n° 20420 | Fiche technique | 34908 caractères | 34908 6249 Temps de lecture estimé : 25 mn |
11/08/21 |
Résumé: Rencontre inattendue en stage. | ||||
Critères: ff cunnilingu -lesbos | ||||
Auteur : lexdepenny Envoi mini-message |
Mon bureau est juste à côté de la machine à café et les cloisons sont plutôt minces, alors j’entends bon gré mal gré beaucoup de conversations soi-disant privées. Je suis obligée de mettre mon casque et écouter de la musique si je ne veux pas que ma concentration souffre. En tant que responsable des stagiaires, il y a des choses que je préfère ne pas savoir. Je suis jeune pour avoir cette responsabilité, et je sais qu’il y en a qui estiment que, malgré mes qualifications et ma compétence, on m’a engagée d’abord parce que je suis une femme, et si cela ne suffit pas, parce que je suis plus basanée que la moyenne dans cette boîte dont la maison-mère est outre-Atlantique.
Cela pour expliquer que je n’ai pas fait exprès d’écouter mes trois zouaves actuels. Leurs causettes quotidiennes m’ont déjà appris bien plus que je n’en avais besoin sur le stade rennais, mais en général, ils sont amusants. Ils sont jeunes, très jeunes même (dit-elle, de la hauteur de ses vingt-cinq ans) ! Quand ce n’est pas le foot, ces garçons ont les hormones qui flambent à tout moment, et je suis consciente qu’ils n’ont pas raté certaines de mes collègues qui sont, pour être brutalement honnête, belles au possible, bien foutues à souhait et (sauf exception), gentilles à toute épreuve. (Eh non, je ne suis pas jalouse), si je n’écoute pas, je les entends quand même.
Bon, déjà ça élimine deux des candidates que j’avais en tête, toutes deux font au moins un mètre soixante-dix.
Je commence à me creuser la tête. La cheffe des ventes ? Elle a la trentaine, mais elle s’habille jeune, donc…
Eh merde ! Ça suffit ! Hana, c’est moi ! Que faire ? Je pourrais sortir et les engueuler, et de bon droit… beau sourire, mes fesses ! Ils n’ont pas à discuter des collègues comme de la chair à déguster… surtout pas de moi ! OK, à un mètre soixante je ne suis pas une géante, mais quand même ! Malgré moi, un sourire me vient aux lèvres. Moi, en bikini ? J’ai un maillot sérieux ; je suis une nageuse, moi. Mes épaules le prouvent. Trois fois par semaine, une heure de piscine à alterner crawl et brasse (avec des intervalles de papillon si j’ai envie de me noyer un peu). Bon. Admettons-le, Hana : c’est un peu flatteur d’être appréciée à distance, et ces deux sont de beaux jeunes hommes. Je remets mon casque. J’ai plein de trucs à finir avant de partir pour Londres demain.
La boîte est américaine, les grands chefs aussi. Pour eux, le français paraît impossible à articuler, même quand on en trouve un qui le comprend. Il faut donc que nous, on se dévoue et qu’on apprenne leur langue. Me voici, donc, le lendemain, à débarquer de l’Eurostar pour dix jours d’english conversation.
Trois jours plus tard, je suis fatiguée du cerveau. De l’anglais, de l’anglais et encore de l’anglais. Les autres sont des Suédoises, des Polonaises et des Slovaques, toutes avec un meilleur accent que moi. Je suis la seule francophone du lot. Je vais oublier ma langue maternelle si ça continue ! Comme nous sommes toutes logées dans le même hôtel où se déroule le stage, ça continue même le soir. Heureusement, j’ai une chambre pour moi toute seule, il y en a plusieurs qui doivent partager.
Ça sort en direct de « Français pour débutants », première leçon. Celle qui m’a arrêtée à la sortie du cours et me parle pourrait difficilement être autre chose qu’une Polonaise. Grande, blonde aux yeux verts, solidement bâtie et avec une poitrine qui me rappelle, une fois de plus, le peu que j’ai dans ce domaine.
Même si son accent en français est pire que le mien en anglais, une vague de soulagement inonde mon cœur. On discute pendant des heures ce soir-là, Anya et moi, de n’importe quoi… mais en français ! Elle est beaucoup moins nulle qu’elle ne croit. Le lendemain et le surlendemain pareil.
Anya connaît bien mieux Londres que moi – pas trop dur, c’est ma première visite – et le week-end elle m’embarque pour faire un tour dans les boutiques de mode de King’s Road. Malgré sa carrure, elle essaie de petites robes et des jupettes à froufrous. Je fais un effort pour être sympa et, une fois ma longue jupe, et cetera, enlevée, je suis ébahie de découvrir que le mini, ça me va bien. Il n’y a pas que les vendeuses qui me le disent. Je suis capable de reconnaître un regard approbateur, et j’en attrape plusieurs au vol. Un garçon qui accompagne sa copine se fait rondement sermonner pour m’avoir regardée trop longuement et avec trop d’intérêt. Pour moi, qui suis habillée pour passer inaperçue la plupart du temps, c’est nouveau et flatteur et j’avoue que ça me plaît. J’achète, donc, cette minijupe classique en noir. Je me vois mal (c’est-à-dire : pas du tout) le porter au boulot. Au moins aurai-je un joli souvenir d’un super après-midi passé avec une fille sympa. On s’amuse comme des folles, je n’ai jamais autant rigolé depuis des années.
Assises dans un bar bondé le soir, Anya continue à m’interroger sous prétexte d’approfondir ces connaissances de la langue.
Anya est d’une discrétion totalement absente.
Je suis étonnée de m’entendre dire ça. Ça ne la regarde pas, mais elle est tellement franche, cette fille, que je me sentirais injuste de ne pas faire pareil… C’est libérant, je trouve.
Là, je m’arrête brusquement. Anya le remarque.
Dans ma chambre, on s’installe, je ferme les yeux et je raconte…
— Viens, on va faire comme si l’on était un couple. Toi, tu fais le garçon, parce que tu es plus grande que moi.
… Plus plate aussi, je réponds. Rida, c’est une Vénus de poche. On avait quinze ans toutes les deux, et elle faisait déjà femme. Donc on se met à danser ce slow. Elle se colle à moi. Je suis très consciente que ses bouts de sein sont durs. C’est l’été et l’on est en tee-shirt. Moi je ne mets pas de soutien-gorge parce que je n’ai quasiment rien à mettre dedans. Elle a enlevé le sien, trop comprimant par cette chaleur, dit-elle.
— Si tu étais un garçon, tu m’embrasserais, non ? dit Rida.
Je suis gênée.
- — Je ne sais pas embrasser comme ça.
- — Justement, moi non plus ! Comment on fera quand un garçon voudra nous embrasser ? Il faut nous entraîner !
Je regarde Anya.
- — Qu’est-ce que tu fais ?
- — Je vérifie.
- — Tu vérifies quoi ?
- — Si en vérité tu n’es pas un garçon !
Nous sommes parties dans des éclats de rire. Puis tout à coup, Rida s’arrête.
- — Tu sais que tu es mouillée ? dit-elle. Elle met sa main sous mon nez. Ça sent le sexe. Je me masturbe depuis des années, mais jamais je ne me suis retrouvée avec les doigts aussi dégoulinants que les siens à ce moment-là.
- — Tu es folle ! Je lui dis.
- — C’est normal. Si un garçon m’embrassait aussi bien que toi, je serais mouillée aussi. Regarde !
Elle fourre sa main dans son pantalon de pyjama et la ressort tout aussi trempée. Elle rit et essuie sa main sur ma figure. J’ai les joues barbouillées de ses jus.
— Laisse-moi voir comment tu es faite, dit-elle. Déjà elle est en train de défaire la corde de mon jogging. Deux secondes plus tard, je suis nue à partir de la taille. Elle dénoue la corde de son pantalon et il tombe autour de ses chevilles. On se regarde le minou…
Anya tousse. J’ouvre les yeux et je la retrouve avec sa jupe retroussée, en train de se frotter à travers son slip.
Anya brame et je comprends qu’elle vient de jouir, elle aussi. Elle va à la salle de bain et quand elle revient, elle me fait un bisou, sur les lèvres, mais pas appuyé.
Je pouffe de rire.
Il a fallu que je lui explique ça. Elle va rentrer en Pologne avec des connaissances de français décidément pas scolaires…
Elle frappe à ma porte à l’heure convenue le lendemain soir. L’été londonien bat son plein. C’est comme à Rennes pendant une canicule. J’ai mis une de mes longues jupes habituelles et je vois la déception dans les yeux d’Anya.
Je décide de la laisser faire. Après tout, c’est moi son invitée. La jupe m’arrive à mi-cuisse et me paraît beaucoup plus courte que dans la boutique. Je remets mes sandales et ressors de la salle de bain en jupe et soutif.
Je me regarde dans la glace, ce dont je n’ai pas souvent l’habitude quand je ne suis pas habillée. Il est vrai que le soutif ne me flatte pas. Logique, quand il n’a rien à soutenir ! Ma poitrine n’a pas grossi depuis l’âge de treize ans, et pour être plate, je suis plate.
C’est bizarre, mais je n’hésite pas à le faire. Je commence à comprendre qu’Anya est une force de la nature. Pour la première fois depuis ces dimanches chez Farida, je suis torse nue devant une autre personne qui n’est pas ma toubib. Pendant que je mettais ma jupe, Anya s’est permis de fouiller dans mes fringues et a sorti un chemisier blanc.
Elle prend les deux pans du chemisier et le noue sous mes côtes.
La fille dans la glace est fine. Elle fait bien plus jeune que moi. Ses cheveux noirs ondulés tombent sur ses épaules. Son estomac, exposé entre chemisier et jupe, est plat. La jupe a dû encore rétrécir vu la longueur de cuisses qu’elle révèle. Je ne la connais pas, cette fille. Je ne me reconnais pas. Ma combinaison de natation me couvre davantage. Si je suis consciente que je ne suis quand même pas nue, c’est presque comme si je l’étais.
Elle éclate de rire, et je ne peux m’empêcher de la rejoindre. Ça me calme les soucis. Être cette fille qui est dans le miroir, ne serait-ce que pour ce soir, me tente. Anonyme et sans besoin de me comporter avec cette distanciation professionnelle qui me demande tellement d’effort au boulot, je découvrirai peut-être quelque chose d’inattendu sur moi-même. Je prends mon portefeuille et le fourre dans mon sac.
Je la suis jusqu’au métro. L’escalier roulant qui nous conduit dans l’Underground est long, et je sais que le monsieur, quelques marches plus bas, doit avoir une vue de moi plutôt révélatrice… surtout quand l’arrivée d’un train fait voler ma jupe. Heureusement que j’ai une culotte qui me couvre bien. Le petit incident fait rire Anya. Je sens que ça la divertit de me voir décontenancée.
« Le Chat Noir » est le simulacre d’un bistro à la Parisienne, tel que les Anglais les conçoivent. Nappes cirées à carreaux avec une nappe en papier dessus, les plats écrits sur le miroir derrière le bar. C’est sympa comme atmosphère, un public étudiant en grande partie. On a une table réservée dans un coin, d’où je pourrai observer les gens. Ma jupe, que j’ai cru être à la limite de la décence, est plutôt conservatrice parmi celles de ces filles.
Le service est assuré par un jeune homme que je qualifierais de flamboyant, avec son vernis à ongles rouge et ses yeux maquillés, et par une fille brune, qui porte une jupette noire comme la mienne, avec un chemisier blanc, noué comme le mien !
En effet, quand elle se penche pour déposer les verres que nous avons commandés, on a une vue sur de beaux seins fermes, à peine contrôlés par son soutif balconnet. Ce petit (!) détail à part, et son teint qui est plus clair que le mien, on pourrait être des sœurs. Elle a un regard qui me fait des choses. Anya lui dit quelque chose que je ne comprends pas, et la fille répond avec un flot de ce que je suppose être du polonais. Elle m’envoie un clin d’œil, renforcé par un sourire éclatant qui me transperce jusque dans les entrailles et qui la rend encore plus belle, avant de partir vers une autre table.
Malgré moi, le souvenir de la poitrine superbe de Farida me surgit dans la tête. Cette peau douce et chaude, le poids de ces seins lourds que j’ai soupesé avant de baisser ma bouche sur un téton dur. Serais-je capable d’en faire autant avec cette fille ? Je refuse de me mentir. J’y prendrais un plaisir exquis. Je suis consciente que je rougis.
Si le décor est factice, la cuisine ne l’est pas. Le garçon nous sert des plats délicieux qu’on accompagne d’un vin blanc de meilleure qualité que je ne l’aurais soupçonnée. Je n’en abuse pas, mais sachant que je n’aurai pas à conduire, je me permets quelques verres supplémentaires. Notre conversation revient vers des sujets moins troublants et l’on s’amuse beaucoup.
Vient le moment de payer. J’insiste pour prendre le vin à ma charge. Anya appelle la serveuse… l’avantage d’avoir une langue en commun. Elle arrive une minute plus tard, un Bic à la main. Elle se penche de nouveau sur notre table et fait l’addition sur la nappe en papier. On se serait crues dans un film de Gabin ! Son chemisier bâille et j’ai cette belle poitrine presque nue à une vingtaine de centimètres de mes yeux. Je fais de mon mieux pour ne pas avoir trop l’air de bigler, mais j’avoue que ces seins m’attirent, beaucoup, même. Pourtant, cette sensation n’est que la partie physique de ce qui fait battre si fort mon cœur. Je ressens une attraction que je n’arrive pas à m’expliquer, moi qui m’explique tout. Une copine bien plus avertie que moi m’avait une fois dit que ça commence par le coup de foudre et que ça se termine avec un goût de foutre. Mais là, devant cette jeune femme, j’avoue que je suis perdue. Pendant ce temps, ça cause polonais, et les deux rient comme des dingues. Ça commence à suffire.
Mon ton lui dit qu’elle est allée trop loin. Elle s’excuse et l’on rentre, sans, il faut dire, beaucoup parler. Devant ma porte, je lui dis bonne nuit et je rentre. Tout à coup, ma tenue me dérange. J’ai vingt-cinq ans et n’accepte pas qu’on me traite en gamine bête.
Le lendemain matin de bonne heure, je suis sûre que c’est elle qui frappe à ma porte. Je mets la tête sous l’oreiller et me rendors.
Dans la salle de conférence quelques heures plus tard, je me suis assez calmée pour la chercher et mettre les événements de la soirée à leur place.
Personne, il paraît. À la pause, je vais d’abord à sa chambre que je trouve ouverte avec les femmes de ménage qui changent le lit. Je cours au bureau, parce que ça commence à m’inquiéter. Là, j’apprends qu’elle a dû partir, une urgence dans sa famille. J’arrive à retenir mes larmes jusqu’à ce que j’arrive dans ma chambre, mais une fois la porte fermée, je me balance sur le lit et je pleure comme une Madeleine. Quelle sotte ! Je me traite de tous les noms. Le téléphone sonne à côté de mon lit. Je saute dessus. Ça ne peut être qu’elle !
Elle me parle et je n’y comprends rien. Puis je reconnais un prénom, Anya. L’inconnue répète ce qu’elle a dit, en parlant plus lentement, et je réalise que c’est du français, mais qu’elle doit le lire sans bien comprendre.
Elle explique. C’est la serveuse de la veille, à qui Anya avait promis de rendre un service, qu’elle ne pourra pas accomplir à cause de son départ précipité. Est-ce que je serais prête à rencontrer Ewa, c’est son prénom, pour en parler ? Je suis confuse. Pourquoi moi ? Je dis quand même oui, et l’on se fixe rendez-vous dans un café non loin de l’hôtel. Heureusement, parce que j’aurais été incapable de retrouver le bistro. Je fais bleu du stage et j’y vais.
À la lumière du jour, Ewa est encore plus belle, en jeans et tee-shirt. Je me rends compte qu’Anya a dû réveiller quelque chose en moi que je ne reconnaissais pas moi-même. J’ai une envie folle de prendre cette fille dans mes bras. Ewa ne dit rien des commentaires d’Anya, mais m’explique la situation. Elle a été engagée comme serveuse pour un dîner de patrons d’œuvres caritatives, samedi soir. On lui fournira une tenue « spéciale », c’est-à-dire sexy. Il y a d’autres trucs dont elle préfère ne pas parler. Je devine que le sexe y joue un rôle. Elle ne peut que difficilement refuser, ses finances ne le permettent pas. Elle a tout juste vingt ans, est seule à Londres, et la fille avec qui elle partage sa piaule est partie. Anya avait promis de l’accompagner.
Je suis une personne serviable et j’aurais accepté de toute façon. Mais si, comme je commence à accepter, j’ai un côté qui est sérieusement attiré par les femmes, autant vérifier – ou pas – cela loin de ma vie quotidienne. Ewa est belle. Je dis oui.
Samedi soir, donc, j’arrive à la maison où Ewa a une chambre. Je suis habillée de façon très conservatrice, avec les cheveux couverts. Elle est choquée, c’est évident. Elle m’a vue habillée comme tout le monde, au restaurant. Elle me fait entrer en s’excusant du bordel. Un taxi vient nous chercher, ce qui me surprend. Qu’est-ce que c’est que cette soirée ? Il y a du louche dans l’air, on dirait. Sitôt montées, une femme qui nous attend nous bande les yeux. Je commence à rouspéter, mais Ewa me ferme les lèvres avec les siennes. C’est la première femme depuis Farida qu’on m’embrasse comme ça et je cède à la tentation et au plaisir de lui rendre ce baiser. Embrasser quand on ne voit rien de celle qu’on embrasse me donne les papillons dans le ventre. Le taxi roule.
Le baiser dure, et dure. Je crève d’envie de lever mes mains vers ces seins que je ne vois que dans mon imagination, mais je me sens le devoir de résister. Après tout, je suis ici en chaperonne… Et fringuée pour ! Cette pensée me fait sourire.
Le taxi s’arrête et l’on nous guide pour en sortir. Quelques pas plus loin, je sens qu’on entre dans un bâtiment. Une main cherche la mienne et je la serre.
Mais de qui ? Mais de quoi ? La situation est mystérieuse, mais jusqu’à présent pas menaçante. On monte un escalier interminable et on nous enlève le bandeau des yeux. La pièce est petite, à peine plus grande qu’une armoire. Des costumes sont accrochés devant nous.
Je fonds. Se déshabiller à deux dans une espèce de cagibi relève de l’exploit, et même si j’essaie d’éviter trop de contact avec la peau douce d’Ewa, c’est impossible. On se frotte l’une à l’autre et j’avoue que ça m’excite. D’après sa respiration, Ewa aussi ressent la sexualité de nos touchers, qui sont involontaires… de ma part du moins.
Le costume, c’est un bustier qui est très serré pour elle, parce que moulant pour moi, et une jupe micro-mini que me cache tout juste les fesses. Ewa porte un string, donc les siennes sont nues. Elles sont belles. Avec ma culotte grand-mère, je me sens bizarrement confuse. Ça fait deux fois de suite que je montre plus de peau nue que depuis que j’étais petite fille. À l’aise, ce n’est pas le mot. La porte s’ouvre.
La salle a une quinzaine de tables, toutes occupées. Soirée smokings et longues robes plus bijoux, on dirait. Deux autres jeunes femmes, habillées comme nous, apportent des plateaux de verres aux convives. Ewa fait de même. Comme on ne m’a pas donné de rôle précis, je m’installe sur un tabouret devant le bar et observe. À part la tenue des serveuses, je ne vois rien qui paraisse (trop) bizarre. Un murmure de conversation flotte au-dessus des tables et le parfum d’une cuisine raffinée règne.
Vingt minutes plus tard, je commence à m’ennuyer. Je suis sur le point de le dire à Ewa, quand je vois la femme du taxi qui lui parle. Ewa la suit vers une autre porte, en me lançant des appels muets pour que je la suive, ce que je fais.
Je réussis à me glisser entre la porte qui se ferme et son cadre. Ewa est là, devant la femme, qui lui explique quelque chose d’un ton sérieux. Je m’approche et j’écoute.
Elle lève les yeux sur moi.
Toute rouge, Ewa commence à se défaire de sa jupe. Merde ! Dans quoi me suis-je balancée ? Ouf ! J’en ai la tête qui tourne ! Mais la solidarité l’emporte, et s’il faut que j’enlève ma petite jupe, allons-y gaiement. Je leur tourne le dos pour m’en débarrasser, et quand je leur fais de nouveau face, il est de toute évidence qu’Ewa a enlevé son string aussi ! Je suis écartelée entre le désir d’examiner de près ce joli minou avec ses boucles noires, et la réalisation que je vais devoir faire pareil ! Toi et ta grande gueule, Hana ! Rien à faire. Allez, hop ! Je baisse ma culotte. Ewa regarde ma toison avec autant d’intérêt que j’ai offert au sien, il me semble. J’ai un pouls qui bat vite et fort dans ma vulve. Ewa ressent-elle la même chose ? Je sais maintenant que j’aimerais beaucoup que ce soit le cas. J’ai envie d’elle, envie de l’embrasser, de la caresser, de la faire jouir sous mes doigts… sous ma langue, même ! Ça, c’est une chose que Farida et moi n’avons jamais faite. Je suis toujours en train de m’imaginer ça quand une autre femme entre, qui porte un bassin d’eau chaude. On va devoir se laver ? Cul nu, mais hygiénique. Oh, là là !
Ewa s’assoit sur un tabouret. Tout d’un coup, c’est des ciseaux que la nouvelle a à la main. Elle réduit les poils d’Ewa à un minimum, puis savonne et rase intégralement ce qui reste. Quelle fente mignonne ! J’en ai l’eau à la bouche. Et c’est mon tour…
Cinq minutes plus tard, nues comme des vers, on nous pousse dans une petite salle où il y a cinq tables de quatre personnes. Une majorité d’hommes, mais des femmes aussi. Que devons-nous faire ?
Ewa me prend par la main. Dans l’autre elle porte un seau en argent. Nous nous approchons d’une table, l’un des convives donne un chèque à Ewa. Elle lit le montant à haute voix, des centaines de livres sterling. Avec l’assurance d’un homme qui a acheté un bien, il lui caresse le sexe pendant une minute. Ewa se tortille, il doit l’exciter, qu’elle le veuille ou non.
L’homme s’arrête, s’essuie les doigts et retourne à sa conversation comme s’il ne s’était rien passé d’extraordinaire. Ewa lit le deuxième chèque important. Même mise en scène, chèque, annonce du montant, des doigts qui fouillent dans le sexe d’Ewa. Sa main dans la mienne tremble. Elle est proche de l’orgasme.
La démarche de ma pauvre Ewa (ma ?) est moins sûre, maintenant. On passe à la deuxième table. Un chèque, un montant annoncé, mais cette fois-ci c’est une femme, et elle a un air mesquin. Je sens qu’Ewa a peur. La femme tend vers le sexe offert, non pas un doigt, mais le bout pointu d’un couteau à steak ! Ewa ne respire plus, pendant que cette lame trace les contours de ses lèvres extérieures, puis intérieures. Le moindre mouvement risque de la blesser. La femme écarte les muqueuses et expose le clitoris.
Qui ça ? Moi ? Me laisser tripoter par des inconnus ? Je veux bien faire ma contribution aux bonnes œuvres, mais… J’ouvre la bouche pour donner mon refus sans équivoque… et je la referme si vite que j’en ai les dents qui claquent. Pauvre Ewa, qui aura fait tout ça pour n’être payée qu’à moitié ? Alors que moi, qu’est-ce que ça me coûte, si je le fais pour elle ? Un peu d’inconfort, c’est tout. Pas de raison de me sentir humiliée si je le fais volontairement. Bon. Je les emmerde. Et moi, je sais m’empêcher de jouir, c’est un jeu que je m’offre assez souvent, toute seule chez moi. Je prends charge du seau et avance vers la troisième table.
Je ressens un plaisir pervers à tendre ma vulve dénudée et lisse vers des gens qui me caressent, tantôt avec expertise, tantôt pas, tantôt dans le but de me faire plaisir, ceux-là et celles-là, je les remercie d’un sourire. D’autres essaient de me faire mal, mais jamais autant que quand je me brutalise chez moi, les jours où je ne m’aime pas. Je termine les tables sans jouir et une idée me vient en tête.
Pas de problème. Si ces patrons sont un peu tordus, leur générosité ne fait pas défaut. Je m’installe sur une table et je commence. Nouvelle découverte : ça me plaît de m’exhiber pendant que je me masturbe. Tant de choses auxquelles penser plus tard. Mon clitoris a durci et je joue de la guitare dessus. Il y a un orgasme qui se construit dans mes tripes, mais je peux tenir encore un bout de temps, sauf que….
J’ai les yeux fermés depuis un moment et quand je ressens des lèvres douces qui embrassent ma vulve, ça me fait comme un choc électrique. Je regarde et c’est Ewa qui prodigue des baisers sur les lèvres enflammées de mon sexe. Elle voit que je la regarde et arrête, le temps de m’offrir un sourire où se mélangent désir, gratitude et tendresse. Quand elle se remet à m’embrasser, je jouis sur le coup, de tout mon corps, qui subit des contractions répétées et tsunamiques. À travers la vague d’extase, j’entends des applaudissements. Ils sont fous, ces Anglais.
Le reste de la soirée passe en flèche. Ewa et moi nous rhabillons, le taxi nous ramène… mais à mon hôtel. Un billet de dix livres rend le jeune homme à la réception momentanément aveugle. On monte et l’on se tombe dessus. Je découvre les délices d’avoir sous ma langue un minou non seulement enflé par le désir, mais comme cerise sur le gâteau, il est lisse, glabre, et d’une douceur indicible. Moi, j’ai l’habitude d’un seul orgasme qui me détruit. Ewa, c’est toute une série de secousses. Aussi ridicule que cela puisse paraître, j’ai l’image des pavés de Paris-Roubaix qui me saute à l’esprit. Le fou rire que cela provoque et l’interlude pendant que j’essaie de l’expliquer en anglais, fait que quand je reprends mes caresses, elle est prête à recommencer à zéro. Moi je suis partante et l’on remet ça. Quand ses doigts glissent dans ma fente lubrifiée, ce n’est plus l’expérience scientifique, quoique fort agréable, que j’ai connue avec Farida. Cette fois-ci, c’est Ewa, mon amour, qui me demande si elle peut me faire attendre, pour que l’extase monte plus lentement et plus haut, avant de déclencher un orgasme foudroyant avec sa langue. J’ai tout juste réussi à m’en remettre quand ma tourmenteuse se met à me sucer les tétons. Ça prend un temps interminable et l’attente devient un supplice à peine supportable, mais finalement je me noie dans un deuxième orgasme.
Quand elle me réveille le matin, les boursouflures de nos baisers sur les lèvres, les miennes comme les siennes, témoignent de la passion de la nuit. Il en est de même pour ma vulve, qui est toujours rouge et enflée. Quand je la lui fais remarquer, le baiser qu’elle dépose dessus manque de justesse de nous faire retourner au lit. Son sexe à elle est dans un état tout aussi fragile. Une journée sans culotte s’exige de part et d’autre. Ça aussi, ça nous fait rire, Ewa et moi. Sans maquillage et les cheveux en nid d’oiseau, elle est encore plus délicieuse. I am in love.
J’ai tout de même un cours de conversation, alors qu’il faut que je quitte Ewa devant l’hôtel, sous les regards curieux de deux autres stagiaires. On promet de se revoir au cours de l’après-midi. À la pause, je passe dans l’entrée de l’hôtel quand on m’appelle. J’ai du courrier. Je ne reconnais pas l’écriture et le timbre est anglais. J’ouvre l’enveloppe.
Chère Hana,
Je suis navrée d’avoir dû partir avant de pouvoir te présenter mes excuses pour ma bêtise. Je te demande pardon. Je te dois une explication, mais d’abord, il faut que tu saches qu’Ewa est ma cousine. C’est une fille intelligente et gentille, qui sort d’une situation familiale très difficile. Dans cette branche-là, il y a beaucoup de violences physiques, et Ewa a souffert des suites de cela et a eu une adolescence hyper-compliquée. Elle faisait de fugues, et quand on la ramenait, elle se faisait tabasser par son père et par ses frères.
Quand j’ai su qu’elle avait réussi à s’échapper et qu’elle avait atterri à Londres, je me suis dépêchée de la contacter. Quand ce stage m’a permis de la rencontrer, j’ai été très soulagée. C’est une existence plutôt précaire qu’elle mène, mais c’est déjà nettement mieux que ce qu’elle a quitté.
Hana, tu sais qu’à première vue tu peux faire peur ? Habillée comme tu étais, j’ai hésité de t’aborder parce que ton air (apparemment) hautain m’intimidait. J’avais envie de connaître l’unique Française du stage pour essayer de pratiquer et parler un peu. Ce n’est qu’après t’avoir observée, ta gentillesse, ton attitude toujours au service des autres, et ton intelligence, que j’ai osé te demander si l’on pouvait parler ensemble. Puis, j’admets que j’ai un côté bisexuel, et jolie comme tu es, tu m’attirais. Lorsque je t’ai vue en minijupe quand nous sommes parties pour le restaurant, je te jure que tu étais une autre personne, tout en étant la même. Tous les atouts que je te connaissais déjà, mais multipliés par dix par les appâts physiques que je n’avais que devinés jusque-là ! Tu as tort de priver le monde du bonheur d’admirer ton corps, Hana !
Je ne comprends pas moi-même ce qui m’a fait deviner que toi et Ewa vous étiez faites l’une pour l’autre. Au restaurant, le courant entre vous deux passait si fort que je me suis emportée pour vous mettre ensemble. Je m’en excuse.
Et voilà maintenant que je suis à l’aéroport à attendre mon avion et tristement sans savoir si vous vous êtes trouvées. J’ai laissé à Ewa un message en français à te lire si elle osait. Cette histoire de dîner hors normes m’a troublée quand je l’ai accompagnée la première fois et j’ai vu comment les serveuses devaient être habillées. Quand l’une d’elles est partie vers le « salon privé », je savais qu’il y avait des risques pour Ewa si elle était choisie. J’espère de tout mon cœur que tu l’as accompagnée. Aime-la, Hana. Vous vous méritez. J’y crois dur comme du fer. Je crois en toi, Hana.
Je serais on ne peut plus heureuse de te retrouver, si tu veux bien, et si Ewa est à tes côtés, ça me comblera de bonheur.
Je t’embrasse, pas comme j’espère que tu auras embrassé ma cousine favorite, mais en amie sincère, fidèle et reconnaissante,
PS je suis plus forte à l’écrit qu’en oral, tu as remarqué ? Merci pour les cours de conversation !
Anya.