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Temps de lecture estimé : 25 mn
08/07/21
Résumé:  Une femme est surprise par un orage en pleine montagne. Elle se réfugie dans un refuge. Un homme y est. La magie opère…
Critères:  fh hplusag vacances amour caresses conte -rencontre
Auteur : Maryse      Envoi mini-message
Rencontre improbable

Maryse montait lentement, gravissant le raidillon à petits pas. Elle était essoufflée. Cela faisait tant d’années qu’elle n’avait pas fait d’exercice physique soutenu. Elle se sentait rouillée. Et puis les quelques kilos de trop qui lui étoffaient la silhouette, notamment au niveau des hanches et de la poitrine, ne lui facilitaient pas la tâche. Elle persévéra et finit par arriver au sommet. L’endroit par sa position surélevée offrait une vue incomparable. L’effort en valait bien la peine ! songea-t-elle en contemplant le panorama qui s’étendait sous ses yeux.


Elle avait eu raison de louer ce petit chalet dans le Vercors pour deux semaines. Elle avait tout de suite apprécié cet endroit sauvage, loin de l’agitation du monde. C’était la première fois qu’elle partait seule en vacances. Au début, son mari n’avait pas compris. Il s’y était même fermement opposé. Mais elle avait tenu bon. Après 15 ans de mariage, 15 ans de dévouement où elle s’était consacrée à son foyer, 15 ans durant lesquels elle s’était oubliée, elle sentait le besoin de prendre un moment pour elle pour faire le point et se ressourcer.


Elle soupira et se remit en route. Le crépuscule n’allait pas tarder à tomber et elle ne voulait pas faire le chemin de retour dans l’obscurité. Elle descendait la pente en regardant avec attention où elle posait les pieds. Le sentier devenu plus et plus étroit plongeait au cœur d’un vallon. À travers la végétation dense montait le tintement de l’eau d’un torrent dévalant sur les pierres. Elle continua prudemment et emprunta la sente caillouteuse qui s’enfonçait dans un petit bois.


Gérard avançait sur le sentier qui serpentait le long du flanc de montagne. Il avait passé une bonne partie de l’après-midi à marcher. Il aimait cet endroit sauvage où peu de gens s’aventuraient. Une faune et une flore abondante s’y développaient. Il s’y sentait heureux. Il s’assit sur un rocher et sortit de son sac au dos, une gourde d’eau pour se désaltérer. Son regard capta l’aigle qui planait majestueusement dans le ciel. Sûrement le mâle, se dit-il, émerveillé. Un peu plus tôt dans l’après-midi, il avait repéré le nid accroché à une falaise. La femelle veillait sur deux aiglons encore trop jeunes pour voler. Ce spectacle l’avait enchantée. Depuis qu’il était à la retraite, il s’occupait bénévolement d’une association de protection des animaux sauvages. Il passait le plus clair de son temps à parcourir les environs pour recenser les espèces, s’assurer que tout allait bien et ramener au refuge les bêtes blessées pour les faire soigner. Un coup de vent lui fouetta le visage. Tout à coup alerté, il inspecta le ciel dans lequel s’amoncelaient de menaçants nuages sombres. La température s’était soudainement refroidie et l’air s’était chargé d’électricité. Pas de doute, un orage se préparait ! Avec un peu de chance, il passerait à côté, espéra-t-il en se relevant. En tout cas, il ne devait prendre aucun risque et atteindre rapidement le refuge situé un peu plus bas avant que l’orage n’éclate…


Une bourrasque faillit lui arracher son chapeau de paille de la tête. De sa main, Maryse le maintint solidement contre son crâne. De grosses gouttes s’écrasèrent brutalement sur le sol. Elle sentit l’inquiétude la gagner. Le ciel était devenu noir et ne présageait rien de bon. Si seulement elle avait consulté le bulletin météo avant de partir ! L’orage s’intensifia et il se mit à tomber des trombes d’eau. Les coups de tonnerre et les éclairs se succédaient en devenant de plus en plus rapprochés. Le crépitement de la pluie sur les rochers devenait assourdissant. Elle n’arrivait pas à distinguer ce qu’il y avait devant elle à cause de l’épais rideau que formait l’averse. Trempée, dégoulinant d’eau, effrayée par la violence de l’orage, Maryse se protégeait le visage et les yeux avec son chapeau détrempé. Elle cherchait désespérément un endroit pour se mettre à l’abri. À travers le mugissement du vent et le crépitement de la pluie, elle crut apercevoir une masse sombre devant elle. Une habitation, se dit-elle en reprenant espoir. Les rafales de pluie et de grêle lui cinglaient le visage. Trempée jusqu’aux os, elle se mit à courir à travers la tourmente.


Elle arriva au refuge hors d’haleine, transie et dégoulinante d’eau. Ses vêtements imbibés d’eau étaient plaqués contre son corps et lui collaient comme une seconde peau. Une fois à l’intérieur, elle referma vivement la porte et s’y adossa avec soulagement. Ses nerfs se relâchèrent et elle se mit à claquer des dents de façon incoercible. Un mouvement suspect attira son attention et elle se raidit, brusquement sur le qui-vive.



Gérard dévisageait avec perplexité la femme qui venait d’entrer. Celle-ci était trempée et tremblait de froid. Elle semblait à bout. Probablement une touriste qui s’était égarée ! L’inconnue semblait méfiante, sur la défensive. Tout en le remarquant, il promena sa main sur son menton râpeux en regrettant de ne pas avoir pris le temps de se raser le matin, car sa barbe de plusieurs jours lui donnait probablement un air inquiétant.



Il gratta une allumette et la posa sur le papier journal froissé dans le foyer. Il attendit un petit moment observant les flammes embraser le tas de petit bois. Il posa plusieurs bûchettes pour alimenter le feu avant de refermer la porte en fonte. Il se redressa et se tourna vers la femme. Celle-ci ne le quittait pas des yeux. Il n’arrivait pas à déterminer lequel des trois sentiments, la crainte, le soulagement ou la curiosité l’emportaient chez cette dernière.



Dans quelle situation s’était-elle fourrée ? se demanda-t-elle, en prenant la mesure de la situation. Ses vêtements étaient si détrempés qu’ils en étaient devenus transparents, réalisa-t-elle en sentant le regard de l’homme accroupi près du feu la détailler. Dans un réflexe de pudeur dérisoire, elle croisa les bras sur sa poitrine. Un début de panique monta en elle… Puis, elle réalisa que l’inconnu ne semblait pas menaçant, bien au contraire. C’était un sexagénaire aux cheveux gris argenté tirés en arrière en une petite queue de cheval. Cette coiffure plutôt originale pour un homme de son âge cassait l’expression austère de ses traits. Quand ce dernier la fixait, les yeux gris métallique s’adoucissaient étrangement. Un regard plein de solitude, remarqua-t-elle, ou du moins celui d’un homme habitué à vivre seul. Mais aussi un regard plein de bienveillance, qui ne demandait rien en retour… Cette constatation finit de la rassurer. Elle osa alors l’interroger.



Cette attention pleine de délicatesse finit de la rassurer. Sa méfiance tomba et elle tendit les mains vers le poêle en s’y approchant. La chaleur qui en émanait était délicieuse.



Gérard nota avec satisfaction que le visage de Maryse reprenait quelques couleurs et que ses tremblements avaient cessé. Il ne pouvait le nier, cette femme ne le laissait pas indifférent. Maryse lui faisait penser à une biche et cela l’attendrissait. Et puis, il ne pouvait ignorer les attraits féminins que les habits détrempés lui révélaient. Des rondeurs appétissantes qui réveillaient ses désirs d’homme en sommeil depuis très longtemps. Certes, sa longue abstinence était sûrement responsable d’une partie de son trouble, mais pas de la totalité. En fait, Maryse le touchait plus profondément qu’il n’aurait voulu. Il avait remarqué que celle-ci portait une alliance à l’annulaire gauche, preuve qu’il s’agissait d’une femme mariée. Mais, quelque chose lui soufflait que l’époux de celle-ci n’apportait pas à cette dernière tout le soutien, toute l’affection dont elle avait besoin… Contrarié par la tournure que prenaient ses pensées, il chassa cette idée de son esprit en se sentant brusquement terriblement vieux.



Maryse suivit du regard Gérard qui sortait. Elle ne pouvait nier que cet homme l’intriguait. Il n’avait certes pas la beauté virile des mannequins à la musculature ciselée des photos de mode, mais il dégageait une sensibilité, une délicatesse, une bienveillance qui la touchaient. Un homme qui semblait avoir été éprouvé par la vie, à en croire les rides profondes qui marquaient son visage, mais qui continuait à avancer, cherchant à profiter de chaque instant. Oui, il émanait de ce sexagénaire à l’allure surannée, une espèce de force tranquille, rassurante. Un homme avec qui l’on devait se sentir en sécurité, avec qui il devait faire bon de vivre. Bizarrement, elle eut envie de s’attarder en sa compagnie. C’était ridicule ! Elle ne le connaissait pas, se dit-elle en pivotant sur elle-même pour se réchauffer le dos…


Lorsqu’il rentra dans le refuge, les bras remplis de bûches, il fut heureux de constater que Maryse avait meilleure allure et qu’elle ne semblait plus sur la défensive. Il s’approcha du poêle et le remplit de bois. Aussitôt, le feu se mit à ronfler emplissant la pièce d’une chaleur apaisante.



Gérard tourna la tête et la regarda un instant. Au cours de son existence, il avait secouru de nombreux animaux sauvages blessés. Lorsqu’il les ramassait, ils étaient toujours terrorisés et cherchaient à s’enfuir à la moindre occasion. Puis, petit à petit, à force de soins et d’attention, ils se laissaient apprivoiser. Maryse lui donnait l’impression d’être un peu comme eux…


Maryse remarqua que Gérard fronçait les sourcils comme si quelque chose le tracassait. Sa présence peut-être ? Elle avait suffisamment abusé de sa compagnie et il était maintenant temps de rentrer chez elle.



Elle sentit comme une brûlure, là où les doigts de Gérard s’étaient posés. Dans d’autres circonstances, elle aurait immédiatement mis fin à ce contact qu’elle aurait jugé inapproprié. Mais là, bizarrement, elle le laissait se prolonger. Elle éprouvait comme une émotion douce qui l’envahissait. Une émotion à laquelle elle aurait bien aimé s’abandonner. Mais elle ne pouvait pas se le permettre, c’était trop risqué.



Un silence gêné s’ensuivit. Au bout de quelques secondes, elle tourna la tête vers Gérard. Lorsque leurs regards se croisèrent, il y eut, pendant une fraction de seconde, comme une étincelle qui crépita entre eux. À la fois électrisée et ébahie, elle baissa vivement la tête et contempla la pointe de ses chaussures pour se donner une contenance. Ce qui venait de se passer était sans aucun doute dû à sa fatigue et à sa peur rétrospective de l’orage. Rien de plus, songea-t-elle tandis que Gérard se dirigeait vers la fenêtre contre laquelle il resta collé, comme s’il inspectait l’extérieur plongé dans l’obscurité…


Confortablement installée dans son siège, elle regardait la route éclairée par les phares défiler à travers le pare-brise tandis que Gérard la reconduisait chez elle. Tous deux restaient silencieux et cela lui convenait parfaitement bien. Qu’aurait-elle pu dire ? Elle n’arrivait pas à savoir si elle avait hâte d’arriver pour prendre une bonne douche chaude et se mettre au lit ou au contraire, si elle avait que ce moment en compagnie de Gérard se prolongeât indéfiniment. Un frisson la parcourut et cette fois-ci, ce n’était pas dû au froid. C’était la première fois depuis qu’elle était mariée qu’elle ressentait de l’intérêt – et même une certaine attirance – pour un autre homme que son mari : il émanait de Gérard une impression d’authenticité, d’intensité peu commune qui la charmait malgré elle. Cela la mettait mal à l’aise, car elle savait pertinemment qu’elle ne devait pas y succomber. Troublée et gênée, elle fit le vide dans son esprit. Bercée par le ronronnement régulier du moteur et la légère vibration du véhicule qui roulait à vitesse constante, épuisée par les émotions qu’elle venait de vivre, elle ferma les yeux et se mit à somnoler.


Gérard ne pouvait s’empêcher de lancer de fréquents coups d’œil à sa voisine. Il était inexorablement attiré par elle. Cela faisait si longtemps qu’il n’avait pas éprouvé cet afflux d’adrénaline dans ses veines, ce bouillonnement interne, cette excitante chaleur affluer dans son bas-ventre et faire durcir sa virilité. Il avait l’exaltante sensation d’avoir retrouvé l’ardeur de sa jeunesse. Mais Maryse n’était pas pour lui. Elle avait vingt ans de moins que lui, était en pleine possession de ses moyens et, fait qu’il ne devait pas oublier, était mariée. Stop ! Ça suffit ! s’ordonna-t-il intérieurement serrant les cuisses l’une contre l’autre pour essayer d’étouffer l’excitation qui montait en lui. Jamais il ne s’était conduit de la sorte. On aurait dit que ses instincts les plus primaires avaient resurgi en lui faisant oublier toutes les bonnes manières. Il était un homme courtois… pas un sauvage, se morigéna-t-il en son for intérieur. Sauvage, lui ? Ce qualificatif ne lui allait vraiment pas, il se surestimait ! ironisa-t-il. Cela faisait si longtemps qu’il n’avait pas fait l’amour qu’il se demandait s’il en était encore capable. Un bien piètre sauvage qui pourrait se montrer sexuellement décevant. Surtout à son âge et après toutes ces années d’abstinence… Agacé par le tour que prenaient ses pensées, il serra le volant à s’en faire blanchir les doigts.


L’arrêt de la voiture la tira de son assoupissement. Elle ouvrit les yeux et constata qu’elle était arrivée au chalet.



Pendant un instant, elle crut que Gérard allait accepter. Puis le visage du sexagénaire se figea et après un petit temps, celui-ci secoua la tête négativement, une petite moue triste aux lèvres.



Le refus poli la navra. Elle accepta la décision. Insister aurait été déplacé. Elle cacha sa déception sous un sourire qui se voulait chaleureux.



Pendant un instant, il se demanda s’il ne devait pas changer d’avis et accepter l’invitation que venait de lui faire Maryse. Il se ravisa avec la pénible sensation qu’une chape de plomb lui était tombée sur la nuque et les épaules. Il fit marche arrière et repartit en regardant Maryse dans le rétroviseur. Son cœur se contracta péniblement lorsqu’il la vit s’engouffrer dans le chalet avant de disparaître à l’intérieur…


Lorsqu’elle rentra dans la salle de bain, son reflet dans le miroir lui déplut. Ses cheveux ébouriffés, son visage maculé, ses traits tirés n’avaient rien de séduisant. Pensive, elle retira la pince retenant ses cheveux et les démêla en y passant les doigts. En un tournemain, elle se débarrassa de ses vêtements sales qu’elle laissa en tas sur le sol. Dans un élan irréfléchi, elle se mit de profil et se contempla avec attention. Elle n’était pas à l’image de l’archétype de la femme mince et élancée que mettaient en exergue les magazines de mode. Pourtant, elle ne regrettait pas ses formes pulpeuses et épanouies, même si son mari semblait ne plus les remarquer. Un mari ? Peut-être aux yeux de la loi, songea-t-elle avec mélancolie. Ce dernier ne la considérait plus comme une femme à part entière, mais comme un partenaire indispensable à la bonne marche de leur foyer. Ennuyée par le tour que prenaient ses pensées, elle entra dans la cabine de douche…


Gérard se sentait déchiré entre l’envie de faire demi-tour pour aller retrouver Maryse et celle de mettre le plus de distance entre eux deux. Comment cette femme pouvait-elle exercer une telle attraction sur lui ? Il déglutit péniblement et se força à refréner la bouffée de désir qui l’assaillait. Il avait succombé à son charme sans pouvoir ne rien y faire. Il ne se rappelait pas avoir éprouvé un tel bouleversement émotionnel et cela l’effrayait. Sa vie tranquille, bien rodée, lui convenait. Il n’allait quand même pas tout risquer pour courir après une chimère. Quel avenir pouvaient-ils avoir ensemble ? Pourtant, il n’arrivait pas à se raisonner, à renoncer. Le souvenir de Maryse était tellement poignant en lui qu’il en avait eu mal au cœur. Comment oublier la sensualité chaude, presque enivrante qui se dégageait de sa silhouette ? Comment oublier cette étrange impression de la connaître ? Comme si c’était elle qu’il attendait depuis toujours… sans en avoir conscience, il freina brusquement pour faire demi-tour. Les pneus crissèrent bruyamment sur le macadam alors que la voiture s’arrêtait en tanguant dangereusement. Et s’il faisait fausse route ? Et si Maryse ne partageait pas ses sentiments et repoussait ses avances ? L’angoisse l’étreignit tandis qu’il repartait en sens inverse…


Alors qu’elle s’apprêtait à se coucher, elle entendit frapper à sa porte. Son cœur se mit à battre inexplicablement. Quand les coups retentirent à nouveau, elle enfila fébrilement son déshabillé et se précipita vers l’entrée. Ses mains tremblaient tellement qu’elle dut se reprendre à plusieurs reprises pour ouvrir le verrou puis la porte. Lorsqu’elle vit Gérard sur le seuil, elle crut qu’elle rêvait tant ce qu’elle voyait lui paraissait irréel. Le visage de Gérard resplendissait sous le clair de lune. La brise nocturne faisait frissonner ses cheveux argentés et ses grands yeux profonds luisaient. Lorsque son regard croisa le sien, elle eut l’impression qu’une flamme brûlante l’embrasait tout entière et elle se laissa consumer par la chaleur du regard sans pouvoir y résister.



Elle était tellement troublée par la situation qu’elle ne put rien répondre. Gérard s’approcha lentement d’elle, tout près d’elle. Cette soudaine proximité aurait dû la faire reculer. Pourtant, elle ne bougea pas. Cette situation la plongeait dans un émoi si exaltant qu’elle en avait perdu tout discernement. Gérard continuait à lui parler doucement, mais submergée par l’émotion, elle ne comprenait pas ce que celui-ci lui disait. Leurs visages étaient très proches, trop proches. Mais elle ne voulait pas le repousser. Au contraire, elle désirait ardemment ce qui allait se passer. Et tant pis pour les conséquences.



Gérard sentait son cœur battre à tout rompre. Il redoutait et en même temps, convoitait ce qui arrivait. Le moindre mouvement malencontreux pourrait effrayer Maryse. Sa main effleurait doucement le bras frémissant de cette dernière. Un bras qui ne se dérobait pas. Leurs regards se lièrent et sous l’effet d’une soudaine impatience, il l’enlaça délicatement et s’empara des lèvres qui semblaient s’abandonner. Il ressentit une vive émotion dès le premier contact, une émotion à la fois intense et affolante qu’il ne se rappelait pas avoir déjà éprouvée.


Au début, Maryse tenta de résister à l’espèce d’exaltation qui la soulevait comme une vague incontrôlable. Mais elle ne pouvait résister à un tel déferlement de tendresse, à la douceur de la bouche qui caressait la sienne, ponctuant ses effleurements de baisers aussi légers qu’un souffle. Elle comprit qu’elle était vaincue, qu’elle allait céder et qu’elle allait commettre l’irréparable avec cet homme. Alors, elle ne chercha plus à résister à cette incroyable passion vertigineuse qui la submergeait. Elle tirait un plaisir sans nom du corps qui se pressait contre le sien. Elle avait l’impression que Gérard l’enveloppait de son essence même. Elle était imprégnée de sa chaleur, de son odeur. Et ce trouble stupéfiant faisait voler en éclats toutes ses barrières.



Un murmure inaudible, presque une supplique, qui semblait venir de si loin.



Le reste de sa phrase s’effaça brusquement de son esprit embrumé, tandis que leurs lèvres se soudaient à nouveau avec passion. Le choc du plaisir engendré par ce baiser la secoua de la tête au pieds. Leur étreinte se fit plus pressante. Leurs lèvres se caressaient, leurs langues s’entremêlaient en un ballet aussi sensuel que fébrile. Avec Gérard, c’était si tendre, si intense à la fois. Elle avait envie de se laisser envahir par celui-ci, de le goûter, de le savourer. Brusquement impudique et audacieuse, elle plongea sa langue au cœur de la bouche brûlante et enfouit ses doigts dans la chevelure sel et poivre du sexagénaire. Les mains de celui-ci remontèrent lentement, délicieusement, le long de son dos avant de l’enlacer avec ardeur. Elle voulait beaucoup plus que cela. Elle voulait Gérard tout entier contre elle, en elle. Elle en tremblait d’impatience. Elle était comme envoûtée, vivant ardemment le moment présent. Plus rien ne comptait ! Juste ce désir de plus en plus impérieux que lui transmettait le corps d’homme qui épousait le sien. Comment un tel ravissement pouvait-il exister ?



Ses seins avaient durci d’excitation sous le tissu de sa chemise de nuit. Ses sens semblaient avoir décuplé et son corps la brûlait, à croire qu’un brasier inextinguible s’était déclenché en elle. Elle laissa échapper un bref gémissement lorsque Gérard lui dénuda une épaule, faisant glisser son déshabillé le long de son bras. Les paumes et les mains possessives effleuraient maintenant ses épaules, son cou. La caresse était si délicieusement intense qu’elle en fut transportée sans pouvoir ni vouloir y résister.


Toute appréhension envolée, Gérard embrassait et caressait Maryse. Jamais il n’aurait imaginé qu’étreindre une femme comme elle pouvait être aussi simple, aussi naturel. Lui qui craignait ne plus savoir, ne pas être à la hauteur ! Maryse s’offrait sans pruderie, pleine de spontanéité. Sa sincérité l’encourageait, l’enhardissait, lui donnait des ailes. Il savourait la pression de ses seins durs contre son torse, le frôlement de ses hanches, le frémissement de son corps contre le sien. Il l’attira plus étroitement contre lui, goûtant la chaleur de son corps vibrant de désir.


Les yeux clos, Maryse renversa la tête en arrière pour mieux savourer la douceur satinée des lèvres sur son cou, sur le haut de sa gorge avant de presser, dans un élan impatient, sa bouche contre celle tant convoitée. Le baiser provoqua en elle le même mélange d’euphorie que les deux premiers et elle se laissa emporter vers des contrées de sensualité insoupçonnée. Palpitante, son corps fiévreusement rivé à celui de Gérard, sa langue nouée à celle qui explorait la profondeur intime de sa bouche, elle était assaillie par un désir fou, par une envie irrépressible.


Il était en feu, tout son corps incandescent. Ses lèvres, ses mains, tout son être réclamaient davantage. Alors il lâcha la bride de son désir. En un tour de main, il retira le déshabillé, fit glisser les fines épaulettes de la chemise de nuit le long des bras avant d’empaumer la douceur satinée des seins. L’excitation se répandait dans tout le corps de Maryse avec une telle force qu’elle avait perdu toute notion de temps et d’espace. Elle n’avait plus qu’une chose en tête : être comblée. Elle voulait Gérard en elle, au plus profond de son être, qu’il assouvisse le désir lancinant qui la taraudait. Jamais elle ne s’était sentie aussi audacieuse, aussi libre. Comme mues par une force propre, ses mains défirent la ceinture de son amant, descendirent la fermeture-Éclair du pantalon pour libérer le sexe qu’elle convoitait tant. Elle le prit dans la main, il était chaud, palpitant. Elle commença à la caresser pour lui insuffler toute l’ardeur nécessaire à la torride étreinte qu’elle convoitait plus que tout. Gérard gémit et se jeta sur ses seins dénudés gonflés d’excitation qu’il se mit à lécher, sucer, mordiller avec frénésie.


Une vague d’excitation d’une violence insoupçonnée la balaya tandis que la bouche, la langue parcourait avec voracité sa poitrine en feu. Jamais elle n’avait ressenti une telle envie de faire l’amour. Son corps ne lui appartenait plus, il était à Gérard. Lui seul pouvait la combler, apaiser l’immense brasier qui la consumait. Elle accéléra sa caresse. L’érection avait pris toute sa vigueur, dure, brûlante, enfin prête à la faire défaillir de plaisir. Elle poussa un petit cri lorsqu’une main se nicha entre ses cuisses, là où elle avait le plus envie. La douce pression des doigts sur la dentelle humide de sa petite culotte lui fit l’effet d’une déflagration. Elle se mordit violemment la lèvre inférieure pour ne pas se laisser emporter par la jouissance qui était sur le point d’éclater.


Ivre de désir, Gérard laissa un instant sa main explorer la féminité bouillante à travers le tissu puis, n’y tenant plus, laissa ses doigts se glisser sous la fine dentelle. Il exulta en constatant à quel point Maryse était moite, accueillante, prête à le recevoir. Son désir atteint un tel paroxysme qu’il en tremblât de la tête au pied. Il avait l’impression d’avoir retrouvé ses vingt ans, d’être redevenu le vigoureux jeune homme plein de sève qu’il avait été jadis. Rien ne pouvait plus l’arrêter…



Il lui fallut quelques instants pour comprendre l’injonction de sa partenaire tant son esprit était obstrué par le désir. Ce fut comme une déchirure lorsqu’il s’obligea à mettre fin à ses caresses. Jamais il n’avait ressenti une telle envie de faire l’amour. Son sexe raidi comme jamais pulsait douloureusement. Tout son corps convoitait Maryse. Elle seule pouvait assouvir la faim dévorante qui l’assaillait. Un mélange de déception et de frustration lui broya le cœur lorsque la main lâcha son sexe. La peur que tout s’arrêtât fit refluer son excitation. Et lorsque Maryse l’entraîna vivement dans la chambre, le soulagement le libéra de l’étau qui lui comprimait la poitrine. Puis tout s’accéléra et il se retrouva bientôt nu, allongé sur le lit et couché sur le dos, Maryse, elle aussi toute nue, s’installa à califourchon sur lui, tête-bêche, ses seins durs lui pressant le ventre.


Comment se risquait-elle à une telle position, elle n’aurait pu le dire. Tout avait été si vite, tout était si confus. L’excitation lui embrumait l’esprit, son désir était extrême. Elle était prête à tout pour assouvir la passion dévorante qui l’avait engloutie. Toute prudence, toute retenue semblaient l’avoir désertée. Rien d’autre ne comptait que son besoin lancinant de volupté que seule une étreinte hors norme pourrait apaiser. Elle désirait Gérard et rien ne pourrait l’empêcher de se donner à lui. Elle en vibrait d’impatience, était prête à toutes les extrémités pour combler son envie insatiable. Tout son univers était rempli par son amant. Le souffle rauque de ce dernier qui haletait entre ses cuisses, la chaleur de sa peau contre la sienne, la perspective de la passion qu’ils allaient partager amplifiaient son avidité charnelle, le besoin irrépressible qui la dévorait. Elle voulait que ce moment soit fabuleux, inoubliable aussi bien pour Gérard que pour elle et elle était prête à tout pour que cela se réalisât.


Gérard poussa un long gémissement lorsqu’il sentit l’écrin chaud de la bouche lui entourer le sexe qui retrouva toute sa puissance. Le rythme de leurs bouches, de leurs langues et de leurs doigts s’accorda. Le visage rivé au sexe offert, il répondait à chaque caresse, à chaque effleurement, prodiguant à Maryse le même plaisir que celle-ci lui donnait. Ses lèvres, sa langue et parfois un doigt fiévreux affolaient, caressaient et lapaient les chairs tendres et mouillées que sa bouche gobait avec frénésie. Le parfum entêtant et grisant qui l’emplissait, lui montait à la tête, lui donnait le vertige. Il n’avait jamais vécu pareille merveille. Ivre de plaisir et de désir, il faisait tourbillonner sa langue dans les plis troublants de la vulve incandescente qui s’offrait totalement à lui, titillant le petit bourgeon turgescent, se réjouissant de chaque gémissement, de chaque tressautement que ses caresses provoquaient…


Au comble de l’excitation, embrassée par les caresses qui lui étaient prodiguées, galvanisée par les gémissements qui lui parvenaient, elle continuait sa fellation avec une audace inouïe. Elle trouvait instinctivement les gestes qui convenaient, massant délicatement les testicules de ses paumes, alternant le va-et-vient de sa bouche et de ses doigts, intensifiant ses affolantes caresses au rythme des halètements de plus en plus saccadés qui émanaient de Gérard. Survoltée, elle était déterminée à aller le plus loin possible, elle voulait le faire basculer, le faire jouir, sentir sa semence lui envahir la bouche.



Sans lui laisser le temps de réagir, Gérard se dégagea et elle roula sur le côté, pour se retrouver allongée sur le ventre. Avant même qu’elle puisse réagir, la bouche de son amant commença à déposer une myriade de baisers le long de sa colonne vertébrale, sur ses fesses, à l’arrière de ses genoux, au creux de ses chevilles, avant de remonter le long de ses jambes pour atteindre l’intérieur de ses cuisses. C’était trop… Elle n’en pouvait plus… Tout devint confus lorsqu’elle sentit la langue s’immiscer dans son sexe, effleurer son clitoris avant de remonter entre ses fesses maintenues ouvertes pour aller titiller le point le plus secret de son anatomie en une caresse à la fois inédite et terriblement érotique. Tout s’enchevêtra et elle perdit définitivement pied. Elle se mit à gémir sans restriction. Elle haletait, poussait de petits cris, suppliait. De continuer. D’arrêter. Que c’était mal qu’ils ne devraient pas… que c’était délicieux, qu’elle lui appartenait. Au premier spasme, elle se cambra et crut mourir. Elle referma ses paumes sur le drap et s’y agrippa avec violence. Dans un réflexe involontaire, elle ouvrit les yeux et fut absorbée par le regard de Gérard qui scintillait de mille feux. Tout chavira autour d’elle, autour d’eux. Haletante, elle flottait en état d’apesanteur… loin de tout… près d’un paradis unique et merveilleux. La tenant serrée contre lui, Gérard continuait à la caresser de sa langue, la menant au bord de l’évanouissement sous les vagues de plaisir.


En proie au désir le plus total, elle voulait que Gérard prenne possession d’elle, comble enfin l’espèce de béance qui s’était creusée dans son ventre. Plus rien ne comptait que ce désir de plus en plus pressant de se sentir pleine du corps bouillant collé au sien. Elle voulait jouir avec lui.



Poussée par une envie irrépressible, elle se retourna vivement sur le dos en écartant les jambes. Ses mains se tendirent et d’un geste vif, elle attira Gérard plus intimement à elle. Elle sentait avec une incroyable acuité l’érection dure se presser et pulser contre son bas-ventre. Le souffle coupé, elle s’arqua contre son amant, trouvant instinctivement les gestes immémoriaux pour le guider vers la moiteur accueillante de sa féminité, soulevant ses hanches pour mieux s’offrir à lui. Le regard plein de passion avec lequel la contemplait Gérard au-dessus d’elle emplit tout son champ de vision. Le temps sembla se suspendre. Ils restèrent ainsi, le souffle coupé d’émotion contenue, parfaitement immobile.



Elle le voulait en elle. Tout de suite. Sans retenue. Gérard gémit et, sans la quitter des yeux, donna un léger coup de reins. Elle entendit un long feulement et réalisa que c’était le sien tandis qu’une chaleur insupportable sembla monter de son ventre. Une chaleur provoquée par le sexe qui s’enfonçait en elle. Ses doigts agrippèrent le drap tandis que le ventre de Gérard fusionnait avec le sien en la brûlant presque. Elle avait envie de sentir son amant s’enfoncer plus profondément en elle et n’avait plus qu’une obsession : jouir avec lui. Elle voulait se sentir pleine de lui. Elle se donnait sans restriction. Elle le laissait l’accaparer. Plus rien n’existait d’autre que le besoin incommensurable qu’elle avait de lui. Il la remplissait, la comblait. Son corps ruisselait, son ventre se liquéfiait tandis que ses seins gonflés à l’extrême semblaient être sur le point d’éclater comme deux fruits trop mûrs. Gérard la possédait avec vigueur. Pourtant elle avait besoin de plus encore. Elle projeta son bassin en avant pour s’empaler plus profondément. Le rythme devint plus rapide, plus violent. Le plaisir monta, enfla jusqu’au paroxysme, les emmenant aux portes de l’extase. Jamais elle n’aurait pu croire qu’un tel phénomène puisse exister. Aucun mot n’était suffisamment approprié pour décrire la force mystérieuse qui l’avait littéralement engloutie. C’était comme si elle avait été téléportée dans un monde de pures sensations, folles, intenses, enivrantes. Déraisonnables. Plus rien, ni la peur, ni la honte, ni la raison ne pouvaient contenir cette exaltation qui l’avait submergée, déferlant en elle de toute sa puissance dévastatrice en la menant tout droit au paroxysme de son plaisir. Elle crut défaillir tandis qu’un kaléidoscope de couleurs lui emplit le champ de vision et qu’elle se sentit projetée dans un monde de pures sensations où seul comptait l’assouvissement de son désir. Chaque poussée de Gérard la rapprochait de l’orgasme. Gérard accrut le tempo la projetant dans une tourmente de sensations plus délicieuses les unes que les autres jusqu’à ce qu’elle en perde conscience.


Lorsqu’elle retrouva ses esprits, Gérard était lové contre son dos, le ventre collé à ses fesses. Il caressait doucement sa hanche. Jamais elle ne s’était sentie aussi bien. Elle aurait dû être assaillie par les remords et pourtant, ce qui venait de se produire la soulageait, la libérait. Le hasard, en lui faisait croiser la route de Gérard, avait précipité ce qui se serait de toute façon produit tôt ou tard. Une improbable rencontre en montagne, en plein milieu d’un orage. Mais ne dit-on pas que le destin finit toujours par réunir les cœurs faits pour s’accorder ? Qu’allait-il se passer ensuite… demain ? Bizarrement, cela ne l’inquiétait pas vraiment. Et si elle était tombée enceinte ? Elle chassa cette question inopportune de son esprit. Tout ce qu’elle désirait maintenant, c’était de profiter pleinement de l’instant présent, de ce moment de pure félicité. Elle n’osait pas bouger par peur de mettre fin à cet enchantement. Allongée sur le côté, en chien de fusil, Gérard l’enlaçant par-derrière, leurs deux corps s’épousant à la perfection, elle vivait intensément le moment présent. La chaleur qu’irradiait le corps masculin blotti contre elle la plongeait dans un trouble exquis et son odeur d’homme l’envahissait comme l’effleurement d’une douce caresse. Elle ressentait chaque vibration du corps contre le sien, le battement régulier du cœur à l’unisson du sien. Elle avait l’impression de partager une sorte d’harmonie, de plénitude, comme si unis l’un à l’autre dans un même bonheur, rien ne pourrait jamais plus les séparer. Incapable de contenir l’émotion qui la submergeait, elle ouvrit la bouche et la referma juste après, ne trouvant pas les mots adéquats pour exprimer ce qu’elle voulait dire. Comment dire à Gérard qu’elle n’avait jamais rien connu de comparable et qu’elle brûlait de renouveler l’expérience ?


Gérard dut le deviner, car il se pressa plus intimement contre elle en déposant sur son épaule, au creux de son cou, un délicieux baiser. Un baiser qui sonnait comme une demande… Un frisson d’excitation la parcourut tandis qu’elle sentait contre ses fesses la verge durcir et se redresser par petits à-coups. Le désir et l’excitation qui n’avaient jamais cessé de couver en elle s’embrasèrent instantanément. N’y tenant plus, elle souleva légèrement la jambe pour l’accueillir en elle. Une position tendre et romantique qui la troublait énormément et à laquelle elle avait rêvé moult fois, mais qu’elle n’avait jamais pu expérimenter avec son mari. Une position où les deux corps, délicieusement emboîtés l’un à l’autre, presque soudés, n’en devenaient plus qu’un. Le sexe s’enfonça sans difficulté en elle, de toute sa longueur, tant elle le désirait, tant elle était mouillée. Ils restèrent un instant immobiles, silencieux, savourant leur union, prolongeant ce moment de bonheur parfait. Le temps n’avait plus d’importance. Aucune précipitation, juste un langoureux voyage dont elle conserverait chaque moment, chaque sensation au plus profond de son cœur. Elle adorait sentir le contact de la main sur son ventre, la chaleur du torse contre son dos, le lent va-et-vient en elle, entendre le souffle rauque à son oreille, se laisser envahir par la présence de Gérard qui l’enveloppait dans un cocon de tendresse où il n’y avait plus qu’eux deux. Un moment unique, prodigieux qu’elle aurait aimé prolonger indéfiniment. Elle noua ses doigts à ceux de son partenaire en se délectant de cette position à la fois exquise et incroyablement érotique. Gérard, collé contre son dos, accélérait progressivement le rythme. Chaque fois que sa verge reculait, ses chairs intimes se contractaient comme pour le retenir, et s’ouvraient lorsqu’il avançait pour l’emplir à nouveau. Un va-et-vient ample, profond, sans à-coup, qui la comblait et lui procurait des sensations inimaginables qui l’entraînaient inexorablement vers le plaisir. Jamais elle n’aurait espéré vivre un moment aussi fabuleux, aussi intense, aussi singulier.


Comment une telle harmonie, un tel enchantement pouvait-il exister ? Comment avait-elle pu passer à côté de ce ravissement durant toutes ses années de vie conjugale ? Pourquoi avait-il fallu que ce soit un inconnu qui le lui fasse découvrir ? Un inconnu qui semblait tout connaître sur la façon de lui faire l’amour, un homme que chaque cellule de son corps réclamait. Jamais elle n’avait ressenti un tel accord, une telle complicité amoureuse. Elle s’enivrait de chaque instant, du plaisir qui montait inexorablement en elle. Des larmes de bonheur coulaient des yeux sans qu’elle puisse les retenir. Alors elle attrapa la main de Gérard et la pressa sur son ventre. Ce dernier comprit son message et accéléra progressivement. Le plaisir redoubla, atteignant des sommets insensés. Ils ondulaient ensemble, à l’unisson, repoussant autant qu’ils le pouvaient, le moment de céder à la jouissance.


Sentant soudain Gérard reculer, elle allait protester quand ce dernier donna un vigoureux coup de reins et la pénétra au plus profond d’elle. Une onde de chaleur se propagea en elle à la vitesse de l’éclair et la propulsa vers les cimes du plaisir. D’intenses pulsations de plus en plus rapides la parcouraient tout entière. Elle avait une conscience aiguë du sexe en elle, de la main qui lui caressait le ventre, du corps collé à son dos et qui semblait vouloir fusionner avec le sien. D’un coup, les halètements de Gérard s’accélérèrent, devinrent plus saccadés. Celui-ci se mit à trembler. Au moment où elle sentit que son amant allait partir, un nœud se défit au creux de son ventre et, poussant un long râle, elle explosa en même temps que son partenaire, jouissant une première puis une seconde fois, puis encore et encore avec une violence et une intensité dont elle ne soupçonnait même pas l’existence. L’extase déferlait par vagues successives, revenant sans cesse. Puis elle sombra dans l’état d’alanguissement qui suit la jouissance…


Lovée dans les bras de Gérard, elle mit du temps avant de retrouver ses esprits. Elle venait de vivre une expérience incroyable, intense, encore inimaginable une heure auparavant. Pendant un instant, au paroxysme du plaisir, elle avait eu l’impression de se fondre en Gérard, de devenir lui, de ressentir ce que ce dernier éprouvait, de ne vouloir rien d’autre que de partager le même bonheur. Trop bouleversée pour parler, elle ferma les paupières, en se blottissant plus étroitement contre Gérard, leurs jambes entrelacées, leurs mains nouées, cherchant à prolonger à l’infini le sentiment de plénitude qui l’habitait…