai tout oublié.
- — Eh bien, tant mieux.
- — Mais je chercherai sur Internet. Et c’est votre appartement de vacances, une résidence secondaire ?
- — Pas du tout, je vais travailler ici et je m’y installe à temps plein.
- — Ah oui ? Et dans quoi, si je ne suis pas indiscret ?
- — Je suis la nouvelle toubib de la thalasso, en bas.
- — Ah, c’est bien, ça ! Enchanté, Docteure.
- — Et vous ? Vous faites quoi ?
- — Pas grand-chose. Prof de socio à la fac de Rennes. « Enseignant-chercheur » comme ils disent. Mais j’enseigne peu et je ne cherche rien, de peur de trouver, certainement. Ça ne me prend que quelques soirées et deux journées par semaine, une trentaine de semaines par an, mais ça me permet de vivre bien, d’aller à la pêche et de cultiver mon jardin.
- — Hé hé, un peu comme moi. Sauf que je travaille trente-cinq heures et quarante-sept semaines par an. Mais je n’ai pas de location de locaux, pas de frais d’entretien, pas de secrétariat, un cabinet bien équipé d’où je vois la mer et cinq mille euros de salaire.
- — Nous sommes à peu près ex aequo, sauf sur le temps de travail. Et pas de Monsieur dans vos bagages ?
- — Et vous ? Où est Madame ?
- — Bien joué, excusez ma curiosité. Plus de madame depuis longtemps et, je crois, vacciné.
- — Pareil ! Des expériences navrantes. Pétard, ça sent rudement bon ce que vous faites.
- — On va les laisser rissoler quelque temps, le temps d’un petit apéro, par exemple.
- — Pas bon, dit la docteure. Avec plaisir, dit la gourmande. Tant pis, dès lundi j’aurai le même repas diététique que mes patients et une plage interminable pour perdre mes kilos, ou du moins ne pas en prendre plus.
- — Obsession du poids ?
- — Non, pas vraiment. Mais si la toubib est aussi grosse que les patients qu’elle est censée traiter, ça la fout mal. Et puis quand on fait du sport de haut niveau et qu’on arrête, on a tendance à gonfler un brin.
- — Quel sport ?
- — Le biathlon, ski de fond et tir. Je suis vosgienne, ascendance alsacienne, et c’était presque naturel avec des mois de neige chaque année. Mais en commençant très jeune, ça vous fait un cul pas possible et un coffre à l’avenant, dit-elle en se frappant le sternum.
- — Oh, dur ça, le biathlon. Ici, vous allez être privée, quand il neige c’est un événement, et quand elle tient c’est une catastrophe, les gens ne savent pas rouler dessus. Vous buvez quoi ?
- — Je prendrai juste un peu de vin, si vous voulez bien.
- — Bien sûr, j’ai prévu un petit Cahors avec le confit. Ça vous va ?
- — C’est parfait.
On picole un peu en croquant des radis et de jeunes carottes éclaircies, juste brossées. Elle trouve ça très bon et très diététique… sauf les tartines de beurre salé qui vont avec, mais tant pis, c’est trop bon. Je mets le confit avec les bonnottes dans la cocotte et nous décidons de faire au plus simple, couverts dans la cuisine. Elle a un besoin pressant, je lui dis d’en profiter, car, en laissant la porte ouverte, on peut voir la mer par la baie du balcon.
- — Et en plus, c’est vrai, dit-elle en revenant. C’est le luxe ultime. Je suis vraiment furieuse contre cette agence, je n’ai pas le bon appartement.
- — Ah, ne désespérez pas, il y a pas mal de vieux dans l’immeuble et le turn-over est relativement important. Vous serez bien placée pour saisir l’occasion qui se présentera.
- — Vous l’avez payé combien ?
- — Deux cent mille, mais il y a dix ans.
- — Exactement comme moi, je me suis fait rouler dans la farine.
- — Non, en dix ans les prix ont bondi ici.
- — Mais enfin tout de même, je suis frustrée.
- — Ne le soyez pas, c’est mauvais pour la santé. Si vous êtes en manque, vous traversez le palier et vous venez profiter ici, j’en serai ravi.
- — C’est très gentil, mais avouez que ce n’est pas pareil…
Je le reconnais volontiers et nous déjeunons. Elle trouve cela délicieux et mange de bon appétit. On saute le fromage pour un fruit et un café. En guise de cadeau de bienvenue dans l’immeuble, je lui propose de lui donner un coup de main tout l’après-midi pour emménager. Je démarre sa chaudière pendant qu’elle se change en débardeur et short. Ça confirme ma première impression, elle est un peu dodue, mais surtout très « en formes ».
- — Voilà ma chambre, des meubles auxquels je tiens, c’était la chambre de ma grand-mère.
- — Si je peux me permettre, il faudrait la mettre dans l’autre sens. Là en ouvrant la porte, on se casse le nez, et surtout la vue sur le côté de l’armoire. Le lit étant plus bas, vous aurez une impression de plus d’espace.
- — Ah pas sot. Et dans la chambre à côté, je voudrais y faire ma petite salle d’entraînement, tapis de marche, espalier, haltères… Mais il faudra faire des trous dans le mur, je les ferai faire plus tard.
- — Pas de souci, j’ai une chignole au garage.
- — Formidable !
Les vieux meubles vosgiens grincent de partout, une horreur. Savon de Marseille sur les tenons et graisse sur les gonds les rendent discrets.
- — Incroyable ! Ce lit a toujours craqué comme pas possible. Vous êtes un magicien !
Vers dix-neuf heures, tout l’essentiel est en place, il ne reste plus que quelques cartons de bouquins et de bibelots à déballer au salon. Nous sommes rincés. Il fait très beau, je lui propose une eau citronnée bien fraîche sur mon balcon. Elle s’extasie encore devant le paysage, le soleil couchant l’oblige à aller chercher des lunettes. Je n’ai pas le courage de me remettre à cuisiner, je l’invite à aller manger des moules-frites dans une brasserie au départ des îles après une bonne douche.
- — D’accord, mais c’est moi qui vous invite.
Elle s’extasie une nouvelle fois dans ma petite hybride, si silencieuse et économe. Elle s’attendait à me voir dans un gros SUV ou une voiture de sport, eh bien non. Dîner agréable, balade sur les jetées, bateaux de pêche rentrants au port avec la marée, reflets de la ville et du phare sur l’eau calme des bassins.
- — Je suis fascinée, vraiment. C’est tellement différent de mon environnement d’origine. Je suis transportée dans un autre monde, je suis ravie, c’est passionnant. Je sens que je vais me plaire ici.
- — C’est tout le mal que je vous souhaite.
Dans les jours qui suivent, elle finit de s’installer. Notre complicité se poursuit et je lui sers de guide pour connaître les meilleures boutiques, en dehors des supermarchés : boulangerie, poissonnerie, boucherie, magasin bio, chocolatier… Ne serait-ce que pour descendre à son travail, je lui fais découvrir le raidillon, important raccourci, mais épreuve pour les jambes et le cœur à la remontée, ça lui plaît énormément. C’est décidé, elle ira sans voiture sauf en cas de très mauvais temps. Et puis nous visitons quelques sites sympathiques, la pointe du Groin du sud face au Mont-Saint-Michel, le Havre de la Vanlée et sa route submersible, la haute ville, le Musée Christian Dior… Tout cela l’émerveille et elle ne cesse d’exprimer sa joie de la découverte, enrichie par quelques bonnes tables locales. En sortant de l’une d’elles un soir et en regardant, effarée, la route submersible recouverte par la marée, elle me dit :
- — Vous savez, ici on a l’impression de se faire du bien à chaque coup de fourchette. Tous ces poissons, ces crustacés délicieux, c’est tout à fait diététique. Dans les Vosges, sorti des patates, du lard et du Munster, on cherche un peu la légèreté.
- — Un régime alimentaire adapté au climat rude, peut-être.
- — Tout de même. C’est vrai qu’ici il y a le poisson, mais on a vu des moutons en arrivant et des vaches hier devant le Mont. Quelle variété ! C’est un pays de cocagne.
Le lundi arrive et elle prend son nouveau poste avec enthousiasme. J’ai passé presque une semaine très agréable en compagnie de cette femme vive, gaie, intelligente, bien installée désormais dans l’appartement voisin. Il me faut toute une matinée pour me réhabituer à ma solitude retrouvée et chasser la pensée qu’elle pourrait me manquer. J’ai des cours à préparer, demain je vais à Rennes, la reverrai-je autrement qu’entre deux portes ? C’est encore elle qui vient sonner à mon huis le vendredi soir :
- — Je crois que mon installation est terminée, alors je peux pendre la crémaillère. Je vous invite ? J’ai rapporté un plateau de fruits de mer.
- — Ma foi, pourquoi pas ? Comment s’est déroulée cette première semaine de boulot ?
- — Oh, assez sereinement. J’ai l’impression d’être une infirmière de colonie de vacances : je pèse les gens à l’arrivée et à la sortie, sauf que là ils doivent avoir perdu du poids. Non, je plaisante, ce n’est pas seulement ça, il faut adapter le traitement et le régime de chacun. Mais le contexte est agréable. Et vous ?
- — Toujours le même problème, donner envie de bosser à des étudiants qui pensent avant tout à faire la fête.
- — Trinquons, à cet appartement qui ne me plaît pas ! C’est le vôtre que je veux, vous ne voulez pas échanger ?
- — Pas pour l’instant, non merci. Mais soyez honnête, ils sont plutôt bien conçus ces appartements. Ils sont très silencieux et on y est bien. Si vous n’aviez pas vu le mien, vous seriez satisfaite, non ?
- — Oui, oui, je le reconnais. Mais j’ai vu le vôtre, alors… Imaginez : vous avez la vue sur mer et surtout pas de vis-à-vis. Ici, impossible de se balader nue sans courir le risque d’être matée. Et j’aime bien être nue, surtout l’été.
- — Si ça ne tient qu’à ça, venez vous balader nue dans mon appart, je n’y verrai aucun inconvénient !
- — C’est ça, j’ai raté une occasion de me taire. Je ne vous savais pas être un affreux voyeur. Ce n’est donc pas de l’extérieur dont il faut me méfier, mais de l’intérieur même de l’immeuble.
- — Désolé, ma chère, mais dans ce cas ce serait volontaire de votre part, donc pas de voyeurisme.
- — C’est juste. J’avais d’ailleurs pensé… mais non, rien. Excusez-moi. C’est en allant le dire que je me rends compte combien c’est stupide…
- — Mais si, dites toujours. Nous sommes un peu amis maintenant. Allez, dites-moi tout, ajouté-je malgré ses signes de dénégation de la tête.
- — Non, je me disais juste que… vous êtes à Rennes le mardi et le jeudi, et je pourrais vous préparer le dîner. Et vous pourriez nous le préparer le lundi et le mercredi. Le week-end, on le ferait ensemble. Mais c’est m’imposer dans votre vie d’une façon très maladroite et très importune. À peine arrivée et déjà envahissante… Excusez-moi, c’était vraiment incongru.
- — Non, pourquoi ? Plutôt sympa au contraire. Cette semaine, je me suis senti… comment dire… soudainement esseulé alors que nous ne nous sommes vus que quelques jours quotidiennement.
- — Pareil ! J’ai vérifié quatre fois que ma sonnette fonctionnait bien, mais vous l’aviez bien réparée ; que mon portable était bien chargé, mais pas d’appel ni de message, sauf de ma sœur ! C’est bête, hein ?
- — Je ne dirais pas cela, m’arrêtant à : peut-être un peu prématuré. Vous êtes d’une compagnie fort agréable et j’ai très peur de m’attacher à nouveau. J’ai bien morflé par le passé et j’ai appris une chose : seul, je vis ma vie à ma guise, ce n’est pas le grand bonheur, mais je ne suis pas malheureux. Alors que quand on croit vivre un grand bonheur et qu’il vous claque dans les doigts, là on est vraiment malheureux. Et c’est cela que je ne voudrais plus revivre.
- — Je vous comprends, même si je n’ai jamais connu le « grand bonheur ». Juste des expériences malheureuses, mais même cela laisse un goût amer.
- — C’est juste. Alors, disons que, pour ne pas être complètement frustrés l’un et l’autre, si nous nous contentions de partager quelques repas de week-end, histoire d’entretenir l’amitié sans mener un ersatz de vie commune ?
- — D’accord, très bien, ça me va…
- — Mais… vous pleurez ?
- — Non, ce n’est rien… Je suis stupide avec mon enthousiasme et mes idées à la con. Je gâche la soirée.
- — Vous ne gâchez rien. Buvons un coup, deux au besoin, et l’on n’y pensera plus.
- — J’ai acheté votre whisky préféré, si vous voulez…
- — Ça, c’est rudement gentil, d’autant qu’il n’est pas donné. Merci, je veux bien. Et attaquons vite ces fruits de mer qui nous tendent les pinces.
La pauvre, déçue peut-être, gênée sûrement, elle en a gros sur la patate et certainement une boule dans la gorge, car elle chipote sans réel appétit. Mais pas question pour moi de me laisser phagocyter par cette femme que je ne connais que depuis une quinzaine. Après tout, est-elle toubib ou seulement femme de service à la thalasso ? C’est peut-être une mythomane, une nymphomane chasseuse de mecs ou que sais-je encore ? Jérôme, mon garçon, sois prudent et protège ta belle petite vie peinarde.
Les jours et les semaines passent assez agréablement avec des rapports apaisés. Nous nous voyons essentiellement le week-end pour des promenades alentour et des petites bouffes sympas. Quand la marée est bonne ou que le jardin donne ses premières fraises, je lui en fais profiter. J’ai passé un coup de fil à la thalasso, demandant le docteur Schwanzlutschen. On me l’a passée, j’ai reconnu sa voix et j’ai raccroché. C’est con, je sais, mais on n’est jamais trop prudent. J’ai aussi cherché sur Internet la traduction de son nom à coucher dehors : « Schwanzlutschen = sucer la bite ». Ben d’accord ! Ici, personne ne s’en émeut, mais en Alsace… En tout cas, bonne bosse de rire et plein d’idées salaces en évoquant sa bouche pulpeuse, j’éviterai de lui en parler.
Juin est arrivé, période des examens pour moi, c’est-à-dire des tas de copies à corriger avec deux fois plus d’attention qu’à l’habitude, des oraux pour certains et des participations aux jurys. C’est-à-dire plus de temps libre, même le week-end. Je la regarde partir se promener seule. J’ai des regrets. Ce n’est pas une beauté ordinaire, mais elle a quelque chose d’éminemment érotique qui me touche profondément et me fait bander. Mais bon, copie suivante…
Mon objectif de l’été est de construire un abri de jardin. Jusque-là, je rangeais mes outils dans un coffre et mon motoculteur sous une bâche. Quelques outils ont disparu et le réservoir de la fraise a été vidé trois fois. Les temps et les comportements ne s’améliorent pas. J’ai fait une déclaration préalable de travaux et je me lance pour un cabanon de neuf mètres carrés. Un grand trou pour une cuve de récupération d’eau de pluie, une dalle de béton de liège dessus, poutres, bardage extérieur, OSB intérieur avec isolation en laine de bois entre les deux, panneaux photovoltaïques en toiture. C’est en plaçant le dernier panneau solaire qu’un coup de vent soudain me fait perdre l’équilibre. Je chois avec l’escabeau dans la terre, molle heureusement, mais sans lâcher le panneau que j’ai voulu épargner. Du coup, j’ai chuté vrillé et je me ramasse tant mal que bien avec une violente douleur au dos. Je rentre cahin-caha avec une superbe sciatique, la patte bien coincée. Je sonne chez ma voisine pour lui donner quelques tomates fraîches et une salade.
- — Oh ! Qu’est-ce qui ne va pas ? Vous boitez ?
J’explique ma mésaventure. Réaction immédiate :
- — Entrez et à poil, à plat ventre sur la moquette !
Le ton est péremptoire, je m’exécute en ayant bien du mal à poser mon jean et même à m’allonger par terre.
- — Désolée, ajoute-t-elle, mais sur un lit, c’est trop mou, on ne sent pas ce qu’on fait. Et rassurez-vous, j’ai fait une formation de six mois en ostéopathie. Je vais vous débloquer sans vous casser.
Je veux bien la croire, j’espère surtout que cette douleur intense va passer. Elle s’agenouille près de moi, me dit de poser mon front sur mes deux mains superposées, et ses doigts effleurent mon dos de la nuque au coccyx. Puis elle m’enfourche et s’assoit sur mes fesses. Le contact de son généreux postérieur sur le mien, jupette retroussée, a tendance à m’électriser… si je n’avais pas si mal. Et maintenant, c’est ma zigounette écrasée contre la moquette rêche qui me fait mal aussi. Ses mains se baladent sans violence le long de ma colonne, insistant à plusieurs endroits qui me font grogner. Puis elle m’intime de faire demi-tour très doucement. Agenouillée derrière moi, elle me soulève doucement la tête, semblant placer ses doigts à des endroits précis du crâne. Elle me la fait tourner tout doucement, quelques doigts glissent sur mon cou, elle me repose la tête sur ses cuisses serrées. Je suis bien, si bien… c’est doux, si doux… Elle recommence dans l’autre sens puis me repose au sol. Dommage ! Mais ? Je n’ai plus mal ! J’esquisse un geste pour tester.
- — Chut ! On ne bouge pas tant que je ne l’ai pas dit ! Laissez-vous aller complètement, tout mou.
Bien chef ! Ah oui, mais là, tout mou, ça ne va pas être possible parce qu’elle me soulève un genou, tire sur une hanche pour soulever le bassin, passe une main dessous entre mes cuisses, l’autre sous ma taille et je sens son souffle sur ma virilité qui en conclut immédiatement qu’une fête s’annonce. Tout est mou, sauf ma queue et ses doigts puissants qui pianotent sous mon dos.
- — Voilà, déclare-t-elle après un long pétrissage, vous devriez vous sentir mieux. Mais on laisse ça se stabiliser sans bouger. C’est en mon honneur, ce mât érigé ?
- — Euh… désolé, mais je ne vois personne d’autre. Vous avez dû toucher un point sensible.
- — Non m’sieur, je les connais et je suis sûre que non. Mais bon, peut-être que ça va vous décontracter…
Elle me caresse délicatement les ustensiles, soupèse, décalotte.
- — Un beau mâle, en bon état de marche, visiblement. On se décontracte, on ferme les yeux et on se laisse faire sans bouger.
Facile à dire, mais quand sa langue entame la remontée depuis les deux orphelines jusqu’au sommet du casque, j’ai l’impression d’avoir les doigts dans une prise 380 volts. Ce que j’aimerais voir ses lèvres épaisses se refermer sur mon gland quand elle le fait coulisser jusqu’au fond de sa gorge. Ça, c’est du massage ! Chapeau docteure. Elle me pompe tranquillement, sans excès, mais en utilisant mes glandes comme des qi gong, ces boules chinoises de relaxation. Visiblement, elle cherche à m’exciter, mais sans aller jusqu’à purger bébé. Elle joue, elle me prépare, du moins j’espère… Gagné ! Ça s’arrête, elle se lève, quitte sa jupette, sa culotte et son débardeur, et hop, Madame s’accroupit lentement, relève le mât et s’empale en douceur. Elle aurait pu être pilote à la NASA, le LEM atteignait sa cible à tous les coups et en douceur. Vache ! Je n’imaginais pas qu’une vulve aussi dilatée puisse cacher une chatte aussi serrée. Waouh ! Mister Popaul vit un grand moment, il a l’impression d’enfiler une combinaison de plongée. Quant aux gesticules, elles se font délicieusement enfouir sous une masse fessière voluptueuse de douceur et de chaleur. Je bandais, je « tourdebabelise » ! Sensation improbable d’étreinte pénienne puissante et douce à la fois.
- — Ça va ? Je ne vous fais pas mal ?
- — Mal ? Ce n’est pas le mot qui me vient à l’esprit. J’ai dû tomber sur la tête et je suis au paradis…
- — Non, juste dans une petite voie peu fréquentée, mais qui va s’habituer progressivement à vous.
- — Je peux solliciter une faveur ?
- — Dites ?
- — Vous pourriez me présenter vos dispositifs de lactation ? J’ai très envie de les voir.
- — Accordé à une condition expresse : pas touche ! D’ailleurs, vous ne bougez pas, pas encore.
Waouh ! Je n’aurais jamais dû promettre quand je vois les deux obus sortir de leurs coques de dentelle. Nom de Zeus quelle poitrine ! Du beau, du gros, du ferme, de l’arrogance extrême dans une enveloppe de chair blanche aux bouts rose orangé. C’est ça l’origine du Munster ? Pas de souci, je fais la trayeuse ! Ma bouche béante ne trouve pas les mots pour exprimer mon admiration et mon désir ardent qu’elle doit sentir au fond de son ventre. Mais ma belle Clotilde coupe court à mon mutisme ébahi :
- — Chut ! Profite Jérôme, laisse-toi faire.
Elle se courbe pour bécoter mes tétons, se creuse pour frotter les siens sur mon torse, et quand les quatre mamelons se superposent, ses lèvres charnues viennent butiner les miennes. C’est bon, c’est doux. Puis sa bouche se fait plus vorace, sa langue force sa voie entre mes lèvres, et nous échangeons notre premier baiser profond, interminable, passionné. Son bassin s’agite alors, oscillant doucement d’abord pour étirer ses muqueuses étroites, puis de plus en plus frénétiquement. Elle se dresse alors sur ses bras tendus, reprenant souffle et rejetant sa tête en arrière et martèle mon ventre à un rythme effréné. Je demeure interdit, bandant de tout mon sang et contemplant le spectacle étourdissant de cette femme superbe prenant son plaisir sur ma queue. Elle souffle à grand bruit, sa chevelure mordorée fouette l’air juste avant qu’elle ne se tétanise en soubresauts furieux. Couverte d’une fine buée de sueur, elle retombe sur ma poitrine, vaincue par le plaisir. Je caresse doucement son dos, ses épaules, sa nuque. Après un long moment, elle se redresse à demi, écarte ses mèches folles et me regarde amoureusement de ses yeux injectés.
- — C’est trop bon… J’en mourrais d’envie depuis si longtemps… J’étais sûre que ce serait grandiose…
- — Moi aussi tu sais, six mois au moins que je rêve de ce moment.
- — Je sais, je le sens bien. Mais je t’ai laissé sur le bord du chemin, je suis navrée…
- — Ne le sois pas, tu n’as plus qu’à recommencer. Mais fais-moi une faveur : retourne-toi que je voie ton somptueux postérieur engloutir ma queue.
Elle n’hésite pas un instant, se rétablit et pivote autour de mon sexe en le gardant planté en elle, délicieuse torture. Sa rotondité callipyge m’apparaît soudain, phénoménal étau de plaisir qu’aucun interdit ne m’empêche de saisir à pleines mains. En appui sur mes jambes tendues, elle entame ses mouvements de piston. Jamais mon sexe n’avait été gobé par une telle croupe, charnue, puissante et tendre à la fois. Cette fois, c’est moi qui donne le tempo, bien décidé à me prendre un pied magistral. Mais elle a mille ressources, la coquine. D’abord, je sens l’une de ses mains venir me triturer les testicules, faisant monter d’un cran mon plaisir. En même temps, je ne doute pas une seconde que son poignet ou son pouce en profite pour s’agacer le clitoris. Ensuite, elle écarte les jambes, installe ses pieds au ras de mes fesses et se redresse accroupie, le prose encore plus rond, plus tendu et étiré, et entame un balancement ébouriffant d’efficacité. Je ne maîtrise plus rien, cette femme me rend fou. Fatiguée ou perdue, elle finit par s’asseoir carrément sur mon pieu, corps rejeté en arrière et jambes largement écartées. J’accompagne les soubresauts de son bassin en massacrant son clitoris, grognant déjà du plaisir ultime qui me vrille le ventre. Ça la rend folle et nous partons ensemble au pays de l’extase, elle déversant un flot de cyprine sur mon pubis, moi emplissant son ventre chaud de six mois de désir refoulé.
Deux corps inertes, mais ruisselants et palpitants gisent empilés sur la moquette.
- — Ça va ton dos ?
- — Je suppose que oui. Je le saurai en ressuscitant…
- — Belle épreuve, hein ? Une vraie course de ski de fond.
- — Et avec tir de précision ! Du biathlon, quoi.
- — Ha ha ! Je vais à la douche…
Je la regarde s’éloigner, nue. Putain ce cul ! Une vraie danseuse de samba brésilienne. J’en banderais encore si je pouvais. Je suis sur pieds quand elle sort, attendant mon tour. Je n’ai plus trace de sciatique.
- — Efficace ton massage, toubib. Tu fais cela à tous tes patients ?
- — Voyez-vous ça, serais-tu jaloux ?
- — Jusqu’à aujourd’hui non, mais je sens que je vais le devenir.
- — Ça me plaît !
Elle coupe court à la conversation par un baiser magistral.
- — Je me disais que tu avais un cul de Brésilienne danseuse de samba. Tu pourrais contracter tes fesses ?
- — Comme ça, demande-t-elle en faisant jouer ses muscles alternativement puis ensemble ?
- — Tu es d’une beauté affolante. Oh ! Et tes seins aussi ! Incroyable.
- — Un vrai monstre de foire, oui. Allez, va te doucher, tu pues la sueur et l’amour.
L’eau bien chaude me coule délicieusement sur la nuque, le dos et le sexe endolori. Voilà, camarade, les dés sont jetés. Tu as baisé avec elle, et tu sais déjà que tu ne pourras plus jamais t’en passer. Donc la crainte de souffrir de nouveau te fabrique une boule dans la gorge au lieu de profiter simplement de ces instants merveilleux, irremplaçables, ceux de la découverte, les plus beaux. Profite, bordel, profite ! Demain n’existe pas, pas encore. Il faut que je goûte l’instant, et seulement l’instant. On verra quand les ennuis arriveront, s’ils arrivent, après tout ce n’est pas obligatoire. Pour le moment, j’ai très envie d’un whisky et d’une clope. Je passe chez moi pour me ravitailler et je m’installe sur son balcon, elle m’y rejoint.
- — Tu fumes maintenant ?
- — J’adore cumuler les plaisirs : boire à cet événement fabuleux autant qu’inattendu, et une cigarette parce que je suis très, très heureux.
- — Oui, mais là le toubib se révolte. Tu cumules les risques. Une fois de temps en temps ce n’est pas grave, mais évite que ça devienne une habitude. Parce que moi, j’ai bien l’intention de recommencer bientôt, souvent et longtemps. Ah, en passant, tu iras te laver les dents, j’ai horreur de rouler des pelles à un cendrier.
- — Oui Docteure, bien Docteure. En attendant, explique-moi au moins deux choses. Pourquoi es-tu totalement épilée, ce n’est pas un reproche, juste une question, et pourquoi te traites-tu de « monstre de foire » ?
- — Simple, épilation par habitude, c’est indispensable pour éviter les pubalgies quand on porte des maillots de compétition en lycra. Quant au monstre de foire, tu as vu toi-même…
- — Mais tu es superbe, une très belle athlète.
- — Ah, tu trouves ? Un peu particulière, non ? Gros cul, grosses cuisses, gros genoux, grosses chevilles, grosse cage thoracique. Quand on vit à 800 mètres en pleine montagne et qu’on fait du ski de fond depuis l’âge de huit ans, en compétition je veux dire, car j’en fais depuis que je sais marcher, eh bien, ça déforme. Il n’y a pas que les gymnastes chinoises ou russes.
- — Mais tu n’es pas déformée, plutôt pleine de jolies formes.
- — Si Jérôme, c’est le médecin qui t’explique. À douze ans, j’avais déjà presque tout gagné dans mon patelin, repérée bien sûr par la fédération. Je suis passée de la compète de divertissement à l’entraînement intensif permanent. Quelques victoires régionales, un assez bon classement national en junior, mais je m’ennuyais un peu à faire beaucoup d’efforts pour faire toujours la même chose. Mon coach m’a fait passer des tests de tir, prometteurs. Je suis donc passée au biathlon féminin en plein essor. Là, autre paire de manches : passer de l’effort intense de la course à la concentration maximale du tir. La seule technique est de bloquer la respiration pour ralentir le rythme cardiaque. Du coup, mes poumons ont encore grossi, ma croissance n’étant pas terminée et surtout mon cœur qui a presque doublé de volume. J’avais déjà de gros poumons à cause de l’altitude et du ski, un gros cul, des gros jambons et des bras costauds. Pour se développer plus, mes poumons ne pouvant passer au travers des côtes, ils se sont agrandis vers le bas, repoussant mes viscères ce qui me donne ce ventre rond. Malgré la plaque de chocolat qui est bien là.
- — Ça, je n’en doute pas. Mais alors, tout ça, c’est grave, handicapant ?
- — Non, pas vraiment, quoi que… ça fait de moi une femme atypique avec 7,5 litres de capacité thoracique contre 3,5 pour une femme normale, un cœur qui bat à 38 par minute au lieu de 70. Non, le plus handicapant a été de constater que mon abdomen, tant par sa configuration modifiée que par la musculature excessive, ne me permettrait pas de porter un enfant. Le confrère gynéco qui m’a annoncé ça était très ennuyé, pas moi. Je n’ai pas ce désir forcené qu’ont certaines femmes de mettre un enfant au monde. Je lui ai demandé de me ligaturer les trompes par prudence. Tu vois mon chéri, tu peux t’en donner à cœur joie, mais je ne te donnerai pas de descendance.
- — Honnêtement, ça ne me dérange pas. Mettre au monde de petits êtres dans ce monde en perdition, c’est presque de la folie, ou tout au moins de l’inconscience.
- — Pleinement en accord avec toi. Et ouf ! Je craignais que tu me quittes à cause de ça.
- — Et tes seins ? Parle-moi de tes seins…
- — Mes seins ? Ha ha ! Tu les trouves gros, n’est-ce pas ? En fait, ils ne le sont pas, très moyens, bonnet B à peu près. Sauf qu’ils sont greffés sur des pectoraux très développés, le ski encore.
- — Les fessiers je comprends, mais les pectoraux ?
- — À quoi crois-tu que servent les bâtons ? Pas à maintenir l’équilibre comme en ski de descente, mais à pousser, très fort, même en pleine glisse pour augmenter la vitesse et je ne te dis pas dans les côtes. Alors bras, épaules, pectoraux, des heures de muscu pour développer tout ça.
- — D’accord. Mais ça n’explique pas pourquoi tu m’interdis d’y toucher. Je pensais que c’étaient des prothèses en silicone et que tu ne voulais pas que je m’en aperçoive.
- — Ha ha ! Oui, c’est ça, et je suis un trans magnifiquement opéré tant que tu y es. Non, ça c’est mon petit secret, j’ai bien le droit d’en avoir un, non ?
- — Bien sûr, mais quand on s’offre un nouvel amant, parce que tu m’as quasiment violé, ces attributs érotiques ont une certaine importance dans le plaisir… avoue. Et ne pas pouvoir y toucher est très frustrant.
- — Pauvre chéri, va. Tu le sauras bien un jour et suffisamment tôt. Contente-toi de les regarder puisque tu les trouves beaux, et profite du reste sans restriction.
Et le reste, j’en profite. On peut dire que désormais nous vivons ensemble, tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre comme elle l’avait initialement proposé, c’est à dire en fait deux soirs chez elle et cinq jours chez moi à cause de la vue. Elle insiste pour venir m’aider à terminer mon abri de jardin, au moins pour tenir l’escabeau, et s’extasie encore de constater que, là aussi, j’ai vue sur mer. Et pourquoi des panneaux solaires ? Pour avoir du courant. Pour quoi en faire dans un jardin ? Pomper l’eau de la citerne pour arroser, mais aussi placer des webcams et des projecteurs LED pour éviter les vols, de plus en plus fréquents. Normal que ce potager fabuleux attire des convoitises, elle se propose même de venir régulièrement m’aider à l’entretenir.
Une vraie vie de couple est en train de s’établir. Nos nuits sont câlines et sensuelles, nos retrouvailles après nos journées de travail parfois torrides, surtout les jours où je vais à Rennes. Je crois qu’elle est toujours sincèrement inquiète quand je suis sur la route, peut-être à cause des gens qu’elle soigne et qui sont parfois de grands accidentés. Ravi d’avoir bien récupéré de ma chute, toutes les fantaisies amoureuses me sont désormais permises et nous en profitons outrageusement. Est-ce à cause de plusieurs mois de désir refoulé, mais je ne parviens pas à me rassasier de ce corps que je trouve sublime, quoi qu’elle en dise. En plus d’être remarquablement beau, il est solide, puissant et souple à la fois, toutes les « figures » sont possibles sans crainte de lui faire mal. Pour elle aussi, son appétit est sans limites, sauf les seins. Il y a là un mystère qui me titille le bulbe de plus en plus, d’autant que cela manque parfois cruellement dans les caresses amoureuses. Je me replie sur une autre fixette, sa rosette. Elle est étonnante et magnifique. Étonnante par sa taille et sa couleur, très large, d’au moins six centimètres de diamètre et rose orangé exactement comme les aréoles de ses seins. Bien cachée au fond de la profonde vallée de ses fesses, elle est plissée avec la régularité d’un éventail circulaire japonais, une merveille. Je ne manque pas une occasion de la caresser du bout de mes doigts hésitants, certaines femmes ont horreur de ça, que ce soit lors de nos levrettes furieuses ou, à l’aveuglette, lorsqu’elle me chevauche intensément.
Un vendredi soir en revenant de boulot, elle me tend une boîte allongée.
- — Tiens, mon chéri, cadeau !
- — Quésaco ?
- — Du gel qu’on utilise pour le toucher rectal, lubrification efficace, bactéricide et légèrement anesthésiant. Comme j’ai remarqué que tu étais très intéressé par mon trou de balle, ça nous aidera à explorer ce domaine…
C’est le genre d’invitation qui ne se refuse pas et un beau programme pour le week-end. Je fais comme il est dit dans le manuel. Une noisette de gel dans le creux de la main pour le réchauffer, sinon ça crispe. On trempe le bout du doigt et l’on caresse doucement tout le tour, avec patience et application. Il faut dire que Clotilde se prête bien au jeu, cul levé et bien étiré par ses deux mains. Au bout d’un moment, effectivement le cratère minuscule, de la taille d’une tête d’épingle, se détend peu à peu et passe à la taille d’une pièce d’un centime, puis de deux et enfin de cinq. Il est alors temps de lubrifier tout l’index avant de tenter une première insertion. Contraction réflexe, normale, qui se relâche ensuite, laissant le doigt tourner, aller et venir. Quand il est bien accepté, de nouveau une noisette de gel avant que le majeur vienne prendre sa place. Le muscle annulaire se détend petit à petit, jusqu’à ce que l’index revienne rejoindre son copain. Quelques rotations étirent la pastille en douceur et l’annulaire peut s’associer aux autres doigts. Il faut encore un peu de temps pour faire progresser ce trio qui, à sa base, correspond à peu près au diamètre d’un pénis.
- — Je crois que tu peux y aller maintenant, ça doit être bon.
Le pénis bien enduit de gel, fort excité par ce « bricolage » préliminaire, pénètre effectivement assez aisément.
- — Ouf ! Doucement chéri, c’est quand même gros…
Je ne bouge plus, mais je palpite. Et quand je palpite, ça la fait se contracter, et moi ça me fait palpiter. Il faut attendre que tout le monde s’habitue et se calme. Les minutes passent, et c’est elle qui vient s’empaler lentement jusqu’à sentir mes testicules sur sa vulve. Elle relâche ses fesses, l’étau de chair se referme sur moi me tirant un bref sursaut.
- — Pardon, je t’ai fait mal ?
- — Non, juste surpris. Et moi, je te fais mal ?
- — Pas du tout, bien moins que je ne craignais.
- — Tu prends autant de précautions quand tu fais un toucher rectal ?
- — Non, c’est vrai, tu as raison. Mais je ne suis pas à la recherche du plaisir dans ce cas. Allez, vas-y…
J’y vais donc, doucement d’abord. Que c’est serré, que c’est bon ! Elle se redresse à l’horizontale, en appui sur ses mains libérées, ce qui me permet de me pencher sur elle pour aller titiller son clitoris. Après ça ressemble à une puissante levrette avec son généreux fessier qui vient frapper mon ventre, mais la compression est si forte que je ne tarde pas à m’épancher en elle. Est-ce la sensation de mon sperme chaud dans ses boyaux qui déclenche sa jouissance ? Toujours est-il que c’est certainement le rapport le plus court et le plus efficace que nous ayons eu.
- — Alors mon chéri ? Fantasme exaucé ?
- — J’ai aimé cette première fois, en espérant que ce ne soit pas la dernière…
- — Bah bien sûr ! Maintenant que le passage est fait, tout est permis. Mais va vite te laver, histoire de ne pas choper une infection urinaire. Moi je vais aux toilettes, normal après un tel lavement.
Un bonheur n’arrive jamais seul. Quelques jours plus tard, je croise dans l’escalier mon voisin de palier, les bras chargés de cartons pliés. Il y a quatre appartements par étage, le quatrième étant une résidence secondaire rarement occupée. Ce voisin est locataire de l’appartement voisin, symétrique au mien et donnant aussi sur la mer.
- — Ah ah ? Du déménagement dans l’air ?
- — Ah, ne m’en parlez pas. Notre propriétaire a décidé de vendre. Nous avons priorité pour l’achat, mais à 260 000 € pour nous ce n’est pas possible. Jusqu’à 200 000 c’était faisable, mais au-dessus la banque refuse le prêt compte tenu de nos revenus.
- — C’est bête ! Et vous avez trouvé autre chose ?
- — Hélas non, pas encore, ou des trucs tout petits, mal foutus, très chers… C’est d’autant plus bête qu’on se plaisait bien ici, on connaissait tout le monde. Je crois bien que Francine va en faire une dépression : elle n’arrête pas de pleurer…
- — Dites, j’y pense, un autre appartement ici, mais qui ne donnerait pas sur la mer, ça vous irait quand même ?
- — Ah, c’est sûr ! La vue sur mer, ce n’est pas primordial quand on vit à côté.
- — Et on pourrait le visiter votre appartement ?
- — Quand vous voulez, Francine est tout le temps là ou presque, elle vous fera la visite.
- — Parfait. J’ai peut-être une solution qui arrangerait tout le monde, mais pas de faux espoirs, je vous recontacte.
Le soir même, j’en parle à Clotilde qui bat des mains.
- — Avec mon salaire, je peux renégocier mon prêt. Je prends rendez-vous avec ma banque pour samedi. On va le visiter ?
La visite l’emballe, d’autant que les locataires l’ont bien aménagé, pensant y rester plus longtemps. Parquet flottant partout, entrée, salon et chambres, des portes supprimées pour plus d’espace, vraiment en très bel état. Nous repartons avec les coordonnées du propriétaire et nous l’appelons.
- — Vous comprenez, je rentre en maison de retraite. Et ce loyer de 800 € c’était autant que ma pension. Mais ils me demandent 2 400 par mois, donc j’ai calculé qu’en vendant j’aurais de quoi assurer pour au moins quinze ans. Désolé pour les locataires, mais faut bien que je pense à moi aussi…
- — Vous ne l’avez pas mis en agence ?
- — Pas encore, j’attends leur réponse officielle par recommandé.
- — Bon, eh bien, ne le faites pas, je crois que vous avez un acquéreur.
L’affaire s’engage plutôt bien : la banque est d’accord, celle des voisins aussi. Comme leur appartement est strictement identique à celui de Clotilde, on empile tous ses meubles chez moi provisoirement et le voisin peut récupérer son parquet flottant et le réinstaller tel quel. De notre côté, nous sondons les murs. Impossible de toucher aux murs porteurs en béton banché, mais nous découvrons que les petites pièces de l’entrée, qui servent de dressing chez moi et d’atelier de bricolage chez mes voisins, ne sont séparées que par du placo. Nous décidons de faire sauter cette cloison et de réunir les deux appartements par ce sas. Clotilde adorant mon carrelage décide de tout carreler à l’identique. Après deux mois de travaux, l’effet est saisissant. Nous avons pris des risques, parce que nous avons fait les travaux pendant le temps que les banques ont mis à débloquer les fonds, mais sans regret, tout s’est bien passé. Nous voilà donc dans un super appartement de 180 mètres carrés, vue sur mer. Une fortune ! Et surtout un espace de vie hyper agréable, même si l’aménagement n’est pas facile : deux toilettes, deux salles de bain pour quatre chambres, c’est parfait ; mais deux cuisines… On en démonte une en camouflant les servitudes et on la transforme en bureau. Pas si mal. Côté cuisine, on fait une grande salle à manger, et un grand salon de l’autre.
C’est fou ce que le changement du lieu de vie peut influer sur le comportement. D’abord, la vue sur mer permanente enchante Clotilde qui est plus gaie que jamais. Je la sens heureuse, pleinement satisfaite, et l’absence de vis-à-vis proche l’incite à se balader très fréquemment en costume d’Ève en cette fin d’été encore chaude. Ça me ravit et me procure de fréquentes érections qui se finissent toujours bien. Le revers de la médaille, c’est qu’elle promène sous mon nez cette insolente paire d’obus à laquelle je n’ai toujours pas accès. Insupportable frustration, j’en fais presque une fixation. Pourtant je remarque bien qu’elle aime effleurer mon torse ou mon dos de ses pointes dressées lors de nos jeux sensuels et qu’elle semble y trouver un certain plaisir. Mais c’est toujours « pas touche ».
C’est elle qui fait la cuisine aujourd’hui. Pour poêler les premières noix de Saint-Jacques de la saison, elle a enfilé un petit tablier, mais juste un tablier. Le nœud du vêtement minimaliste repose gracieusement sur son séant, d’autant plus saillant qu’elle porte de hautes mules à talons. C’est affolant d’érotisme et elle le sait bien, la coquine. Mais elle se défend de toute distraction : « les noix, ça n’attend pas, si c’est trop cuit, c’est caoutchouc ! » Nous les dégustons donc avec une délicieuse fondue de poireaux du jardin, puis elle me demande ce que je souhaite comme dessert.
- — Rien d’autre que ta boîte à trésor, dis-je en débarrassant prestement la table.
Je l’invite donc à se coucher sur la table devant ma chaise, je me rassois et je fourre ma bouche avide entre ses cuisses levées. Merveilleuse vulve déjà gonflée de désir, délicieuse foufoune déjà humide, délectable cyprine qui se met vite à couler sous mes coups de langue. Du bouton à la belle rosette et inversement, elle rit, glousse de plaisir, mais comme toujours avec discrétion. Clotilde n’a pas l’amour bruyant. Mes doigts rejoignent mes papilles et tous ses orifices humidifiés sont scrupuleusement visités. Et puis soudain, je ne sais pas ce qui me prend, je repense à un porno japonais où l’homme fourrageait furieusement de deux doigts la face avant du vagin, probablement la racine du clitoris ou « point G », faisant ainsi dégouliner la dame de flots de cyprine. Je me mets à en faire autant, doucement d’abord puis de plus en plus fort.
- — Eh ! Chéri, mais qu’est-ce que tu me fais ? Non… Chéri, arrête… Oh non… NON ! Ouiiii…
J’en relève la tête. Son « oui » a été dit avec une voix que je ne reconnais pas, grave, rauque, puissante, provenant de son incroyable coffre. Et là, elle me prend un poignet et me plaque la main sur un sein.
- — Allez, vas-y mon salaud ! Tu l’auras voulu. Pelote-moi, fais-toi plaisir et ramone-moi la chatte.
Je suis dans « L’exorciste ». Ce n’est pas ma Clotilde qui parle ainsi, surtout pas avec cette voix d’outre-tombe. Elle a le visage dur, des yeux de cheval fou, elle oblige ma main à lui écraser le sein. Je fais quoi ? On verra bien, mais si ça finit en corps à corps, je ne suis pas sûr de gagner avec une telle athlète. Mais pour une fois que je peux enfin lui tripoter les seins, il faut en profiter. J’en gobe un (normal pour un sein-gobe un !), je pelote l’autre en pinçant le téton érigé, sans cesser d’agiter mes doigts dans sa chatte. Elle grogne, rugit, s’agite en tous sens, une vraie furie. Et soudain, un jet sort de sa chatte. Mais quand je dis un jet, ce ne sont pas trois gouttes, c’est comme un robinet qu’on ouvre à fond un bref instant, un jet libre, désordonné qui éclabousse tout. Vache ! Jamais vu ça…
Et ce n’est pas fini. Nouveau rugissement. Elle saute de la table, me saisit la queue et se retourne.
- — Encule-moi ! Défonce-moi le cul ! Et n’arrête pas de me peloter. Allez, plus fort ! Vas-y mon salaud…
Et toujours, cette voix rauque et grave qui résonne dans sa poitrine collée contre la mienne. Je fais ce qu’elle ordonne, je lui bourre le cul de toutes mes forces en lui pétrissant les nichons et triturant ses tétons. C’est elle-même qui s’occupe de son clitoris avec une violence inouïe, le frottant énergiquement et le claquant violemment. Raide dingue, ma petite chérie ! Le résultat ne se fait pas attendre. Un nouveau jet jaillit d’entre ses cuisses écartées, puis un autre encore un instant plus tard. Ses jambes se mettent à trembler, à flageoler, son corps couvert de sueur commence à glisser le long du mien, je ne peux pas la retenir juste avec ma queue dans son cul et ses seins dans mes mains, je l’accompagne jusqu’au sol. Elle est secouée de sursauts désordonnés, mais je finis tout de même de lui pilonner le fion, comme demandé. Elle crie de sa voix retrouvée quand mon sperme jaillit dans son ventre et elle se laisse tomber sur le côté, inerte.
Elle a peut-être craché l’équivalent de trois verres d’eau, mais trois verres d’eau sur le carrelage d’une cuisine, ça fait une sacrée flaque. Je patauge hébété, la queue en décompression, elle est toujours inerte. Je lui parle, je lui caresse la joue, elle marmonne, mais je ne comprends rien. Alors je décide de la transporter jusqu’au lit. Mais un corps de soixante-dix kilos inerte, c’est une sacrée charge. J’essaye de me souvenir des exercices de secourisme de mon service militaire. Je la prends sous les bras pour la hisser sur une chaise d’abord, en poussant sur mes cuisses et pas sur mon dos. Puis je m’accroupis devant elle, passe un de ses bras par-dessus mes épaules et attrape une jambe de l’autre main. Corps chargé, extension laborieuse des cuisses qui en vibrent, surtout en venant de baiser. Dix mètres jusqu’au lit, paquet déposé. Je l’essuie, je la couvre, je la couve. Elle dort trois heures de rang, paisiblement. J’ai le temps de passer la serpillière dans la cuisine. C’est drôle, ce liquide est incolore et inodore, pas de la cyprine, pas de l’urine, on dirait de l’eau.
Mine de rien, je suis inquiet devant cette sorte de catalepsie. Le toubib c’est elle, pas moi. Enfin, elle émerge vers seize heures trente, lentement, hébétée et pâteuse.
- — J’ai froid, j’suis naze. Tu veux bien me faire un café ?
- — Bien sûr, j’y cours…
- — Attends ! Dans ma mallette tu trouveras de la vitamine C.
- — Ok, j’y vais.
Vitamine C, deux comprimés, grand café serré, elle sort peu à peu de sa torpeur.
- — Putain, j’étais inquiet, savais pas quoi faire.
- — Tu as fait tout bien, tu m’as amenée au lit.
- — Oh oui, j’en ai bavé. Pas facile de porter un corps inerte. Je ne t’ai pas fait mal ?
- — Non, je ne sens rien. Tu vois comme elle est grosse et lourde la bête ? Et tu vois aussi ce que ça fait. Quand je dis « pas les seins », il ne faut vraiment pas y toucher.
- — Mais je ne te touchais pas les seins, j’avais les doigts dans ta chatte. C’est toi qui m’as mis la main sur tes seins.
- — Ah oui, ça y est, je me souviens maintenant. Oui, je ne sais pas ce que tu me faisais, mais ça m’a fait partir. Et les seins sont indispensables dans cette folie. Vraiment, je n’y comprends rien…
- — Et après, tu te souviens ? Ta grosse voix, ta folie furieuse, tes giclées de liquide ?
- — Non, là je ne me souviens pas, de rien. Et c’est bien de ça que j’ai horreur : perdre le contrôle, plus de pilote dans l’avion, pire qu’une cuite, le trou noir. Alors tu penses que pour une compétitrice à la maîtrise parfaite, pour une docteure en médecine qui doit se contrôler en permanence, aucune émotion personnelle ne devant perturber l’acte professionnel, pour moi c’est l’horreur absolue.
- — Ben je comprends, moi-même j’ai été vraiment impressionné.
- — Et en plus, il me faut quarante-huit heures pour que je m’en remette complètement.
- — Mais il y a longtemps que ça te fait ça ? C’est arrivé comment ?
- — Bêtement. La première fois, comme tous les ados je me tripotais dans mon lit, une main sur un sein l’autre sur le clito, et c’est parti d’un coup. Vache ! Explique à ta mère que le lit est trempé ! J’ai tout mis sur la fenêtre à sécher et j’ai annoncé que je faisais grand ménage dans ma chambre. Ma mère a failli tomber de sa chaise, c’était pas vraiment mon habitude.
- — J’imagine la surprise.
- — Oh, ça va, j’ai changé depuis, c’est plutôt propre ici, non ? Et la deuxième et terrible fois, c’était en compète internationale. Championnats d’Europe, qualifs pour les Jeux olympiques. J’ai eu le béguin pour un patineur norvégien, beau comme un dieu, nous étions dans le même hôtel, on se voyait aussi en salle de muscu. Bref, ce connard m’a fait ça la veille de la compète. Résultat, profondeurs du classement, éliminée, le pire résultat que j’ai jamais fait depuis mes tout débuts. La honte. J’ai tout abandonné pour me consacrer à la médecine.
- — Purée, sale histoire. Tu n’as pas pu récupérer en somme.
- — Non, en effet. C’est comme si toute mon énergie partait d’un coup avec ce liquide. Mais bon, ça m’a rendu service quelque part, il était temps de choisir entre les études et le sport, je n’arrivais plus à concilier les deux. Et une médaille dans un tiroir, ça ne vaut pas un bon boulot.
- — C’est certain. Mais en tant que toubib, tu dois bien avoir des infos sur le phénomène, non ?
- — Oui et non. En fait, ça ne gêne personne et il y a peu de recherches sur le sujet. C’est très confus : prostate féminine, glandes de Skène, vessie… J’ai l’impression qu’on ne sait rien. Il y en a même qui distinguent « femme-fontaine » et « éjaculation féminine ». C’est un peu pour ça que je suis allée voir le collègue gynéco. Mais une fois devant lui, j’ai été incapable de lui en parler, c’est très difficile, tellement intime et perturbant. Résultat, je suis ressortie avec les trompes ligaturées.
- — Pauvre amour. Si je comprends bien, tu n’émerges pas avant deux jours, je vais m’occuper de toi.
- — Ne t’inquiète pas, ça va aller. Pas de compète prévue ces jours-ci. Mais des gros câlins, sûrement. Allez, un tour aux toilettes et une bonne douche…
Je la regarde s’éloigner nue vers les sanitaires, toujours aussi fasciné par ce prose exceptionnel. Bon sang, comme je suis amoureux de cette femme hors du commun ! Pour la fin de cette mémorable journée, Clotilde est un peu loque, j’assure l’intendance. En revanche, son esprit est bien présent et sa langue bien affûtée. Nous parlons beaucoup. D’abord, ayant enfin goûté au délice de palper ses glandes mammaires, j’essaye de la convaincre de m’y laisser un accès, contrôlé bien sûr.
- — Tu vois, mon fantasme n’est pas de les pétrir comme des boules de pâte à pain. Ce serait plutôt d’en sucer délicatement les pointes, d’en lécher les aréoles, de les titiller avec mon gland… Juste un plaisir et une excitation supplémentaires.
- — Alors, quand tu parles de ta bouche, de ta langue et de ta bite, ce sont des organes uniques, un seul sein à la fois. Il me semble que ce doit être possible. De ce que je ressens, c’est comme si j’avais trois clitoris. Et quand les trois sont excités en même temps, c’est là que je pars en vrille. Isolément, on peut essayer, mais à la condition expresse que quand je dis STOP, tu t’arrêtes.
- — Ça va de soi. Mais dis-moi, tout à l’heure je n’avais que deux doigts dans ta chatte sans te toucher les seins ?
- — C’est vrai, mais je ne sais pas ce qui t’a pris de me faire ça, c’est redoutable.
- — J’avais vu ça dans un porno japonais, avec les mêmes conséquences. Ça fait gicler les dames.
- — Ouais ben… c’est pas pour moi. Ça excite ce qu’on appelait le « point G », qui n’est en fait que le « ventre » du clitoris, le bas du « S » qui se termine par le petit bouton qu’on connaît et qui se prolonge par deux grandes ailes de part et d’autre du vagin. Ce doit être une zone d’innervation maximale, le centre de pilotage de ce réflexe incontrôlé.
- — Possible docteure, je veux bien te croire.
- — Et tu en as encore des fantasmes comme ça ?
- — Oui, mais celui-là il est irréalisable. En te voyant marcher de dos, je rêve d’avoir un sexe amovible que je pourrais te placer entre les fesses et qui se ferait délicieusement broyer quand tu marches. Je suis fou de ton postérieur.
- — Ha ha ha ! Ça, j’avais remarqué. Mais je t’imagine en train de marcher collé à moi, les jambes écartées pour fourrer ta queue entre mes fesses. Ah le tableau croquignolet !
- — Tu lis trop de bandes dessinées.
- — Non, jamais, pas le temps. Ah, mais j’y pense… c’est pas complètement impossible.
- — Comment ça ? Tu veux m’opérer et garder mes attributs dans un bocal ?
- — Non, mais marcher sans bouger, j’ai ce qu’il faut : mon tapis de marche ! Je marche en restant sur place alors en te mettant derrière moi, les pieds de chaque côté du tapis, ça pourrait le faire, non ?
- — Ok. On essaye demain.
Bon. Il a fallu cinq essais. Elle s’est fait virer deux fois du tapis, on est tombés une fois par terre, il a fallu trouver la bonne position, un peu penchée en avant, démarrage lent… Mais on y est arrivé. Putain ce bonheur ! La bite broyée, à droite, à gauche, et on accélère. J’ai tenu presque dix minutes d’un enfer paradisiaque. Orgasme partagé, nouvelle expulsion du tapis, intense rigolade de bonheur.
- — Il est super ton fantasme chéri. J’ai la chatte explosée.
- — Et moi, la bite en chou-fleur. Mais quel pied !
- — Regarde le compteur : tu peux tenir un kilomètre sans débander. Magnifique !
- — Attends, toi tu as fait le kilomètre, moi je n’ai fait que bander. Et bander pour toi, ce n’est pas difficile.
- — Tu es mignon…
Dans la semaine, je fais de nombreuses recherches sur Internet pour essayer de comprendre l’incroyable phénomène qui lui arrive. J’utilise plusieurs entrées, « femme fontaine », « éjaculation féminine », et je tombe sur quantité de sites qui racontent à peu près ce qu’elle m’a dit : vessie, « prostate féminine », glandes de Skène, etc. Mais apparaissent aussi des sites de vidéos pornos montrant ce phénomène, sans l’expliquer bien sûr. Globalement aussi étonnant que dégoûtant, j’y retrouve des clips japonais du style de celui que j’avais vu, mais aussi une série de vidéos d’une petite nénette plutôt très mignonne qui se fait gicler toute seule dans des lieux incongrus : en pleine nature, sur une terrasse, le long d’une maison, chez elle, en bagnole… Et en plus, elle est française, semble gérer cette faculté avec un grand sourire et fait du pognon avec en possédant une chaîne « Mouille-Tube ». Je lui mets des messages dans les commentaires, sans réponse. À force de recherches ciblant sa boîte de production, puis son inscription au registre du commerce et ainsi de suite, je finis par trouver une adresse mail plus directe. Je montre ça à Clotilde qui, dubitative, me dit que cette fille n’est pas toubib et qu’elle ne peut en rien l’informer.
- — C’est vrai mon amour. Mais regarde, elle a une parfaite maîtrise de la chose. Regarde, à chaque fois elle exhibe ses seins et pas seulement pour les montrer. Elle en tripote un pendant qu’elle se ramone le fri-fri. Il y a donc bien une relation directe avec les seins.
- — Oui, tu as peut-être raison. En tout cas, elle est franchement jolie et bien gaulée. Hein mon cochon !
- — Ce n’est pas la question. On pourrait essayer de la contacter pour comparer vos expériences ?
On lui laisse un mail avec suffisamment d’infos pour l’accrocher. Deux jours après, elle répond en proposant une conversation sur Skype. La jeune femme attaque fort :
- — Alors ? Tu veux créer ta chaîne « Mouille-Tube » et me faire de la concurrence ?
- — Pas du tout. Je suis toubib et je cherche à comprendre. Je ne sais pas ce qui m’arrive. Ça a commencé comment pour toi ?
- — Oh, c’est simple, en me branlant quand j’étais ado, comme tout le monde.
- — D’accord, mais depuis tu as vachement évolué. Comment tu maîtrises ça ? Tu as l’air tellement « facile ».
- — Ben, c’était lors d’un plan à quatre, mon ancien copain et deux de ses potes. Évidemment, les mecs étaient raides dingues de me voir juter comme ça. C’est pour ça que mon mec les avait invités, ils ne voulaient pas le croire. J’te dis pas comment ils se sont régalés et comment j’ai dégusté. Trois bouches, six mains, trois bites… Enfin bon, je te passe les détails. C’était à celui qui me ferait gicler le plus loin. Moi j’étais serpillière, mais d’un coup j’me suis dit : « merde, une telle occase, faut que j’en profite ! » Alors je me suis forcée à reprendre le dessus et je leur ai fait une démonstration, moi toute seule, et j’ai gagné. Et je les ai virés…
- — Tu en as de bonnes, mais moi je suis complètement morte juste après. Incapable de ne rien faire, sinon dormir. Et pas toi ?
- — C’est juste l’habitude, il faut le faire souvent, et aller jusqu’au bout du bout. Et là, tu dois réagir et reprendre la main, le contrôle, le faire quand tu veux, comme tu veux, contracter ta vulve pour gicler plus loin, plus fin. C’est un entraînement, comme un sportif.
- — Je vois, joli programme. Et, question subsidiaire, pourquoi tu le montres ainsi en vidéo ?
- — Un peu pour le fric, parce que ça me rapporte entre mille cinq et deux mille par mois, selon les annonceurs et le nombre de vues. Mais surtout, ce qui me motive, c’est d’imaginer tous les mecs qui se branlent en me regardant. Ce sperme plein les claviers, les écrans, les kleenex. J’y pense à chaque fois et j’imagine que j’aurais pu remplir une pleine baignoire de sperme chaud et me prélasser dedans, un rêve !
- — D’accord, à chacun ses fantasmes. Et tu n’as pas d’explications médicales ? Sur le mécanisme je veux dire.
- — Alors ça, rien à foutre ! On est née comme ça. Y a des géants, des nains, de grosses bites et des petites. Nous on gicle, les mecs aiment ça, quoi de plus. Allez, salut, faut que j’y aille, je fais une vidéo en nocturne.
- — Salut et merci.
- — …
- — Ben tu vois, je n’ai pas appris grand-chose, me dit-elle…
- — Ah, tu trouves ? Moi j’ai retenu qu’il fallait recommencer souvent, aller au bout du bout et suivre un entraînement de sportif. Ça te connaît ?
- — Toi, je vais t’appeler « ma boussole », tu ne perds pas le nord. Et je suppose que tu te proposes pour être mon coach, je me trompe ?
- — Si tu choisissais quelqu’un d’autre, j’en serais très ennuyé.
- — Ah oui ? Et pourquoi donc ?
- — Parce que je t’aime et que ces deux seins, je les aime aussi. Ils sont pour moi, rien qu’à moi. Ce sont « mes deux seins », docteure.
- — Ha ha ha ! Pas touche ! On va attendre la fin de la semaine si tu veux bien. Je bosse demain.