n° 20498 | Fiche technique | 27066 caractères | 27066Temps de lecture estimé : 16 mn | 23/09/21 |
Résumé: Parfois, les histoires d’amour finissent bien. | ||||
Critères: fh jeunes vacances amour portrait -amouroman | ||||
Auteur : Jimmychou Envoi mini-message |
Je m’appelle Romain. Je suis né à Paris et j’y habite depuis ma naissance au cours du printemps 1994. J’ai toujours été un garçon posé et plutôt tranquille, voire casanier, et contrairement à beaucoup de mes camarades, je n’ai jamais manifesté le désir de m’expatrier à l’autre bout du monde pour forger mon indépendance.
Je suis né le 22 mars, exactement le même jour que Juliette dont je suis l’aîné de 27 minutes si l’on en croit ce qui est inscrit sur les registres d’État civil.
Juliette, la première fois que je l’ai croisée, j’avais quatre mois. Enfin, c’est ce que prétend ma mère car je ne veux pas laisser croire que j’ai gardé en tête le souvenir de cette furtive « rencontre ». Néanmoins, il est vrai que Juliette vient sur le plan chronologique avant tous les autres, proches parents compris, dans la liste de mes plus vieux souvenirs d’échanges avec un être humain.
Avant de faire ses études, Juliette vivait avec sa famille à Clermont-Ferrand. Chaque été, elle passait la plus grande partie de ses vacances d’été à l’île d’Oléron où ses grands-parents commerçants s’étaient installés avant de donner naissance à Jean, leur fils unique. Pour ma part, après le voyage annuel à l’étranger de deux ou trois semaines que j’effectuais début juillet en compagnie de mes parents dès qu’ils ont estimé que j’étais devenu suffisamment agile pour parcourir le monde, je séjournais, pendant le reste des vacances d’été, dans la maison de famille située juste à côté de la résidence des grands-parents de Juliette.
Ma mère, qui est une femme très occupée mais n’a pas d’activité professionnelle contraignante, y résidait chaque été avec sa progéniture en compagnie de ses parents et d’une partie de ses frères et sœurs qui se succédaient dans la grande maison au gré de leurs vacances et de leurs envies. La belle demeure résonnait donc tout l’été de bruits joyeux d’enfants qui, la nuit venue, partageaient le grand dortoir aménagé dans les combles de la vénérable demeure. J’étais de loin, avant la naissance de ma sœur cadette, le plus jeune de la cousinerie et de ce fait, lors de mes premières années, facilement exclu des activités partagées. Heureusement pour moi, il y avait Juliette.
Le premier souvenir marquant que j’ai d’elle remonte à l’année de nos cinq ans.
Elle portait une petite robe d’été et avec ses longs cheveux blonds et ses yeux bleus azur, elle nous regardait jouer au foot. Évidemment, à cause de ma différence d’âge avec les autres, j’avais peu d’occasions de toucher le ballon et un jour, lassé de courir après un ballon que je ne touchais jamais, je décidai d’abandonner la partie pour aller voir cette petite fille qui nous admirait avec un air envieux derrière la clôture de la propriété.
Lorsque Juliette me salua avec sa voix fluette et chantante, j’éprouvai un sentiment inexplicable et inconnu jusqu’alors. Je ne me rappelle évidemment plus de ce que nous avons pu nous raconter pendant les quelques minutes qu’a duré notre échange mais je considérerai toute ma vie ce moment comme l’un des plus intenses de mon existence. Les jours suivants, je rendais visite aussi souvent que possible à Juliette qui m’attendait de l’autre côté de la clôture et je finis par demander à ma mère si ma nouvelle amie ne pouvait pas venir jouer avec nous dans la propriété. Ma grand-mère accepta d’aller négocier avec les grands-parents de Juliette qui autorisèrent assez vite leur petite fille à passer quelques moments avec nous chaque jour.
Cette année-là, le jour du retour à Paris, je me levai avant tout le monde pour aller dire au revoir à ma nouvelle amie et je lui promis de lui envoyer une carte postale dès mon arrivée.
L’année suivante, je n’avais pas oublié ma jolie petite copine blonde et alors que les vacances d’été approchaient, je me sentais de plus en plus fébrile et excité à l’idée de la retrouver.
Lorsque la voiture conduite par mon père s’engagea sur le pont qui mène à Oléron, je fus gagné par une vive appréhension. Est-ce que Juliette allait se souvenir de moi ? Je fus heureusement rassuré lorsque je l’aperçus à la même place que l’année précédente sagement assise derrière la clôture. Ses grands-parents lui avaient dit que je devais arriver ce jour-là et lorsque je me ruai vers elle juste après avoir embrassé ma grand-mère, Juliette m’avoua qu’elle m’attendait depuis des heures. Et je la crus volontiers même si chez les jeunes enfants, les heures n’ont pas la même durée que chez les adultes.
Les années suivantes, ce fut la même joie de retrouver mon amie à laquelle je ne cessais de penser tout au long des mois pendant lesquels nous étions éloignés l’un de l’autre. D’autant plus que ma mère eut forcément moins de temps à me consacrer lorsque ma petite sœur naquit au mois d’avril un peu plus de six ans après moi.
#####
Une fois à l’école primaire, dès que notre maîtrise de l’écrit nous le permit, Juliette et moi avons commencé à nous envoyer régulièrement des lettres et lorsque nous avons eu l’autorisation de le faire, nous nous sommes mis à échanger des mails. Jusqu’à la classe de cinquième, je passais donc la plus grande partie de mes vacances d’été avec Juliette et nous étions inséparables. Ma mère était très accaparée par ma petite sœur hyper active et, à mon avis, pas mécontente de me laisser vaquer. Et de mon côté j’étais trop heureux de passer une grande partie de mon temps avec mon amie.
Je me souviens très bien de notre premier baiser très chaste la veille de mon retour à Paris peu avant la rentrée en cinquième. Nous étions assis côte à côte sur la plage déserte admirant le coucher du soleil lorsque Juliette prit ma main. Je tournai alors mon visage vers le sien admirant son profil si émouvant et lorsque sa tête pivota vers moi, je me penchai vers elle et posai mes lèvres sur les siennes. Le moment dura peut-être une fraction de seconde mais le frisson qui l’accompagna fut gravé en moi pour l’éternité.
Les années de collège suivantes faillirent bien porter un coup fatal à notre relation estivale. En effet, mes parents avaient décidé de m’envoyer en Angleterre pour effectuer des séjours linguistiques et avec les vacances passées en famille, je ne pus partager que peu de temps avec Juliette au cours de ces étés. L’arrivée de la puberté n’arrangea évidemment pas les choses et même si j’étais un garçon très sage de ce côté-là, je ne pouvais m’empêcher de regarder mes copines de classe avec un œil nouveau. Malgré ces quelques flirts bien innocents, je continuais à échanger régulièrement avec Juliette et nous évoquions évidemment nos amourettes. Même si je n’osais me l’avouer, j’éprouvais une certaine jalousie à chaque fois que ma belle amie aux longs cheveux blonds me parlait d’un nouveau petit copain. Et j’espérais égoïstement qu’elle ressentait la même chose que moi lorsque je lui faisais part d’une jeune fille qui me plaisait.
À la fin de la seconde, je zappai le voyage familial annuel préférant partir camper avec des copains. Bien sûr, au mois d’août, je retrouvai Juliette une fois de plus. Et tout naturellement, nous sommes sortis ensemble.
Cette année-là, même si nous avons flirté sérieusement, respectant à la lettre le principe enseigné par ma grand-mère consistant à « taquiner le bouton sans cueillir la rose », nous n’avons pas osé franchir le pas. Mais comme nous étions toujours vierges et que nous avions la certitude d’être épris l’un de l’autre pour l’éternité, nous nous étions juré de nous réserver pour l’année suivante en évoquant l’idée de partir camper ensemble pendant trois semaines dans les Pyrénées.
Et c’est ainsi que les choses se passèrent. La première semaine fut un vrai bonheur. Le temps était magnifique. Nous faisions de merveilleuses balades et toutes les occasions étaient bonnes pour nous embrasser, nous caresser et nous toucher. Mais chaque soir, nous regagnions sagement chacun notre sac de couchage individuel, certes dans le plus simple appareil mais sans jamais passer à l’acte.
Même si elle ne me le disait pas explicitement, je sentais bien que Juliette attendait plus, alors que j’avais personnellement l’impression que la situation suffisait à mon bonheur.
Évidemment, j’appréhendais ce moment où j’allais devoir perdre mon innocence pour rejoindre le rang des hommes et je me posais inévitablement des questions sur les conséquences de cette « péripétie ».
Je finis néanmoins par arriver à la conclusion que le temps de la procrastination était écoulé.
Une semaine après notre installation, alors que le soleil déclinait lentement sur la montagne aux reflets rosés, je saisis la main de Juliette et lui proposai que nous allions dîner en tête à tête dans un petit restaurant proche du camping.
Mon amie me regarda avec intensité avant de m’offrir le plus beau de tous ses sourires.
Une fois installés, pour me donner du courage, je commandai une bouteille de rosé dont je bus au moins les deux tiers.
Comme bon nombre de jeunes lycéens, il avait pu m’arriver depuis que j’avais intégré le lycée de prendre deux ou trois cuites que je regrettai vivement le lendemain. Mais je buvais très rarement et l’effet produit par le rosé me permit d’envisager la fin de soirée avec un peu plus d’optimisme.
Car ma décision était prise et la lueur brillante que je distinguai dans le bleu des yeux de Juliette ne m’offrait aucune échappatoire.
Loin de nous l’idée de nous ruer sous la tente pour consommer le fruit défendu.
Notre trajet de retour fut au contraire un merveilleux parcours préliminaire au cours duquel je m’enivrai à loisir de l’odeur délicieuse de mon amoureuse, de sa peau si douce et de la fermeté soyeuse de ses formes. Je bandais comme jamais et je rendis grâce à ma jeunesse qui me permettait de conserver ma raideur insouciante malgré les pensées négatives qui s’immisçaient de temps en temps sournoisement dans mon esprit euphorique.
Nos préliminaires furent appliqués et délassants et ce qui devait arriver arriva. Juliette couverte de sa sublime nudité se glissa dans son sac de couchage. Son regard implorait ma venue et je lui souris amoureusement avant de la rejoindre et de me lover contre elle. Le contact de ma virilité dressée contre son pubis duveteux la fit glousser et je ris de bon cœur moi aussi avant de plaquer mes lèvres contre les siennes pour un baiser plein de promesses. Juliette saisit ensuite mon membre avant de diriger la tête chercheuse vers l’entrée de sa vulve.
Je ne saurais définir la sensation que j’éprouvai lorsque ma tige s’insinua en elle. J’étais sincèrement heureux et lorsque je poussai, je sentis la barrière naturelle céder et s’ouvrir.
Le regard de Juliette à ce moment-là me remplit de fierté et de bonheur. Trop content d’avoir franchi cette étape, je fus incapable de garder mon sang-froid et je ne tardai pas à me répandre dans l’intimité de la femme de ma vie.
Juliette ne s’offusqua nullement de ne pas lui avoir offert le même plaisir que celui que je venais de ressentir.
Et, nous avons après cette première fois perfectible profité de la fin de nos vacances pour apprivoiser le corps de l’autre. Mais le passage au statut d’adulte a sans aucun doute désacralisé la relation idéalisée que nous avions bâtie tout au long de ces années au gré de nos vacances partagées.
L’année de terminale fut particulière. Nos échanges s’espacèrent de manière significative. Je m’interrogeais sur la pertinence et la pérennité d’une relation circonscrite à la période des congés d’été. Psychologiquement, je traversais une passe assez délicate en partie causée par la perte de mon innocence.
De toute façon, Juliette avait la tête ailleurs. Elle tenait absolument à intégrer une classe préparatoire de bon niveau et elle bossait énormément. De mon côté, j’avais plus de mal à m’investir, handicapé par une paresse naturelle et mon côté rêveur qui m’empêchaient de me concentrer de manière approfondie sur les différentes matières du programme.
Comme je dus passer par l’oral pour obtenir le bac, je ne pus accompagner Juliette désormais officiellement majeure dans le roadtrip européen qu’elle avait souhaité effectuer avant d’intégrer l’internat au lycée du Parc à Lyon. Elle savait qu’elle allait devoir cravacher énormément pendant au moins deux ans et plus probablement trois pour obtenir le fameux sésame qui lui ouvrirait les portes d’une prestigieuse école d’ingénieur et ce voyage était la respiration qu’elle s’accordait avant de plonger dans la compétition qui allait avoir un impact primordial sur sa vie d’adulte.
#####
Alors que je fis le choix de m’inscrire en licence Arts plastiques à l’université de Vincennes, pensant que mon goût pour le dessin et la peinture allait m’aider à obtenir mon diplôme sans trop me fatiguer, Juliette trima énormément pendant deux ans et même si nous continuions à échanger, je ne la revis plus jusqu’à ce qu’elle soit brillamment admise à l’école des Mines de Paris.
Lorsque j’appris qu’elle allait devoir s’installer pendant au moins deux ans à la capitale, je lui proposai aussitôt de profiter de la deuxième chambre de l’appartement, situé non loin de la place d’Italie, que m’avaient offert mes parents lorsque j’avais manifesté mon désir d’autonomie après être entré à l’université. En effet, mes géniteurs qui ne manquent pas de moyens avaient vu grand, pensant que ce logement pourrait peut-être faire provisoirement le bonheur d’un de leurs enfants lorsqu’il fonderait une famille ou bien que ma sœur pourrait m’y rejoindre un jour, une fois son bac en poche, si j’étais encore célibataire.
Contrairement à ce que je craignais, Juliette accepta immédiatement mon invitation à venir partager mon coquet trois-pièces. J’étais vraiment heureux de la retrouver si sereine après ces trois années où elle avait tant bachoté.
Les premières semaines de cohabitation s’écoulèrent à toute vitesse et la manière expansive de Juliette à manifester sa joie me laissait croire qu’elle était aussi enchantée que moi. Nous passions une bonne partie de nos soirées à refaire le monde et à profiter de la douceur de septembre pour nous promener main dans la main.
Je faisais profiter Juliette de ma connaissance de Paris et de ses lieux chargés d’histoire, ce qui me permettait de consolider les savoirs que j’étais censé acquérir pendant mes études artistiques. Et ce qui devait se produire se produisit une nouvelle fois.
Après un mois de pur bonheur,
Je me retrouvai dans le lit de Juliette et nous couchâmes ensemble comme nous l’avions fait avant l’année de terminale. Nous avions mûri et étions censés avoir acquis quelque expérience depuis notre première fois, mais sans être aussi décevantes que trois ans plus tôt, nos nouvelles étreintes restaient finalement très mesurées. Nous en avons vite pris notre parti et pendant deux ans, Juliette et moi vécûmes à la façon d’un vieux couple une véritable histoire d’amour où la tendresse et la complicité remplacèrent avantageusement la folie d’une sexualité débridée.
Pour sa dernière année d’école, Juliette dut partir à l’étranger pour effectuer son stage de fin d’études. Je ne sais pas si elle avait estimé avoir fait le tour de notre relation mais elle ne sembla pas manifester d’émotion particulière lorsque je la quittai à Roissy avant qu’elle se dirige vers la porte d’embarquement de son avion.
Pour ma part, je mis un bon mois à combler le vide laissé par son départ et j’eus quelque mal à me remotiver sur ma dernière année de master. Quelque temps plus tard, je crus avoir retrouvé une jeune femme ressemblant étrangement à Juliette pour m’accompagner un bout de chemin. Mais cette passade ne dura guère tant j’étais persuadé au fond de moi que nulle copie ne pourrait jamais remplacer l’originale.
Heureusement, la peinture et le dessin me permettaient de m’évader et je me dirigeais doucement mais sûrement vers l’obtention de mon diplôme qui devait obligatoirement être validé à l’issue de la présentation d’un mémoire de fin d’études à un jury dûment sélectionné.
Et puis ma mère, qui connaît beaucoup de monde, me permit de nouer contact avec le fils d’un de ses amis qui avait ouvert peu de temps auparavant une énième galerie d’art dans le quartier parisien du Marais.
#####
Contrairement à mes craintes, lorsque j’ai rencontré Antoine de dix ans mon aîné, je l’ai tout de suite trouvé sympathique et bienveillant. Il m’a semblé faire preuve d’une réelle compétence dans le domaine de la peinture et j’ai aussi été fort impressionné par sa connaissance du monde de la photographie.
En outre, lorsque je suis allé le voir la première fois, il a été très franc sur ce qu’il pensait des œuvres que j’avais apportées pour l’amadouer.
Il a admis que ma technique était certes perfectible mais néanmoins dans une moyenne correcte pour un candidat à l’exposition. En revanche, il n’avait pas pris de gants pour qualifier la teneur des toiles présentées n’hésitant pas à déplorer leur côté impersonnel et l’absence de toute émotion.
Ce jugement sans fioritures m’aida à prendre conscience de l’inanité de mon « œuvre » mais ne souhaitant pas rester sur un avis négatif, je lui proposai néanmoins de passer chez moi pour découvrir quelques autres créations difficilement transportables.
À ma grande surprise, Antoine accepta mon invitation et alors que je m’attendais à une sentence du niveau de celle assénée dans sa galerie, il se montra vivement intéressé par les peintures que j’avais effectuées de mémoire et qui pour la plupart étaient des représentations plus ou moins figuratives de Juliette.
Ces encouragements me galvanisèrent et grâce à Antoine, je trouvai l’opportunité et le courage de terminer mes études avec mon diplôme en poche.
Même si ma vie sexuelle était aussi mouvementée que l’électro-encéphalogramme d’une coquille d’escargot, j’appréciais mon existence ayant appris grâce à ma formation à déceler la beauté cachée des œuvres les plus anodines. J’avais désormais vingt-trois ans révolus et pour fêter ma brillante réussite, je décidai de partir pour un tour du monde solitaire de trois mois avec l’espoir secret de rendre visite à Juliette au cours de mon voyage.
Une semaine avant mon départ, mon père m’offrit son vieux mais luxueux boîtier reflex argentique ainsi qu’une vingtaine de pellicules noir et blanc de sensibilités diverses en me faisant promettre de rapporter de « vraies belles photos » et non pas des milliers de clichés sans intérêt comme le font maintenant les pseudo-photographes avec leur appareil numérique capable d’enregistrer des centaines d’images sur une simple carte mémoire.
Au cours de mon périple, alors que je m’étais arrangé avec Juliette pour séjourner chez elle en Afrique du Sud pendant une petite quinzaine, je ne la croisai finalement que pendant deux jours car par un malencontreux concours de circonstances, elle dut se rendre en Inde quelque temps alors que je venais de débarquer au Cap où elle s’était installée pour un long stage nécessaire pour valider son double diplôme.
J’eus néanmoins le temps de constater que mon amie était toujours aussi rayonnante et le simple bonheur de la retrouver me fit oublier les longs mois passés loin d’elle.
Lorsque j’appris à Juliette que je vivais comme un moine depuis plus d’un an, elle sembla éprouver une peine sincère. Je compris alors qu’il y avait sans doute quelque part, quelqu’un de plus important que moi pour elle. Et lorsque je lui posai la question, elle m’avoua avec franchise qu’il était bien possible que la personne qu’elle avait rencontrée depuis peu fût la bonne.
Cette nouvelle aurait dû me remplir de joie mais évidemment elle m’attrista car j’entretenais encore l’idée au fond de moi que Juliette était la femme de ma vie et que nous finirions bien par fonder une famille ensemble.
À mon retour à Paris, j’étais un peu triste mais j’avais dans mon sac une centaine de pellicules dont le développement et le tirage, dans le laboratoire aménagé par mon père dans le sous-sol de notre maison de campagne, allaient m’occuper un bon moment.
Antoine plutôt impressionné par certains des portraits et des scènes que j’avais prises dans la rue avait en effet l’idée d’organiser une exposition de mes meilleurs clichés argentiques. Il nous restait donc à choisir les œuvres qui seraient présentées pour l’événement.
Les dix-huit mois suivants, je croisais Juliette trois fois en tout et pour tout. Si nos retrouvailles étaient toujours aussi émouvantes, nous avions suffisamment évolué et progressé pour garder la distance nécessaire.
À la fin de son stage de fin d’études, Juliette s’était fait embaucher par la société dans laquelle elle avait brillamment démontré ses qualités professionnelles et humaines. Elle avait alors quitté l’Afrique du Sud pour rejoindre Dubaï où elle s’établit pendant plus de deux ans afin de piloter divers chantiers plus ou moins importants dans la région ce qui l’obligea à enchaîner les déplacements au Moyen-Orient et en Afrique. Après cette expérience certes formatrice mais épuisante, elle décida de se poser quelque temps à Paris acceptant la proposition d’une importante société de dragage de piloter une des équipes en charge des opérations européennes. Les déplacements étaient peu nombreux et surtout circonscrits dans une zone réduite ce qui faisait que Juliette devait découcher assez peu pour raisons professionnelles.
Évidemment, dès que Juliette me fit part de son désir de s’installer pour quelque temps à la capitale, j’éprouvai une joie sincère et lorsqu’elle fut installée, je ne manquais pas de lui rendre visite aussi souvent que possible.
Et ce qui devait arriver arriva. Quelques mois plus tard, nous passions la plupart de nos week-ends à préparer l’événement qui allait être synonyme du plus beau jour de notre vie.
Nous étions plus joyeux que des gamins ayant découvert un ruisseau pour patauger à loisir et chaque démarche destinée à la réussite du mariage était l’occasion de partager des moments de bonheur inoubliables.
Je passe les détails sur les fous rires échangés lors des multiples séances d’essayage qui allaient faire de Juliette la plus belle des mariées, sur les prises de tête et les brainstormings pour identifier le lieu de la fête, le traiteur qui officierait, le groupe qui animerait cette soirée mémorable…
Bref, entre ses horaires démentiels de travail, ses déplacements professionnels et les préparatifs de la fête, Juliette avait bien du mal à trouver des moments pour souffler.
De mon côté, je continuais à mener la vie qui était la mienne depuis plus d’un an entre les cours d’histoire de l’art dispensés dans diverses écoles privées, les fréquentes sorties dans les cocktails et l’atelier de peinture que j’avais aménagé dans mon appartement avec l’aide et les conseils d’Antoine.
#####
Pour son enterrement de vie de célibataire, Juliette organisa une cérémonie pour le moins originale et bien éloignée des schémas habituels.
Elle me proposa en effet de partager avec elle un long week-end de rêve dans un magnifique Relais et château de Touraine. La météo était idyllique, la chambre somptueuse et les repas délicieux. Mais la partie la plus merveilleuse de notre séjour fut les étreintes déchaînées que je partageais avec la femme de ma vie. Toute l’appréhension qui nous avait trop souvent empêchés de goûter ces moments magiques avait enfin disparu et le plaisir que Juliette ressentait dans l’union de nos corps transpirait par tous ses pores. Chacun de ses orgasmes était un véritable feu d’artifice et mes éjaculations me procuraient des frissons qui me faisaient tutoyer le paradis.
Notre complicité était parfaite et lorsque quelques jours plus tard, Juliette me confirma qu’elle était enceinte, nous éprouvâmes tous les deux un bonheur inouï.
#####
En cette journée de septembre, nos familles sont réunies dans la salle de mariage centenaire et Juliette est plus désirable que jamais. Rayonnante de bonheur, elle se tient debout face au maire aux côtés de Neela, la magnifique beauté indienne qu’elle a rencontrée lors d’un déplacement à Dubaï pour le compte de l’entreprise qui l’employait en tant que stagiaire.
La vision de ces deux femmes sublimes qui viennent d’échanger un langoureux baiser me remplit d’une joie enfantine.
Alors que je suis sur le point de parapher le registre que mon statut de témoin de son épouse m’oblige à signer, j’ai une pensée émue pour Neela. Je ne pourrai en effet jamais la remercier assez d’avoir autorisé sa future femme à préférer la PAMA (Procréation Avec le Meilleur Ami) à la PMA pour pouvoir donner naissance à son premier enfant dont je serai évidemment le plus attentif des parrains.
En attendant cette naissance tant espérée, je jette régulièrement un œil énamouré vers le joli ventre de Juliette, qui depuis quelques semaines protège et nourrit l’embryon que nous avons conçu lors de l’étreinte la plus bouleversante que nous ayons jamais partagée.