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n° 20388Fiche technique163223 caractères163223
Temps de lecture estimé : 94 mn
25/07/21
Résumé:  J’ai rencontré Jean-Arthur sur le net. Ce sémillant médecin octogénaire cherchait une co-autrice. La lourdeur de son style et le peu de place qu’il me laissait m’ont découragé. Mais il m’a invitée à passer une semaine de vacances avec lui...
Critères:  fhhh hplusag jeunes couleurs vacances plage sauna cérébral voir exhib confession
Auteur : Elodie.S  (jf 33ans elevant seule ses enfants)      
Le Vieil Homme et la Mère




1. Les préparatifs


À peine la porte refermée, je me précipite dans ma chambre. Ma valise, vide, gît sur mon lit. Je n’ai adressé à la harpie qui a été six ans ma belle-mère que quelques phrases, des recommandations pour les enfants. Mon ex-beau-père, le seul avec lequel j’ai de bonnes relations dans cette famille, n’est pas descendu : il attendait dans sa voiture, car il stationnait en double file. Dès que mes petits sont absents, je sens comme un grand vide.


Le problème cornélien auquel je dois faire face ? Que mettre dans sa valise quand on part pour une semaine dans un village naturiste comme Le Cap d’Agde ? J’y suis déjà allée, il y a six ans, quand notre couple commençait à battre de l’aile. Mon ex avait cru qu’un week-end prolongé du 14 juillet là-bas pourrait le requinquer. Cela ne servit strictement à rien !


Plusieurs choses m’avaient marquée durant ce séjour. D’abord, la nudité intégrale n’est pas réservée qu’aux corps qui la mériteraient. J’ai vu plus de seins tombants sur les nombrils, de fesses regorgeant de cellulite, de bedaines peu appétissantes que d’apollons ou de naïades physiquement attractifs. Le nombre d’étrangers, allemands surtout, mais aussi hollandais et anglais, était impressionnant. Les fesses nues se dandinant entre les rayons du Petit Casino m’avaient étonnée. Et puis, je dois l’avouer, tous ces sexes masculins au repos qui pendouillaient me surprirent sans pour autant me porter à m’extasier sur leurs formes et leurs dimensions. Cela fut pour moi une leçon d’anatomie grandeur nature. Je ne m’imaginais pas que certains avaient les bourses qui ballottaient en se balançant et que d’autres les portaient près du corps. Et les contours des membres qui s’agitaient en marchant ou en sautant dans les vagues étaient très divers. Certains rentraient presque complètement dans le ventre de leur propriétaire, alors que d’autres avaient une longueur impressionnante même au repos. Certains étaient velus comme des ours et d’autres complètement glabres. Toutes ces images sont restées très vivantes dans mes rétines.


Mais elles ne règlent pas mon problème : que mettre dans ma valise, à part mes produits de beauté et de la crème solaire ? Un maillot, au cas où… Des dessous coquins, je sais qu’il aime ça, surtout les porte-jarretelles et les bas à couture. Une paire de nuisettes un peu coquines. Des robes de plage peut-être, et d’été aussi, au cas où nous ferions un peu de tourisme alentour. Le short ultra-mini en jean noir, type « fesses-down », que j’ai acheté hier en solde sous le regard gourmand de ma copine Sandrine, envieuse de mon audace, une mini-jupe en cuir noir que je porterai avec une large ceinture et un caraco rouge. Enfin, une robe de soirée noire qui a fait de l’effet chaque fois que je l’ai mise : fendue haut sur la cuisse, elle a un profond décolleté en V. Pour une fois, une seule valise suffira.


J’ai fait un saut chez l’esthéticienne, pour une épilation de mon minou ; après réflexion, j’ai opté pour l’éclaircissement de mon ticket de métro, puisqu’il sait que j’en ai un. Je trouve cela plus troublant que l’absence totale de poils pubiens. J’ai fait aussi un tour chez le coiffeur, afin de raccourcir ma chevelure et éviter ces inesthétiques bouclettes qui apparaissent quand je suis au bord de la mer après la baignade. Je me sens prête et appelle un Uber pour me rendre à la gare.


Le trajet ferroviaire, même en TGV, paraît interminable, et je me remémore les différentes étapes de mon histoire avec JA. J’ai pris contact avec ce frétillant octogénaire, marié depuis plusieurs dizaines d’années avec la même femme, à travers une petite annonce publiée sur un site d’histoires coquines. Il cherchait une correspondante féminine pour coécrire un roman léger. En fait de co-écriture, j’ai eu la part du pauvre. Son imagination, sa créativité ont été telles que j’ai été engloutie ! Il a multiplié les personnages, les scènes salaces, les anecdotes dans des phrases sans fin qui rendent « notre » œuvre particulièrement lourde à lire. Il est pourtant convaincu que celle-ci mériterait le Goncourt de l’érotisme !


Mais, au cours de cette relation, je me suis peu à peu attachée à lui. Professeur de médecine mondialement connu, émigré dans le nord de la France, j’apprécie son humour, sa grande culture littéraire et cinématographique, son don pour les langues. Naturellement, tout en m’ayant très aimablement prévenue que la maladie l’a rendu impuissant, il a ensuite voulu aller plus loin, me vantant son incroyable collection de sex-toys récoltés sur les sites pornographiques qu’il visite quasiment tous les jours, puis exigeant un contact visuel par Zoom. Consciente qu’il exigerait de moi un strip-tease en règle avec captures d’écran, si je devais accepter, j’ai décidé d’en référer à mon groupe de copines, source inestimable de bons conseils. Elles ont été pratiquement toutes défavorables à l’idée de céder à sa requête. Il l’a très mal pris, allant jusqu’à les traiter de vieilles rombières, alors que la plus âgée a quarante ans de moins que lui.


Mais je ne veux pas que ma relation avec lui s’achève en queue de poisson. Et, quand il m’a proposé, au hasard des deux ou trois mails quotidiens que nous échangions entre nous, de venir le rejoindre pour des vacances début août dans un hôtel **** au Cap d’Agde, j’ai accepté.


Cela me distraira de ma routine habituelle et je le verrai autrement que virtuellement. J’aurai mon mot à dire sur les photos qu’il fera de moi. Plus mon TGV s’approche de sa destination, plus je sens une sourde angoisse me prendre le ventre. Vais-je être à la hauteur de ses attentes ? Ne l’ai-je pas idéalisé ? J’occupe un coin fenêtre dans le sens de la marche, un des quatre sièges disposés en carré, avec une voisine à ma gauche plongée dans la lecture de L’Anomalie, Goncourt 2020, dont elle ne décollera pas jusqu’à l’arrivée à Montpellier. Je ne peux ignorer les coups de coude et les regards égrillards des deux adolescents assis en face de moi, qui depuis le départ ne cessent de me mater les cuisses dès que je les découvre un peu par mégarde. Si j’avais eu à avoir des doutes, j’ai la certitude maintenant que ma tenue ne laisse pas la gent masculine indifférente. Pour me détendre, je file aux toilettes pour refaire mon maquillage. En me regardant dans le miroir, une étrange inspiration me prend : j’ôte mon soutien-gorge et le glisse dans mon sac. Ce sera ma surprise pour JA. C’est osé, car ma petite robe me colle comme une seconde peau, révélant les contours de ma poitrine. Mais nous voilà en gare de Montpellier…

J’ai quinze minutes d’attente pour ma correspondance. Je m’attable à la terrasse du buffet de la gare et me désaltère d’un Perrier bien frais. Je regarde la foule des vacanciers qui s’agite autour de moi. C’est un peu la cohue. Mes deux cerbères du train se sont installés juste en face de moi. J’ai un peu l’impression d’être un gâteau dans la vitrine d’une pâtisserie que regardent deux ados affamés. C’est à la fois flatteur et agaçant. L’un d’eux, prenant son courage à deux mains, m’accoste :



L’annonce du départ de notre train interrompt leurs travaux d’approche. J’ai quand même pu noter que, si mes cuisses les intéressaient depuis Paris, c’est mon buste qui attise leur gourmandise depuis mon tour aux toilettes. D’autorité, ils prennent ma valise pourtant dotée de roulettes et s’installent, l’un à côté de moi, l’autre en face. J’ai droit à un interrogatoire en règle pendant la demi-heure que dure le trajet. Oui, je suis déjà venue au Cap. Non, je ne connais pas l’Amnésia, ni le Cubana, ni le Hush, car je ne suis jamais allée en boîte là-bas. Je leur avoue aussi ne pas connaître le Tantra, le Glamour ou Histoires d’O, où, m’annoncent-ils, je peux changer de partenaire(s). Oui, j’ai un ami qui m’attend (ce qui semble les décevoir), etc. C’est tout juste s’ils ne me demandent pas à quel âge j’ai eu mes premières règles ou perdu ma virginité ! Je me dis qu’au moins, si ma rencontre avec JA tourne au fiasco, je saurai qui pourra m’héberger provisoirement, même si je n’aime pas trop les campings surpeuplés.


Je leur délivre enfin un sourire d’acquiescement approbateur quand ils me proposent de me conduire au Cap jusqu’à l’hôtel, car leurs copains viennent les chercher en voiture. En effet, deux gars bronzés et décontractés les attendent sur le quai. Ils tombent dans les bras les uns des autres et me regardent avec incrédulité lorsqu’ils apprennent qu’ils doivent me convoyer. Ils émettent de petits sifflements admiratifs et disent aux nouveaux arrivants comme si je n’étais pas là :



Voilà bien dix ans que je n’étais pas montée dans une 4L ! Après avoir mis un peu d’ordre dans le bazar du coffre de leur voiture pour y placer avec peine ma valise (que je ne trouve pourtant vraiment pas très grosse), nous prenons la route du Cap ; la bagnole brinqueballe tellement que j’ai l’impression qu’elle va exploser à tout moment. Je suis coincée à l’arrière entre deux gaillards, celui qui a l’air d’être le chef et qui m’a installée d’office à sa droite, et le plus entreprenant de mes mateurs du train. Serrée comme je le suis, il m’est impossible d’éviter les contacts étroits. Mon voisin de gauche a passé son bras par-dessus de mes épaules « pour faire plus de place » selon lui, et sa main vient se poser sur ma poitrine à chaque chaos ; plus nous roulons, plus elle se fait de plus en plus lourde. Quant à celui de gauche, il n’hésite pas à coller sa cuisse à la mienne. À plusieurs reprises, je dois tirer sur le bas de ma robe que ce contact direct relève dangereusement. C’est pire que le métro aux heures de pointe. Nous parcourons poussivement les quelques kilomètres à la vitesse maximale du véhicule, guère plus qu’une trentaine de kilomètres/heures.


Nous arrivons enfin devant le perron de l’hôtel Oz Inn où le portier me regarde descendre avec sidération. Il n’a jamais dû voir des clientes arrivant en 4L hors d’âge, escortées de quatre jeunes gaillards. Après leur avoir promis que je passerai les voir à leur club dans un proche futur, je pénètre dans le fastueux hôtel, un océan de fraîcheur et de calme après l’épopée que je viens de vivre.




2. Un merveilleux accueil



Ainsi donc, je ne rêve pas. Elle est là, droite et fière, légèrement penchée sur le comptoir du concierge du Oz Inn où je l’ai invitée à me rejoindre pour quelques jours d’idylle, à inventer de A à Z. C’est bien la femme, quintessence de la Parisienne élégante et distinguée sans vulgarité ni outrance dans sa silhouette, d’un bon mètre soixante-cinq que j’imaginais d’après les photos de jeunesse qu’elle m’avait envoyées il y a déjà presque six mois de cela. Déjà ! Dois-je regretter qu’elle se soit fait couper les cheveux un peu à la garçonne ? Il n’y a pourtant rien de masculin dans ses traits. C’est une vraie blonde, enfin une chevelure châtain clair qu’égayent quelques mèches éclaircies qui lui adoucissent le regard. Ses yeux sont couleur d’ambre avec une coquetterie inattendue : du vert, du bleu et du noir, dans un triangle vairon qui lui confère une originalité qu’elle souligne par un maquillage des plus discrets. Nous sommes en été et il fait dans les 32° Celsius le soir sur la terrasse. Sa peau est légèrement hâlée. Sportive, elle l’est… ou du moins, elle le fut comme en témoigne un restant de musculature souple qui se dessine sous sa peau. Il lui reste une souplesse dans sa démarche qui lui fait tendre les muscles des mollets bien ronds sur ses fines chevilles que rehaussent des talons compensés de trois centimètres.


Comme toujours, mon examen des silhouettes commence par les extrémités. Une tête suivie d’un cou long et entouré d’un fin collier fait de lacets noirs fermés sur une paire de menottes en or blanc. Des pieds chaussés par des sandales rehaussées sur semelles de liège. Je remonte le long des jambes et - ô splendeur - ses hanches et son bassin sont ceux d’une femme bien en chair que les maternités n’ont pas trop déformée. Et je reste un long moment à contempler ses fesses, deux hémisphères quasiment parfaits qui ondulent en chaloupant alors que, me regardant, elle commence à avancer vers moi, le concierge lui ayant signifié que je me trouvais au pied de l’ascenseur du grand lobby. Sa robe lui colle à la peau. Porte-t-elle des dessous ? Avec cette chaleur, ils seraient plus gênants qu’utiles. Je ne devine même pas la saillie de fins élastiques soulignant le bord inférieur de ses fesses. Sa jeunesse sportive éclate lorsque je constate qu’il n’y a même pas une « goutte d’huile » qui rompe l’harmonie du demi-cercle soulignant les plis fessiers à leur jonction avec les cuisses. Cette jeune femme n’a pas une once de cellulite, j’en fais le pari et elle n’aura jamais besoin de botox, elle.


Mon regard reprend son ascension et, surmontant son ventre bien plat, s’attarde sur son décolleté en carré révélant plus que la naissance de ses deux seins au port altier séparés par une gorge étroite et profonde où seul mon médius pourrait s’infiltrer. Si je suis un inconditionnel de ses fesses, elle est visiblement fière de sa poitrine, bien ronde, haut perchée, tonique, et, malgré l’absence évidente de soutien-gorge, aussi ferme que deux gros demi-melons. Les aréoles, je les devine impatientes de sortir pour darder leurs mamelons bien droits vers les derniers rayons du soleil couchant. La sensualité de ce corps de déesse va faire des ravages lorsqu’elle ira, dès demain matin, livrer son corps nu au soleil devant la horde de naturistes de tous poils et de toutes les nationalités qui fréquentent cette station balnéaire.

Je devine que mon inspection visuelle poussée, après lui avoir plu dans un premier temps, l’agace ensuite. À regret, je cesse de l’ausculter et m’avance vers elle avec un grand sourire.

Au milieu du lobby, nous nous rapprochons l’un de l’autre. Je sens son parfum délicat, J’adore de Dior, j’en suis sûr.



Le groom de l’hôtel nous montre le chemin de nos appartements. Je vois Elodie de dos pénétrer dans sa chambre et sa silhouette s’effacer à mes yeux. Dieu, quelle belle paire de fesses ! Vivement ce soir ou demain que je les voie totalement libres à contre-jour sur la terrasse.




3. Une agréable soirée



La fatigue accumulée disparaît lorsque je constate le luxe avec lequel JA me reçoit. La chambre est vaste et lumineuse, avec un immense lit qui fait face à la terrasse. Celle-ci offre une vue magnifique, sur une grande piscine entourée de palmiers et, plus loin, l’immensité d’une mer bleu azur au bord de laquelle la plage forme un ourlet doré. La salle de bain est à l’unisson : une baignoire qui pourrait largement accueillir trois personnes et une vaste douche à l’italienne décorée de faïences bleues et blanches. Une fois nue, je m’y glisse avec délice et joue avec toutes sortes de commandes : jets massants, décontractants, brumisateur, etc. Je suis grisée, peu habituée à ces décors hollywoodiens.


Je réfléchis à ce que mes copines habituelles et Samia, une relation internet de JA avec qui j’ai correspondu, m’ont chaudement recommandé : l’envoûter, le charmer, mais ne lui accorder que très progressivement des privautés, afin de l’attacher à moi. C’est facile à dire, moins à réaliser ! J’ai l’impression de vivre un rêve, invitée tous frais payés dans un cadre luxueux, au bord de la mer, et sans vraiment avoir de contrepartie à donner puisqu’il se dit impuissant !


Après une longue séance où j’ai essayé tous les gadgets aquatiques disponibles, assise devant la coiffeuse d’angle, je me maquille avec soin. Je sens que JA est particulièrement sensible à l’esthétique féminine, je vais donc fournir un effort particulier pour lui, en forçant un peu tant sur le rouge à lèvres que sur le crayon à paupières. Se pose alors le délicat problème de décider que mettre. L’ambiance ne me paraît pas suffisamment sophistiquée pour justifier le port de ma robe de soirée noire. Je finis par opter pour un blazer à quatre boutons assez amples et une jupe grise couvrant les trois-quarts de mes cuisses, petit ensemble bon marché de chez Zara à la fois sport et chic. J’enfile un coordonné shorty et soutien-gorge sans armature La Perla, de couleur noire plutôt sexy. J’essaie un corsage blanc, mais, peu satisfaite, je me résous à porter mon blazer à même la peau. Peut-être apercevra-t-il de temps en temps un peu de dentelle. Un coup de peigne, un nuage de parfum, et me voilà prête.


J’ai faim. JA ne m’a pas formellement invitée à dîner ce soir, mais je n’ai aucune envie d’être seule. Je sors sur ma vaste terrasse et, à pas de loup, m’approche de la porte-fenêtre largement ouverte de la chambre de mon hôte. Je glisse un œil curieux et le découvre penché sur un petit bureau, feuilletant un gros livre. Sûrement un traité de médecine, me dis-je. Quand on a été un ponte, professeur émérite reconnu par le monde entier, on ne lâche pas son sujet ! Il est vêtu d’un bermuda et d’un polo beige très élégants, qui lui donnent un peu l’air d’un colon africain. Sa longue silhouette est voûtée vers l’avant. De petites lunettes métalliques renforcent son aspect d’intellectuel brillant. Il dégage un indéniable magnétisme. Je suis émue de le voir enfin en chair et en os et ne regrette pas de lui avoir refusé les rencontres virtuelles via Zoom qu’il m’avait proposées et dont il était facile de deviner la fin. Notre aventure n’en sera que plus belle !

Au moment où je vais gratter à sa fenêtre, il tourne la tête et m’aperçoit. Un sourire à faire fondre la banquise illumine son austère visage et provoque chez moi de petits fourmillements. Il se précipite, ouvre la porte-fenêtre et me dis :



Son visage s’éclaire à nouveau, et il me dit :



Il se dirige vers la salle de bain. Je me régale de l’exceptionnel panorama. J’entends la douche couler, je jette un coup d’œil, la porte est entrouverte. Poussée par une incontrôlable curiosité, je m’avance doucement dans sa chambre et parviens à le distinguer. Il est de dos, je vois ses petites fesses, il se savonne avec soin. Il ne fait vraiment pas son âge et a dû être un bel athlète quand il était jeune. Il se retourne, je recule brutalement et manque de trébucher. A-t-il vu que je l’espionnais sous sa douche ?

Je retourne sur la terrasse. Autour de la piscine, les gens aussi sont nus. J’entends JA se vêtir, mais j’évite cette fois de le regarder. Une fois prêt, il me hèle en me tenant galamment la porte ouverte. Arrivés dans le hall de l’hôtel, il me demande de patienter un instant et va discuter avec le réceptionniste. Je devine qu’il doit se rencarder sur les restaurants. Il me demande si j’aime le poisson, et, prenant mon bras, il me conduit vers sa voiture de location, que le voiturier a approchée. JA conduit bien, avec souplesse. Nous arrivons au restaurant, un joli mas un peu à l’écart d’Agde. Les tables sont installées sous une tonnelle rafraîchissante et décorées de jolies bougies. Je le laisse commander pour moi, il choisit un bar grillé au fenouil. Il me cite une liste impressionnante de vins réputés, je me repose sur son expertise. Il choisit un Tavel, un rosé frais et gouleyant.


La cuisine est délicieuse, sa conversation passionnante. Il a une culture étonnante, et peut parler aussi bien d’histoire, de cinéma ou de littérature. Je me sens bien. Notre conversation dérive vers des sujets plus intimes, et il me pose de nombreuses questions sur mes dîners mensuels avec ma bande de copines. Mon univers féminin l’intrigue sinon le dérange, comme s’il craignait que je ne sois « sous influences », sans véritable libre arbitre. Je finis par lui avouer m’être fait gentiment draguer par mes jeunes cerbères à l’arrivée. Il me demande de lui en conter tous les détails. Brusquement, il m’assène une phrase qui me désarçonne :



Sentant ma gêne, il change de sujet. Il développe une captivante théorie : le cinéma doit certes représenter la vie, mais la vie doit elle aussi s’inspirer du cinéma. Il appuie sa théorie sur un film peu connu, « La fête à Henriette ». Je bois littéralement ses paroles, oubliant la question qui m’avait déstabilisée. Nous achevons notre repas par une succulente tarte aux pignons. Il insiste pour que je prenne avec lui un digestif liquoreux que j’ai du mal à refuser, je sais que j’ai déjà un peu bu. Je l’ai laissé remplir mon verre au fur et à mesure que je le vidais et ce Tavel était vraiment un nectar des dieux.




4. Songes d’une nuit d’été



Toute la soirée, j’ai pressenti que cette soirée n’allait pas être ordinaire. Une légère brise d’est avait à peine dissipée la chaleur étouffante et permis au soleil couchant, dans un festival de couleurs allant du jaune à l’orange, de dorer d’autant plus le bronzage les corps des nudistes encore autour de la piscine.

Plus tard, une lune visible aux trois quarts éclaire le paysage de tons lumineux du blanc pur au noir profond. Elodie et moi sommes rentrés de notre dîner aux chandelles dans un doux état d’euphorie qui appelle le repos dans des draps frais. L’esprit encore grisé par le gouleyant Tavel, elle a tenu à faire assaut d’esprit jusqu’à la fin du repas. La fatigue occasionnée par ce voyage en train interminable, achevée par la semi-déception de se retrouver seule sur le quai des gares, a entamé sa vitalité. Elle ne peut réprimer un bâillement.



Quand je la raccompagne, Elodie s’appuie sur mon bras pour assurer sa marche jusqu’à la porte principale de notre suite. Je la guide jusqu’à la terrasse et m’efface pour lui faire franchir la porte-fenêtre restée ouverte. La sentant légèrement tituber, je ne la lâche que lorsqu’elle est assise sur le bord du lit préparé par le room service.

Un cas de conscience se pose alors à moi : Elodie a déjà glissé subitement dans un demi-sommeil, la moitié gauche de son visage plaqué sur l’oreiller. Elle a visiblement du mal à résister à l’alcool ! Dois-je la laisser, là, comme cela, dormir habillée ? Au contraire, dois-je jouer à la femme de chambre et la dépouiller de ses vêtements, pour être plus à l’aise ? Je risque alors de passer demain matin pour un vieux vicieux profiteur des effets des vins gouleyants que je lui ai abondamment servis.


Je prends le temps de la réflexion en commençant par lui ôter ses sandales. Elle a des pieds adorables aux ongles vernis et j’y dépose doucement mes lèvres pour tester ses réactions. Machinalement, elle replie un peu plus ses jambes pour les ramener au milieu du lit. Elle découvre ainsi ses jambes jusqu’à mi-cuisses. Je passe doucement le dos de ma main droite sur ses mollets. Un vague sourire égaye la commissure de ses lèvres. Dois-je aller plus loin ? Je me hasarde à déboutonner son blazer en prenant bien soin d’à peine l’effleurer. Maintenant, elle est plongée dans un état de sommeil tellement profond qu’elle émet un très léger bruit de ronflement. J’ose alors faire sauter le zip latéral de sa jupe pour entièrement libérer ses cuisses. Je découvre alors la face antérieure de son corps avec sa peau intégralement bronzée. Elle porte en haut un soutien-gorge sans armature noir, sexy, avec des parements de dentelles et, en bas, un shorty assorti. Je ne rencontre aucune difficulté à la débarrasser de cette minuscule culotte pièce de tissu, aidé par le léger mouvement du bassin qu’elle esquisse. J’ai l’impression qu’inconsciemment, elle aide donc approuve mon effeuillage. Pour la première fois, je vois ses poils pubiens, clairs, parfaitement taillés en ticket de métro. La clarté lunaire est suffisante pour que je devine la partie antérieure de son périnée avec son promontoire osseux bombant, mais les grandes lèvres sont soudées l’une à l’autre, masquant son intimité. La débarrasser de son soutien-gorge est une autre affaire, car il me faut accéder à son agrafe dans son dos qui m’est inaccessible. Se produit alors un miracle : Elodie se retourne sur le flanc gauche, me révélant ainsi, en bas, des fesses magnifiques dont je rêve depuis toujours : deux hémisphères bien musclés parfaitement symétriques, dont la couleur diaphane contraste avec le léger hâle de son dos.


Comme si elle devinait le sens de mes profondes rêveries du moment, elle se retourne un peu plus et se retrouve, sous mes yeux ahuris, couchée sur le ventre. Elle me révèle alors une grande partie de son postérieur fendu par une gorge profonde, me laissant deviner sans me le montrer l’esquisse de son large macaron central. Mes regards sont-ils à ce point pénétrants ? Elle pousse un profond soupir et murmure entre ses dents ce qui me paraît être un « ouiiii ! » extatique, témoin d’une sulfureuse pensée onirique. Mes doigts se font indiscrètement agiles pour manipuler le fermoir. Anticipant la probable libération de sa poitrine de son carcan pourtant léger, Elodie, toujours endormie, s’est à nouveau retournée confortablement à plat sur le dos. Après ces fesses d’anthologie, j’ai aussi l’immense bonheur de découvrir deux autres formes d’hémisphères parfaites, ses deux seins d’albâtre bien plantés symétriquement sur sa poitrine, orgueilleusement érigés haut vers le ciel de lit. La gravité n’arrive même pas à les faire un peu retomber sur ses flancs. Au centre de ces deux melons s’étale le large cercle brun de ses aréoles d’où pointent ses deux mamelons fièrement dressés comme pour la parade.


Ma vue est comblée. Un adjectif résume l’état d’admiration que me procure la découverte de la totalité du corps d’une femme dont je ne connaissais alors vraiment que la silhouette plus ou moins brumeuse exhibée sur des photographies d’amateur, qu’elle avait refusé de dévoiler devant son écran. Tout en elle est joli, comme on dit d’une Parisienne type. Mais elle est plus que cela. Belle ! Elodie n’est rien d’autre, elle est réellement BELLE. Belle à voir, belle à respirer, belle à caresser, belle à embrasser, belle à baiser ! Sur toutes ses faces, tous ses profils, du haut en bas et de bas en haut. Belle parce que tout en elle est harmonieux. Harmonieux, son sourire. Harmonieux, son regard. Harmonieuse, sa voix. Harmonieuse, sa démarche. Elle est belle, parce qu’à son esthétique de jeune femme sportive et souple, se combinent une intelligence et une sensibilité d’humaniste cultivée, généreuse et extravertie. Belle à cause également de son ambivalence. Parce qu’elle doute en permanence, de son intelligence, de sa beauté, de sa jeunesse, de ses compétences, de sa vraie place dans la société. Ainsi a-t-elle le constant besoin de s’entourer des conseils et des avis d’une douzaine de ce type d’amies que l’on taxe d’intimes, le terme de « copines » n’ayant en l’occurrence aucune connotation ambiguë, même si le sexe est parfois l’objet principal de leurs conversations.


Exemple que je considère comme révélateur : elle m’a dit avoir découvert récemment avec consternation que de fines ridules d’expression viennent barrer la partie externe de ses globes oculaires quand elle plisse les yeux, alors qu’elle doit se pencher sur des problèmes exigeant une très grande concentration. Elle en déduit qu’elle vieillit prématurément, alors qu’elle ne fait qu’exhiber un stigmate de son intelligence et de sa puissance de travail. D’ailleurs, moi, qui, cette nuit, la surprends dans son sommeil, je vois son visage lisse comme celui d’une égérie de L’Oréal.


De mes cinq sens, la vue a été satisfaite. Mon odorat, aussi : j’adore Dior et son parfum du même nom. Mon ouïe n’attend pas d’Elodie d’être une nouvelle Maria Callas ; elle a tous les attraits d’une soprano chanteuse appréciée de la chorale du Couvent des Oiseaux de la banlieue où elle habite. Après avoir baisé sa main à son arrivée puis, tout à l’heure, ses pieds mignons, je piaffe de goûter sa peau sûrement délicieuse quand elle sera imprégnée du sel de ses bains dans la Méditerranée. D’ailleurs, je rêve déjà du nectar paradisiaque de son suc que je saurai laper avec une langue gourmande explorant les grottes de sa féminité : si je ne suis plus en mesure d’agiter mon sabre dans l’intimité d’une femme, je n’ai rien oublié de la technique du cunnilingus et je compte bien lui en faire l’hommage durant ce séjour. Reste aussi à satisfaire pleinement mon sens du toucher. Du temps de ma splendeur virile, les femmes succombaient principalement aux caresses charmeuses de mes mains. Elles étaient fortes, aussi musclées qu’osseuses, fraîches quand il faisait chaud, chaudes en hiver. Je savais caresser toutes les zones d’excitation qui faisaient frémir ces dames. Nul doute qu’Elodie saura faire renaître cette magie pour son meilleur profit…

Plongée dans un sommeil profond, il est peu probable qu’Elodie entende ma voix lui murmurer près du creux de son oreille droite que mes lèvres effleurent comme un vol de léger papillon :





5. Un réveil enchanteur.



Les rayons du soleil dardent dans ma chambre lorsque je m’éveille. Je m’assieds en m’appuyant sur les oreillers et reste un moment immobile, songeuse. Que m’est-il arrivé hier soir après cet excellent dîner aux chandelles ? Je me souviens m’être pendue au bras droit de JA en sortant de la voiture. Je n’étais pas ivre, juste un peu gaie, mais une terrible fatigue m’avait soudain envahie au point que j’avais peine à marcher droit. Je n’ai plus de souvenir au-delà de mon arrivée sur la terrasse. De vagues bribes d’un rêve coquin hantent mon esprit : un de mes jeunes surfeurs s’acharnait avec la maladresse de son âge sur l’agrafe de mon soutien-gorge. Et voilà que ce matin, à mon réveil, je me trouve totalement nue dans mon lit. Je ne vois même pas mes vêtements rangés dans un coin. Seuls mes escarpins sont bien alignés l’un à côté de l’autre à l’entrée de la salle de bain. Je me palpe sur tout le corps, autant pour retrouver mon sens de la réalité que pour vérifier l’intégrité des parties les plus féminines de mon corps. Je ne ressens aucune douleur, ne constate aucun hématome sur ma peau, notamment sur mes seins si sensibles au toucher. Ma main droite glisse sur mon ticket de métro et s’approche de ma vulve qui m’apparaît bien fermée et sans séquelles d’une activité coupable. Quelqu’un m’aurait donc conduite, en toute inconscience, hier soir dans mon lit, m’a déshabillée, et m’a probablement regardée sur toutes les coutures ! Mais aussi apparemment, « il » m’a respectée au plus profond de mon intimité. Je sens au fond de mon ventre comme un vide, comme si j’aurais aimé être remplie par ce mystérieux voyeur.


C’est évident, le seul qui ait pu réaliser tous ces gestes avec tant de délicatesse ne peut être que mon galant bienfaiteur d’hier soir, JA. C’est un médecin, habité à la nudité. Un flot de tendresse m’inonde de la tête aux pieds avec un drôle de spasme au niveau de mon ventre. Cette sollicitude m’agace aussi, car j’avais décidé de ne me dévoiler à lui que très progressivement. Je me pardonne en me disant que, dans une station de naturisme, cela devait arriver plus tôt que tard.


Machinalement, je me traîne jusqu’à ma salle de bain. Je me cale devant le grand miroir où je vais faire l’inspection minutieuse de mon corps. Contrairement à ce que je pouvais craindre, ma figure s’avère avenante, les traits de mon visage sont lisses, mes paupières ne sont pas cernées de mauve. J’ai l’air reposée, détendue. Je serai encore mieux quand le soleil m’aura donné une couleur caramel.


Douchée et pomponnée, toujours dévêtue, je sors sur ma terrasse, pour profiter des rayons d’un soleil resplendissant, bien qu’il soit à peine huit heures du matin. J’aime cette impression de liberté que donne la nudité. Et si JA me surprend ainsi, qu’importe : il a déjà tout vu hier soir ! Je suis chez les naturistes, mon côté un brin exhibitionniste s’y complaît ! Je m’étire en ronronnant. Finalement, j’ai envie qu’il me surprenne en tenue d’Ève et de voir la tête qu’il va faire alors ! Son côté Adam reste un mystère pour moi. Je ne lui laisserai au moins dans un premier temps que le plaisir des yeux, car je me rappelle que les copines et Samia m’ont recommandé de ne lui accorder mes faveurs qu’au compte-gouttes.


Il apparaît enfin, vêtu d’un caleçon fleuri de chez Vilebrequin. Il me regarde et sourit en inclinant la tête pour me saluer. Je le provoque un peu, en tournant sur moi-même et en esquissant un pas de danse accentuant le bombé de mon derrière. Je sais, il me l’a dit, que ce sont surtout mes fesses qui l’attirent. Il a l’air très décontracté, presque indifférent à ma nudité. Je suis un peu déçue. Serait-ce parce qu’il n’ignore plus rien de mon corps, l’ayant déjà amplement observé en « s’occupant » de moi au retour du restaurant ? Je regrette d’avoir été inconsciente à ce moment-là, j’aime le regard d’un homme sur moi. Il me lance alors :



J’ai à peine le temps de réaliser qu’il m’a tutoyée pour la première fois qu’il réapparaît, un appareil photo à la main. À de multiples reprises, j’ai repoussé ses sollicitations pour nous retrouver sur Zoom, que je devinais la suite qu’il voulait de ce contact : un strip-tease à distance, des photos de l’écran, voire plus. Le moment est venu de me livrer à sa passion de la photographie.




6. Un modèle idéal pour un photographe.



Médecin interniste dans l’âme, j’ai fini, la trentaine largement entamée, par me spécialiser en radiologie et imagerie médicale. C’était alors le nouveau boom technologique induit par l’invention du scanner, de l’échographie et de la résonance magnétique. Plusieurs raisons m’ont fait sauter le pas, alors que le médecin pouvait se sentir frustré de perdre son pouvoir de possession de son malade. D’aucuns s’étonneront peut-être d’apprendre qu’une de mes motivations a reposé sur mon amour de la photographie d’art. Or, l’acte radiologique, avant tout examen clinique, est aussi le résultat d’une technique qui repose sur la réalisation de « belles images » du volume du corps examiné. J’ai commencé avec un petit Foča Sport alors que Kodak sortait sa fameuse pellicule Kodachrome génératrice de superbes diapositives de couleurs brillantes. Aujourd’hui, je travaille mes photographies avec un Hasselblad X1D II 50 C. Pendant plusieurs années, j’ai perfectionné ma technique en fréquentant assidûment le Photo-Club du XIVe arrondissement dont les experts m’ont poussé vers les expositions. Plusieurs de mes œuvres ont été primées dans des concours régionaux de haut niveau. J’ai notamment obtenu de beaux succès en photographiant des modèles nues. Seules les femmes m’ont intéressé. Je n’ai pas accroché lorsque je me suis efforcé de photographier des hommes nus plus ou moins athlétiques.

Photographiquement, je suis un homme à femmes et certaines de mes « clientes », car j’ai un club de groupies, ont adoré se plier à mes quatre volontés devant mon objectif. Je suis un fan inconditionnel du corps féminin sous tous ses aspects et je pense que j’aurais très bien pu exercer comme photographe de charme. Mettre en valeur des courbes, des rotondités, des creux, des méplats, des peaux exposées à des rayons tantôt très lumineux, tantôt plutôt suaves, volontiers à contre-jour, voilà un art dont j’ai appris à maîtriser les règles. Certes, c’est plus que réjouissant de donner à une jolie femme une image valorisant son élégante esthétique. Mais l’une de mes grandes qualités a été de pousser des femmes qui ne se trouvaient aucun charme, voire détestaient leur apparence physique, à se révéler être, en fait, de « belles » créatures, parce que je savais réveiller en elles l’éclat corporel de leur intelligence et de leur sensualité cachée. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il suffit de dire à une femme « qu’elle est belle » pour qu’elle irradie soudain. Mais, sauf exception, la mutation s’effectue assez vite devant l’objectif du photographe dont l’art ne se limite pas à un éclair de flash et « clic-clac, merci Kodak ».


Lorsque je découvre, à contre-jour sur la terrasse, la silhouette nue d’Elodie baignée des rayons du soleil matinal, lumineux, mais pas encore intense, tout mon être s’émeut. Le médecin s’émerveille de l’irradiation magnétique qui se dégage de son corps de jeune trentenaire sportive et saine. Voilà une femme qui sait prendre soin de sa silhouette en contrôlant son régime alimentaire et, probablement, en pratiquant régulièrement des séances de fitness. Nul doute que sa féminité est bien régulièrement suivie par un (e) gynécologue. Le photographe n’a qu’une envie : devenir un nouveau David Hemmings, le photographe du film d’Antonioni « Blow-up » mitraillant Jane Birkin comme s’il faisait œuvre de chair jusqu’à l’orgasme final. Elodie, je la veux, devant mon Hasselblad, debout, de face, de trois-quarts droit et gauche, de profil, assise sur une chaise, un tabouret ou un fauteuil thaïlandais, couchée sur le lit ou allongée sur le sofa, se traînant par terre sur la moquette, dans les vapeurs de la douche ou plongée dans un bain moussant de la grande baignoire.


Je veux la voir se farder les paupières au mascara, ourler ses lèvres de rouge baiser, se parfumer avec un vaporisateur, se vernir les ongles des orteils. Je veux la photographier quand elle ouvre sa valise ou la porte de sa penderie pour sélectionner puis essayer ses fringues à frous-frous et affriolantes dentelles. Je veux la prendre lorsqu’elle enferme ses seins dans son sous-tif, elle cache sa chatte sous un string qui lui scie les fesses. Elle va sûrement mettre un porte-jarretelles auquel elle va rattacher de bas noirs à coutures qui lui affinent les jambes. Je veux la fixer lorsqu’elle a du mal à choisir ses chaussures : d’abord des mocassins en crocodile, puis des talons aiguille en cuir noir pour finalement sélectionner des baskets fantaisie rouges et bleus. Ainsi mise en valeur, sa silhouette s’ébrouera pour que son corps ondule sous les soieries.


Le médecin et le photographe que je suis sont donc aux anges. Mais qu’en pense l’homme, soudain rappelé à sa condition de papy refusant de ne plus être qu’un vieux beau ? Le vétéran est encore coquet, se veut toujours être propre sur lui, bien habillé, rasé de frais ou la barbe bien taillée pour ne pas jouer à l’hirsute, parfumé à la lavande. Sa séduction ne résiderait-elle que dans l’épaisseur de son compte en banque, de son pouvoir de générer une promotion professionnelle, sa capacité de conseiller influent pour faciliter le cursus scolaire et universitaire des enfants ?


Que peut bien attendre de moi un tendron comme Elodie à laquelle je n’ai rien caché de mes tares ? Elle sait, qu’à la suite d’une chirurgie extensive sur mon appareil génito-urinaire destinée à ôter un grave cancer dont la probabilité de létalité à cinq ans est considérable, je ne suis plus capable de me conduire devant une femme à la libido quémandeuse d’attentions corporelles et désireuse d’être pénétrée par un amant doté d’une généreuse nature. En d’autres termes plus médicaux dans leur froideur clinique, je ne bande plus à l’évocation d’une pulsion d’accouplement qu’une trentenaire est en droit d’attendre d’un homme viril, ne serait-ce que de l’honorer pour apaiser sa sensualité. Lorsque nous écrivions ensemble La Fête à Éloïse, elle m’avait posé directement la question :



Elodie a accepté mon invitation à Agde. Est-ce à dire qu’elle attend que cette expérience de médecine appliquée se déroule sous ma férule ? J’aurais tendance à le penser, car sinon pourquoi aurait-elle couru un risque en me rejoignant ? Mais, immédiatement, devant cette pseudo-évidence, je réagis par un scepticisme dans la lignée des grands expérimentateurs du deuxième millénaire. Je pense qu’elle ne fait pas partie de ces femmes stupides aux cerveaux d’écervelées qui prennent leurs désirs pour des réalités.

Mais l’heure du petit-déjeuner a sonné. Le groom frappe déjà à la porte avant d’entrer poussant un grand buffet roulant. Il jette un coup d’œil appréciateur sur le corps sans voile d’Elodie sans s’étonner, il a sûrement dû en voir d’autres ! La jeune femme a faim et l’odeur du café est arrivée à ses narines. Elle a alors tourné son regard sur sa droite et m’a découvert avec mon Hasselblad braqué sur elle. Surmontant un premier réflexe de pudeur, elle se laisse admirer nue tant par le groom que par « son » photographe.



J’ai laissé Elodie vivre sa première journée de liberté au Cap d’Agde à son entière initiative. Je ne suis à Agde que depuis deux jours et j’en ai déjà fait le tour dans la mesure où, n’étant pas naturiste par vocation, découvrir les endroits chéris par les libertins ne me branche pas spécialement. Cette partie du Languedoc est plate comme ma main, ce qui fait de la marche à pied un exercice peu éprouvant pour le système cardio-vasculaire, pour autant qu’on évite les heures les plus chaudes de la journée. Déjà, j’ai dû me faire une raison. Contrairement à ce que je croyais, le centre hélio-marin n’a rien à voir avec les instituts de remise en forme du type Louison Bobet à Quiberon ou Serge Bianco à Biarritz. C’est une façon pudique de définir ce que peut avoir le nudisme et le naturisme en matière d’exhibitionnisme, mais il n’y a aucune activité kinésithérapique disponible entre Béziers et Sète, les deux principales villes de sous-préfecture de l’Hérault dont Agde est équidistante. Je vais devoir me contenter de ce qu’offre l’Oz Inn en matière de « Men Care ». Elodie pourra faire tout ce qu’elle souhaite au Cap d’Agde, parce qu’elle est jeune et belle. Moi, parce que me mettre à poil ne m’inhibe pas complètement, je ferai ce qu’il faudra pour me mettre dans l’ambiance, sans plus.


Dans un premier temps, je vais faire les démarches pour louer un yacht avec un équipage suffisant pour faire une petite croisière en Méditerranée pendant un jour ou deux. Je vais voir s’il est possible de faire le périple proposé théoriquement sur le canal du Midi. Elodie pourra ainsi continuer à bronzer tout en se baignant dans des eaux chaudes encombrées de touristes. Pour ne pas mourir idiot, j’accompagnerai Elodie une journée à passer à la fameuse plage des Cochons ; cela me fera évaluer mes performances de marcheur à pied et elle pourra s’exhiber sans être harcelée par les mateurs comme si elle aurait été seule. Enfin, j’irai rendre visite au golf d’Agde pour tester ce qu’il me reste de capacité de petit-jeu, en tirant des coups sur le pitch-and-put puis sur le putting-green, car les grands swings, pour moi, c’est fini. Je n’ai pas encore demandé à Elodie si elle sera disposée ou non à m’accompagner, au moins jusqu’au club house où elle pourra lire une revue allongée sur un transat si elle ne veut pas jouer.


Mais, bien sûr, je perçois dans les pensées profondes d’Elodie un certain désir de tester ses affinités pour le libertinage en se frottant à la clientèle des clubs et autres boîtes de nuit qui constellent les soirées au Cap d’Agde. Je sais qu’elle adore danser et il y a d’excellents disc-jockeys dans cette ville de luxure nocturne. La question fondamentale à résoudre, plutôt sur place que préventivement, sera de définir mon rôle exact, le plus trivial étant de payer les additions avec munificence. Il est évident que je ne serai pas le cavalier exclusif d’Elodie, ne serait-ce que par mon incapacité à assumer plus d’une demi-douzaine de danses et encore, en ne comptant que les plus lentes. Elodie sera donc probablement assaillie par des hordes de danseurs désireux de lui faire connaître toutes les ressources sensuelles du répertoire. Quel sera lors mon rôle ? La protéger ? La sécuriser ? La pousser à s’exprimer ? Au besoin en ignorant toute jalousie, si les contacts physiques sont trop collants, et en me faisant tout petit dans un coin sombre. Je sais que les papillons ne tarderont pas à voler en escadrille dans son bas-ventre et, comme le chantait si bien Jacques Brel :





7. Une première journée de vacances



Mes expériences naturistes ont été peu nombreuses. La dernière a eu lieu justement au Cap avec mon ex. Notre couple commençait à battre très sérieusement de l’aile, et il avait cru qu’une telle parenthèse nous réconcilierait. Si notre entente au lit était toujours aussi intense, son égoïsme et son refus d’assumer sa double paternité n’ont malheureusement pas fondu en nous dénudant intégralement.

Avant, j’étais sortie quelques mois avec un fanatique de moto qui m’emmenait, seule ou avec ses potes, dans des recoins sauvages de la côte normande ou au bord de rivières tranquilles. Nos séances de bronzage intégral se terminaient invariablement par des corps à corps qui me rendaient folle. Elles gardaient un côté intimiste et n’avaient pas, même lorsque nous étions plusieurs couples, ce côté exhibition de masse qu’a une plage naturiste.


En m’étendant sur ma serviette, je me dis que la plupart des gens avachis sur la plage feraient mieux de rester habillés. La cellulite, les seins pendants, les bedaines rebondies, les bourses flapies ne sont pas esthétiques ! Botero aurait pu s’inspirer de certaines de mes voisines allemandes.


Malgré ces travers, le naturisme m’attire, c’est évident ! D’abord parce que la morsure du soleil sur les parties de mon corps qui n’y sont pas habituées, seins, fesses et minou, est délicieuse. Elle me procure de langoureux picotements voluptueux. Ensuite, parce qu’il est toujours émouvant de regarder un homme bien bâti marcher ou jouer dans les vagues avec, au vent, ses attributs flamboyants qui accompagnent ses mouvements. Je n’avais pas réalisé combien ils varient d’un individu à l’autre. Certes, il y en a peu qui valent vraiment le coup d’œil, mais cela les rend encore plus attractifs.


En plus, je dois reconnaître qu’au fond de moi, je suis peut-être un peu exhibitionniste. Où que ce soit, il est toujours flatteur de sentir sur soi un regard viril. Mais, entièrement nue, sur une plage, je trouve que l’examen visuel dont je suis l’objet relève davantage de l’esthétisme que de la sexualité. Un peu comme si j’étais la muse d’un artiste, plus attiré par une courbe de mon corps que par l’envie de jouer au mâle. En plus, sans me vanter, la plupart de mes voisines me valorisent bien involontairement !


Bien sûr, les hommes qui passent cherchent à accrocher mon regard. Bien sûr, je sens sur ma croupe, quand je vais me baigner, des bouffées de testostérone expédiées dans ma direction. J’attire l’attention : les couples et hommes célibataires sont nombreux ici, les femmes seules beaucoup plus rares. Mais ils devinent que ce n’est pas parce que je suis nue que je suis une proie facile. Ce n’est pas de la provocation, ce ne peut ni ne doit être qu’une liberté partagée, moi seule jugeant ce qui est admissible ou pas. Parfois nos yeux se croisent, un sourire engageant naît sur leurs lèvres. Rarement, je souris à mon tour. Aujourd’hui, je ne suis pas là pour être draguée, mais pour dorer ma peau. On verra bien plus tard. Je suis comme une batterie à plat que doivent recharger les rayons UV.

Toutes les demi-heures, je me plonge dans l’eau rafraîchissante et nage vigoureusement. L’impression qu’elle laisse sur mon minou est grisante. Je me demande jusqu’où elle me pénètre ! J’applique ensuite avec vigueur la crème solaire, surtout sur mes seins, et replonge dans la contemplation des corps de la faune qui m’entoure.


Je ne peux m’empêcher de regarder sur l’onde les nombreuses activités nautiques, et plus particulièrement les kitesurfeurs, qui font avec leur planche d’incroyables figures de voltige qui se terminent parfois par des plongeons brutaux. Ils sont trop loin, je ne peux reconnaître parmi eux mes gentils chauffeurs. Je me demande comment réagir si l’un d’eux, errant sur la plage, venait à me reconnaître. Ce qui est sûr : je me vois mal jouer aux acrobates comme eux.


Mon esprit vogue vers JA, ses soins apportés à m’endormir confortablement et la trop courte séance de photographie à laquelle il m’a soumise. Bien qu’inconsciente lorsqu’il m’a dévêtue, je l’ai associé à mes rêves. Lorsqu’il s’est escrimé sur l’agrafe de mon soutien-gorge, j’ai revécu mes premiers émois féminins et les mains maladroites de mes soupirants inexpérimentés. Faute d’agilité de leur part, je me suis plusieurs fois retrouvée avec les seins extirpés sans douceur de leurs bonnets qui les comprimaient, ce que je n’aimais guère vu les vilaines traces sous la poitrine qui en résultaient. Lorsque JA a regagné sa chambre, toujours dans mon rêve, j’ai ressenti une absence et le triste sentiment de vide que j’éprouvais dans mon lit lorsqu’une rupture me séparait d’un partenaire auquel je m’étais physiquement attachée…


Un grand noir s’approche. Il me ramène sur terre. Il est le seul « vêtu » ! Il se penche vers moi et me propose des sandwichs ; avant que son nez n’ait percuté ma poitrine, je lui achète un pan-bagnat pour le tenir à distance. Il s’éloigne comme à regret. Mon achat est mangeable et suffisant pour me rassasier. Pour calmer ma soif, j’ai ma maxibouteille d’eau minérale qui me sera à peine suffisante pour tenir jusqu’à mon retour à l’hôtel…

Je me suis assoupie un bon moment. À mon réveil, je constate que ma voisine germanique et son compagnon, au tour de ventre aussi impressionnant, se sont déplacés pour avoir ma féminité juste dans leur axe de vision. Cette insistance m’agace, je leur fais une grimace, pour leur signifier qu’ici, on peut « voir », mais qu’on ne « regarde » pas !

Il est déjà assez tard. Je m’ébroue, pique une dernière tête, me sèche, enfile un léger paréo pour retourner vers l’hôtel. Je suppose que JA aura fini sa partie de golf et sera là. J’ai tâté pendant deux ans ce sport, mais mon ex-belle-mère, au handicap prestigieux, a su m’en dégoûter.


Il est là, assis dans un fauteuil, attablé à un guéridon sur lequel il a posé son verre de Lagavulin, son nectar favori, lisant le numéro de l’été du magazine local « Mon Hérault ». M’apercevant, il se lève et vient vers moi pour m’embrasser sur les deux joues, comme un père retrouvant sa fille de retour à la maison. Il m’invite à m’asseoir à côté de lui et me demande si une boisson me ferait plaisir. J’acquiesce en demandant un Spritz avec de l’eau de Seltz et m’affale dans un fauteuil fait pour en accueillir deux comme moi, les jambes dénudées jusqu’au haut des cuisses.





8. Une nuit sur le Mont-Chauve



La nuit est tombée depuis longtemps à l’entrée de l’Oz Inn. Elodie se pend à mon bras droit, mais sa conduite est totalement différente de celle de la veille. Le champagne n’a pas eu le même effet que le Tavel. Elle est bien éveillée, présente, prête à être en même temps actrice, productrice et metteuse en scène de la cinématographie qu’elle veut que nous jouions cette nuit ensemble. Ce soir, je la sens mutine et charmeuse. Visiblement, elle s’est acclimatée à l’ambiance du Cap qui lui a ouvert le corps et l’esprit. Je sais depuis ce matin qu’elle attend de moi que je me comporte vis-à-vis d’elle comme un prototype de mâle alpha, un galant du genre Jean-Pierre Cassel, elle me paraît aussi ouverte et combative que Sophie Marceau dans La Fille de d’Artagnan. Je sens intuitivement qu’elle veut me remercier de la recevoir comme une princesse. Conscient de l’enjeu, alors que je veux un succès final total, j’ai passé mon bras droit autour de sa taille pour qu’elle se colle à moi en avançant d’un pas assuré sans trébucher. Je la sens chaude et frémissante. Je lui embrasse le haut du crâne et hume son parfum, mélange excitant de J’adore de Dior et des senteurs méditerranéennes.


Nous arrivons ainsi, enlacés, jusqu’à son lit. Tout de suite, très habilement, elle expédie ses sandales jusqu’à la porte de la salle de bains pour se lover encore plus au creux de mon épaule. Après l’avoir vue nue à son insu, je peux maintenant vraiment la toucher. Je mets mes deux mains jointes autour de sa nuque, afin que ma bouche, les lèvres en cul-de-poule, se glisse dans la conque de son oreille droite. Je lui claque un gros baiser sonore et insistant, puis j’insinue ma langue dans son conduit auditif pour la faire frissonner davantage. Elle se tortille un long moment, gémit, puis elle change de position pour m’offrir l’autre oreille. C’est tout son cou maintenant qui appelle mes baisers. Je les lui dédicace de plus en plus mouillés. Ensuite, je l’embrasse sur la bouche, insinue ma langue entre ses lèvres en explorant les contours de ses dents, jusqu’à ce que sa langue rejoigne la mienne pour valser à l’unisson. Nous hydratons généreusement nos palais, mêlons nos salives l’une à l’autre. La sienne a le goût du bonbon à la menthe qu’elle a sucé dans le taxi, je le suspecte fortement, car je ne suis pas naïf, pour parfumer son haleine en prévision de cette longue station « Poutous ».


Moi aussi, je me suis déchaussé, et, pieds nus tous les deux, nous basculons sur le lit sans cesser de nous embrasser. Je suis à plat dos et, lorsque je décide faire sauter une à une les pressions de son caraco, elle redresse ses deux bras pour faciliter le mouvement. Je ne me lasserai jamais d’admirer sa poitrine qu’envieraient beaucoup de stars, tant par le volume, leur forme et la douce fermeté de ses deux globes, symétriquement dressés vers mes lèvres qui viennent les butiner avec appétit, en prenant soin de ne pas les meurtrir. Elle m’a raconté, dans nos échanges par mail, combien la sensibilité extrême au toucher de leur peau fine et soyeuse les rend prompts à se marquer d’hématomes disgracieux. Je déteste la BDSM. Faire mal en faisant l’amour me révulse et je recherche avant tout les feulements de plaisir que mes caresses lui arrachent lors de l’acte amoureux. « Fais-moi mal, Johnny ! », ce n’est pas pour moi et Elodie ne sera jamais ma Magalie Noël. Ce soir, elle et moi voulons jouer, « Déshabillez-moi » comme si elle était Juliette Gréco sur des paroles de Robert Nyel.


Craignant le contact de mon polo sur sa peau nue, je me mets torse nu. À son tour, ses lèvres taquinent mes deux mamelons qui s’érigent, loin cependant des deux centimètres qu’atteignent les siens. Ses mains et ses doigts parcourent mes pectoraux en de savants massages concentriques qui me détendent et me poussent à enlever mon pantacourt pour lui faciliter l’accès à mon nombril, voire plus bas. Je suis pour l’équilibre et dégrafe sa mini-jupe : elle se retrouve en string. Je l’avais admirée dans ce simple appareil hier soir, mais, là, maintenant, ma bouche trouve son mont de vénus que je découvre au-dessous de son joli ticket de métro tout blond.


Toujours couché sur le dos, la moitié du corps d’Elodie me ventouse et je lui enlève son coquin petit tissu rouge en dentelles. Mes yeux comme mes mains ont enfin accès au recoin le plus secret de l’anatomie que m’exhibe Elodie dans une totale absence de pudeur : ses deux fesses, incroyablement rondes, souples et fermes, recouvertes d’une peau au satin veloutée. Je les idolâtre et veux les honorer autant avec ma bouche impérieusement gourmande qu’avec mes mains. J’ai mis Elodie à plat ventre et je lui ouvre la raie pour embrasser son macaron central, bien plissé, bien fermé, bien contractile sous les effets de ma langue qui veut le pénétrer comme un petit vi… cieux.



L’appel est évident. Je dois quitter le macaron pour honorer la chatte. Tarte à la fraise ? C’est la vérité même, la comparaison la plus réaliste, mais aussi la plus poétique pour les yeux, la plus gastronomique pour ma bouche, la plus vibratile pour mes doigts. Lorsque je lui écarte les deux grandes lèvres, c’est une oasis de chairs roses et humides que je découvre. Sans tarder, ma langue et mes lèvres viennent butiner ce fruit au goût sucré qui s’humidifie de secrétions venues de son temple central – j’ai horreur du mot « con »… et « vagin », comme « vulve », c’est trop anatomique, trop médical… – il manque l’équivalent féminin des mots « bite », « queue » ou « zézette » la cinquantaine d’autres pour intituler une verge, un pénis ! – pour évoquer cette « fente », cette « motte », cette « cramouille ». Quant à la pittoresque « foufoune », pour moi, c’est « La Naissance du Monde » de Courbet, l’évocation d’un bas-ventre foisonnant d’une crinière triangulaire, qui le recouvre comme une forêt vierge, quasiment du nombril, jusqu’au coccyx. Finalement, je vais garder la « chatte » pour ce chapitre, puisqu’Elodie est une habituée du métro et de son ticket chic-et-choc.


Sa chatte ? Un gouffre dont ma langue ou mon index, lorsqu’ils s’y infiltrent, n’atteignent pas le fond. Cette oasis a son palmier : le clitoris, ce bouton hypersensible qui, avec une lenteur désespérante, fait attendre trop longtemps la libération de sa tunique pour se dresser haut et fier sous le ticket de métro. Il attend la caresse de la pulpe d’un pouce ou de l’index, l’aspiration de lèvres avides, le ballet d’une langue pointue et agile qui tourne autour de lui sur un rythme de fandango et enfin la jouissance foudroyante dans quelques spasmes libérateurs avant qu’un gros dard bien membré, juché sur deux grosses couilles, vienne se planter, comme on dit à Douarnenez, raide-dur dans le penn-à-dréon, aux tréfonds d’une chatte largement ouverte à la conquête de cette ultime consécration de l’essence même de la femme, le point G dont l’excitation seule dévastera divinement une Elodie s’écroulant au terme d’une interminable série de spasmes orgasmiques.

Je compte faire jouir Elodie avec ma bouche. Je vais le faire avec ma langue, je vais le faire avec mes doigts. Reste, en cette seconde cruciale LA question qui, ouvertement ou en secret, nous mine, Elodie encore plus que moi : « Va-t-il pouvoir ? … Vais-je pouvoir ? ».


Car, l’achèvement qu’elle recherche, le seul qui compte à ses yeux de femme trentenaire en pleine maturité sexuelle, ne pourra passer que par la conquête du fond de la grotte de sa chatte par ma bite, jadis 18 centimètres en érection au temps de mes matins triomphant. Mais qu’est-elle aujourd’hui ? Après le massacre vasculo-nerveux chirurgical qui a exigé le traitement radical d’un mauvais cancer vésico-prostatique, il y a quatre ans et demi, certes, je suis encore vivant, mais dans quel état ! Que puis-je faire réellement, moi qui dois jouer le rôle de l’homme avec un grand H ? Rien d’autre que me livrer, corps et âme, à la science érotique infuse d’Elodie. Normalement, l’homme doit chauffer sa partenaire pour la rendre accueillante. Dans notre cas, c’est l’inverse, elle seule peut faire monter la température. Elle l’a compris, et sans aucune réticence, une fois totalement nue, qu’elle me fait me coucher sur le dos à côté d’elle. Sans attendre, elle se redresse pour immédiatement se lancer à la conquête de l’Everest du soir. Elle a les mêmes armes que moi : sa bouche, sa langue, ses mains et ses doigts. À elle de jouer. Je me livre à elle sans condition ni réserve. Pour une saturnale au sommet du Mont-Chauve !


D’une caresse enveloppante, elle masse mes couilles, outres plissées presque vides, dessine quelques arabesques autour de mon vit et, pressant un sein entre ses doigts, vient en apposer le téton sur mon gland. Elle le pousse, comme pour l’introduire dans mon méat. Je reste toujours flasque ! Alors elle se rebelle, s’accroupit au-dessus de moi, prend ma virilité, la glisse entre ses obus qu’elle presse en s’agitant d’avant en arrière. Ce contact est divin, je glisse dans un étui de velours. Je la laisse s’agiter, ses cheveux et sa poitrine se balancent au rythme de sa danse. Mais si la sensation est là, la réaction n’y est pas ! Elle s’en rend compte, se recule, s’incline et saisit entre ces lèvres ce qui devrait faire de moi un homme. Sa langue en dessine les contours, en taquine les aspérités, en lape les parois. Puis, plus énergiquement, elle m’avale, me recrache à plusieurs reprises. Je sens monter en moi une douce sensation : si je reste mou, je l’abreuve enfin d’un peu de liquide séminal qui me procure un ersatz de jouissance. J’en exagère l’effet par de petits cris orgasmiques. Elle se relève alors et me tire la langue : mon méfait s’y étale et la fait luire. Elle avale le tout. Je me demande si elle a cru que j’ai vraiment joui. Mais je ne veux pas lui laisser le temps de gamberger.


Alors, je la bascule sur le dos, lui écarte les cuisses et plonge la tête vers sa féminité. Une odorante rosée perle de sa féminité. Je la bois, goulûment, lascivement. Ma langue se fraie un chemin entre ses lèvres et se pose sur son pistil. Je glisse un doigt sur son périnée, elle se cabre légèrement. J’atteins sa petite rondelle, en écarte les parois élastiques et pénètre en elle. Son bassin se soulève, comme pour venir au-devant de ma bouche et de mon doigt. J’aspire son bouton, lentement au début, plus énergiquement ensuite. Elle se tortille, gémit, pose ses mains sur ma tête pour l’appuyer plus fort. Et, tout d’un coup, elle crie, une vague jaillit d’elle, son corps se tétanise. J’ai le visage mouillé d’elle, je l’ai fait jouir. Elle, au moins, a connu un orgasme et n’a pas simulé. Je la regarde se calmer, s’endormir peu à peu, on dirait la Belle au Bois Dormant. Je la recouvre de ses draps et quitte subrepticement sa chambre. Je suis comblé de l’avoir (presque) comblée.




9. Une soirée bien planifiée



Nouvelle journée identique à la précédente, Elodie au soleil sur la plage et moi dans l’étude des thèses reçues. Je retrouve Elodie vers dix-neuf heures trente, plus radieuse que jamais, et lui rappelle que nous sortons ce soir.

Pendant qu’Elodie se bichonne dans sa chambre pour se préparer avant le dîner, je me dirige vers le comptoir de Georges, le concierge de l’Oz Inn, pour lui demander un très court instant de conversation privée, à l’écart d’oreilles indiscrètes. Il me fait entrer dans la pièce qui s’ouvre au fond de sa loge, après avoir demandé à un groom de le remplacer au comptoir. Nous nous asseyons face à face et, sur un hochement de sa tête, je prends la parole, d’une voix d’abord un peu embarrassée, puis plus assurée.



Il était vingt heures précises, lorsqu’Elodie et moi avons commencé à dîner dans le restaurant de l’hôtel. Nous avons commandé un repas léger avec un gaspacho et des côtelettes de mouton grillées avec des haricots verts. Instruit des capacités de résistance à l’alcool d’Elodie, je ne lui ai offert qu’un verre de Listrac, petites gorgées, tout en se servant copieusement de la bouteille d’eau d’Évian bien fraîche, pour réhydrater sa peau desséchée par la tonicité du sel méditerranéen et son bronzage intégral.



En quittant derechef le restaurant après dégustation d’une pêche Melba, nous sommes repassés devant la loge du concierge. Georges m’a interrogé d’un coup de menton. Je lui ai répondu en levant mon pouce dans sa direction.




10. Franchir le pas



Je suis excitée comme une débutante allant à son premier bal lorsque je rejoins ma chambre. Je vais vivre quelque chose de nouveau ! J’ai du mal à décider comment m’habiller pour cette première. Le problème majeur, c’est de trouver une petite robe d’été qui s’accorde avec les dessous sexy (bas et porte-jarretelles) dont JA m’avait dit, dans nos échanges de mails, raffoler, tout en restant dans le bon goût, sans avoir l’air d’une punk paumée, ou d’une gamine qui veut jouer à la femme fatale. Je crains qu’il ne fasse trop chaud pour les porter dans un lieu confiné même s’il est bien climatisé. Je décide finalement de ne pas mettre de soutien-gorge et de ne porter qu’un petit shorty noir à franges.


Le style BCBG n’a pas cours au bord de la Méditerranée, et encore moins là où veut m’emmener mon mentor. J’essaie les quelques robes que j’ai apportées, aucune ne me convainc. Je décide finalement de la jouer jupe de cuir noire, courte sans excès, caraco rouge moulant et sandales à talons compensés, car elles me font paraître plus élancée. Je vais devoir seulement faire attention en sortant du taxi ou en m’asseyant de ne pas trop en montrer. Tant pis pour les bas et le porte-jarretelles !

Je passe bien plus de temps que d’habitude devant la coiffeuse. Si je ne souligne mes yeux qu’assez légèrement, j’ai la main un peu plus lourde sur rouge à lèvres assorti à mon caraco. Ultime coquetterie : une barrette de velours carmin qui me donne un air espiègle.

Je regarde la pendule, JA m’attend, j’ai un bon quart d’heure de retard ! Je m’engouffre dans l’ascenseur, me rassure sur mon look dans sa grande glace. JA est là, souriant, à m’attendre dans le lobby. Je lui glisse d’un air complice :



Me prenant par le coude de manière cérémoniale, il me conduit jusqu’au taxi qui nous attend. Je me concentre pour ne pas trop lui dévoiler mes cuisses, je veux lui faire la surprise au moment opportun. Je me sens un peu comme une enfant gâtée dont on satisfait les caprices. J’ai un sentiment d’angoisse et d’excitation mêlée. J’ai du mal à contrôler le souffle qui agite ma poitrine.


Le trajet est finalement assez court. Je sens le regard lubrique du chauffeur dans le rétroviseur sur mes cuisses et tire sur ma jupe pour les cacher. Serai-je Ô ce soir ? Je me remémore le livre de Pauline Réage que j’avais lu à la sortie de l’adolescence. J’avais été envoûtée par la manière dont l’héroïne s’abandonnait aux caprices de René, son amant. J’avais vécu cette soumission comme si c’était la mienne. Le don de son corps, mais aussi de son âme, à son mâle m’avait remuée intérieurement et fait monter du désir dans mon ventre. Toutefois, les scènes de violences physiques engendrées par cet abandon et les exigences de son compagnon m’avaient beaucoup moins plu. Mais je dois revenir sur terre, nous ne sommes pas dans un livre, ni à Roissy, mais en réel, dans un club prestigieux du Cap d’Agde !

Soudain, au décours d’un rond-point, je vois scintiller l’enseigne éclairée au néon « Histoires d’O » au fronton d’un immeuble. Je frissonne et j’ai peur. Je me blottis contre le torse de JA.



Lorsque nous nous présentons à l’entrée du club, nous devons montrer notre passe sanitaire. S’il n’y a pas de limitation de jauge, il faut néanmoins respecter certains gestes-barrières. Nous sommes accueillis chaleureusement par le couple de gérants.



Après avoir déposé nos oripeaux au vestiaire, nous pénétrons dans une vaste salle éclairée par des lampions rouges tamisés. J’entraîne Elodie vers le bar et lui commande une flûte de champagne rosé Ruinart ; pour moi, un verre de Laphroaig sec. De nos tabourets, nous scrutons les coins et recoins du salon.



La musique n’est pas aussi forte que d’habitude dans les boîtes, l’air est frais et sent bon. Nos yeux ont du mal à s’habituer à l’obscurité que seules quelques lueurs rouges viennent dissiper. Nous rallions notre place. Elodie, oubliant momentanément les gestes-barrières, veut se blottir contre moi. Je dois gentiment lui rappeler que, normalement, seules nos cuisses doivent se toucher. C’est la première fois que je peux goûter à cette privauté dont je ne saurais me priver, tant ce contact est voluptueux.




11 Enfin danser !



Enfin détendus, nous nous enfonçons confortablement dans les profonds fauteuils, nos voisins s’arrêtent de se parler pour nous inspecter d’un œil intéressé. Elodie est à proximité d’un beau quinquagénaire aux tempes argentées qui abandonne sa partenaire pour lui baiser les doigts de sa main droite. Habillé en liquette fleurie, il n’exhibe que ses bras et ses jambes musclés, poilus et bronzés. On devine un sexe en semi-érection pointé dans son boxer-short.



JA avait raison, cette boîte est fréquentée par des gens prévenants ! Mon voisin dégage le charme viril du quinqua sûr de lui. Je regarde sa compagne à sa gauche. D’une quarantaine d’années, c’est une Eurasienne aux yeux légèrement plissés, à la chevelure noire ondulée. Elle porte un mini-short en jean délavé, son string est visible dans son dos quand elle se penche vers son verre. Elle a un tout petit haut qui cache mal une poitrine assez réduite. Avec cette tenue, elle ressemble aux photos des filles affichées à l’entrée du club. Se rendant compte que je la dévisage, elle s’adresse à nous :



C’est une super-boîte. En fait, c’est la troisième fois que j’y viens en une semaine. Je suis une femme seule, en vacances pour trois semaines dans un petit hôtel sympa et pas trop cher qui a un deal avec Histoires d’O. Tu ne peux pas t’imaginer l’accueil qu’ils m’ont réservé, dès lors qu’ils ont compris que je n’étais pas une pute tarifée. J’ai tout de suite été prise en main par trois mecs qui m’ont fait découvrir tout l’établissement. Deux sont repartis à Paris. Je te présente le troisième, Edgar, qui est doté d’un incroyable braquemart.


La fille qui a interrompu Marie-Élisabeth est une petite blonde potelée et trop maquillée en mini-jupe jaune et débardeur blanc qui dévoile sur les côtés de gros seins lourds. Elle fait un peu vulgaire.



Sur ces entrefaites, comme par hasard, le DJ met un slow, et JA m’entraîne sur la piste. Me serrant dans ses bras, il me susurre à l’oreille :



Il fait référence à nos longues discussions par courriel. Il avait découvert que sous ma vie bien rangée de maman attentionnée et d’assistante de direction presque parfaite, qu’il attribuait à Elodie Maman, une autre femme vibrait, à la recherche de troubles plaisirs charnels. Il l’appelait Elodie P. en référence au film de Jean Eustache. Son allusion me fait sourire, et je lui réponds :



Il me sourit à son tour et me serre dans ses bras. Ce n’est pas un mauvais danseur bien qu’il soit un peu raide, comme si le poids de l’âge et de ses connaissances universitaires lui pesait. Me dominant d’une bonne tête, il doit se courber pour venir déposer un baiser mutin derrière mon oreille droite. La musique me transcende, même si « Whiter Shade of Pale » de Procolarum est un air un peu ringard. Elle me hérisse les pores, me donne des frissons et me vide la tête. Je ne deviens rien d’autre qu’un corps qui vit au son des notes. Et, avec la crise sanitaire, il y avait des lustres que je n’avais pas ressenti ce plaisir ! Un autre slow s’enchaîne, et mon cavalier continue, mon corps tourne autour de lui et ma tête autour d’elle-même !


Je redescends sur terre lorsque le morceau s’achève et, galamment, JA me prend la main pour me raccompagner à nos places. Je n’ai pas le temps de m’asseoir, Charles Henri saisit mon coude et me ramène vers la piste de danse. La musique est plus rythmée, ce n’est pas vraiment un slow, mais il n’en a cure ! Sa manière de danser est bien différente, beaucoup plus charnelle. Une main sur mon dos et l’autre sur ma taille, il presse son torse contre ma poitrine, son ventre contre le mien. C’est autant un corps à corps qu’une danse, et d’ailleurs il privilégie le contact corporel au respect du rythme de la musique. En même temps, il me glisse à l’oreille les mots convenus du dragueur professionnel : je suis belle, un vrai sexe symbole, la femme idéale, une vénus fatale, etc.Ce petit jeu m’amuse, cette musique là aussi, je l’avais oubliée ! Et le contact très étroit du corps de ce quinqua sportif me ravit.

À la fin du morceau, alors qu’il me retient pour me faire comprendre que la prochaine est encore pour lui, les lumières clignotent quelques secondes, et je sens la main de mon cavalier sur les pressions de mon caraco. Je lève des yeux interrogateurs vers lui, et il me glisse avec un sourire ravageur :



Étonnée, je me retourne vers notre table. Marie Élisabeth et Julie sont seins nus, et tirent vers le bas le pantalon de JA ; quant à Edgar, il montre son torse de culturiste. Je cherche le regard de JA. Avec une certaine résignation, il me fait comprendre qu’il faut se plier aux coutumes. Je laisse donc mon cavalier me retirer mon caraco. Je sais bien que je soutiens la comparaison : Marie Élisabeth a des seins menus, très pointus. Ceux de Julie sont comparables en volume aux miens, avec une différence : en poire, ils pointent nettement vers le bas et ont visiblement besoin d’être soutenus ! Le contact un peu rêche de la chemise de Charles Henri irrite mes bouts. Je réfléchis un instant, puis, d’une main facétieuse, décide de lui ôter le bas. Je tire sur la ceinture de son pantalon. Il s’écarte de moi et me provoque :



Sans me démonter, car la situation commence à m’amuser, je défais la boucle puis ouvre un à un les boutons de sa braguette. Il en profite pour lancer son ventre en avant, et bien évidemment son membre semi-érigé vient au contact de ma main. Décidée à être espiègle, je le repousse sans craindre le contact, et notre petit jeu dure jusqu’au dernier bouton. Nous nous remettons à danser, lui en caleçon bleu roi, moi topless. Évidemment, ses mains glissent vers le flanc de mes seins. Je regarde les autres danseurs, nous avons l’air plus coincés qu’eux. Presque toutes les filles n’ont qu’un string, et je découvre que certains hommes en portent aussi, avec leurs « paquets » fort apparents. J’ignorais que ce dessous minimaliste convenait aussi aux mecs ! Lorsque la musique devient vraiment disco, Charles Henri me ramène à notre table. J’aurais bien aimé m’éclater sur cette musique, mais, seule, seins nus, je n’ose pas. Je m’assieds entre Julie et Marie Élisabeth, les hommes se rinçant l’œil, face à nous. Assez vite, Julie pose une main sur l’intérieur de ma cuisse, et y joue du piano avec les doigts. Je sursaute, cherche le regard de JA. Le cochon, il feint de ne rien voir !


Comme la plupart des filles, j’ai eu des aventures saphiques au sortir de l’adolescence. C’est doux, et pas désagréable. Cela dit, après avoir vraiment connu les garçons, les vrais, pas ceux qui éjaculaient dès que je les touchais, les filles m’ont moins intéressée. Il y avait bien longtemps que je n’avais pas eu une main féminine qui, par cercles concentriques, s’approchait dangereusement de ma féminité. Que dire des regards des trois hommes face à nous, fixés sur les doigts qui disparaissent maintenant complètement sous l’ourlet de ma jupe en la relevant ! C’est à la fois excitant et honteux. Lorsque le DJ lance un rock, Edgar, interrompant le trouble manège de sa compagne, me prend par le coude et me tire vers la piste.


Je ne peux pas dire qu’il soit mon type d’homme. Petit, râblé, velu comme un ours, il fait vulgaire sinon beauf. Cependant, je dois le reconnaître, c’est un sacré danseur de rock, qui fait virevolter sa partenaire, la lance avec vigueur pour mieux la rattraper, la fait tourner autour de lui au point de lui donner le tournis. J’aime être ainsi poupée de son, manipulée par un expert, finalement un peu objet. L’homme est le leader incontestable dans cette danse, sa partenaire doit suivre ses caprices. J’essaie d’empêcher mes seins de ballotter au rythme des figures qu’il m’impose avec un succès mitigé. Je me sens observée non seulement par les quatre convives de ma table, mais aussi par une bonne partie de l’assistance. Lorsqu’enfin le morceau s’arrête, je suis pantelante, essoufflée, et mon partenaire en profite pour me passer un bras protecteur sur l’épaule et m’empaumer un sein d’un geste de propriétaire.

Je reprends doucement mes esprits sous le regard goguenard de JA. Il s’amuse de me voir m’amuser. C’est alors que Julie, visiblement très au courant des traditions du lieu, dit, en s’adressant à Marie Élisabeth et à moi :



Joignant le geste à la parole, elle ôte son bas et apparaît dans un mini-string noir qui met en relief ses cuisses trop épaisses. Marie Élisabeth l’imite ; elle aussi a un string, mais moins étriqué et plus en accord avec la finesse de ses membres. Je me sens presque agréablement obligée de les suivre, et, ôtant ma jupe, leur dévoile mon shorty rouge et ses petits volants noirs. J’estime que, pour les dessous aussi, je suis « gagnante » ! Nos hommes se rincent les yeux, comparant nos anatomies respectives. Marie Élisabeth est fine et racée, Julie plus rondelette, avec des formes lourdes un peu tombantes. Je suis la plus jeune des trois, et ça se voit !



Aussitôt, trois files rejoignent les trois poteaux métalliques et se mettent à danser en les enlaçant. À tour de rôle, elles sont remplacées. Julie m’explique que c’est un petit concours souvent organisé par les propriétaires du lieu, et me désigne ceux-ci, assis dans un coin, accompagnés d’un couple habillé. Je remarque la femme, une rousse flamboyante vêtue d’une longue robe du soir noire… Lorsqu’arrive mon tour, Julie comme JA me poussent vers le poteau fatidique. Je fais le vide dans ma tête, puis, me rappelant mes cours de danse, classique quand j’étais jeune, moderne ensuite, je m’enroule autour de lui comme une naufragée à une chaloupe. J’essaie de mettre toute ma sensualité dans mes gestes, faisant coulisser lascivement le métal entre mes seins et mes cuisses tout en tortillant mes fesses et ébauchant une danse du ventre. Je me retrouve, lycéenne, dans le spectacle de la fête de fin d’année. Le contexte est un peu différent, certes, moins sage, mais j’éprouve la même sensation d’être scrutée par le public. J’ai droit à des applaudissements lorsque j’ai fini. Julie me succède, elle manque vraiment de grâce ; elle apparaît bestiale ! Quant à Marie Élisabeth, elle a du mal à se départir de sa rigueur tout aristocratique et à se livrer à fond. Pourtant, avec sa taille élancée, elle a une certaine allure.


Une fois toutes les volontaires passées, le jury annonce les résultats. C’est une black de près d’un mètre quatre-vingt qui a gagné. Elle a une croupe qui fait un angle droit avec son dos. Je décroche le prix de la « meilleure débutante » ! J’ouvre mon césar : il s’agit d’un gode gonflable dont le volume augmente à volonté. Il passe de main en main, suscitant les railleries. Malicieux, JA, qui connaît mes réticences par rapport à la sodomie qui me laisse de douloureux souvenirs pendant plusieurs jours, me glisse :



C’est alors qu’Edgar nous propose de faire le tour des installations du club. Mes nouveaux amis m’empêchent de me rhabiller et nous voilà, fort peu vêtus, à le suivre. Je ne m’étais pas rendu compte que la salle principale était composée d’une série d’alvéoles plus ou moins discrètes, dans la plupart desquelles des couples s’éclatent. Je dois admettre que je ressens une certaine excitation à les voir ainsi se livrer en public à des jeux coquins. Nous empruntons un long couloir sombre qui sépare des pièces plus ou moins éclairées. Certaines sont fermées, d’autres n’ont pas de porte, toutes sont munies de vastes vitres qui permettent d’en voir l’intérieur.


Je m’arrête devant l’une d’elles ; c’est un « Glory Hole » dans laquelle une petite brunette fait des gâteries à la demi-douzaine de queues qui traversent le mur. Julie s’avance en gloussant et va lui donner pendant quelques instants « un coup de main ». Ce spectacle ne m’emballe pas : le « plaisir sans visage » ne m’attire pas, ce qui explique peut-être mon attrait limité pour les sex-toys. La pièce suivante retient bien davantage mon attention. Ses fenêtres ovoïdes lui donnent un air d’aquarium. Un noir gigantesque, à la musculature de culturiste, y pilonne une petite Asiatique toute menue, courbée en avant, les paumes à terre. Je me demande si son pauvre utérus peut résister à l’énorme truc qui la pistonne. Presque tous les salons sont occupés. Certains accueillent aussi des voyeurs qui veulent observer de plus près la tectonique des corps. Nous débouchons enfin sur une grande salle de douches, un vaste jacuzzi et une piscine attenante.


Je me sens tourneboulée par ces tableaux successifs que j’ai vu défiler. J’ai les pointes des seins hérissées, et sens dans mon ventre un fourmillement dont je devine la cause. Je crois que Charles Henri s’en rend compte, car il me prend par la main et retourne dans le long couloir jusqu’à un salon libre. Je jette un coup d’œil derrière moi, JA et les autres suivent. La salle est tapissée de velours noir, avec un spot rouge au plafond assez intense qui éclaire une espèce de table, noire aussi, qui ressemble un peu à un autel. Mon mentor m’y fait m’installer à quatre pattes, le visage vers la vitre extérieure. Il se place derrière moi de manière peu équivoque, je sens son membre sur mon périnée. Oui, tout ça m’a donné envie d’avoir un homme en moi. Mais je veux être protégée pour me donner à un mâle que je ne connaissais pas il y a quelques heures. Comme s’il avait deviné ma pensée, JA surgit devant moi et me tend un préservatif. Où l’a-t-il trouvé ? À l’aveugle, d’une seule main glissée entre mes cuisses, je guide Charles Henri dans mon antre. Heureusement, son sexe est fin ; mais aussi long et racé. Une queue d’aristo, me dis-je. Il se glisse aisément en moi, je suis très accueillante. Et soudain, je sens sur mon ventre un contact assez doux. Je lève la tête : Marie Élisabeth est juste à côté de moi, une de ses mains me pétrit un sein pendant que l’autre forme un anneau autour du braquemart de son compagnon en me titillant le clitoris d’un doigt. L’impression est forte et délicieuse. C’est alors que je sens une odeur musquée près de mes narines. Levant la tête, je fais face au gros zizi d’Edgar. Il veut ma bouche, je l’ouvre, il s’y insinue, et m’envahit le palais. Il est trapu et large, je dois écarter les mâchoires. Trois personnes, deux hommes et une femme s’occupent de moi, cela ne m’était jamais arrivé !


N’en déplaise à ces messieurs, celle qui concentre le plus ma libido est Marie Élisabeth, qui tire sur mon petit bouton lorsque son compagnon sort à demi de moi, et le repousse à l’intérieur lorsqu’il s’y replonge ; elle l’étire délicieusement. Pourtant, jusque-là, les amours saphiques ne m’avaient qu’à moitié rassasiée. Mais elle a l’art de démultiplier l’effet du bâton qui coulisse dans ma chatte, et si je n’avais pas la bouche pleine, je lui dirais des mots bleus… Comme la plupart des hommes, Edgar, dans sa volonté de pénétrer au plus profond de ma gorge, quitte à m’en donner la nausée, ne me laisse pas l’opportunité de jouer de la langue tout le long de son vit tel un archet sur son violon. C’est d’ailleurs le violoniste qui se lâche en premier. Son suc est musqué, lourd, très âcre, dur à avaler. Lorsqu’il se retire, me dégageant la vue, je découvre Julie, agenouillée devant JA, lui rendant la pareille. J’ai juste le temps de lui souhaiter mentalement la pareille, car je sens un tsunami monter dans mes reins. Marie Élisabeth accélère ses tractions, Charles Henri ses ruades, le feu m’inonde le ventre, je bascule en avant.


Ce n’est qu’en regardant le petit réservoir rempli qui pend lamentablement au bout de son chibre devenu moins triomphant que je réalise que lui aussi a joui. Un rapide coup d’œil sur Julie me prouve que ses entreprises buccales n’ont très probablement pas eu beaucoup plus de succès que les miennes la veille au soir. Le savoir-faire ne peut effacer les méfaits de la médecine (ou de la maladie, c’est selon). Quittant avec difficulté mon perchoir, je file me rincer la bouche. Je retrouve mes compagnons de débauche toujours nus dans le jacuzzi. Je ne peux m’empêcher de regarder les cicatrices qui strient le bas-ventre de JA, restes des soins hospitaliers qu’il a subis, avant que le flot bouillonnant ne les cache. Je vais l’y rejoindre, me frottant comme une chatte ronronnant contre lui. Je veux lui faire sentir que je le remercie de me faire découvrir de nouvelles sensations. L’onde est purifiante, et je m’amuse de l’air satisfait qu’affiche mon compagnon entouré de trois naïades batifolant autour de lui alors que les deux autres mâles jouent les mateurs assis sur la margelle, les jambes pendantes dans l’eau.


Malheureusement, ce jacuzzi n’est pas très grand, et nous nous retrouvons très vite entourés d’une faune disparate aux rires gras et aux mains aussi exploratrices que désagréables. Aux gloussements ridicules qu’elle émet, je constate que Julie adore cela. Moi pas, cela me rappelle trop les peloteurs du métro que j’endure toute l’année aux heures de pointe. Je sors donc du bassin et décide d’aller visiter la piscine proche. Elle est beaucoup plus grande et calme. Je constate que JA m’a suivie. J’ai la chance d’avoir un bon Samaritain qui veille sur moi. Je fais quelques longueurs puis m’allonge sur le ventre dans l’eau face à la buse d’arrivée d’eau qui me masse délicieusement le bas-ventre. Comme si, quelque part, j’avais besoin de me purifier de m’être donnée à un presque inconnu. Je ferme les yeux sous cette douce caresse.


C’est alors que je sens sur ma poitrine un étrange contact, à la fois délicat et ferme. Baissant les yeux, je découvre deux mains d’ébène qui l’enserre. Je me retourne et me trouve face à face avec le géant black que j’avais vu dans le premier salon besogner une petite Asiatique. Un sourire lumineux découvre la blancheur de ses dents, et il me dit, avec cet inimitable accent des gens d’Afrique centrale, qui roule sur les « r » :



Étrange présentation qui m’arrache un sourire ! Il poursuit :



Je marque un temps d’arrêt, interloquée par cette présentation en forme de carte de visite. Son accent est craquant, surtout pour prononcer le mot « business », dont la nature m’interpelle. Il continue à me masser légèrement la pointe des seins, comme si pour lui ce serait dire « bonjour » en serrant la main. Ce n’est pas désagréable, il le fait avec douceur, en roulant délicatement mes pointes sous la palme de ses doigts, attendant patiemment que je lui réponde.



Avec étonnement, je vois celui se fendre d’un large sourire et ébaucher un geste amical à destination de mon masseur improvisé. Je me demande comment celui-ci va réagir.

Boubacar lui retourne le geste, sort une main de l’eau et l’agite amicalement vers lui.



Décidément, tout le monde est un oncle pour lui ! Je connais le sens élargi de la famille qu’ont les Africains, mais de là à me retrouver dans une boîte de ce type avec un parent…

J’échappe aux caresses électrisantes et me retourne pour lui faire face. Il a pied, alors que je dois me retenir à la margelle. Il dégage un étrange sentiment de puissance contrôlée, avec son crâne lisse, ses gros yeux un peu globuleux, son nez épaté, ses lèvres épaisses et charnues, son cou de taureau et, pour ce que j’en vois, ses épaules de déménageur. Il me sourit, il est d’un naturel rafraîchissant, je n’arrive même pas à m’offusquer d’avoir été tripotée par surprise. Ce géant dégage une espèce de bonhomie désarmante !



Joignant le geste à la parole, Boubacar pose avec délicatesse sa large main aux doigts énormes sur mon buste. Le contraste est saisissant, je trouvais ma peau agréablement bronzée, et là, par contraste, elle paraît horriblement pâle. Visiblement, ma poitrine l’attire. Et, sans savoir pourquoi, trop pourquoi, je ne m’insurge pas, me cambrant au contraire vers lui pour lui donner mes seins. L’atmosphère du lieu, la candeur que dégage mon vis-à-vis me rendent étrangement offerte. Il devine mon abandon et il ne lui en faut pas plus pour qu’il les jauge, les palpe, les soupèse, et me murmure en guise de compliment :



Il ouvre des yeux semblables à des soucoupes et fait une grimace de pitre. Il se rapproche de moi, et, profitant de mon impossibilité de le repousser sans boire la tasse, car j’ai les coudes calés contre la margelle, s’approche de mon visage et dépose un petit baiser assez chaste. Cet homme me déconcerte et m’amuse, il est vraiment plein d’inattendus ! Dans son geste, un membre semi-érigé, me semble-t-il, est venu buter contre ma hanche, provoquant une décharge électrique dans mon corps. Comme s’il avait deviné mon trouble, il réitère sa manœuvre d’approche, me prend sous les aisselles et m’attire en pleine eau. Je suis dessus, il est dessous, il nage sur le dos, je me tiens à son cou et nos corps se frottent l’un contre l’autre. Cette fois je sens parfaitement son membre contre mon ventre, son torse conte mes seins. Arrivés au centre de la piscine, il me redresse, face à lui. Je garde les mains autour de sa nuque, il pose les siennes sur mes hanches et m’attire à lui. Je ne peux m’empêcher d’envoyer une main audacieuse vers la protubérance que je sens battre contre mon ventre. Je ne suis pas de celles qui trimballent un centimètre dans leur sac afin de mesurer la taille des appendices masculins qu’elles rencontrent pensant ainsi s’assurer que l’atteinte d’un niveau élevé sur l’échelle d’Éros, et qui se vantent ensuite de leur capacité d’absorption. Je crois que l’art et la manière font plus que la longueur et le volume.

Mais là, je réalise que je suis tombée sur un calibre qui dépasse sensiblement mes habitudes !


Je minaude un peu, tente une fausse évasion ; il me rattrape facilement et cette fois presse son pubis contre le mien en me tenant par les fesses. Je sens que ma fente, encore tout émue du passage récent de Charles Henri, s’ouvre et que l’eau s’y infiltre. Comme disais un de mes ex, « ce qui est dur avec toi, c’est que plus tu fais l’amour, plus tu as envie de le faire ! ». C’est alors que j’aperçois JA qui, sur le bord de la piscine, me fait de grands gestes et agite quelque chose dans sa main. Je le signale à Boubacar. Nous nageons, soudés, ou plutôt lui nage, et je m’agrippe à lui, vers l’agitateur. Il tend alors quelque chose au beau black : un préservatif !


Enfiler une capote sur un mandrin de la taille de celui que j’ai dans les mains doit être déjà une performance à l’air libre. Le faire dans l’eau se révèle au-dessus de mes compétences, et contrite, après lui avoir contorsionné la queue dans tous les sens sans qu’il se plaigne et sans succès, je le laisse se protéger lui-même ! Il m’emmène là où il a pied et moi non. C’est la première fois que je vais faire l’amour dans une piscine. Et mon deuxième black… Il me soulève les cuisses pour venir frotter son pieu contre ma chatte. Je le tiens par le cou, il me pose les genoux sur ses vastes épaules. Je lui recommande, dans l’oreille :



Il sourit, comme tout homme complimenté pour son équipement. Je me sens très ouverte, et il vient enfin positionner son gland à l’entrée de ma chatte. Étrange impression que d’avoir un homme et de l’eau simultanément en soi. Par petites pressions sur son coup, je lui fais part qu’il peut s’enfoncer un peu plus, il est très attentif à mes réactions. J’ai trouvé une télécommande coquine ! Les muqueuses intimes encore sensibilisées, je le sens avec une délicieuse acuité m’investir peu à peu. Je me sens comblée, au sens propre du terme. Je ferme les yeux. Je me sens tellement bien. Lorsque je les réouvre, je réalise que nous nous donnons en spectacle. JA bien sûr est là, m’encourageant presque, mais aussi Marie Élisabeth, Julie, leurs hommes, et encore d’autres personnes. J’ai un mouvement de recul que ne comprend pas Boubacar, car il applique à la lettre mes consignes de douceur. Puis je me dis que si j’ai suivi JA dans un club échangiste, je ne peux pas jouer la mijaurée et me plaindre d’exciter les voyeurs.


Nous sommes maintenant soudés, pubis contre pubis, immobiles, ne formant plus qu’un seul être. Je sens, presque dans mon utérus, les battements de son cœur animer son mandrin. Nous restons un long moment à communier charnellement, puis je le sens se retirer légèrement. Il amorce des va-et-vient en moi, soft au départ, puis de plus en plus saccadés. Heureusement, je m’agrippe à son cou, il me retient par la croupe, car je me sens projetée vers l’arrière de plus en plus intensément. Je me mords les lèvres, je crie, il n’en a cure, il joue son rôle de mâle. Je viens, je l’inonde, il s’arrête à peine pour me laisser reprendre mon souffle. Et puis l’inexorable piston se remet en marche, me pilonne. À nouveau, je sens monter dans mes reins l’orgasme, je griffe son cou, mors son menton. Je le sens se cabrer, et son foutre jaillir malgré le caoutchouc. Il jouit, je jouis, jamais je n’avais eu deux orgasmes aussi rapprochés.

Lorsque je reviens à moi, JA, le visage inquiet, est penché sur moi. Je suis allongée au bord de la piscine, Boubacar a disparu, comme la foule des mateurs. D’un pâle sourire, je rassure le senior. Il me glisse, préoccupé :



Mécaniquement, le regard vide, je me rhabille. Je n’ai même pas envie de me congédier de nos nouveaux amis, JA le fait pour moi. Je me sens à la fois honteuse de m’être donnée ainsi, et heureuse de ce bien être suprême qui suit l’explosion des sens.

Le même taxi qu’à l’aller nous charge. Il me toise d’un regard goguenard et lance :



Je laisse JA lui tenir le crachoir pendant tout le trajet, je plane dans un brouillard ouateux et n’ai aucune envie d’intervenir dans leur discussion. Une fois dans ma chambre, je prends une longue douche purificatrice, sans me soucier d’épargner mes cheveux, puis me précipite dans les bras de Morphée.




12. Une leçon de kitesurf.



Le matin suivant, au réveil, l’image que me renvoie le miroir me terrorise. J’ai une tête de papier mâché et de larges cernes sous les yeux, les reins endoloris, le minou irrité. Ces preuves désagréables de mes débauches nocturnes m’agacent. Je répare tant bien que mal les dégâts, et, alors que mon compagnon m’annonce se plonger dans d’obscurs traités de médecine à l’hôtel en évitant toute allusion à notre récente soirée, je tente d’enterrer mes émotions et leurs séquelles en peaufinant mon bronzage intégral sur la plage. Je réussis finalement à retrouver une tête normale en fin de journée, et à enfin à disparaître la trace de mot maillot sur mon corps qui prend une jolie couleur caramel bien uniforme. Le soir, JA m’invite dans une somptueuse auberge de l’arrière-pays. Éludant soigneusement le thème de mes frasques nocturnes, nous avons parlé cinéma, éducation des enfants et il m’a dressé un passionnant panorama de l’histoire de la médecine depuis Hippocrate jusqu’à nos jours. Il semble que, par ses écarts par rapport au « médicalement correct », il ait marqué son époque. C’est un compagnon de discussion charmant. Quel dommage qu’il n’ait plus entre les jambes de quoi satisfaire mes envies nocturnes !

En arrivant à la plage, le lendemain, après une nuit longue et sage, je tombe nez à nez avec un de mes compagnons de voyage en train, Marc, celui qui m’avait abordée à la gare d’Agde. Il se statufie en contemplant sans vergogne mon anatomie dévoilée, puis, retrouvant enfin la parole, il me dit :



Il me gratifie d’un grand sourire, me fait promettre de venir et s’éloigne. Sa silhouette a encore la fragilité d’une adolescence inachevée. Je suis impatiente de voir de plus près les figures acrobatiques incroyables qu’il réalisent en l’air et me dis que ce genre de sport n’est pas vraiment fait pour moi.

L’heure venue, je mets quand même un léger paréo, prends ma serviette et mon sac et me dirige vers les banderoles qui limitent la zone de kite. Lorsqu’ils m’aperçoivent, mes quatre lascars, qui m’attendaient probablement, se précipitent vers moi. Je ne peux m’empêcher d’admirer leur musculature qui roule sous leur peau, et leur zigounette qui s’agite quand ils courent. Leurs fesses aussi, elles ont la fraîcheur des pommes bonnes à cueillir. Ils négocient avec le responsable pour me permettre de franchir la corde délimitant la zone réservée aux pratiquants, puis me font asseoir près de leurs serviettes. Lorsque je dénoue mon paréo, je sens un nuage de testostérone sur mon corps. Je ne sais trop où regarder pendant cet examen visuel approfondi. Puis Max, probablement le chef de la bande, celui qui avait profité de notre périple en 4L pour me peloter le sein et qui paraît un peu plus âgé que les autres, m’explique :



Un haut-parleur diffuse une musique assourdissante, interrompue de temps en temps par un speaker qui ameute la foule qui vient se presser contre les cordages que j’ai pu franchir. Quelques jolies filles se pavanent au bras de surfeurs. Je dois être la plus âgée de l’enceinte. Visiblement, la culture des corps est à l’honneur dans cette communauté. Chaque concurrent s’entoure la tête d’un bandana pour qu’il soit identifiable de loin par le jury. Certains sont entièrement nus, d’autres revêtent un bermuda pour concourir.

Le speaker demande aux concurrents de la première manche de rejoindre le bord de mer aménagé en ligne de départ. Max et Kevin se préparent. Mes deux compagnons restants me proposent de rejoindre la buvette, située légèrement en hauteur, avant qu’il n’y ait plus de place. D’office, Max me commande une bière. Au coup de feu, les compétiteurs se lancent pour prendre de la vitesse et effectuer toutes sortes de voltige insensée. Mes compagnons commentent leurs exploits avec des mots anglais que je ne comprends pas. Ils crient, s’enthousiasment, soupirent. Je n’y comprends rien, mais leurs réactions m’amusent. Dans l’euphorie, Max vient poser sa main sur ma cuisse et l’y laisse. Je ne la repousse pas.


Au retour à terre de leurs copains, je sens une certaine désillusion chez mes deux voisins. En effet, après quelques minutes d’attente, le nom du vainqueur est annoncé, ce n’est pas eux. Ils nous rejoignent, déçus. Voyant la main de son copain sur ma cuisse, un voile de triste jalousie traverse le regard de Max. Je m’en amuse, je sens bien que moi aussi, je suis objet de compétition, je me sens rajeunir d’au moins une dizaine d’années. À nouveau, j’ai droit à une nouvelle bière, alors que je n’ai pas fini la première. Il va bientôt falloir que je m’isole pour faire pipi !

La seconde manche a lieu, puis la troisième à laquelle participe Ringo. Lui non plus ne se qualifie pas. J’ai toujours droit à ces commentaires techniques absolument incompréhensibles. Lors de la quatrième, comme Max nous a quitté, Jack s’approche de moi, prend sa place et me glisse à l’oreille :



Émouvant commentaire d’un découvreur de trésor qui en revendique la propriété ! Max se qualifie brillamment dans sa poule, à notre grande joie. Le speaker fait monter la tension avant le départ de la finale. Chaque concurrent a son fan-club qui tente de s’égosiller plus fort que les autres. Lorsque le départ est donné, les cris redoublent, les bras s’agitent, je n’arrive même plus à distinguer Max des autres. Lorsqu’il revient, ses trois copains coïncident : peut-être premier, au moins deuxième. Verdict hélas confirmé par le jury. Il gagne cependant un superbe t-shirt au couleur du club et nous nous retrouvons tous les cinq à manger un hamburger. Je n’ai pas vu passer le temps, il est déjà quinze heures.


Je redeviens malgré moi le centre de la conversation : mon initiation est programmée pour l’après-midi ! Lorsque, questionnée à ce sujet, je dis à mes nouveaux amis que je n’ai jamais fait de windsurf, je sens une certaine détresse les traverser. Il semblerait que ce soit le premier pas obligatoire pour se lancer dans le kite ! Pragmatique, Max décide que tel sera l’objet de ma première leçon. Une demi-heure plus tard, me voilà sur une planche, entourée par quatre gaillards. Je regrette de ne pas avoir emporté de maillot, la recherche d’un équilibre précaire est incompatible avec une nudité à peu près décente et donne des angles de vue gênants. Hélas, la mer est assez agitée, et chaque fois que je tente d’incliner le mât pour trouver de l’équilibre et faire avancer la planche, je me retrouve dans l’eau ! Je me fatigue à boire plusieurs tasses et à sentir des mains exploratrices m’aider à remonter sur mon frêle esquif. Finalement, un de mes moniteurs va me chercher un gilet de survie. Bien utile, mais probablement conçu pour une femme totalement plate ou pour un homme, je l’enfile sans pouvoir l’attacher sur ma poitrine. Si elle rend mes chutes moins profondes et m’évite de boire la tasse, ma bouée ne me donne pas plus d’équilibre !


Max décide de prendre le taureau par les cornes, monte sur la planche, s’installe derrière moi, ventre contre mon dos, et me prends les mains pour m’enseigner où les mettre. Cette fois nous décollons et mon radeau glisse sur l’eau, accélérant peu à peu. La sensation est grisante, le clapotis de l’eau divin, je suis conquise ! Avec patience, mon moniteur m’enseigne l’angle à donner à ma voile par rapport au vent. Je tombe au premier virement de bord, il me remonte et nous repartons. Nous réussissons le second, puis le troisième, et nous amusons à rivaliser de vitesse avec d’autres pratiquants.


Un phénomène nouveau vient cependant troubler mon apprentissage. Je sens sur le haut de mes fesses, à la limite de mon gilet, durcir peu à peu quelque chose dont je devine aisément la nature. Une pensée saugrenue me traverse la tête : heureusement que Max a près de vingt centimètres de plus que moi et de grandes jambes, sinon l’intrus serait capable d’aller explorer les recoins pour lesquels il est fait. Je suis troublée, il doit l’être aussi, car nous ne parlons plus. Ses conseils avisés cessent. Je sens aussi, de plus en plus, dans mon ventre, cette tension que donne l’envie. Je me doute bien qu’il ne peut pas revenir sur la plage, aux yeux de tous, dans cet état. Sommes-nous donc condamnées à voguer jusqu’à ce que mon compagnon débande ? Comment pourrais-je trouver la manière de le câliner afin qu’il retrouve une taille décente alors que je suis en permanence à la recherche d’un équilibre instable ? À moins qu’un bon bain frais… En plus, je sens qu’il se colle de plus en plus à moi, je sens même les battements de son cœur au bout de sa queue dressée !

Je décide d’aborder le problème de front et, me retournant à demi, lui glisse :



Il reste silencieux de longues secondes, remue un peu, ce qui oriente son sexe durci vers le bas maintenant ; il se glisse entre mes fesses, j’en frémis. Puis il me dit d’une voix grave :



Il réalise minutieusement son plan, nous sommes assez éloignés de notre aire de départ. Il démonte le mât, je le prends et le suis. La planche plaquée contre abdomen, il traverse la plage, et atteint un des petits hangars dont il ouvre la porte. Il s’efface pour que je rentre, la verrouille, ce qui ne me surprend pas, et se retourne vers moi, le sexe flamboyant dressé dans ma direction. Il s’approche, et saisit mes lèvres. Il a le goût du sel. Avec une délicatesse inattendue, il m’enlève mon gilet. J’oublie qu’avec ses dix-neuf ans, il en a quatorze de moins que moi. Je sculpte du bout des doigts les contours de ses pectoraux, il se penche, prend mon sein dans sa bouche et me tète comme un bébé. Ma main descend vers son bas ventre, joue avec les boucles de ses poils, et atteint enfin son membre. Il est doux, il est dur. Il sursaute à mon contact et me mordille un peu.


Il se relève, s’écarte un peu. Seul un faible rayon de lumière qui passe sous la porte éclaire notre petit gourbi. Il hésite, prend la planche, la cale légèrement inclinée contre une étagère, me pousse contre elle et se baisse légèrement pour pouvoir m’investir. Je suis humide et accueillante, mais dois le guider en moi de la main. Il me pénètre, lentement, inexorablement. Je m’accroche à sa nuque. Max me fait l’amour à son image, sportivement, naturellement, spontanément, avec une pointe d’autoritarisme. Lorsqu’il s’enfonce en moi, il m’entraîne vers le haut et je me retrouve sur la pointe des pieds. Notre différence d’âge s’est estompée, nous ne sommes plus qu’un homme et une femme soudés l’un à l’autre. Bien que le contact de la planche dans mon dos soit un peu désagréable, tout mon être se concentre dans le plaisir que me donne le jeune membre vigoureux qui glisse dans mon ventre. Je sens le plaisir monter en moi, je crispe mes muscles vaginaux, mon amant accélère, je jouis, je l’inonde, il me comble de puissants jets féconds. Je feule, sa main vient se poser sur ma bouche pour en atténuer le bruit.

Nous restons encastrés un long moment l’un dans l’autre. Peu à peu, nos souffles redeviennent normaux. Je me sens bien, même si je réalise que nous ne nous sommes pas protégés. Soudain, je sursaute. On frappe à la porte, et une voix masculine résonne :



Ses copains nous ont retrouvés, ils me veulent aussi ! J’esquive un léger mouvement, et réalise que le sexe qui est resté en moi est toujours dur. Ce garçon ne débande donc pas ! Quelle vigueur ! Je sens nos humeurs couler le long de mes cuisses.



Après un moment d’immobilité, je fléchis les genoux, il me suit dans mon geste. Nous nous retrouvons assis sur le sol en béton, nous faisant front, mes cuisses sur les siennes, son pieu toujours en moi. Alors, lentement, il me pousse en arrière en pressant sur mon buste et je me retrouve, appuyée sur les coudes, face à lui. Il fait de même, et entame alors de très lents mouvements en moi. La sensation est extraordinaire, car il frotte presque douloureusement sur mon clitoris en l’emmenant dans ses mouvements. Il touche des zones nouvelles pour moi. Dans la pénombre, je croise son regard trouble. Je ne le lâche plus, voir le plaisir monter dans les yeux d’un homme est particulièrement émouvant. L’accélération de ses gestes trahit la montée de sa sève. Il se mord les lèvres, ses pupilles se dilatent et se troublent, il me lâche sa purée, un tsunami me traverse, je crie, librement cette fois, et retombe sur le dos. Nous avons joui deux fois en moins de dix minutes !


Combien de temps suis-je restée ainsi prostrée, le dos sur le sol rugueux ? Je l’ignore. Tout d’un coup, j’ai pris conscience de la rugosité du sol dans mon dos et surtout de l’horrible sentiment de vide qu’il a laissé en moi quand il déserte mon ventre. Lentement, il se relève, me tend la main pour m’aider, me prend dans ses bras et dépose un merveilleux baiser sur mes lèvres. Je sens avec une délicieuse honte nos sucs qui sourdent hors de moi. Il me susurre :



Je redescends sur terre. J’ai laissé toutes mes affaires sur la base de kite, je dois d’urgence me laver ! À peine la porte ouverte, je cours vers le rivage. J’ai l’impression que tout le monde sur la plage devine d’où nous venons et ce que nous y avons fait. Enfin dans l’onde, je peux me purifier. Je sens le piquant de l’eau salée m’irriter les muqueuses. Max m’a rejoint, il me prend à nouveau dans ses bras puissants et me serre contre lui. Moi qui voulais être discrète ! Après une longue baignade réparatrice, nous rejoignons notre point de départ, et je retrouve enfin mon sac et ma serviette. Les trois copains me regardent d’un air étrange, où se mêlent désir et réprobation. Nous n’échangeons aucun mot, je les quitte d’un signe de main, Max me rattrape, m’enlace et me roule un patin de cinéma. Comme s’il voulait réaffirmer à ses potes que je lui appartenais… Sur le chemin de retour vers l’hôtel, je m’interroge : dois-je raconter à JA ma merveilleuse aventure ?


Finalement, lors du dîner, je me jette à l’eau et lui raconte ma journée avec Max. Je vois ses yeux briller au cours de mon récit, et il me pose moult questions précises, voire indiscrètes. De bonne grâce, je lui réponds. Nous nous couchons assez tôt, tous deux dans mon lit. Je suis fourbue et m’endors chastement blottie dans ses bras, comme de vieux amants. Dans le train du retour, le lendemain matin, les images fortes de mon séjour au Cap défilent dans ma tête à la même vitesse que les paysages à la fenêtre du TGV. Mes passionnants dîners avec JA, la demi-fellation que je lui ai faite, mes folies à l’Histoire d’O, les bons moments passés avec Max. Je suis si reconnaissante à JA de m’avoir permis de repousser mes limites. Je me dis qu’il faudra que je trouve quelque chose à lui faire pour l’en remercier…